Ou bien lorsque vous rencontrez la femme qui a empoisonné votre mère... et que vous êtes prise de pulsions meurtrières.

Ils avaient à nouveau voyagé dans le temps. Et Sophie commençait à en avoir assez de cette relation privilégiée qu'elle semblait entretenir avec le sol. À chaque fois qu'ils effectuaient leur petit saut dans le temps, c'était la même chose: elle finissait face contre terre, systématiquement.

- Foster ? 

Elle sentit vaguement quelqu'un l'attraper par le bras, et elle se retrouva à nouveau sur ses deux pieds.

Je jure qu'après la fin de toute cette histoire, je détruis le Peregrinans et plus jamais je ne voyage dans le temps !

Un vent frais la réveilla et lui donna un peu d'énergie, ce qui lui permit d'y voir plus clair. Y voir plus clair alors que Keefe lui prenait le bras pour l'attirer dans le chemin lumineux qui les conduirait vers un autre endroit. Sauf qu'elle en avait déjà trop vu. Beaucoup trop.

Ils étaient à Havenfield.

.  .  .

- Je ne comprends pas. 

Ils étaient tous assis en cercle à Alluveterre, où les locaux du Cygne Noir étaient déjà présents. Mais encore vides.

- Arrêtez moi si je me trompe, d'accord ? interrogea Marella.

Tous hochèrent la tête de concert.

- Lorsqu'il est bien réglé, le Peregrinans est censé nous conduire directement vers la personne que l'on souhaite voir, à la bonne date. Alors pourquoi diable sommes nous arrivés à   Havenfield ?!

Les sourcils de Sophie, qui étaient froncés, changèrent radicalement de position suite à la petite phrase de Dex.

- Qu'est-ce que t'as encore fait, Sophie ?

Aidez-moi, sinon dans moins de vingt minutes que le jette depuis la première falaise que je trouve...

- Je peux savoir pourquoi ce serait forcément de ma faute ? Je ne sais pas plus que toi pourquoi on est arrivés à Havenfield !

En fait, j'ai une idée... Mais ça me semble un peu bancal.

Un regard échangé avec Keefe lui permit de savoir qu'il pensait à la même chose qu'elle.

- C'est peut-être stupide, mais... Foster, est-ce que Grady te parle de sa famille ? 

La Télépathe secoua la tête en signe de négation.

- Il n'en parle jamais. Je sais juste qu' Havenfield est une maison construite il y a vraiment très longtemps, et que le domaine est habité par la famille de Grady depuis des millénaires. On en a parlé une fois. Quand il essayait de me faire comprendre ma leçon d'histoire elfique sur la législation des héritages dans les cités perdues. 

Elle savait ce que tout cela signifiait. Elle avait compris avant même que l'Empathe ne commence ses explications. 

- Ce qui signifie-

Sophie put terminer à sa place.

- Que Grady et Vespéra sont de la même famille .

.  .  .

-Qu'est-ce qu'on fait, maintenant qu'on est arrivés à cette conclusion éclairante ?

Dex avait l'air totalement dépassé par les évènements, et pour une fois, Keefe avait l'air pareil.

Je ne l'avais jamais vu comme ça, tiens. C'est un peu étrange.

En effet, son petit-ami faisait les cent pas, et semblait vouloir explorer la pièce et ses moindres recoins.

- On doit se rapprocher de Vespéra. Trouver un moyen, coûte que coûte, annoncèrent les deux filles, calmement. 

Je dois retourner à Havenfield, transmit Sophie à Marella. Si il y a déjà des animaux, on pourrait s'en servir pour trouver un plan. 

Pour toute réponse, son amie lui tendit un cristal de saut. Elle entendit vaguement Keefe grommeler qu'il détestait ces maudites conversations dans le blanc des yeux, un bras agripper tant bien que mal le sien, et quelques secondes plus tard, elle était de retour chez elle.

.  .  .

- Foster... Je peux savoir ce qu'on cherche ? lui chuchota t-il alors qu'ils se frayaient un chemin entre les arbres.

Ce fut à son tour de grommeler quelque chose d'inintelligible.

- Plus fort, Foster. J'y ai compris que dalle.

Dans le noir, elle sourit.

- J'ai dit que je voulais m'approcher. Je veux voir si il y a déjà des animaux à cette époque, et si on peut entrer dans la maison.

Il marcha sur une branche qui craqua, et elle le stoppa en mettant son bras devant lui pour lui donner l'ordre de s'arrêter. Une fois qu'ils eurent la certitude que rien ni personne n'allait brusquement leur sauter dessus, ils reprirent leur chemin.

- Je t'aime Foster, lança brusquement Keefe tout en glissant sa main dans la sienne.

Ils étaient là, entourés par la nuit. Il faisait sombre. Mais après l'obscurité venait toujours la lumière. 

Toujours.

- Moi aussi je t'aime.

Beaucoup plus que tu ne pourras jamais l'imaginer.

.  .  .

- Il n'y a pas d'animaux.

Elle secoua la tête. 

- Merci pour cette constatation. On à qu'à essayer de s'approcher de la maison. C'est sûrement là que l'on trouvera de choses plus intéressantes.

Elle sentit plus qu'elle ne vit l'Empathe secouer la tête à son tour.

- C'est dangereux. 

On sentait néanmoins un sourire dans sa voix.

- J'adore.

.  .  . 

Ils avaient forcé la serrure de la porte d'entrée par Télékinésie. Et ils avaient mis un seul pied dans le salon.  Un seul orteil, sans faire le moindre bruit. Avant qu'une voix de fille ne les interrompe brusquement dans leur progression.

- Je peux savoir qui vous êtes ?

Ils tournèrent la tête pour voir une jeune fille, légèrement plus jeune qu'eux, arriver dans leur direction.

Vespéra.

Elle était fidèle à l'image qu'ils avaient d'elle à leur époque. Ses lèvres fines et ses yeux bleu azur étaient bel et bien visibles. Mais elle était moins pâle, moins mince. Le temps l'avait épargnée, sans doute. La prison devait l'avoir rendue plus aigrie, et moins sympathique.

En même temps, qui ne serait pas contraint de changer après avoir fait de la prison.

La Télépathe avait ressenti une pitié momentanée devant la jeune fille qui avait l'air fébrile.

- Je ne le répèterai pas une troisième fois: Qui êtes vous ? demanda t-elle encore tout en s'appuyant à l'encadrement de la porte.

Il leur suffit d'un regard échangé pour se mettre d'accord. Sophie sentait la colère s'insinuer dans chaque parcelle de son corps. Elle venait de se rappeler que, bien que la fille qui se tenait devant elle n'ait pas encore cette âme de tueuse, elle était tout de même la personne qui avait empoisonné sa mère. Et qui l'avait torturée.

Je la déteste. De tout mon coeur.

- Mais enfin, Vespéra ! On est venus pour te rencontrer, bien sûr !

Cette phrase avait été prononcée par l'Empathe trois secondes avant que Sophie ne perde totalement le contrôle de ses émotions.

.  .  .

Bon...

Rien de ce qu'il s'est passé dans ce chapitre était prévu au départ.

Mais les idées son venues à moi pendant que j'écrivais, alors j'espère que ça vous plaît !

Sinon, vous êtes content que ce soit le week-end ?

A.