.Épilogue.
Contre le mur du salon, l'horloge pendue près de la fenêtre affiche seize heures trente quand Izuku passe la porte de l'appartement.
Comme tous les jeudis depuis près de quatre mois maintenant, il rentre bouleversé et éprouvé de sa séance de psychothérapie, celle qu'il suit depuis l'arrestation de Tomura, et dont les résultats ne se révèlent que lentement et progressivement.
En depit de sa libération et de la fin de son calvaire, il semble qu'il faille bien plus de temps à son esprit qu'à son corps pour se remettre de ses années de violence ..
Si les coups ont pris fin, le combat contre les traumatismes reste encore très long.
Mais pour une fois, Izuku est le maître de sa bataille, il peut tenir les rênes de cet affrontements contre lui-même, contrôler sa vie et décider des chemins qu'il prend.
Pour tout ça, il ne saura jamais comment suffisamment remercier ceux qui sont venus le sortir de sa prison, à commencer par Katsuki, sans qui il serait probablement toujours en danger aujourd'hui.
Et avec le recul, il lui arrive parfois de se demander ce qui a bien pu le pousser à accepter les tortures de Tomura aussi longtemps.
Oui, il pensait agir pour ce qu'il croyait être la seule solution, mais il se rend compte désormais qu'il se trompait.
Manipulé et sous la pression de son ex bourreau, il s'était persuadé de ne rien pouvoir faire d'autre que se sacrifier.
Et cet aveuglement, qui aurait pu finir par lui coûter la vie, lui inspire encore un immense sentiment de culpabilité et d'humiliation.
Certains jours, il en pleure.
D'autres fois, l'angoisse réveillée lui coupe le souffle.
_ Ça s'est bien passé ?
Fatiguée par sa matinée de travail suivie de son rendez-vous, il hoche simplement la tête en traversant la pièce pour rejoindre le canapé.
Prenant place juste à côté de Katsuki, qui l'accueille en le dévorant des yeux, il soupire grossièrement pour se détendre contre le dossier confortable.
_ T'as l'air crevé.
_ Un peu, mais ça va.
_ Izuku. gronde doucement Katsuki.
_ D'accord, d'accord .. je suis épuisé, et j'ai pas très bien dormi cette nuit.
Souriant, Katsuki remercie son honnêteté en passant une main sur sa nuque, massant légèrement les muscles tendus pour lui proposer de se reposer un moment.
Installé à son aise, Izuku ferme les yeux pour apprécier le contact ferme et délicat, et aussi pour savourer la chaleur tendre de la paume de Katsuki sur sa peau.
_ Pourquoi tu vas pas te coucher un peu ? Ca te ferait du bien.
_ Mais- et si tu as besoin de moi pour-
_ Je peux me débrouiller tu sais, et toi t'as besoin de dormir, donc vas dormir.
Il doit le dire, depuis son changement de vie, Izuku s'étonne chaque jour de ses nouveaux droits et de ses libertés, redécouvrant peu à peu cette bienveillance donc il avait oublié le parfum à chaque fois que Katsuki l'incite à penser d'abord à lui-même.
Pourtant, il vit chez lui depuis près de quatre mois maintenant, et il devrait sans doute s'y être habitué depuis, mais il faut croire que les mauvais souvenirs ont la peau dure, et ils sont vraisemblablement plus difficiles à chasser qu'à rappeler.
_ En fait .. hésite timidement Izuku en se tortillant sur le canapé. C'est que .. ça m'ennuie aussi de ne pas passer l'après midi avec toi.
Le jour où le secret sur son calvaire est tombé, quelques heures à peine après la découverte de ses bleus par Katsuki dans cette salle de bain, une effervescence sans précédent agitait tout le personnel dans le Yagi's, le bruit commençait à courir partout dans les couloirs, et tout le monde réclamait des nouvelles de leur chef de service.
Aussi, Toshinori est arrivé en trombes juste après avoir été prévenu de la situation.
Essoufflé après avoir couru pour les rejoindre dans la chambre, il s'est présenté presque en pleurs, couvert de honte et de culpabilité à l'idée de n'avoir jamais remarqué la souffrance de son employé.
Aussi, malgré tous les efforts d'Izuku pour le rassurer et lui demander de ne pas s'en vouloir, le patron a fini par se mettre à genou au pied du lit, paumes et face contre terre, avant de lui demander la permission de prendre à sa charge une couverture santé pour les soins de sa mère.
Le cœur d'Izuku s'est serré si fort qu'il a eu du mal à lui répondre, sa respiration lui échappait, les larmes sont revenues une énième fois, mais son employeur a insisté jusqu'à le faire céder.
C'est désormais grâce à lui qu'Inko continue de bénéficier de l'accompagnement de ses deux aides soignantes à domicile, et Izuku ne saura jamais comment le remercier lui non plus.
Après ça, Neito et Ochaco sont venus confirmer l'intervention de la police suite à leur appel, et moins d'une heure plus tard, tous les journaux télévisés ne parlaient plus que de ça.
L'immeuble entier venait d'être interpellé, et les trois quarts des habitants en sont sortis menottes aux poignets, Tomura en tête de ligne, prêt à être embarqué pour une grosse poignée d'années derrière les barreaux.
Tout à coup, Izuku a ressenti un soulagement tout nouveau, si soudain et puissant qu'il en a perdu connaissance, et il s'est effondré sur le matelas.
Enfin .. après admission aux urgences de l'hôpital, il semblerait que ce malaise soit davantage dû à ses côtes brisées et à l'hémorragie interne dans son thorax, mais il préfère continuer de se persuader qu'il s'agissait des effets de la libération et de la sécurité.
Une petite opération plus tard, le médecin a insisté pour le garder en observation pour les quarante huit heures suivantes, et pendant toute la durée de son hospitalisation, il n'a pas été seul une seule minute.
Entre Katsuki, Neito, Ochaco et Toshinori, il s'est senti soutenu et accompagné tout du long tandis qu'ils veillaient tous très scrupuleusement à son état de santé.
C'est aussi à ce moment-là qu'il s'est senti la force de se livrer sur tout ce qu'il n'avait pas encore dit .. Le chantage, les nuits sur le tapis, et les abus sexuels répétés.
Cinq minutes plus tard, un infirmier a demandé à donner des tranquillisants à Katsuki avant que la colère de ce dernier ne le pousse à mettre le feu à l'hôpital entier.
Et puis, quand il a pu quitter l'enceinte médicalisée, il s'est immédiatement retrouvé ici, dans l'appartement de Katsuki qui, comme il l'avait promis, veille sur lui de très près même dans les moments les plus difficiles.
Parce que, c'est vrai malheureusement, malgré tout le chemin et les progrès déjà parcourus, les traumatismes ne disparaissent pas comme ça, et vivre avec Izuku s'avère parfois très éprouvant, tout particulièrement lors de ses crises nocturnes.
Il dort très mal, et le moindre froissement d'air suffit à le réveiller en panique totale.
Aussi, il lui arrive encore souvent de ne pas oser dire ce qu'il pense ou ce qu'il veut, continuant par réflexe de chercher à répondre ce qu'il croit que Katsuki veut entendre, de peur de le mettre en colère.
_ Eh bien, si tu veux je te réveille dans une heure et on passe le reste de la journée ensemble. Ca t'irait ?
Katsuki prend particulièrement bien soin de lui, et Izuku n'aurait pas pu rêver mieux, réellement.
Bien sûr, il est évident les sentiments réciproques qui les unissent jouent un rôle important dans la situation, mais Katsuki n'en demeure pas moins un homme très attentif, déterminé et patient en toute circonstance.
Il a fallu plus d'un mois à Izuku avant de se sentir le courage de l'embrasser pour la première fois, et un autre mois supplémentaire pour lui proposer de partager le même lit, mais Katsuki ne le lui a jamais reproché, pas plus qu'il ne s'est permis de le brusquer ou de le presser.
Tout comme il accepte sans contestation son incapacité émotionnelle à envisager le sexe pour l'instant.
Ca lui prendra peut-être encore des mois, mais Katsuki l'accepte.
_ Hmm .. En fait j'aurai préféré que tu viennes te reposer avec moi .. Si tu veux bien.
Sexe ou pas, ils partagent déjà tellement de choses qui suffisent amplement à déterminer leur amour.
Ils savent se comprendre, s'écouter, se tenir la main dans les bons comme dans les mauvais moments, ils s'enlacent avant de dormir, s'embrassent avant de se lever.
Izuku n'a pas besoin de plus pour savoir qu'il se trouve désormais aux côtés de la bonne personne, et que le reste de sa guérison n'est plus qu'une question de temps.
Il sait désormais qu'il va s'en sortir, que le meilleur reste à venir, et finalement que tout ira bien.
Katsuki a su briser les cordes à ses poignets, lui rendre sa liberté, le protéger, l'aimer, et si le chemin restant est encore long, celui ci possède au moins une véritable destination.
Celle du bonheur.
_ Vendu, je viens avec toi.
Dans un sourire, Katsuki stoppe le massage de sa nuque pour passer sa main dans ses cheveux, jouant brièvement avec les mèches mi longues tombant sur ses épaules.
La douceur de ses caresses n'aura jamais de cesse de faire frémir Izuku, dont le corps se couvre de frissons à chaque passage de ses doigts n'importe où sur sa peau.
Malgré tout ce qu'il avait pu s'imaginer d'une relation avec Katsuki, aucun de ses rêves ne se montrait à la hauteur de cette incroyable réalité.
C'est fou, il l'aime encore plus en vrai, il l'aime encore plus à chaque instant, chaque minute, chaque regard.
Sans lui, il n'aurait jamais pu se sortir de son enfer, et encore moins s'en relever.
Ses yeux d'ambre observent longuement son visage, et sa main vient se poser sur sa joue, puis il parcoure lentement ses tâches de rousseur comme pour les chérir une par une.
_ On pourrait sortir manger quelque part ce soir. propose ensuite Katsuki en embrassant délicatement son front.
_ Oui c'est vrai, on pourrait.
Alors, en se levant tous les deux, ils s'emboitent mutuellement le pas pour gagner la chambre qu'ils partagent ensemble, fermant les volets et éteignant la lumière de la pièce avant de changer de tenue pour se mettre plus à l'aise.
Puis, en se glissant dans les draps, Izuku baille de toute son âme en s'installant confortablement contre le torse de Katsuki, se logeant doucement dans son étreinte pour profiter de ses caresses dans son dos.
_ Hum .. j'aimerais rendre visite à maman demain après midi.
_ D'accord. acquiesce simplement Katsuki. Tu sais que tu n'as pas besoin de mon accord.
_ Oui je sais. Mais j'aimerais que tu viennes avec moi cette fois. Pour .. tu sais .. la rencontrer.
Tout à coup un peu timide, Katsuki masque maladroitement sa pudeur en mordant sa lèvre inférieure et en détournant le regard.
_ Tu veux me présenter à ta mère ?
_ Oui, j'aimerais beaucoup. Si tu veux bien.
Puis, après une seconde de réflexion plus ou moins utile, Katsuki hoche la tête pour accepter sa requête, déclenchant instantanément le sourire de son amoureux dans ses bras.
Enfin, Izuku conclut cette discussion en se hissant légèrement contre lui, rejoignant la hauteur de son visage pour atteindre ses lèvres, et les embrasser sans retenue.
_ Je t'aime. souffle t-il avant de retrouver sa place d'origine.
S'installant plus confortablement que jamais contre lui, la sensation de sa peau contre la sienne apaise son cœur et son âme, diffusant à travers son corps un million de particules de bonheur et de sérénité.
Izuku revient de loin, de très très loin, mais il sait aujourd'hui qu'il va s'en sortir, et qu'au côté de Katsuki, plus rien ni personne ne pourrait lui faire de mal.
_ Je t'aime encore plus.
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Coucou !
Je sais que cet épilogue est un peu court, j'ai eu beaucoup de mal à terminer cette fiction.
Mais je suis quand même contente de ne pas l'avoir abandonnée et de lui avoir donné une fin malgré tout.
C'était une expérience plus lourde qu'imaginée, mais je suis heureuse d'avoir quand même réussi à la mener jusque là en dépit de toutes les difficultés que ça a représenté.
Je suis malgré tout désolée de ne pas avoir pu en faire plus et de conclure avec un si petit épilogue, j'espère qu'il vous aura plu malgré tout !
Je vous embrasse et je vous donne très vite des nouvelles de la prochaine fiction à venir 😘
Prenez soin de vous ❤️🦩
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