19.
Minho se tenait debout, au centre du salon de Yang Jeongin. Une foule de gens l'entourait et une musique de techno faisait vibrer le sol ainsi que ses tympans. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il faisait ici, c'était comme si il vivait la soirée du meurtre.
Il essaya de s'extirper de la foule de jeunes adultes se déhanchant mais passa difficilement entre leurs corps imprégnés de sueur et sûrement noyés dans l'alcool. Il aperçut de loin le couloir qui menait au reste de l'appartement, et en voyant une silhouette sombre y passer, il accéléra. Il était sur que c'était le tueur, et il était prêt à l'attraper.
Mais plus il avançait, plus il semblait bloqué par la foule. C'était comme si une force invisible le tirait vers l'arrière. Et d'un coup, toutes les personnes se trouvant autour de lui disparurent. Il se retrouvait seul, au sol, essoufflé.
— Minho...
Il se retourna vivement vers la voix qui l'appelait, et tomba nez à nez avec Jisung, agenouillé devant lui.
— Jisung ? Qu'est-ce que...
Il l'aida à se relever, doucement.
— Tu n'as pas trouvé le tueur.
Sa voix semblait bizarre, mielleuse et envoûtante.
— Mais c'est pas grave. Tu n'as plus besoin de savoir.
Soudainement, Jisung le regarda avec un grand sourire, un sourire tout sauf rassurant.
— Euh, Ji tu vas bien ?
— Mais pourquoi ça n'irait pas ?
Minho fronça les sourcils, quelque chose n'allait pas. Quelque chose de malsain planait, l'ambiance était lourde, voire écrasante. Il se sentait oppressé, angoissé.
Puis il regarda Jisung, il avait l'air possédé, il s'approcha de Minho à petits pas, dans une lenteur insupportable. Ses yeux étaient perçants et inquiétants, injectés de sang et écarquillés au maximum, tremblants légèrement.
Il entrouvrit la bouche comme s'il s'apprêtait à sortir les crocs, et un filet de sang s'en écoula. Ses dents apparentes étaient écarlates. Et alors qu'il lâcha un rire perfide, de ses yeux perlèrent des larmes de sang. Minho ne comprenait pas, sa respiration s'accéléra et ses mains se mirent à trembler.
— Putain Jisung qu'est-ce qu'il se passe ?
Son rire doubla d'intensité, devenant plus fort, le secouant de soubresauts. Ses pas se firent plus grands, mais désorientés, le traînant jusqu'à un Minho immobilisé. Il essayait de bouger, de s'en aller, mais il semblait cloué au sol, tétanisé. Et d'un coup, il tira un immense couteau de son dos. Un couteau complètement tordu aux dents irrégulières, qui ressemblait plus à une scie qu'à autre chose.
— Qu'est-ce que tu fais ? Pose ça, c'est pas drôle.
Seul un grognement sépulcral lui répondît. Le Jisung qui se trouvait devant lui semblait perdre de son humanité, se tenant comme une bête prête à bondir sur sa proie. Ses yeux étaient arqués et rougeoyants. Alors Minho recula, mais ses pas semblaient le rapprocher de Jisung. Il voulut courir dans l'autre sens, mais il n'y arrivait pas.
— Moi, l'assassin.
Sa voix était sépulcrale, semblant venir d'un autre monde. Il faisait beaucoup plus sombre d'un coup. Et Jisung accélérait petit à petit, sans sa direction, hurlant comme une bête enragée qu'il était l'assassin, tel un monstre déchaîné se ruant sur sa proie.
Minho tentait de s'échapper, aucun son ne sortait plus de sa gorge. Il avait peur, chacun de ses membres étaient glacés. Alors Jisung se jeta sur lui, tout en le fixant avec ses yeux injectés de sang, sa gueule béante aux dents acérées et bestiales, d'où du sang presque noir coulait. Et alors il leva le bras pour planter la gigantesque lame dans le cœur de Minho.
Il se réveilla en sursaut, poussant un cri, le cœur battant anormalement vite. Son front était couvert de sueur et sa respiration hachée.
Il observa autour de lui, il était bien dans sa chambre, il n'y avait pas de Jisung. Il tenta de calmer sa respiration, il faisait atrocement chaud. Après quelques minutes à reprendre ses esprits, Minho se releva et ouvrit sa fenêtre, avant d'aller vérifier que sa porte était bien fermée. Puis il but un immense verre d'eau et attrapa son chat au passage avant de retourner dans sa chambre. Dans la pénombre, Dori ronronna, et il frotta son visage contre son chat, comme pour se rassurer. Il avait fait un cauchemar.
Ce n'était qu'un stupide cauchemar.
— Minho, j'te jure tu me fais peur.
— Ça va j'ai juste mal dormi.
— Ça fait plusieurs mois que tu dors mal, c'est plus des cernes c'est des grottes que t'as sous les yeux.
Minho était arrivé au commissariat l'air épuisé, c'était devenu une habitude. Mais après son cauchemar, il n'avait pas fermé l'œil. Il avait réfléchi longuement, peu rassuré d'être seul, et était venu à la conclusion que Jisung aurait très bien pu être le tueur. Évidemment, ce n'était pas sa vision démoniaque de lui qui l'avait convaincu. Mais plutôt la situation de l'enquête. A vrai dire depuis le début, tout pointait sur lui. C'était l'hypothèse la plus probable et la plus logique compte tenu des circonstances. Seuls un mobile et des preuves manquaient.
— Va voir un médecin du sommeil ou je t'égorge.
— Je veux pas me droguer aux somnifères.
— Tu n'as pas le choix, après t'es moins compétent au travail.
— Un message à faire passer peut-être ? demanda Minho en croisant les bras.
— C'est pas ce que je voulais dire, fin bref.
Il jeta un œil à sa montre.
— On va voir Hyunjin ?
— Encore vous ? Je sais que je suis incroyable mais q-
— On a de sérieuses questions à vous poser alors pas le temps de plaisanter Hwang.
Sous le ton autoritaire employé par Changbin, Hyunjin haussa les sourcils et cacha tant bien que mal un sourire en coin. Il s'écarte pour les laisser entrer chez lui, et les amena jusqu'au petit salon où des cours étaient étalés un peu partout.
— Révisions ?
— Oui. Donc ?
— Le soir du meurtre, Han Jisung a été drogué par quelqu'un, sûrement le tueur mais on n'a aucune preuve. Alors vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez acheté cette même drogue une ou deux semaines avant le meurtre ?
Hyunjin déglutit difficilement, il semblait d'un coup beaucoup moins confiant.
— Vous avez des preuves peut-être ?
— Bah, Changbin tâta ses poches. Pas sur moi, mais notre collègue en a trouvé une apparemment.
— D'accord, j'ai acheté du GHB, mais ça fait pas de moi un criminel.
— Je... Minho souffla. Je vais même pas prendre la peine de répondre à ça. Pour quoi ?
— C'est Wooyoung qui me l'a demandée.
— Vous vous foutez de ma gueule là ?
— Non.
Minho lança un regard confus à Changbin, tout aussi déboussolé que lui.
— Je sais que ça paraît insensé, mais je vous jure que c'est vrai.
— Vous avez une preuve de ce que vous dites ?
— Le seul qui pourrait confirmer est mort. Mais croyez-moi, il me l'a demandée.
— Mais pourquoi ? demanda Changbin.
— Je sais pas ! Il a pas voulu me le dire, mais bon il avait la thune j'avais le contact donc j'ai pas fouillé.
— Ça n'a aucun sens, souffla Minho. Pourquoi les preuves se tournent vers l'assassiné ? A croire qu'il a organisé son propre meurtre, c'est complètement fou.
— C'est Wooyoung qui est complètement fou, sans déconner il savait rien faire à part se mettre dans la merde à chaque chose qu'il faisait, s'énerve Hyunjin. Il a des potes, il s'embrouille. Il contacte des dealos, il s'embrouille. Il se fait tuer, il nous embrouille tous. Enfin bref, soupira le brun. Je vais pas vous retenir plus longtemps j'ai pas mal à faire.
Il raccompagna d'un pas pressé les deux policiers à sa porte.
— Ravi d'avoir pu vous aider.
Et sans laisser le temps aux officiers de répondre, il claqua la porte.
— Il est complètement perché lui, lâcha Changbin après un long silence.
— Ouais, trop pour commettre un meurtre je pense.
Ils étaient rentrés au commissariat et avaient bien passé une heure dans le bureau de leur supérieur pour lui faire part de l'avancée de l'enquête, accompagnés de Yeji. A quatre ils avaient réfléchi sur plusieurs possibilités, toutes aussi tangibles les unes que les autres. Ils ne voyaient pas vraiment d'issue à cette enquête, tout était possible mais à la fois rien n'était envisageable. Tout était flou. Tous mentaient, dissimulaient, et s'accusaient entre ces étudiants.
— Si Jisung avait pas été drogué jusqu'à la moelle pendant du meurtre, il aurait été le coupable idéal, déclara Chan.
— Donc le tueur aurait fait exprès, pour justement qu'il ne soit pas reconnu en tant que tueur ? demanda Yeji.
— Mais c'est complètement con, commenta Changbin.
— Ça voudrait dire que le tueur avait une raison de tuer Wooyoung, a fait en sorte que toute l'attention soit rivée sur Jisung, alors qu'en fait il savait qu'on allait le disculper après avoir fouillé un peu.
— Il a utilisé Jisung comme diversion mais en fait il l'a protégé ? Woah, c'est complexe comme hypothèse.
— Minho t'en pense quoi ?
Il sortit de sa réflexion et tapota son nez.
— Jusqu'ici c'est la théorie la plus logique, mais par rapport à quoi il aurait voulu faire diversion ?
— Mais par rapport à lui-même, répondit Changbin.
— Non, par rapport à Jisung, lança Yeji.
Ils se tournèrent tous vers elle, légèrement confus. Elle se racla la gorge et continua.
— Eh bien, il n'y a qu'au début de l'enquête que Jisung était au centre de notre attention, mais une fois disculpé, il est totalement hors de notre champ de vision, déjà puisqu'il n'a aucun mobile, mais surtout parce qu'on sait qu'il était incapable de lever le petit doigt. Donc c'est lui qui s'en sort le mieux. En plus, il a perdu son ami proche donc les gens ont de l'empathie pour lui. Pour moi, c'est celui qui s'en sort le mieux.
— Yeji tu es brillante, insista Minho sur son dernier mot, ce qui la fit rougir et balbutier un faible « merci ».
— Après c'est pas dit que le tueur avait prévu ça.
— Attends mais ça se trouve, coupa Changbin, il l'a tué er s'est drogué après, et là ça serait le crime parfait.
— Et la drogue ? Envolée ? Je te rappelle qu'on l'a pas trouvée dans la chambre.
— La fenêtre était ouverte ?
— Non.
— J'suis sûr qu'en creusant je peux trouver un truc.
— Bon.
Chan posa ses mains sur son bureau et ordonna à ses collègues :
— Yeji, continue de creuser ta piste elle est intéressante. Changbin, regarde si il a pu se débarrasser d'un flacon facilement. Minho, par rapport à une possible diversion, essaye de chercher ce que ça pourrait être. Quant à moi j'ai quelques affaires à régler.
— Ça marche chef.
Et tous s'exécutèrent, sortant du bureau, et se séparant pour enquêter plus rapidement.
question : vous êtes vous déjà demandé quand se déroulait cette histoire ? parce que je crois que j'ai jamais précisé
dites moi ça m'intéresse (:
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