𝐒𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝟐
𝕮𝖍œ𝖚𝖗 𝖉𝖊𝖘 𝖌𝖆𝖒𝖎𝖓𝖘
« 𝕬𝖛𝖊𝖈 𝖑𝖆 𝖌𝖆𝖗𝖉𝖊 𝖒𝖔𝖓𝖙𝖆𝖓𝖙𝖊 »
♪
Dehors, des flocons de neige recouvraient d'un tapis blanc la cour de récréation. Les enfants riaient, faisaient des batailles de boules de neige, n'a-t-on rien de plus pur que le rire d'un enfant ? Ils savouraient la vie comme s'ils ignoraient les malheurs du monde, ils riaient au bonheur du moment présent. C'est le beau le son cristallin d'un rire de ces petits bouts de chou, ils conservaient encore un air innocent. Ils n'étaient pas tout à fait pervertis par le regard triste des adultes, mais certains tentaient déjà à le devenir.
« Minho ? »
Le nommé se retourna pour faire au petit garçon aux cheveux d'or, il avait les yeux bouffis. Le brunet montra sa surprise et s'avança prudemment du plus jeune. Il avait encore cette peur de l'effrayer, mais la raison lui échappait.
« Jisung ? Tu as pleuré ?
╴ Hein ? Euh, bah non, qu'est-ce que tu racontes ? »
Il se gratta l'arrière de sa nuque pour masquer sa gêne, de toute évidence il ne savait pas mentir ce qui séduisit encore un peu plus le cœur de Minho. Mais il se reconcentra sur le sujet en secouant la tête de gauche à droite comme pour chasser ses pensées.
Il souffla et montra de son index les yeux du blondinet.
« Menteur ! T'as épluché un oignon peut-être ?
╴ Pourquoi ?
╴ Tes yeux, idiot ! Ils sont tout rouges.
╴ Idiot ... Toi aussi, tu le penses. »
Le petit bout offrit au plus grand un sourire triste. Minho comprit rapidement son erreur et se maudissait intérieurement. Seulement, il était trop jeune pour savoir peser ses mots, même s'il comprenait ceux qui blessent, ceux qui éclatent dans le cœur et qui font mal. Mais il est maladroit, Minho, comme tous les petits garçons, les phrases sortent de sa bouche toutes seules. Il n'y peut rien, il apprendra en grandissant, quand il sera assez grand pour jouer avec les mots, utiliser les bons termes qui font rire ou pleurer.
Il se rapprocha doucement de son petit protégé et prit les petites mains qui commençaient à trembler. Les yeux mouillés, Jisung continuait de sourire comme un idiot. Evidemment qu'il n'était pas idiot le petit Han, Minho le savait mieux que quiconque dans cette école.
Alors il sourit à son tour en mélangent ses doigts aux siens. Il inclina la tête sur le côté et posa son regard doux sur le plus petit.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé, Jisung ?
╴ Tout ... Tout va bien ?
╴ Alors pourquoi les oignons te piquent encore les yeux ?
╴ Les ... Ah ! Mais, non ! »
Minho se mit à rire doucement face à l'air perdu du blondinet. Le rouge monta aux joues de ce dernier alors qu'il tourna violemment la tête. Pendant ce temps, une pluie d'étoiles s'échappèrent de leur habitacle sans demander leur reste. Il ne pouvait pas contrôler ses larmes, Jisung, c'était plus fort que lui et il en avait honte sans savoir vraiment pourquoi. Il voulait être fort et sûr de lui comme Minho. Oui, c'est ainsi qu'il voyait son nouvel ami après une petite journée. Il l'idéalisait déjà, en même temps il entendait toujours le garçon aux cheveux noirs, Hyunjin, dire à tout le monde que Minho était incroyable.
« Mon papa, il aime plus ma maman à cause de moi ...
╴ Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ?
╴ J'ai fait une bêtise hier, et il est parti en disant qu'il partait pour toujours. Je suis sûr que c'est à cause de moi.
╴ Et il est rentré après ?
╴ Oui, mais ...
╴ Bah voilà, il part pas pour toujours.
╴ Ils ont parlé de divorcer, je sais pas ce que ça veut dire mais je sais que c'est pas une bonne chose. »
Minho, lui, il savait ce que signifiait « divorcer », les parents de son ami Yeonjun ont divorcé un an plus tôt. Tout ce qu'il savait c'est que le garçon dans sa classe avait beaucoup pleuré et que maintenant il ne voyait son père que de temps en temps. Minho, lui, il a pas envie de voir le blondinet pleurer, il veut le voir heureux et souriant, mais ce n'est pas quelque chose dont on est maître. Les affaires des adultes, ça a toujours l'air compliqué. De ses yeux d'enfant, Minho ne comprend pas pourquoi ils se prenaient autant la tête pour pas grand-chose.
« Ce matin, ma maman m'a dit qu'elle et mon papa ils allaient voir un monsieur pour que ça aille mieux. Ça veut dire que mes parents sont malades à cause de moi et qu'ils vont voir un docteur, tu crois c'est ça ? »
Le brunet avait l'impression que Jisung le suppliait du regard de lui dire que ce n'était pas vrai mais Minho ne savait pas quoi répondre. Il se mit à marcher en vérifiant que le plus jeune le suivait bien, le temps de réfléchir, de se poser les bonnes questions, d'y voir plus clair. Le petit garçon aimait bien marcher pour se ressourcer et revenir à l'essentiel.
« Ils sont pas malades, Jisung.
╴ Comment tu sais ?
╴ Ça doit être difficile pour eux.
╴ Quoi ? Qu'est-ce qui est difficile ? Moi ? Ça revient au même alors, ils sont tristes à cause de moi.
╴ Jisung ... »
En fait, il ne savait pas quoi répondre. Il aurait aimé lui dire que non, que rien n'était de sa faute et il l'aurait aimé. Mais la vérité c'est qu'il n'en savait rien, il ne pouvait pas mentir à Jisung et lui faire croire que tout allait bien, parce qu'il n'en avait aucune idée.
Hier soir, le fils Han avait compris quelque chose pour la première fois. Son trouble ne faisait pas que lui causer du tort à lui, non ça allait plus loin, c'était difficile pour tout le monde. Son trouble faisait du tort à ses parents qui se sont battus pour leur fils. Les impulsivités de Jisung, son trop plein énergie, la façon dont il s'exprimait aux autres, comme s'il était sur une autre planète. Il parlait trop fort, il disait des choses qui laissaient perplexes les adultes, il n'était pas tenable selon les dires de sa mère. Ils avaient beau aimé leur fils, le couple Han était dépassé par la situation. En plus de cela, ils voyaient leur enfant moqué par les autres enfants, parfois même quelques adultes. Ils entendaient en boucle tous les soirs avant de dormir les remarques qu'on leur avait fait pendant la journée.
Les parents du blondinet avaient déjà pleuré quand on leur disait comment élever leur fils comme si tout ça était de leur faute. Les conseils déplacés de ceux qui pensent bien faire, leur soi-disant bienveillance pour les aider qui n'était rien d'autre qu'une façon de les critiquer. C'est toujours la faute des parents, surtout de la mère si l'enfant n'est pas comme tout le monde, ils devaient le mettre sur le droit chemin. Ils disaient des choses toujours plus atroces les unes que les autres. Comme s'ils avaient été trop aimants, trop gentils, pas assez sévère, pas assez bien, pas à la hauteur.
Les deux parents se battaient nuits et jours pour défendre l'enfant qu'ils aimaient le plus au monde, mais c'était si difficile que parfois leurs colères retombaient sur le petit garçon. La société n'avait aucune indulgence face à la différence, ceux en marge, ceux qui dérange parce qu'ils ne rentrent dans le moule.
Ce matin, Jisung avait vu sa mère pleurer sur le canapé à son réveil. Il était resté dans l'escalier à regarder la femme qui l'avait mise au monde s'écrouler devant ses yeux. Finalement, il s'était levé pour aller auprès d'elle sur le canapé et la prendre dans ses bras. La femme avait d'abord été surprise, puis elle avait posé son regard rempli d'amour sur son petit ange. Mais elle changea rapidement d'expression suite aux mots de son fils.
« Maman, tu aurais préféré un autre enfant ?
╴ Qu'est-ce ... Jisung, non ! Mon amour qu'est-ce que tu racontes ?
╴ Maman, je t'aime ! Papa aussi, je l'aime ! Et d'ailleurs il revient quand papa, hein ? Tu sais, il me manque ! Et moi je veux lui demander pardon, je veux être un gentil garçon ! Je veux pas que tu sois triste, maman !
╴ Jisung ... »
Le ventre du petit garçon avait réclamé bruyamment son repas du matin et ça avait mis fin à la conversation.
Ce que Jisung ne savait pas en revanche, c'est que sa mère avait pleuré pendant un long moment avant d'aller au travail. Elle se demandait si ce n'était pas de sa faute finalement, mais elle ne l'avait pas trop aimé, c'était plutôt le contraire. Madame Han avait l'impression de ne pas avoir assez aimé son enfant, alors elle prit son téléphone pour appeler son mari. Il fallait absolument qu'ils fassent cette thérapie de couple. Dans cette histoire, tout le monde souffrait et ce n'était pas la faute du petit garçon. En fait, il n'y pouvait rien si son cerveau était différent, il n'avait rien demandé en venant au jour.
Dans son cœur, la femme savait que son petit ange n'y était pour rien, elle se demandait pourquoi le monde n'était pas prêt à accueillir des enfants comme Jisung. Ce n'était pas à Jisung de s'adapter au monde, mais au monde de s'adapter à Jisung. Il était comme tous les petits garçons, après tout, il courait derrière ses rêves, parfois trop grands, il avait son petit cœur d'enfant qui voulait juste grandir. Il était trop jeune pour avoir à affronter ça tout seul, ils devaient tous les deux s'épauler pour l'aider à vivre dans cette société fermée.
Elle tapait rageusement sur son volant quand elle tomba sur le répondeur. En pleurs, la voix tremblante, elle laissa un message, ils devaient être tous les deux forts, et ensemble, se séparer était une mauvaise idée. Personne n'en sortira vainqueur, ils seront tous les trois malheureux, passés à côté d'une existence magique, le bonheur d'être parent. Ils y avaient le droit eux aussi, lorsqu'elle tourna la tête, elle tomba sur un petit brunet au visage avec des traits parfaits. Il avait l'air heureux, sa mère l'embrassait tendrement sur son front, elle devina son air boudeur alors la femme lui ébouriffa tendrement ses cheveux. Le petit garçon esquiva un sourire comme si le bonheur faisait partie de son quotidien, comme si la vie lui souriait.
Finalement, elle sortit de sa torpeur. Depuis quand elle idéalisait la vie des autres, surtout en apercevant cet échange, elle ne faisait que mettre dans une case cette famille qui n'avait rien demandé. Elle laissa filer un cri de plainte et souffla bruyamment, elle devait partir au travail, il était tard.
En tournant, elle vit son petit garçon qui avançait dans la cour de l'école. En repensant au brunet, elle se mit à faire le vœu qu'il devienne un ami sur qui son fils pouvait compter. Elle lui souhaita une bonne journée derrière son pare-brise en souriant tristement et elle tourna à droite pour rejoindre la route principale.
« Dis Jisung tu as déjà été à la boulangerie d'en face ? Ma maman m'achète des trucs des fois en sortant de l'école, il paraît qu'ils font des cheese-cake trop bons !
╴ C'est quoi des cheese-cake ?
╴ Faut absolument que tu goûtes, je suis sur tu vas adorer ! Si tu veux un jour, je demanderai à ma maman d'en prendre un pour toi aussi !
╴ Oh, ce serait trop bien !
╴ Une fois j'en ai mangé aux mures c'était tellement bon !
╴ J'ai faim ...
╴ Il est huit heures, Jisung !
╴ Je sais, mais c'est toi avec tes histoires de cheese-cake tu m'as donné faim, c'est pas juste !
╴ Boude pas !
╴ Je boude pas !
╴ Si tu boudes, ça se voit !
╴ Non, je boude pas d'abord ! »
Minho était rassuré, il avait réussi à redessiner un sourire sur les lèvres de son petit protégé. Et en ce début de matinée, c'était tout ce qui comptait, le sourire de Han Jisung.
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