ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 15 𝐽𝑢𝑛𝑔𝑘𝑜𝑜𝑘
•
Une fois que nos vélos furent soigneusement garés dans le parking, nous prîmes la direction de l'entrée majestueuse du lycée. Le temps, bien que légèrement humide suite au passage du typhon la veille, commençait à se dégager petit à petit, laissant entrevoir un ciel de plus en plus clair.
"Franchement, je te l'assure, si j'aperçois cet abruti, je n'hésiterai pas à lui donner une bonne leçon", grogna mon meilleur ami.
Depuis que je lui avais relaté le comportement de Taehyung la veille, il ne cessait de marmonner des paroles acerbes à son encontre.
"Ne t'en fais pas, Yoongi. Je pense que la meilleure chose à faire est de l'ignorer. Je me rendrai chez le proviseur aujourd'hui pour lui parler de la situation et voir si je peux arrêter de lui donner des cours", dis-je d'une voix empreinte de lassitude, la tête légèrement inclinée.
J'étais parfaitement conscient qu'en tant que futur enseignant, il était de mon devoir d'apporter mon aide à mes élèves, quelles que soient les circonstances. Cependant, j'étais encore un simple lycéen, et le comportement odieux de Taehyung, ainsi que ses paroles blessantes d'hier soir, m'avaient profondément atteint. Comment rester attiré par quelqu'un qui déclarait que je ne plaisais à personne ?
Comme précédemment mentionné, mon cœur prenait un malin plaisir à rendre ma vie plus compliquée. Profitant de mon avance, je décidai de m'arrêter aux bureaux administratifs. Une fois là-bas, je m'adressai à la secrétaire, annonçant mon souhait de rencontrer le proviseur. Elle me demanda si j'avais un rendez-vous prévu, mais lorsque je lui répondis par la négative, elle s'engagea à lui demander s'il pouvait me recevoir.
Je pris place sur une des chaises et attendis. Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne m'informe que je pouvais y aller.
"Bonjour, monsieur", dis-je en pénétrant dans le bureau du proviseur.
Ce dernier me salua à son tour et me demanda la raison de ma visite.
"Je souhaite changer d'élève pour les cours de soutien", annonçai-je sans plus attendre.
"Je suis navré, mais cela ne se fait pas ainsi. Pour effectuer un changement, il faut une raison valable et surtout, il n'est pas possible de le faire une fois les cours commencés", me répondit-il.
"Mais..."
"Allez en cours, Jeon."
°
Assis à la cafétéria, perdu dans mes pensées, mes doigts s'enchevêtrant dans ma chevelure, je cherchais désespérément une échappatoire pour éviter de me rendre chez Taehyung.
"Mais pourquoi tu te soucies tant de ce stupide proviseur ? Si tu n'as pas envie de donner des cours à ce crétin de Kim, tu peux tout à fait lui dire non, tu sais." lança la voix de mon meilleur ami, avec une pointe d'exaspération.
Je fus contraint de lui donner raison. "Je crois que je vais devoir trouver un moyen de parler avec sa mère et tenter de trouver une solution." soufflai-je. "J'irai ce soir, je lui parlerai. Après tout, aujourd'hui c'est vendredi, j'ai cours d'anglais avec Taehyung."
Mon meilleur ami approuva d'un hochement de tête et nous passâmes le reste de la pause déjeuner à échanger sur des sujets futiles et superficiels.
Le signal indiquant la fin de la pause retentit. Je me dirigeai vers ma classe lorsque Minho m'arrêta subitement.
"S'il te plaît, si tu es venu t'excuser pour Taehyung, ce n'est vraiment pas la peine. Il doit assumer ses erreurs pour une fois." m'empressai-je de lui dire, sans laisser le moindre espoir.
Minho baissa tristement les yeux, sa voix se teintant de mélancolie : "Tu as raison... Mais en réalité, il est quelqu'un de bien au fond. Il... Il est juste effrayé."
Je baissai les sourcils à l'écoute des paroles de Minho.
"Taehyung effrayé ?" répétai-je, un sourire cynique se dessinant sur mes lèvres. "Est-ce qu'il a l'air effrayé quand il méprise ceux qui l'entourent ? Il passe son temps à se battre, comme en témoignent ses blessures fréquentes. Il insulte quiconque ose le contredire. Son narcissisme atteint des sommets. En quoi aurait-il peur ?"
Je secouai la tête, cherchant à comprendre.
"Je sais que mon meilleur ami peut être insupportable, mais je t'assure, je le connais depuis trois ans et il y a quelque chose de profondément triste en lui, même s'il ne l'exprime jamais ouvertement. Je dois admettre que sa manière de gérer sa douleur n'est pas la meilleure, mais s'il te plaît, ne le déteste pas", implora Minho.
Je soufflai d'incompréhension.
"Mais qu'est-ce que ça peut me faire de le détester ou non ?" rétorquai-je brusquement.
"Tu es le seul, à part moi et Lindsay, à avoir réussi à passer autant de temps en sa compagnie sans fuir. Crois-moi, s'il avait vraiment voulu te chasser de sa vie, tu n'aurais pas pu assister à un seul cours avec lui."
Après avoir proféré ces paroles, Minho s'en alla, laissant planer le mystère. Que signifiait réellement cela ? Peut-être que Taehyung m'appréciait en cachette ? Tout à coup, un rire s'échappa de ma gorge face à la ridicule folie de mes pensées.
Le jour où il m'appréciera, les poules auront des dents.
J'empruntai le chemin qui menait à ma classe en me répétant que, une fois de plus, Taehyung avait séché les cours aujourd'hui. Je devais cesser d'avoir constamment des pensées à son égard. Je me rendais compte qu'aucune journée ne se passait sans que son nom ne traverse mon esprit, pour une raison ou une autre. Il était ce genre de prétentieux imbuvable, mais chaque fois que je le voyais après une longue absence, mon cœur ne pouvait s'empêcher de le trouver beau. Trop beau pour être réel.
"Monsieur Jeon, êtes-vous dans la lune aujourd'hui ?" tonna la voix du professeur, me faisant sursauter sous les rires de mes camarades.
°
Lentement, je descendis les marches du bus dans le quartier de Mapo-gu, m'attardant dans ce moment suspendu. Je consultai ma montre délicatement. Dix-neuf heures quinze, une poignée de minutes s'étaient écoulées depuis le temps imparti. À vrai dire, peu m'importait. Ce soir, je n'avais pas l'intention de dispenser des cours de soutien. Mon seul objectif était de converser avec la mère de Taehyung, de la convaincre d'annuler ces moments de révisions forcées.
J'atteignis enfin le seuil de la demeure des Kim. Une lueur familière émanait de cette maison, illuminant la scène qui se dessinait devant moi. Un petit sentier pavé, bordé de lumières étincelantes, se frayait un chemin à travers l'herbe. J'avançai, les pas légers, jusqu'à atteindre la porte. Je sonnai, patientant quelques instants avant de réessayer, fragilement. C'est alors que la porte s'ouvrit, révélant le visage d'une inconnue. Mais les ombres de ses traits me semblaient familières, elles ornaient les portraits de famille de Taehyung dans la demeure. Sa sœur, sans aucun doute. Elle me dévisagea, ses yeux brillants empreints de larmes.
"Est-ce que tout va bien ?" glissai-je doucement.
"Et toi, qui es-tu ?" répondit-elle d'une voix fragile et hésitante.
"Je... je suis à la recherche de Taehyung", murmurai-je.
"Désolée, il est parti avec maman", souffla-t-elle en refermant la porte derrière elle, me laissant seul face à ce mystère impénétrable.
Le temps s'étirait doucement tandis que mes yeux se posaient inlassablement sur cette porte close. Un voile d'incertitude se tissait lentement dans mon esprit. J'avais tant de choses à dire à Madame Kim.
Pourtant, le perron continuait de m'enlacer de son silence, comme une étreinte froide et solitaire. Les secondes s'accumulaient, dessinant les ombres dansantes du doute sur le seuil de mes pensées. Taehyung et sa mère restaient encore absents, emportés par quelque torrent invisible. Une solitude de plomb enveloppait mes pas, épuisant mes espoirs.
Au bout d'une heure, lorsque l'orage caressait les cieux de teintes clair, une décision s'imposa à moi. Il était temps de quitter ce lieu, s'abandonnant à la patience qui me suggérait de revenir une autre fois. Peut-être demain, lorsque le soleil tenterait à nouveau de réchauffer les âmes vagabondes.
Le chemin du retour se déroula dans le silence de mes pas, comme si même les échos de ma présence semblaient souffrir de l'absence de réponses. Vague après vague, les pensées tourbillonnaient dans mon esprit, cherchant le salut de l'inconnu, l'espoir d'une rencontre différée.
Demain, peut-être, je reviendrai. Une promesse muette s'accrochait à mes lèvres, infusée d'une détermination poétique. Les mots restaient en suspens, enveloppés de mélancolie, attendant patiemment leur tour de se déverser sur le seuil de cette porte restée close.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro