
Chapitre 62
Alors que nous sommes encore en pleine nuit, Yann essaye de se dérober doucement du lit, en prenant soin de ne pas me réveiller. Mais je suis blottie contre lui et malgré tous ses efforts, j'ouvre les yeux.
- Me dit pas que tu comptes faire ta séance de sport là maintenant, marmonné-je la voix endormie.
Il soupire, déçu de n'a pas avoir réussi à s'extirper de la chambre sans me déranger, puis allume la petite lampe de chevet.
- Je t'ai réveillée, désolé, chuchote-t-il.
- Pas grave, mais tu fais quoi ?
- Rendors-toi si tu veux, je vais juste dire au revoir à mes parents.
- Il est quelle heure ? demandé-je.
- Quatre heures du mat'.
Il sort du lit, puis, je me redresse bien décidée à l'accompagner.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Bah, je viens avec toi, tiens.
- T'es pas obligée, affirme-t-il, sérieusement.
- Bien sûr que si ! C'est la moindre des choses, j'ai mangé avec eux et ton père m'a vu dans ton lit...
À l'évocation de ce souvenir, je grimace légèrement et Yann en fait de même. Je me lève et lui emboite le pas, encore à moitié endormie. Plus nous descendons les marches, plus j'entends des bruits venant de la cuisine.
Lorsque nous arrivons, ses parents nous sourient, tandis qu'ils avalent une tasse de café. Je suppose que voir leur fils venir leur dire au revoir est une habitude... Mais généralement, il n'est pas accompagné.
- Tu n'étais pas obligé de te donner la peine descendre, ma jolie, sourit doucement sa mère.
- Tu vois, j'te l'avais dit, soupire Yann.
- C'est la moindre des choses, vous m'avez gardé à dîner, je dors ici, c'est normal.
- Charmante et en plus de ça, bien élevée, lâche son père, sous le regard en biais de Yann, comme pour valider son choix me concernant alors que j'aimerais pouvoir me planquer.
Après avoir fini leur tasse de café, Marco, saisit ses valises puis ouvre la porte afin de les charger dans le coffre de la voiture, un énorme pick-up noir. Alors que Solenn s'apprête à en faire de même avec les siennes, son fils se précipite vers les bagages, avant qu'elle ne les saisisse et les dépose à côté de ceux de son père. Sa mère n'a pas l'air étonnée et à vrai dire moi non plus, Yann est quelqu'un de très prévenant.
Une fois que tout est prêt, je vois Marco attraper la tablette posée sur l'îlot central de la cuisine et tapoter brièvement dessus, tandis que Solenn s'approche de Yann pour lui dire au revoir.
Il nous rejoint quelques secondes plus tard, puis s'adresse à son fils.
- Je t'ai remis de l'argent sur ton compte, ça devrait être effectif d'ici vingt-quatre heures, explique-t-il.
- Y'avait pas besoin, j'en ai largement assez, soupire Yann.
- On sait jamais, en cas de besoin nous ne sommes pas sur place.
Solenn serre Yann dans ses bras, puis pose un baiser sur sa joue avant de laisser la place à son mari. Il imite sa femme, se contentant seulement d'une étreinte et d'une légère tape dans son dos, puis tous deux se tournent vers moi pour me faire la bise.
- Bon voyage, leur souhaité-je, en souriant.
- Merci, et toi n'hésite pas si tu as besoin, tu es la bienvenue, même lorsque nous ne sommes pas là. Tu seras mieux ici que toute seule, affirme Solenn, en me tenant la main.
Leur gentillesse me va droit au cœur, ils ne me connaissent que depuis la veille, mais pourtant ils ne se méfient pas de moi.
Marco glisse un regard vers son fils, le regarde sérieusement et le pointe du doigt gentiment.
- Pas d'embrouilles, tu es responsable quand elle est là, souviens-t'en.
- Je sais, acquiesce Yann, totalement d'accord.
- À dans deux semaines, précise sa mère, et Nine ravie d'avoir fait ta connaissance, j'espère que nous t'aurons à dîner une prochaine fois !
- Ravie aussi et ce sera avec plaisir, souris-je.
Yann et moi restons sur le perron pour les saluer, alors qu'ils s'éloignent en voiture. Une fois qu'ils ne sont plus a porté de vue, il referme derrière nous et nous remontons dans sa chambre.
Je me jette sous la couette, la fraîcheur de la nuit sur mes bras nus m'ayant donné froid. Je suis gelée.
Yann m'observe curieusement et lève un sourcil.
- Quoi, ça caille ! m'exclamé-je.
- Chochotte, se moque-t-il gentiment, en me rejoignant.
Outrée, je le dévisage, tandis qu'il me regarde l'air amusé. Il se glisse sous la couette à son tour, puis éteint la lumière pour que nous puissions essayer de trouver de nouveau le sommeil. Je sens immédiatement la chaleur qui se dégage de son corps et ni une ni deux, je glisse vers lui pour me réchauffer contre sa peau brûlante.
- Putain de merde, t'es gelée ! s'écrit-il, au contact de ma main sur son torse.
- Petite nature, répliqué-je, amusée, tout en posant ma tête au creux de son épaule alors qu'il referme son bras sur moi.
- Tu m'as eu en traître.
- Avec moi, il vaut mieux être prêt à toute éventualité, ris-je.
- Ouais, bah merci, je m'en étais rendu compte.
- Ça veut dire quoi ça ? m'étonné-je, en relevant légèrement la tête vers lui, même si je ne le perçois pas très bien dans la pénombre.
- Rien, allez dort, se défile-t-il.
Nous finissons par retrouver le sommeil et lorsque mes yeux s'ouvrent, le matin est là. Je suis toujours blottie contre lui, tandis qu'il me tient comme s'il ne voulait pas que je m'échappe. Super, comment suis-je censée faire pour me lever sans le déranger ? Il serait réveillé et pourrait me répondre, il me dirait « chacun son tour ! », suivit d'une de ses grimaces enfantines que j'adore.
Je lève doucement le nez sur lui, pour vérifier qu'il dort, puis, je ne peux m'empêcher de l'observer sous la lueur du jour qui se lève. Il paraît si paisible, très loin des problèmes que je lui ai causés.
Soudain, il ouvre un œil.
- Tu m'espionnes, murmure-t-il de sa voix rauque.
- Pas du tout... Je cherchais juste un moyen de me lever sans te réveiller, on dirait que je suis prisonnière, me défends-je, en désignant du doigt ses bras qui m'encercle.
- J'étais déjà réveillé.
- Attend, genre tu fais semblant depuis tout à l'heure ?
- Ouais, affirme-t-il, tout sourire.
- Et je peux savoir ce que tu fais depuis tout ce temps ?
- T'es passionnante quand tu dors, tu marmonnes des trucs chelous que je ne comprends pas, se moque-t-il.
Je me redresse tout à coup, indignée et le regarde droit dans les yeux, bouche bée.
- Et tu ronfles comme le chien de ma grand-mère, pouffe-t-il.
Rapidement, j'attrape l'oreiller sous sa tête et lui donne des coups avec. Il se met à rire, je sais bien que ça ne lui fait rien, mais quand même... Il fallait bien que je réplique !
- OK, ça va je déconne, en vrai tu ronfles pas !
Je pose mon arme de fortune, sous son regard malicieux, puis il se redresse sur ses coudes et je me demande ce qu'il prépare. Alors que je ne m'y attends pas, il tente de me chatouiller. Malheureusement pour lui, cela ne fonctionne pas et je ne réagis pas.
- Je suis pas chatouilleuse, annoncé-je, un air de vengeance dans le regard.
- Sérieux ! Tu déconnes là !
- Bah non.
- Pff, t'es pas drôle.
Je ris doucement et me contente de hausser les épaules, puis commence à me glisser vers le bord du lit, mais il me rattrape et m'encercle de ses bras puissants pour me ramener vers lui. Il se laisse ensuite retomber en arrière sur le matelas, avec moi.
- Tu comptes m'embêter toute la journée comme ça ? me marré-je, alors que mon dos est plaqué contre son torse et qu'il est toujours allongé et qu'il me tient fermement.
- Pourquoi j'ai pas le droit ?
- Tu peux toujours essayer, le menacé-je alors que malgré ce que je laisse entrevoir mon cœur bat la chamade et que je savoure ce contact.
- T'es flippante quand tu dis des trucs comme ça, souffle-t-il, en me relâchant.
Je lui adresse un sourire satisfait, puis me lève sous son regard blasé quittant son étreinte à regret.
- Prem's à la salle de bain ! m'exclamé-je.
Il m'observe, amusé et secoue la tête, exaspéré. Alors que je fouille dans mon sac à la recherche de vêtements propres, une question me vient à l'esprit. Je me redresse avec mes affaires dans les bras, puis me tourne vers lui.
- Pourquoi ton père t'as demandé de pas m'embarquer dans tes embrouilles, il est au courant pour ce que tu fais ?
Il semble surpris, et se redresse rapidement, s'asseyant au bord du lit.
- T'es pas bien ?! Il sait que dalle.
- Il m'a semblé qu'il était au courant de quelque chose pourtant.
- Disons qu'il sait ce que j'ai envie qu'il sache.
- OK, merci, pour ton explication Yann, c'est très clair.
Il soupire légèrement, puis se lève pour rejoindre son dressing.
- Il connaissait Antho, les histoires qu'il a eues... Il sait que je traîne aux Blocks, que je suis parfois impliqué dans des bagarres pour défendre des potes, explique-t-il.
- Et il est d'accord avec ça ?
- Bien sûr que non, mais il me connaît et il peut dire ce qu'il veut, je suis comme ça.
Je le vois alors tout à coup passer devant moi et se précipiter vers la salle de bain, l'air moqueur et me griller ma place. Il s'empresse de fermer à clé, tandis que je reste plantée-là, incrédule.
- Yann, t'es sérieux là ?
- Ouais ! crie-t-il depuis la salle de bain, alors que j'entends qu'il allume l'eau de la douche.
J'esquisse un sourire ne pouvant m'en empêcher. Lui comme moi on adore se chercher et se taquiner.
- T'abuses !
- Mais tu m'aimes bien quand même !
Je souris, puis me laisse tomber sur le canapé, devant la télévision en attendant mon tour.
Aujourd'hui, nous sommes samedi et ce soir, il y a la fête organisée par Kévin pour l'anniversaire de Yann. J'ai hâte d'y être.
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