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Un Noël particulier (OS hors concours #DEA 3)


23 décembre - 23h30 - Quelque part sur la banquise groenlandaise

Amy,

Si tu pouvais être avec moi, tu serais heureuse.

Le froid glacial qui me gèle le bout des doigts alors que je m'escrime à t'écrire sur le petit carnet à spirale bleu que tu m'as offert il y a si longtemps ? Ce putain de froid te ferait rire aux éclats et te entourerait ma taille de tes bras fins et glisserais tes mains gelées sous mon pull contre ma peau pour les réchauffer.

Le silence effrayant qui me cerne maintenant que les chiens se sont enfin endormis et ont arrêté de japper et de grogner de fatigue ou de colère ? Ce silence pesant attacherait un autre sourire de contentement et tu glisserais ton adorable visage gelé dans mon cou pour cacher ta peur.

La lueur troublante, oscillant entre pénombre et lumière qui vibre dehors, à l'extérieur de ma minuscule tente vert fluo ? Cette lumière boréale te ferait béer d'admiration et tu me pincerais pour que je consente à la contempler avec toi.

Et j'accepterais tout cela avec plaisir parce que je t'aime.

Si tu pouvais être avec moi, je serais heureux.

Mais tu n'es pas là et je me retrouve seul. Seul comme un con, à 32 ans, perdu au milieu de l'immensité blanche et solitaire de la banquise groenlandaise, perclu de fatigue, de douleur et de froid. Sans toi. Je cherche vainement le sommeil depuis une heure mais cette absence totale de vie dans un rayon de plusieurs kilomètres me perturbe : il y a moi , mes dix chiens... et les étoiles lointaines qui scintillent dans un phénomène physique bizarre que je ne cherche surtout pas à comprendre.

Je fais cela pour toi. Tu me l'as demandé il y a si longtemps. j'ai quitté notre village natal, ma petite vie tranquille de coach sportif pour cette semaine au Groenland. Pour vivre notre rêve, avec plus de 10 ans de retard.

Peut-être qu'ensuite tu me laisseras vivre ?

J'espère Amy que tes rêves éternels sont meilleurs que les miens.


24 décembre - 6h00 du matin - Quelque part sur la banquise groenlandaise

Le bip de ma montre sonne à 6 heures précises alors que j'ai ouvert les yeux depuis deux minutes. Si mon horloge biologique me dit qu'il faut se lever, en accord avec les grognements d'impatience de York , le chef de meute qui se manifeste depuis quelques minutes à côté de la tente, mon corps n'est pas d'accord.  Je pensais connaitre tous mes muscles, cela fait partie de mon travail, mais une semaine de déplacement dans le grand nord à guider mes dix chiens par une température de moins 20 °C maximum m'apprend qu'il y a la connaissance ...et la souffrance. J'ai l'impression d'avoir été torturé par des monstres invisibles pendant mon sommeil.

Je me rafraîchis rapidement le visage pendant que mon café chauffe dans mon thermos puis extirpe mes un mètre quatre vingt dix de la minuscule tente tiède pour découvrir dans la lueur blafarde de l'aube polaire le froid glacial et une blancheur aveuglante et nue. Le soleil n'est pas au rendez-vous. Je m'y attendais. Heureusement les jappements enthousiastes de la meute me rappellent que je ne suis pas seul. Je les nourris en vérifiant rapidement que tous vont bien. Piotr, le plus vieux, lèche pensivement sa fourrure noire autour de la plaie cicatrisée de sa patte arrière droite. Par précaution je l'enduis encore de la pommade avant de lui chausser ses bottes de protection en cuir qui seront lacérées par la glace d'ici ce soir.

Ce soir. Nous serons arrivés au but de mon expédition. Je me redresse en me demandant une fois de plus si j'ai eu raison de faire tout cela. Tout en accomplissant les derniers préparatifs de départ dont la routine n'a plus de secret pour moi après ces dix jours de solitude, je me demande si laisser la responsabilité de mes salles de sports de Glasglow et d'Edimbourg à mes associés, si passer Noël loin de mes amis et de mes parents pour la première fois est une bonne idée. Je passe pour un type plutôt équilibré, stable aimant faire la fête. Absolument pas pour un solitaire qui plaque tout sur un coup de t^te. Et pourtant je l'ai fait. Un coup de téléphone? Une semaine d'entraînement avec un musher écossais qui m'a légué son "kit de survie " en milieu polaire. Et je suis parti.

Alors que le vent cingle mon visage, gelant ma courte barbe , je dirige mon attelage sur les derniers kilomètres de glace me séparant de Qaanaaq. Le temps relativement clement aujourd'hui m'a permis de gagner quelques heures sur mon programme et il n'est que 15h lorsque le village et ses petites maisonnettes colorées parsemées sur le rivage gelé de l'ocean atlantique m'apparaissent sur l'éternel fond blanc. Je ralentis à l'approche de mon objectif ne sachant si je dois me réjouir ou non lorsqu' un petit éclair bleu foncé sur mon attelage provenant d'une congère de 2 mètres de haut sur ma gauche.

La silhouette freine autant que moi et l'enfant, car c'en est un, rit en se laissant glisser sur le sol à quelques centimètres de York. J'immobilise le traîneau. Je descends rapidement pour rejoindre celui qui aurait pu être tué par mon attelage, le cœur encore battant de frayeur rétrospective. Alors que patiemment le hushy accepte les caresses du petit humain en tirant la langue, je suis désarçonné par le môme qui ne montre aucune frayeur à l'arrivée d'un inconnu ou devant le danger qu'il a couru. Je ne distingue dans son visage emmitouflé que deux magnifiques yeux bleus clairs légèrement bridés comme le sont ceux des Inuits. Il me sourit en se relevant

– Salut. Tu vas bien ? Rien de cassé ? dis-je d'une voix un peu trop rude pour masquer mon inquiétude.

– Non je vais bien. Bonjour Monsieur. Vous venez voir mon grand-père n'est-ce pas ? me répond le bonhomme bleu gaiement.

Sa question résonne comme une affirmation, comme si dans ce village du bout du monde, plus proche du pôle Nord que de la civilisation, chaque visiteur ne venait que pour le grand-père de ce curieux petit homme.

– Je ne sais pas . Ton grand-père s'appelle ...?

Il rit encore une fois et exhale un petit nuage de vapeur dans l'air glacial.

– Hans Thornwell. Moi c'est Maïkan.

– Enchanté Maïkan et tu as raison. Moi c'est Hugh; Je viens voir ton grand-père en effet.

Je suis un peu surpris de cette coïncidence mais ne tarde pas à comprendre. lorsque Maïkan se dirige vers mon traîneau et en se retournant vers moi , me glisse gaiement :

– Je vais te montrer le chemin. On attendait ta visite d'un jour à l'autre. Tu es presque en retard.

Il s'installe sur le traîneau et après une légère hésitation, je grimpe derrière lui, sécurisant sa position même si je me doute que cet enfant de moins de dix ans est sûrement plus expérimenté que moi.

– Alors, indique-moi la direction. Tu es le chef, jeune homme.

– Notre maison est la dernière maison rouge de l'autre côté du village et grand-père est dans son atelier juste à côté.

Je démarre doucement l'attelage et traverse le village sur le chemin principal couvert de neige mais suffisamment dégagé pour indiquer qu'il est utilisé très régulièrement. Taanaaq, connue en Europe sous le nom de Thulé, comprend une centaine de maisonnettes basses aux toits pentus de couleurs différentes. Chacun est proche de son voisin mais bénéficie d'un espace suffisant d'intimité. Arrivé suffisamment tôt dans l'après-midi, je pensais naïvement que les passants m'auraient indiqué le chemin de la maison de Thornwell mais le froid, et les préparatifs de Noël, maintenaient les habitants de Thulé dans leurs habitats bien chaud. Si le petit Maïkan n'avait pas été là, j'aurais pu tourner en rond un certain temps.

- C'est là, dit-il en me montrant du doigt une maison un peu plus grande que les autres, rouge écarlate dont la cheminée fumante m'attire. Mon corps privé a brusquement envie de chaleur.

– A gauche c'est notre maison. Celle de maman et Papi. Juste derrière, le grand hangar jaune, c'est le domaine de Papi. Mais j'ai le droit d'y aller. Viens vite.

A peine a-t-il fini de parler que la combinaison bleue descend de l'attelage glissant encore sur la neige fraîche. Il court vers la porte du hangar.

– Eh attend jeune homme, je dois d'abord mettre les chiens au repos. Tu pourrais me dire où ?

– Bien sur ! Suis-moi.

Il me désigne un petit portillon tout proche qui ouvre un espace délimité entre les deux bâtiments et semi couvert, qui apparemment est réservé à cet usage. Un traineau y est déjà rangé dans un coin. En quelques instants, je détache, nourris et abreuve ma petite meute, heureuse de se reposer un peu. J'ai parfois l'impression que ces bestioles affectueuses et travailleuses comprennent tout et savent que nous sommes arrivés à destination. Maïkan me regarde faire, en sautant à cloche pied de tas de neige en tas de neige, léger et insouciant. Lorsque je l'observe du coin de l'œil, j'ai l'impression de n'avoir jamais vu de gosse aussi tranquillement heureux. J'ai à peine terminé qu'il revient vers moi, me prend par la main et me guide vers la porte bois en bois ornée d'une couronne de Noël. Elle est belle est simple, faite de branches mortes tressées et de rubans colorés. Sachant à quel point les végétaux sont rares dans le coin, j'imagine que cette couronne a été réalisée avec soin et amour.

– Viens, dit le gamin impatient, Je suis sûr que mon grand père sait qu'on est là et nous attend.

Je souris, renonçant à le contrarier.

Je le suis, un peu gêné, dans le hangar de mon hôte. Car, sans scrupules, je me suis fait inviter chez cet inconnu, quelques semaines plus tôt.

Odeurs puissantes de bois, couleurs vives et vernis étincelants sont les premières impressions qui m'assaillent dès l'entrée dans la pièce. Puis une douce chaleur , enfin, me fait soupirer de plaisir après dix jours dans l'immensité polaire. Mon regard balaie l'atelier. Grand et lumineux, de vieux meubles et des étagères en bois occupent le moindre espace, l'atelier, car s'en est un, semble très encombré. Encombré d'objets divers et variés. Des jouets en bois pour la plupart, à différents stades de fabrication ou de finition. Une petite poupée russe sur la table la plus proche brille d'une couche de vernis qui sèche. Un grand cheval de bois à bascule émerge d'un emballage non fermé. Un gigantesque arc côtoie sur une paillasse d'autres objets qui sont comme lui en cours de peinture. Une table est recouverte de jolies poupées de chiffon alors que sur le meuble voisin de magnifiques petits coffres de bois colorés sont parfaitement alignés. Ma stupéfaction augmente lorsque je remarque à ma droite une étagère dont les rayons sont couverts de colis colorés de toutes tailles, tous entourés d'un magnifique et large ruban doré.

Où suis-je tombé ?

Un homme de haute taille, au cheveux blancs taillés en brosse et à la moustache impressionnante sort d'une petite pièce en s'essuyant les mains sur un tissu. Il s'avance vers moi avec un large sourire.

– Monsieur Mac Leod je suppose ? dit-il en tendant une main franche et forte vers moi.

Je la saisis, satisfait de cet accueil qui apaise mes craintes.

– Vous supposez bien M. Thornwell. Votre petit-fils m'a heureusement guidé vers vous. Je pense que je me serais perdu sinon.

Il se tourne vers le garçon et j'aperçois une lueur brève de fierté dans son regard avant qu'il ne fronce les sourcils :

– Maïkan...tes chaussures et ton blouson, s'il te plait.

Le gamin hausse les épaules d'un air désolé et court s'asseoir sur un petit banc dans l'entrée où il enlève ses bottes de neige et enfile des pantoufles. L'homme, je n'ose l'appeler le grand-père tellement la silhouette fière et solide de Thornwell inspire le respect, l'homme me contemple à nouveau et j'attend le verdict de son examen minutieux. je ne sais pas trop quelle allure j'ai après mon épopée.

- Hummm, je pense que si vous avez survécu à ces quelques jours sans vous perdre vous auriez trouvé mon antre sans trop de difficultés. Mais mon petit savait que je vous attendais... et je me doutais qu'il vous guetterait. Vous avez tardé, jeune homme.

– Si vous le dites, M. Thornwell. Parlez-en à mes chiens, ils vous diront si on a trainé dans le coin ou pris la route la plus directe..

Ma réponse était sortie plus sèche que prévu; j'étais en peu piqué au vif par sa remarque. il éclata de rire et me tapa l'épaule.

– Vous me plaisez jeune homme. je vais m'accorder une pause, je suis presque prêt de toute façon. Je vous escorte jusqu'à la maison, vous pourrez vous y mettre à l'aise avant la soirée qui sera très longue pour nous tous. Et appelez moi Hans.

– Hans... d'accord. Moi aussi je préfère qu'on m'appelle Hugh à "jeune homme". Je vous remercie de m'accueillir en cette journée un peu particulière,dis-je en souriant enfin détendu.

– Aucun problème, cela fait partie de mon rôle de toute façon et c'est un plaisir de faire cela pour Amy. Maïkan ? Tu restes ici, j'aurais besoin de toi ensuite et notre invité, lui, a besoin de repos. Tu le verras ce soir.

Il a prévenu tout tentative de "rébellion",de la part du gamin dont je découvre la tignasse brune et lisse qui affiche une sorte de désespoir comique à me voir sortir sans lui.

Sur ces mots, Hans me prend par le bras et me guide vers la maison voisine.


24 décembre - 19h30 - Quaanaaq.

Amy,

Je ne sais pas où tu m'as envoyé. Je ne sais pas pourquoi j'y suis allé. Mais j'y suis bien. Ton Hans Thornwell se souvenait parfaitement de toi même si tu lui as rendu visite il y a presque treize ans. C'est un curieux personnage. je n'ai pas eu encore l'occasion de lui poser de questions car il m'a guidé vers une chambre chaude, cosy et propre en m'ordonnant de me reposer. Lorsqu'il a refermé la porte derrière lui. J'ai posé mes bagages sur le sol et ma tête sur l'oreiller. Et j'ai rêvé de toi. Encore. Donc en me réveillant, je t'écris.

Qui est-il ? J'ai eu l'impression curieuse d'être entré tout à l'heure dans l'atelier du père Noël. Tu te souviens de Boréal Express ? Tu m'as forcé à le regarder une dizaine de fois. Et bien c'est ça, l'impression. A part que je ne suis pas venu en train et que je suis loin d'avoir 10 ans. Il y avait des jouets et des cadeaux partout. Mais le bonhomme n'est ni gros ni vraiment vieux, ni même barbu. Qu'est ce que je raconte ? Le père Noël n'existe pas. Ça doit être le froid et la solitude qui me rendent sensible au feeling bizarre qui traîne dans le coin.

Bref. Saurais-je un jour pourquoi tu m'as laissé ce petit mot à ouvrir le jour de mes 30 ans ? Cette courte lettre me demandant de venir ici.

J'ai plein de questions qui tournent encore et encore dans ma tête.

Ça fait plus de douze ans maintenant !

Tu as eu ton accident.

Tu es restée dans le coma pendant quatre mois.

Tu es morte.

Je t'ai enterré dans le petit cimetière du village en présence de tes parents et de nos amis.

Et j'ai tourné la page de notre amour d'adolescence.

C'est tout. Enfin je pense.

Je vis. Normalement. Je bosse . Je gagne de l'argent. Suffisamment. Je sors avec des copains. Non tu ne les connais pas.

J'ai quitté Stirling pour vivre à Glasgow avec mon bac en poche. Tu étais morte partie depuis trois mois. Je me suis fait d'autres amis. Et amies.

Je suis bien même sans toi. Je ne dis pas que je ne pense pas à toi. Mais avec le temps, je souf... ta disparition ne me rend plus malade de douleur. L'injustice que ce soit TOI, si heureuse, si vivante, qui croise ce chauffard ivre la nuit de Noël, alors que tu venais me rejoindre, ne me fait plus hurler de douleur en moi-même.

Je fête même à nouveau ce moment avec mes proches... depuis quelques années.

Le petit mot dans cette petite enveloppe mauve que ta mère m'a remis en septembre pour mes 30 ans m'a miné. La pauvre, elle a hésité à le faire. Tu lui as confié, sans le savoir, une tâche bien difficile en laissant traîner cette enveloppe sur laquelle tu avais inscrit "pour Hugh, pour tes trente ans" dans ta commode. Cela dit, je ne lui en veux plus de me l'avoir donné mais je crains d'avoir été un peu dur avec elle ce jour-là. Je me suis excusé depuis. Puis j'ai ouvert ta lettre. Je la connais par coeur et je vois tes lettres, tes mots se dessiner dans mon crane d'idiot de ton écriture d'adolescente romantique.

"Hugh, mon amour, tu as aujourd'hui 30 ans. Je vais faire à ta place un vœu. Je vais même te le confier et malgré cela il va se réaliser car tu sais que je ne crois pas aux superstitions. Tu vas passer ce Noël à Thulé. Chez monsieur Thornwell. Tu verras c'est un type incroyable. Et une surprise t' attend.

Amy, à toi pour toujours."

Cinq lignes

Cinq lignes et j'ai pleuré.

Je pense que tu l'as écris le jour de mes 17 ans. Lorsque nous avons passés des heures à imaginer ce que nous serions à 30 ans. Nous étions tellement certains d'être toujours le petit couple idéal, fou d'amour et plein d'ambitions. Et tu venais de revenir de ton périple groenlandais pleine d'enthousiasme.

J'aimerais tourner la page, j'aimerais comprendre aussi pourquoi, après tout ce temps, suis-je encore bloqué dans notre amour d'adolescent ?

Saurais-je un jour pourquoi Mia et Lise, les deux femmes qui ont vécu avec moi quelques mois, m'ont dit en partant que je devais te laisser partir ? Elles ne te connaissaient même pas.

Bon sang je ne parle plus de toi. Jamais. Même à nos connaissances communes.

Amy, je dois te laisser. Une odeur de chocolat chaud me parvient et tu sais que cette boisson, même si elle n'est pas très masculine, (et Dieu sait combien de fois tu t'es moqué de moi), est irrésistible pour moi. A bientôt, mon Amy.

Je repose mon stylo sur le petit carnet à spirale et prend ma tête entre mes mains. Curieusement depuis que je me suis réveillé, dans cette petite chambre au lit douillet, je me sens bien. exactement comme je l'ai dit à Amy.

Soudain, j'ai envie de bouger, de sortir, de retrouver Hans Thornwell et le petit Maïkan . Je me lève rapidement et gagne la salle de bain attenante à la chambre. Après une brève inspection dans le miroir, je constate que je dois me raser afin de retrouver figure humaine . Ceci fait, je retire de mon sac un jean noir et un gros pull de laine gris. En sortant de la chambre, je regagne le salon traversé rapidement il y a quelques heures avec mon hôte. Dans la cheminée, un insert moderne apporte à la fois chaleur et lumière à cette pièce centrale, qui comme toute la maison me parait petite. Pas de sapin de Noël mais la pièce est joliment décorée dans les tons vert et rouge ne laissant aucun doute sur la période du calendrier. L'odeur de chocolat chaud est de plus en plus irrésistible se mêlant à celle de gâteaux à la cannelle tout juste sortis du four. La cuisine de ma grand-mère durant les longs hivers écossais se rappelle à moi un bref instant . Alors que je cherche du regard Hans ou Maikan, une jeune femme sort de ce qui doit être la cuisine. Surprise par ma présence, la jolie brune pose sa main sur sa poitrine, attirant mon regard vers celle-ci, et s'immobilise à quelques mètres de moi.

– Désolé, je ne voulais pas vous faire peur. C'est Monsieur Thornwell m'a fait entrer ici.

Je tends une main amicale vers elle en m'avançant doucement.

Elle sourit, fait un pas de plus vers moi et me serre une seconde contre elle. Parfum de cannelle et de fleurs enivrant. L'étreinte inattendue est brève mais suffit pour me perturber. Les douces courbes féminines frôlent contre mon corps et la caresse des boucles brunes contre mon cou quelques secondes est déroutante.

Elle s'éloigne souriant toujours

– Je sais. Mon père m'a prévenu, et m'a demandé de vous laisser vous reposer un peu. C'est moi qui suis désolée de vous avoir réveillé.

Je me gratte la tête un instant, cherchant à comprendre. Cette jeune femme ? La fille de Hans ? Une tante ... ou la mère de Maïkan ?

Elle attend un semblant de réponse de ma part, la tête légèrement inclinée sur le côté. Ses traits fins sont séduisants et son teint naturel me change agréablement des citadines qui rodent dans mon club de sport. Ses longues boucles brunes liées par un élastique se sont un peu évadées et une tache de ...cannelle macule sa joue de façon adorable. Mais ce sont ses yeux gris, si semblables à ceux de son père qui me scrutent patiemment qui déclenchent un truc bizarre dans mon ventre.

Je dois avoir faim.

– Je.. C'est le parfum du chocolat chaud qui m'a réveillé en fait et il n'y a presque rien de mieux pour moi que cette odeur pour me faire ouvrir les yeux.

– Alors c'est parfait. J'ai prévu un petit encas pour vous. Vous devez avoir faim après ce périple. Il y a peu de continentaux qui arrivent à traverser notre pays en traîneau seuls, vous savez.

- Je rêve ? On ne se connait pas, on ne s'y même pas présenté et vous m'insultez déjà ? Je suis écossais ! Pas un vulgaire habitant du continent. Et je m'appelle Hugh. Hugh Mac Leod.

Mon ton outrageusement scandalisé déclenche un rire frais et sincère chez mon hôtesse déclenche et mon estomac se contracte bizarrement une nouvelle fois.

– Loin de moi cette idée, Hugh. Je suis Grace, Fille de Hans et Mère de Maïkan...voici mes titres de noblesse.

Elle saisit ma main pour me saluer de façon plus protocolaire que la première fois et je suis tenté une seconde de poser un baise-main taquin sur les doigts fins de cette princesse qui continue de bavarder gaiement.

– J'admire les écossais depuis Robert 1er, sauf peut-être, Bonnie Prince Charlie mais est-ce vraiment un écossais ? Pour débattre de ceci, venez vous asseoir dans la cuisine. Elle n'est pas grande mais je devrais pouvoir y caser votre grande carcasse devant un mug de chocolat et quelques brownies à la cannelle, pour que l'on discute pendant que je termine la préparation du repas.

Je la laisse me tirer par la main (nouvelle sensation bizarre) et m'installe confortablement dans une jolie petite (encore) cuisine. Deux marmites bouillonnent sur la gazière. Tandis que Grace se baisse un peu pour examiner la cuisson de je ne sais quoi dans le four, je me dis qu'il faudrait que j'arrête de l'admirer. Sa silhouette fine est moulée dans un jean clair et une longue tunique mauve et fleurie. Un look simple et un peu vintage qui lui convient parfaitement. Pour ne pas rester muet, tandis que la tasse de chocolat parfumé est placée devant moi, je me lance :

- Vous vivez avec votre père ? Ou vous êtes venue pour passer les fêtes en famille ?

La curiosité me dévore de la connaître plus.

Sans arrêter de s'affairer avec efficacité et ordre, elle répond à ma question indiscrète.

- Maïkan et moi vivons ici. J'ai choisi de revenir après avoir passé mon diplôme de l'Université de Toronto. Maïkan est né ici, comme moi, et nous sommes groenlandais... enfin danois officiellement mais...bref, la ville, le confort, même si c'est agréable pour élever un jeune enfant, je trouve que cela ne correspond pas à mes valeurs. A ce que je veux transmettre à mon petit loup. Maïkan signifie "loup" en kalaallisut. Alors depuis deux ans nous sommes revenus tenir compagnie à mon père.

Etonné de ce qu'elle me confie et de plus en plus curieux, je m'étonne

– Et ce confort, internet, l'électricité , les cafés , les cinémas ca ne vous manquent pas ? La proximité d'un hôpital non plus ?

– Nous avons une antenne relais pour les communications et internet, en cas de besoin dans la maison commune du village.  Bon c'est un internet qui à la vitesse d'une limace mais c'est mieux que rien.L'électricité fonctionne la plupart du temps, mon père y veille c'est devenu vital. La convivialité prend d'autres formes ici, vous verrez si vous restez quelque temps. Quant au manque d'accès à la culture... c'est plus dur mais l'école est de qualité pour Maïkan et nous enrichissons la bibliothèque commune.

Elle marque un arrêt et soupire avec un petit sourire triste,

– L'hôpital...c'est ma hantise. En cas d'urgence, il faut compter un minimum de 3 heures pour y arriver, si on appelle l'hélicoptère. Mais dans la vie il y a toujours des choses...désagréables. Comme celles qui vous ont mené ici par exemple ?

– Adroite façon de m'amener à me confier à mon tour ?

Elle ajoute quelques légumes dans une des marmites en haussant les épaules.

– D'accord. Par ou commencer ?

– Par Amy ? C'est elle non qui vous a guidé ici ?

Est-ce un ange ou une sorcière ? je dois la regarder bizarrement car elle arrête de s'agiter et se place devant moi, saisissant mes mains sur la table.

– Désolée, je ne voulais pas vous choquer ou vous blesser : je sais juste ce que mon père m'a dit suite à votre appel il y a quelques semaines. " Un jeune homme va passer Noël avec nous, c'est un ami de la petite jeune fille venue dans le cadre du concours "Rêver le Groenland" il y a longtemps... Amy ". Je me souviens d'Amy. J'avais onze ans quand elle a passé un mois d'été avec nous. Elle avait été si gentille avec moi. Elle me considérait comme une grande alors que tous mes cousins, plus âgés, comme Amy m'ignoraient et m'appelaient "la mioche". C'est une fille bien et ce n'est pas un hasard si vous venez ici.

Je lui dois la vérité.

– Amy est morte. Il y a ... longtemps. Et oui je suis là pour elle. Ou plutôt grâce à elle. Disons que le confort de ma vie est... routinier et qu'Amy avait le don pour comprendre avant moi quand je n'allais pas bien. Pour résumer, elle a fait le vœu, un jour, que je vienne ici pour mes trente ans. Puis elle est morte mais je respecte son vœu et je pense que je fais bien.

En parlant à Grace, je dévoile des choses dont je viens à peine de prendre conscience. Le silence s'installe entre nous mais il n'est pas gênant. C'est plus une sorte de complicité tranquille. Je tiens toujours sa main entre les miennes et la porte à mes lèvres. Doucement, pour la remercier d'être là.

La porte d'entrée claque et nos mains se séparent à regret. Hans et Maïkan sont de retour.

– Maman ? Est-ce que Hugh est réveillé ? demande Maïkan du salon, d'un ton excité.

– S'il ne l'était pas avant avec ton cri il l'est maintenant, petit diable, ronchonne Hans d'une voix taquine .

– Il est dans la cuisine, Maïkan. Lave-toi les mains nous allons passer à table et tu auras toute la soirée pour questionner notre invité.

Je souris. Je sens que la soirée de Noël va être la meilleure depuis ... longtemps.


 ✨25  décembre - 4 heures - Quaanaaq

Amy,

Je viens de me réveiller un peu courbaturé. J'étais assis sur le canapé, Grâce dormait elle aussi inconfortablement assise à côté de moi. Quelqu'un, Hans je pense, nous a recouvert d'un plaid qui avait glissé sur nos genoux.

Je viens d'installer plus confortablement Grâce avant de prendre ton petit carnet à spirale.

Hier soir, après le repas, Hans est sorti avec son traineau. Maïkan l'a accompagné pour une tournée un peu spéciale. C'est une histoire de dingue. Je ne sais pas si tu étais au courant. Grace m'a expliqué que tous les ans, du 6 décembre, la saint Nicolas, au 5 janvier , les rois mages, il sort de temps en temps la nuit pour livrer aux habitants de Qaanaaq , les cadeaux qu'il a fabriqués, commandés par d'autres habitants. Le plus amusant c'est que personne ne se souvient quand et pourquoi tout cela a commencé. Hans en tout cas ne veut pas le dire et Grace l'a toujours vu faire cela. Elle l'aidait quand elle était petite à faire sa tournée magique. Maintenant c'est le tour de Maikan. Sur le pas de la porte , j'ai regardé l'enfant monter fièrement dans le traîneau chargé et guider les chiens vers une maison un peu plus loin. Le cadeau, c'est lui qui l'a déposé dans le coffre prévu à cet effet devant la porte de la maison sous les lueurs bienveillantes de l'aurore boréale qui resplendissait en cette nuit particulière. Tu aurais adoré être là avec eux pour offrir aux habitants de ce village du bout du monde un peu de bonheur. D'ailleurs la petite boite sculptée de symboles runiques que Hans a sorti de son bureau pour moi, je sais que je te la dois. Elle est magnifique. Merci Amy. Mais je pense que ce n'est pas le seul cadeau que tu m'offres pour mes trente ans.

Je vais cesser de remplir ce petit carnet à spirale. De toute façon, il est plein de ces pensées que je partage avec toi depuis tant d'années. Je le laisserai demain, enfin tout à l'heure sur la table à côté de Grace, elle le lira.

Nous avons parlé de toi. Longtemps. Tu lui as laissé un sacré souvenir, tu sais. Elle dit que c'est grâce à toi qu'elle n'a pas craqué quand elle est tombée enceinte et que le père (il ne mérite pas ce mot) est parti en l'ignorant totalement. Elle est persuadée que ton modèle de gaieté et de force lui a permis de garder le petit être en elle qui est devenu cet adorable garçon, Maikan. Puis je lui ai expliqué la place que tu as tenu pour moi. Celle que tu tiendras toujours : mon premier amour, un très beau et très fort premier amour. Mais pas le dernier car je suis prêt, enfin, à prendre ce que le destin voudra bien m'offrir.

Je t'aime mon Amy, tu es mon ange. 


FIN 

Avec un peu d'avance, je vous souhaite un joyeux Nöel.

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