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WARNING : je vous rappelle que cette histoire est en catégorie mature. De ce fait, il peut y avoir des scènes dures pour certain.es. Bien sûr, je déconseille fortement de reproduire ce que font/tentent les personnages.





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— Wow... souffla Elisio avec un grand sourire, me fixant.

Mal à l'aise, je me grattai la nuque en baissant la tête.

— Même si tu ne me racontes pas toute votre histoire, ca se voit tellement que vous êtes faits l'un pour l'autre, continua-t-il, le regard admirant. La passion que tu as lorsque tu parles de lui, j'en serais presque jaloux.

Un ricanement m'échappa, ce qui le fit sourire d'autant plus. Puis, les deux mains tenant ses chevilles, il se redressa et fit craquer son dos. Mes stores étaient baissés, quelques étoiles passaient à travers et se reflétaient sur le mur blanc, l'horloge affichait une heure douze du matin, et quelques personnes passaient encore dans les couloirs. Assis en tailleur en face à face sur mon lit, cela faisait depuis la fin du dîner que nous nous étions enfermés dans ma chambre, où je lui racontais mon histoire dans les grandes lignes. Surtout l'année où j'avais vécue à ses côtés. A aucun moment il ne m'avait interrompu, mais ses expressions changeaient en fonction de ce que je disais, passant de la joie à la colère, jusqu'à l'admiration.

Cela faisait un mois et demi que j'avais fait la connaissance d'Elisio. Originaire d'Autriche, il était venu en Corée du Sud pour y travailler dans le domaine du cinéma, plus particulièrement dans le montage fictionnel. Peut-être que c'était pour cela que nous nous étions entendus vite aussi bien, peut-être parce que nos centres d'intérêts étaient semblables, ainsi que nos origines. Lors des sorties de chambres obligatoires pour les rendez-vous avec les psychologues, ou quoi que ce soit d'autres, nous nous amusions à parler allemand si l'on ne voulait pas ce que les personnes autour comprennent.

Seulement, plus je regardais Elisio, plus je le trouvais ressemblant à mon père. Il avait les mêmes iris vertes, comme l'émeraude, pierre précieuse où se reflétaient la lumière du soleil. La forme de ses yeux était typique des européens, quelques grains de beauté pointaient leur couleur brune sur sa peau légèrement bronzée, des lèvres charnues, et des cheveux bruns en pétards, qui faisaient comme bon leur semblait. C'était un très bel homme, surtout lorsqu'il souriait. En plus de savoir détendre l'atmosphère en quelques secondes, cela me faisait penser à autre chose que cette prison blanche.

Mais je ne savais pas ce que faisait une personne aussi positive que lui dans ces lieux. Le jour où je lui ai posé la question, un soir où nous regardions le ciel par ma fenêtre de chambre, il m'avait raconté rapidement que c'était à cause d'une de ses collègues, qui l'avait rendu complètement fou jusqu'à la dépression. Si cela faisait un mois et demi que j'étais enfermé ici, cela en faisait déjà quatre pour lui. Les psychologues voyaient son état s'améliorer depuis ma rencontre, il me disait que je lui avais sauvé la vie, et que bientôt, il pourrait à nouveau respirer l'air extérieur sans contrainte.

Malheureusement, même si sa rencontre m'aidait à penser à autre chose, cela n'empêchait pas des crises à se déclencher sans crier garde, à me retrouver face à mes démons et à devenir complètement fou jusqu'à en être paralysé la journée. De plus, je n'avais aucune nouvelle de Jimin et Minkyung. Sans doute qu'ils devaient être trop occupés avec les cours, car après tout, l'hôpital était en dehors de Séoul, ce n'était pas toujours facile. Mais je trouvais cela bizarre que je n'ai pas même un seul message ou appel en un mois et demi, et sans en connaitre la raison, j'étais totalement effrayé de faire le premier pas. Alors j'attendais, me disant sans relâche que j'étais misérable.

— Si c'est vrai ! Insista-t-il, le sourire jusqu'aux oreilles. Quand tu parles de lui, j'ai l'impression d'être face à un Jungkook tellement différent, c'est ouf !

Ma mère aussi disait cela. Qu'en quelques mois, j'étais devenu une tout autre personne, et qu'elle ne me reconnaissait plus sur certains points. C'était aussi la première fois que j'arrivais à raconter notre histoire à quelqu'un sans que cela ne parte en crise d'angoisse. Avec les psychologues, combien de fois avaient-ils insisté pour tout savoir et que c'était parti en vrille ? Je n'osais pas compter. Depuis le début, je ne voulais pas les voir. C'étaient eux qui venaient me chercher, sans broncher devant mes refus. Je n'avais pas besoin d'eux, il me fallait seulement lui et tout irait mieux.

Soudain, Elisio perdit son sourire et s'approcha de moi.

— Jungkook.

Mon cœur lâcha un battement dû à sa soudaine proximité. La légère lumière qui s'infiltrait par les stores vint se refléter dans le vert de ses yeux, les faisant ressortir à un point où je me demandais s'il n'avait pas de réelles émeraudes à la place. Elles scintillaient de mille feux, ramenaient certains souvenirs de mon père quand je me faisais la même réflexion.

— M-Mh ? Hésitai-je en déglutissant péniblement.

Un sourire remplit de malice s'étira à ses lèvres où j'aperçus une canine.

— Je vais te faire sortir de cette prison, et tu iras le retrouver.




☯︎




Ne comprenant pas ses paroles, je fronçai les sourcils en lui demandant de répéter.

— J'ai réservé une table pour nous deux dans un restaurant à proximité.

Je papillonnai des paupières, ne croyant pas un seul instant à ce qu'elle me disait. Comment ça, elle avait organisé une sortie ? Et si je ne voulais pas ? Une certaine joie affichée sur son visage maquillé, elle tenta d'attraper mon bras que je retirai rapidement.

Onze heures trente-neuf.

Cela faisait quelques jours que Jimin et moi avions eu cette longue conversation qui m'avait retiré un poids énorme des épaules. Le soir, en plus d'être fatigué de ma crise, Morphée était rapidement venu me chercher et m'avait gardé de très longues heures. Cela faisait longtemps qu'à mon réveil, je me sentais si léger. C'était une sensation étrange, mais tellement agréable qu'à quelques moments, j'étais de bonne humeur. Et même si cela ne durait que quelques instants, ressentir à nouveau des émotions ramenaient quelques couleurs autour de moi, bien que très vite effacées par Zhu.

Celle-ci ronchonna à la suite de mon rejet, puis partie à l'étage en proclamant qu'il fallait vite que je me change, que l'on allait être en retard. D'une grimace, je râlai en repartant dans mon bureau. Il était hors de question que je sorte avec elle quelque part. Seulement, je n'eus le temps de m'assoir à ma chaise de bureau que quelqu'un frappa à ma porte en criant presque mon prénom. Raide énervé, je me précipitai à celle-ci et l'ouvris brutalement. Mais à peine eus-je l'occasion de dire quelque chose que des vêtements atterrirent dans mes bras, lancés par Zhu, déjà habillée d'un pull beige et d'un jean bleu marine.

— Allez grouille toi !

Puis elle referma la porte. Ahuri par son comportement inhabituel, je restai figé quelques secondes avant de me retourner dos à l'entrée, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Pourquoi était-elle autant surexcitée ? C'était bien la première fois depuis que je la connaissais qu'elle était comme cela.

— C'est bon tu es prêt ? Fit sa voix étouffée par la porte.

— Non ! Gueulai-je en soufflant.

Les joues gonflées d'agacement, je jetai un œil aux vêtements qu'elle m'avait donné. Un pull marron avec une chemise blanche à mettre dessous, et un pantalon noir. Où est-ce qu'elle avait bien pu trouver ces affaires ? Cela faisait tellement longtemps que je ne les avais pas sorti. Las et pesant le pour et le contre, je finis par m'habiller et sortir de mon bureau, la mine blasée. Zhu pianotait sur son téléphone, adossée contre le mur du couloir. Lorsqu'elle leva les yeux vers moi, elle eut un immense sourire et me pressa à nouveau de mettre mes chaussures. Mes baskets enfilées, je regardai mon reflet dans le miroir de l'entrée. Depuis combien de temps je ne m'étais pas vêtu de la sorte ? J'avais un peu de mal à me reconnaître. Ce genre de tenue datait de quand tout allait bien et que j'avais appris à m'aimer, à prendre soin de moi.

Ce fut en voyant l'état de mes cheveux que je perdis toute motivation de sortir, tout avait trop changé. Ils étaient longs, trop longs pour que je les supporte. Mes mèches arrivaient au niveau de mon nez et j'en soupirai. Ma mère les avait pourtant coupés à ma première semaine de vacances. Je quittai de vue cet affreux reflet qui me donnait la nausée et allai ouvrir le placard d'entrée pour prendre mon manteau. Seulement, au moment de sortir, je rejetai le bras de Zhu qui voulu s'enrouler autour du mien. Je prenais déjà assez sur moi pour sortir avec elle quelque part, ce qui était arrivé très peu de fois en neuf mois, alors il ne fallait pas qu'elle pousse le bouchon trop loin.

Dehors, le ciel était toujours aussi blanc, où le soleil se diluait. Les passants ne changeaient pas, toujours à rentrer ou aller ou travail, partaient en courses, chez un ami, au sport, ou des touristes demandaient leurs chemins aux Séoulites. Les températures basses n'étaient pas encore décidées à l'amélioration, ce qui m'allait très bien. A mes côtés, je regardai Zhu sourire, faire des petits sauts en marchant avant de regarder par où il fallait passer pour aller à son restaurant.

— Tu préfères prendre les transports ou marcher ?

Prendre l'air.

Alors elle m'accorda cette faveur d'y aller à pied. Les mains dans les poches, le pas tranquille, nous passâmes devant un arrêt de bus dont je reconnus la ligne. C'était celle qui se rendait chez Jimin. En repensant à notre conversation d'il y a quelques jours, un léger sourire me prit suivi d'un sentiment de nostalgie. Depuis cela, nous ne nous étions pas revus ni reparlé. Je ne lui avais pas dit que je me sentais mieux depuis que j'avais commencé mon traitement avant les examens à l'hôpital. Mieux était sans doute un grand mot, mais ma respiration sifflait beaucoup moins, la douleur à ma poitrine était moins intensive et mes toux moins dévastatrices. Je ne l'avais pas dit non plus à Maman, nous ne nous étions pas encore appelés cette semaine. Sans doute qu'elle allait être contente et s'attendre à ce que je lui demande les informations qu'elle savait à propos de lui. Mais je n'allais pas le dire, car je savais pertinemment qu'elle ne dirait rien si je n'y allais pas de mon propre chef.

D'un soupir, je jetai un œil à Zhu qui rangea son téléphone après avoir mémoriser le chemin à prendre. Bien que je ne comprisse pas la raison de son comportement aujourd'hui, il n'empêchait que sa présence nuisait tout ce qu'il se trouvait autour de moi. Ça, je le savais depuis longtemps, depuis notre rencontre, en fait. Je savais qu'elle était mauvaise, toxique, et comme l'avait dit Jimin, j'avais vu en elle une opportunité de me faire du mal.

C'était en Mai dernier, un soir où Elisio m'avait forcé à sortir pour changer d'air. Elle s'était approchée de moi en me reconnaissant, savant déjà qui j'étais alors que le tout premier film inspiré de l'un de mes romans venait à peine de sortir. Je ne sais plus comment elle s'est rapprochée jusqu'à habiter chez moi, c'était peut-être parce qu'elle m'avait suivi un jour et s'était invitée chez moi pour s'y installer sans mon accord. Elisio ne la sentait pas du tout, me disait que j'étais complètement fou de penser à me faire du mal et la garder chez moi. Malheureusement, la douleur était la seule sensation que je vivais.

Bientôt un an que j'endurais cela tous les jours, un an où mon ami me répétait sans cesse de m'en débrasser car elle finirait un jour par causer ma perte. A l'époque, je m'en contre-fichais, il n'y avait que ma mère pour me retenir. Désormais, une étoile nouvelle se remettait à briller dans les ténèbres depuis quelques jours. Une petite lueur d'espoir brûlait à nouveau au fond de mon cœur grâce à Jimin. Même si les choses que j'avais pu leur dire ne s'effaceraient jamais, j'espérais qu'au moins un jour, Minkyung puisse me pardonner et que notre trio réapparaisse.

Zhu était d'origine indienne et résidait en Corée du Sud depuis déjà quelques années. Parlant beaucoup de sa vie à ses heures perdues, j'avais appris qu'elle provenait d'une famille d'aristocrate et n'avait eu aucun mal à bien s'intégrer dans ce pays grâce à l'argent. Malheureusement, tout comme ses parents et ses quatre frères et sœurs, elle était avide d'argent à un point qui me rendait fou. Son compte bancaire était sans doute dix fois plus rempli que le mien et il fallait qu'elle me demande tout le temps si j'avais quelques liasses pour elle par suite de la vente d'un scénario. En tout, j'avais facilement dû perdre cent millions de won à cause d'elle.

Midi sonna au loin.

— Tiens regarde ! Fit-elle soudainement en pointant quelque chose sur notre droite. Je voulais aller ici mais c'était déjà tout complet.

Sortant de ma transe, je tournai la tête dans la direction indiquée, et mon cœur s'arrêta. De l'autre côté de la chaussée, derrière les voitures qui passaient rapidement les unes après les autres, se trouvait Coquelicot. Un passant sur dix s'y arrêtaient avant de ressortir immédiatement à la recherche d'un autre endroit pour déjeuner. Il ne fonctionnait plus comme autre fois, trop peu de personnes s'y arrêtaient pour savoir s'il y avait de la place et ne patientaient même pas en faisant la queue. Je n'en revenais pas. D'un seul coup d'œil, étant pour la première fois aussi proche de son restaurant depuis deux ans, je voyais facilement la différence qu'il y avait. Autrefois, à cette heure, beaucoup de monde patientait à l'extérieur, et ce, chaque jour ouvert.

Sans le vouloir, je plissai les yeux pour espérer mieux voir l'activité à l'intérieur. La première chose que je vis, fut que l'hôte passait son temps à attendre devant la borne de service, sans aucun appel à s'occuper. Je me souviens de l'année où je travaillais là-bas, Seokjin m'avait expliqué que le téléphone sonnait tellement de fois qu'ils avaient été obligés d'instaurer les réservations de table grâce à un service automatique, qui disait s'il restait de la place et pour combien, ou si c'était complet. Ce n'était plus le cas, sinon, il n'y aurait pas d'hôte qui poireauterait à son guichet en priant qu'un appel arrive. Comment arrivaient-ils encore à avoir un midi complet alors que Coquelicot régressait à vue d'œil ?

Ou alors étais-je le seul à voir cela ?

Mon regard partit sur un membre du personnel que je ne reconnaissais pas. Tous étaient nouveaux et semblaient tendus. Je ne vis personne au piano et les lumières de l'estrade n'étaient pas allumées, le pianiste du restaurant ne s'amusait pas. A part lorsqu'il y avait eu Lee Minho et la deuxième étoile en jeu, je n'avais connu aucune tension lors des services. Cela voulait forcément dire que ce n'était plus lui aux commandes.

Ce n'était plus lui.

C'était elle.

Elle qui se tenait devant l'entrée, derrière les portes vitrées, les bras croisés sous sa poitrine, un sourire mauvais aux lèvres, et qui me fixait assidument. Un frisson d'effroi me parcourut l'échine et j'eus du mal à déglutir. Accroché à sa chemise rouge, le badge qu'il portait autrefois quand il descendait travailler, brillait aux quelques rayons de soleil qui se faufilaient à travers les nuages. Je ne comprenais pas comment elle avait pu accéder à la place de patronne. Je savais qu'elle y travaillait autrefois, et je ne me souvenais pas une seule seconde d'elle dans une part de contrat, dans tout ce qu'il avait pu me raconter sur Coquelicot.

— Jungkook ?

D'un sursaut, je revins sur terre et tournai la tête vers Zhu, qui me fixait d'une drôle de façon.

— Qu'est-ce que tu regardes ? Tu voulais aller dans ce restaurant ?

— H-Hm, non non.

Est-ce que je voulais y aller ? Est-ce que je voulais faire face eux vérités qui m'effrayaient ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Eunji continuait de me juger de la tête aux pieds depuis la porte vitrée alors que nous avions recommencé à marcher. Puis, sans le vouloir, mon cœur étant plus vite que mon esprit, mes yeux partirent vers le haut. Je sentis alors mes épaules s'affaisser, le poids de mes choix devenant trop lourd à supporter.

Son appartement était là, juste devant moi, de l'autre côté de la chaussée. Là où il vivait, là où j'avais vécu durant de nombreuses semaines qui me paraissaient si loin. S'il n'était plus à Coquelicot, peut-être était-il encore chez lui, dans cet appartement qu'il appréciait plus que tout ? Oui, c'était possible. C'était possible. Alors dans ce cas, pourquoi les stores étaient-ils baissés ? Pourquoi, les immenses baies vitrées donnant dans le salon étaient fermées, ainsi que les autres fenêtres qui apparaissaient sur la façade, dont celles de sa pièce de puzzle ? Jamais je n'avais vu une seule fois le salon fermé, quelle que soit la raison.

Instinctivement, je voulus jeter un œil dans la ruelle qui menait à l'arrière du restaurant et où il garait sa voiture, mais nous l'avions déjà dépassée. Non, il fallait que je sache. Il fallait que je sache ce qu'il était devenu. Ce qu'il se passait en ce moment me faisait beaucoup trop peur, pourquoi d'un seul coup, du jour au lendemain, il apparaissait devant moi sans crier garde ? Pourquoi, après deux ans sans nouvelle, il venait vers moi ? Par le crâne, par les hallucinations répétées, Seokjin, Eunji, tout arrivait si subitement que j'avais du mal à assimiler toutes les informations.

Et avant que je ne sois poussé par Zhu, je ressentis une profonde solitude émaner de l'appartement, tellement profonde que je m'y noyais.

Treize heures une.

Les deux couverts sur le coin de l'assiette, elle se pencha en arrière et tapota son ventre avec un grand sourire.

— Ouah c'était vraiment super bon ! S'exclama-t-elle.

Quelques regards se tournèrent vers nous à cause de sa maladresse et je levai les yeux au ciel. Elle ne connaissait pas le respect et la bonne discipline, ce qui était étonnant pour quelqu'un provenant de la haute aristocratie. Les mœurs de ce pays lui passaient complètement au-dessus de la tête, tant qu'il m'arrivait souvent de trouver raison à ma haine envers elle. Son manque de respect écrasait en grosse partie tout ce que j'avais pu voir jusqu'ici.

Mon plat à peine touché, je posai à mon tour mes couverts. Immédiatement, d'un haussement de sourcil, elle fit des allers-retours entre mon assiette et moi, ne comprenant pas pourquoi je n'avais mangé que quelques haricots. Je n'avais pas non plus pris d'entrée et ne prévoyais pas de prendre un dessert ; la faim ne venait pas. Et pourtant, les plats sentaient extrêmement bons. Alors, n'aimant pas gâcher, je donnai mon assiette à Zhu, qui l'accepta sans broncher.

Mange un peu, m'aurait-il dit, une mine certainement inquiète.

L'attention de Zhu était trop portée sur mon assiette qu'elle dévorait pour qu'elle ne daigne une seule seconde à penser raisonnablement. Jamais cela ne lui viendrait à l'idée de se demander pourquoi ma faim était absente, alors qu'avec lui, en un seul regard il aurait compris ce qu'il n'allait pas. Ennuyé, la main me servant d'abat-jour pour ma tête, j'observai le restaurant et son service. Tout le monde était concentré. Dans le fond, quelques serveurs ricanaient ensemble avant de disparaitre derrière la porte pour les cuisines, et celui que je reconnaissais comme étant le patron alla les rejoindre. Ce n'était pas difficile de le reconnaître quand les étoiles montaient. Ce restaurant en avait une, mais avait perdu leur seconde quelques mois après l'avoir gagnée. C'était Zhu qui m'avait raconté cela quand on patientait.

Et s'il avait déménagé ?

Quelques clients n'avaient pas l'air satisfait du service, d'autres l'étaient. Seokjin m'avait appris à lire leurs expressions quand je travaillais à Coquelicot, puis à aller les voir pour leur demander si tout allait bien. Selon leur réponse et l'intonation, il fallait du temps pour comprendre ce qui les dérangeait. Un froncement de sourcils et les yeux plissés, la musique est trop forte ; le nez plissé, quelque chose ne leur plait pas dans le plat, et une multitude d'autres expressions que Seokjin avait mis du temps à répertorier et à en comprendre la signification. Quant à lui, comme avec moi, il savait toujours quand ça n'allait pas chez l'un de ses clients et se rendait vers lui en personne pour le mettre plus à l'aise, ce qui fonctionnait toujours.

Dire qu'il était fait pour la restauration a toujours été vrai. Si Coquelicot avait augmenté son chiffre d'affaires et était devenu le premier restaurant de l'entreprise LRP à la suite de son ascension avec deux étoiles, ce n'était pas parce que la chance était de son côté. Certaines personnes avaient un don pour l'art, d'autres les finances, le droit, le sport, mais pour lui, c'était le commerce. Ce n'était pas plus simple que cela.

La décoration procurait une ambiance chaleureuse et luxueuse. Un mélange de vintage et de modernité, cela paraissait extrêmement étrange à la première impression mais plus j'observais les détails, plus je me demandais s'ils n'avaient pas fait appel à d'innombrables spécialistes. Ce restaurant se transformait en boîte de nuit le soir, et quelques personnes se rendaient vers le bar pour demander à réserver une place. Jamais je n'avais entendu parler d'une boîte de nuit pas très loin de Coquelicot, et ce genre d'endroit ne m'attirait absolument pas.

— Wow, j'ai mangé pour une semaine, là ! S'extasia Zhu en se tapotant le ventre.

Sans répondre, je baissai les yeux sur mon assiette vide qu'elle replaça devant moi. Et en constatant qu'il n'y avait plus rien, je soupirai intérieurement puis eut le reflex de regarder ma main droite, mon annulaire qu'aucune bague n'avait décoré depuis deux ans. Est-ce qu'un jour, je pourrais avoir le droit de marcher à nouveau avec lui ?


☯︎


Vingt-trois heures douze.

Mon heure de rendez-vous arrivait, il ne fallait sous aucun prétexte que je sois en retard au risque de me faire taper sur les doigts.

J'ai un gros dossier à rendre dans deux semaines et je n'ai toujours rien fait, alors c'est bien que je rentre tôt, expliqua-t-il en se mettant en route pour la sortie.

Si je te vois connecté à la play, j'appelle Jungkook, le menaça Jimin.

Minkyung blêmit subitement et se tut, se contentant de marcher devant nous pour rejoindre la sortie de la bibliothèque. Nous rîmes tous les deux quant à sa réaction en le suivant. On le connaissait tellement qu'il nous était facile de deviner ce qu'il allait réellement faire ce soir lorsqu'il nous racontait son programme. Il me faisait vraiment rire quand il s'y mettait, c'était à se demander s'il n'avait pas la connerie dans le sang.



D'un long soupir, je tournai la tête vers la fenêtre de mon bureau. La pluie tombait à seau depuis plusieurs heures. Les lumières de la rue de reflétaient dans les vitres voisines, et quelques klaxons résonnaient de temps à autre. Il prévoyait des inondations dans le sud du pays. Après quelques secondes à regarder les gouttes faire la course, je fermai lentement le dossier vert, étalé sur mon bureau. C'était les dernières lignes que j'avais écrit au brouillon d'un agréable moment que j'avais passé autrefois. Par la suite, tout était déjà au propre, peut-être parce qu'à l'époque, j'avais confiance en moi. Dans mes souvenirs, il y avait eu un anniversaire juste après cet instant de rigolade. Il ne manquait que quelques chapitres avant de mettre à terme cette histoire qui me rendait malade à chaque ligne lue. Je n'avais pas le courage de la finir. Devais-je faire une belle, ou une mauvaise fin ? La nôtre était mauvaise, et inventer une belle ne pouvait qu'enfoncer le couteau dans la plaie. Alors je ne pouvais rien faire.

Le dossier de OO:SA:KA rangé au fond d'un tiroir, je lâchai un énième soupir de fatigue. Après le restaurant, Zhu avait voulu faire les magasins, ce que je n'avais eu guère choix d'accepter sous peine qu'elle pète un câble en pleine rue. Cela m'avait profondément ennuyé. Malgré cela, j'avais tout de même regardé deux, trois vêtements pour remplacer certains qui se faisaient vieux. Finalement, l'idée fut lâchée bien vite, faute de motivation et d'indécision. Je n'aimais plus faire les magasins, et surtout pas avec Zhu qui courait dans tous les sens, dans chaque boutique dès qu'elle voyait quelque chose de joli. Nous étions revenus avec plusieurs sacs dans les mains, et j'avais été profondément étonné qu'elle ne me demande pas une seule fois de lui payer un article. C'était bien la première fois que cela arrivait. Même le restaurant, c'est elle qui avait payé les deux menus sans que je n'aie à dire quoi que ce soit.

Lentement, je me levai de ma chaise et allai vers la fenêtre pour jeter un œil à la rue. Quelques voitures patientaient au feu rouge sous la forte pluie. La chaussée se transformait en miroir où les lumières de l'avenue créaient un monde parallèle. C'était comme si je pouvais sauter, et atterrir quelque part d'autre que cet enfer quotidien.

Je secouai la tête de manière brutale. Il ne fallait pas que je pense à ce genre de chose maintenant qu'une étoile était revenue. Durant ces deux années, j'avais baissé les bras tellement de fois que la honte commençait à naître au fond de moi à chaque fois que je me convainquais que Jimin était à nouveau de mon côté. En étais-je sûr ? Je ne savais pas. Comment pouvais-je l'être ? Je ne savais plus.

Las et fatigué, je baissai les stores, mettant fin à ce nouveau monde qui s'offrait à moi ce soir. Il n'allait pas me voir de ci-tôt. Mais alors que je me tournai automatiquement vers mon canapé, j'eus un temps d'arrêt. Finalement, j'avalai mes médicaments à prendre avant de dormir et éteignis ma lampe de bureau pour rejoindre l'étage, les pieds rappant le sol. Le salon était plongé dans le noir, les volets baissés, seule une lumière tamisée provenait de la mezzanine, où je trouvai Zhu, assise sur mon lit, en train de faire du découpage.

— Qu'est-ce que tu fais ? Lui demandai-je, un sourcil haussé d'incompréhension.

D'un léger sursaut, elle leva les yeux vers moi avant de me sourire en reprenant son activité.

— Je m'occupe.

A ses côtés, quelques origamis tenaient en équilibre sur la couette. Un bateau, une grenouille malformée, une cocotte, tout était si mal plié que j'en fis une grimace. Concentrée dans sa découpe, elle appuya sur son téléphone et une voix résonna. C'était un tutoriel pour faire un cygne. Je fronçai du nez lorsque je la vis plier un bout dans le mauvais sens, mais fis comme si je n'avais rien vu en allant m'installer à ma place, à la droite du lit. Immédiatement, elle retira ses petites œuvres et les posa de son côté, sur le sol pour que je ne les abîme pas d'une quelconque manière.

— Tu veux te coucher ?

Comme réponse, je humai simplement en me faufilant sous la couette. Quelques bouts de papiers trainaient sur le parquet, et je soupirai d'avance de devoir nettoyer demain sous risque qu'ils ne restent encore là un bon nombre de jours. Dos à elle, le regard perdu dans la rambarde de la mezzanine, je l'entendis bouger sans retenue. Ses ciseaux, sa règle et ses feuilles inutilisées se retrouvèrent sur sa table de nuit tandis que son cygne raté alla rejoindre ses confères sur le sol. En un rien de temps, la pièce sombra dans l'obscurité. Seulement, il m'était impossible de fermer l'œil, et pourtant, Dieu savait à quel point j'avais envie de dormir. Mais à l'instant même où la lumière s'était éteinte, un épouvantable sentiment de terreur m'avait enveloppé, en grandissant au fur et à mesure que les secondes de l'horloge du salon retentissaient.

Mon cœur battait à une vitesse affolante, mes poils se hissait sur l'entièreté de mon corps, un affreux bourdonnement me prenait la tête et j'eus soudainement du mal à trouver de l'air. Une main s'était posée sur ma hanche. Les fourmis. Ses doigts descendirent sur ma folle iliaque, ce qui provoqua brutalement un sursaut, des milliers de voltes me brulant vif. Immédiatement, je poussai un gémissement de douleur, étouffé par la paralysie et le manque d'air. Je le savais. Je savais que j'aurais dû rester sur mon canapé. Encore une fois, je ne m'étais pas écouté.

Minuit.

— Jungkook... Susurra-t-elle à mon oreille. J'ai envie de toi...

A ses mots, une remontée me prit et je tentai de sortir du lit en vitesse. Il fallait que je retourne dans mon bureau. Mais d'une seconde à l'autre, un poids m'appuyait sur le bassin et la panique me retirait toutes mes forces. Qu'est-ce qu'elle faisait ? Pourquoi elle ne voulait pas me laisser partir ? Un rire retentit à travers les ténèbres, me glaçant le sang.

— A-Arrête... Couinai-je à travers mes respirations rapides.

J'étais incapable de bouger. Son poids me surplombait, j'étais coincé entre elle et le matelas sans possibilité de m'en sortir, complètement seul. Ses mains se baladaient sur mon torse, passaient en dessous de mon haut qui me donnaient encore plus envie de vomir. Mon corps me démangeait de tous les côtés, l'air manquait, la Reine arrivait à grand pas, je n'arrivais même plus à former un seul mot. L'oxygène disparaissait, mes poumons se remplissaient de sable et de verre, ma respiration devenant sifflante et des lancements brutaux de douleurs provenant de ma poitrine monopolisait toute ma force.

— Allez Kook, s'il te plait...

Je secouai violemment la tête, les yeux froncés à tel point que des couleurs se mirent à danser devant moi. Des couleurs me rappelant les démons qui tournaient autour de mon lit d'hôpital, qui se moquaient de ce que je devenais et riaient de mon malheur. La colère me prit lorsque je me rendis compte du surnom par lequel elle m'avait appelé.

— Elle est dans ma tête, elle est dans ma tête...

Elle n'avait pas le droit de m'appeler comme cela. Ce surnom n'appartenait qu'à une seule personne. La seule personne qui avait le droit de m'approcher, de me toucher, de faire tout ce qu'elle voulait dans le plus grand des respects. Cette personne à qui ce qu'il se passait en ce moment avait déjà été vécu, et qui autrefois, m'avait mis dans des états impensables.

A travers mes souffles rapides et incontrôlés, je tentai de la repousser en empoignant, sans force, l'un de ses poignets qui se baladaient sur mon torse. Elle ne devait pas me toucher. Tout me démangeait. Ce n'était pas à elle de me toucher, elle n'avait pas le droit. Seul lui était autorisé à balader ses mains sur mon corps, aussi douces que de la soie, et non pas pleines d'épines qui me broyaient les os à chaque contact. M'enfuir, je devais m'enfuir.

— Ça fait tellement longtemps...

Si je l'empêchais d'arriver à ses fins, il serait fier de moi. Oui, peut-être qu'il reviendrait avec un sourire, et me prendrait dans ses bras, soulagé que je n'ai rien eu. Le retrouver, je devais le retrouver. Il ne fallait pas qu'elle me touche encore.

Le retrouver, le retrouver...

Quel était son prénom ?

Puis tout alla très vite. Mon bras partit à une vitesse hallucinante vers sa table de nuit, lorsqu'un hurlement de douleur me glaça sur place. Le poids à mon bassin se retira immédiatement et je sentis un liquide couler sur mon poignet, descendant jusqu'à mon coude, les doigts serrés autour d'un objet que je tenais en l'air. Subitement, un nouveau renvoi me prit quand une vilaine odeur me parvint, une odeur que je reconnaissais plus que trop rapidement. Celle qui avait plongé ma vie dans un chaos interminable.


L'odeur du sang.


Du sang qui coulaient sur mon bras, que je maintenais inconsciemment en l'air, toujours allongé sur le lit. Mon cœur venait de s'arrêter, les murs s'effondraient dans les gémissements de douleurs qui me faisaient perdre la tête. Un rire lointain retentit, et automatiquement, je tournai la tête sur ma droite. Mina me fixait, le visage noircit par l'hémoglobine, les cheveux coupés, trois trous dans l'abdomen, un sourire rougeâtre et terrifiant. Sa peau semblait si molle qu'elle pouvait s'étirer jusqu'à l'impensable, au point où l'expression sourire jusqu'aux oreilles devenait réelle.

Qu'est-ce que je venais de faire ?

En vitesse et sans contrôle, je me redressai et descendis du lit. De l'air, il me fallait de l'air. Ma gorge me brûlait et sifflait à chaque spasme, ma tête devenait un réel poids de charge en plus des vertiges que je prenais à chaque mouvement. Puis d'un seul coup, une soudaine lumière me brûla les yeux, me faisant lâcher un cri incontrôlé à travers les pleurs et les plaintes interminables. Seulement, mon cœur lâcha une nouvelle fois lorsque je vis, les paupières entrouvertes, mes mains entièrement rouge d'hémoglobines. Des ciseaux se trouvaient dans celle de gauche, que je lâchai aussitôt avec un mouvement de recul. Les lames rouges brillaient sous la lumière tamisée de la pièce, quelques gouttes tombaient sur le sol, me rappelant petit à petit ce que je venais de faire. Du sang. Partout. Mes mains en étaient peintes une nouvelle fois, marquées à vie.

— J-Jungkook...

Instinctivement, je levai les yeux vers Zhu, assise sur le lit, la main faisant compression sur son bras droit. Le sang. Je ne voyais que cela. Il coulait. Partout. Les draps, son pyjama, son visage, ses cheveux, sa peau. Tout était si rouge. Penser, je n'arrivais plus à penser. Un sentiment me terrifiait en moi plus qu'autre chose.

— Je suis désolée, murmura-t-elle à travers ses larmes de souffrance. Je-je ne voulais pas...

Je reculai, pas à pas, le regard terrifié posé sur elle. Lorsqu'elle remarqua que je m'éloignais, son expression changea en angoisse.

— N-Non... Jungkook s'il te plait... Je suis désolée, ne me laisse pas...

Il coulait. Toujours plus. A travers ses doigts, descendait jusqu'à son coude et s'égouttait sur les draps. Mon dos frappa soudain le mur opposé. Je ne pouvais plus reculer. Zhu était en train de se lever du lit, les trais tirés par la douleur. Au premier pas dans ma direction, j'eus un haut le cœur et du coin de l'œil, je regardai la descente d'escalier. Je ne pouvais pas rester ici. Pas avec tant de sang, pas avec elle. Je ne pouvais plus. Soudain, je sentis des larmes rouler sur mes joues et ma vue se floua, les couleurs se mélangeant entre elles et Zhu ne devenant qu'une ombre qui grandissait à chaque pas.

Mon corps me démangeait encore. Les fourmis grignotaient les moindres parcelles de peau. Elle approchait. Mon cœur tambourinait dans mon crâne. Finalement, je lâchai prise et commença à me gratter dans tous les sens. Chaque griffure d'ongle marquait ma peau blanche de cinq traces rouges, de sang comme de frottement, je ne contrôlais plus rien. Tout ce que j'arrivais à voir, était que Zhu s'était arrêtée dans son élan et me fixait, les yeux grands ouverts comme ceux d'un poisson. Je grattai, grattai jusqu'à ce que quelques points rouges apparaissent. La douleur et l'effroi étaient tout ce que je ressentais à cet instant-là.

— Jungkook... Ca va ?

Je levai à nouveau les yeux vers elle, soudainement beaucoup trop proche de moi. Au moins un mètre nous distançait, mais je sentais encore ses mains se balader sur mon torse, passer en dessous de mon t-shirt, et cela ne fit qu'empirer mes grattements. Mes ongles déchiraient ma peau, j'entendais Zhu me supplier d'arrêter, s'excuser encore et encore. Mais le retour en arrière n'était pas possible. Des traces de souillures grandissaient au fur et à mesure que le sang coulait.

Et lorsque sa main pleine d'hémoglobine s'avança vers moi, mon instinct prit possession de mes mouvements et je descendis les escaliers en quelques secondes sous les appels de Zhu. Rien ne m'empêchait de continuer à me déchirer la peau, pas même quand j'ouvris la porte d'entrée pour disparaitre de cet appartement. Au loin, je l'entendais encore crier mon prénom dans l'espoir que je revienne. C'était la goutte d'eau. Ce qu'il venait de se passer était le pas de trop fait dans la mauvaise direction. Reculer était impossible.

En vitesse, manquant de tomber à chaque marche, je dévalais les escaliers de l'immeuble. Ma vue se flouait toujours plus à chaque mouvement, ma tête bourdonnait comme une ruche remplie de guêpes, mon cœur torturait ma poitrine à force de ses coups, et subitement, une toux sèche me prit lorsque je sortis de la cage d'escalier. Du sang. Encore. Plein de sang qui gouttait sur le sol du hall depuis ma paume et ma bouche. Courbé sur moi-même à cracher mes poumons, je poussai difficilement la porte et une vague de froid me frigorifia sur place. Le bruit assourdissant de la pluie me fit paniquer ; trop d'informations arrivaient en même temps. Mais à peine eus-je le temps de lever les yeux ou d'essayer de me réchauffer que plusieurs haut-le-cœur m'interrompis-je dans ma volonté de fuir.

La seconde suivante, un gout affreux me traversa la gorge et le peu que j'avais dîné se retrouva au sol, sur les dalles protégées de la pluie. Je fronçai les yeux et détournai le visage en sentant l'odeur nauséabonde, et tentai de reprendre malgré tout mon souffle. Le froid me brûlait la gorge, dévorait ma peau et empirait la douleur de mes griffures ouvertes à mes bras. Rouge, tout était si rouge.

Puis, au loin, quelqu'un hurla.

Pris de peur et de panique, je ne réfléchis pas à deux fois avant de me lancer sous la pluie torrentielle. Fuir. Loin. Loin d'elle, loin de cet appartement qui ne m'apportait que des malheurs. Mes pieds nus brassaient l'eau des trottoirs, celle des chaussées vides de voitures qui s'inondaient au fur et à mesure que les gouttes s'affolaient. Je voyais à peine où je courais, ressentais à peine le feu ardent qui me brûlait à vif les poumons, les larmes qui se noyaient à travers la pluie, les hurlements qui s'étouffaient dans le vacarme de la nature. Désespoir, fatigue, l'anéantissement de mon monde.

Tout recommençait. Un lit, un objet tranchant, une femme, du sang. Une boucle infernale qui venait de recommencer à zéro. Je ne voulais pas être seul. Je ne voulais plus être seul, à devoir tout supporter sans avoir de personnes à qui parler. Hurler à m'en détruire la gorge, cracher du sang, perdre mes pieds dans la course, mourir de froid à cause de la pluie et voir à peine où j'allais, je ne voulais pas cela. Quitter ce monde, trouver la paix, était-ce trop demander ? D'avoir un instant de répit depuis deux ans, n'était-ce pas possible ? Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde était un combat contre mon envie de lâcher prise. Me laisser dévorer par les ténèbres, c'était peut-être cela que j'aurais dû faire lors de mon séjour à l'hôpital psychiatrique. J'étais un lâche. Un lâche qui s'accrochait encore à une personne qui l'avait trahie, qui l'avait abandonnée du jour au lendemain.

Malheureusement, toute cette situation arrivait à cause de mes mauvais choix. Si, lorsqu'il m'avait montré la vidéo, et m'avait demandé si c'était réellement moi dessus, qu'est-ce qu'il se serait passé si j'avais menti ? Serions-nous encore ensemble ? Ou est-ce qu'un jour, m'en aurait-il voulu de ne pas lui avoir dit la vérité ? Lui non plus n'aimait pas le mensonge. Alors, pourquoi ? Pourquoi était-il parti ?

A nouveau, je poussai un hurlement, courant à travers la pluie le plus rapidement possible. Mon corps continuait de me démanger, de me faire souffrir au moindre mouvement, mais ce n'était plus que le cadet de mes soucis. Qu'est-ce que j'allais devenir, maintenant ? Est-ce que Zhu allait m'en vouloir de l'avoir blessée ? Est-ce qu'elle allait porter plainte ? Non, je ne voulais pas. La police saurait tout.

Brutalement, je me stoppai, les yeux levés vers un arrêt de bus, à une dizaine de mètres. Quelqu'un attendait encore, abrité, un casque audio sur les oreilles. Cela voulait dire que les transports circulaient malgré la pluie abondante. Trempé jusqu'à l'os, les mèches collantes à mon front, je haletai difficilement, tentant de reprendre mon souffle malgré l'affreuse douleur à mes poumons. C'était l'arrêt de bus que j'avais vu plus tôt dans la journée, celui qui se rendait chez Jimin. J'étais frigorifié. Est-ce que j'avais le droit d'aller chez lui ? Non. Si ? Je n'avais pas mon téléphone. Arriver chez quelqu'un à minuit passé dans un état désastreux n'était pas respectable. De plus, à cette heure, il devait sûrement dormir.

Par de petit pas, je m'approchais de l'arrêt de bus, l'esprit prit dans l'indécision la plus totale. Qu'est-ce que je devais faire ? Je n'avais nulle part où aller, même pas un billet pour espérer trouver un hôtel. Mon seul recours était Jimin. La porte était aussi ouverte chez Seokjin mais je ne savais pas où il habitait, et pour le savoir, je devais me rendre à Coquelicot. Mais il était hors de question que je pose un seul pied là-bas tant qu'Eunji dirige et ruine tout ce qu'il a construit. Pas tant que je ne saurais ce qu'il est devenu. Je soupirai. Tout était contradictoire, plus rien n'allait dans le même sens.

Lorsque je fus à quelques pas de l'arrêt, la personne présente leva les yeux vers moi, le casque toujours sur les oreilles. Son regard me détailla de haut en bas, avant de retourner sur son téléphone d'un air pas très serein. C'était un jeune homme, peut-être moins âgé. Je comprenais sa malaisance, ce n'était pas forcément rassurant de voir apparaitre quelqu'un à une heure si tardive, qui plus est avec les bras en sangs et les pieds nus, sans vêtements d'extérieurs. Pour ne pas plus le déranger, je restai en dehors de l'abri, et m'appuyait contre le verre de celui-ci. La pluie continuait de me noyer toujours plus, et je passai une main dans mes cheveux pour retirer les mèches trop longues qui me couvraient la vue.

Je n'osais pas regarder l'état de mes bras, alors je fixais droit devant moi, les quelques magasins fermés de l'autre côté de la chaussé. Les couleurs des enseignes se reflétaient dans les miroirs d'eaux sur le sol, et quelques appartements étaient encore allumés dans les immeubles de l'avenue. La ville s'endormait sous la pluie. Les lampadaires participaient aussi à ce spectacle, c'était la première fois depuis longtemps, que je trouvais quelque chose magnifique. Les ondes de la pluie répétées sur les flaques, les lumières de différentes couleurs, rose, bleu, jaune, rouge, les quelques parapluies qui se baladaient au travers, j'avais l'impression de me retrouver dans un autre monde. Le vacarme de la pluie n'était plus aussi insupportable que pendant ma fuite, mon cœur ne tambourinait plus dans mon crâne, tout ça parce qu'il était là.

Il était là, debout, droit sur ses hanches, les bras ballants le long du corps, de l'autre côté de la chaussée. Ses cheveux d'or noir se fondaient dans le décor, tombaient sur ses yeux, une chemise moutarde et un pantalon noir l'habillait. Il était là, à me fixer. La pluie ne l'atteignait pas. Je soupirai en me rendant compte que je devenais à nouveau fou, et je frottai le visage pour tenter de remettre à zéro ma vision. Malheureusement, il était toujours là, de l'autre côté de la route inondée, cette barrière, cet autre monde qui nous séparait. Une vague de tristesse et d'angoisse m'envahi. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je n'essayais même pas de savoir s'il était réel ou pas, car le temps parlait pour moi. La pluie l'ignorait, et cela m'effrayait.

Du coin de l'œil, je regardai le jeune homme, toujours assis sous l'arrêt de bus, à écouter sa musique, les yeux perdus dans le vide. Quant à lui, il me fixait toujours en silence, jusqu'à ce que, au bout d'un certain temps que je ne mesurais plus, sa tête se tourne sur sa gauche. Intrigué, je jetai un œil à ma droite. Soudain, des sirènes résonnèrent au loin à travers la pluie au même moment, et des gyrophares bleus se rapprochèrent à grande vitesse.

Instinctivement, je le regardai à nouveau, de l'autre côté de la chaussée, le bruit strident de la mort appelant de plus en plus proche. Son visage se tourna à son tour vers moi, et avant qu'une première ambulance ne passe entre-nous, je crus apercevoir l'esquisse d'un sourire.

Les sirènes agressèrent subitement mes tympans lorsque je le perdis de vue et je fronçai les yeux d'inconfort. Trois camions de pompier, deux voitures de police ainsi qu'une autre ambulance suivirent la première, leurs gyrophares contrant l'obscurité. Un frisson d'effroi me parcourut l'échine. Qu'est-ce qu'il se passait pour qu'autant de secours interviennent ? Je les suivis du regard quelques secondes, jusqu'à ce qu'ils disparaissent sous la pluie et que les clapotements de la nature reprennent leur musique. Mes muscles se relâchèrent subitement en même temps que mes poumons comprimés par l'angoisse.

Le calme revenu, je soupirai longuement en relevant les yeux devant moi. Personne. L'incompréhension me prit. Qui cherchais-je ? Je tournai furtivement la tête de droite à gauche. Je ne me souvenais plus. Si, c'était lui que j'avais vu. Mais à quoi ressemblait-il ? Mon cœur tambourinait dans mon crâne, et je dus me la tenir pour arrêter tant bien que mal cette sensation de tomber toujours plus bas. Pourquoi je ne me souvenais de rien ? Je savais que je l'avais vu, alors pourquoi il m'était impossible de reconstituer une seule image ?

Soudain, une lumière aveuglante me sortie de mes pensées incessantes et un bruit de moteur résonna. Un bus vint s'arrêter, et à l'ouverture des portes, je regardai le jeune homme se lever pour entrer au chaud. Suis-le, suis-le...

Le chauffeur me jeta un coup d'œil, se demandant sûrement ce que j'attendais pour monter à mon tour. Suis-le, suis-le... Est-ce que Jimin allait accepter ? Est-ce qu'il dormait à cette heure ? La pluie continuait de tomber, l'écran de l'arrêt affichait l'arrêt de la circulation à minuit en raison des risques d'inondation. Cela devait être le dernier. Suis-le, suis-le...

Voyant que je ne bougeais pas, le chauffeur laissa tomber notre échange et se prépara à fermer les portes. Portes qui se fermèrent sous mon nez. Immédiatement, une vague de chaleur m'envahi et la pluie ne m'atteignait plus. Elle était là, derrière les vitres à continuer de tomber, inébranlable. J'eus droit à un regard de la tête au pied de la part du conducteur avant que le bus ne reparte. Manquant de tomber, je m'assis directement à une place de libre. Les quelques personnes présentes me fixaient à leur tour. Une boule d'angoisse me bloqua la gorge et je détournai le regard par-delà la vitre, où les lumières défilaient, pressées.

Je n'osais pas vérifier l'état de mes bras. Le regard insistant des passagers me suffisait déjà trop, cela ne devait pas être très beau. Mes pieds nus, sales, et sûrement en sang, devaient être aussi sujet de leurs pensées. Honteux, je me mordis les lèvres lorsque je vis mon reflet dans la vitre. Des gouttes d'eaux tombaient de mes mèches collées à mon front, mon t-shirt trempé se plaquait à ma peau, me provoquant une sensation désagréable. J'avais froid. Extrêmement froid au point où mes dents se mirent à claquer au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. La voix automatique du bus qui annonçaient les arrêts parlait dans le vide, personne ne voulait descendre pour confronter à nouveau la pluie.

Je me souvenais lequel était pour aller chez Jimin. Est-ce que je devais y aller ? Il devait sans doute dormir, je ne voulais pas le déranger. Je devais faire demi-tour. Un nouvel arrêt fut annoncé, personne ne le demanda, et personne ne se présentait pour monter. Alors le bus continua sa route jusqu'au prochain. Demi-tour, je devais faire demi-tour. Je ne devais pas le déranger. Ce n'était pas grave, j'allais me débrouiller pour passer la nuit autre part. Est-ce que je devais rentrer ? Je pouvais m'enfermer dans mon bureau. Non, je ne voulais pas la voir et être spectateur de ce que j'avais fait, être à nouveau confronté au sang d'autrui qui coulait par ma faute. Je ne pouvais pas rentrer. Depuis combien de temps on roulait ?

Mon cœur lâcha un battement quand un nouvel arrêt fut annoncé. C'était lui. C'était celui de chez Jimin. D'après mes quelques souvenirs flous, il n'y avait qu'à traverser le parking juste en face pour rejoindre son immeuble. En panique, je regardai le bouton de demande d'arrêt, devant moi. Je n'avais qu'à tendre le bras et effectuer une pression dessus pour que le bus me dépose. Appuie, appuie... Je ne voulais pas le déranger. Je devais le voir. Appuyer, je devais appuyer.

Soudainement, celui-ci s'alluma de lui-même. La demande venait d'être passée. Intrigué, je jetai un œil aux passagers présents. Le jeune homme qui attendait plus tôt à l'arrêt lorsque je suis arrivé en trombe me regarda quelques secondes avant de repartir sur son téléphone. C'était lui qui avait appuyé. Il descendait. Est-ce que je devais le suivre à nouveau ? Non, il allait croire que je lui courais après. Cette pensée ne serait pas surprenante en vue de mon état, je pouvais très bien être pris pour un psychopathe qui venait de tuer quelqu'un. Mes bras me faisaient toujours aussi mal, mais l'eau et le froid semblaient avoir fait partir les fourmis.

Le bus s'arrêta, le jeune homme se plaça devant les portes qui s'ouvrirent. Immédiatement, le vacarme de la pluie m'agressa les tympans, et une bouffée d'air froid me fit frissonner. Je devais sortir. Le parking était là, juste derrière l'arrêt. Plus loin, j'apercevais l'immeuble de Jimin, troublé par le mauvais temps. Il fallait que je sorte. Les portes n'étaient ouvertes que quelques secondes.

Une petite sonnerie résonna et mon instinct prit brutalement contrôle de mes mouvements. D'un instant à l'autre, je me retrouvai debout, l'équilibre à moitié perdu, le froid me rongeant à nouveau, et la pluie s'abattant encore plus fort qu'avant. J'avais l'impression de marcher dans un pédiluve, la chaussée commençait à déborder sur les trottoirs. Tournant la tête de droite à gauche, je vis le jeune homme trottiner rapidement en direction de l'immeuble que je devais moi-même rejoindre.

Sans plus de questions, je me mis à courir dans la même direction, passant sur le parking où je garais autrefois ma voiture. Est-ce qu'il allait m'accepter ? Est-ce que j'avais le droit de venir chez lui, dans cet état, à une heure si tardive ? La pluie frappait mon visage, le souffle me manquait et mes poumons brûlaient à nouveau. Et pourtant, à cet instant, à courir à m'en déchirer les muscles, passant entre les voitures et voyant la lumière du hall se rapprocher, j'avais l'impression d'être libre. Libre, mais terrifié de ce sentiment qui me suivait depuis que j'avais fui mon appartement.

Par une étrange coïncidence, le jeune homme s'arrêta devant la porte d'entrée et l'ouvrit grâce à un badge. Il habitait-là. Jetant un œil par-dessus son épaule, il me vit arriver, et me laissa entrer avec un instant d'hésitation. Ma respiration sifflait, ma poitrine me faisait souffrir le martyr, mais j'avais réussi. Il ne me restait plus qu'à monter. Nous franchisâmes la seconde porte, le jeune homme toujours méfiant de ma présence. Dans la cage d'ascenseur, je me mis dans un coin, au fond, le plus loin de lui pour ne pas le déranger plus que ça. Lui aussi avait pris un bon coup de pluie, il en fallait peu ce soir pour être trempé jusqu'à la moelle. Il appuya sur le numéro de son étage et me jeta un regard, m'interrogeant sur quel étage je voulais me rendre. D'un murmure, je lui indiquai l'avant-dernier, la gorge en feu. Les portes se fermèrent et nous commençâmes à monter dans le plus lourd des silences. La tête baissée, je n'osais regarder nulle part.

Être ici me remémorait des bons comme mauvais souvenirs. Mon cœur battait si fort qu'il résonnait dans mon crâne, mes veines pulsaient désagréablement et je n'arrivais pas à retrouver un souffle correct à cause de ma douleur aux poumons. Par quelle bonté Dieu m'avait-il accordé cette chance de tomber sur un habitant de cet immeuble ? Jamais je n'aurais pu entrer. La seule option que je voyais si cela n'avait pas été le cas, aurait été de sonner à l'interphone, ce qui voulait dire sûrement réveil en sursaut. Tapoter à la porte était plus discret.

Et s'il n'était pas là ?

Subitement, mon sang ne fit qu'un tour et ma vue se troubla. Peut-être était-il parti autre part pour la nuit, en soirée ou quoique ce soit. C'était possible. Je secouai frénétiquement la tête pour m'ôter cela de la tête. Non, je devais garder espoir. Faire demi-tour. Je ne voulais pas le déranger. Mes bras dans mon dos pour ne pas voir leur état, je fixais mes pieds nus, plein de sang, de saletés, et d'une blancheur affolante à cause du froid. Je sentais mon corps trembloter, même si j'étais à nouveau au chaud. Le changement brusque de température à répétition n'était pas bon, tomber encore plus malade n'était pas une option.

Quand l'étage du jeune homme arriva, il me fit un signe de la tête que je rendis avant de sortir de l'ascenseur. Je n'arrivais pas à croire que si j'avais attendu un peu plus longtemps avant de m'enfuir, j'aurais loupé cette chance de pouvoir entrer dans l'immeuble. Cela me paraissait trop parfait pour que ce soit une simple coïncidence. D'un soupir agacé, je lâchai un râlement pendant que les étages continuaient de défiler. Vingt, vingt-et-un...

Puis les portes s'ouvrirent. Automatiquement, j'en sortis, et me figeai. Sa porte était là, juste devant moi, à quelques mètres. Doucement, je m'approchai, sur le qui-vive. Je voulais partir. J'étais effrayé qu'il ne soit pas là, qu'il ne veuille pas m'ouvrir, et que je doive passer ma nuit sous un arrêt de bus, à regarder l'eau monter jusqu'à l'inondation. Comment allait Maman ? Est-ce qu'il pleuvait autant chez nous ? Est-ce qu'elle était en sécurité ?

Leurs noms étaient toujours inscrits au-dessus de leur sonnette. Malheureusement, il m'était impossible de bouger un seul doigt, faire le moindre pas, que ce soit en avant, ou en arrière. Comme si le temps venait de s'arrêter. Est-ce que je devais tapoter à la porte, ou sonner ? Sonner allait les réveiller. Mais taper n'allait pas être assez fort, leur chambre étant à l'étage. Qu'est-ce que je devais faire ? Demi-tour. Pour aller où ? Je voulais être en compagnie de quelqu'un au risque de faire un malheur.

Grelotant, je commençai à paniquer. Le froid causé par l'humidité de mes habits, mes cheveux ainsi que la douleur me rendaient fou. La pression retombait petit à petit, amplifiant cette torture. Sur le sol, une flaque d'eau se formait à mes pieds où le sang donnait une teinte rosée. L'air me manquait de plus en plus, l'indécision me rendait dingue, les murs se rapprochaient de moi, aspirant l'oxygène. Brutalement, je pris ma tête entre mes mains tremblantes et tirai mes cheveux sans aucun contrôle. Pourquoi étais-je si faible ? Comment l'étais-je devenu ? Ce n'était pas possible, je vivais en plein cauchemar. Oui c'était ça, je m'étais directement endormi après m'être couché dans mon lit et j'étais actuellement en train de rêver. Rien de tout cela n'était réel. Je n'avais rien fait à Zhu. Tout ce que j'avais à faire était de me réveiller, et tout pourrait redevenir comme avant. Mais quand était cet avant ? Jusqu'à quand remontait-il ? Une heure ? Un mois ? Un an ? Deux ans ? Oui, je voulais remonter le temps jusqu'au jour où j'ai commis l'erreur d'être faible et mettre la vidéo entre de mauvaises mains. L'avais-je tuée ?

Mais alors que la panique me rendait complètement fou à ne pas me rendre compte de tout ce qu'il se passait autour, un bruit de sonnette résonna dans le silence olympien du couloir. Un frisson d'effroi me traversa l'échine et je me figeai, les yeux grands ouverts à mes pieds. Le bruit venait de devant moi. Quelqu'un venait d'appuyer. Avec appréhension, je levai lentement la tête vers la porte lorsque mon cœur loupa un battement.

Le temps d'une demi-seconde, une ombre distincte se tenait devant la sonnette avant de disparaitre. Une ombre que je connaissais plus que trop bien. Non, ce n'était pas possible. Ce n'était pas lui, c'était-

Et la porte s'ouvrit.

Elle s'ouvrit sur Jimin, la mine neutre, en tenue décontractée. Mon sang ne fit qu'un tour lorsqu'il me regarda de bas en haut, insistant sur mes bras qui tombèrent le long de mon corps, et que ses sourcils se froncèrent. Malgré cela, il ne semblait pas si surpris de me voir, mais ça ne changeait rien au fait que je voulais m'enfuir à nouveau. Qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Comment se faisait-il que la sonnette eût retentie alors que je ne l'avais pas touchée ? Mais alors que je voulus faire un pas en arrière, Jimin se pencha rapidement vers moi et me prit par le col pour me tirer vers lui.

Puis la porte claqua, et une douce chaleur me berça jusqu'à ce que je tombe sur Minkyung, debout dans le couloir sombre.















~~~

j'ai mis un mois à écrire ce chapitre. C'est bon pour vous ?

bref, malheureusement l'update de la semaine prochaine n'est pas du tout certaine, car je n'ai pu commencer à écrire le chapitre qu'hier et il va être peut-être aussi long que celui-ci.

dans tous les cas, je suis désolée de ça et vous tiendrai au courant des avances via mon profil, insta ou twitter

j'espère que ce chapitre vous aura plus, passez une bonne soirée, je vous aime !



-traylexe

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