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𝒐2 ❝𝒍'𝒆𝒔𝒑𝒐𝒊𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒗𝒂𝒊𝒏𝒄𝒖𝒔❞


I'll commit some
homicide and sing a few refrains
❝❞

Le roi de Carmélide roula le parchemin dans ses doigts. Son esprit était occupé depuis plusieurs jours et la situation semblait s'empirer alors que le crépuscule arrachait au soleil sa lumière.

Mon très cher roi de Carmélide, je vous écris car le royaume d'Irlande fait face à son heure la plus désespérée. Vous connaissez mon père depuis des années et l'avez toujours aidé. J'ai envoyé une lettre au soit disant régent Lancelot, l'invitant à venir à Baile Átha Cliath. Dépêchez un envoyé avant qu'il n'arrive. Vous aurez là une chance de vous débarrasser de lui. Je vous supplie de nous aider à vaincre cet ennemi commun. Je vous promets alors de vous envoyer notre armée afin de vous permettre de reconquérir le royaume. Que les Dieux vous aident. Nesta Sabia Duffs, princesse d'Irlande.

Il avait été surpris, pour le dire. Il avait connu Nesta depuis sa naissance. Il l'avait vue effectuer ses premiers pas et marmonner ses premiers mots. Ironiquement, il avait été « trône ». Il l'avait vue grandir et devenir une femme. La princesse n'avait que quelques années de moins que Guenievre et un caractère qui se rapprochait plus du roi de Carmélide. Parfois, il s'était même laissé à penser que Nesta semblait plus proche de lui que sa propre fille. Mais il avait été surpris. Car la neutralité du royaume d'Irlande était discutée depuis plus d'un an et l'arrivée du fameux régent de Kaamelott n'avait rien boulversé. Avec ce mouvement osé, la princesse avait précipité son pays dans une nouvelle ligne stratégique. Ces lignes le hantaient, même. Des mois durant, il avait rêvé de détrôner, de débarrasser le royaume de cet usurpateur fou. L'occasion était inespérée mais en son âme, Leodagan doutait. C'était trop beau, trop facile. À présent, il ne faisait que ruminer quelqu'obscur plan pour se tirer de ce mauvais pas. Il passait ses nuits à envisager tous les aspects pour une bataille. Si Lancelot se précipitait en Irlande, il ne resterait personne à Kaamelott et il serait possible de reconquérir le pays petit à petit. Hors si Lancelot restait en Irlande, il pourrait utiliser la vie de la famille royale pour négocier sa vie et garder son pouvoir. Il pouvait les tuer, le peuple se révolterait. Or dans tous les cas de figure, le côté résistant serait amené à subir d'énormes pertes afin de récupérer le pouvoir. Ce n'est pas d'une victoire pyrrhique dont a besoin notre royaume mais du retour d'Arthur. Le souverain de Carmélide détestait se l'avouer mais il craignait pour son gendre, il craignait pour le véritable roi. Roi, royaume. Les mots me tournent à la tête, je ne pense qu'à cela. Oui, il ne pensait qu'à cela, du crépuscule tombé au jour levant et du jour levant au crépuscule tombé. Il mangeait peu, dormait peu et couvrait d'encre des parchemins entiers. Il savait que sa femme et sa fille s'inquiétaient. Mais il n'avait pas le temps pour cela. Il était comme passionné : il mettait sa rage et sa colère au service d'une cause qui paraissait juste et noble en son cœur. Pouvait-on le nommer le Sanguinaire, il était maintenant le combattant de l'ordre. Il était Leodagan de Carmélide, un roi et un guerrier, pourfendeur de traîtres et d'usurpateurs. Il soupira.

❝ Alors, demanda une voix provenant du fond de la pièce. Vous réfléchissez toujours ?

— Oui, répondit Leodagan. Toujours. Je ne sais pas quoi faire. Pour une fois, je suis perdu, je n'ai pas de réponse. Vous vous souvenez d'elle, vous ?

— Un peu, hésita son interlocuteur. Je me souviens surtout de son caractère. Et de Ketchatar fier d'elle. Il l'appelait « ma petite lionne ». Je me souviens aussi des funérailles de sa mère. Nesta semblait étrange, elle avait été la seule silencieuse, sombre et toute de noir vêtue. Tout le monde s'était demandé ce qu'il se passait dans son esprit. Parce qu'on disait que Ceana était la seule à tenir sa fille. Je me souviens aussi d'elle, toute petite, clamant qu'un jour le royaume serait à elle. Son père avait rigolé en disant, mots pour mots « elle en a des idées à cet âge ! ». Je me souviens de sa relation étrange avec son frère. J'ai entendu dire qu'une fois, elle l'aurait poussé des escaliers dans un accès de colère.

— Pas qu'une fois, il paraît. Après, je ne saurais pas vous dire. Je les ai toujours trouvés étranges, les Irlandais. Et vous, pourquoi cette mine noire ?
Leodagan dévisagea son ami, compagnon d'armes depuis l'enfance.

— J'ai eu des nouvelles de Caitríona. Elle s'est échappée du couvent. Mes hommes ne l'ont pas retrouvée. Je suis inquiet, pour vous dire. Pour la Calédonie, pour Logres, vous, Arthur... Pour tout. Pas seulement à cause de Lancelot. Je n'ai pas de nouvelles de Ralia depuis des semaines, elle est même peut-être morte, emportée aux fond des eaux. Elle est avec l'homme de main de Lancelot. J'ai aussi peur. De quoi, je ne sais pas. D'une menace. J'ai peur des Dieux, aussi. Comme vous, je suis perdu.

— Je sais, Calogrenant. Je sais. Mais quand je nous vois, maintenant, ici, je me dis que nous avons fait du chemin. Depuis votre arrivée en Carmélide à l'enlèvement de Séli et maintenant, nous complotons pour détrôner notre ancien camarade d'armes et restaurer mon gendre.

— Je me souviens de votre mariage comme si c'était hier, ajouta le Calédonien d'un air rêveur. Un silence s'installa quelques secondes quand il reprit.
Vous allez faire quoi pour l'Irlande ?

— Vous me conseilleriez quoi, vous ?

— Moi ? Je dirais d'au moins envoyer quelqu'un. On ne sait jamais. Et puis si les troupes irlandaises peuvent se joindre à nous, ça serait quelque chose de gagné. En plus de celles de Ralia, des nôtres et celles du continent.

— Certes... Vous l'aimez bien, non ?

— Qui ?

— Ralia.

— Oui, elle me rappelle un peu la fille que je n'ai jamais eu. Enfin celle que j'ai cru avoir. Elle est sensible et ressemble à son père, têtue et loyale. Elle risque sa vie à jouer les agents doubles chez Lancelot, et même si nous l'avons... obligée, elle le fait par conviction. Elle a prêté serment à son père mourant et elle entend l'honorer. Et puis il y a quelque chose en elle. Elle voit l'humain en chacun de nous.

— Ouais...

— Vous allez envoyer qui en Irlande ?

— Je ne sais pas. Surtout qu'il ne reste quasiment personne ici.

— Y a bien Hervé de Rinel.

— Vous voulez envoyer cet idiot fini qui connaît même pas son propre nom effectuer une mission diplomatique ?

— Il sera bien obligé d'y aller. ❞

Et ils restèrent en silence, le crépitement des flammes pour seule musique. Calogrenant se perdit dans ses pensées. Elles étaient tournées vers Ralia, à qui il adressait ses prières mais aussi vers celle qu'il avait cru être sa fille. Caitríona... Il l'avait nommée lui-même. Il l'avait tenue dans ses bras et éduquée. Mais ce n'était pas sa fille. Elle n'avait jamais été sa fille. Il aurait pu l'aimer mais elle ne l'avait jamais porté dans son cœur. Le Calédonien n'avait supporté les mots de sa femme. Vous êtes un lâche, vous ne voyez pas ce qui s'étend devant vous. Chaque jour, ma fille devient de plus en plus forte. Elle est destinée à de grandes choses. Elle a été choisie, une réponse qui viendront s'abattre sur votre royaume. Il l'avait exilée et placé Caitríona dans un couvent. Plusieurs fois, il était allé la visiter et à chaque entrevue, des ténèbres s'agitaient en elle. Mais peut-être était-ce là son lot de souffrances. Peut-être devait–il payer pour cela. Il ne savait pas. Tout ce qu'il désirait en cet instant, c'était de rentrer à Glamis. Il aimait ce vieux château que l'on disait hanté et ses murs humides. Il aimait la forêt qui l'entourait et ses animaux. Une fois, il y avait vu un cerf. Il était parti chasser, seul. Et cette créature était apparue devant ses yeux émerveillés comme un miracle. Il avait posé ses armes et s'était approché. Comme une peinture splendide, son regard avait croisé celui de l'animal. Un instant gelé dans l'éternité puis il disparut aussitôt qu'il était apparu. Plus tard, en y repensant, il devina que ce fût un Dieu qui l'avait visité.

     Et puis il y avait le Graal. Il ne savait pas ce que c'était, ni vraiment pourquoi il participait à cette quête. Il savait simplement que c'était par amour et par conviction. Il ne savait pas vraiment quel était le but mais il savait simplement que c'était un devoir. Dans ses rêves, il voyait un royaume en paix et une balance restaurée, il voyait aussi des visages qu'il ne connaissait pas. Il avait vu un ange touché par le soleil et un fils amer de vengeance. Parfois, il désirait espérer l'aube d'un jour nouveau, il avait espoir. Malgré le chaos et l'incertitude, il avait espoir. Le soleil se coucherait un jour sans que l'on ne craigne une aube rouge de sang. Il soupira.

***

     Elle savait que lire les tablettes ne lui apporterait que des sentiments étranges. Il lui avait confié s'être marié avant elle. Elle aurait dû être triste, éprouver un malheur si grand et pourtant, rien ne l'avait atteint. Elle n'avait pas été peinée. Au contraire, c'était une émotion inexplicable par les mots. Lire ce qu'il avait vécu, ce qu'il lui avait caché avait éveillé un amour plus immense encore. Il avait été amoureux, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Aimer était quelque chose d'inexplicable, d'étrange. Il avait promis à celle qu'il avait un jour aimé et cela non plus, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle s'était enfuie pour aller à sa rencontre et à présent, dès qu'il lui manquait, elle écrivait des lettres. Combien s'amoncelaient aux pieds de son lit ? Trop. Il avait écrit sur ses tablettes « à ma femme, celle que j'ai à peine connue ». Elle ne savait pas si c'était elle, que ce le fusse ou non, elle ne s'en souciait point. Car en un sens, elle savait qu'elle avait été un jour aimée, elle aussi. Puis elle se saisit d'une plume et commença à écrire.

Je ne sais si vous lirez un jour cette lettre. J'ai pu en écrire d'autres, comme ça. Je ne sais même pas pourquoi je le fais. J'ai envie de vous parler mais vous êtes loin. Je pense à vous mais je ne sais même pas si vous pensez à moi. Je ne désire pour vous que le bonheur que vous méritez. Je me souviens de votre regard lorsque nous sommes partis en quête de vos enfants. Peut-être que vous en découvrirez un, qui sait. Je vous écris avec l'espoir de vous revoir mais vous êtes peut-être mort. Je ne le sais vraiment. Au fond de moi, un feu s'agite. Est-ce de la peur ? Je ne peux pas le dire. Parfois, je me mets à penser. À une vie plus belle, plus douce. À un futur merveilleux. Mais je ne le peux. Car vous hantez mes cauchemars. Chaque nuit, je vous revoie. Chaque nuit, je revoie l'instant où j'ai failli vous perdre. Je peux l'avouer, je vous ai failli. Et pourtant, partout où je regarde, je me retrouve toujours vers vous. Tout me ramène à vous, comme des bateaux revenant vers des îles extraordinaires chargés des plus beaux présents. Tout me ramène à vous, les sons, les parfums et les sens. Je vois dans l'immensité de la nuit les jours que nous avons passés l'un avec l'autre. Certains furent plus difficiles. Mais je n'en ai que faire. Je les ai passé avec vous et c'est cela qui compte à mes yeux. Prenez soin de vous.
Guenievre.

Et la lettre tomba au sol.

***

Il venait d'être convenu qu'Hervé de Rinel serait l'émissaire de la Carmélide et de la Calédonie en Irlande, au grand déplaisir de Leodagan. Lui et Calogrenant avaient pris plusieurs heures pour expliquer au chevalier sa mission en des termes les plus simples possibles. Ils ne savaient point s'il avait compris mais sur ses épaules reposait un dernier espoir d'alliance. Leodagan avait aussi écrit une lettre à l'intention de Nesta puis une autre pour Ketchatar. Il le suppliait – si Leodagan le Sanguinaire pouvait supplier quelqu'un – de rejoindre cette alliance contre Lancelot et de mettre en commun les armées dans cette lutte contre le régent. Il ne savait si cela fonctionnerait mais il fallait oser espérer. C'étaient sur des cendres évanescentes que reposaient les futurs du royaume de Logres. Et alors que Leodagan observait partir au loin l'un des plus idiots de ses chevaliers, il fut saisi d'un vague frisson.

La tempête arrive. La tempête arrive
et n'épargnera personne, pas même
nous, pas même l'Irlande
et pas même le royaume.

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