Mjöltznir 5/9
Leftheris s'éveilla, une douleur sourde lui martelant le crâne.
Une lourdeur lui pesait sur les paupières. Son corps tout entier était assailli par une faiblesse si profonde qu'il se sentait comme une feuille abandonnée au caprice du courant d'une rivière, sans contrôle sur sa trajectoire et sur ses mouvements. Il tenta un geste, un effort pour lever le bras et défaire l'entrave qui l'enserrait. Étaient-ce des draps ? Ou peut-être des cordes ? Dans cet état de confusion, il n'était plus sûr de rien.
— Doucement, on se calme.
Il chercha à comprendre où il était, mais aveuglé, il ne voyait qu'une ombre se mouvoir dans la lueur orangée d'un feu. Une main se posa sur son front en sueur pour prendre sa température. Il eut un spasme de la tête pour s'en dégager. Malgré la chaleur dans laquelle il se vautrait et qui le réconfortait après tout ce temps dans l'air glacial des montagnes, il considéra cette apparition comme une menace. Or, la mémoire lui revint rapidement.
Ce village perdu, ces gens... puis le trou noir.
Il sentait le goût métallique du sang dans sa bouche, un rappel brutal de la violence de son évanouissement. Oui... Il s'était évanoui d'épuisement, comme le faible qu'il était. Cette simple idée le mettait hors de lui.
— Tenez, buvez un peu. Ça va vous revigorer.
Un bol de bois lui fut tendu sous le nez. Une goutte tomba sur ses lèvres gercées et la sensation délectable d'hydratation l'attira à ce breuvage. De la tisane aux plantes, bien chaude et délicieuse, qu'il avala goulûment jusqu'à la dernière larme.
Il sentit la main fine tenant le bol se crisper un peu lorsqu'il la saisit pour la forcer à pencher plus rapidement le récipient vers lui.
— Buvez doucement, vous allez vous étouffer.
Il avait dû en vivre des choses dans cette montagne pour être si vorace...
Ce n'est qu'après avoir relâché le bol vide qu'il remarqua la jeune femme brune assise à côté de son lit, sur un tabouret. Ses yeux sombres étaient illuminés par les flammes ondoyantes du brasero, comme deux étoiles perdues dans la nuit. Son teint hâlé racontait des histoires de journées passées sous le soleil, mais peut-être pas dans ces glaciers.
Elle prit ensuite un plat rempli de ragoût de gibier et de racines d'hiver. La nourriture dégageait une odeur agréable, les vapeurs chaudes s'élevant en volutes réconfortantes depuis la surface brune et riche. Elle engorgea la cuillère, puis lui tendit.
— Mangez un peu, et doucement, cette fois.
Il balaya toute hésitation et avala cette première bouchée qui lui parut être comme une renaissance, éveillant en lui un soulagement d'une intensité presque primitive. Redressé avec dignité, il lui prit des mains la nourriture pour manger seul, la chaleur se propageant doucement à travers ses doigts engourdis. L'arôme envoûtant de la viande fraîchement cuite lui chatouillait les papilles, ravivant une faim longtemps refoulée.
Les jambes croisées, la jeune femme le regarda un moment engloutir son plat d'un œil un peu circonspect, avant de rompre le silence.
— Je m'appelle Hami, je suis guérisseuse. J'ai soigné vos blessures, vous ne risquez plus rien, mais vous n'êtes pas passé loin. Vos pieds étaient complètement bleus et vous aviez de la fièvre, j'ignore même comment vous avez pu tenir aussi longtemps.
Son repas terminé, Leftheris posa le bol sur les draps, puis leva un regard torve sur sa sauveuse.
— Je... je me fiche de ces blessures. Je veux simplement savoir où est Jaya.
Hami fronça les sourcils. Voilà qu'il repartait dans ses délires...
— Qu'est-ce que vous lui voulez, à la fin ? Vous voulez la tuer pour ce qu'elle a fait à l'archevêque?
— Non... Ce qu'elle a fait au temple n'existe plus pour moi. Et cela n'existera bientôt plus pour Cassandore et même l'île entière.
Que voulait-il dire par là ? Hami avait peur de comprendre.
— Mon souhait le plus cher est de la ramener en sûreté, dans le milieu qu'elle a toujours connu. Les fastes de la couronne, du règne et du confort. Jaya est une reine. Et elle ne sera pas n'importe laquelle, elle sera « ma » reine.
C'était donc bien ce qu'elle pensait. Il lui était arrivé d'entendre des rumeurs sur le prince aîné et son attirance pour sa petite belle-sœur royale, lorsqu'elle vivait encore à Cassandore. Jamais elle n'aurait cru qu'elles étaient fondées...
— Je suis roi. Et ceux qui défient ma volonté rencontreront inévitablement leur destin, sans aucune équivoque.
Il se redressa en position assise dans le lit.
— J'attends donc que vous et les habitants de ce village collaboriez avec moi, si vous souhaitez éviter tout désagrément.
— Vous devez ignorez dans quel genre de village vous êtes.
Il fronça les sourcils, attendant qu'elle s'explique.
— Vous savez, la princesse Jaya a trouvé refuge ici pour vivre en paix. Elle est en sécurité tant qu'elle est entourée de personnes comme elle qui lui tendent la main, qui l'acceptent sans la condamner pour son passé. Nous, contrairement à vos croyants, nous ne nous soucions guère d'Ymos. Nous la défendrons, nous combattrons pour elle, car elle fait désormais partie des nôtres. Alors arrêtez de courir après elle, c'est pour votre bien. Jaya est partie il y a peu, elle est perdue dans la montagne, au-delà du fleuve, si j'ai bien compris. Son homme est avec elle. Alors arrêtez, renoncez à cette poursuite. Considérez votre vie, votre règne et oubliez Jaya. Sinon, vous risquez d'y perdre bien plus que vous ne le pensez.
Son homme... Ces simples mots tournaient en boucle dans son esprit et annihilaient tous les autres. Il n'avait retenu que cela. Son homme...
— C'est lui, n'est-ce pas ?
Hami conserva un silence confus, mais à la fois coupable, déstabilisée par la gravité dans la voix du blond.
— Mon frère... c'est lui cet homme qui est avec elle ?
La jeune brune se pétrifia, muette. Comment pouvait-il le savoir ? Toute l'île pensait le prince Vadim mort, sa famille y compris. Elle crut voir une flamme de haine et de détermination naître dans l'œil injecté de sang de l'ancien général. Une lueur qui l'effraya plus que tout.
Son mutisme en disait long pour Leftheris. C'était donc vrai... et rien au monde n'aurait pu le mettre plus en colère.
Sans prendre garde à ses membres encore endoloris, il écarta les draps et se leva en trombe du lit sous les yeux effarés d'Hami. Torse nu, il claudiqua un instant vers la table où ses tricots et sa cape étaient posés, tout près de son épée.
— Attendez, Leftheris, où est-ce que vous allez ?
Il ne lui répondit pas, se contentant de s'habiller, avant de prendre son arme étincelante qu'il replaça à sa hanche. Hami insista, en courant vers lui :
— Vous ne devez pas partir ! Je vous en prie !
La main brutale de l'homme balaya la joue d'Hami qui s'écrasa douloureusement contre le mur. Ses longs cheveux bruns éparpillés autour de sa tête, elle tomba face contre terre, assommée par la force du coup qu'elle venait de recevoir.
— Silence ! Vous devriez me nommer sire ! L'irrespect avec lequel vous m'abordez mériterait que je vous condamne à mort ! Qui êtes-vous donc pour oser me dicter votre loi ? Plus personne ne se permettra de m'imposer sa volonté ! Et ne vous avisez plus jamais de me retenir.
Une main portée à sa joue encore pulsante, la guérisseuse le regarda quitter le chalet de sa démarche lourde et résolue. Le vent qui s'engouffrait par la porte laissée entrebâillée portait avec lui un froid mordant, mais rien qui ne puisse rivaliser avec la terreur qui s'insinuait dans son âme.
Elle avait un très mauvais pressentiment. Il émanait de cet homme une aura sombre, dangereuse, comme s'il était capable d'infliger l'impensable.
Et c'était le cas.
❅
Varvara tournait en rond depuis une demi-heure.
De retour à son chalet, elle avait été agressée par des pensées parasites et une peur monstre de la réalité. Sa vision des choses avait été faussée une fois, avec Vadim.
À cet instant, elle aurait aimé qu'il en soit de même avec Leftheris.
Car oui, elle l'avait reconnu. Elle en était persuadée. C'était bien lui, en chair et en os, ici, dans le hameau. Son pire cauchemar devenait réel.
La simple idée qu'il soit si proche d'elle et de Messayah le terrorisait. Ce qu'il pourrait leur faire en les voyant, en comprenant qu'il s'agissait de son fils...
En ayant connaissance du lien de parenté entre elle et lui...
Seigneur...
Mais si ce n'était pas lui ?
Dans le voile de la nuit, elle n'avait fait que l'entrevoir parmi la foule et les torches vacillantes. Il avait beaucoup changé, ses cheveux étaient désormais plus longs, et il arborait une barbe plus sauvage, une forêt sur son visage autrefois si soigné. Avec toute la crasse qui le recouvrait, elle hésitait, comme si son souvenir se dérobait sous l'effet de cette métamorphose.
Oui, elle doutait si fort...
Son cœur tambourinait avec frénésie sous le regard inquiet de Nerva qui, l'observant du coin de l'œil, trouvait son comportement de plus en plus étrange. Elle avait totalement perdu pied après leur retour au chalet. Enlaçant ses bras, muette, elle ressemblait à une enfant glacée et effrayée qui aurait croisé la route d'un monstre. Il avait tenté de la convaincre de se reposer, mais elle avait décliné son offre avant de sombrer à nouveau dans sa transe.
Messayah se mit à pleurer, une mélodie qui fit finalement dévier sa mère pour se rapprocher de lui. Elle se pencha sur le berceau.
— Chut, mon tout petit...
Elle caressa doucement sa joue, un geste d'une tendresse telle qu'il apaisa quelque peu l'enfant, qui agita ses bras, comme s'il appelait à l'étreinte réconfortante de sa mère. La vue de son moignon lisse frappa Varvara avec la force d'un ouragan, abandonnant une empreinte indélébile sur son cœur.
— Je dois aller voir ! Je dois en être sûre.
Le ventre noué, la métisse s'élança vers la porte de sortie, après avoir prit et emmailloté son fils dans une couverture épaisse pour qu'il cesse de pleurer.
— Quoi ? Mais... Sûre de quoi ? s'étonna l'homme-loup.
— Sûre... que ce soit bien lui...
Nerva n'était pas certain du sens de ses paroles, et la voir partir ainsi, aussi sauvagement, le désarçonna. Il l'appela, mais sans réponse.
Sur l'instant, Varvara n'avait qu'une idée en tête.
Savoir.
Et corroborer ses doutes.
Vu son état visiblement lamentable, il devait être encore inconscient. Elle pourrait donc s'en assurer sans qu'il ne la voit et fuir si nécessaire.
Poussée par l'urgence, Varvara courait à travers le village enneigé, ses bottines laissant une chaîne de pas derrière elle. Son cœur battait la chamade alors qu'elle se dirigeait vers le chalet où il avait été transporté. Un sentiment de peur et d'appréhension l'étreignait, alors qu'elle serrait son fils contre elle.
La jeune mère redoutait cette confrontation.
Mais ne put s'y préparer.
À mi-parcours, elle s'immobilisa soudainement, tombant nez à nez avec lui. Il émergeait du chalet d'un pied ferme, sa grande silhouette spectrale se détachant sur le fond de blanc ténébreux. L'or de ses cheveux, fouettés par le vent chargé de flocons, offrait un contraste saisissant dans la froideur glaciale des environs. Mais leur teinte chaleureuse était engloutie par la fureur et l'acier tranchant de ses prunelles fixées sur elle.
Boum...
Boum...
Boum...
Son cœur s'emballa. Le choc la frappa de plein fouet, bloquant sa respiration. Ses émotions tourbillonnaient, comme ses souvenirs, une tempête de peur, de dégoût et de surprise. Chaque fibre de son être criait de fuir devant cet homme qui lui avait jadis fait tant de mal.
Leurs regards se croisèrent, gorgés de tension. C'était comme si le monde entier s'était figé, retenu en otage par cet échange silencieux.
Jusqu'à ce qu'il ne le brise.
— Toi...
— Leftheris...
Ce prénom... Murmuré comme une prière. Susurré comme un secret perdu. Il agissait sur elle comme un poignard en plein cœur. Cette sensation était exacerbée par ces prunelles, submergées de surprise et de rage, des yeux qu'elle connaissait pourtant si bien.
— Qu'est-ce que tu fais là ? dit-il.
Elle recula d'un pas, puis un autre, intimidée. Le faîte de son épée brillait à sa ceinture. Elle oscillait entre l'arme et ces yeux qui la transperçaient. Il fit un pas vers elle ; elle resserra son bras sur Messayah, en guise de protection.
Dérangé par les battements fous du cœur de sa mère, le petit se remit à pleurer.
Tétanisée, elle tenta de le faire taire en resserrant son étreinte, sans succès. Les pleurs avaient attiré l'attention du blond.
Si on lui avait dit qu'il reverrait cette fille en vie, ici surtout, il aurait crié au mensonge. Il la pensait disparue, partie ou même morte avec sa mère, après que Vadim eut détruit Cassandore et profané la statue sainte. Et là, elle était là, avec un bébé...
Quand il s'attarda un instant sur lui, il remarqua que le dessus de son crâne dépassant des couvertures était recouvert de cheveux blonds.
Si blonds...
Comme lui...
Une frappe au cœur, il se décomposa.
Non, c'était impossible... Ça ne pouvait pas. Il faisait obligatoirement erreur. Or, il avait beau essayer de toutes ses forces de se persuader du contraire, la vérité n'était que plus amère sur le bout de sa langue.
La vérité, il venait de la réaliser.
— Ce bébé... murmura-t-il.
Varvara recula encore plus, les larmes lui montant aux yeux. Elle lança, d'une voix suppliante :
— Je t'en prie, Leftheris...
Cet enfant... était le sien.
À ce moment précis, il fit face à ses propres démons et à ses actes les plus charnels et répréhensibles. Toutes ces fois où il avait couché avec Varvara lui revenait en mémoire, comme des bouquets de flammes consumant tout sur leur passage. De la première, à l'infirmerie, à la dernière, lorsqu'il avait gémi le prénom de Jaya.
Jaya...
Si jamais elle venait à découvrir qu'il avait engrossé une servante, de la manière la plus déshonorante qui soit, cette fille d'autant plus, elle renoncerait définitivement à l'idée de l'épouser. Un roi avec une progéniture illégitime était toujours perçu d'un mauvais œil. Une haine immense prit naissance en lui à cette pensée. Leur existence même, face à lui, constituait un obstacle à son bonheur.
Et rien ni personne ne lui ferait obstacle.
— Saleté...
Son visage se déforma de colère alors qu'il tira son épée de son fourreau, la pointant vers la jeune mère.
Pourtant, avant qu'il puisse faire le moindre geste, une forme massive survola Varvara pour atterrir entre elle et Leftheris. Le monarque perdit l'équilibre lorsqu'il fut percuté par une énorme tête velue qui le frappa en plein ventre. Le souffle coupé, il chuta lourdement en arrière, son crâne heurtant la glace, et laissa échapper son épée.
Sonné, le blond regagna rapidement conscience lorsqu'il entendit un grognement inhumain.
Une créature colossale, d'allure lupine, se tenait devant lui, sur ses quatre pattes. Sa fourrure argentée chatoyait dans la lumière des torches, tout comme ses yeux médusants. Le canidé exposait ses crocs aiguisés, dissuadant son adversaire blême de faire le moindre mouvement supplémentaire.
La présence de Nerva rassura Varvara qui resta bien en retrait derrière lui.
Mais Leftheris peinait à garder son calme devant une telle bête. Ses yeux, d'habitude petits et légèrement tirés, étaient énormes de stupeur. Il n'avait jamais vu d'animal de cette envergure. Ça ne ressemblait pas à un lycan, même s'il avait cru, au départ. C'était un loup géant !
Soudain, des hennissements se firent entendre, crevant le silence revenu.
Puis des lanternes et des voix, provenant de l'entrée du hameau.
De sa place, Leftheris vit l'arrivée d'une autre figure qu'il souhaitait éviter.
Le roi Frost.
En effet, le seigneur d'Alhora, après d'interminables heures à suivre sa trace avec ses hommes, avaient fini par le retrouver. Ce qui posait un sérieux problème sur son avancée. Après ce qu'il s'était passé au campement avec son père, Frost ferait tout pour éloigner Jaya de lui, une idée qu'il ne pouvait tout simplement pas tolérer.
Leftheris jura dans son col et décida de partir avec l'espoir de trouver Jaya avant lui.
Il aurait le temps de s'occuper de ce roi plus tard.
Ignorant le loup menaçant, Leftheris se releva à toute vitesse et récupéra son épée avant de partir à l'opposé, vers le bas du hameau, en direction de la forêt bordant l'arrière du chalet brûlé. Nerva aboya après lui, mais abandonna en le voyant fuir.
Il comprit ce qui se passait lorsque la troupe royale débarqua au cœur du hameau. Il bondit alors derrière un chalet pour retrouver sa forme humaine et enfiler une longue cape. Les villageois, déjà paniqués par la présence de Leftheris, plus tôt, ne savaient plus où donner de la tête face à tous ces étrangers. Surtout que ceux-ci portaient des écussons royaux appartenant à la famille Northwall.
Étaient-ils ici pour semer la guerre sur leurs terres, comme jadis ?
Sur son cheval, les yeux bordés d'halos noirâtres, Frost poussa un soupir.
Il était enfin parvenu à Thorimay. Il fut grandement surpris de constater que ce lieu, malgré sa pauvreté criante, avait résisté à la guerre et à l'épreuve du temps. Une aura mystique s'en dégageait, le ramenant à sa jeunesse où il avait été appelé à combattre en ces lieux. Mais par-dessus tout, cela lui rappelait Chrysiridia.
Chassant ses souvenirs, Frost reprit une pointe de sérieux en se tournant vers ses hommes.
— Trouvez le prince Leftheris, il doit être ici !
Puis il leva une main, s'adressant aux villageois craintifs d'une voix haute, ferme, mais bienveillante.
— Chers citoyens de Thorimay, n'ayez crainte, nous ne sommes pas venus pour vous causer des ennuis. Nous cherchons un homme, un criminel de sang royal nommé Leftheris Blanchecombe. Il doit être parmi vous.
En entendant ces mots, Varvara se pétrifia avant de se réactiver. Elle lâcha Nerva, revenu auprès d'elle, et s'élança à toute vitesse devant le convoi du roi. Elle clama d'une voix cassée :
— Votre Majesté ! Écoutez-moi, je vous en prie !
Le cheval s'ébroua devant la hauteur de voix de cette jeune femme. Frost dut lui donner un coup de rênes pour le calmer.
— Je suis une amie de votre fille, Jaya. Leftheris était ici, récemment.
— Où est-il, à présent ?
— Il a fuit vers la forêt, en contrebas. Je vous en prie, vous devez l'arrêter. Jaya est perdue dans cette forêt aussi. S'il la trouve, il risque de la blesser. Vadim est déjà parti à sa recherche, mais vous devez la retrouver ! Je vous en supplie !
Frost fut mortifié d'apprendre cette nouvelle. Déjà pour Jaya, puis pour Vadim, qu'il pensait mort depuis longtemps. Byron ne délirait donc pas... Son gendre était bel et bien vivant, quelque part, dans cette montagne. Néanmoins, il n'avait pas le temps de chercher à comprendre davantage et prit une décision rapide.
— Bien ! Messieurs, nous allons le poursuivre dans cette forêt et le capturer. Ne faiblissons pas !
Les six soldats accompagnant le roi, dont Roban, prirent les devants, sur leur destrier. Avant de les suivre, le père Northwall baissa à nouveau les yeux sur Varvara.
— Merci, jeune fille. Prenez soin du hameau et des villageois durant mon absence. Je ramènerai Jaya, et Vadim aussi.
— Vous pouvez me faire confiance, mon roi.
Il lui accordait sa confiance. Ainsi, Frost partit avec ses hommes sans perdre de temps, le feu sous les talons. Serrant son bébé contre sa poitrine, Varvara les regarda s'éloigner dans la nuit, priant silencieusement pour leur sécurité et leur réussite.
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