𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟏 ~ 𝑵𝒐𝒚𝒆́𝒆 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒆 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒆́
Emilia était une jolie brune aux longs cheveux ondulés. Ses doux traits de visage lui donnaient un air angélique, et ses grands yeux ainsi que son petit nez retroussé rappelaient une mine enfantine.
De plus, ses iris étaient d'un azur si profond que l'on s'y perdait comme dans un océan. Assez petite et de corpulence légèrement affinée, c'était une adolescente assez mignonne.
Autrefois, elle avait dégagé une image assez fébrile d'elle-même, ce qui par le passé avait laissé à plus d'un l'occasion de la manipuler... Mais au fil du temps, cette image s'était transformée pour laisser place à celle d'une adolescente maussade et renfermée.
Elle avait réussi à faire connaissance avec quelques personnes avec qui elle passait la plupart de son temps au lycée, mais mis à part ça, elle enchaînait les relations toxiques, que ce soit en amour ou en amitié.
Tout ça ne faisait qu'amplifier son sentiment persistant de solitude, puisque chez elle, personne ne se souciait d'elle.
Ses parents travaillaient beaucoup, son premier frère passait la plupart de son temps dans son logement étudiant, et son deuxième frère était trop occupé à enchaîner soirées sur soirées ainsi qu'à se bagarrer avec qui conque osait l'embêter, ce qui d'ailleurs lui avait coûté son année de terminale.
Par conséquent, la jeune fille n'avait personne à qui se confier, personne pour l'aider, personne à qui se raccrocher. Et puis, la honte l'obligeait à porter un masque à longueur de journées, ce qui avait fait que personne n'avait de soupçons sur sa réelle tristesse...
Aujourd'hui, l'adolescente était en vacances dans l'ancienne maison de ses grands-parents. Elle se situait dans un petit coin tranquille entouré de forêt, et elle ainsi que quelques autres demeures entouraient un joli lac qui chaque jour reflétait les rayons du soleil.
C'était un endroit paisible, et surtout, c'était le petit coin de paradis de ses ancêtres qui avaient fini par rejoindre le vrai...
Mais alors que plusieurs personnes la harcelaient à longueur de journées pour des histoires de garçons et de jalousie, elle avait en ce jour décidé qu'elle voulait mettre fin à ses souffrances et se reposer aux côtés de ses grands-parents.
Par conséquent, elle avait enfilé sa jolie petite robe blanche en lin, s'était avancée sur le ponton du lac, avait tourné le dos à l'eau, avait écarté les bras en position de la croix, puis s'était laissée tomber. Et dès à présent, Emilia était en train de se laisser entraîner au fond de l'eau.
Tous ses problèmes disparaissaient, et pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit plus légère. Plus les secondes passaient, et moins elle avait de souffle.
Par ailleurs, l'eau qui entourait la jeune fille lui donnait la sensation d'être sur un petit nuage. Ses cheveux se dispersaient tout autour de sa tête, et tous les muscles de son corps s'étaient relâchés.
À présent, le manque d'oxygène ralentissait son cerveau, et bientôt son corps se mit à toussoter. Mais alors que sa vision se faisait de plus en plus claire et qu'elle se sentait proche de la fin, Emilia sentit des bras l'entourer et la tirer vers le haut.
C'est alors que pendant son ascension, les poumons de la jeune fille se remplirent d'eau, ce qui la fit perdre connaissance...
*
— Hé, hé... Tu m'entends ? fit une voix inconnue.
Mais alors qu'elle venait à peine d'entrouvrir ses yeux, Emilia se mit immédiatement à régurgiter toute l'eau qu'elle avait avalé. Pour ce fait, le jeune inconnu tout trempé accroupi près d'elle l'avait aidé à se mettre sur le côté.
— Tout va bien, respire, lui dit-il tout en lui caressant le dos.
Soudain, un énorme mal de tête frappa la jeune fille.
— Mais... T'es qui toi ? balbutia-t-elle tout en plaquant une main sur son front et en s'appuyant contre le sol à l'aide de l'autre.
— Je m'appelle Luka. En fait j'étais en train de me balader, puis je t'ai vu te laisser tomber dans l'eau... et j'ai tout de suite compris... Du coup, je t'ai remonté puis je t'ai fait un massage cardiaque.
Voyant que l'adolescente gardait le silence, le jeune homme reprit :
— T-tu.. Tu as donc quelqu'un que je pourrais appeler pour toi ?
— Mes frères... bredouilla la jeune fille tout en pointant sa maison du doigt.
Ce fut les derniers mots qu'elle prononça avant d'à nouveau sombrer dans l'inconscience...
*
Quelques heures plus tard, Emilia se réveilla sur un lit dans sa chambre.
— T'as de la chance que maman et papa n'étaient pas là... fit doucement Aymerick, son frère aîné.
— Je comprends pas ce qui se passe, articula l'adolescente avec une petite voix cassée.
— T'as essayé de te tuer, Emilia, répondit sèchement son deuxième grand-frère.
Eliott était était appuyé contre l'encadrement de la porte et se tenait les bras croisés. Son regard était ferme, et il avait l'air furibond.
Alors, la jeune fille mit quelques secondes à reprendre ses esprits et à se remémorer ce qu'il s'était passé. Lorsque les images de sa noyade lui revinrent en tête, cette dernière demanda :
— L'inco... Luka, il vous a tout dit ?
Au lieu de répondre, Aymerick qui se trouvait sur une chaise au pied du lit de sa sœur se rapprocha d'elle, puis mit une main sur la sienne tout en prenant un air grave.
— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu ne nous a rien dit ?
— Et surtout, pourquoi tu nous as fait ça ? ajouta Eliott avec amertume.
Soudainement, Emilia retira sa main puis se mit à rougir.
— Je...
Dans un premier temps, elle voulut le nier, mais ensuite, son regard se perdit dans le vide. Elle repensa à toutes les horreurs que lui avaient dit certaines personnes de son lycée, et à toutes les rumeurs qui avaient été répandues sur elle.
Et surtout, elle repensait à ce garçon qui s'était amusé à la faire tourner en bourrique jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Alors, son visage se crispa, ses lèvres se mirent à trembler, et ses yeux se mouillèrent.
— Emilia ?
— Désolé, je... C'est juste que je sais pas quoi vous dire, dit-elle d'une voix tremblante avant d'éclater en sanglots.
Ses deux frères échangèrent un regard avant que le plus aîné ne vienne étreindre sa sœur.
— C'est pour un connard, c'est ça !? s'exclama Eliott.
— Un peu, gémit la jeune fille par dessus l'épaule de son premier frère.
Des larmes coulaient le long de ses joues, et celles-ci venaient mouiller le t-shirt d'Aymerick. Emilia n'en pouvait plus, elle en avait marre de mener cette vie. Elle était tout simplement lassée.
— Je vais aller lui péter la gueule ! fulmina son deuxième frère tout en écrasant violemment son poing contre l'encadrement de la porte.
— Non, non ! S'il te plaît... le supplia l'adolescente à travers ses sanglots.
Soudainement, Aymerick lâcha sa sœur afin de lui faire face.
— On va quand-même pas te laisser comme ça Emilia ! Tu dois nous dire ce qu'il se passe, affirma-t-il toujours avec son même air grave.
Les garçons ne voulaient pas l'admettre, mais cela leur brisait le cœur de découvrir leur petite sœur ainsi. De son côté, Emilia, n'avait qu'une envie : disparaître. Pourtant, elle avait essayé de parler de tout ça, mais personne ne l'avait jamais écouté...
Et il avait fallut qu'elle échappe à la mort pour qu'enfin on lui accorde de l'attention. Sauf qu'à présent, l'adolescente ne voulait plus essayer de s'en sortir.
— Emilia... ? fit Aymerick à nouveau tout en reposant sa main sur la sienne.
La jeune fille prit une grande inspiration, prit son courage à deux mains, puis se lança :
— I-ils m'ont harcelé, commença-t-elle avec une voix tremblante. D'abord, Alyson m'a abandonnée parce que je traînais avec ce type et ses amis... Et c'est à partir de là que j'ai compris qu'il avait commencé à répandre des rumeurs sur moi. Alors, pleins de gens ont commencé à mal me regarder et à me supprimer des réseaux... I-il y en a même quelques uns qui ont commenté sous mes photos, expliqua-t-elle à travers ses sanglots.
Les garçons échangèrent à nouveau un regard.
— C'est qui !? s'exclama Eliott, fou de rage. Je vais aller lui parler moi !
— Non, fais pas ça ! I-Il fait des trucs de bande, et... si jamais quelqu'un s'en prend à lui, alors tout son groupe se ramènera.
Aymerick et Eliott comprirent tout de suite ce dont il s'agissait.
— Me dis pas que t'es sortie avec un dealer ? fit Aymerick.
— Je savais pas au début... se défendit Emilia.
Les deux frères étaient abasourdis. Ils n'arrivaient pas à croire que leur toute mignonne petite sœur soit sortie avec un camé. Ce n'était pas son genre, et puis, elle n'était pas non plus du genre à faire des conneries.
Mais l'idée qu'elle soit avec un type comme ça à traîner avec des moins que rien mit Eliott hors de lui. Il s'en voulait de ne pas lui avoir prêté d'attention au lycée, et s'en voulait d'uniquement s'être concentré sur ses soirées et ses bêtises à lui.
Le jeune homme ne voulait pas que sa sœur devienne comme lui, ni qu'on lui marche dessus, alors il s'énerva :
— Putain mais j'en ai rien à foutre moi ! C'est pas un trou de balle et ses gars boutonneux qui vont me faire peur !
— Il a raison Emilia, on va aller lui parler à ce mec ! ajouta Aymerick.
— Mais c'est pas lui le pire... C'est les gens, gémit la jeune fille.
— Emilia...
— On va tous leur péter la gueule alors, d'accord ? lâcha Eliott avec un ton ferme et abrupt.
Un silence s'installa alors dans la pièce. En attente d'une réaction, les grands-frères d'Emilia la fixèrent, mais le seul son qui sortait de sa bouche était les hoquets de ses pleurs, et à nouveau, elle s'était perdue dans ses pensées.
Aymerick soupira, il ne savait pas comment réagir face à cette situation. Jamais il n'avait vu sa sœur dans cet état, et jamais il pensait que ça arriverait. Ces derniers temps, elle paraissait juste blasée et maussade, mais comme tous les adolescents de son âge...
Finalement, après quelques secondes de réflexion, le jeune homme dit d'une voix calme :
— Bon, tu devrais te reposer. Mais je reste quand-même là pour te surveiller... j'ai pas envie que tu refasses une connerie.
— Ouais et moi je vais courir, enchaîna Eliott. S'il y a le moindre problème, vous m'appelez. Et quand je reviens Emilia, t'as intérêt à me donner les noms de tous ceux qui t'ont emmerdé ! Compris ?
— Oui... répondit vaguement la jeune fille.
Sur ce, l'adolescent disparu dans le couloir. Pendant ce temps, Aymerick revint sur sa chaise, s'éloigna un peu, et s'enfonça dedans avant de sortir son téléphone afin de pianoter quelques messages dessus.
De ce fait, Emilia se laissa tomber sur son lit garda les yeux ouverts jusqu'à ce que la fatigue l'emporte sur ses pensées obscures...
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