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𝐎𝟕 | 𝐈𝐍𝐂𝐑𝐎𝐘𝐀𝐁𝐋𝐄 𝐌𝐀𝐈𝐒 𝐕𝐑𝐀𝐈.


 ִֶָ☾. 𝐓𝐇𝐄 𝐅𝐋𝐀𝐑𝐄𝐒 | 𝐓𝐇𝐄 𝐁𝐄𝐆𝐈𝐍𝐍𝐈𝐍𝐆


𝐎𝟕 | 𝐈𝐍𝐂𝐑𝐎𝐘𝐀𝐁𝐋𝐄 𝐌𝐀𝐈𝐒 𝐕𝐑𝐀𝐈.


SIANA restait figée, incapable de croire ce qu'elle venait d'entendre. Les mots de son père résonnaient dans sa tête, comme une cloche dont le son refusait de se dissiper. Sa mère. C'était elle. La cause de tout. La responsable de leur enfermement, de leur souffrance, de la présence de toutes ces âmes perdues sur cette île maudite. Une vague glacée lui traversa l'échine tandis qu'elle réalisait l'ampleur de cette trahison.

Depuis toujours, Siana n'avait jamais su accorder à sa mère un véritable rôle dans sa vie. Pour elle, cette femme n'avait été rien de plus qu'une génitrice, une silhouette lointaine, souvent absente, parfois cruelle, mais jamais un repère, encore moins un refuge. Elle n'avait jamais ressenti cette tendresse filiale, ce besoin de ressembler à elle, contrairement à Lenn.

Lenn, elle, avait toujours levé les yeux vers leur mère comme vers une étoile à atteindre. Elle l'admirait avec ferveur, souhaitant un jour lui ressembler, copier sa force, son élégance, sa froide assurance. Et voilà qu'en un instant, cet idéal s'effondrait sous le poids d'une vérité insupportable.

Siana sentit une colère sourde monter dans sa poitrine, un mélange amer de révolte, de dégoût et de peine. Comment cette femme avait-elle pu trahir sa propre famille ? Comment avait-elle pu sacrifier tant de vies ? Rien n'avait de sens. Rien... sauf cette impression, longtemps enfouie, que leur mère n'avait jamais été du bon côté de l'histoire.

Elle n'avait pas hésité une seule seconde. Sans la moindre émotion apparente, sans une once d'humanité, leur mère avait ordonné l'exécution de son propre mari. Elle l'avait laissé mourir sans penser une seule seconde ce que pouvait ressentir  ses filles, sans sourciller, sans détourner le regard. Puis, comme si cela ne suffisait pas, elle avait fait en sorte que ses deux enfants, ses propres filles, soient envoyées dans un endroit inconnu, sans explication, sans préparation, sans même se demander si elles y survivraient.

Siana n'arrivait pas à comprendre. Quel genre de mère pouvait faire cela ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, douloureuse, obsédante. Elle l'avait répétée mentalement des dizaines de fois, comme si une réponse allait finir par surgir du chaos.

Ce genre de mère, elle l'avait toujours pensé réservé aux scénarios de fiction. Aux films dystopiques. Aux séries pleines de complots et de trahisons familiales. Ces mères cruelles, manipulatrices, dénuées d'amour... elle ne les avait vues qu'à travers un écran. Et pourtant, la réalité venait de lui prouver que ce genre de monstres existait bel et bien. Elle n'était pas une invention dramatique pour faire frissonner le spectateur. Non. Ce genre de mère existait. Et la sienne en était la preuve vivante.


Comment avait-elle pu ? songea Siana, les traits figés par l'horreur. Elle n'arrivait pas à détacher son esprit de cette image obsédante : celle de sa mère, grande silhouette blonde à l'allure impeccable, souriant d'un air hypocrite à quiconque croisait sa route. Une façade parfaite, polie, presque irréprochable. Mais une fois les regards détournés, une fois les murs refermés... elle se transformait. Froidement, silencieusement, elle devenait un cauchemar. Un être manipulateur, glacial, capable de briser sans ciller ceux qui lui faisaient confiance.

Lenn, elle, ne résista pas à l'émotion. Elle s'effondra dans les bras de leur père, incapable de retenir plus longtemps les sanglots qui déchiraient sa poitrine. Pour elle, c'était plus qu'un choc. C'était un monde qui s'écroulait. Elle avait toujours été si proche de leur mère, bien plus que Siana ne l'avait jamais été. Pendant que la cadette préférait suivre leur père dans ses activités – parfois un peu trop brutes, un peu trop "masculines" –, Lenn, elle, baignait dans l'univers tendre et complice que leur mère lui offrait. Les virées shopping, les discussions légères sur les garçons, les éclats de rire autour d'un vernis à ongles ou d'une robe de soirée... Siana, souvent, restait en retrait, seule lorsque leur père s'absentait. Elle s'était habituée à cette distance. Mais pour Lenn, c'était toute une illusion de bonheur qui venait de voler en éclats.

Elyes serra tendrement sa fille aînée contre lui, glissant ses doigts dans ses cheveux auburn avec une douceur paternelle infinie. Il ne disait rien d'extraordinaire, seulement ces mots simples et calmes, murmurés comme une prière : « Ça va aller... tout ira bien maintenant... » Des mots pour panser, pour apaiser, pour ancrer dans le présent.

Puis, doucement, il releva les yeux. Son regard passa sur chacun des adolescents présents dans la pièce, s'attardant sur leurs visages éprouvés. Il voyait en eux ce mélange de peur, de colère, d'incompréhension. Mais il voyait aussi une force, fragile encore, mais réelle.

Il relâcha Lenn, qui s'essuya discrètement les joues avant de revenir près de Siana. Sans un mot, elle glissa sa main dans celle de sa cadette, la pressant doucement. Elle ne voulait plus ressentir cette solitude étouffante, ce vide qui l'avait happée quelques minutes plus tôt. Elle avait besoin de sa sœur, plus que jamais. Et Siana, malgré tout ce qu'elle ressentait, ne la repoussa pas.


Tous ceux qui vivent sur cette île possèdent des capacités que personne ne peut expliquer. Mais parmi vous... six sont bien au-dessus des autres, reprit Elyes, sa voix grave résonnant dans le silence pesant. Et c'est précisément cela qui effraie le gouvernement.

Siana tourna instinctivement la tête pour observer les visages autour d'elle. Ils formaient un cercle étrange, lié par des secrets qu'aucun d'eux n'avait demandé à porter. Lenn écoutait attentivement, les sourcils froncés et les bras croisés, absorbée par les révélations de leur père. Robb, toujours un peu sur la réserve, semblait pour une fois pleinement concentré, le regard figé sur Elyes, comme s'il cherchait à deviner ce qu'il allait dire ensuite. Liao, silencieux, s'était légèrement penché en avant, attentif, les traits tendus. Quant à Joshua, il fixait Elyes avec une intensité presque douloureuse, comme si chaque mot creusait davantage une blessure encore à vif.

Ils avaient tous cette même expression marquée par le sérieux, cette maturité qui ne s'acquiert qu'à travers les épreuves. Ce regard de ceux qui n'étaient plus vraiment des adolescents, mais pas encore des adultes. Seules les deux plus jeunes, Siana et Elea, semblaient encore suspendues entre l'enfance et l'âge des responsabilités.

Elea, justement, baissait les yeux vers ses pieds, évitant soigneusement les regards. Ses mains s'agitaient nerveusement sur ses genoux, ses doigts s'enchevêtrant dans un geste qu'elle répétait sans même s'en rendre compte. Elle n'écoutait plus vraiment. Ou plutôt, elle refusait d'entendre. Tout ce qu'elle voulait, c'était une vie normale. Une vie d'adolescente, avec des amis, des cours, des rêves ordinaires. Pas des pouvoirs incontrôlables, pas cette île étrange, ni cette peur constante.

Siana l'observa avec une boule dans la gorge. Elle comprenait. Oh, elle comprenait trop bien. Elle aussi voulait autre chose. Une existence simple, débarrassée de toutes ces révélations qui lui coupaient le souffle. Mais la vérité les rattrapait, implacable. Elles avaient peur, toutes les deux. Les mêmes angoisses, les mêmes doutes, la même impression d'être emportées par quelque chose de bien trop grand pour elles.

L'idée qu'elles possédaient des capacités "inexplicables" suffisait à glacer le sang dans ses veines. Que signifiait tout cela, concrètement ? Que leur réservait l'avenir ? Fallait-il maintenant apprendre à se battre ? Allaient-ils devoir fuir ? Se cacher ? Mourir ?

Ces questions tourbillonnaient dans son esprit sans trouver d'écho. Elle avait beau chercher des réponses, elle sentait au fond d'elle que beaucoup resteraient sans voix, comme des énigmes qu'aucun adulte ne prendrait jamais le temps d'expliquer..


Ceux qui ont des capacités bien plus puissantes que les autres... c'est vous, déclara Elyes d'un ton solennel. Vous six.

Il étendit lentement les bras devant lui, désignant chacun des adolescents réunis en demi-cercle face à lui. Son regard passait de l'un à l'autre avec une forme de fierté, comme s'il voyait en eux l'espoir d'un avenir meilleur — ou peut-être le dernier rempart contre une menace invisible.

Siana sentit son cœur rater un battement. À ses côtés, Elea semblait tout aussi bouleversée. L'angoisse monta d'un cran, se mêlant à la chaleur étouffante de la peur. Une sueur froide perla sur leur front respectif tandis que les mots de leur père résonnaient encore dans leur esprit. Jusqu'à présent, elles savaient qu'elles étaient différentes. Mais apprendre qu'elles faisaient partie des plus puissants... c'était une toute autre histoire. Ce n'était plus de simples pouvoirs qu'elles devaient apprivoiser. C'était une force, brute et dangereuse, dont elles ne connaissaient ni les limites ni l'origine.

Elles étaient terrifiées.

Et... comment sommes-nous censés connaître nos capacités ? demanda soudain Joshua, brisant le silence tendu qui s'était installé. Sa voix était ferme, mais son regard trahissait une inquiétude profonde.

Chacun d'entre vous possède une marque unique, quelque part sur son corps, répondit Elyes calmement. Cette marque est le reflet de vos facultés.

Siana baissa aussitôt les yeux vers ses bras, les inspectant frénétiquement. Elle retourna ses poignets, scruta chaque grain de peau, cherchant la moindre trace, une cicatrice étrange, une couleur anormale... rien. Elle pensa à ses jambes, dissimulées sous son pantalon usé et couvert de poussière. Était-ce là, caché quelque part ?

Ça ne sert à rien de chercher à l'œil nu, intervint Elyes, s'approchant d'elle. Ces marques ne sont pas visibles de façon ordinaire.

Alors comment fait-on pour les voir ? s'enquit Robb, les sourcils froncés.

Sans un mot, Elyes glissa une main dans la doublure intérieure de son manteau et en sortit un long objet cylindrique, presque comme un sceptre. Le bâton, noir comme la cendre, brillait par endroits de reflets métalliques, et à son extrémité reposait une pierre aux nuances violettes, semblant vibrer faiblement dans l'air.

Avec ceci, dit-il simplement, en s'approchant lentement de Robb.

Le jeune homme se raidit légèrement à son contact. Elyes leva l'instrument, le tenant à quelques centimètres de la peau de Robb, juste au niveau de son épaule. La pierre pulsa doucement, puis émit un éclat lumineux.

Une forme apparut alors, gravée dans la chair, comme dessinée par une encre invisible. Siana retint sa respiration. Une marque étrange, aux lignes complexes, se révélait sous leurs yeux, scintillant à peine, comme si elle avait toujours été là, attendant d'être éveillée.

Et ce n'était que le début.

Ne bouge surtout pas, souffla Elyes, concentré.

Robb hocha légèrement la tête et se figea aussitôt, les bras le long du corps, le regard droit, presque militaire. Elyes approcha lentement la baguette de sa peau, la tenant avec une prudence presque sacrée. La pierre violette à son extrémité vibrait d'une énergie sourde, silencieuse. Il la fit glisser doucement le long du visage du garçon, mais rien ne se produisit. Ni éclat, ni trace. Il descendit ensuite vers le cou, lentement, méticuleusement. Toujours rien.

Pendant ce temps, Joshua, les bras croisés, observait la scène avec un œil noir. Lui, il savait ce qu'était ce bâton. Il l'avait lu dans un ancien grimoire qu'il avait réussi à conserver, dissimulé sous son lit de fortune dans sa cellule. Ce n'était pas un simple artefact. C'était la Bagnigique — une relique rare et ancestrale, conçue pour détecter les êtres dotés de pouvoirs hors du commun. Elle remontait à plusieurs siècles, à une époque où ceux qu'on appelait "sorciers" étaient pourchassés, traqués, éliminés. Beaucoup de ces bâtons avaient été détruits dans un ultime acte de résistance, afin d'éviter que leurs possesseurs ne soient démasqués.

Le regard d'Elyes se posa sur les larges épaules de Robb. Il abaissa la baguette à cet endroit précis, et soudain, la pierre violette pulsa doucement. Une lumière discrète, mais indiscutable, vibra vers la droite.

Tu veux bien enlever ton haut, s'il te plaît ? demanda-t-il calmement.

Robb acquiesça d'un signe bref, et dans un geste assuré, il ôta son tee-shirt, dévoilant un torse ferme, sculpté par des années d'efforts, sans être exagérément musclé. Siana, malgré elle, sentit son regard s'attarder sur lui. Ce n'était pas le corps d'un Apollon, non... mais il avait quelque chose. Une prestance, une chaleur animale, et une certaine forme de calme dans ses gestes. Elle rougit intérieurement, consciente qu'elle n'était pas vraiment experte dans ce genre de choses.

Elyes, impassible, approcha à nouveau la baguette de l'épaule nue. La pierre violette se mit à briller intensément. Une forme commença alors à émerger de la peau de Robb, comme gravée par une lumière invisible. Trois cercles entrelacés, et, en leur centre, un M parfaitement dessiné.

Incroyable... murmura Elyes, les yeux écarquillés. Un métamorphe...

Un méta quoi ? s'exclama Lenn, fronçant les sourcils.

Le père éloigna doucement la baguette. Robb profita de ce moment pour remettre son tee-shirt, sous le regard encore légèrement troublé de Siana.

Un métamorphe, reprit Elyes avec un enthousiasme débordant. Robb possède la capacité de se transformer... en qui il veut. En objet. En animal. En n'importe quoi.

Il avait l'air presque euphorique, comme un enfant découvrant un jouet rare au pied du sapin. Son sourire débordait de fierté et d'admiration.

Robb, lui, fixait ses propres mains avec un mélange de surprise et d'excitation. L'idée de pouvoir devenir qui — ou ce — qu'il voulait venait d'ouvrir un champ des possibles vertigineux. Il esquissa un sourire amusé, presque fier.

Sérieux ? Je peux devenir un tigre ? Ou genre... un fauteuil ? demanda-t-il, à moitié moqueur, à moitié rêveur.

Elyes sourit en coin.
Il te suffira d'apprendre comment. Mais oui, en théorie... tu le peux.

Et dans le regard de Robb, un éclat nouveau venait de naître : celui d'un pouvoir enfin révélé — et d'un avenir qui ne serait plus jamais le même.

Mais... comment je suis censé me transformer ? demanda Robb, intrigué mais aussi légèrement nerveux.

C'est une chose que je vous expliquerai en temps voulu. Il faut d'abord apprendre à être patient, répondit Elyes, le ton calme et ferme.

Puis, sans attendre, il se tourna vers Elea. La petite blonde recula légèrement, hésitante, mais finit par se tenir droite, les poings serrés. Elyes s'approcha d'elle avec la même précision qu'avec Robb. Il leva lentement la baguette, la fit glisser le long de son visage, puis descendit vers son cou.

La pierre violette vibra soudainement et s'illumina vivement au niveau de sa gorge. Une lueur dorée jaillit brièvement de sa peau, révélant une marque en forme de flamme, fine et nerveuse, comme dessinée par un pinceau incandescent.

Tu es une pyrokinésiste, déclara Elyes. Tu as le pouvoir de contrôler le feu. C'est une faculté aussi merveilleuse que redoutable. Tu vas devoir apprendre à la maîtriser, et surtout, à contrôler tes émotions. Le feu est un reflet de ce que tu ressens.

Elea baissa les yeux vers ses mains. Elle les leva lentement devant elle, les observant comme si c'était la première fois. Pourtant, au fond d'elle, ce n'était pas une surprise. Elle se doutait depuis longtemps qu'elle avait un lien avec les flammes — les ravages qu'elle avait causés sur l'île en étaient la preuve. Mais maintenant qu'on le lui confirmait... c'était différent. Plus réel. Plus effrayant.

Elyes se dirigea ensuite vers Joshua, toujours impassible. Le garçon le regardait s'approcher sans ciller, les bras croisés. La pierre de la baguette scintilla presque immédiatement, au niveau de son poignet. Une marque composée de deux carrés imbriqués apparut, fine et symétrique.

Fascinant... murmura Elyes. Tu as le pouvoir de manipuler les molécules. Cela signifie que tu peux ralentir ou figer le temps, mais aussi accélérer les particules pour provoquer des explosions.

Un sourire apparut aussitôt sur les lèvres de Joshua. Il savait que son pouvoir ne passerait pas inaperçu. Il avait toujours espéré avoir un don hors du commun — mais contrôler le temps ? C'était au-delà de toutes ses attentes. Même Siana devait reconnaître que c'était impressionnant. Il y avait quelque chose de presque divin dans cette capacité.

Le père poursuivit avec Liao, qui observait la scène avec une curiosité contenue. Comme pour les autres, Elyes fit glisser la baguette sur son corps, et cette fois, la lumière jaillit au niveau de son cou. Une marque fine en forme d'éclair s'inscrivit dans sa peau.

Psychokinésie, annonça Elyes. Tu es capable de contrôler l'électricité par la pensée. Et avec ce don vient une capacité secondaire : celle de courir à une vitesse phénoménale.

Liao resta bouche bée. Ses yeux brillèrent d'un mélange d'excitation et d'incrédulité. Il tourna la tête vers sa sœur Elea et lui adressa un sourire émerveillé. Celle-ci s'approcha sans attendre et lui prit la main. Le lien fraternel qui les unissait semblait renforcé par la découverte de leurs dons. Liao s'imaginait déjà parcourir le monde à toute allure, traverser des villes entières en quelques minutes. Le simple fait d'y penser le rendait euphorique.

Elyes se tourna ensuite vers Lenn. Il l'observa avec une tendresse discrète, puis approcha la baguette de sa peau. La pierre se mit à briller entre son cou et sa poitrine, côté droit. Une forme douce, semblable à une goutte d'eau, apparut. En son centre, une petite croix s'inscrivit.

Aquakinésie, dit-il d'un ton affectueux. Tu peux générer de l'eau sous toutes ses formes : liquide, glace, vapeur... Tu peux geler ou inonder selon ton intention. Mais ce n'est pas tout. Tu possèdes également le don de télépathie, que tu peux utiliser uniquement avec des membres de ta famille.

Lenn contempla ses mains avec un émerveillement profond. Une larme glissa discrètement sur sa joue. Depuis toute petite, elle avait toujours eu un amour inconditionnel pour l'eau. Impossible de la faire sortir de la mer lors des vacances en famille. Ce pouvoir... c'était comme si son corps l'avait toujours su.

Puis, Elyes fit enfin face à sa plus jeune fille, Siana. Elle sentit son cœur se serrer. C'était à son tour. Elle n'arrivait pas à respirer correctement, comme si l'air lui échappait. Elle savait déjà qu'elle était capable de déplacer des objets... ou des personnes... par la pensée. Mais la peur, elle, restait intacte. Et si son don était trop dangereux ? Et si elle devenait un monstre ?

N'aie pas peur, lui murmura doucement son père en lui prenant la main. Tu es prête.

Siana ferma les yeux un instant, prit une profonde inspiration, puis acquiesça. Elyes approcha lentement la baguette de son visage. Elle sentit une chaleur douce se propager sur sa peau. Soudain, la pierre se mit à briller au bas de sa joue droite, et la lumière révéla des petites vagues ondulantes, courant jusqu'à son cou, accompagnées d'une fine croix, identique à celle de Lenn.


C'est magnifique, murmura Elyes en observant les vagues lumineuses sur le visage de sa fille. Télékinésie. Tu es capable de déplacer des objets, ou même de les appeler à toi, simplement par la force de ta pensée. Mais ce n'est pas tout. Tu peux aussi créer des portails, traverser l'espace... et comme Lenn, tu possèdes le don de télépathie, limité aux membres de ta famille.

Il resta un instant silencieux, comme pour savourer la révélation, puis recula de quelques pas, le regard circulant lentement sur chacun des adolescents. Un à un, il les contempla, avec une lueur d'admiration dans les yeux.

Pour la plupart, découvrir un tel pouvoir aurait été source d'excitation. Qui ne rêverait pas de soulever des objets sans les toucher ? De traverser l'espace par des portails ? D'entendre les pensées d'un proche ? Mais pour Siana, tout cela n'avait rien de rassurant. Bien au contraire. Cette découverte ne faisait qu'alourdir l'angoisse qui nouait déjà sa poitrine. Son regard fuyait, perdu, comme si elle cherchait une sortie invisible à cette situation qui la dépassait.

Lenn, qui avait perçu cette peur muette, serra doucement sa main. Ce simple geste eut un effet apaisant, comme une ancre dans la tempête. Siana leva les yeux vers elle, croisant son regard, et y trouva un éclat de force tranquille. Cela suffit à lui redonner un peu d'équilibre.

Elyes reprit alors la parole, sa voix prenant une teinte plus grave.

Maintenant que vous connaissez vos capacités, il va falloir apprendre à les contrôler. Car c'est seulement ainsi que nous pourrons tous revenir à Newanges. Mais je vous en avertis... Vous devez être forts, non seulement physiquement, mais surtout émotionnellement. Ne laissez jamais une émotion prendre le dessus. Qu'elle soit la peur, la colère, la joie même... Si elle vous dépasse, la noirceur finira par envahir votre cœur.

Siana ne put s'empêcher de penser que ce discours, censé rassurer, avait au contraire fait grimper l'angoisse d'un cran supplémentaire. Super. Maintenant on risque aussi de devenir des monstres si on ressent trop de trucs. pensa-t-elle, amère.

Liao, resté silencieux jusque-là, prit enfin la parole.

Mais... nos pouvoirs. Comment vont-ils apparaître ? Et quand ?

Elea, Siana, répondit calmement Elyes en se tournant vers elles, quand vos dons se sont manifestés, qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ?

Elea ne réfléchit pas longtemps.

La peur, répondit-elle d'une voix douce. Mais pas une petite frayeur, non. C'était... paralysant. J'étais figée, incapable de bouger. Cette Ména... elle me terrorisait.

Elyes hocha la tête, satisfait de la réponse, puis se tourna vers sa plus jeune fille.

Et toi, Siana ?

Elle sentit aussitôt les regards se poser sur elle, ce qui ne fit qu'amplifier son malaise. Elle chercha dans sa mémoire, mais tout lui semblait flou. Comme un rêve mal rangé dans un coin de son esprit. La scène sur la plage... la panique, les cris... son cœur qui battait si fort...

Je ne sais plus vraiment, répondit-elle en fronçant les sourcils. Je crois... que c'était de la colère. De la rage. J'avais cette impression étrange... comme si quelqu'un d'autre, que je ne connaissais pas, avait pris possession de mon corps.

Elyes sourit, presque triomphant.

Voilà. Vous avez votre réponse !

Tous le regardèrent, incrédules. Le silence tomba, comme suspendu. Personne ne comprenait où il voulait en venir.

Euh... pardon, mais... j'ai pas suivi, avoua Liao en se grattant la tête, visiblement gêné.

Moi non plus, ajouta Lenn. Qu'est-ce que ça a à voir avec l'apparition de nos pouvoirs ?

C'est Joshua qui prit alors la parole, sa voix calme rompant le silence.

L'apparition de nos dons est déclenchée par une émotion intense. Peur, colère, chagrin... quelque chose de profond.

Elyes acquiesça avec enthousiasme.

Exactement, Joshua ! C'est ainsi que ça fonctionne. Chez Elea, c'était la peur. Chez Siana, la colère. Les pouvoirs se manifestent lorsqu'une émotion devient si forte qu'elle dépasse les limites du corps. Ils se déclenchent alors... souvent sans prévenir.

Donc... on est condamnés à devoir flipper ou péter les plombs pour les utiliser ? demanda Robb, une moue dubitative sur le visage.

Elyes rit doucement.

Pas uniquement. Bien sûr, il existe un autre moyen, plus sûr et plus maîtrisé. Il suffit d'apprendre à canaliser ces émotions, à les comprendre. Et surtout, à vous concentrer. En vous focalisant profondément sur ce que vous ressentez, sur l'essence de votre pouvoir, vous pouvez l'atteindre sans le laisser vous dominer.

Il marqua une pause, le regard malicieux.

Et justement... j'ai une petite idée pour commencer.

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