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𝐒𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝟏𝟕


𝕿𝖗𝖎𝖔 𝖉𝖊𝖘 𝖈𝖆𝖗𝖙𝖊𝖘


« 𝕸𝖊̂𝖑𝖔𝖓𝖘 ! – 𝕮𝖔𝖚𝖕𝖔𝖓𝖘 ! »

L'arbitre avait sifflé le coup d'envoie, le match allait désormais commencer.

Tout avait été si rapide. Le ballon avait couru jusqu'aux cumulus blancs qui décoraient le ciel, et puis il était retombé violemment. Toutefois, Yeji avait réussi à le rattraper d'un coup de tête pour l'envoyer tout droit vers Changbin. Cependant, un jeune garçon l'intercepta avant et fit une passe maîtrisée en direction de celle qui se prénommait Soyeon. Elle était à deux mètres de sa rivale et celle-ci bougonna, déjà agacée par la tournure des évènements alors que le match venait à peine de commencer. La joueuse de l'équipe de l'école voisine se mit à courir si vite que Yeji n'eût pas le loisir de comprendre ses intentions. En la frôlant, son ennemie jurée lui glissa un clin d'œil bien trop désagréable pour la jeune fille d'habitude pétillante.

Seulement, il faut dire que Yeji avait un sacré esprit de compétition, et une fois qu'elle était lancée, plus rien ne pouvait l'arrêter. Elle voyait déjà rouge à se donner pour rattraper l'autre, c'était comme si Soyeon glissait sur le terrain jusqu'à s'approcher du but.

Le gardien qui répondait au nom de Seung Kwan, ancien camarade de Minho, eût des sueurs froides en voyant arriver la joueuse de l'équipe adverse, foncer littéralement sur lui. Il présenta ses mains, prêt à intercepter le ballon, mais ce fût un cuisant échec.

« 1 — 0 » cria l'arbitre.

Malgré la distance, Seung Kwan pût entendre la jeune joueuse de son école crier de frustration, il se sentait un peu coupable.

Evidemment, les meneurs sautèrent de joie alors que la première dizaine de minutes s'étaient à peine écoulée. Changbin était mécontent, il n'avait pas su détourner le jeu malin de Soyeon et son acolyte, il aurait dû être plus vigilant.

Pendant ce temps, Jisung au centre, n'avait pas compris ce qu'il venait de se passer. Il était resté là au milieu du terrain à regarder le ballon traverser la pelouse comme une luge dans une descente enneigée. Il avait l'air un peu à côté, la bouche à moitié ouverte, les yeux qui voyageaient d'un participant à un autre, ça le dépassait déjà. Toutefois, il se ressaisit en toussotant pour se donner contenance, même si personne ne lui accordait la moindre attention. Enfin, personne ... Si on omet un certain brunet qui ne semblait pas vraiment intéressé par la partie mais plus par le visage angélique de son petit protégé.

Minho s'était mis tout devant, cependant il n'était pas assez près de son ami pour déceler l'expression de ses traits. Il était un peu inquiet, mais il avait décidé de lui faire confiance.

Ce fût alors que le ballon vola de nouveau pour plonger encore une fois vers les jeunes joueurs, tous plus déterminés les uns que les autres. Cette fois, Hyunjin avait eu l'opportunité d'atteindre en premier le ballon et le réceptionner avec son buste. A quelques pas, Jisung était tout simplement admiratif, si bien qu'il ne vit pas de son ami lui envoyer le ballon car il était le mieux placé.

C'est alors que tout bascula autour de Jisung, il fronça les sourcils et mit toute sa concentration pour réceptionner la passe. Cette fois, personne ne détourna la trajectoire du ballon dont la vitesse effrayait un peu le blondinet. Pris au dépourvu, il fit l'erreur de fermer les yeux en frappant de toutes ses forces vers il ne savait où.

Son geste était beau, le coup élancé, la posture maintenue. Toutefois, ayant les paupières closes, il ne sût maîtriser la situation et au lieu de rencontrer la puissance de son pied, le ballon se faufila entre ses jambes. Ça avait été si rapide qu'il n'avait pas compris ce qui était en train de lui arriver avant de sentir son corps partir en arrière. Il eût alors le réflexe de se pencher en avant, sa chute lui parût infiniment longue et houleuse, cependant son talon écrasa le ballon et il partit sur la droite. Même si ça ne servait à rien, il secoua ses bras comme on bat des ailes pour garder l'équilibre et il fit un tour sur lui-même alors qu'il se rapprochait dangereusement du sol.

Jisung était convaincu qu'il allait mourir. Le vert de la pelouse l'effrayait un peu plus à mesure que son corps tournait, mais ce fût finalement ses fesses qui atterrirent les premières sur le sol. Toutefois, à force de tourner sur lui-même, il avait pris trop de vitesse et son corps ne pût s'arrêter là. Il avait l'impression que son heure était venue mais qu'elle se faisait désirer, comme si elle le narguait.

Défaitiste, il se fit mou et alors il roula parfaitement contre la pelouse pour finir en une jolie galipette arrière.

Son malheur prit fin lorsqu'il rouvrit les yeux, assis sur ses genoux, et la tête en vrac. Pour autant, il ne comprenait toujours pas ce qu'il s'était passé.

C'est là qu'un silence immobile le replongea dans la réalité. Au bout de quelques secondes, il observa la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Tous les regards étaient braqués sur lui, il était tant perdu qu'il ne vit même pas Minho se lever précipitamment, prêt à lui porter secours. Ainsi, il ne put apercevoir Chan qui l'avait retenu par le bras et s'était penché vers lui pour lui murmurer quelques mots.

« Laisse-le ! Ce serait encore plus honteux si t'arrives, sorti de nul-part.

- Mais—

- Il y a pas de mais, tu restes ici. »

Parfois, Minho était surpris par la maturité dont faisait preuve son ami pour construire ses phrases. Il parlait presque comme un adulte, enfin pas tout à fait, mais c'était suffisant pour en rester perplexe.

Sans vraiment avoir le choix, Minho se rassit sans quitter pour autant sa mine inquiète. Oui, il avait promis de lui faire confiance.

Pendant ce temps sur le terrain, ni les enfants, ni les adultes avaient osé dire quoi que ce soit, ils n'avaient pas même bougé le petit doigt. Ils ne savaient pas vraiment comment réagir après toutes ces cascades.

Finalement, au bout de quelques secondes, on put entendre un éclat de voix tinté d'un rire féminin.

« Mais comment tu t'es débrouillé pour tomber comme ça ? »

Soyeon était partie en plein fou rire à s'en tordre le ventre. C'est vrai que la scène avait été plutôt comique, mais malgré le ridicule de la situation, tout le monde était un peu inquiet, sa chute avait paru durer une éternité pour lui certes, mais aussi pour les autres. C'était à se demander quand ça allait prendre fin.

« C'était trop drôle, beaucoup trop drôle ! »

Le silence gênant dans lequel était plongé le terrain de football avait été soufflé par la voix fluette de Soyeon. Elle ne semblait pas disposée à s'arrêter de rire, seulement elle finit par se calmer alors que tous la regardaient comme si elle venait d'une autre planète.

Elle s'essuya les yeux et se rapprocha légèrement vers le blondinet. Elle se mit accroupie pour être à sa hauteur et inclina la tête sur le côté.

« Tu t'es pas fait mal, au moins ? »

Alors le cœur du jeune garçon se compressa puis se gonfla de gaieté.

« Non, ça va. Merci !

- Et tu es ?

- Jisung, Han Jisung ! Et euh, toi ? »

C'était complètement idiot parce que le blondinet connaissait déjà la réponse, mais c'était plutôt par politesse puisque la jeune fille, de son côté, ne le connaissait pas.

« Soyeon, Jeon Soyeon.

- Enchanté, Soyeon.

- Enchanté, Jisung. »

Au beau milieu du terrain, en plein match, alors que le public n'osait faire un bruit, les deux enfants s'étaient serrés la main comme si c'était la chose la plus banale qui soit.

La jeune fille fit rapidement demi-tour pour reprendre le jeu, mais finalement elle fit volte-face pour accorder un regard au blondinet.

« Jisung ?

- Hein ?

- Fais attention à toi. T'es maladroit, et même si c'est mignon ... »

Le cœur du pauvre garçon s'était mis à battre la chamade, les idées en feu et les joues rouges, il en avait oublié la situation gênante dans laquelle il avait été quelques minutes plus tôt.

Ses yeux brillaient d'admiration pour la jeune fille, mais maintenant c'était plus que ça.

Etrangement, il était devenu plus timide, incertain et plus maladroit que jamais. Ce sourire idiot qui grandissait ses joues déjà rebondies n'arrangeait pas son cas.

Décidément, il attirait l'attention des stars de l'école, même celles qui n'étaient pas la sienne. Il ne savait pas si son cœur avait gonflé par fierté ou s'il avait envie de se faire tout petit. Pourtant, il n'avait plus vraiment envie de vivre dans le silence.

« Ce serait dommage d'abîmer ce joli visage. Tu crois pas ? »

Pourtant à ce moment-là, il n'avait su que répondre.

A côté, deux enfants étaient noyés par un sentiment amer à en bruler l'estomac. Ils ne savaient qu'en faire, ça faisait un peu mal, c'était bizarre comme sensation.

Malgré la distance, les deux âmes avaient ressenti quelque chose de similaire. Ils avaient tous deux des raisons différentes, mais finalement ça menait à la même conclusion. C'était comme bouillir de l'intérieur, et pourtant ils restèrent interdit, immobiles face à la réalité, un sentiment qu'ils n'avaient jamais expérimenté de façon aussi forte.

A brut, ils découvraient qu'un trésor était parfois difficile à partager. Ils avaient été les premiers à découvrir le bijou pur de ce blondinet rêveur et parfois hors du temps. Ils avaient été les premiers, mais de toute évidence, ils ne seront pas les derniers.

Han Jisung, c'était le trésor des deux enfants sensibles à sa lumière.

Un bijou d'une valeur inestimable.

Ils avaient d'abord été les seuls à connaître le secret. Cependant, le jeune garçon à la chevelure doré et ses reflets roux allait briller aux yeux du monde entier, c'était inévitable.

La jalousie, ils savaient que ça ne menait à rien de bon, malheureusement témoins de ses ravages, elle grondait en eux dans un silence assourdissant. Le cœur secoué, ils soufflèrent dans un même accord, sans le savoir.

Lee Minho.

Hwang Yeji.

Ils avaient étoffé de leurs sourires ce petit ange lumineux, mais à présent, il fallait laisser ses rayons éclairer le monde.

Lee Minho.

Hwang Yeji.

Aussi bien l'un que l'autre, ils se promirent de protéger ce diamant brut au cœur tendre.

Pour ce joli cœur, tout droit venu des étoiles.


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