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† SIX †

Du feu. Des flammes. Rouge ardent, rouge passion... Rouge sang.

Je ne vois que ça autour de moi. Où suis-je ? Suis-je tombée dans les limbes ? Cette place irréelle au pied de l'enfer ? Ou alors... Suis-je en enfer même ? Je n'en sais rien, mais la chaleur est étouffante. J'ai du mal à respirer. Tellement de mal. Ce brasier me consume comme une cigarette. J'ai l'impression de partir en poussière, soufflée par un rire ténébreux qui parvient jusqu'à moi :

Nous ne sommes pas ici par hasard...

Une peur douloureuse me tiraille le ventre. Ma chair brûle et se craquèle sous la danse endiablée du feu. Une sensation de danger imminent, d'oppression intérieure me prend ; elle est si forte que je me sens totalement désarmée, vidée de mon essence. Des hurlements lointains, étouffés, se heurtent à moi, telles des mains baladeuses. Ils inspirent le mal, le chaos et la torture. Oui. Ce sont des cris d'agonie. Je ne saurais dire à qui ils appartiennent.

Ce sont peut-être les miens...

L'heure viendra où tout s'assombrira. La vérité creusera des sillons sur tes joues et engorgera tes yeux d'un noir abyssal.

Soudain, émergeant des flammes, je vois une horde d'enfants qui m'entoure, en cercle. Ma gorge est comprimée par l'effusion de peur qui m'assaille et me désarme. Je suis pétrifiée, impuissante, comme enchaînée par des liens de magma en fusion. Ces enfants me fixent. Que me veulent-ils ? Leurs yeux...

Ils sont entièrement noirs.

Et tu nous rejoindras, Sephora !

Cette fois, mon cri d'horreur fait trembler les barrières qui m'immobilisent. Non, non, non, je refuse de les rejoindre. Pas eux. Pas ces enfants aux yeux d'ébène. Jamais ! Tout se brouille autour de moi, se distord et disparaît en des millions d'éclats.

Je me réveille en sursaut, mon hurlement me suivant dans la réalité.

Qu'est-ce qui vient de se passer ? Ébranlée et en sueur, je tâte mon environnement d'une main tremblante, tentant de trouver une attache familière dans ces contrées encore assoupies. Je suis rassurée de sentir la douceur de ma couverture et la tendre chaleur de mon lit. Seigneur... Je suis dans ma chambre ; dans mon appartement. C'est fini. Je n'arrive plus à reprendre ma respiration. Mon cœur pulse et rebondit dans ma poitrine, telle une batterie désaxée que l'ont martèle pour le plaisir. Calme-toi, Sephora... Ce n'était qu'un cauchemar.

Assise dans mon lit, j'essaye tant bien que mal de reprendre pied en frottant mon visage entre mes deux paumes. Je décolle mes paupières et retire une mèche de cheveux gluante de ma bouche. Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi ? Pourquoi m'apparaissent-ils ainsi, dans mon sommeil ? Ça n'était pas arrivé depuis des années... Depuis... La mort de ma mère.

Je dois oublier ça. Je ressens encore la terrible sensation du feu sur ma peau et de leurs milliers d'yeux sans fin sur ma personne. J'en ai des frissons.

D'un œil encore déboussolé, je regarde l'heure sur mon téléphone ; minuit trente-trois. J'ai dormi autant de temps ? Je glisse mes doigts sur mon front, faisant ruisseler les perles de sueur. Je n'ai pas pu retourner à la bibliothèque. Fait chier ! Avec l'histoire du cabinet, plus ce cauchemar, j'ai l'impression viscérale que ces enfants veulent me faire passer une sorte de message. Mais quel genre de message ? Pourquoi ? Pourquoi moi ?

Le silence ne m'offre aucune réponse. Lassée par notre discussion qui n'aboutit à rien, je m'extirpe de mes draps et traine ma carcasse au bord du lit où je m'assois. Trois messages non-lus s'affichent sur mon écran d'accueil. Je clique dessus avec l'espoir que l'un d'eux soit de Shayne, mais... je déchante très vite. Deux sont d'Alaska :

Reçu à : 16h15
« Comment vas-tu, Sephora ? Mieux j'espère. »

Reçu à : 21h03
« Ça va ? Tu dois dormir, je pense. Rappelle-moi lorsque tu seras en forme. J'ai parlé de ton cas à ma mère en rentrant du cabinet et elle veut t'aider. »

Le dernier message d'Alaska me fait ouvrir de grands yeux. Je n'aurais pas cru qu'elle en parle si tôt. Je suis prise de court et je ne sais pas comment prendre la nouvelle. Avec joie ? Avec anxiété ? La mère d'Alaska est une vendeuse d'antiquités et accessoirement voyante, dans son temps libre. Je ne l'ai jamais rencontrée, mais Alaska m'en parle souvent. Je lui réponds rapidement par la positivité et je fixe un rendez-vous. Si sa mère peut m'aider à me débarrasser de ces enfants, je ne vais pas cracher dessus.

Je n'attends pas la réponse de ma complice —à cette heure, elle doit dormir— et je m'envole vers le troisième message que je n'ai toujours pas ouvert. En voyant le nom de l'envoyeur, je me fige devant l'écran.

Il est de mon père, Paul.

Reçu à 21h33
« Bonsoir, Sephy. Je voulais prendre un peu de tes nouvelles. Tu n'en donnes pas beaucoup. Comment ça se passe à Traverse City ? La ville est toujours aussi calme ? Ton travail ? Ton petit-ami ? Tout va bien ? Rappelle-moi lorsque tu en auras le temps ou l'envie. Tu me manques beaucoup, ma chérie. »

Machinalement, je me mords la lèvre inférieure, pleine de culpabilité. Ça fait près de trois mois que je n'ai donné aucune nouvelle à mon père. Notre relation n'est pas des meilleures qui soient, surtout depuis son remariage. Sa nouvelle femme, Linda, a pris la place de ma mère bien trop rapidement suite à son décès ; à peine quelques mois après. Je ne l'ai pas accepté. Jamais je ne l'accepterai ! Néanmoins... Ce n'est pas à mon père que j'en veux le plus. J'en veux à cette personne qui m'a déçue, m'a terrifiée et continue de me dégoûter à chaque instant pour sa lâcheté à l'idée de faire face aux conflits.

Cette personne... C'est moi-même.

J'ignore pourquoi je lui ai écrit une réponse positive. J'ignore pourquoi je lui ai donné rendez-vous au café, dans trois jours. J'ignore pourquoi j'ai si peur à l'idée de le revoir. Peur de ses questions sur ma vie, sur ce que je vis. Peur de l'entendre parler de Linda comme d'une sculpture rare et précieuse, alors que ma maman pourrit six pieds sous terre depuis treize ans.

Ma belle-mère ne m'aime pas à cause de mon franc parler et de mes nombreuses crises de panique inexpliquées, les neuf premières années où elle est venue vivre avec nous dans notre maison. Pour elle, j'étais une enfant bizarre, étrange et dérangeante. Mon père, ce faible, pour satisfaire sa bimbo, s'est mis à m'engueuler et à se détacher de moi. Il ne me faisait même plus de bisou avant d'aller dormir, comme il en avait l'habitude. Depuis petite, il avait toujours été là pour me rassurer lorsque les enfants aux yeux d'ébène me rendaient visite. Nous étions très proches et j'ai mal pris son départ de Traverse City, à mes dix-huit ans. Linda voulait se rapprocher de sa famille à Bath et en mari exemplaire, il a réalisé son désir. Je me suis sentie trahie, abandonnée. Par la colère, j'ai refusé de les suivre. Je suis restée seule et livrée à moi-même dans cette jungle qui m'était pourtant si familière.

Ça fait des années et pourtant, j'ai toujours du mal à pardonner mon père. Même les plus longs discours ne pourront changer ma vision de ce rejet inconscient de sa part. Je ne peux oublier.

En reposant mon téléphone sur ma table de chevet, je me réinstalle dans mon lit, les yeux au plafond. Il reste quelques longues heures avant le lever du jour. J'essaye de mettre mon père de côté et de me rendormir. Demain, j'ai des recherches à pousser.

 

 

Un donut en main, je cours sur la rue baignée par la lumière matinale. La fraîcheur accentuée par le vent du nord me rappelle que l'hiver et ses températures impossibles approchent. Je mords dans mon petit-déjeuner avec voracité et fais pleuvoir un nuage de sucre en poudre sur l'écharpe péruvienne nouée à mon cou. Fait chier ! J'esquive un maçon grimpant sur l'échafaudage d'un immeuble et rejoins l'autre partie du trottoir qui mène à la bibliothèque. Elle trône en hauteur, surplombant la rue. J'aperçois son horloge, perchée sur le toit. En avalant mon dernier morceau de donut, je secoue les miettes sucrées qui collent à mon linge et me presse à la porte. Elle vient à peine d'ouvrir, mais le guichet est vide. La vielle bibliothécaire doit être quelque part dans les parages, à ranger les étagères ou à installer les nouveautés. Le lieu est désert et le calme règne en maître. Cependant, je n'ai ni le temps, ni l'envie de m'attarder sur l'atmosphère.

Ma destination : la section paranormale.

J'y arrive en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, comme si j'y avais été guidée. En à peine quelques secondes de recherche, je retrouve mon sésame : les Légendes d'Outre-Tombe du mystérieux Lehb Epgor. Avide de réponses, je coupe la tranche pour revenir à la page où je m'étais arrêtée, hier.

« Qui sont les Black Eyed Kids ? D'où viennent-ils ? Que nous veulent-ils ? En menant l'enquête, j'ai avancé quelques théories : ils seraient des êtres errants venus d'une autre dimension pour chercher des humains dans un but obscur, d'où leur besoin impérieux d'être invités à entrer chez les gens. J'ai rencontré des personnes siphonnées relatant qu'ils seraient l'évolution du genre humain venus du futur pour chercher à en apprendre davantage sur leurs origines. Foutaises ! Ces enfants savent très bien ce qu'ils cherchent et ce n'est pas l'origine de quoique ce soit. Je pense qu'il s'agit de quelque chose de plus sombre encore. »

Je m'arrête une seconde, déglutissant devant ces mots. Quelque chose de plus sombre ? Quoi donc ? À cet instant, m'offrant un sursaut, j'entends des pas tout près de moi, claquant lentement sur le parquet. En tournant vivement les yeux vers le bout du couloir, je n'y vois personne. Mon cœur s'emballe.

Plus aucun bruit.

Un souffle fébrile sort d'entre mes lèvres. Soit c'est la bibliothécaire qui fouine, soit l'un de mes parasites s'amuse avec mes nerfs. Je me calme et tente d'ignorer ce fait étrange, puis je reprends aussitôt ma lecture :

« Les Black Eyed Kids semblent avoir une emprise psychique sur les humains. Ils seraient capables de lire dans les pensées, d'anticiper la réaction ou les questions des personnes qu'ils visitent. Ils pourraient également ressentir les émotions de leur hôte et jouer sur le fil de celles-ci, afin de le rendre fou. »

Bizarre, on dirait que ce passage tombe à pic. Je continue :

« Un élément d'identification : ces enfants ont un style vestimentaire qui semble venu d'un autre âge. Il en va de même de leur langage, désuet pour un enfant de leur âge. Autre particularité : si vous les croisez, ils vous demanderont obligatoirement votre permission pour entrer chez vous. Ils ont besoin de votre consentement. Ce détail, quoique minime, n'est pas sans nous rappeler une des lois de la vampirologie, disant que les vampires ont, eux aussi, besoin d'une invitation pour pouvoir pénétrer dans un lieu où ils n'ont jamais mis les pieds. »

Des vampires ? J'aurais tout vu...

« Il y a très peu de récits d'individus ayant invité un de ces enfants dans son domicile, pas plus des suites de cette invitation. Cependant, j'ai découvert le témoignage d'une mère de famille ayant laissé son fils seul dans son salon, très tard dans la nuit, le temps de faire le lit de son garçon. En redescendant, elle fut prise d'effroi de voir, je cite : « un enfant aux yeux aussi noirs que la mort » assis à côté de son fils. Ce dernier avait invité l'enfant à entrer dans la maison en croyant se faire un copain de jeux. Seulement, l'entité n'aurait dit qu'une seule phrase : « ce n'est pas toi que je cherche ». Terrifiée, la mère a extirpé son fils du canapé pour aller se réfugier chez un voisin. Lorsqu'elle y retourna avec celui-ci, l'enfant aux yeux noirs avait disparu. J'ai appris que, par la suite, son petit garçon est tombé malade. Les médecins ne trouvaient aucune explication pour justifier l'état de santé du garçonnet qui se désagrégeait peu à peu, jusqu'à ce qu'il ne meure de ses maux inconnus. »

Je suis choquée par ces lignes. Un garçon aurait trouvé la mort suite à sa rencontre avec l'un de ces enfants aux yeux d'ébène ? Je suis sidérée, triste et apeurée. Ça dépasse l'entendement. Et si... Ça m'arrivait, à moi aussi ?

« En ce temps, nous ne pouvons que spéculer sur leur existence, leurs origines et leurs desseins. Or, une chose est sûre ; après avoir parcouru ces lignes, vous ne pourrez plus vous empêcher d'avoir une légère appréhension quand vous entendrez frapper à votre porte, la nuit. »

Je suis au bas de la page. J'en veux plus. Il m'en faut plus ! Toutefois, je suis déçue de voir que c'est la fin. C'est trop peu... Beaucoup trop peu ! Il n'y a rien sur comment s'en débarrasser, ni même les contrer. Je suis désemparée. Espérant y trouver autre chose, je continue de tourner les pages en vain. Pitié...

Soudain, une chose tombe du bouquin et atterrit à mes pieds.

Je fronce les sourcils ; qu'est-ce que c'est ? Cette chose était prise entre deux feuilles. Curieuse, je la saisis et remarque qu'il s'agit d'un morceau de page blanche pliée en quatre. Je repose le livre à sa place et m'empresse de regarder si personne ne m'observe. Satisfaite de me savoir seule, mes doigts prennent et déplient le papier. Mes paupières se plissent ; je ne comprends pas. Il y a un magnifique dessin griffonné au crayon représentant une fille de profil. Elle porte un livre noir entre ses mains. La précision des traits me laisse sans voix. Quel talent ! Après plusieurs secondes d'analyse, ses caractéristiques me sautent aux yeux.

Ses cheveux sombres au carré, sa bouche pulpeuse, ses tâches de rousseur et cette écharpe péruvienne... Celle que je porte actuellement.

Cette fille... c'est... c'est moi.

Affolée par cette découverte, je tourne sur moi-même afin d'être sûre que personne ne me guigne dans l'ombre. Quelqu'un m'a observée, hier, je ne vois pas d'autres possibilités. Calme-toi, Sephora... Respire... Je desserre lentement ma poigne du papier. Si je continue, je vais le réduire en miettes par l'angoisse qui me terrasse. Reste calme... J'inspire un grand coup, puis expire par la bouche. Ma tension redescend légèrement. Bon... Cherchons une réponse plausible.

Qui a bien pu faire ce dessin ?

Je l'ignore et ça me rend dingue. Je retourne cette feuille dans tous les sens, telle une idée dont je ne saisis pas la signification. Je pile soudainement lorsque je remarque une forme au dos. Il y a quelque chose d'écrit au crayon. L'écriture est si élégante, presque calligraphique ; je fais pâle figure avec mes pattes de mouches. C'est un message. Il dit :

« Cherchez-vous des réponses ? »

Je reste bête sur l'instant. Que dois-je faire ? Bien évidemment que j'en cherche des réponses, mais tout devient si étrange autour de moi. Quoi ? Est-ce un jeu ? Le passe-temps d'un pervers qui s'évertue à me suivre ? S'adresse-t-il réellement à moi, au moins ?

Peu importe...

Je suis prête à tout pour en savoir davantage sur ces choses. Je prends dans mon sac un stylo et presse la feuille sur une étagère. Le capuchon coincé entre mes dents, j'écris juste en bas du message :

« Oui. »

Je fixe mon texte avec insistance durant une poignée de secondes, méditant sur la possible bêtise que je viens de faire, puis je replie le dessin et le remets à sa place dans le bouquin. Qui sait...

Si je reviens demain, peut-être aurais-je les réponses de ce mystérieux inconnu.

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