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Ours, Contestataires et Menée Secrète 5/10

24 Augma 1878

L'été brûlant suivit son cours, sans pour autant faiblir. Les mois s'enchaînèrent dans la rudesse de l'apprentissage qui allait bientôt toucher à sa fin. Il restait un peu plus d'un mois aux futurs Défenseurs pour s'aguerrir et prouver leur détermination. Le soleil dardait ses rayons transcendants sur les jardins, la pluie lui succéda et engorgea la terre assoiffée. L'époque des fruits et de la moisson arriva. Les pommes, les pêches et les ceranas mûrissaient lentement dans les vergers. Leur déploiement de succulence ravit les élèves du pensionnat qui se délectaient, à chaque repas, de leur somptueuse saveur sucrée.

Milléïs et Draval n'attendaient plus qu'une chose : la remise des diplômes. Ce moment fatidique de l'année où le binôme ayant la chance inouïe de représenter Lumènia, lors du championnat, allait être annoncé. Ayant eu leçon de leur escapade aux donjons et leurs accrochages avec Lascan Lockspear, le tandem s'était juré de ne plus faire d'écart. Ils seraient studieux et ne désobéiraient plus ; leur place ici était mise en péril et loin d'eux l'idée de briser les dernières brindilles de leur rêve commun.

Entre temps, Milléïs fêta son anniversaire, ses quinze ans, le vingt-et-un Augma.

Contrairement à elle, Draval avait eu la descence de ne pas débouler dans son dortoir à l'aurore pour l'ensevelir sous son poids. Il lui avait souhaité dignement en la portant sur son dos tout en enchaînant des tours rapides sur lui-même, comme une toupie. Les cris de protestation et les rires de Milléïs l'avaient finalement fait cesser. La nausée était plus forte que amusement.

Pour son cadeau, Draval voulut réitérer son présent offert des années avant, sur le port : son écrou. C'était le moment fatidique. Or, l'agitation autour de sa meilleure amie le força à repousser encore cet instant. Ce n'était peut-être pas le bon moment, après tout. De plus, son âme nostalgique aurait adoré le lui remettre à l'endroit initial de la première fois, sur le ponton, au coucher du soleil.

Ils étaient encore jeunes et avaient tout le temps d'être un homme et une femme. Il se contenta alors de ranger son précieux boulon en haussant les épaules, puis de profiter de la fête auprès de sa chère Milléïs. 

La jeune fille reçut également un colis de sa mère, avec un joli mot. Sa joie n'eut pas de limite lorsqu'elle découvrit une dizaine de brioches perlées soigneusement emballées. De quoi la ravir bien plus qu'un bijou. Elle n'hésita pas à en partager avec ses amis qui trouvèrent ces douceurs de Solécendre absolument fabuleuses. Chansons et rigolades se suivirent durant cette journée.

C'était de loin son plus bel anniversaire.

Les cours se succèdaient aussi, en alternance avec de petits exercises secondaires de mathématique, de grammaire ou de gymnastique. Ils eurent même droit à un cours sur les lois enkkoragiennes avec Monsieur Rhonarick et un autre très spécial sur les plantes toxiques. Monsieur Pepperain leur expliqua les effets néfastes ou positifs et comment fabriquer un antidote naturel en cas d'empoisonnement. C'était un programme conséquent mis en place par le directeur afin de rendre ses élèves toujours plus cultivés sur leur île et son patrimoine. 

Les combats aux côtés de Miss Dahiri renforcèrent leurs muscles, leurs réflexes et leur attention. Leur environnement était désormais un terrain de jeu dans lequel trouver l'ennemi était l'objectif ludique. Les arbres, les collines, les buissons et même les cours d'eau pourraient être des cachettes susceptibles de contenir un adversaire prêt à l'attaque. 

Les cours de tirs n'avaient également plus aucun secret pour eux. Draval s'était même découvert une adresse surprenante avec le Magnergie. Monsieur Norixius avait été profondément surpris de le voir abattre deux cibles mouvantes d'un coup, à balle solaire, durant l'examen de maîtrise. C'était un exploit qui faisait de lui l'un des meilleurs de sa promotion. Il avait tout simplement sublimé le potentiel de son arme. L'instructeur taciturne avait caché un sourire secret dans sa barbe ; et dire que ce garçon avait du mal à ouvrir son chargeur, lors de son premier cours. Milléïs, quant à elle, brillait en vol sur Méca-Condor. Avec Arktis, ils ne faisaient qu'un dans les bras du vent, au plus grand bonheur de Monsieur Cumberstone qui admirait les prestations magiques de son élève.

Ensemble, ils se renseignèrent sur le passé des îles, pour les cours de Monsieur Rhonarick. Ils apprirent l'histoire de leur religion à la bibliothèque dans le manuscrit du prêtre écrivain prismien, Aldred De Voclain : L'histoire millénaire de la Trinité d'Enkkorag.

« À l'origine de tout, vivait Theros, le dieu des dieux, bon et juste, régnant sur l'univers infini, dit le Cosmos, avec sa sœur Onys, la combattante enflammée au caractère aussi sombre que sa chevelure constellée. Tombant éperdument amoureux de celle-ci, Theros lui réclama une progéniture qu'Onys refusa. Elle lui proposa à la place une bataille et si Theros en sortait vainqueur, elle lui offrirait cette descendance tant convoitée. S'en vint un affrontement ardent et chaotique qui dura sept cent soixante dix-sept jours. Theros remporta finalement le combat, humiliant Onys qui se vit obligée d'honorer sa part du marché. Ensemble, ils engendrèrent trois enfants : Kolunis, Soltama et Wataü.

Theros adorait ses enfants, contrairement à Onys. Très vite, le dieu des dieux réalisa que ses petits avaient eux aussi hérité de la faculté de créer la vie. Généreux, il leur offrit alors la possibilité d'ériger à leur tour leur propre peuple. Lorsqu'ils atteignirent l'âge adulte, Theros fonda la Terre, sphère autrefois vide, rocheuse et volcanique, puis donna comme mission à Kolunis, Soltama et Wataü, de la rendre vivante de par leur magie cosmique.

Wataü érigea l'océan. De sa magie, l'eau tomba du ciel et fit émerger les mers, le sel, les coraux, les rivières et la vie sous-marine. Soltama, elle, se gorgea d'une lumière vive et dorée qu'elle laissa exploser, créant ainsi une gigantesque boule de feu qu'elle prénomma Soleil. Les rayons de chaleur mêlés aux chants de leur créatrice firent pousser la végétation et les montagnes, naître les animaux et libérèrent un vent frais qui leur permit de respirer. Quant à Kolunis, il décrocha d'abord la plus grosse étoile de la nappe infinie, puis la laissa enfler entre ses mains jusqu'à ce qu'elle devienne la Lune ; l'astre de nuit qui désignerait l'heure du repos. La force incandescente s'échappant de la sphère pâle était si puissante que les doigts de Kolunis en furent désintégrés. Celui-ci s'attela ensuite à prendre les plus petites étoiles pour les envoyer sur Terre. En touchant le sol, la coque des étoiles se fendit et donna ainsi naissance aux hommes.

La Terre naquit et Theros, fier de ses héritiers, les monta au rang de dieux. Il nomma Soltama, Kolunis et Wataü les Gardiens du Seuil, celui entre le monde terrestre et cosmique. Les représentants de la fougue, de la sérénité et de la discipline ; ce que jalousa Onys, leur mère, qui n'avait aucun titre. Alors que Theros avait doté les êtres humains de bonté et de générosité, Onys décida de se venger en insufflant la négativité chez la création de sa progéniture. Malveillance, perversité, mesquinerie, jalousie et violence animèrent alors les nés-étoilés qui s'entretuèrent, guerre après guerre, détruisant leur planète à petit feu. Fâché contre Onys pour cette ignoble trahison, Theros la punit en la repoussant dans le noyau de la Terre, l'Hypogée, la confinant à jamais en son sein. »

Ces divinités étaient vénérées sur l'archipel depuis sa toute création. Au fil des siècles, les humains avaient offert aux enfants du Cosmos et de l'Hypogée le surnom de Trinité d'Enkkorag ; ceux qui veillaient sur eux de leurs piédestaux, la lune, le soleil et le fond des mers. Cette légende était très intéressante et passionnante, Milléïs l'avait beaucoup étudiée contrairement à Draval qui, lui, n'avait strictement rien retenu de ces vieux contes moisis. L'histoire et la religion n'étaient pas des domaines dans lesquels il excellait, loin de là...

Monsieur Rhonarick l'avait su très tôt, malheureusement. Ses rides s'étaient profondément creusées lorsqu'il avait relu le contrôle de géographie de Draval qui avait situé Kalata, une île au climat chaud, à l'extrême nord de Galdoroc.

Durant ces instants de calme, Spoon restait niché auprès de ses sauveurs, bien au chaud dans la poche de Milléïs. La nuit, il dormait dans les chaussons de l'adolescente qui s'était inexorablement attachée à lui. Elle préférait le cacher lorsqu'elle croisait le directeur Wynstead, au cas où celui-ci déciderait de le lui confisquer. Néanmoins, le comportement de Spoon à la vue du Vice-Gouverneur ne passait guère inaperçu aux yeux du binôme. Il avait l'air de le craindre, de le redouter comme personne.

Mais pourquoi ?

Par une journée chaude et pluvieuse, un Méca-Condor fendit la tempête qui tourbillonnait dans une danse anarchique. L'oiseau de fer survola l'arborescence environnante où, en arrière-plan, se profilait la majestueuse et infinie silhouette des monts et vallées, jusqu'à poindre au sommet du pensionnat. Son cavalier, harnaché d'une cape à capuche noire pour le protéger de l'averse, actionna la manette de descente. Le condor chuta avec élégance jusqu'à la cour d'entrée avant d'atterrir en douceur au devant de la fontaine de galets éteinte. Un pied s'écrasa dans les graviers humides, alors qu'une paire d'yeux polaires transperçait l'édifice avec royauté.

Ingwald Lockspear avait rendez-vous avec le directeur Wynstead, afin de discuter de ses jumeaux. Lascan et Sielle avaient fait parler d'eux durant ces mois d'apprentissage et il désirait en savoir davantage. Les missives expéditives gorgées de plaintes et d'éloges n'étaient pas sa tasse de thé ; un discours d'homme à homme était bien plus authentique qu'un ridicule échange d'épîtres interposés.

En ramenant son Méca-Condor sous forme de Dodécaèdre, le père Lockspear pénétra dans le château sans y être invité. Il fut accueilli par un portier qui l'escorta jusqu'au bureau du directeur. À cette heure, les élèves étaient en cours d'histoire, Sielle et Lascan y compris, ignorant totalement la visite impromptue de leur géniteur.

Revenir en ces lieux grandioses ramena Ingwald au creux de ses mémoires ; tant d'années avaient passé depuis son admission ici. Sa jeunesse s'était perdue dans les méandres du temps, tout comme les souvenirs de ses anciens camarades qui ne l'effleuraient qu'à moitié. Or, a contrario de sa personne, sa façade demeurait toujours aussi intacte. Sans même s'en rendre compte, le riche créateur arriva devant les quartiers de son confrère.

En retirant sa capuche, il attendit que le portier aille l'annoncer. Après une minute, celui-ci sortit de la salle seigneuriale.

— Le directeur vous attend, Sir Lockspear. Si vous voulez bien entrer.

Sans un remerciement, le nanti passa le seuil d'un pas assuré. Tout au fond, assourdi par le cliquetis harassant des nombreuses horloges murales et coucous, Guerlain Wynstead attendait son convive. Face à la fenêtre, il avait un long cigare fumant coincé entre ses dents. La senteur vanillée du tabac gorgeait la pièce et embrumait le profil acéré du Vice-Gouverneur. Les lèvres d'Ingwald, crispées dans un rictus sévère, disparurent alors sous le poids de sa barbe bicolore lorsque le directeur le regarda.

— Bien le bonjour, Ingwald. Le voyage n'a pas dû être de tout repos, par cette pluie torrentielle.

— En effet, répondit l'appelé. Le chemin a été long et difficile.

— Voulez-vous un cigare ?

— Non, merci. Je suis ici pour parler de mes enfants.

À ces paroles, Wynstead fit une rotation lente jusqu'à son bureau avant de s'y assoir. Il inspira ensuite une grande bouffée de tabac et deux cheminées s'extirpèrent de ses narines.

— Vos jumeaux sont de très bons éléments, très forts et au savoir admirable. En connaissance de vos méthodes, on ressent votre patte artistique dans leur entraînement. Vous pouvez être fier d'eux. Néanmoins, ils restent faibles en binôme. Votre fils semble vouloir vaquer en solitaire et votre fille a du mal à s'affirmer.

— Où en sont-ils dans le classement ? questionna Ingwald, impatient, ses sourcils froncés réclamant le fin mot.

En éjectant une nouvelle brume opaque, Wynstead fouilla dans son tiroir et en sortit un grand carnet à la couverture en velours. Il l'ouvrit et lui tendit.

— Ils sont à la deuxième place.

— Comment cela se fait-il ? grinça le père Lockspear, le bulletin entre ses mains.

— Comme je vous l'ai noté dans les lettres, votre fils a eu des litiges explosifs avec un autre élève. Ils en sont venus aux poings et ont enfreint l'une des règles fondamentales du pensionnat. Cela a joué sur le classement et les cours n'ont pas été assez concluants, en vue de leur travail d'équipe absolument médiocre. Grâce à leurs retours plus que positifs malgré leurs écarts de conduite, Milléïs Gazergray et Draval Whiteley sont ceux qui mènent la danse pour la sélection du championnat.

Ingwald se décomposa, ne conservant que son masque de froideur comme protection. Après tous ces sacrifices en quête d'excellence, ses jumeaux allaient se faire détrôner par un vulgaire binôme de prolétaires. C'était impossible pour lui d'accepter une telle honte, c'était un outrage à leur noble nom. Les Lockspear avaient toujours représenté le Championnat des Nations ; c'était leur essence même, leur estampe familiale ! La tête basse, l'inventeur ne put que ruminer.

— Il doit y avoir un moyen de les faire revenir au sommet...

— Je pourrais... faire quelque chose pour eux.

Le ton énigmatique du Vice-Gouverneur capta l'attention d'Ingwald. Avec une confiance éloquente, Wynstead dit :

— Ces chiffres sont de piètres notions abstraites. Je pourrais intervertir leur place et celle du premier binôme en leur rajoutant quelques points suppléments.

— Vous feriez cela ? Mais... C'est illégal.

— Je le sais. Mais je suis le directeur, je fais ce qu'il me paraît juste, mon cher ami. Il serait regrettable de voir vos héritiers en simples spectateurs de cet événement si longtemps attendu par votre famille. Cela restera entre vous et moi. Personne ne sera mis au courant.

Durant une seconde, Ingwald gambergea. Changer les notes était un acte inadmissible et punissable par le MAJE, une triche et il était conscient de ce que lui et Wynstead encourraient. Or, l'appel de la fronde, telle une rivière de diamants, attira le père Lockspear dans son attraction si enjôleuse et aguichante.

Ignorant les conflits d'intérêt, Ingwald acquiesça avec sériosité :

— D'accord. Mais je me doute que ce service n'est pas gratuit.

— En effet. En échange de cela, j'aimerais que vous fassiez quelque chose pour moi.

Le calculateur sortit un papier jauni nettement plié de la poche de son veston. Le chef de département le saisit et le défroissa ; c'était un plan. Un plan complet et très détaillé d'un objet sphérique s'ouvrant en forme de fleur.

— Qu'est-ce que c'est ?

— C'est le plan d'un prototype de déplaceur au Solarium que j'ai imaginé. J'aimerais que vous le construisiez.

— Un déplaceur au Solarium ? Pour quel usage ?

— L'usage de déplacer de grosses charges bien souvent difficiles à transporter par Aéronefs, comme d'autres Aéronefs défaillants ou des cargaisons de ressources et denrées à destination d'autres îles. C'est un système que j'ai imaginé en m'inspirant des Dodécaèdres et des Méca-Condors. Le Solarium est capable de produire des quantités astronomiques d'énergie qui peuvent être utilisées pour rétrécir ou agrandir les cellules en fonction de la quantité de lumière solaire reçue. Nous pouvons ainsi modéliser correctement les atomes pour leur donner la forme et la taille que l'ont souhaite, n'est-ce pas ?

— Oui, je sais comment fonctionne le Solarium.

— Ce sera un outil qui nous sera très utile à l'avenir si sa fabrication s'avère être un succès. L'énergie du Solarium pourra retenir et miniaturiser des charges énormes, diminuant ainsi les risques de vols ou d'attaques lors des déplacements. Imaginez... Transporter un Aéronef au creux de sa main. 

— C'est intéressant.

— N'est-ce pas ? Vous êtes le chef du département des armes et inventions, un génie dans le domaine du développement scientifique et énergétique. Je pense que vous pourrez vous occuper de cela. Un service en vaut un autre... Marché conclu ?

Sûr de son talent de persuasion, Wynstead étira un large sourire à son invité. La réflexion d'Ingwald fut de courte durée ; la création d'un déplaceur contre la place assurée au championnat de ses enfants ? Une telle chance ne se discutait guère. En enfouissant le plan sous sa cape, le père Lockspear accepta ce marché officieux, faisant naître un certain éclat de noirceur dans le regard de son hôte.

En plus d'être un as de la persuasion, Guerlain Wynstead était un fin manipulateur.

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