Chapitre 65
Lorsque je passe la porte du gymnase, suivi de près par Aurore et Nico, la personne que je repère en premier est Thomas, celui qui m'a envoyée à l'infirmerie la dernière fois. Je grimace en constatant qu'il est là... J'avais pourtant souhaité qu'il soit absent. Pourquoi ça ne fonctionne jamais ?
Yann est déjà en train de s'échauffer avec Kévin. Cela ne m'étonne pas venant de lui et Kév le suit, parce que c'est son pote et qu'il a beau être un mec, c'est une vraie pipelette ! Je le vois parler à son ami en me jetant quelques coups d'œil de temps à autre et je me demande de quoi ils discutent.
Alors que nous rejoignons le centre du terrain, Monsieur Lazarre donne un coup de sifflet, afin de tous nous rassembler pour qu'il puisse nous expliquer le déroulement du cours.
- OK, alors cette fois, nous allons mélanger les deux classes et faire deux équipes, annonce-t-il. Puisque nous sommes en nombre impair, certains d'entre vous vont se mettre sur les gradins et échangeront avec des camarades en milieu de match, Compris ?
Tout le monde acquiesce et je lève la main, lorsqu'il demande s'il y a des volontaires pour aller s'asseoir. Je ne suis toujours pas passionnée par le sport. Yann m'adresse un petit sourire, tandis que je rejoins l'un des bancs, suivis de quatre autres élèves.
Alors que je suis absorbée par l'échauffement de mes camarades, qui entament des tours de terrains, quelqu'un s'assoit tout à coup à mes côtés. Je tourne machinalement la tête pour voir de qui il s'agit et constate, sans grand étonnement, qu'il s'agit de Thomas. Je ne m'attarde pas sur lui et fais comme s'il n'était pas là, soupirant bien exagérément pour qu'il s'en aperçoive.
Je jette un œil vers Yann, pour le moment, il n'a rien remarqué et c'est très bien comme ça.
- Ta cheville va mieux ? se moque-t-il.
- J't'emmerde, Thomas, répliqué-je, sèchement.
- Ouh, mais c'est que t'es fâchée, on dirait.
- Y'a de quoi, lâché-je, toujours sans daigner le regarder.
- C'était pas méchant, rigole-t-il. J'avais pas fait exprès.
- Et ma main dans ta gueule, je vais pas faire exprès aussi, m'énervé-je, en tournant cette fois la tête dans sa direction.
Il se met à rire, ce qui m'énerve d'autant plus et bien entendu, je n'arrive plus à le cacher. J'essaye de me concentrer sur le match, qui va bientôt commencer et j'aperçois à ce moment Kévin, donner un petit coup de coude à Yann en me désignant du menton.
Ce dernier accélère la cadence, l'air de rien, puis arrive devant nous, pour fusiller Thomas du regard.
- J'crois pas que tu fasses partie des remplaçants, lui lance-t-il, sèchement.
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- Y'a que tu vas vite bouger, avant que j'te bouge moi-même, le menace Yann.
Thomas ricane, se lève et se tourne vers moi, tandis que Yann semble observer Monsieur Lazarre, afin de vérifier qu'il ne nous voit pas.
- Allez, j'te dis à plus tard, lâche cet abruti, en approchant sa main de ma joue.
Je me redresse, excédée par son attitude provocante et le pousse aussi fort que je le peux, sous le regard de Yann, qui vient de se retourner vers nous et ne comprend pas ce qui me prend. Thomas recule d'un pas, s'emmêle les pieds dans les plots derrière lui et manque de s'étaler. Tandis que mon meilleur ami m'observe, étonné.
L'imbécile se rattrape de justesse, puis avance vers moi, l'air mauvais, mais, je ne bouge pas. Yann se glisse à ce moment entre nous, le repousse violemment et cette fois, Thomas fini les fesses par terre.
Monsieur Lazarre, qui n'en a pas loupé une miette, souffle exagérément dans son sifflet, tandis que l'autre se relève d'un bon et avance vers Yann.
- Vous n'allez pas commencer vous deux ! On peut lancer le match ou bien je vous envoie dans le bureau du directeur ?
Yann trottine à reculons vers son équipe en m'observant, puis hausse les épaules et esquisse un sourire, fier de lui. Thomas quant à lui, m'adresse un regard en biais, vexé que j'ai atteint son ego devant ses amis, avant de regagner lui aussi le terrain alors que je ne le quitte pas des yeux pour lui faire comprendre qu'il ne m'impressionne pas.
Aurore et Nico, eux, pouffent de rire, pendant le prof annonce le début du match. J'aperçois Kévin et Yann discuter, tout en lançant quelques regards menaçant à Thomas. J'espère que ces deux-là ne complotent rien qui pourrait leur apporter des ennuis...
Après quelques minutes, je remarque que les deux, ne le lâchent pas. Ils l'empêchent d'évoluer sur le terrain comme il le souhaiterait, font en sorte qu'il n'attrape à aucun moment le ballon et lui mettent de grands coups d'épaules chacun leur tour, dès qu'ils le peuvent.
Je les observe depuis les gradins, légèrement stressée. À tout moment, je sais que ça peut dégénérer. Soudain, alors que Thomas tente d'attraper la passe d'un de ses camarades, Kévin l'en empêche et Yann le percute de plein fouet. Avec la violence du choc, il finit sa course, allongé sur le sol, se tenant l'épaule en grimaçant... Bordel de merde !
Monsieur Lazarre intervient une fois de plus en sifflant, tandis que Yann lève les mains en guise d'excuse.
- Désolé, j'ai pas fait exprès, lance-t-il, en plantant son regard dans celui de Thomas.
Après ça, il se tourne vers moi et m'adresse un sourire satisfait, suivit d'un clin d'œil discret et je secoue la tête doucement, amusée.
Suite à cet incident, Thomas quitte le match et Monsieur Lazarre décide d'en profiter pour procédé aux échanges, puis m'envoie sur le terrain. Je rejoins donc mon équipe dont Yann et Kév font partit.
- Les gars, je vous préviens, je suis désespérante ! Vous allez perdre, affirmé-je.
- T'inquiètes, on gère ! Reste à côté du panier, sourit Yann, alors que je ne comprends pas où est l'intérêt.
Je m'exécute tout de même, de toute façon que je tente d'attraper le ballon ou que je reste là, le résultat sera le même. J'observe les deux garçons s'éloigner en discutant discrètement et je me demande encore ce qu'ils complotent.
Alors qu'ils sont à l'autre bout du terrain, Yann réussit à intercepter une passe de l'équipe adverse. Il court jusque vers le milieu, puis se retourne pour envoyer le ballon à Kévin, avant de trottiner vers moi, un sourire malicieux aux coins des lèvres.
Une fois à mes côtés, Kévin se dirige vers nous à son tour, puis il m'interpelle.
- Nine ! s'exclame-t-il, en me faisant comprendre qu'il faut que je rattrape la passe qu'il compte me faire.
- Non, non, non, je...
Mais trop tard, il a déjà lancé le ballon dans ma direction. Je vois alors Yann bloquer le passage à deux mecs de l'équipe adverse et Kévin le rejoint, pour prendre sa place une fois que le ballon est entre mes mains, alors que je ne sais même pas comment j'ai réussis à le rattraper. Super, je fais quoi moi maintenant ?
Je me trouve face au panier de basket, essayant de visualiser le tir que je dois effectuer pour marquer. Ça va pas le faire, les mecs !
C'est alors que des mains puissantes enserrent rapidement ma taille par-derrière et me soulèvent sans effort, pour me rapprocher considérablement du panier. Je tire et voilà que je marque le premier point de toute mon histoire avec le basket.
Yann me repose avec douceur à terre, tandis que Monsieur Lazarre siffle une nouvelle fois.
- C'est pas dans les règles ça ! s'exclame-t-il.
Yann se tourne vers lui en haussant les épaules.
- Elle a encore mal à la cheville faut bien qu'on l'aide, se justifie-t-il.
J'observe Yann, un léger sourire aux lèvres et fronce les sourcils.
- J'ai plus mal, chuchoté-je.
- On s'en tape, il le sait pas.
Monsieur Lazarre, laisse alors passer pour cette fois et le match continu, tandis que Thomas me lance un regard assassin depuis les gradins.
Je bougonne quelques choses en le voyant, alors que Yann est à côté de moi et m'observe l'air lance interrogateur.
- Quoi ? me demande-t-il, n'ayant pas entendu ce que je viens de dire.
- Rien, t'inquiètes, marmonné-je, en adressant à mon tour un regard noir à Thomas.
Le match terminé, nous quittons le terrain et tandis que nous nous dirigeons vers le prochain cours, Nico semble tout à coup plutôt curieux. J'essaye tant bien que mal de dissimuler ce que j'ai découvert sur Yann, depuis que je me suis pointée dans le gymnase ce fameux soir, mais plus je tente de noyer le poisson, plus il devient insistant... On dirait moi...
- Alors, quand est-ce que tu vas te décider à me raconter ce qui s'est passé ? me demande-t-il, en passant son bras sur mes épaules tout en avançant.
- Y'a rien à dire, j'ai découvert quelque chose que j'aurais pas vraiment dû, fin de l'histoire.
Il m'observe avec un air de reproche et esquisse une moue boudeuse. Je sais bien qu'il m'a aidé à déchiffrer comme il le pouvait le message et que rien ne l'y obligeait... Mais, moi-même en découvrant le secret de Yann, j'ai failli avoir de gros ennuis. Je lui en ai même apporté des supplémentaires, et il a été clair, personne d'autre ne doit savoir.
D'un côté, je m'en veux de le tenir à l'écart, il doit avoir l'impression que je me tourne vers lui que lorsque j'en ai besoin... Mais ce n'est pas le cas, je souhaite juste que personne d'autre n'ait de problème à cause de cette histoire.
Je m'arrête, pour lui faire face, l'air sérieuse.
- Si je te dis rien, c'est parce que quand moi je l'ai découvert, ça a apporté des problèmes à Yann et ça a failli m'en causer à moi aussi... Il a arrangé le coup pour ne pas que j'en ai, mais personne d'autre ne doit savoir, je veux pas que tu te retrouves embarqué dans cette histoire, expliqué-je, le plus sincèrement possible.
Nico me connait bien et à ce moment, il se rend compte que je parle très sérieusement. Il sait aussi que si j'avais pu le mettre dans la confidence, je l'aurais fait.
- OK, t'inquiète, je comprends, lance-il, mais t'es sûre t'as pas d'ennuis ?
- Est-ce que Yann a une tête à me laisser en avoir ? grimacé-je.
- On est d'accord que non, acquiesce-t-il, en se grattant l'arrière de la tête.
À la fin de la journée de cours, Yann me rejoint à la sortie, alors que je discute avec mes amis. Il a l'air de vouloir me dire quelque chose, mais semble hésitant.
- Ça va ? l'interrogé-je, soucieuse.
- Ouais, t'inquiètes, répond-il. Mais... T'as un truc de prévu ce week-end ?
Je ne suis pas surprise par sa question, car à vrai dire, nous les passons presque à chaque fois ensemble. Mais d'habitude, il ne me le demande pas, cela se fait naturellement, on quitte les cours le vendredi, on rentre chez lui et le reste suis.
- Non, rien, pourquoi ?
- OK, prévois des affaires, enfin tous tes trucs de filles pour deux jours, je t'emmène quelque part, annonce-t-il.
Je l'observe, surprise et je ne suis pas la seule. Aurore me questionne du regard et je lui réponds en haussant les épaules. Nico, lui, ne le lâche pas des yeux et Kévin qui nous a rejoints lève un sourcil interrogateur.
- Où ça ? m'étonné-je.
- Tu verras, sourit-il, mystérieux.
Tandis qu'il s'est éloigné du groupe avec Kévin pour discuter, Aurore m'attrape par le bras et me tire à l'écart.
- T'as une idée d'où il t'emmène ?
- Non, aucune.
- Si ça s'trouve, il va te déclarer sa flamme, lâche-t-elle, rêveuse, alors que je lève les yeux au ciel.
- N'importe quoi ! On a eu une discussion et on préfère rester comme on est, soupiré-je.
Ou devrais-je dire qu'il préfère que rien ne change et qu'il a encore cette peur, de s'attacher pour ensuite me voir disparaître, bien ancrée en lui ?
- Et pourquoi je suis pas au courant ?
- Parce que rien n'a évolué et que je t'en aurais parlé, si au contraire on avait décidé de tenter.
- Vous me fatiguez ! s'exclame-t-elle.
Je hausse les épaules en guise d'excuse, puis nous rejoignons le groupe.
Yann se penche à ce moment discrètement vers mon oreille, sous le regard des autres.
- C'était quoi ça tout à l'heure ? me questionne-t-il.
- Quoi donc ?
- Avec Thomas, pourquoi tu l'as poussé ?
- Rien, il m'a soûlée.
Je préfère ne rien dire quant au petit geste que Thomas a eu à mon égard, et que Yann n'a pas vu. Ce n'est pas la peine que je vous fasse un dessin de ce qu'il risque de se passer si je le fais...
Yann se racle la gorge et s'approche à nouveau de mon oreille.
- Tu sais que si t'as des ennuis avec qui que ce soit, tu n'as qu'à me le dire, me souffle-t-il, d'une voix très sérieuse.
- Je sais, mais je peux aussi me défendre seule.
Il grimace puis glisse un regard désapprobateur sur moi et je préfère lui répondre par un léger sourire.
- Laisse tomber, mec, c'est une tête de mule, lâche Kévin, qui a entendu notre conversation.
Les oreilles de ce mec, traînent partout ma parole !
- On t'a rien demandé, Kév, lancé-je, en lui adressant une grimace.
- Ouais, moi aussi je t'adore la Fury, réplique-t-il, tandis que Yann se marre.
Je souris à sa remarque, puis chacun rejoint son bus, tandis que Yann et moi grimpons sur sa moto pour rentrer. Sur le chemin, j'observe le paysage défiler, perdue dans mes pensées.
Je me demande bien où il compte m'emmener ce week-end...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro