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Mjöltznir 2/9

Vadim...

Où es-tu ?

Dans la fange du sommeil, Jaya gesticula lentement, bercée par une main qui effleurait tendrement sa chevelure. Une douleur sourde pulsait à l'arrière de son crâne, mais l'éveil restait insaisissable, ses paupières refusant obstinément de se soulever.

Vadim...

Est-ce que c'est toi ?

Un frisson la parcourut, perturbant son combat acharné pour émerger des limbes. Si c'était lui, elle n'avait plus rien à craindre. La douceur de sa caresse était un baume pour son âme tourmentée, lui insufflant l'idée que ce qu'elle avait vécu dans la forêt de Mjöltznir n'était qu'un cauchemar. Un cauchemar d'une horreur insondable. Et qu'il avait réussi à la retrouver, à la soustraire au danger, pour la mettre à l'abri.

— Hm... V... Vad...im... ?

Oui... Elle y croyait tant...

— Doucement, c'est fini...

Mais cette voix... Ce n'était pas celle de Vadim.

D'un coup, son corps se réanima et ses paupières clignotèrent péniblement. Une lueur chancelante se glissa sous ses cils, révélant une forme imposante qui se tenait au-dessus d'elle. Quand elle tenta de se mouvoir pour s'éloigner de cette silhouette indistincte, elle se sentit entravée. Ses poignets étaient enchaînés, liés par une corde épaisse. La douleur persistait à marteler ses neurones, mais elle était désormais consciente de la menace qui l'entourait.

— Qu'est-ce que... ? Où... où suis-je ?

— Là, là... on se calme, ma toute belle.

La main de la silhouette flatta encore sa chevelure, mais Jaya fit un mouvement de tête pour s'en dégager.

— Tu es avec moi, maintenant... Chrysiridia.

Avait-elle bien entendu ? Venait-il de l'appeler Chrysiridia ? Battant des yeux à répétition pour affiner sa perception dans l'obscurité ambiante, elle réalisa que la silhouette était celle d'un homme. Celui-ci la scrutait, porteur d'étranges et mystifiantes prunelles bicolores. L'une était noire comme la nuit, l'autre bleue comme le jour. Grand et maigre, ses cheveux longs et argentés encadraient un visage marqué par une barbe hirsute et négligée.

Son regard, perçant comme une épée, semblait vouloir pénétrer les tréfonds de l'âme de Jaya, provoquant en elle un frisson involontaire.

Ses sens, en ébullition, se précipitèrent dans chaque recoin de la pièce ; prisonnière d'une cabane précaire et glaciale, une flamme vacillante luttait pour sa survie dans l'âtre, apportant une lumière timide. Quand elle se redressa, assise sur ce qui ressemblait à une couche improvisée à même le sol brut, la voix de l'homme se fit plus grave, comme un écho lointain dans les profondeurs d'un abysse.

— Qu'est-ce que tu es venue faire dans les cratères noirs ? Après toutes ces années... tu as du culot.

— Qui êtes-vous ?

Il laissa échapper un ricanement, une mélodie sarcastique qui dansait dans l'air sombre.

— J'ai tant changé que ça ? Tu ne reconnais pas ton cher Wolfrey ? Toi, tu n'as pas changée... toujours aussi belle que dans mes souvenirs.

Cette fois, ce fut un vrai rire guttural qui s'échappa de l'homme devant l'air perdu de Jaya.

— Détachez-moi.

Cependant, il ignora sa requête et lui tendit une main.

— Tu es blessée ? Donne-moi donc tes mains.

En effet, ses mains témoignaient encore de la lutte sauvage contre les buissons auxquels elle s'était agrippée pour échapper à ses trois agresseurs dans la forêt. Des éclaboussures de sang séché tachetaient sa peau ; elle aurait juré sentir encore la présence de quelques épines tenaces, incrustées dans sa chair.

Elle hésita un instant, puis finit par céder. Sans desserrer ses entraves, le dénommé Wolfrey recueillit ses blessures éclairées par la lueur bleutée de ses paumes. Doucement, les yeux de Jaya s'écarquillèrent, émerveillés et effrayés à la fois.

— Vous êtes mage ?

Un nouveau ricanement.

— Tu as des questions idiotes, Chrysiridia.

— Je ne suis pas Chrysiridia.

Cette fois, il fronça les sourcils, mais arbora une mine peu convaincue.

— Allons, qu'est-ce que tu racontes ?

— Je ne suis pas Chrysiridia ! Je m'appelle Jaya. Chrysiridia est ma mère.

Le ton ferme de la princesse déstabilisa Wolfrey qui relâcha ses mains, maintenant soignées, sans détourner le regard d'elle. Comment cela pouvait-il être possible ? Ce visage, ces cheveux sombres striés de mèches blanches, cette beauté... Cela ne pouvait être que Chrysiridia. Cependant, l'esprit de Wolfrey, brouillé par un trop long séjour dans ces montagnes, peinait à se mettre en accord avec cette vision presque surnaturelle.

Et si c'était vrai ? Cette fille paraissait si jeune... Beaucoup trop pour être Chrysiridia, après toutes ces années écoulées...

— Ta mère... ? Tu es la rejetonne de Chrysiridia... ? Mais elle n'avait pas d'enfants...

— Si... moi.

L'homme recula un peu pour mieux observer Jaya. Un sourire mesquin commença à se dessiner sur son visage. Au départ, il avait cru que la femme en face de lui était la descendante des De Myre, revenue pour le hanter ou glaner son aide. Il se rendit enfin compte que c'était en quelque sorte le cas, si cette jeune fille était bel et bien la progéniture de Chrysiridia. Sa surprise se teinta d'une note d'amertume et de colère à cette pensée.

— Voyez-vous ça... La fille de la grande Chrysiridia De Myre...

— Vous devez me laisser partir, je vous en prie. Ma mère et mon époux sont en route pour me retrouver.

Un rire profond et primal franchit les lèvres de Wolfrey.

— En voilà une bonne nouvelle. J'ignore pourquoi tu es venue ici, ma jolie, mais je vois ça comme un signe, une bonne étoile qui a enfin écouté mes prières. Après toutes ces années, peut-être qu'enfin je vais pouvoir à nouveau faire face à cette chère Chrysiridia. Et toi, ma toute belle...

Il leva sa main vers le visage de Jaya et caressa doucement sa joue. Avec un mouvement de recul instinctif, la brune s'éloigna et le foudroya des yeux.

— Tu seras l'appât qui la mènera jusqu'à moi.

— Qu'est-ce que vous voulez à ma mère ?

— Il y a des griefs qui ne s'oublient pas.

Sur ces mots, il se redressa et tourna le dos à Jaya qui s'affola.

— Où est-ce que vous allez ? Je vous ordonne de me laisser partir !

— Et moi je t'ordonne de la fermer ! glapit-il, avec menace. Profite de la chaleur que nous t'offrons, mademoiselle De Myre. Par ici, le blizzard est encore plus froid que le voile de la mort lui-même.

— Blanchecombe. Madame Blanchecombe.

Elle le défia d'un regard.

— Peu importe. Tu vas rester avec nous... madame.

Jaya, ébranlée, regarda partir l'ombre de son geôlier. À l'instant où il quitta la cabane, elle s'élança vers la porte qu'elle tenta d'ouvrir, sans succès. Elle semblait être fermée à clé de l'extérieur. Ses poings noués martelèrent le bois impitoyable jusqu'à ce que la douleur s'infiltre cruellement dans ses os.

— Ouvrez-moi ! Je vous en prie ! Laissez-moi partir !

En vain, elle était tenue prisonnière entre ces quatre murs de bois.

Subitement, des voix grasses s'élevèrent de l'extérieur. Se hissant sur la pointe des pieds, Jaya observa l'extérieur à travers une fente de la porte. Malgré le froid qui y passait et la frigorifiait, elle parvint à discerner la silhouette de Wolfrey, drapée dans sa cape en peau de lycan, se mêlant à des formes sombres qui erraient autour de leur territoire. Des loups, gardiens de sa prison isolée, veillaient à ce qu'elle ne s'évade pas. Certains étaient armés d'arcs et de lances, leurs silhouettes menaçantes se découpant dans l'obscurité de la nuit.

Où était-elle tombée ?


Des heures passèrent dans l'angoisse.

Confinée dans cette cabane, recroquevillée dans un coin, Jaya maudissait l'impulsivité qui l'avait poussée à quitter le hameau. Quel destin était le sien ici ? Les seuls dépositaires de la réponse étaient ses geôliers, ces ennemis du hameau dont sa mère avait fait une fois mention... Sa propre tendance à se jeter dans des situations périlleuses en dépit de tous les avertissements la désespérait. Si seulement elle avait su maîtriser cette haine qui la consumait, si seulement elle avait su dompter ses démons internes, jamais elle n'aurait foulé le sol de ce lieu maudit...

Jamais elle ne se serait séparée de Vadim... encore...

Elle se détestait tellement... pour être si capricieuse et monstrueuse.

Si stupide...

Soudain, le verrou de la porte vibra, la tétanisant sur place. Elle serra encore plus fort ses poings attachés, déjà crispés sur sa poitrine, alors qu'une silhouette s'immisçait dans l'espace confiné du chalet. Une silhouette masculine, portant ce qui semblait être un panier garni dans ses mains osseuses.

— Le chef Wolfrey veut que vous mangiez avec lui.

Jaya resta muette comme une tombe, pétrifiée, fixant l'homme d'âge mûr qui se tenait face à elle comme s'il incarnait la personnification d'une bête vile. Il n'était qu'un fantôme de maigreur et de saleté, aux yeux creusés. Il déposa le panier sur le sol, entre deux coussins grossièrement rembourrés de feuilles desséchées, à proximité du foyer.

Les murmures qui circulaient dans leur minuscule tribu s'avéraient donc vraies...

Il y avait bien une femme ici... et pas n'importe laquelle : une De Myre.

Lorsqu'il s'approcha d'elle, Jaya s'écrasa davantage contre le mur et éluda farouchement son regard à peine perceptible sous sa crasse et ses cheveux longs négligés. Il s'agenouilla devant elle pour mieux la voir ; ce bijou au milieu des cailloux.

— Eh bien... Voilà un joli morceau... Ça fait bien longtemps que je n'avais pas vu une aussi belle créature.

— Ne m'approchez pas... lui siffla-t-elle.

— Et du caractère, en plus...

La large main de l'homme, brunie de saleté, s'éleva pour écarter une mèche rebelle tombant sur une partie de son délicat visage.

— Il n'y a pas de femmes, ici... Ça fait... si longtemps que je n'en ai pas touché une... Tu dois être si tendre... si goûteuse...

Il osa franchir l'impensable en laissant sa main impure glisser le long du manteau de Jaya, jusqu'à sa cuisse qu'il empoigna fermement. La princesse se figea, avant d'être bâtonnée par un regain de vie. Elle s'arracha violemment de la portée de ce sombre individu avant de lui abattre un coup de talon dans le genou. L'homme grogna.

Elle lui jeta un regard digne d'une mise en garde.

— Osez poser à nouveau vos doigts sur moi... et je vous arrache la main.

Se redressant un peu, il émit un rire écœurant, exposant une dentition cassée et fétide. Elle était féroce, il n'y avait pas à dire.

— Ramon, qu'est-ce que tu fais ?

Derrière eux, une voix grave fit écho. Sans plus tarder, le triste sire se redressa pour affronter le regard perçant de Wolfrey, qui le fixait d'un œil sévère. La peur se peignit presque instantanément sur son visage blême.

— Qui t'a dit que tu avais le droit de l'approcher ?

— Chef, je...

Surprenant tout le monde, Wolfrey brandit le petit gourdin qu'il tenait à la main et le frappa violemment contre la joue de son subalterne qui vacilla, manquant presque de tomber à la renverse. Une empreinte ensanglantée fleurit sur sa peau.

— Fiche le camp d'ici !

Il s'en alla la queue entre les jambes, emportant avec lui le grondement irrité de son supérieur. Jaya était restée prostrée devant cette scène, stupéfaite. Avec un bruit sourd semblable au grondement du tonnerre, Wolfrey claqua la porte.

— Excusez mes hommes, ça fait des années qu'ils n'ont pas vu la moindre femme. Comprenez qu'ils soient un peu rustres.

Voilà qu'il la vouvoyait... Un peu de respect n'avait jamais tué personne. Mais qu'est-ce que cela cachait ?

Il se débarrassa de son manteau qu'il déposa non loin de Jaya. Sa proximité la fit frissonner soudainement, un mélange de méfiance et d'inquiétude. Son parfum sauvage, évoquant la terre fraîchement remuée, l'agressa presque.

Lorsqu'elle le vit dégainer une dague, elle tressaillit de peur. Que comptait-il faire avec cela ? Sa frayeur se dissipa légèrement lorsqu'il l'utilisa pour couper ses liens et lui rendre sa liberté de mouvement. Ses poignets arboraient les marques rougeâtres laissées par les cordes.

— J'espère que vous avez faim, madame.

— Je ne prendrais rien de vous.

Il ricana.

— Voyons, je ne vous veux aucun mal.

Il prit place sur le sol, s'installant confortablement sur un des coussins, et entreprit de déballer le panier qui recelait diverses provisions. Des baies bleues, de la viande séchée ainsi qu'une bouteille renfermant un jus mystérieux.

— Allons... Venez vous assoir auprès de moi, vous devez mourir de faim.

Son ventre émit un grondement sonore qui la trahit. À un moment, Jaya se demanda si cet homme avait entendu ce bruit pour lui parler avec une telle aisance. Elle ne savait rien de ces hommes, ni de leurs vraies intentions envers elle ou sa mère ; elle ne pouvait donc décemment pas leur accorder sa confiance.

Néanmoins, si elle voulait déterminer qui ils étaient et comment utiliser ces informations pour fuir avant l'arrivée de sa mère, elle devrait faire preuve de docilité et gagner la confiance de leur visible chef.

Elle venait de voir la violence dont était capable cet homme bien trop mielleux pour être honnête.

Avec lenteur, elle se traîna sur le second coussin, face à Wolfrey qui ne l'avait pas lâchée des yeux. Un silence lourd s'installa entre eux, alors qu'il lui offrait de quoi se sustenter. Il versa une portion de l'étrange boisson dans un gobelet de bois, puis le fit doucement glisser dans sa direction.

La tension crépitait, presque aussi fort que les battements de cœur de Jaya.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.

— Du jus d'éclipse fait maison. De la sève naturellement sucrée macérée jusqu'à ce qu'elle devienne de l'alcool.

— Je ne bois pas d'alcool.

— Vous m'excuserez, très chère, ici nous ne pouvons nous permettre de jouer les fines bouches. L'alcool réchauffe les corps transis de froid.

Il leva son verre vers elle, puis vida le contenu d'une traite sous son regard empreint de mépris. Il ne laissa échapper qu'une légère grimace face à la saveur acérée du breuvage.

— Qui êtes-vous, à la fin ? Et pourquoi vous voulez m'utiliser pour attirer ma mère ici ? Où est-ce qu'on est ?

Il s'attendait à de telles questions, mais aurait préféré discuter un peu plus convenablement en amont. Il s'était écoulé une éternité depuis qu'il n'avait pas eu l'opportunité de tailler la bavette avec une donzelle.

— C'est une longue histoire. Vois-tu, ma jolie, je connais bien ta mère. Je la connais même très bien. Nous étions amants, fut un temps.

Jaya grimaça devant ces aveux. Il venait d'avaler son deuxième verre.

— En y réfléchissant, tu es peut-être ma fille, même si je n'avais jamais entendu parler de toi...

— Certainement pas. Vous n'êtes pas mon père. Mon père est un homme juste et admirable.

— Probablement... Tu es un peu trop âgée, de toute façon.

Il se servit un troisième godet.

— J'étais autrefois un membre respecté du hameau de Thorimay. Oh oui, très respecté. J'étais le guérisseur, le médecin du peuple et Chrysiridia admirait mes pouvoirs. J'avais mon chalet attitré, des éloges, un grand brasero et une femme superbe dans mon lit. Mais elle m'a fait une crasse que je ne peux oublier... Elle m'a banni du hameau.

Banni ? Suspendu à ses lèvres, Jaya fronça les sourcils.

— C'était il y a huit ans. Notre chère cheffe, notre Anthaya, a découvert mes petites magouilles quant aux soins que je prodiguais aux villageois les plus âgés. Je suis un mage qui a soif de vie, soif de connaissances et ma quête de grandeur m'a mené sur des chemins sombres au fil des années. Je ne suis pas un mage ordinaire, je suis doué d'un talent rare et précieux. Les guérisseurs riseniens sont capables de soigner les maux et les blessures en manipulant les énergies vitales de ceux qu'ils soignent. Cependant, j'ai succombé à la tentation de pervertir ce don en prélevant secrètement une part de l'espérance de vie de chaque patient que je soignais. Au fil des ans, j'ai ainsi volé des années de vie à de nombreux villageois, les affaiblissant et les condamnant à une existence écourtée, tandis que la mienne grandissait.

— C'est horrible... et tellement égoïste...

Il mordit dans un morceau de viande avec appétit.

— C'est ce que Chrysiridia a dit, lorsqu'elle a fini par découvrir mes agissements. Elle a donc décidé de me bannir malgré les liens qui nous unissaient, pour avoir « mis son cher peuple en danger ». Elle a mis un terme à notre relation et laissé des blessures profondes en moi que je ne peux pardonner.

Une lueur amère s'alluma dans l'œil de Wolfrey, fixant la flamme qui dansait dans l'âtre de pierres.

— Jaya, c'est ça ? Quel âge me donnez-vous ?

Prise au dépourvu, elle conserva un silence lourd et hésitant.

— N'ayez pas peur, ce n'est qu'une question.

— L'âge de ma mère ? La quarantaine, peut-être.

Il étira un sourire narquois.

— Vous êtes loin du compte, très chère. En réalité, j'ai presque soixante-quinze ans. Mais les années de vie que j'ai volé aux autres m'ont permis de garder un physique jeune et vigoureux.

Jaya n'en croyait pas ses yeux. Le Risen permettait des choses aussi incroyables et horribles à la fois ? Le prix de la jeunesse se comptait donc en vie aspirée à la source humaine...

C'était immoral...

— Qui sont ces gens qui rôdent dehors ?

— Ce sont mes hommes. D'autres bannis que Chrysiridia et sa lignée ont envoyé sur les terres de Mjöltznir. Nous sommes voués à survivre loin de tout le petit confort du hameau et ses forêts giboyeuses regorgeant de vivres. Dans ces cratères presque sans animaux pour nous nourrir, sans espoir, sans lendemain, sans la chaleur réconfortante d'une femme pour nous tenir chaud. De jolies petites femmes comme toi que l'on pourrait dévorer toutes crues.

Une étincelle étrange jaillit de l'œil de l'homme, poussant Jaya à avaler sa salive. Était-ce un éclat lubrique ? Tentait-il de lui faire peur ? Ou de l'impressionner ? Ces hommes étaient tous répugnants, tant et si bien qu'elle avait envie de lui cracher en plein visage.

— Nous avons bâti un semblant de village clandestin dans ces cratères, en marge de tout, sombrant peu à peu dans cette folie qui nous dévore depuis des années, avide de voir notre vie changer et revenir à ce qu'on vivait autrefois, à Thorimay.

— Vous avez voulu votre vie actuelle en dérobant celle des autres.

Encore un rire grinçant, un de plus et Jaya exploserait d'agacement. Ses émotions ne concordaient plus, passant de la crainte à la colère d'une seconde à l'autre, sans contrôle. Elle soupira.

Calme-toi et tente de feindre la sympathie...

— Écoutez, commença-t-elle d'une voix ferme, je comprends que vous ayez des griefs envers ma mère et que vous cherchiez à vous venger pour ce qu'elle vous a pris. Mais je ne suis pas elle, et je n'ai rien à voir avec ce qu'elle vous a fait. Si vous ne me libérez pas, je serai contrainte de me défendre, et je vous blesserai si nécessaire. Je n'en ai pas envie, alors s'il vous plaît...

Wolfrey, décontenancé par l'audace de Jaya, la contempla un instant, mesurant toute sa détermination. Il devait admettre que sa ressemblance avec Chrysiridia n'était pas seulement physique, elle était aussi obstinée qu'elle. Il réalisa alors que cette jeune femme au tempérament de feu ne succomberait pas à la terreur qu'il essayait de lui imposer et qu'elle était prête à lutter pour sa liberté.

Pour une si jeune fille, c'était admirable.

Cependant, il avait l'intention de pousser à son paroxysme la force de caractère de Jaya au cours de son séjour ici. Face à cette chevelure d'ébène et de neige, il était parfaitement conscient du potentiel que recelait cette jeune fille et n'avait pas l'intention de négliger son utilisation dans le cadre de sa vendetta.

Comme un geste de félicité à son honneur, Wolfrey leva sa coupe déjà presque vide dans sa direction.

— Il me tarde de voir comment vous vous défendez, dans ce cas.

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