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L'Éveil du Cri 7/7

L'information était rapidement tombée sur la ville : un violent incident avait eu lieu au temple ymosien. Beaucoup ignorait encore la gravité des dégâts, mais un seul vent guidait les amarres : la princesse Jaya était fautive. En moins d'une heure, la rumeur s'était rapidement répandue dans le village aux abords de la scène de crime. Les villageois les plus proches n'avaient pas attendu pour pointer le bout de leur nez au pied du bâtiment sacré déjà assailli par l'armée, inquiets ou fous de curiosité.

Regroupés devant le temple, la garde et les médecins royaux s'étaient déplacés pour tenter de porter secours au père Thésélius. Ils réalisèrent immédiatement qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui.

Le pauvre bougre était mort de la pire des façons qui soit.

Byron et Frost étaient arrivés de concert sur les lieux du crime quand la nouvelle était tombée. Le père de Jaya joua des coudes pour se frayer un chemin jusqu'au temple où il s'arrêta, haletant. Une seule pensée annihilait toutes les autres.

— Où est ma fille ? Où est-elle ?

Il ne voyait Jaya nulle part. Si elle avait été arrêtée par les gardes, elle se défendrait, hurlerait probablement, mais les seuls cris perçus appartenaient aux évêques encore traumatisés par ce qu'ils venaient de vivre. Une angoisse sourde se tassa dans le ventre du roi.

Où était-elle ?

Et pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Que s'était-il passé ?

Leftheris était resté près de la falaise, les yeux humides inlassablement fixés sur la mer en contrebas. La chute vertigineuse s'ancrait dans le tumulte des vagues et frappait son regard reluisant de peine et d'amertume. Il ne remarqua qu'au dernier moment la troupe des rois venir jusqu'à lui. Frost fut le premier à s'élancer.

— Leftheris ! Que s'est-il passé ? Où est Jaya ?

Le prince ne put que lui offrir un pan de son profil tant faire face à ce roi lui était insurmontable.

— Elle... Elle a sauté.

— Sauté ?

Frost s'arrêta à la limite du vide, évaluant la hauteur étourdissante sévissant sous ses pieds. Il se glaça ; un saut et se serait la mort ! Ça ne pouvait pas être vrai, il pataugeait en plein cauchemar ! Or, quand il voulut chercher une miette de réconfort dans le regard du jeune général, Frost déchanta. Il ne portait que le désarroi.

Sa précieuse petite fille... elle était...

— Non... Non, elle n'a pas pu faire ça... C'est impossible...

Les yeux de Frost commencèrent à briller dans le soleil levant.

— J'ai tenté de la rattraper, mais... j'ai échoué...

Une larme scintilla et chuta sur la cape de fourrure blanche que portait Frost. La culpabilité se noua à sa gorge. Tout était de sa faute... Si seulement il avait pu voir les signes avant-coureurs et les enfermer avant qu'ils n'explosent, rien de ceci ne serait arrivé. S'il avait su lui parler et lui expliquer ce pourquoi elle avait laissé fuir cette onde invisible lors de leur dispute, au lendemain du bal... Il aurait peut-être pu l'aider. L'aider à le contenir, l'aider à ne pas en avoir peur. Ainsi, elle serait encore là, près de lui.

Mais il s'était lâchement muré dans le silence. Comme durant toutes ces années.

Pour elle. Pour sa protection.

Échevelé, Byron arriva en trombe derrière lui.

— Où est-elle ? Elle a sauté ?!

Leftheris se retourna sur lui, l'œil sombre.

— Oui, père.

— Personne n'a pu l'arrêter ?

— Nous avons été pris au dépourvu. Quand nous sommes arrivés, il était déjà trop tard. Nous l'avons suivi jusqu'ici et... elle nous a échappé en sautant de la falaise.

Byron fulminait au point où son visage enflait comme un ballon. Il n'en avait qu'à faire du chagrin de son confrère, seul sa colère en ébullition dictait ses gestes.

— Savez-vous ce qu'elle a fait ? Elle a tué l'archevêque à l'aide du Risen ! Le temple est une véritable boucherie ! Votre fille est une hérétique ! Et une meurtrière ! C'est un désastre ! C'est une attaque directe contre ma cité et contre la branche religieuse, Frost !

— Père, je vous en prie, s'intercéda Leftheris. Cela ne sert à rien de vous attaquer au roi, nous sommes tous bouleversés par ce qu'il vient de se passer ! L'éveil de son Risen était accidentel, elle n'en est pas responsable !

— Pas responsable ? Mais qu'est-ce que tu racontes, sombre idiot ?

— Je l'ai vue comme je vous vois... Elle... elle avait l'air perdue, terrifiée. Croyez-vous que ce soit le comportement d'une hérétique affirmée ?

— Elle est probablement morte, de toute façon, murmura Frost. À cette hauteur, il y a peu de chance de survie.

Cette triste déclaration lancée du cœur attira l'attention des deux Blanchecombe.

— Non, il y a une possibilité pour qu'elle soit remontée.

L'assurance dans le murmure du général fit relever les yeux du père Northwall. Y avait-il encore un espoir ? Il en était persuadé. Leftheris les dépassa sans plus de préambule, réveillant l'indignation chez Byron qui s'écria :

— Leftheris ! Où est-ce que tu vas ?

— Je pars à sa recherche.

Le roi du sud s'étrangla littéralement dans sa barbe.

— Je te demande pardon ?

— Je ne vais pas la laisser ainsi ! Il faut la retrouver ! Morte ou vive. Vous, venez avec moi, dit-il en pointant une troupe de soldats. Préparons les chevaux, immédiatement ! Nous allons faire le tour des plages et des criques.

Leftheris ne porta pas plus attention à la rage de son père qu'aux regards désarçonnés de ses hommes. S'il y avait un espoir, il ferait tout pour le saisir et peut-être ramener Jaya. Prouver que ce qu'elle avait fait n'était pas prémédité et qu'elle était tout autant une victime que les autres. Oui... Il ne pouvait en être autrement. Il la connaissait, elle était la douceur incarnée. Elle n'avait pas pu tuer l'archevêque d'elle-même sans que cette magie subite ne lui fasse perdre la tête contre son gré.

— Attendez-moi, Leftheris. Je vous accompagne !

Frost n'avait pas réfléchi plus longtemps pour abandonner Byron sur la falaise. S'il pouvait se raccrocher à cette minuscule possibilité de revoir sa fille, il le ferait sans hésiter. Il ne pouvait concevoir que Jaya était morte, son esprit ne l'acceptait tout simplement pas ! De plus, il voulait comprendre, savoir et démêler les noeuds de ses questions.

Non, Jaya était plus forte que ce que les gens pensaient. Il en était plus conscient que tout.

— Leftheris ! Qu'est-ce que tu fais ? Reviens, c'est un ordre !

Malheureusement pour le père Blanchecombe, son fils était déjà loin.


Les bourrasques du vent la coupaient en deux.

Jaya recracha l'eau qu'elle avait malencontreusement ingurgité. Dans le noir, sa respiration prit un chemin laborieux entre ses crises de toux. Sa gorge en feu avait du mal à avaler cet air glacial qui brûlait ses poumons. Sa quête de survie n'était qu'un râle à ses oreilles. Perdue et affaiblie, ce froid intense s'infiltra dans ses veines. Elle comprenait enfin ce que ce mince fil d'oxygène essayait désespérément de lui faire comprendre.

Elle avait survécu.

Mais comment... ?

À moins qu'elle ne soit égarée dans cet espace parallèle étroitement lié à la mort. Bientôt, elle rencontrerait Ymos en personne et pourrait lui cracher à quel point elle le détestait...

Les grains de sable croquaient sous ses dents, ses tripes se tordaient sous l'effort émétique qu'elle poussa dans ses retranchement afin de revenir à elle. Tout tournait, le monde extérieur lui paraissait si loin à atteindre. Ses paupières restaient collées, elle perdait pied dans la réalité et avait toujours l'impression que les abysses l'appelaient de leur lente agonie. Elle respira longuement.

Fais un effort... Ouvre les yeux...

Les cheveux collés à son visage, Jaya ouvrit un œil et le referma aussitôt. La lueur terne du jour frappait sa rétine fragilisée par le sel. Un nouvel essai, elle papillonna des paupières. Elle sentait sous ses paumes le sable humide et granuleux où elle était couchée, des gravillons s'enfonçaient dans sa peau. Était-ce... une plage ? Elle n'était donc pas morte...

C'était bien réel.

Elle ne parvenait pas à savoir comment elle avait fait pour arriver ici. Peut-être le courant... Elle s'était redressée, gelée et courbaturée. Ses dents claquaient les unes contre les autres. Peu stable sur ses bras tremblants, elle avait pu analyser son port d'attache et se repérer malgré sa vue trouble.

La plage de la caverne...

En effet, la grande entrée dans la falaise n'était qu'à un pas d'elle. Comment avait-elle pu être emmenée ici ? Ce spot était si éloigné de la falaise du mausolée...

— Brrraou...

Jaya sursauta. Qu'est-ce que c'était ? Sa surprise fut si soudaine qu'elle retomba dans le sable quand elle sentit quelque chose frôler son pied où l'eau venait encore s'échoir. Ses yeux se braquèrent à cet endroit, son cœur s'arrêta de battre un instant avant de repartir, douloureusement.

Qu'est-ce que c'est que cette chose... ?

Elle eut un geste de recul. Un mouvement fugace retint son attention coincée dans la vase. Devant elle, une forme trouble se dessina dans la lumière du soleil levant. Elle scintillait par moment, nappant son corps long de teintes irisées. Jaya battit frénétiquement des paupières afin d'aiguiser sa vue et remarqua enfin qu'il s'agissait d'un animal.

Un dragon. Un Dragon Néréide.

Le grand reptile gargouillait en la fixant de ses immenses yeux jaunes. Ses barbillons flottaient de chaque côté de sa gueule pleine de petites dents pointues, la douce lueur qu'ils émanaient rassura en partie Jaya. Les pulsations de son cœur s'estompèrent lentement. Même s'il était impressionnant, il ne semblait pas agressif, heureusement.

Était-ce possible que... cet animal l'avait sauvée ?

Le dragon écrasa un pas dans le sable, Jaya eut l'instinct de reculer un peu plus, ce qui attisa la curiosité de la bête qui secoua ses nageoires en forme d'aile de papillon de chaque côté de sa tête. Le mouvement de son cou ressemblait à une danse amicale.

Jaya avait déjà vu ça quelque part...

Elle réalisa où à l'instant où elle vit de belles cicatrices rosées parsemant les écailles blanches du néréide.

— Liloïa... ?

La dragonne gémit un son aigu en se redressant sur ses deux petites pattes arrières. Si c'était elle, elle avait tellement grandi. La dernière fois que Jaya l'avait vue, elle n'était encore qu'un bébé qui ne devait pas faire un mètre. Désormais, elle devait probablement dépasser les cinq mètres de long.

Vadim lui avait dit que ces dragons étaient intelligents et avaient une incroyable mémoire. Serait-ce possible qu'il en soit ainsi ?

— Tu te souviens de moi...

Retombant à quatre pattes, Liloïa surplomba Jaya qui se crispa une seconde lorsqu'elle tapota son ventre avec son museau. Ses barbillons crépitaient avec douceur, signe d'entrain. Son haleine chaude la fit frissonner. La princesse comprit quand elle baissa les yeux sur ses vêtements ; elle portait encore la cape de fourrure de Vadim, imbibée d'eau de mer et de sable.

— Tu te souviens de lui... Tu as reconnu son odeur.

Liloïa gazouilla, Jaya ne put retenir un sourire triste. Vadim restait ancré en chaque être à qui il avait fait du bien. Hésitante, la jeune femme posa sa main sur la tête du dragon. Un mouvement un peu trop brusque la fit tressaillir, avant de vouloir recommencer. Elle flatta le point entre ses deux yeux, là où commençait la longue coulure de poils ressemblant à des algues ayant poussées sur son corps.

— Merci de m'avoir sauvée.

Assise au beau milieu de nulle part, Jaya sentit le poids des choses s'abattre sur ses épaules. Quand ses récents souvenirs lui revenaient, les larmes reprenaient de plus belle. Le chant de la mer lui plaquait sa bien triste condition au visage, une mélodie cruelle qui lui soufflait à quel point elle était seule, désormais.

En y réfléchissant, elle aurait peut-être préféré être morte plutôt que de vivre ainsi.

Qu'allait-elle faire, à présent ? Tout le monde la recherchait et voulait sa mort. Elle n'était qu'une hérétique de malheur, pétrifiée sur une plage qui aurait dû être son tombeau. Plus jamais elle ne pourrait retourner chez elle, au château, personne ne voudrait la pardonner. Pas même son père.

Seigneur...

Quand il apprendrait tout ce qu'elle avait fait, il serait terriblement bouleversé.

Père... je suis désolée pour tout...

Son estomac se tordit et la nausée entra dans la danse cacophonique de ses sens tourmentés. Que pouvait-elle faire ? Se laisser mourir sur cette plage ? Attendre qu'on la retrouve et qu'on la juge pour ses crimes ? Ou se lever et avancer malgré la douleur ?

La réponse était toute trouvée.

Elle ne pouvait pas abandonner. Elle avait promis à Vadim de vivre.

Elle devait fuir... Loin, le plus loin possible.

Alourdie par ses vêtements inondés, Jaya tenta de se remettre sur ses jambes. Ses mollets flageolaient comme ceux d'un poulain à peine né. Elle faillit flancher, mais Liloïa glissa sa tête sous le bras de la jeune femme pour l'aider à se stabiliser. Jaya la couva d'un œil reconnaissant, puis, le cœur gros, se défit de sa cape de fourrure trop encombrante. S'en séparer était une épreuve pour elle, c'était l'une des dernières choses qui lui restait de Vadim, mais... Elle ne ferait que la ralentir.

Désormais en robe gorgée d'eau, le froid de la côte battant son corps semblait plus exacerbé que jamais. Il lui gelait le sang.

Elle extirpa de la poche intérieure le livre des Contes de la Fjord de l'Oubli. Il était détrempé, mais avait survécu. Sa main caressa la couverture. Le coinçant à sa ceinture, Jaya se promit de le faire sécher plus tard, en espérant que les pages n'aient pas trop souffert.

— Je te remercie pour ce que tu as fait pour moi, Liloïa, mais je vais devoir partir.

La dragonne pencha la tête sur le côté.

— Je ne sais pas où encore, mais probablement loin d'ici. Je dois me cacher, car j'ai fais... quelque chose de très mal. J'espère que tu comprends... ou peut-être pas, c'est mieux que tu ne comprennes pas l'horreur dont sont capables les humains. Sache que Vadim t'aimait beaucoup... et que c'est un peu grâce à toi que j'ai réalisé que je n'avais pas lieu de le fuir.

Une dernière caresse sur son front et Jaya lui tourna le dos, marchant lourdement dans le sable qui crissa sous ses pieds. À peine avait-elle parcouru quelques mètres que d'autres pas s'enchaînèrent dans son dos, plus lourds. Projetant un œil par dessus son épaule, la brune vit la dragonne la talonner avec entrain.

— Non, Liloïa, ne me suis pas ! Retourne à l'océan.

— Brrraou ?

La dragonne se dandinait, comme si elle trépignait à l'idée de la courser. Jaya plaqua une main entre elles, comme un mur à ne pas franchir.

— Non ! Reste ici... Tu es plus en sécurité dans ton milieu naturel. Pas bouger...

Liloïa ronchonna et pencha la tête sur le côté, ses barbillons devenaient ternes. Mais Jaya ne pouvait se permettre de mettre ce bel animal en danger, elle en avait déjà fait beaucoup pour la sauver des eaux. Il était de son devoir de la protéger en retour.

— Au revoir, Liloïa.

Sans se retourner, Jaya marcha courageusement jusqu'à la pente remontant dans la forêt. Sa cavale se ferait seule, transie de froid, car elle ne voulait plus blesser qui que ce soit.

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