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𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟏𝟒 ~ 𝑹𝒐𝒄𝒌 𝒂𝒏𝒅 𝒌𝒊𝒔𝒔

     Allongés tous les deux sur un clic-clac sous une bruyante musique de rock, Emilia et son nouvel ami se faisaient tourner une bouteille de Jack Daniel's. La musique qui résonnait dans tout l'appartement n'était autre que le fameux titre Live Wire, non pas de AC/DC comme l'avait si bien précisé Nicolas, le rockeur, mais de Mötley Crüe qui était son groupe préféré. La fumée de la Lucky Strike que les jeunes se passaient tour à tour après chaque bouffée avait totalement enveloppé la pièce où ils se trouvaient. Face à eux, la vieille télé posé sur son meuble de bois diffusait les épisodes d'une ancienne série télévisée. L'endroit était assez petit, et il fallait emprunter plusieurs portes pour se rendre dans une autre pièce telle que la cuisine, la salle de bain ou encore l'unique chambre de l'appartement. Emilia était heureuse, elle était juste là, à profiter de l'instant présent et à ne plus se soucier de tout le reste... et l'herbe que cette dernière avait consommé quelques minutes plus tôt avec son nouvel ami n'y était pas pour rien.

— Alors, comment tu t'es retrouvée ici ? lui demanda Nicolas. Parce-qu'à moins que je me trompe, je t'ai jamais vu ici avant... surtout que l'appartement en face de chez moi était vide depuis quelques temps.

— C'est une longue histoire, répondit la jeune fille après avoir craché la fumée de sa cigarette. Et toi ?

     L'adolescent fixait le plafond avec un regard vide.

— Ma mère, dit-il tout en prenant la clope que son amie lui tendait. Elle est tombée enceinte super tôt, et comme mon père ne voulait assumer... elle a dû se débrouiller toute seule. Et comme elle ne pouvait pas rester indéfiniment chez ses parents, elle a pris  son envol un peu trop tôt et c'est comme ça qu'on a atterri ici.

— Dur... fit la petite brunette. Tu sais, ma mère aussi a eu mon frère assez tôt. Elle n'avait que dix-neuf ans... et manque de bol, elle était déjà enceinte de mon autre frère l'année d'après. Elle a donc repris ses études pendant deux ans et m'a eu au bout de la deuxième année. Le pire dans tout ça, c'est qu'on était tous les trois des accidents. Ils nous l'ont jamais dit, mais on a compris.

— La vache, ils ont fait fort quand même, s'étonna le jeune homme.

— Oh oui ! s'exclama Emilia.

     Ainsi, la jeune fille poursuivit sa discussion avec la nouvelle connaissance qu'elle venait de se faire. Elle était là, dans l'appartement d'une personne qu'elle avait rencontré à peine quelques minutes plus tôt en train de parler de tout et de rien avec lui, et elle aimait ça. Plus d'anxiété sociale, plus de problèmes de relations, juste deux âmes passant du bon temps ensemble. Que demander de plus ? Mais alors que les adolescents étaient en train de rire de la vie, ils calmèrent subitement avant de tourner tous deux l'un vers l'autre. La petite brunette plongea alors son regard dans le perçant vert émeraude des iris de son compagnon.

— Dis, t'as jamais eu l'impression que ta vie ressemblait à une boucle infernale dans laquelle t'étais pris au piège ? lui lança-t-elle.

— C'est le résumé de ma vie que tu viens de faire là, répondit Nicolas avec une pointe de sarcasme.

     Le jeune homme passa un doigt le long du petit nez d'Emilia. Tous les deux sous les petits effets de la drogue qu'ils avaient fumé et légèrement pompette, les adolescents n'étaient pas très conscients de ce qu'ils étaient en train de faire. La jeune fille, elle, bouillonnait de désir envers le garçon. Ce n'était pas de l'amour, non, seulement de l'attirance. Et elle aimait ça. Aucun attachement, juste du désir envers un total inconnu. C'était comme ça qu'elle se sentait bien, en arrêtant tout ce qui était compliqué et en profitant du moment présent. Mais alors que l'adolescente laissait les doigts du jeune hommes parcourir l'entièreté de son corps, Emilia admirait le corps de ce dernier en remontant de ses petits pieds jusqu'à ses magnifiques yeux clairs. Ainsi, dans un élan, la jeune fille se précipita sur son compagnon avant de coller sa langue au fond de sa bouche. Nicolas lui rendit son baisé et enveloppa de ses bras l'adolescente qui se trouvait à califourchon sur lui. Pris de passion l'un envers l'autre, les jeunes laissait la chaleur monter. Dans le cou, sur les oreilles, partout sur le visage... ils se déposaient des baisers sur tout le corps. Et plus la tension montait, plus ils passaient à un niveau supérieur. Les deux mains sur le fessier de son amie, le jeune homme laissait son corps tout chaud se frotter contre lui. Mais alors qu'ils étaient en train de se déshabiller, les jeunes furent brusquement interrompu par la sonnerie hystérique du réveil qui était posé près du petit meuble en bois posé près du canapé.

— Et merde, lâcha le rockeur avec hargne.

     Toute essoufflée et tenant son soutient gorge ainsi que le haut de son combishort qui descendaient, Emilia demande à son ami :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je joue dans un concert qui commence dans à peine quelques minutes, dit le jeune homme tout en se rhabillant rapidement.

— T'es musicien ?

— Je suis batteur.

     Assez confuse et déçue par cette interruption, la jeune fille commença à se rhabiller. Le rockeur insista alors pour que celle-ci assiste à son concert. Oubliant Luka et ses frères, cette dernière accepta. Alors, prise d'une folle excitation, Emilia attrapa la main du batteur qui se saisit ses baguettes et de son sac à dos avant de sortir de l'appartement. Dehors, la petite brunette suivit son ami sans même avoir peur de croiser ses frères qui pouvaient à tout moment revenir de leur recherche. Sa tête tournait et les sons autour d'elle paraissaient flou. L'adolescente était clairement hébétée. 

     Une fois arrivés dans la minuscule salle bondée de monde, Nicolas abandonna son amie pour partir en coulisses. Le groupe qui était actuellement en train de jouer était en pleine représentation lorsque la jeune fille se laissa entraîner par la foule. L'entraînant morceau de rock composé par les jeunes musiciens qui étaient sur scène faisait vibrer le corps de la jolie brunette. Ne se souciant même pas d'être collée à plein de personnes différentes, cette dernière se laissait emporter au milieu de la petite pièce toute noire. La chaleur y était étouffante et le son était assourdissant, mais elle n'en avait rien à faire. Emilia s'amusait. Mais alors que le groupe venait de terminer son morceau, ce fut au tour de Nicolas et ses collègues de faire son entrée sur scène. Ce dernier était accompagnée de trois autres jeunes hommes. L'un au micro, l'autre à la guitare électrique et le dernier à la basse, les musiciens se présentèrent comme les « Voyageurs » et annoncèrent leur musique comme une histoire qui racontait la vie d'une fille perdue qui enchaînait les relations désastreuses. Le son reprenait fortement les bases d'une des musiques de Téléphone, et démarrait plutôt crescendo. Mais plus le rythme montait, plus Emilia se reconnaissait à travers les paroles. Cette dernière se balança alors de droite à gauche jusqu'à voir son ami le batteur partir soudainement dans un rythme dynamique. Les gens se mirent alors à sautiller, et la jeune fille fit de même. Le son vibrait à l'intérieur de son corps, et une sensation de satisfaction envahit l'entièreté de ses membres. L'adolescente laissait la musique l'emporter, et savourait chaque parole comme si elles parlaient de sa vie. Ainsi, le groupe de Nicolas joua encore deux morceaux avant de laisser place à d'autres musiciens. Avant de quitter la scène, le jeune homme repéra Emilia avant de l'inviter d'un geste à se rapprocher des coulisses. Par conséquent, la jeune fille se fraya un chemin à travers la foule avant d'atterrir devant une petite porte verrouillée. Lorsque celle-ci se déverrouilla, Nicolas attrapa la main de son amie avant de l'emmener à l'intérieur.

     Quelques minutes plus tard, Emilia était dans une loge en train de discuter avec les amis du batteur. Intéressée par ce qu'ils faisaient, cette dernière leur posait tout un tas de questions. Elle avait donc appris que n'ayant pas assez de notoriété pour être payés, tous les concerts que le groupe faisait étaient des concerts bénévoles. Son ami, lui, s'était octroyé la liberté de passer un bras autour de sa taille et la serrer contre lui pendant qu'elle poursuivait sa discussion avec les musiciens. Ainsi après quelques minutes, le chanteur du groupe proposa à tout le monde de se faire tourner un bon pétard. N'ayant pas conscience de tout ce qu'il était en train de se passer, la jeune fille accepta de fumer avec eux. Cette dernière but également quelques gorgées de vodka que le guitariste à la basse avait ramené. Ainsi, elle tira encore de nombreuses fois sur l'énorme roulé avant de suivre son ami jusqu'à l'extérieur.

— T'es incroyable comme fille, lança le jeune homme à son amie.

     Ne marchant pas très droit, Emilia se rattrapa sur le batteur avant de langoureusement l'embrasser. L'adolescent la plaqua alors contre contre le mur avant de commencer à la tripoter. Ne sachant pas si elle était pour ou contre, la jeune fille se laissa faire. Les jeunes échangèrent plusieurs baisés au milieu de cette fraîche nuit d'été et sous les sons étouffés du concert qui continuait à l'intérieur de la salle. Leurs souffles se mélangeaient, et une chaleur bouillonnante envahit leurs corps. Mais alors que ces derniers continuaient de monter en excitation, soudain l'adolescente entendit une voix enragée crier au loin et les jeunes tournèrent la tête en sa direction.

— EMILIA ! hurla Eliott.

— C'est pas vrai, fit cette dernière avec affolement.

— Putain, c'est qui lui !? paniqua Nicolas.

— C'est mon frère, lâcha la jeune fille avant d'attraper la main de son ami et de commencer à trottiner dans la direction opposée.

     Étant bien plus rapide qu'eux, le frère d'Emilia les rattrapa en à peine quelques secondes et les sépara violemment. Fou de rage, ce dernier poussa le batteur avant de lui mettre un violent coup de poing et de s'approcher dangereusement de lui. Pris de peur, le jeune homme dont le nez s'était mis à saigner recula.

— Toi, tu retouches à ma sœur, t'es mort ! s'exclama Eliott avant de retourner vers sa sœur. Et toi, tu viens avec moi !

     Ce dernier attrapa sa sœur par le col de son combishort avant de la traîner en direction de l'immeuble où ils étaient logés. Mais alors que la jeune fille peinait à suivre le rythme, elle sentit soudainement son estomac se serrer. Elle se détacha alors de son aîné avant de tomber à genoux et de régurgiter le peu qu'elle avait avalé dans la journée.

— C'est pas vrai... non mais qu'est-ce que t'as bu, hein !? fulmina le jeune homme tout en s'approchant de sa sœur. Et me dis pas que c'est toi qui pue autant le shit et la clope ! Emilia, qu'est-ce que t'as foutu bordel !?

     L'adolescente se tourna vers Eliott avant de le fixer silencieusement de ses yeux petits yeux fatigués et rougis. Tout son corps tremblait, et elle avait la sensation que la température extérieure s'était fortement rafraîchie. Cette dernière cracha une dernière fois les restes qui se trouvaient dans sa bouche avant de s'essuyer les lèvres à l'aide de son bras.

— Putain, c'est pas possible... pesta-t-il avant d'enlever la veste crocodile qu'il avait enfilé.

     Eliott mis sa veste sur les épaules de sa sœur avant de l'attraper et de la porter jusqu'à l'immeuble où Aymerick et Luka les attendait. Une fois arrivés devant l'immeuble, Emilia se remit debout et son frère le traîna jusqu'à l'intérieur de l'appartement. Une fois arrivés, l'aîné du groupe se précipita vers la jeune fille afin de s'assurer que tout allait bien. Sa tête tournait, et elle était encore sous l'emprise de la drogue. De plus, l'adolescente n'était pas très réactive et n'arrivait toujours pas à réaliser ce qui se passait autour d'elle. Tout était flou, et les bruits autour d'elle étaient comme étouffés. Derrière elle, Eliott claqua la porte avant de se mettre à hurler dans tout l'appartement.

— Elle est putain de défoncée Aymerick !

— Quoi ! s'exclama l'aîné. Comment ça ?

— Elle pue l'alcool, le shit et la clope et puis je l'ai retrouvé dans la rue en train de presque se faire sauter par un total inconnu !

     Soudain, Luka ouvrit la porte de la salle de bain et fixa son amie avec consternation.

— C'est vrai ce qu'il a dit ? lui demanda-t-il.

     La jeune fille fondit en larmes. Elle était tout simplement dépassée par tout ce qui se passait, et n'arrivait plus à faire face. Alors, le jeune homme comprit et prit une mine triste et dégoûtée avant de s'en aller faire un tour. Emilia voulut d'abord le suivre, mais son frère l'en empêcha en bloquant la porte. Alors, l'adolescente commença à s'emporter contre lui. Elle se mit à le confronter tant dis qu'il la maîtrisa tant bien que mal avant de l'emmener plus loin dans l'appartement. Eliott ordonna alors à son aîné d'aller chercher Luka, et ce dernier s'exécuta. Le jeune homme avait l'habitude des soirées qui partaient en vrille, alors il savait comment gérer la situation. Malgré les nombreuses fêtes qu'il avait passé à s'amuser, il y en avait quelques unes où il s'était retrouvé au milieu d'un champ de mine. Entre les disputes et les gens bourrés, ce dernier avait eu de quoi faire. Même s'il avait souvent fait parti de ces personnes là qui n'arrêtaient pas de s'attaquer, Eliott avait appris à gérer ce genre de problèmes.

     De ce fait, il poussa sa sœur jusque dans la chambre avant de se positionner devant l'entrée. Folle de rage, cette dernière le regardait avec des larmes de colère qui coulaient tout le long de ses joues.

— C'est quoi ton problème, hein !? cria-t-elle dans toute la pièce. Tu te prends pour le roi du monde ou quoi ? Tu m'interdis et me reproche des choses que toi-même tu fais, t'as pas le droit ! Tu bois, tu fumes, tu baises avec n'importe quelle fille et après tu viens m'empêcher de faire pareil ? C'est parce que je suis une fille, c'est ça !?

— Non Emilia c'est pour ton putain de bien que je fais ça ! Répliqua le jeune homme. Même si c'était Aymerick je l'aurais fait, parce que j'ai tout simplement pas envie que quelqu'un de ma famille se retrouve à moitié à poil dans la rue en train de se gerber dessus ! Et puis mes plans culs ne te regardent pas !

— Parce-que les miens te regardent peut-être !?

— Oui ! Moi je ne fais des choses qu'avec des filles consentantes qui sont d'accord pour s'amuser un soir, alors je laisserai pas un connard abuser de ma sœur alors qu'elle est sous l'emprise de l'alcool et de la drogue !

     Emilia et son frère poursuivirent alors leur dispute pendant quelques minutes. Malgré que les effets des substances qu'elle avait pris agissaient encore sur elle, la jeune fille continuait de débattre avec fureur. Mais alors qu'elle et Eliott continuaient de s'échanger des cris rempli de colère, ils se firent brusquement couper par le claquement de la porte d'entrée. Lorsque ces derniers sortirent de la chambre, ils furent abasourdis. L'aîné du groupe avait passé le bras de Luka sur ses épaules et il le traînait jusqu'au canapé. Celui-ci était couvert de sang. Jamais Emilia n'avait vu son ami dans un état pareil, elle était sous le choc. Alors, impuissante face à la scène qui se déroulait sous ses yeux, la jeune fille resta plantée dans son coin pendant qu'Eliott s'approchait des deux garçons.

— Qu'est-ce qui s'est passé !? s'exclama ce dernier tout en tendant un torchon et de l'eau à son frère.

— Je me suis battu, répondit Luka.

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