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𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 11 : Le Hameau du Fjord 1/8

Une charrette bravait la froideur des montagnes.

À son bord, Nerva tenait bon et gardait une main ferme sur les rênes de ses chevaux. La route devenait de plus en plus difficile à mesure qu'ils montaient dans les hauteurs glacées. À la tombée de la nuit, ils étaient contraints de s'arrêter pour se reposer, se protéger du froid, mais aussi des créatures qui surgissaient de l'obscurité. Pour lui, la vie de ses compagnons de voyage était précieuse et il avait la responsabilité de les protéger, en particulier Varvara et son nourrisson qui étaient les plus vulnérables.

C'est pourquoi, lorsqu'ils découvrirent une cabane abandonnée dans la montagne, au cœur d'une dense forêt de sapins, Nerva s'y dirigea immédiatement. Bien qu'elle semblât inhabitée depuis des décennies, elle recelait quelques objets rudimentaires, tels qu'un brasero, des casseroles et de vieux draps poussiéreux. Manifestement, cette cabane avait été occupée autrefois, et Nerva se mit à imaginer qui avait bien pu y vivre.

Un feu fut allumé et les mages se rassemblèrent autour de lui, se serrant les uns contre les autres pour capter le maximum de chaleur. Ils étaient soulagés car, cette nuit, ils ne dormiraient pas dans une grotte glaciale. Pendant que Nerva faisait le tour pour vérifier que chacun avait de quoi manger, il remarqua Varvara, assise seule dans un coin du chalet.

Les yeux rivés sur Messayah, lové contre sa poitrine, elle le contemplait avec tendresse tandis qu'il tétait goulûment à son sein. Le petit était épuisé et n'avait plus la force de pleurer. Elle-même était épuisée. Elle savait que ce voyage serait difficile, mais elle n'avait pas imaginé que ce serait à ce point. Elle priait Ymos chaque jour pour qu'ils trouvent enfin le hameau tant espéré et qu'ils soient en sécurité. Elle mourait s'il venait à arriver malheur à son fils.

Soudain, elle sentit une présence la surplomber.

— Tiens, je t'ai apporté de quoi manger.

Elle releva un œil sur Nerva, puis lui sourit. Il tenait dans sa main un fruit et un morceau de pain qu'elle accepta avec joie. Le jeune homme se posa à côté d'elle avec précautions, observant la petite main du bébé, accrochée à l'étoffe de sa mère tandis qu'il mangeait. Il était tellement emmitouflé qu'il ne voyait que ça.

— Combien de vivres nous reste-t-il ? lui demanda-t-elle.

— Pas beaucoup. Peut-être encore pour deux ou trois jours, si on se restreint.

— C'est problématique. Il va falloir qu'on trouve ce hameau au plus vite.

— T'inquiète pas, on est sur la bonne voie. Bientôt, on y sera.

Varvara arborait une moue compatissante envers Nerva. Elle savait qu'il faisait de son mieux pour être à la hauteur, mais qu'il était tout autant perdu qu'eux tous. Cependant, il ne laissait rien paraître, peut-être pour rassurer les autres quant à l'avenir incertain qui les attendait.

Un sourire se dessina sur les lèvres du jeune mage lorsqu'il sentit la main de Messayah s'agripper à son index. Il caressa doucement les doigts du petit garçon. Sa peau était si douce. Il ne pouvait s'empêcher de contempler le visage paisible de l'enfant, cherchant à y déceler les traits de sa mère. Il était ému par cette scène qui lui rappelait la fragilité de la vie et la nécessité de protéger les plus vulnérables. Il échangea un regard complice avec Varvara. Ils étaient tous ensemble dans cette galère, mais ils devaient tenir bon pour Messayah et pour tous ceux qui comptaient sur eux.

— En tout cas, il est résistant. Je pensais que le voyage serait plus difficile, par rapport à lui.

Tendrement, Varvara sourit à son tour.

— C'est parce que c'est un guerrier.

— Comme son père, non ?

Varvara se mortifia, comme pétrifiée par la pensée qui venait de traverser son esprit. Leftheris... ce nom résonnait en elle comme une plaie à vif.

— T'en parle jamais. C'était un soldat, peut-être ? Est-ce qu'il est mort, à la guerre ?

Elle baissa les yeux sur le bébé, préférant fuir le regard insistant de Nerva.

— Non... Il n'était pas soldat.

— C'était qui, alors ?

Cette fois, Varvara planta un œil triste sur l'homme-loup.

— Je n'ai pas très envie d'en parler.

— D'accord, je comprends... Mais tu sais, le passé, ce qu'on a vécu, ça fera toujours parti de nous et il ne faut pas en avoir honte.

Écrasant son dos contre le mur, Nerva s'installa plus confortablement, attirant l'œil curieux de la métisse.

— Tu sais, je vais te confier quelque chose. Je ne suis pas né loup.

— Je m'en étais douté.

— Enfin, ce que je veux dire, c'est que... Quand j'ai éveillé mon Risen, j'étais un mage des plus normaux, on va dire. Je n'avais aucune autre particularité. Jusqu'à ce que je rencontre mon ancienne fiancée.

Varvara prêta l'oreille, se posant aussi contre le mur pour mieux l'écouter.

— Elle s'appelait Kerrine, elle faisait parti d'une famille de mages connue dans le milieu risenien de la ville d'Irsalam pour leurs talents de malédiques.

— Malédiques ?

— Ce sont des mages qui fabriquent des malédictions. Moi et mes parents, on vivaient dans la pauvreté, mais pas elle. Elle vivait dans le quartier noble, ils passaient pour des riches snobs tout à fait normaux aux yeux de la société. Alors quand ils ont appris que leur fille fréquentait un voyou du bas peuple, ses parents n'ont pas apprécié. Cela aurait ruiné leur réputation si la noblesse apprenait que leur fille s'était rabaissée à ce niveau, avant le mariage. Ils ont donc concocté une fiole contenant une malédiction et lui ont ordonné de s'en servir contre moi si elle ne voulait pas être déshéritée. Ils voulaient juste me faire taire et disparaître.

— Si elle t'aimait, elle n'a pas pu faire ça...

— Ouais... Mais elle aimait beaucoup plus l'argent.

Varvara déglutit, s'attendant au pire.

— Ce soir-là, on s'était retrouvé chez moi. Nous habitions dans une cabane dans la forêt, tout près de la ville. Mes parents l'aimaient beaucoup, car ils espéraient qu'elle m'épouse et qu'elle fasse de moi un garçon bien dans sa vie. Qui n'aurait pas de problème d'argent et qui serait heureux. Mais... Kerrine avait d'autres projets. Elle a préféré nous sacrifier plutôt que d'abandonner sa vie de luxe. Elle a vidé l'élixir de malédiction dans mon verre. Je l'ai bu... et j'ai été maudis.

Nerva baissa la tête, submergé par les flashs de cette nuit maudite. Son corps se mit à trembler, alors que les souvenirs douloureux ressurgissaient avec une violence inouïe. Il revit les visages terrifiés de ses proches qui l'avaient vu se transformer en une bête immonde, déchirant sa chair et la leur.

La douleur était encore là, présente comme une brûlure constante qui ne s'éteindrait jamais.

— Kerrine avait sous-estimé le pouvoir de cette malédiction. Elle m'a changé en bête... en un loup-garou énorme. Je n'ai aucun souvenir après ça. Je me souviens juste que lorsque j'ai repris connaissance, mes parents étaient morts, réduits en morceaux. Kerrine l'était aussi, dans le même état. La maison était ravagée, il y avait du sang partout. J'en étais maculé.

Il ferma les yeux et se pinça les lèvres, l'image du carnage qui se dressait sous ses paupières lui était insoutenable. Il sentait encore ce poids immense qui pesait sur ses épaules, le sentiment d'avoir détruit tout ce qu'il avait aimé.

— C'était y a sept ans. Je suis devenu ce que les mages appellent un Malédictus. Après ça, j'ai quitté Irsalam et me suis rendu clandestinement à Cassandore où j'ai fais profil bas. Pendant longtemps, je m'en suis voulu, je m'en suis voulu d'être un putain de monstre, un assassin et que cette femme que j'aimais tant m'avait trahi. J'ai souvent pensé à... mourir, pensant que je ne méritais que ça pour me punir. Mais j'ai appris à contrôler cette bête et à l'utiliser à ma faveur. Je ne voulais plus qu'elle prenne le dessus sur moi, je voulais être celui qui la soumettrait. Ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi à surmonter ça, cette culpabilité...

Il posa enfin un œil sur elle.

— Donc si tu as fait une erreur, sache que tu n'es pas seule. Le passé restera toujours en nous, quoi qu'il arrive. La seule chose qu'on peut faire, c'est de l'accepter. De vivre avec et de se pardonner.

Se pardonner ? Y parviendrait-elle seulement ? Comment pourrait-elle faire taire les regrets d'avoir gâché sa vie, d'avoir cru en l'amour et en Leftheris, d'avoir bravé les interdits maintes fois rien que pour lui, pour finalement se confronter à la plus terrible des révélations ? Est-ce qu'elle pourrait un jour se pardonner... pour la mort de sa mère ? Dans les yeux de Nerva, elle entrevoyait peut-être cette possibilité.

— Tu dois avoir peur de moi, maintenant que tu sais ce que j'ai fais, Soliëm.

Elle lui répondit d'un petit rire à peine audible, sans le quitter des yeux :

— Non. J'ai déjà vu des horreurs, tu sais. Tu as perdu le contrôle à cause de la malédiction, ce n'était pas de ta faute. J'ai moi-même perdu le contrôle de ma vie à cause de l'amour que je portais à un homme qui ne m'aimait pas. Tu es quelqu'un de bien, au fond de toi, Nerva. Je le vois tous les jours depuis qu'on a quitté Cassandore.

Il glissa timidement sa main dans sa tignasse négligée, où sa petite tresse se balançait légèrement, tout en baissant les yeux. Lorsqu'elle avait cette voix douce, il se sentait presque rougir. Finalement, il détourna le regard vers le rassemblement.

— Quand je vous vois, vous tous, cette petite famille que j'ai réussi à bâtir, je réalise à quel point être un hérétique est ce qu'il y a de mieux. J'aime être un mage et je ne voudrais changer ça pour rien au monde, peu importe le danger. Vous méritez tous d'avoir une vie meilleure.

Varvara observait les yeux pervenche de Nerva briller dans la lueur dansante du brasero, tandis que les sourires éclatants de leurs compagnons de voyage se reflétaient en eux, tout comme la tendresse que ce dernier leur portait. Cette affection qu'il dissimulait souvent sous un visage dur et blasé, elle l'appréciait pourtant chez lui. Oui, elle avait de l'affection pour ce garçon un peu spécial.

— Tu le mérites aussi, Nerva.

Avec une infinie douceur, Varvara se pencha délicatement vers lui et déposa sa tête sur son épaule. Étonné mais charmé, le jeune homme l'observa avec des yeux ronds avant de sourire. Il comprit alors que pour préserver l'enchantement de cet instant, il valait mieux éviter tout mouvement ou parole superflus. Seul le gazouillement de Messayah se faufilait dans leur silence complice, ajoutant une touche de douceur à ce moment hors du temps.


Autour du brasero, Symphorore savourait un instant de chaleur en compagnie de son frère. Après avoir rapidement englouti leur maigre repas, la fatigue commençait doucement à s'emparer d'eux. Amaros ne les avait pas attendu et s'était déjà endormi contre son sac. Les plus âgés et les plus fragiles avaient déjà sombré dans un sommeil réparateur depuis un moment. Il était réconfortant d'entendre leurs respirations paisibles plutôt que les hurlements de la tempête qui faisait rage à l'extérieur.

— Tenez, buvez tant qu'il est chaud.

Symphorore tourna la tête avec curiosité en direction de cette voix douce. Une jeune femme servait des coupelles de lait qu'elle avait fait chauffer sur les braises, attirant les remerciements et les sourires de tous ceux qu'elle couvait sous sa gentillesse. Symphorore avait pu remarquer sa présence bienveillante au cours des derniers jours, mais ignorait encore son prénom.

Lorsqu'elle vint dans sa direction, la chasseresse put voir son beau visage encadré de mèches brunes et ondulées.

— Tenez, il est tout chaud, prenez-en un peu.

Elle leur tendit deux coupelles. Tiordan accepta la sienne avec détachement tandis que Symphorore lui offrit un sourire timide en guise de remerciement. Elle avait des yeux noirs d'une profondeur saisissante.

— Vous êtes frère et sœur, c'est ça ?

Sa voix l'était aussi. Profonde et chaude.

— Euh, oui, lui répondit Symphorore.

La jeune mage s'assit en tailleur à côté d'eux, ignorant le frisson qui parcourut l'échine de la chasseresse lorsqu'elle la frôla.

— Vous avez de la chance de pouvoir compter l'un sur l'autre. Durant un tel voyage, ça fait du bien d'avoir quelqu'un.

— Oui, on essaye, mais... Ce n'est pas toujours facile, surtout quand l'un de nous a du mal à se détacher de ses regrets.

Symphorore projeta un regard sur Tiordan qui fixait inlassablement le fond de sa coupelle, l'air triste et lointain. Elle savait pertinemment qu'il pensait encore à Jaya et qu'il se rongeait les sangs pour elle.

— Je m'appelle Hami, au fait.

Toute l'attention de la jeune fille aux nattes se figea à nouveau sur ravissante brune. Elle lui sourit. Hami... Cela lui allait si bien.

— C'est un joli prénom... Moi, c'est Symphorore.

— C'est un joli prénom aussi. Ça me fait penser à un mélange entre une symphonie et l'aurore.

— C'est un peu ça, oui.

— Très poétique.

Les deux filles rirent avec entrain, mais de l'autre côté de la rencontre, Aube préférait rester seule. Elle ne voyait pas d'un bon œil toutes ces familiarités qui se créaient autour d'elle. Assise dans son coin, elle taillait un pieu à l'aide de son couteau en soupirant. Rester avec ces mages devenait de plus en plus difficile, sachant que gérer ses émotions face à eux était une véritable épreuve. Ces suppôts de l'art interdit la dégoûtaient tous autant qu'ils étaient et feindre la sympathie lui était insupportable.

Ce soir, l'idée de les quitter pour retrouver Jaya et mettre la main sur Vadim l'effleura. Mais penser à lui lui donna la chair de poule. Elle avait eu le temps d'y réfléchir en crapahutant dans ces montagnes ces derniers jours. Si Vadim était encore en vie, elle devrait le tuer au plus vite pour que l'île puisse tenir encore un moment. Le souvenir de sa folie risenienne qui avait coûté la place de la sainte statue devant le temple lui déchira la poitrine.

Mais s'il la revoyait ici, avec tout ce qui s'était passé au tribunal, lors de son procès... toute sa colère retomberait sur elle. Bien davantage s'il apprenait que c'était de sa faute si Jaya avait perdu leur enfant. Ce n'était plus un secret ; Roban l'avait dit devant tout le monde et cela avait bien failli lui coûter la vie.

Aube allait devoir monter un plan pour les trouver et les atteindre sans se faire remarquer. Aussi furtive que le vent. Aussi tranchante que l'acier. La nuit lui porterait conseil.

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