Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 12 : La Nature Dangereuse et Passionnelle 1/8 ✔️

— Bonjour, ma bonne dame, profitez de nos beaux légumes ! Nous les avons reçus ce matin, ils sont tout frais et gorgés de soleil !

Sous l'ombre protectrice de ses boucles de jais, le regard perçant d'Omaima passait en revue les produits les plus raffinés lors de son marché. Dotée d'un flair infaillible, elle ne se contentait que du nec plus ultra pour régaler la famille Blanchecombe lors de leurs somptueux banquets. À la tête des ouvriers du Beffroi depuis un quart de siècle, Omaima exerçait ses fonctions avec une rigueur exemplaire. Clef de voûte du bon fonctionnement des tâches, elle était consciente que, sans son expertise inestimable, la gestion de cet immense édifice serait vouée à l'échec. Le seigneur Byron avait placé en elle une confiance indéfectible, et tous les serviteurs, valets et cuisiniers la respectaient pour sa sagesse et son dévouement.

Chaque tubercule était passée au crible, chaque herbe était sondée pour n'y trouver que la plus grande fraîcheur. Il fallait que les gouttes de rosées y soient encore accrochées pour qu'elle daigne offrir son approbation. Fort heureusement, son marchand favori ne proposait que de la qualité.

— Donnez-moi deux douzaines de carottes des neiges, je vous prie. Les plus fraîches possibles.

Quand le vendeur lui tendit son paquet, Omaima le posa dans le panier que tenait Varvara, à ses côtés. Il était une coutume pour la mère et la fille d'aller elles-mêmes faire le marché une fois par semaine pour renflouer les réserves du Beffroi. La jeune femme soupira en guettant le bout de l'allée commerciale, baignée par un morne point du jour. Le monde n'était plus le même depuis les récents conflits réouverts. La ville était vidée de moitié, les enfants restaient enfermés, ne dispersant plus leurs rires contagieux dans les rues de Cassandore. Tout était devenu triste si vite. Bien davantage pour elle depuis que Jaya était partie.

Il ne s'était écoulé que quatre jours et pourtant, le temps lui semblait s'étirer en une éternité. L'absence de sa présence chaleureuse creusait un vide dans sa vie parfois morose et, en secret, Varvara aspirait à la revoir au plus vite pour retrouver l'éclat de son sourire. Jamais auparavant, personne ne l'avait considérée comme elle l'avait fait, pas même les autres serviteurs avec lesquels elle avait grandi. Jaya se distinguait des autres nobles, de ces femmes écervelées qu'elle pouvait voir lors des bals et des mondanités organisées par les Blanchecombe. Elle savait l'apaiser et l'écouter sans la juger.

Varvara n'éprouvait aucune crainte face à cette alhorienne, mais tellement depuis qu'elle se retrouvait à nouveau seule avec sa mère...

Des soldats cassandoriens passèrent au pas le long de l'avenue, armes à la ceinture. La belle métisse les observa, fascinée par la précision de leurs mouvements, exécutés avec une fermeté inébranlable. C'est alors que le meneur de la garnison la frappa au plus profond de son âme.

Leftheris...

Vêtu de sa gabardine beige et or de général, il menait ses troupes à la base pour établir les futures stratégies en cas d'attaques. Ses cheveux blonds scintillaient dans la lueur matinale. Il était si sérieux, si respectable qu'elle ne pouvait le quitter des yeux. Elle aurait parié qu'elle avait même la bouche en cœur devant l'amour indécent qu'elle lui portait.

Il ne l'avait même pas remarquée dans sa grande concentration.

Quatre jours... Cela faisait quatre jours qu'il n'était pas venu la voir. Chaque nuit, elle l'attendait dans sa chambre de bonne, priant qu'il daigne ouvrir sa porte qu'elle laissait intentionnellement ouverte pour lui. Il était venu une fois en plein cœur des ténèbres apposer sa marque charnelle sur son corps de jeune femme avant de repartir, n'abandonnant que son parfum dans les draps de la jouvencelle. Au fil des incartades nocturnes, la douleur lancinante avait fini par partir, ne laissant plus que la sensation de cognement en elle. De longs cognements qu'elle avait appris à apprécier, malgré tout. La simple présence de Leftheris lui suffisait pour savourer ces œuvres de chair interdites. Elle revoyait encore sans peine son corps nu penché au-dessus du sien. Elle l'effleurait du bout des doigts...

Quatre jours...

Varvara comprenait l'ampleur des responsabilités qui pesaient sur lui et ne lui en tenait pas rigueur. Elle était lucide quant au fait qu'il ne pourrait lui consacrer autant de temps qu'elle l'aurait souhaité. D'ailleurs, désirait-il véritablement partager son temps précieux avec elle ? Le doute l'assaillait. Vivre ainsi devenait plus que compliqué ; comment lutter contre ses sentiments face à un tel homme ? Elle était si faible qu'elle se laissait faire sans broncher.

Ce secret alourdissait son crâne de mille tourments.

— Varvara ! Qu'est-ce que tu fais ?

La jeune servante sursauta sous les remontrances de sa mère. Depuis un moment déjà, cette dernière lui tendait un sachet rempli de légumes, attendant qu'elle l'en déleste. Et là, elle surprenait sa fille en pleine rêverie, les yeux rivés sur le passage des soldats. La voilà qu'elle regardait les hommes, maintenant ? Elle allait bientôt vouloir se marier, à cette allure ! Elle était certes adulte, mais demeurait encore bien trop jeune à ses yeux. Qui donc la seconderait au Beffroi si elle se mariait ? Les autres servantes n'étaient que des incompétentes pour cette femme bien trop perfectionniste. Cependant, Omaima se crispa lorsque Leftheris entra dans son champ de vision.

Varvara baissa piteusement la tête. Elle avait compris... Le regard sévère de sa mère s'intensifia, apportant des frissons à la jeune femme éperdue.

— Tu le regardais ?

Ces mots, telle une accusation, firent relever les yeux suppliants de Varvara. Reste naturelle...

— Qui donc, mère ?

— Le prince. Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ?

Elle en était incapable, ses tremblements la trahissaient.

— N-non, je n'ai rien fait du tout...

— Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ?!

Le cri d'Omaima fit trembler le cœur de Varvara. Inconsciente de la présence des marchands et des passants alentour, sa colère bouillonnante éclipsait toute retenue. Abandonnant brusquement ses achats, celle-ci se saisit du poignet de sa fille avec une violence inouïe et l'entraîna sans ménagement dans une ruelle adjacente au marché, avant de la jeter dos au mur.

— Pourquoi tu me désobéis constamment, Varvara ? Je ne t'ai pas élevée comme ça. Je t'ai déjà dit mille fois de ne pas te préoccuper des princes.

— Je... je l'ai juste regardé...

— C'est déjà beaucoup trop. Ne comprends-tu pas que je fais cela pour te protéger ? J'ai vécu bien avant toi, je connais ce monde et les hommes comme personne. Ils ne font que se moquer des femmes comme nous, profitant de notre faiblesse pour s'accaparer notre vertu. Les hommes sont tous des ordures ! Noble comme roturier ! Regarde comme ton père m'a abandonnée avant même ta naissance, il m'a détruite sans prendre cas à ma douleur. Ici, ce sera pareil, à un détail près... On ne mélange pas les classes sociales, ça ne se termine jamais bien !

La tristesse et la colère grandissaient dans la poitrine de Varvara. Elles serpentaient dans ses veines à contre-courant, se mélangeant pour faire éclore un courage aiguisé par ces paroles insensées à ses oreilles. Ce fourmillement était trop fort pour qu'elle daigne l'ignorer. Son poing serré le long du corps, sa langue siffla :

— Qu'est-ce que tu en sais ? Qui te dit que Leftheris ne pourrait pas m'aimer ? 

— T'aimer ? Tu penses que le prince pourra un jour t'aimer ? Ma pauvre fille, il épousera une noble, comme son frère, pas une ridicule servante.

— Non ! Tu mens ! J'en suis sûre ! Je l'aime, maman !

Le visage d'Omaima se décomposa. Sa peau foncée vira dans des teintes grisâtres.

— Tu l'aimes... ?

— Oui... Plus que tout... et je rêve de l'épouser.

Confrontée à ces aveux, les lèvres pulpeuses d'Omaima se contractèrent sous l'effet de la colère. Enfin, Varvara avait eu le courage de les prononcer. Terminé de cacher ses sentiments, elle en avait assez ! Sa mère ne pourrait pas la priver indéfiniment de grandir, d'aimer et de s'épanouir. Elle était désormais une femme, et non plus la petite fille constamment blottie dans ses jupons protecteurs.

Une gifle partit à la vitesse de la lumière, s'écrasant sur la joue de Varvara.

Son panier plein de légumes tomba au sol par le choc, parsemant la terre claire d'un brusque lâché de couleurs. L'écho du coup résonna encore longtemps dans la ruelle, mais aussi dans son esprit. Les paupières gonflées de larmes, la jeune femme posa sa main sur son visage endolori. Sa lèvre frémissait sous son irrépressible envie de pleurer. Pourquoi ? Pourquoi ne comprenait-elle pas ? Pourquoi brisait-elle tous ses espoirs avec une telle noirceur dans le regard ?

— Tu n'es vraiment qu'une sombre idiote. Tu ne peux pas comprendre ce pourquoi je fais ça, mais c'est pour ton bien. Je me tue chaque jour pour toi, je t'ai tout appris seule, te portant à bout de bras dans les raz-de-marées de souffrance qui m'ont frappée et me frappe encore chaque jour, afin que tu n'en sois pas une victime, toi aussi. Je t'ai assumée sans l'aide de personne et sûrement pas d'un homme ! Mais je réalise que tu n'es qu'une petite sotte qui crois que l'amour résout tout. L'amour ne résout rien ! Tomber amoureux... Quelle infâme bêtise ! Quand on tombe, c'est douloureux. L'amour fait mal. Mais alors quelle stupidité d'éprouver un tel sentiment pour un homme, si on doit souffrir ! Il faudrait être bête ou bien naïf... L'expression même nous met en garde. Il ne faut pas ignorer les mots, ils ont bien plus de raison que l'on croit. Mais toi... Ma pauvre petite fleur innocente... Tu es si irresponsable que les mots volent au-dessus de ta maudite tête dure ! Tu me déçois beaucoup, Varvara...

Ce fut une véritable larme qui coula sur la joue de l'accusée.

— À partir de maintenant, je t'interdis tout contact avec le prince Leftheris. C'est moi seule qui m'occuperait de ses derniers pansements.

— Mais...

— Il n'y a pas de mais ! Tu resteras loin de lui, un point c'est tout ! Et que je ne te prenne pas à le regarder, lui sourire ou vouloir flirter en secret, sinon... ça ne sera pas une simple gifle que je te donnerais.

Varvara déglutit, mordant fort sa babine pour coincer son envie d'hurler à pleins poumons.

— Ramasse-moi ces légumes et rentrons. Ne parlons plus jamais de cela.

Omaima regagna la rue commerciale d'un pas irascible, piétinant dans son sillage, le désarroi et la fureur de sa fille. Varvara lui jeta un œil humide scintillant d'un étrange dégoût. Elle ne la comprendrait jamais et ne la laisserait jamais vivre sa vie. Parfois, dans ces moments, Varvara aimerait tant que sa mère prenne la place de la reine de Cassandore...

Qu'elle soit morte et enterrée...

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro