26.
La pluie s'était abattue d'un seul coup sur la ville, sans prévenir garde. C'était une pluie de printemps, abrupte et froide, tout ce que Minho détestait. Ce samedi d'abord ensoleillé avait vite tourné au ciel grisâtre et triste.
Jisung et lui avaient couru pour arriver rapidement à son domicile, trempés comme des éponges. Son t-shirt était bon à essorer, heureusement qu'il était large et d'une couleur foncée. Le blondinet avait froid aux pieds à cause de ses converses trouées de partout.
Ils entrèrent rapidement dans le hall, étouffant le bruit de la pluie à l'extérieur, et une vague de chaleur les accueillant. Ils retirèrent leurs chaussures pour ne pas en mettre partout dans les escaliers de l'immeuble, ils avaient l'air intelligent comme ça, avec leurs paires à la man.
Minho releva la tête après les avoir retirées, et tomba sur Jisung qui le regardait.
— Quoi ?
Ses cheveux noirs étaient plaqués sur son front à cause de la pluie, et sur ses cils de minuscules gouttes perlaient.
— Tu ressembles à un poisson.
Minho leva les yeux au ciel.
— Mais avec de l'algue sur la tête.
— Arrête de trop me complimenter à force j'vais prendre la grosse tête.
— Non vraiment, ça me fait plaisir de te rappeler à quel point t'es beau.
Minho lui tira la langue alors qu'il rigolait, puis grimpa les marches, suivit de Jisung. Une fois au chaud dans l'appartement, il lui proposa de prendre une bonne douche chaude, lui indiquant où étaient les serviettes et lui sortant de quoi se changer.
Puis ce fut au tour de Jisung d'attendre que Minho sorte de la douche, assis sur le canapé, feuilletant un roman graphique laissé sur la table basse, les cheveux encore humides plaqués en arrière. Et en même temps, il jetait quelques coups d'œil réguliers à l'arme de service de Minho, qu'il avait oublié de ranger.
— C'est booon !
Minho sortait de la salle de bain, d'où s'échappait encore de la vapeur, pour se diriger vers sa cuisine ouverte. Jisung se releva et tourna autour de la table basse. Il passa délicatement ses doigts sur l'arme à feu déposée dessus. Il jeta un œil à Minho, qui cherchait quelque chose dans les placards de la cuisine. Il se mordit la lèvre, il n'avait jamais touché d'armes de sa vie.
— Lâche ce flingue.
Minho avait lancé ça calmement en s'approchant de lui. Il faisait confiance à Jisung, il savait qu'il n'allait pas faire de bêtises et tirer sans faire exprès. Mais il préférait que son glock reste loin du blondinet.
Jisung fit semblant de tirer avec en chuchotant des bruitages, comme un enfant. Il se sentait comme un bandit. Mais il s'arrêta en voyant la mine sérieuse de Minho, et le reposa où il l'avait pris.
— Pardon.
Minho gloussa, détendant l'atmosphère, et posa sur la table basse deux tasses de ce qui semblait être du thé rouge. Puis il retourna dans la cuisine pour prendre de quoi grignoter.
— De toute façon y'a la sécurité non ?
— Sur mon flingue ? Oui, mais j'ai pas trop envie de tu touches à des armes, surtout la mienne.
Jisung acquiesça, il comprenait que Minho le tienne à l'écart de tout cela, même si il était un peu rabat-joie, il n'allait pas lui en vouloir. L'hôte rapporta un bol de cacahuètes ainsi que des petites boulettes de viandes aux herbes sur une assiette. Jisung était ravi, il en raffolait. Il se jeta d'ailleurs sur le plat, que Minho éloigna pour l'embêter. Puis il le posa finalement avant de saisir son arme pour aller la ranger dans le tiroir de sa commode.
— J'aime bien ton appartement, articula difficilement le blondinet la bouche pleine.
— Ah bon ?
Minho s'installa à son tour sur le canapé, puis tira la table basse un peu plus proche pour accéder aux amuses gueules plus facilement.
— Je sais pas, sourit Jisung.
Il laissa ses yeux vagabonder dans l'appartement.
— Ça a beau être simple ça se voit que c'est vivant. C'est petit en plus, c'est cool les petits appartements. Et puis, ça a ton odeur, ça se voit que c'est le tien. 'Fin je sais pas, mais j'ai envie de chiller dans ton salon, on se sent chez soi ici.
Minho se mordit la lèvre pour retenir son immense sourire. Que Jisung, son Jisung, dise qu'il se sentait ici comme chez lui ne pouvait pas lui faire plus plaisir. Cela le touchait énormément.
— Minho ?
Celui-ci arrêta de se brosser les dents et tendit l'oreille. Finalement ils avaient commandé à manger et avaient décidé de ne pas se coucher trop tard, même si Jisung n'avait pas cours demain et grâce à Chan, Minho avait son dimanche de libre.
Ils dormaient ensemble pour la première fois depuis des années, et pourtant ils agissaient comme si cela faisait partie de leur routine. Ils allaient seulement dormir ensemble, l'un comme l'autre le savait. Et c'était une idée réconfortante.
— Oui ?
— Je sais que c'est indiscret mais... Un jour Changbin a parlé d'une ancienne enquête, enfin, de celle d'il y a quelques mois. Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?
Minho s'arrêta dans ses mouvements. Il maudissait intérieurement son collègue pour ça. Il ne répondit pas à Jisung, et celui-ci arriva dans la salle de bain pour s'assurer que Minho allait bien.
— C'est une longue histoire, j'te préviens.
Jisung s'appuya contre l'encadrement de la porte, alors que Minho se rinça la bouche puis s'appuya contre le lavabo, face à lui. Il prit une longue inspiration, et se lança.
— Un matin, une femme a été retrouvée morte chez elle. Empoisonnée par de la javel, qui avait été mise dans sa seringue, elle était diabétique. Dans la maison, il n'y avait que le père, deux petits garçons et une fille, d'à peine onze ans. On pensait que c'était le père, alors on a cherché des preuves pour l'incriminer. Puis deux semaines plus tard, le plus petit frère a été retrouvé mort, étouffé dans son sommeil. On a pas compris, on a pensé que quelqu'un en voulait à la famille.
Il s'arrêta quelques instants, changeant de position.
— Quelques jours plus tard, la petite fille tombe de l'échelle de sa cabane dans le jardin, qui avait été sciée. Heureusement elle s'en été sortie sans rien. Puis le deuxième petit frère, étranglé dans son sommeil.
— Qu'est-ce que...
— Chaque enfant avait sa chambre, et tout était fermé. Donc on comprenait pas comment quelqu'un avait pu rentrer. On a mis des policiers autour de la maison pour la surveiller, le père et la petite fille étaient terrorisés.
— Putain... C'est horrible.
— Le frère du père est venu s'installer, on savait qu'il pouvait pas être le coupable donc ça allait. Il voulait s'assurer que sa famille soit en sécurité. Et puis au bout de seulement trois jours, il glisse dans la douche et se défonce le crâne contre le lavabo.
Jisung plonge sa tête dans ses mains. Il ne comprend pas comment Minho fait pour supporter ces horreurs chaque jour.
— On tournait en rond, on pouvait rien faire parce que la famille est puissante et on veut pas su ça s'ébruite, enfin ils veulent pas. Et un jour, plus personne dans la maison. Le père s'est enfui en voiture avec sa fille. Une équipe les poursuit en voiture pendant que Changbin et moi on fouille la baraque. Et on trouve une lettre. Et au même moment, la voiture fonce et tombe dans un ravin.
Un ange passa. Jisung avait les sourcils froncés et Minho était impassible, il n'aimait pas se souvenir de cette affaire.
— Et, le tueur ?
— C'était la petite fille. La lettre, c'était son père qui l'avait écrite. Il savait qu'on allait tomber dessus. Il nous expliquait que Minah était insensible depuis toujours, que tout ce qui la faisait sourire c'était jamais des choses très joyeuses. Et il avait tout compris quand il a trouvé des taches de javel sur un des t-shirts de Minah.
Jisung était bouche bée. Il n'avait pas les mots, ce qu'il venait d'entendre semblait tout droit sorti d'un roman d'Agatha Christie. Pas étonnant que Minho, grand justicier dans l'âme, ait été traumatisé par cette expérience, à cause des remords et de cette monstruosité.
— On sait pas comment, mais le père s'en est sorti, mais la petite y est restée. On l'a perdu pendant trois jours, même si on a fait une battue et que tous les agents l'avaient en signalement, et qu'ils y avaient des contrôles sur les routes. Il est devenu complètement fou, il est rentré dans une école primaire et a trucidé sept gosses avec un morceau de vitre de sa voiture.
Jisung eut un hoquet de surprise.
— La maitresse d'école a été gravement blessée a la tête mais heureusement d'autres adultes sont intervenus en attendant l'arrivée de la police. Le père a été condamné à perpétuité, il est pris de démence, c'est une catastrophe maintenant, il rigola nerveusement.
Minho s'arrêta un instant, le souffle court, les larmes aux yeux.
— Je m'en veux tellement, si tu savais... J'ai pas été foutu de comprendre qu'une gamine sociopathe avait tué sa famille, ni même de sauver ses frères, puis de la sauver elle de cet accident... Ni même de rattraper son putain de malade de père, et d'empêcher le meurtre de sept putain de gosses innocents, d'à peine huit ans, parce que le gars n'a plus supporté la vue d'un enfant ?
Il éclata en sanglots, prenant sa tête dans ses mains, secoué de soubresauts. Et cela brisait le cœur de Jisung en mille morceaux de le voir ainsi, bouffé par des remords qui n'avaient pas lieu d'être, autant touché par la mort de ses enfants. Alors il s'avançât et le prit dans ses bras. Il se tut, laissant Minho se blottir contre lui.
Puis après s'être calmé, il l'entraîna dans la chambre, et déjà habillés pour dormir, ils éteignirent les lumières et se glissèrent dans les draps frais. Jisung resta adossé à la tête de lit, alors que Minho cala sa tête contre lui, son bras sur ses épaules. Ils restèrent ainsi quelques minutes. Leurs présences les confortaient tous les deux, ils étaient là l'un pour l'autre.
Et Minho ne put s'empêcher de lui poser une question qui lui brûlait les lèvres.
— Tu veux bien m'expliquer pourquoi t'es parti ?
Jisung baissa la tête vers lui, ne s'attendant pas à cette question. Mais il se résigna à lui raconter, rapidement car s'étaler ne servait à rien, et surtout qu'il était passé à autre chose. Et surtout, il ne voulait pas surmener les émotions de Minho en jne seule soirée, même si celui-ci semblait le vouloir.
— Tu sais déjà que mes parents étaient un peu homophobes sur les bords. Ils le sont toujours d'ailleurs... Eh bah écoute, quand ils ont découvert qu'en plus de me droguer un peu j'étais gay, ils ont cherché une maison de correction pour les homos, tu sais, où ils t'électrocutent pour te soigner de tes vices. Mon père m'a menacé, de pas mal de choses, et je dégoûtais ma mère. Donc j'ai préféré partir loin. Et j'suis tombé un peu plus dans la drogue, dans le deal.
Il s'arrêta quelques secondes, Minho chuchota une excuse, dont il ne comprenait pas l'utilité.
— Je t'en ai voulu alors que j'ai pas été foutu de t'aider, pardon...
— Tu peux pas t'en vouloir parce que mes parents sont fous. Et puis, si tu m'aidais, tu te mettais en danger par rapport à mes parents. Ils savaient où venir me trouver, et ça m'étonnerait pas qu'ils aient déjà contacté ta mère.
Minho resserra sa prise autour de Jisung pour seule réponse.
— Puis au final j'ai réussi à m'en sortir, regarde. Et j't'ai retrouvé.
Il ne le voyait pas, mais il était persuadé que Minho souriant à cet instant.
— J'ai réussi à sortir de tout ce truc de drogue, à économiser pour vraiment commencer mes études. Heureusement que je suis pas trop con et que je m'en sors. M'enfin. Tout est bien qui finit bien, j'ai envie de te dire.
Il embrassa le front de Minho, et ils continuèrent à papoter, dans la pénombre, laissant les tracas de côté pour laisser place à leurs rêves les plus fous.
Et Jisung se retint de dire que s'il ne l'avait pas recontacté plus tôt, c'était car il avait peur d'être égoïste, peur de perturber Minho qui réussissait brillamment dans la vie alors que lui, n'était qu'un raté.
jisung est drogay🤠
chapitre confession ou quoi
bon, triste et trash un peu, jsp si j'aurais du leur faire raconter leurs deux « traumas » en un seul chapitre ? ça me paraissait logique qu'ils se confient tous les deux en me temps mais bon, trop de blabla peut-être
passés tordus hein🏃🏃
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