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Le Papillon de Givre 5/7

Maman...

Ce nom tournait en boucle dans l'esprit de Jaya.

Maman...

Elle peinait à y croire. Elle n'y croyait pas, à vrai dire...

Maman...

Elle se tenait là, bien vivante, les yeux mouillés d'émotions.

Chrysiridia, la reine, sa mère.

Non, c'était impossible...

Jaya, incapable de contrôler les frissons qui ravageaient son corps, était maintenant paralysée. Une larme solitaire s'échappa, tracant un chemin sur sa joue et sur celle de Chrysiridia. Cette dernière, ne pouvant plus supporter l'écart qui s'était creusé après toutes ces années et ces doutes sans fin, se précipita vers la jeune femme mortifiée pour la serrer dans ses bras.

— Jaya... C'est bien toi. Mon bébé... Tu as tellement grandi... Je n'étais pas sûre, il est passé tant d'années, mais... Oh, par le ciel... Regarde-toi... tu es magnifique.

Devant le regard rond de Vadim, la cheffe se détacha de sa fille. Ses mains, marquées par le temps et les cicatrices, englobèrent le doux visage de sa progéniture pour mieux l'observer. Jaya la dévisageait, incapable de détourner les yeux et de redescendre de son chamboulement intérieur. Un unique murmure sortit de ses lèvres :

— C'est impossible... vous... vous ne pouvez pas être ma mère...

— Si, c'est la vérité.

— Non... elle est morte... depuis des années... Père m'avait dit que...

— N'en veut surtout pas à ton père, il n'a fait que suivre mon plan.

— Attendez... vous êtes la reine ? La reine d'Alhora ?

Vadim était stupéfait, sa voix faisait presque vibrer les murs alentours. Tout ce temps, il avait ruboyé avec cette femme détestable, sans qu'elle ne touche un seul mot de sa véritable identité. Il avait enduré sa façon de dénigrer Jaya. Et maintenant, elle se mettait à pleurer, devenait douce comme un agneau et enlaçait sa femme ? Ils marchaient littéralement sur la tête !

La matriarche le guetta d'un œil torve. Cette fois, il la reconnaissait plus...

— J'étais. Et toi... je comprends pourquoi je ne pouvais pas te supporter. Tu es mon gendre...

Il grimaça et marmonna, la langue imbibée d'acide :

— Je suis... honoré...

— Mais... ma... maman ! s'écria Jaya, raccrochant l'attention de la concernée. Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui s'est passé !? Pourquoi ?

Jaya s'agrippait à son manteau, ses yeux se gonflant de larmes. À voir comment elle peinait à respirer, elle allait s'évanouir avant même de pouvoir prononcer un mot. Chrysiridia la saisit donc par les épaules et incita le couple à poursuivre leur conversation à l'abri des oreilles curieuses, dans leur chalet conjugal.

Ils seraient plus à l'aise pour parler de tout cela.


— Père m'a tout dit...

Vadim lança un dernier regard vigilant par la fenêtre du chalet avant de tirer les rideaux précédemment installés. Personne ne rôdait dans les parages maintenant que la nuit avait enveloppé le paysage. Derrière lui, assises à la table, Jaya et Chrysiridia se faisaient face. La lueur du brasero éclairait leurs visages diaphanes et parsemait de reflets dorés la chevelure blanche comme neige de la matriarche. Celle-ci poussa un soupir, les bras entrelacés sur la table.

— Je savais que Frost n'arriverait pas à tenir sa promesse.

— Il l'a tenu durant plus de quinze ans, mais récemment, il n'a pas eu le choix que de tout m'avouer. J'ai tout appris durant ma fuite. Il m'a dit que... tu étais mage.

— Oui...

— Il m'a aussi dit que tu m'avais protégée, le soir de l'attaque du géant... parce que j'avais réveillé mon Risen et tué un soldat contre mon gré.

Chrysiridia détourna les yeux, pour un instant, replongeant involontairement dans ces souvenirs qui éclataient douloureusement dans son esprit. L'image du corps minuscule de Jaya enveloppé de lumière, tout ce sang... cette terreur... La crainte de la perdre. Son cœur se contracta et elle choisit de chasser ces ombres du passé.

Elle releva la tête lorsque Vadim vint s'asseoir à côté de sa femme, en silence.

— Je n'en ai aucun souvenir, continua Jaya. Je voyais juste cette lueur bleue... je pensais qu'elle venait du géant. Ou peut-être de...

— Non, elle venait de toi, Jaya. Tu... tu as hérité de mes gènes riseniens qui t'ont offert le pouvoir d'éveiller cette force à un âge relativement précoce. J'ai moi-même éveillé la mienne à peu près au même âge. J'ai tenté de contenir tout cela un temps en te laissant croire à de simples contes, mais on ne peut pas modifier notre patrimoine génétique... On ne peut le réprimer indéfiniment.

Cela expliquerait donc pourquoi son Risen avait fini par resurgir, songea Jaya. Elle était destinée à cela, sans même en avoir conscience.

— Il m'a dit aussi... que vous aviez retirés mes souvenirs.

Chrysiridia laissa doucement son front trouver refuge dans le creux de sa paume.

— C'est la vérité... et c'était totalement ma décision. Je ne souhaitais pas que tu grandisses en portant le fardeau de cette malédiction sur tes épaules. Les Glascales sont si intimement liés à leur dieu. Même si tu n'étais qu'une enfant, ils n'auraient jamais toléré ta survie, car cela allait à l'encontre des saints vœux d'Ymos. J'ai donc eu recours au sortilège d'Oublya-natem pour effacer tes souvenirs de cette nuit-là.

— Mais alors... Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Pourquoi tu es partie ?

— Parce que j'étais la seule à pouvoir repousser la géante et la ramener à la raison. Ton père le savait. Il m'a protégée tout au long de notre mariage et n'a jamais redouté mon Risen. Mais toi... Tu m'as vue l'invoquer, cette nuit-là, lorsque j'ai usé de l'Oublya-natem sur toi. Tu étais déjà traumatisée par les actes de la géante et... Tu as été si effrayée par mes dons, le regard que tu as posé sur moi m'a tant bouleversée que... j'ai choisi d'effacer également tes souvenirs de nos derniers moments ensemble. Je n'aurais pas voulu que tu vives avec l'image terrifiante d'une mère perçue comme une mage hérétique aux yeux de notre société. Je ne voulais pas que tu souffres, ni de cela, ni du jugement des autres.

Les bris de jadis lui révélaient une fois de plus les yeux éperdus de terreur de l'enfant, les larmes coulant à flots face à la lueur ensorcelante du Risen, ondoyant au-dessus d'elle. Ses cris stridents, la pression insupportable qui déchirait le cœur de la reine... celle d'être vue comme un monstre.

Elle baissa la tête, un souffle douloureux coincé dans la poitrine.

— Je t'ai embrassée une dernière fois lorsque tu t'es endormie... Frost m'a assuré de prendre soin de toi et je me suis lancée à la poursuite de la géante qui venait de déserter Alhora pour regagner les montagnes, après avoir été repoussée par ma magie. J'ai confié à ton père que je risquais de ne jamais revenir de cette confrontation. Mais, il croyait en moi... comme il l'a toujours fait. Il m'a promis d'attendre mon retour. Cependant, je ne suis jamais revenue. Dans cette éventualité, notre plan était limpide : si je ne revenais pas dans les jours qui suivaient, il devrait annoncer ma mort au peuple... et à toi, notre fille. Frost a pris cette décision pour couvrir nos arrières et laver notre honneur. Non, je ne suis jamais revenue... car j'ai dû... terrasser la géante pour sauvegarder Alhora et également Thorimay ainsi que ce qui restait de son peuple rescapé de la guerre. Les habitants de ce hameau demeurent mon peuple et celui de ma lignée, notre lignée. Lorsque je les ai vus, je n'ai pu me résoudre à les abandonner de nouveau. Ils avaient besoin de moi...

Ainsi se dévoilait la vérité... La plus authentique, celle que Jaya avait enfouie dans les recoins les plus sombres de sa mémoire... Un poids immesurable s'ancra dans son cœur, embué par les mensonges et les révélations brutales. Elle mordait presque jusqu'au sang sa lèvre inférieure, dans une tentative désespérée d'éclipser cette affreuse sensation de trahison. Sa détresse frappa durement dans l'œil de Chrysiridia.

— Et je m'excuse, Jaya... Je m'excuse sincèrement de t'avoir abandonnée en dépit de mon peuple. J'ai été une reine, avant d'être une mère. Mais tu étais plus en sécurité loin de moi et loin de la magie.

Jaya ne répondit pas. Être reine... Être digne... C'était l'exemple qu'elle avait toujours voulu suivre, marcher dans les pas de sa mère. Mais aujourd'hui, sa seule dignité était d'effacer d'un geste délicat une larme rebelle qui avait osé s'échapper, traçant un sillon humide sur sa joue. Chrysiridia, son regard aimanté à elle, lui confia, dans un souffle mélancolique :

— Tu sais... plus je te regarde et plus je vois Frost. J'ignore comment j'ai fais pour ne pas le voir tout de suite... Tu as les yeux de ton père.

Leurs regards s'entrechoquèrent, celui de la cheffe débordait d'un sentiment d'amour et de tristesse qui prit Jaya aux tripes.

— Il m'a répété toute ma vie que... j'avais la beauté de ma mère.

La reine déchue ricana.

— Quel flatteur... J'espère qu'il va bien...

— Oui. Du moins, la dernière fois que je l'ai vu.

— J'ai tellement changé, je suis certaine qu'il ne me reconnaîtrait même plus.

La douleur perceptible dans sa voix frappa Jaya comme un coup de tonnerre. Sa main tremblante, s'accrochant à sa nuque, glissa le long de la large cicatrice qui la défigurait.

— Je suis certaine que oui. Père ne t'a jamais oubliée...

Un sourire contemplatif éclaira le visage de Chrysiridia à cette pensée. Comment pourrait-elle l'oublier, lui aussi... Ces années passées avec Frost constituaient les plus belles de son existence, malgré les circonstances sombres de leur rencontre.

Sans un mot, Jaya essuya les perles salées qui ornaient ses joues et se leva de sa chaise sous le regard d'un Vadim silencieux. Elle traversa la pièce, se dirigeant vers la commode où reposait son précieux livre de contes.

— Alors c'est vrai...

Elle revint à la table et le fit glisser devant la cheffe dont les yeux s'écarquillèrent d'étonnement. Les Contes du Fjord de l'Oubli... Ses doigts tremblants s'emparèrent du manuscrit et elle l'observa, submergée par une vague de nostalgie. Depuis tant d'années, elle n'avait pas effleuré cette couverture de cuir bleu qui avait bercé son enfance et ses premières années en tant que mère.

— Tout ce qui se passe ici... continua Jaya. La communauté de mages vivant dans les montagnes, le Coda Leolan... Ton livre de contes n'en était finalement pas un.

— Tu... tu l'as toujours... Il est intact.

— J'en ai toujours pris soin. J'ai lu ces histoires de nombreuses nuits pour ne pas oublier nos instants passés ensemble... ceux dont tu ne m'avais pas privée. Non, je n'ai rien oublié...

Chrysiridia ravala une larme en ouvrant ces pages qui la ramenait tout droit dans son jeune temps passé dans ces montagnes aux neiges éternelles. Ses parents, ses amis, sa sœur...

— Ce livre... il m'a été transmis par mon père, ton grand-père, Maltior. En réalité, il est dans notre famille depuis des générations. Ce n'est pas qu'un recueil de contes, c'est l'écho de nos racines. Le Fjord de l'Oubli n'est pas une simple fiction, il est bel et bien réel et nous nous y trouvons actuellement. Un lieu oublié de tous.

Chrysiridia s'arrêta sur l'illustration du Gardien des Ours, entouré d'une magie protectrice et enchanteresse. Il était fièrement vêtu de son manteau orné de bois, à la fois majestueux et mystérieux.

— Chaque conte qui se trouve dans ce livre est une histoire vraie, un chapitre de la vie d'Olya Calperinia. Tu sais, Jaya... L'histoire du Gardien des Ours Lunaires parle d'un homme, un mage d'une renommée telle qu'il a su gagner la confiance de ces ours. Cet homme portait le nom de Caien de Myre, et il n'est pas simplement un personnage de conte, il a réellement existé.

Jaya fronça soudainement les sourcils, saisie par l'évidence.

— De Myre ? Mais c'est...

— Oui... Il était notre ancêtre. Et son manteau aux bois de cerf se relègue d'héritier en héritier.

Sous les yeux ronds de sa fille, Chrysiridia tourna une autre page et glissa son doigt sur le texte calligraphié.

— Durant son exil forcé sur Glascalia, Olya Calperinia a entrepris un voyage vers les montagnes où elle a croisé le chemin de Caien. En dépit de la malédiction qui pesait sur elle, ils sont éperdument tombés amoureux et ont bâti Thorimay. D'autres bannis du continent les ont rejoint. Ils ont donné naissance à des enfants... qui à leur tour ont eu leur propre progéniture, sans jamais quitter l'enceinte protectrice de Thorimay. C'est ainsi que la famille De Myre m'a vu naître.

— Ça veut dire... qu'Olya Calperinia est aussi notre ancêtre ?

— Oui.

Cette fois, ce fut Vadim qui tomba des nues. Il se remua immédiatement sur son siège, les mains solidement plantées sur la table comme pour se raccrocher à quelque chose de tangible dans ce tourbillon de révélations.

— Olya Calperinia est votre ancêtre ? Comment est-ce possible ? Cette femme est une légende...

— Nous avons des légendes dans la famille, il faut le croire.

— Mais alors sa quête pour retrouver le Coda Leolan ? Elle était censée l'avoir trouvé. Si elle est votre ancêtre, vous devriez savoir, en tant qu'héritiers, où il se situe. Elle a dû laisser des textes ou...

— Non, malheureusement. Nous n'avons rien. Le seul texte qui nous reste et pourrait nous aider est ce livre de contes. Là où elle a noté ses dernières mémoires du fjord et de ses mythes.

Vadim s'affaissa dans sa chaise, les yeux comme deux ronds de flans. Son espoir venait d'être brutalement réduit en poussière.

— Comment est-ce possible... ?

— Quand Alhora a lancé son assaut contre Thorimay, ma famille, en particulier mes parents, cherchaient à l'époque l'entrée du Coda Leolan, dans l'espoir d'y guérir les maux de leurs femmes, confia Chrysiridia, sa voix prenant une teinte plus sombre. Alhora avait eu vent de cette légende, de cette eau miraculeuse capable d'éradiquer tout mal. À cette époque, le père de Frost, le roi lui-même, était malade... très malade. Il a donc ordonné à ses généraux de s'emparer de Thorimay, dans le but de nous subtiliser l'emplacement du lac par la force afin de pouvoir le soigner.

— C'était pour le lac ? Ce n'était pas pour les richesses et le Risen qui aurait pu sortir Alhora de la famine ? dit Jaya.

— Ce n'était qu'une infime fraction de l'histoire. Ce qui intéressait réellement le père de Frost, c'était le Coda Leolan. Cependant, même nous ignorions sa localisation. Seul Caien De Myre le savait. Il avait fait le serment de garder le secret auprès des Ours Lunaires, dans le but de préserver le lac des âmes impures et souillées par la malveillance. Lui seul avait pu franchir ses frontières et en puiser l'eau. Au contact de l'air, elle s'était solidifiée. De petites gouttes d'eau du lac qu'il a offert à ses enfants, puis aux enfants de ses enfants, comme un lien unique avec ce patrimoine que notre famille préserve par le silence. L'emblème de la lignée De Myre.

Soudain, Jaya fronça les sourcils.

— Des gouttes d'eau ? Venant du lac...

Sa main s'éleva instinctivement vers sa poitrine. Était-ce possible ? Avec une lenteur presque solennelle, elle dégagea la Larme de Leolan de son col et la contempla. La brillance cristalline attira l'œil de Vadim, dont l'intérêt fut immédiatement piqué.

— Une goutte... Comme celle-ci ?

Face à ce bijou d'une beauté presque surnaturelle, Chrysiridia se décomposa. Son visage se vida de ses couleurs. Elle se leva subitement pour le prendre dans sa main, prenant de court Jaya qui bascula en avant.

— C'est... c'est ça ! Où est-ce que tu as eu ça ?

— C'est moi qui lui ai donné, la prévint Vadim. Elle me vient de ma mère.

— Ta mère ?

Chrysiridia afficha une expression de confusion intensifiée par ses yeux plissés. Soudain, une vision la frappa. Des souvenirs lointains remontèrent à la surface, naviguant vers son enfance où trois petites têtes audacieuses sillonnaient les grottes et les glaciers, cherchant à se divertir dans l'immensité neigeuse de leur terrain de jeu.

Deux têtes brunes et une blonde.

— Comment s'appelait ta mère ?

— Ysilda.

— Ysilda Vangellart ?

— Oui...

Chrysiridia en fut momentanément sans voix, le souffle suspendu. Son regard restait inlassablement fixé sur Vadim, craignant qu'un simple clignement de paupières ne la réveille de ce qui ressemblait à un rêve fou.

— Par toutes les neiges... Ysilda... tu es le rejeton d'Ysilda ?

Vadim blêmit, en proie à une onde d'incompréhension qui éveilla rapidement en lui un désir ardent d'en savoir plus.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? Vous connaissiez ma mère ?

Lâchant la larme qui retomba entre les clavicules de Jaya, la matriarche chuta avec lourdeur sur son siège. Ses mains enserrèrent ses tempes, son pauvre cerveau tourmenté lui faisait un mal de chien.

— Le monde est petit, décidément...

— Vous allez parler, à la fin !

Vadim commençait à s'énerver, Jaya essaya de l'apaiser en posant une main sur son bras, mais ce geste se révélait être un réconfort bien dérisoire face à son impétuosité. Il en tremblait de savoir.

— Oui, je connaissais ta mère. Elle était... ma meilleure amie, lorsque nous étions enfants. Elle était originaire de Thorimay.

— Quoi ? Mais... C'est impossible. Ma mère est originaire de Starania.

— Non... Elle est née à Thorimay. Mais lorsqu'elle a atteint l'âge de huit ans, son père a choisi de rompre avec la rudesse du froid et de la misère omniprésente, déterminé à changer leur destin une bonne fois pour toutes. Il ne rêvait que d'une vie meilleure, attiré par la grandeur et la puissance des cités hors des montagnes, qui s'épanouissaient et demeuraient à l'abri de la gelée perpétuelle. Il l'a donc prise avec lui et ils ont quitté Thorimay. Je... Je lui avais offert mon pendentif avant qu'elle ne parte. Je n'imaginais pas... qu'elle le conserverait aussi précieusement et... qu'elle le transmettrait à son fils... qui le donnerait ensuite à ma fille.

— Elle n'était pas fille unique. Elle avait un frère, ajouta Vadim, amer.

Chrysiridia grimaça, inconsciente de la décoloration soudaine du visage de Jaya à l'évocation de Zeph.

— Non, je l'ai toujours connue fille unique. Elle vivait seule avec son père, sa mère était morte.

À cet instant, Vadim comprit le fil de cette vérité. Son grand-père avait quitté Thorimay pour s'installer à Starania avec sa fille aînée. Il avait épousé une femme de haute lignée, donnant naissance à Zeph par la suite. La clé du mystère de l'ascension de la famille Vangellart parmi l'aristocratie lui était enfin révélée. Sa mère possédait donc... du sang de mage dans ses veines ?

— Comment va-t-elle ?

Il se mordit la lippe nerveusement, puis baissa la tête, couvé par l'œil compatissant de Jaya.

— Elle... elle est morte, il y a des années... en me donnant la vie.

Chrysiridia partagea soudain son chagrin palpable. Elle n'eut le temps de déplorer cette perte, que le guerrier continua dans un souffle difficile :

— Je n'arrive pas à y croire... Vous connaissiez ma mère...

— Très bien, même. Ma sœur cadette et moi avons été élevées avec elle. Elle était fascinée par tout ce qui concernait le Risen, même si elle n'était pas encore parvenue à l'éveiller. Elle me jalousait un peu, pour ça. Elle se démarquait par sa personnalité affirmée... mais aussi par une détermination inébranlable à prouver sa valeur. Elle ne se laissait pas faire et n'avait pas peur de se dresser devant plus fort qu'elle. Je me rappelle son amour pour les animaux et sa réticence à ôter la vie aux plus petites créatures lors de nos parties de chasse. Ça me rend tellement triste de savoir qu'elle n'est plus parmi nous. Comme j'aurais aimé la revoir...

Un soupir douloureux s'échappa des profondeurs de Vadim. Son dos bien ancré dans le dossier de sa chaise, il réprima une larme ridicule qui menaçait de couler. Une émotion contradictoire le submergeait, mélange de joie et de tristesse. Il se sentait ému d'en apprendre enfin davantage sur cette mère qu'il n'avait jamais eu la chance de connaître, mais aussi accablé par le fait que ces précieuses révélations viennent si tardivement, et de la bouche d'une étrangère. Son père s'était toujours obstinément muré dans le silence, refusant de partager la moindre information sur ses goûts, ses passions, ou même la simple évocation de son caractère.

Il était rassuré de réaliser que sa propension à l'insubordination et à la marginalité avait été héritée d'elle, car cela l'expliquait enfin en partie.

— Mais... j'ai encore une question.

Toute l'attention se bloqua à nouveau sur Jaya. Les perles bleues de la princesse était rivées sur la cheffe.

— Pourquoi avoir scellé mon Risen ?

Cette question que Chrysiridia redoutait tant...

— Quand j'y pense... tu aurais pu rester... et m'apprendre à le contrôler. Tu voulais juste m'empêcher de l'utiliser...

— Oui, et je n'ai aucun regret. J'ai fais ça pour ton bien. J'ai apposé un sortilège, le Danatth-riseniü, qui m'a permis de renfermer à nouveau ta graine de Risen dans sa cage d'origine. Le portail a été scellé et les poignées ont été détruites, annihilant ainsi toute possibilité pour elle de s'exprimer à travers toi.

— Mais pourquoi... pourquoi elle s'est tout de même réveillée ?

Chrysiridia arbora un air interdit.

— J'ai fui Cassandore et Alhora justement à cause de ça. Ma magie est sortie malgré moi, dans un coup de colère, et j'ai fais quelque chose de mal.

— Alors c'est donc vrai... susurra la femme, plus pâle que jamais. Vadim disait la vérité... tu es bien une mage.

— Pourquoi vous aurais-je menti ? grogna-t-il.

La cheffe sembla se dissoudre sur place, chancelant un instant sur son assise. Elle luttait pour aspirer de l'air, ce qui éveilla l'inquiétude du couple. Leur alarme se transforma en véritable angoisse lorsqu'elle se redressa brusquement, renversant sa chaise dans un fracas sur le sol.

— Eh, l'Anthaya, qu'est-ce qui vous arrive ? s'inquiéta Vadim.

— Jaya, tu ne dois plus utiliser la magie !

— Pourquoi ça ?

Sous la mine préoccupée de la princesse, Chrysiridia se précipita vers elle et la prit fermement par les épaules. La pression de ses ongles semblait transpercer le manteau épais qu'elle portait.

— Est-ce que tu l'as utilisée souvent ?

— J'ai... J'ai eu quelques apprentissages...

— L'Anthaya, on se calme ! clama Vadim.

— Tu ne dois plus l'utiliser, tu m'as compris ?! cria-t-elle, ignorant l'homme. Il en va de ta sécurité et celle de tous. Si j'avais scellé ton Risen, c'était pour une bonne raison...

— Qu'est-ce qui vous prend ? Lâchez-la ! ajouta-t-il.

— Le cri... Dis-moi que le cri n'est pas sorti.

Les yeux énormes de Jaya ne pouvaient se détacher de ceux gorgés de panique de sa mère.

— Le... cri ? Le cri de la Banshee ?

Chrysiridia grimaça dans sa stupeur.

— De la Banshee ?

— Oui... il m'est arrivé quelque fois de pousser des cris qui ont eu... des effets négatifs sur les autres. Un ami m'a dit que cela s'apparentait aux Banshees, des mages uniques qui...

— Jaya, tu n'es pas une Banshee ! Tu ne dois plus jamais utiliser le Risen ! Si tu le...

Soudain, de l'extérieur, des fragments de voix brisèrent le silence de la nuit. L'attention du trio fut immédiatement attirée vers la fenêtre, où à travers une fissure dans le rideau, une petite lueur dorée jaillissait, rappelant la flamme vacillante d'une torche.

Malgré l'inquiétude qui l'étreignait, Chrysiridia abandonna une Jaya figée par la peur pour se précipiter avec détermination vers la porte.

— Qu'est-ce qui se passe, encore ?

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