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𝒐4 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒑𝒊𝒆𝒓𝒓𝒆𝒔 𝒅𝒖 𝒄𝒊𝒆𝒍❞

I'll get back to all my hobbies
Like raising taxes
and tormenting the poor
❝❞

     Si le château du roi de Carmélide semblait imposant, il en était autant de son seigneur. Le roi Leodagan dégageait un charisme indéniable, encore plus une frayeur à chacun qui se mettait en travers de son chemin. Ralia, Calogrenant et leurs comparses étaient arrives au château juste avant la tombée de la nuit. L'édifice était en pierres et s'étalaient au sommet d'une colline. Les alentours étaient déserts avec simplement une forêt qui bordait les flancs de ladite colline. Un vent continuel battait les étendards, donnant l'impression d'un roulement de tambours.

❝ Je vous prévient, avait commencé Calogrenant, Leodagan c'est pas un gentil. Alors tenez vous à carreau et évitez la moindre connerie. Il est capable de vous expédier aux geôles pour un rien.

— C'est bien, parce que je ne suis coupable de rien. Ce n'est pas de ma faute si on reçoit aucune nouvelle de chez vous ! Je ne savais pas que vous étiez en guerre.

— Dame Ralia, ce n'est pas parce que vous êtes la fille d'un chef de clan qu'on doit vous traiter avec égard. Enfin normalement on doit le faire mais c'est la guerre. Chaque inconnu est un potentiel espion ou ennemi. Si ça se trouve il vous relâchera !

— Dieu que je plains votre femme ! Vous m'avez l'air bien coincé.

— J'apprécie le compliment, Dame Ralia. Mais ma femme s'est barrée et m'a quitté en disant que j'étais un gros connard et que chez Lancelot ils seraient sans doute plus aptes à diriger. Et ce n'est plus ma femme parce que cette idiote à fait annuler notre mariage par un prêtre chrétien. C'est stupide.

— Je suis navrée, Seigneur.

Ralia grimaça. Elle n'avait pas l'habitude d'entendre autant de jurons dans la bouche d'un homme... ou d'un être humain à vrai dire. Elle qui avait grandi dans un foyer, choyée et bien éduquée, c'était un bien étrange contact avec le monde extérieur.

— Non, c'est rien. C'était une femme bizarre. Et ça fait du bien de me retrouver seul, j'ai enfin le lit pour moi, sans personne pour me piquer les fourrures.❞

     Sylís ravala un petit gloussement. Finalement, ces gens de Bretagne semblaient aussi humains que ceux qu'elle avait connu. Après avoir posé un pied sur le sol, elle se rendit enfin compte de l'imposante forteresse. Des machines de guerre remplissaient les cours et il lui semblait distinguer la construction de tourelles de surveillance mobiles. À en juger par les soldats qui s'activaient, Leodagan n'avait pas lésiné sur l'éventualité d'une guerre à venir. Et maintenant qu'elle était là, il devait être ravi !
La petite troupe traversa un nombre de couloirs tous parés de portraits hideux ou d'armes. L'un de ces portraits représentait un homme tout sourire mais il y avait un je-ne-sais-quoi de terriblement effrayant. Ralia quitta sa contemplation avec soulagement.

     La salle dans laquelle ils furent introduits resplendissait de pouvoir. À part les armes, des cartes et livres de stratégie s'affalaient sur une table rectangulaire très large, avec un bois très foncé. Le sol était jonché de dépêches et de rapports, sans doute de généraux ou d'espions. Au fond, enfin, siégeait le roi Leodagan. Le front ceint d'un unique bandeau de cuir, il était incontestablement le plus majestueux de tous. Les traits de son visage étaient durs, comme taillés au couteau. Sa barbe noire était foisonnante comme négligée depuis quelques semaines. À ses côtés siégeait une femme, tout aussi rayonnante que lui. Ses longs cheveux sombres étaient lâchés sur sa poitrine. Elle était vêtue d'une tunique rouge et presque guerrière. Sa femme, pensa Ralia avec une petite honte à ne pas s'en être rendue compte plus tôt.

     ❝ Seigneur Leodagan, commença Calogrenant, voici Ralia euh...

— Ralia Sylís Mēidenn, Seigneur. Je suis la fille de Macrath Glens, le Thane de Féroé. Il est mort il y a quelques semaines et j'ai embarqué pour annoncer sa mort au Roy Arthur. Or, lorsque nous avons débarqué, le sieur Calogrenant ici présent nous a capturé — mon escorte et moi — et nous a appris qu'Arthur avait disparu et qu'une guerre contre Lancelot avait été déclarée. Il nous a fait prisonniers et nous a emmené ici.

— Pas exactement prisonniers, plutôt hôtes de marque ! Corrigea le Calédonien.

Ralia lui lança un regard désapprobateur. Leodagan se redressa de son trône. Il fixa la jeune femme et sa troupe avec audace, ce qui la décontenança.

— Sire, tenta-t-elle de nouveau, puisque qu'Arthur n'est plus là, pourquoi ne pas nous autoriser à rentrer dans nos îles ? Mon peuple m'attend et je ne suis pas une menace !

— Je vais y réfléchir, mais venez d'abord manger avec nous.❞

     Leodagan les amena dans une salle à manger où la table était garnie de mets fumants. L'estomac de Ralia gargouilla un peu trop fort, lui rappelant la faim qui sévissait. Le roi de Carmélide prit place, entouré par sa femme et une jeune fille d'une trentaine d'années. Elle était jolie, pensa Sylís. Une longue chevelure brune s'échevelait sur ses épaules. Ses yeux de couleur miel s'agrandissait au fur et à mesure de la conversation mais ils étaient tintés d'une tristesse infinie, comme si elle vivait avec un fantôme.

     ❝ Bon, qu'est-ce que vous foutez la, vous ? questionna Leodagan.
Aux dernières nouvelles, c'était votre père qui gouvernait et il avait l'air plutôt en forme la fois où je l'ai vu.

— Seigneur, mon père est mort il y a trois semaines. Il m'a fait jurer de me rendre auprès d'Arthur et lui dire que j'étais sa successeur. Je devais simplement aller le voir et rentrer !

— Oui, oui. Ça vous me l'avez dit. Mais qu'est-ce que vous foutez réellement ici ?

— Je viens de vous le dire ! Écoutez, je n'ai appris la guerre que des paroles de Sieur Calogrenant. Laissez moi rentrer dans mon pays, mon peuple m'attends.

— Mon peuple, moi j'ai rien fait... J'ai une guerre à entretenir ! Je dois savoir si vous êtes une espionne !

— Père, s'il vous plaît, laissez la. Elle dit la vérité. Vous n'avez pas assez torturé de monde aujourd'hui ?❞

     C'était la jeune femme qui avait parlé. Ainsi, elle était fille de Leodagan... Donc l'épouse d'Arthur ! La mémoire revenait à Ralia, enfin. Guenièvre, l'épousée et anciennement reine de Bretagne. Son père lui avait raconté que la reine n'était pas la plus futée des bonnes gens. Mais ce n'était pas l'impression qu'elle dégageait. Guenièvre était haute, digne et triste. Le chagrin avait absorbé son être.

     ❝ Écoutez votre fille pour une fois, s'enquit la femme du roi de Carmélide. Je connais assez bien les femmes pour savoir qu'elles ne sont pas des menteuses. Exception faite à l'autre grosse truie de Mevanwi de Vannes mais elle est pas là. Je dois faire tout le boulot, franchement ! Vous l'avez déjà rencontré son père ! C'est un gars assez grand, avec une barbe grise et qui était toujours en train de rire pour rien !

— Ouais enfin des gars comme ça, il y en a tout le tour du monde. Non, je ne crois pas que vous allez rentrer chez vous, Ralia. J'ai une petite idée de ce que je peux faire de vous. Combien avez-vous d'hommes dans votre trou paumé ?

— Notre armée ? Nous ne sommes qu'une petite centaine. Notre peuple n'est pas nombreux mais nous sommes fiers. Pourquoi diable voulez-vous savoir ça ?

— Parce que vous renverrez vos hommes sur votre île et ils reviendront avec votre petite armée. Même une centaine d'hommes sera bien pour nous. Lancelot va essayer de rallier le plus de gens possibles et chaque chef de clan est un potentiel allié. Par contre vous, vous resterez là. Je commence à savoir ce que vous allez faire et à quoi vous allez servir. ❞

     Le repas s'acheva dans le silence. Personne n'osa parler. Même lorsque le dessert arriva, personne n'osa critiquer la qualité de la tarte aux pêches... bleues ? Personne n'osa parler quand ils sortirent de table et personne n'osa parler lorsqu'un serviteur désigna à Ralia sa chambre, une petite pièce trop éclairée par la lune. Seule, elle s'allongea sur son lit, un mélange de bois, de paille et de fourrures. Elle se défit de ses vêtements de voyages pour enfiler une ample tunique.

Un sentiment s'éleva dans son âme. Elle avait croisé le regard de Guenièvre quand les noms de Lancelot et d'Arthur avaient été évoqués. Sa tristesse s'était muée en colère sourde. Peut-être avait-elle sincèrement aimé les deux hommes et savoir que l'un était probablement mort et le second un fou obsédé par l'idée de détruire tout ce que son plus proche ami avait construit. Un cri et des pleurs vinrent troubler le silence de la nuit. L'atmosphère était soudain devenue étouffante et le lit plus si confortable. À pas feutrés, elle s'extirpa de sa chambre pour essayer de rejoindre un balcon. Ralia mit un mal fou à se repérer dans les dédales sombres mais elle arriva enfin devant le ciel frais et humide. Une fine pluie soulevait les plus douces odeurs de la nature. La sensation de l'eau qui tombait sur ses boucles brunes lui rappela ses îles chéries. Combien elles lui manquaient ! La lune éclairait une partie du monde, avec une lueur argentée maternelle. Prudemment, Sylís s'assit sur une pierre couverte par la mousse. Même cette sensation d'herbe mouillée était plus qu'agréable. Un bruit dans la nuit et toujours les cris et les pleurs à l'intérieur du château. Des pas se rapprochèrent.

     ❝ Dame Ralia ? Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas censée dormir ?

— Sieur Calogrenant ! Je vous retourne la question. Vous n'êtes pas censé retourner en Calédonie ?

— Leodagan a besoin de moi, demain... enfin ce matin, nous allons faire une réunion martiale. Essayer de comptabiliser tous nos alliés, ennemis et savoir où chercher les chevaliers poursuivis par Lancelot.

— Comment était-il, Lancelot ? Avant... Avant de devenir fou ?

— Il a toujours été un bon gars, un très bon chevalier. Droit, noble, sérieux. C'est pas pour rien qu'Arthur l'a pris en bras droit et premier ministre. Avec les chevaliers de la Table Ronde, on a toujours pensé qu'il prenait trop soin de lui. Vous savez, le genre à soigner sa coiffure, son allure. Tout juste s'il ne mettait pas du parfum. Mais il était aussi très distant et secret. Personne n'a jamais su son ascendance jusqu'à ce que ce con de Karadoc nous dise qu'il était le fils du roi Ban, l'un des plus grands souverains qu'aie connu un des petits royaumes qui constituent Logres. Bohort de Gaunes est son cousin mais Lancelot n'a jamais voulu l'ébruiter. Il a toujours été un gros solitaire. Il n'était pas fait pour la Table Ronde, je vous le dis. Y a un terme en latin, solivagant. Un aventurier solitaire. C'est ce qu'il est. Il y a seize ans, quand Arthur est devenu roi, il a demandé à ce que toute personne voulant se couvrir d'honneur et participer à la quête du Graal effectue un exploit. Lancelot a été le plus compétent. Il voulait la gloire, être célébré dans des chansons. Au final, il le sera. Mais en tant que celui qui a brûlé la Table qui a uni la Bretagne.
Et je crois qu'il a été jaloux d'Arthur. Non pas en tant que roi mais en tant que personne. Il avait une famille, des sujets et un royaume. Il pensait être plus à même pour diriger. Lancelot se concentrait sur le fait que tous semblaient ses incapables. Arthur, lui, sur le fait que ces incapables pouvaient être changés en gens capables.
J'étais en bons termes avec lui, Lancelot, en plus. On a partagé des aventures ensemble et je pense être l'un des seuls chevaliers qu'il avait réussi à tolérer. Mais toute cette tolérance s'est mutée en haine lorsque que Guenièvre l'a abandonné pour revenir avec Arthur. Mais tout cela je vous l'ai dit.

— Je ne sais pas vraiment lire les cœurs des gens. Mais j'ai l'impression qu'il a souffert toute sa vie. Seigneur Calogrenant, excusez ma question indiscrète mais... Avez-vous tenté de récupérer Excalibur ? Et surtout, pourquoi Diable une jupe à carreaux ?

— Non, je n'ai pas tenté de la retirer. Je l'ai fait croire, pour ne pas passer pour un bouseux. Mais non, par respect pour Arthur. Quant à ma tenue, c'est une histoire assez drôle, il faut dire.

Il la regarda au travers des rayons de la lune. Elle semblait jolie, avec ses yeux marrons clairs aux reflets miel. Ses cheveux bruns foncés paraissaient presque gris. Ses lèvres attrapaient l'argent de l'astre. Un petit sourire se dessina sur celles du Calédonien.

» Pour tout dire, j'étais à cheval sur une de ces fichues routes de Carmélide. Les pavés romains sont affreux. Tout ça pour dire, je me suis foutu en l'air sur la route, en tombant dans une flaque d'eau. Mon armure a rouillé et je devais urgemment aller à une réunion de la Table Ronde. J'ai dû y aller sans le bas de mon armure... Et les gars se sont tellement offusqués qu'ils m'ont obligés à mettre un bout d'étoffe à carreaux, le tout en tant que "tenue officielle" de Calédonie. 

— C'est effectivement assez drôle, répliqua Ralia.

Elle essaya de réprimander un fou mais elle ne put s'empêcher et son éclat empli toute la colline. Calogrenant se joignit à elle et ils étaient là comme deux idiots, à rire à propos d'une anecdote idiote. Un nouveau cri et des pleurs interrompirent leur joie.

» Qui est-ce ?

— Guenièvre. Quand Arthur a essayé de se suicider et que Lancelot l'a soigné contre toute attente, c'est Guenièvre qui l'a retrouvé. Elle a vu le corps inerte de son mari, dans une baignoire, et le sang qui couvrait le sol. Elle en fait des cauchemars si terribles qu'elle ne dort plus seule. Elle dort avec Séli, sa mère.

— J'ai senti quelque chose chez elle, une tristesse infinie. Elle aussi a dû souffrir. D'ailleurs Seigneur, je ne sais pas si vous vous rappelez, c'était il y a une quinzaine d'années mais je vous ai déjà rencontré. C'était au moment de l'arrivée d'Arthur au pouvoir. Mon père était venu pour lui rendre hommage. Je l'avais accompagné et je me souviens de vous. Vous aviez vos cheveux qui ressemblaient à de la paille ! J'ai sans doute dû vous blesser en faisant cette remarque. Et puis j'avais essayé de vous mettre une couronne de fleurs sur la tête. Mon père est arrivé au dernier moment pour m'emmener me coucher.

— C'était vous ? Vous avez bien changé depuis ! Vous n'étiez pas bien grande.

— Ça ne s'est pas vraiment transformé, je suis toujours aussi petite.

— Mais si vous êtes venue à Kaamelott, vous avez déjà vu Leodagan, Arthur, Guenièvre, Séli et même Lancelot !

— Pas vraiment, se rembrunit Ralia. Je ne me souviens pas vraiment de tout, surtout pas de Lancelot. Arthur, je l'ai aperçu de très loin. Je me souviens que Leodagan m'avait fait peur ! Mais Lancelot... Non. Je ne me souviens pas de lui.❞

La nuit défila lentement. Une pluie d'étoiles tomba, comme des pierres du ciel. Le roi de Calédonie lui expliqua que le phénomène était rare et que dans la tradition bretonne, cela annonçait que les dieux pleuraient.
Tous deux restèrent sur le petit balcon à échanger, jusqu'à ce que l'aube pointe. Étrangement, cette vie lui paraissait si prenante, si familière. Le but ultime d'Arthur avait été d'unir toutes les populations pour trouver le Graal. La gloire éternelle motivait mais le roy avait été un véritable héros en tentant d'unir chevaliers et populations. Mais la charge avait dû être considérable.

❝ Sieur Calogrenant, une dernière chose... que va-t-il m'arriver ? Leodagan m'exécutera ?

— Je ne pense pas, gente Ralia. Mais il a des plans pour vous. Personne sur l'île ne vous connaît, à part des marchands. Il veut gagner cette guerre, mais pas pour une fierté personnelle. Il s'est sincèrement attaché à Arthur et il croit en lui, même s'il ne l'admettra jamais. Quand toute cette idiotie sera résolue, il clame qu'il reviendra à ses passions comme augmenter les taxes et tourmenter les paysans. Je ne pense pas, personne ne sait comment tout cela va se résoudre, si même cela se résout un jour.

— Merci.

— Pourquoi, je ne vous ai rien donné ?

— Un peu de bonne compagnie, cela faisait longtemps que je n'en n'avais pas eu. Et aussi... Ne désespérez pas avec les femmes. Je suis sûre qu'il y en aura une qui ne se comportera pas comme une grosse conne avec vous.

— Oh vous savez, je n'aime pas prévoir. On verra bien ce que le destin nous réserve. Maintenant filez, il faut vous habiller. Dans trois heures, Leodagan décidera de votre sort.❞

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