sick of you.

pdv externe

La balle de tennis rebondissait contre le mur de sa chambre depuis maintenant près de dix minutes, toujours le même son répétitif qui résonnait en boucle dans ses oreilles. C'est avec une voix cassée et suave qu'il se mit à chanter, la fumée de sa cigarette écrasée au sol pouvant enfin se frayer un chemin en dehors de sa bouche.

- « I'm sick of your voice, il fit rebondir nonchalamment sa balle, sick of your face, encore, sick of your choices..., celle-ci finit par tomber sur le sol dans un bruit sourd qui ne dura que le temps d'une demi-seconde,... sick of your name...Sick of your crazy. »

Le garçon finit par se lever de son lit sur lequel il était couché, une boule naissante au creux de son ventre rien qu'à la vue des valises qu'il avait commencées à préparer pour son grand départ.

Des vêtements et quelques dessins ratés jonchaient le sol. Ses volets étaient fermés tout comme ses fenêtres, l'odeur de la cigarette ayant donc imprégné la pièce.

- « Taehyung, descends ! »

C'était sa mère.

Il ne prit même pas la peine de répondre et descendit les escaliers en bois de l'habitation qu'il ne considérait même plus comme la sienne, pieds nus et chevelure rebelle. Il portait un simple jogging gris et un sweat à capuche noir, rien de bien extravagant; Taehyung aimait ça, passer inaperçu. Enfin, surtout depuis lui.

Ses parents l'attendaient là, dans la cuisine, eux et leurs sourires parfaitement hypocrites. On pouvait lire dans leurs yeux une once de pitié, de tristesse, de contentement peut-être. Taehyung n'avait même pas envie de savoir ce qui se cachait derrière leurs regards vicieux.

- « Qu'avait-t-on dit à propos de la cigarette Taehyung ?, gronda la mère en direction de son fils, Tu empestes de là où tu es ! »

- « Je me casse de toute façon, t'auras plus à le supporter. », répondit du tac au tac le brunet en arquant un de ses sourcils.

- « Tu sais très bien pourquoi on a décidé de faire ce choix Taehyung, commença le père, un soupir de sa femme parvenant à ses oreilles, Tu ne travailles plus, tu te drogues, tu fumes, tu sèches...Tout ça à cause d'une rupture ?, Taehyung se tendit suite à ce dernier mot, Elle date de plus d'un an mon garçon, ressaisis-toi enfin !, L'homme tapa du poing contre la table, Tu n'as plus quatorze ans, ce genre de broutilles ne devrait plus t'atteindre autant au point de sombrer comme tu le fais depuis..., il se stoppa avant de continuer, Cet internat est la meilleure solution pour toi, ainsi que pour nous. Tu dois te reconstruire mon fils, t'éloigner de nous, de ta chambre, de...cette personne. »

- « ...Plutôt vous laisser vivre votre vie de retraités en paix non ?Les voyages en amoureux tout ça, tout ça. Je comprends vous savez, pas besoin de faire semblant de vous inquiéter pour moi. »

Il observa ses géniteurs d'un regard aussi noir que son sweat, avant de tourner les talons dans le but de rejoindre sa chambre.

- « Taehyung, je ne t'ai pas dit ce pour quoi je t'ai fait descendre ! »

- « ...Mes valises sont prêtes, on part quand vous voulez. »

La porte claqua très fort, témoignant de l'énervement dans lequel Taehyung se trouvait. Il entreprit de fermer sa valise et les quelques autres bagages étalés au sol. Sa respiration était saccadée et plutôt forte tandis que son corps tout entier tremblait pendant qu'il pliait un de ses t-shirts, plongé dans le noir.

Taehyung avait toujours été un enfant très sensible, pleurant et prenant les mots de ses aînés très à cœur. Malgré son tempérament d'adolescent calme et réfléchi, Il était ce genre de personne qui pouvait méditer pendant des heures sur une phrase, voir un mot ou même un geste qu'une personne lui ait adressé ou dit. Oui, Taehyung était quelque peu parano, mais il faut dire que la situation dans laquelle il se trouvait avait de quoi le mettre dans cet état.

Il s'était fait lâcher par absolument tout le monde, accumulant abandon sur abandon...

Et il était en train d'en vivre un nouveau en ce moment même.

C'est sur ces sinistres pensées qu'il ferma chacune de ses valises avant d'agripper son téléphone sur la commode. 16h56. Le brunet sécha la larme solitaire qui avait coulé le long de sa joue avant de descendre de nouveau les escaliers, ses bagages dans les bras. Il ne s'était même pas retourné une seule fois, n'avait pris que le strict minimum et ne s'était pas changé ni coiffé. Pourquoi continuer à faire des efforts alors que personne n'est là pour te le faire remarquer ?

Taehyung n'en avait strictement plus rien à faire de tout ce côté superflu. Il n'avait plus envie de plaire à quiconque, même plus à lui-même. Sa frange trop longue et son style peu habillé en témoignaient à sa place. Avant lui, le brun prenait soin de son corps, de ses fréquentations ainsi que de sa popularité qui grandissait de jour en jour. De la troisième à la seconde, Taehyung avait très clairement été considéré comme l'élève modèle au faciès parfait et à la gentillesse sans limite auprès de l'entièreté de ses camarades. Les regards qu'on lui portait l'atteignaient beaucoup, ça en devenait obsessionnel.

Surtout ses regards, à lui.

- « On y va ? » chuchota presque le garçon en sondant ses géniteurs du regard.

Sa mère soupira avant de refermer son magazine et de se lever du canapé sur lequel elle était vautrée tandis que le père était déjà debout, enfilant son manteau beige avec une rapidité déconcertante tout en agrippant les clefs de l'habitation qui étaient posées sur le comptoir, tout ça sans un bruit.

Taehyung les regardait faire, serrant fortement la lanière de son sac. Les larmes menaçaient de couler le long de ses joues creuses mais elles n'en firent rien, se contentant de rester accrocher à ses cils tandis qu'il renifla un bon coup avant de sortir, devançant ses parents de peu.

Même pas un regard, un geste, un murmure.

C'est quand il fut dans la voiture, place passager, qu'il se remémora les nombreux moments passés avec ses amis ici. L'air de jeu, l'école primaire, le collège, le café près de la place publique... Il était passé devant chacun de ses souvenirs sans esquisser un seul sourire.

Tous ces jolis moments lui rappelèrent ses années de collégien; Enfin, surtout sa troisième.

Le nom de son ancien meilleur ami était Yugyeom. Il l'avait connu au collège, durant sa dernière année avant son entrée au lycée et était resté avec lui jusqu'à la fin de sa seconde. Taehyung pouvait se remémorer chacun de ses traits sans soucis. Il se rappelait de son beau visage, de son long nez ainsi que de sa belle crinière corbeau. Tous les meilleurs moments de sa vie, il les avait partagés avec lui. Il aurait dû se rendre compte que Yugyeom n'était pas net...mais il avait ignoré cette impression et lui avait fait confiance les yeux fermés, comme il le faisait à chaque fois.

Yugyeom était apparu comme une fleur dans sa vie pile au moment où le brunet était devenu ce qu'on pouvait qualifié de populaire. Il l'avait suivi dans les couloirs, collé partout où il allait, essayait d'aider dans tout ce que Taehyung entreprenait; jusqu'au jour où le brunet accepta finalement sa présence à ses côtés en tant que meilleur ami. Il ne l'avait plus jamais lâché depuis. Taehyung s'était attaché, il aurait pu tout faire pour lui.

Puis est arrivé Jungkook.

Taehyung se frotta les yeux tout en fronçant ses épais sourcils, quelque peu exténué, avant de reposer sa fine main sur sa cuisse tout en regardant le ciel défiler devant son visage morne. Il n'avait plus envie d'y penser, plus du tout même.

- « T'as pensé à ta brosse à dents ? », demanda soudainement sa mère.

- « Ouais, j'ai même un sachet de coke dans une de mes valises, tu veux le voir ? », répondit ironiquement le brun tout en s'enfonçant un peu plus dans son siège.

- « Vraiment marrant Taehyung. »

Après cette courte interaction le trajet se déroula en silence, comme la plupart des moments qu'ils passaient à trois. Quatre heures s'étaient écoulées avant que le bâtiment tant redouté ne pointe finalement le bout de son nez.

Taehyung ouvrit la fenêtre de la voiture, faisant sortir sa bouille renfrognée en dehors de celle-ci. Il observa l'internat d'un mauvais œil tout en resserrant ses poings. Il déglutit à la vue de quelques élèves présents dans une des arrières cours.

- « Mais quel bâtiment magnifique !, s'exclama le père tout en se garant sur le parking de l'internat., On a superbement bien choisi l'endroit chérie ! »

- « On dirait une prison... » grogna Taehyung en sortant du véhicule, ses valises en mains.

Il fit claquer sa portière, mécontent.

Quelques minutes de contemplation plus tard, les deux adultes se retournèrent vers leur fils, les mêmes regards que Taehyung ne pouvaient déchiffrer peints sur leurs faciès.

- « Bon Taehyung..., L'homme analysa l'adolescent un court instant, ses grandes mains masculines posées sur ses larges hanches ceinturées, Appelles-nous d'accord ? », il se rapprocha du brunet avant de l'étreindre de ses bras tout en lui tapotant le dos d'un air qui se voulait sûrement paternel. Il se recula ensuite, assez vite pour que Taehyung n'ait pas le temps de l'étreindre à son tour.

- « ...Ouais., le visage neutre de l'adolescent pivota vers celui fermé de sa mère qui n'avait pas encore ouvert la bouche, Tu ne me dis pas au revoir maman..? »

La voix de Taehyung avait craqué vers la fin de sa question. Il s'en rendit compte et baissa le regard, un peu perturbé par le manque de réaction de sa génitrice. Elle finit finalement par s'avancer vers son fils, laissant à celui-ci l'opportunité de voir ses pieds placés devant les siens. Il leva finalement ses yeux mouillés vers ceux brillants de sa mère mais n'eut le temps de rien dire, celle-ci l'ayant déjà enveloppé de ses fins bras.

- « Tu vas me manquer., elle embrassa son front recouvert par sa frange, Une année à tenir mon bébé. Je veux que tu te ressources ici, entouré de toutes ces nouvelles personnes. Elles ne pourront qu'être bénéfiques pour toi., elle se recula finalement, caressant la joue de Taehyung d'un air incertain, Dans un an, reviens-nous heureux d'accord ?Comme avant... »

Comme avant ?

Rien ne pourra plus jamais être pareil qu'avant.

J'ai été brisé par lui maman,

J'ai été brisé.

« Oui maman, j'essaierai. »

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TADAM !

Premier chapitre de OOB publié, je suis très heureuse.

1800 mots, j'espère que ce n'est pas trop pour vous ?Mes chapitres pataugeront dans ces eaux-là pour la plupart.

N'hésitez pas à me mettre vos ressentis en commentaire, ça me ferait très plaisir.

à la prochaine ?

-Alixe