15 - Nos démons se mélangent
« Savez-vous bien ce qu'est le monde pour moi? Voulez-vous que je vous le montre dans mon miroir? »
~
La mâtinée venait d'annoncer ses premiers rayons. À travers le ciel nuageux de l'hiver gris, le soleil filtrait sa lumière dans de petits éclats pâles jusqu'au repère des vilains.
Un sombre immeuble. Isolé. Caché dans un recoin de la ville qui n'était pas sécurisé, à l'abri de toute attaque avantageuse pour l'autre camp. Même après la dernière bataille, la Ligue n'avait pas prit la peine de changer de campement. Les héros avaient beau savoir où leur cachette était installée désormais, ils n'en demeuraient pas moins handicapés de par l'emplacement. Cela laissait de la marge à leur chef, Tomura Shigaraki, pour en trouver un nouveau, qui serait cette fois encore davantage dissimulé de la lumière du monde.
Un jeune recru des vilains baillait, l'air lasse.
Il jeta un œil à ses ongles, obsédé par leur propreté, effrayé à l'idée que quiconque puisse répandre sa saleté sur lui.
Le rookie, épuisé et rongé par les nerfs, rageait intérieurement en se grattant magnanimement la tête. Les nouveaux arrivants étaient toujours en charge de la plus minable des tâches : surveiller l'entrée. Alors que lui-même se savait bien supérieur à toute cette bande d'attardés qui ricanaient sans cesse pour des sottises. Il aurait dû avoir sa place aux côtés du chef et des autres, à l'intérieur.
Son collègue, à moitié endormi, était dans le même état de lassitude que lui. Le jeune vilain le toisa, agacé, et se concentra de nouveau sur le chemin noir qui s'étalait devant eux.
C'était un de ces matins comme les autres. Aussi ennuyeux et barbant que les autres. Alors, pour passer le temps, comme son esprit avait prit l'habitude de le faire, il pensait à son ami. La seule personne chère à ses yeux.
Il avait reçu de ses nouvelles aujourd'hui, et son état n'était pas en bonne voie de rétablissement. Mais rien que le fait de se réjouir de ce qu'il pouvait accomplir pour lui le rassurait. Il restait debout, pour soutenir ses idéaux, pour vaincre ces héros.
Les images de cette jambe qui lui manquait ne défilaient pas. Il ne pensait qu'au sourire que son ami aurait lorsque le monde aurait changé pour l'accueillir. Un monde qu'il se chargerait de transformer lui-même, aux côtés de la Ligue.
Soudainement, une ombre se mélangea à ce paysage sombre. Une silhouette.
- Hé.
Le membre à demi plongé dans son sommeil fut brusqué par un coup de la part du rookie. Ce dernier, alerte, lui fit signe de jeter son regard en direction de cette masse au loin.
L'ombre se déplaça pour avancer de plus en plus près. Elle avait une démarche tranquille. Lorsqu'elle fut un peu plus à proximité pour que les deux vilains eussent le loisir de l'étudier, le jeune homme détecta une carrure masculine. Un garçon se rapprochait, la tête sous une capuche, habillé tout de noir.
- T'es qui, connard? aboya l'autre vilain qui émergeait à peine de sa torpeur.
Il est grand, nota silencieusement le jeune recru. C'est un des nôtres ? Pour marcher aussi paisiblement ?
Et alors que l'étranger n'était plus qu'à quelques mètres d'eux, ils tendirent, dans un même mouvement, leurs mains dans sa direction.
- Arrête-toi là ou je te broie la peau, le menaça-t-il. Des filaments de magma jaillirent de ses paumes, tandis que son coéquipier prônait une lance qu'il avait toujours en sa possession.
Malgré la faible luminosité qui régnait, le rookie fût à même de constater quelque chose. Un élément sous la capuche de l'inconnu.
Une chevelure violette?
Ses sens, en pleine ébullition, provoquèrent immédiatement une méfiance instinctive au sein de sa poitrine. Il était désormais capable de distinguer les yeux de ce garçon : un regard presque éteint, cerné et violacé également.
D'où est-ce que je le connais ?
La réponse ne s'offrit à lui que lorsque la voix de cet adolescent se fit retentir :
- C'est possible de m'indiquer l'entrée ? des sons graves émanaient de ses paroles.
Le ton supérieur qu'il employa mit en furie le plus vieux des trois hommes, qui s'empressa de répliquer instantanément. Malheureusement, le jeune recru l'avait reconnu une seconde trop tard. De son jeune âge, et de son manque d'expérience, au lieu d'attaquer directement le héros redoutable qu'il venait d'identifier, il tenta d'empêcher son collègue de parler.
- Ne lui répond p-
- Va te faire foutre! rugit l'homme à la lance. C'est pas un parc d'attraction ic-
Et suite à cette erreur, les pupilles de ce dernier se vidèrent de toute volonté, de tout libre arbitre, de toute émotion.
Shinsou Hitoshi venait de réduire à néant l'efficacité d'un des gardiens. Tandis que le recru restait tétanisé, pourtant conscient de ce qui venait de se passer, et parfaitement au courant de ce qui était en train d'arriver.
Le violacé émit son ordre avant même qu'il ne puisse bouger.
- Plante lui ta lance dans le ventre, il désigna le garçon du même âge que lui, et ensuite fais toi la même chose, sans hurler, lui imposa-t-il de la plus neutre des manières.
Un ordre qui signa sa fin.
Le rookie, alors que les images de la réalité lui parvenaient par un ralenti interminable, vit une dernière fois son meilleur ami. Cloué au lit. Humilié par des héros. Ébranlé par ceux qui avaient récolté la gloire de son sacrifice, alors que celui-ci avait perdu un membre pour sauver des gens. Mis à terre à cause de lois. À cause de cette foutue société qui ne permettait à aucune âme de faire justice sans conséquence, sans un sourire, si on vous ne l'autorisait pas.
Sa vision devint noire. Son dernier soupir fut lâché dans ce sentiment de profonde injustice, de dépit, et de peur.
Il aurait au moins aimé lui dire au revoir.
Le garçon dénommé Shinsou détourna le regard, les dents serrées, alors qu'il commettait un acte d'une cruauté qu'auparavant on n'aurait jamais accepté. Mais le monde avait changé. Les vilains avaient trop évolué. Ils avaient tant pris. Ils avaient tant volé.
C'était aujourd'hui, le jour où tout devait être terrassé. Toute cette cruauté qui avait prit place dans les rues devait être exécutée. Et l'adolescent devait accepter de tuer pour une paix que tout le monde souhaitait.
Une paix différente de celle que la Ligue imaginait. C'est pour cette raison que tout le monde se battait. Que désormais, on tuait.
Et c'était si absurde.
Son dégoût envers lui-même refoulé au tréfonds de sa gorge, ses yeux brûlants ensevelit sous sa chevelure, il dépassa le sang qu'il venait de faire couler.
Et par delà les corps échoués, il s'aventura au plus profond de cette enfer. La guerre pour la paix allait commencer.
~~
Katsuki articulait avec peine. Les préoccupations de ses camarades résonnaient toujours dans l'appareil implanté au sein de sa jambe, mais il ne s'attardait pas pour y répondre. Il devait simplement faire son rapport à Best Jeanist, le plus rapidement et le plus brièvement possible.
- "Dans quel état te trouves-tu?"
Les informations précises se concilièrent immédiatement au bout de ses lèvres :
- J'ai quelques côtes cassées, probablement deux. J'ai des brûlures sur l'intégralité de mon bras gauche. J'ai énormément de plaies sur les jambes et le visage, mais elles n'ont pas l'air infectées.
- "Tu as reçu des soins?" le questionna le héros professionnel.
L'explosif ravala difficilement sa salive.
- Oui. Mais ça fait quelques semaines qu'ils m'ont laissé comme un putain de déchet. Je n'ai pas mangé quelque chose de consistant depuis quatre jours.
Des exclamations horrifiées résonnèrent au microphone. Même la fille à l'alter Création avait lâché un petit cri à peine audible, mais il trahissait toute la pitié et le sentiment de culpabilité qu'elle ressentait. Cette Momo avait fermement été contre la participation du jeune homme dans cette mission, comme elle l'avait été pour tout autre camarade de classe.
Même si Katsuki s'était préparé à un tel acharnement de la part de ces criminels, il devait avouer que plus d'une fois, il avait ressentit l'envie de lâcher prise. De s'abandonner à cette souffrance physique inhumaine qui caractérisait son corps, son estomac, ses blessures depuis sûrement plus d'un mois et demi.
Mais l'adolescent avait tenu bon. Il avait résisté à cette torture sans nom, et il avait mené à bien sa mission.
La première attaque n'avait été qu'une introduction à la globalité du plan. Evidemment, qu'en attaquant de front de cette manière, les héros allaient échouer. Dès qu'ils avaient compris les fonctionnalités de l'emplacement où la Ligue se trouvait, les maigres probabilités pour les professionnels de réussir s'étaient affichés à tous. Cet immeuble était comme une forteresse imperturbable, impossible à attaquer directement.
Il fallait détruire cet endroit.
Et cela ne pouvait être accomplit que par l'intérieur.
Une lente destruction progressive, avec l'aide de deux apprentis héros en particulier.
Katsuki Bakugou et Shinsou Hitoshi avaient été les deux éléments clés de cette mission. Et si on avait tenté à maintes reprises de les écarter, les deux jeunes hommes étaient désormais au sein même de l'enfer qui allait être provoqué. Seuls les membres principaux de cette quête étaient au courant du rôle du violacé, qu'on avait tenu à garder sous une grande sécurité jusqu'au jour J.
Naturellement, ils avaient tout de même tenté de gagner, ce jour-là. Jamais les héros n'auraient feint une défaite. Mais ils avaient lamentablement été écrasés par l'adversaire. Et la suite des événements, la plus douloureuse et la plus difficile, avait été reposée sur la survie de Katsuki Bakugou, qui agonisait dans le cœur de la Ligue.
- Je t'envoie la personne qu'il te faut, lui affirma son mentor. Les directives qu'il ordonna retentirent aux oreilles du grand blond.
- Allez-y, j'attend mamie, plaisanta-t-il cyniquement, même si Best Jeanist ne l'écoutait probablement plus.
Le micro bourdonna quelques instants avant qu'une nouvelle voix ne remplace celle du super-héros à coutures. Une voix mièvre et emplie d'inquiétude qu'il avait le loisir de détester depuis l'enfance.
- Kacchan ? ce surnom utilisé par Deku lui parvint désagréablement.
- Quoi, le nerd? marmonna-t-il en tâchant de ne pas trop le renvoyer bouler.
Le garçon aux cheveux de cressons prit une grande inspiration avant de lui poser la question qui trottait dans l'esprit de chacun. Il voulait connaître la réponse, et il ne pouvait plus se permettre de le découvrir sur place.
- Est-ce.. est-ce tu l'as vu? les sons tremblaient, et l'explosif savait que ce n'était pas à cause de la piètre qualité de l'appareil.
Le prisonnier soupira. Il s'était bien attendu à ce qu'on lui pose la question, mais il devait avouer que devoir offrir la vérité à Deku en premier lieu ne lui faisait pas plaisir le moins du monde. Les derniers mots qu'ils s'étaient échangés étaient sur elle, d'autant plus. Ils s'étaient encore disputés, et l'impulsif avait fait déborder sa colère un peu trop brusquement.
- Oui, putain de nerd, je l'ai vu, cracha-t-il sans joie.
Le souffle accroché de son ami d'enfance résonna.
- Est-ce qu'elle.. débuta-t-il sans parvenir à achever sa nouvelle interrogation durant quelques secondes.
- Accouche, pesta le jeune homme.
Izuku hésitait.
- Est-ce qu'elle.. Comment elle est?
Malgré la vaste quantité de points noirs que comportaient ce questionnement, Katsuki en comprit immédiatement la visée. C'était bel et bien ce que lui aussi avait voulu savoir dès le début. Constater si elle était toujours elle, ou si elle s'était entremêlée à un monstre dénué de tout sentiment et d'humanité. On aurait pu s'y attendre, avec cet acte de cruauté qui leur avait coûté la vie de Kyouka Jirou.
- C'est la même, l'informa-t-il avec amertume. À quelques gouttes de sangs près. Mais ne t'accroches pas à ça, compris? lui somma-t-il, agressivement.
Le trouble de Izuku se fit une fois de plus ressentir dans sa respiration. L'explosif ignorait s'il ne communiquait qu'avec lui, à présent, mais une pulsion au creux de son torse lui fit revenir en mémoire les propos de leur ancienne et dernière conversation au propos de leur camarade envolée.
« Tu ne connaissais même pas Ochako, tu ne t'es jamais soucié d'elle ! Arrête de faire comme si c'était un simple désagrément dans notre vie ! »
Evidemment, Midoriya ne savait pas. Il n'aurait jamais pu. Qui même, donc, aurait pu s'en douter? Leurs différences étaient si évidentes. Ochako ne rimait pas avec Katsuki. Leur nom ne s'accordaient pas l'un avec l'autre. On ne pouvait s'imaginer que deux êtres comme eux puissent s'aimer, ni même s'apprécier. Les apparences ne laissaient rien envisager, les sentiments ne se laissaient pas dévoiler.
Et pourtant..
- Le nerd.. reprit-il alors que son ami d'enfance se remettait de la situation actuelle.
- Oui? fit la voix fébrile d'Izuku.
- Je l'aimais.
Le silence qui accompagna cette déclaration transcrivit l'hébétement assourdissant de son interlocuteur. Le jeune Bakugou imaginait les yeux écarquillés et déboussolés du garçon, ceux qu'il devait prôner en ce moment même.
- Q- un certain affolement emplissait sa tentative de réponse.
- Je l'aimais, elle m'aimait, et je l'aime toujours, putain de merde, débita-t-il avec frustration.
C'est ma faute, tout ça.
Ses muscles, tendus et affligeants, lui provoquaient une douleur sordide. Mais ce n'était rien, en comparé au poids sur sa poitrine, qui lui pesait plus que tous les maux physique dont il était victime. Il se trouvait débile. Stupide. Idiot. Irrattrapable. Ses pensées et ses sentiments avaient pris le dessus sur le raisonnable depuis toujours, et ce n'était pas en la confrontant que cela s'était amélioré.
Il était pitoyable. Pitoyable de ne rien avoir remarqué, il y avait de cela deux ans. Alors même qu'il observait tout d'elle, il n'avait pas été capable de déceler le plus important.
Et pire encore, aujourd'hui, malgré toute la haine et l'animosité qui l'avaient habité depuis ces deux années, il n'avait pas changé. Il était toujours aveugle face à cette émotion qui le consumait. Incapable de résister aux sentiments devant l'évidence des problèmes pourtant apparents.
Il l'aimait. Et il était certain qu'elle aussi, elle l'aimait tout autant.
Izuku, dont le choc devait dès à présent être en train de remplir ses cellules, parvint tout de même à articuler :
- Je.. Excuse-moi. Je ne comprend pas, mais excuse moi, Kacchan, le chagrin de l'adolescent se transmettait jusqu'à la chambre noire de Katsuki. Pour ce que j'ai pu dire ou..
- Arrête de chialer maintenant, le coupa-t-il alors que sa propre gorge le brûlait trop intensément. Si t'es là, c'est que t'as autre chose à faire.
Il l'entendit renifler de là où il se trouvait, probablement dans un véhicule dissimulé à quelques rues du campement de la Ligue.
- Tu as raison, admit-il dans un ton qui se désirait maîtrisé.
Le grand blond lâcha un profond soupir. Il était parfaitement conscient que le nerd avait toujours eu des sentiments dissimulés pour la seule qui avait jamais eu accès à son cœur. Néanmoins, il connaissait assez Deku pour savoir que ce n'était pas une information comme celle-ci qui allait le déstabiliser dans ses devoirs en tant que héros.
Il souhaitait simplement remettre les choses à leur place. L'adolescent s'était toujours tût, durant ces deux ans de descente aux enfer, parce qu'il ne parvenait pas à accepter que tout ceci se soit déroulé. Izuku s'était profondément senti responsable de la trahison d'Uraraka, et il le clamait haut et fort. Bakugou, lui, avait préféré sombrer dans la haine et le refoulement, plutôt que d'envisager que tout aurait pu être empêché s'il avait su faire preuve d'un peu de jugement.
C'était terminé.
Alors que ses résolutions se fermentaient encore davantage au sein de son esprit et de ses raisonnements, une lumière bleutée fit son apparition. C'était la première source d'éclairement à laquelle il avait droit depuis sa discussion avec leur ancienne camarade de Yuei.
Ses yeux le brûlèrent vivement, mais une fois la surprise dépassée et ses pupilles habituée, il reconnût l'alter qui allait lui permettre de sortir de toute cette galère.
Le plan avait pu être envisagé grâce à un seconde de Yuei. On avait désespérément cherché un pouvoir de téléportation qui aurait permit de se déplacer dans des lieux inconnus du porteur, sans grand succès. Et c'est cette année, parmi les nouveaux élèves, qu'était apparue une autre clé de la mission.
L'Alter de cet élève pouvait téléporter plusieurs humains, objets ou autre matière organique à travers des portails, mais il n'était pas capable de se mouvoir lui-même à travers. Et c'était exactement ce qui était nécessaire à leur quête.
Lorsque la miss Création et la mamie infirmière de Yuei surgirent de cette onde verticale, le jeune homme ne put se retenir de lâcher un mince sourire de soulagement. Ses membres se détendirent en l'espace de quelques secondes, se sentant agréablement relaxé par la certitude de pouvoir enfin émerger de cet endroit maudit.
- Bakugou, tout va bien ? s'inquiéta Yaoyorozu, qui constatait cette soudaine relâche et qui dans l'obscurité ne distinguait pas son réjouissement.
Katsuki ne daigna pas lever ses yeux impétueux vers la grande brune. Le prisonnier n'avait pas non plus le désir de témoigner de sa joie de les voir débarquer ici toutes les deux.
- Ouais, je pète la forme, ça se voit pas? fit sa voix rauque et asséchée.
L'infirmière Chiyo n'eut pas même besoin d'inspecter l'état du jeune homme pour constater que celui-ci était piteux. On lui avait fournit les informations nécessaires, et elle s'était chargée d'apporter tout le matériel qu'il lui faudrait pour tenir debout, en plus de ses soins.
Alors que l'explosif patientait pour son rétablissement prochain, il nota que la miss Création s'était assise. Une faible luminosité jaillissait de l'une de ses jambes, et elle semblait pénétrée par une concentration sans merci.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? la questionna-t-il de loin.
- Une meuleuse, répondit-elle simplement.
- C'est quoi ce truc?
À peine ces derniers mots furent-ils prononcés qu'un objet irradia de sa peau. Un appareil assez imposant, avec une énorme scie angulaire, qu'il distingua par la lumière qu'avait causé son apparition.
Momo se redressa, toujours dans un état de sérieux sans nom que le jeune homme ne détesta pas, et tendit l'objet dans sa direction.
- C'est pour t'enlever toutes ces chaînes, et commencer ce qu'on nous a confié, expliqua-t-elle d'une traite. Ses pupilles d'ébènes étaient droites et fermes.
Le sang de Katsuki se mit à bouillir de nouveau. À s'embraser comme il n'en avait pas eu l'occasion depuis bien des années.
Il sourit de nouveau, d'une expression emplie d'excitation et qui savourait la douce odeur de la future vengeance. Un sourire qu'il ne chercha pas à cacher, cette fois-ci.
Il allait en faire baver au chef, à tous ses subordonnés, à ce second à moitié cramé, à tous ces tarés qui résidaient dans cet endroit sordide.
Il allait faire déchaîner ses colères jamais apaisées.
Et il allait enfin l'affronter, elle.
~~
Tout débuta par une explosion.
Ochako, nerveuse, tendit l'oreille suite au vacarme qui venait de retentir. Elle était en train de se diriger vers la chambre de Dabi quand ce bruit était parvenu jusqu'à elle. La petite brune demeura statique durant quelques secondes, soucieuse de constater ou non si c'était son imagination qui venait de lui jouer un tour.
Mais rien de nouveau ne se fit paraître. Pourtant, une certaine inquiétude avait dégringolé dans sa poitrine à la seconde où ce son si familier avait résonné. Elle tâcha de calmer ses doutes après avoir bien patienté quelques minutes pour vérifier encore une fois.
Finalement, elle tourna les talons pour reprendre son chemin afin de rejoindre son ami. Sur la petite traversée que cela lui demandait, quelques fenêtres s'alignèrent sur sa droite. Celles-ci offraient une vue sur le devant du bâtiment. Toujours en proie à la suspicion, elle jeta un œil à travers l'une d'elle.
Tout semblait aller pour le mieux. Tout le monde était à sa place, personne ne paniquait.
- Tu profites de la vue, ma petite Ochako ?
Les sonorités de la voix caverneuse de Dabi l'émergèrent de son observation vaine.
Elle se tourna dans sa direction pour lui faire face. La jeune fille était incapable de repérer lorsque le jeune homme arrivait, quand bien même il se trouvait aux alentours. Il était plus discret qu'une ombre qui frôlait un mur. Silencieuse, mais qui écoutait toujours, et qui devinait tout.
Elle secoua la tête. L'adolescente ne lui fit pas part de ce qu'elle pensa être de la paranoïa.
- Je voulais te voir, l'informa-t-elle doucement.
- Je ne suis pas dehors, pourtant, la taquina-t-il.
Elle lâcha un petit souffle de son nez rond, amusée.
- Alors, qu'est-ce qu'il y a? Il lui posa la question en s'approchant d'elle, qui était toujours vers le mur de la fenêtre. Le grand brun s'adossa sur ce dernier, s'installant près de son amie.
Ochako lui sourit, toujours heureuse d'avoir sa présence près d'elle. Néanmoins, sa joie ne dura pas une éternité, car elle lâcha bientôt un soupir. Elle était venue lui poser des questions sur ce qu'il avait aperçu, il y a de cela quelques semaines, mais qu'il n'avait jamais prit la peine de commenter.
- Tu m'as vu, avec Katsuki, non? l'interrogea-t-elle de but en blanc, sans oser le regarder directement dans ses pupilles azures.
Le second de la Ligue haussa les épaules.
- Il y avait quelque chose à voir, selon toi? esquiva-t-il avec neutralité.
Les joues de la jeune fille se teintèrent d'une légère nuance de rouge au souvenir du baiser qu'elle avait faillit échanger avec le prisonnier. Dabi ne manqua pas de le remarquer, et détourna à son tour sa vision de la petite brune.
- Je te le redis : je savais que t'arrivais pas à l'oublier, lui avoua-t-il.
- Tu savais que..
- C'était cramé dès que t'as jeté un œil sur la photo que Tomura te montrait, la coupa-t-il, toujours sans transcrire particulièrement d'émotions.
L'adolescente ne put retenir un petit rire de gêne. La dernière fois qu'ils avait abordé le sujet de l'explosif, elle pensait fermement que Dabi abordait Katsuki en tant que simple camarade. Étaient-ils donc si transparents que cela, ses sentiments et elle?
- Je suis ridicule, clama-t-elle douloureusement.
Le garçon aux cicatrices leva les yeux au ciel.
- Sûrement pas autant que moi.
- Comment ça ? elle ne comprit pas le sens de ses derniers mots.
Dabi secoua la tête.
- Laisse, articula-t-il pour passer à autre chose. Tu sais que le chef va le tuer, hein?
- Oui, confirma-t-elle faiblement.
Son ami orienta à nouveau son regard vers elle. Il attendit qu'elle fasse de même durant quelques secondes pour continuer sur sa lancée.
- Qu'est-ce que tu vas faire, Ochako? il lui posait la question avec une certaine appréhension.
- Rien du tout, tâcha-t-elle de certifier d'une voix décidée.
- Ne me prends pas pour un con, pesta-t-il d'un ton plus dur.
- Je ne te prend pas pour un con.
- Ochako.
Ses iris clairs étaient fermement ancrés dans ses yeux noisettes, sans qu'elle ne puisse les détourner.
- Si celui que t'aimes se fait tuer, t'auras plus jamais d'échappatoire, lui asséna-t-il. Tu ne pourras plus jamais reculer, Ochako. Tu sombreras définitivement.
- Arrête, ses joues commençaient à ressentir quelques perles qui roulaient malgré elle. Elle fermait les yeux devant à la présence imposante de Dabi, bien plus grand qu'elle, qui l'enfermait dans son image noire sans détour.
Peiné par le chagrin qu'il lui causait, mais encore plus par le déchirement que la jeune fille affichait, il lui entoura le poignet de l'une de ses grandes mains. Doucement, afin qu'elle rouvre ses paupières et affronte de nouveau la vérité qu'il était en train de lui spécifier.
- J'ai jamais voulu que t'en arrives là, tu sais, lui avoua-t-il sincèrement, le visage sombre.
- C'est pas ta faute, glissa-t-elle entre les sanglots que sa gorge lui soumettait.
- Tu sais très bien que si, bordel. T'étais une petite lumière, et j'ai sûrement tout gâché, continua-t-il.
- Tu m'as juste ouvert les yeux, le défendit-elle, débectée par cette culpabilité. Arrête de dire des choses comme ça !
Un sourire amer peignit alors les lèvres du grand brun. Ochako ne comprit pas cette expression, et à travers sa tristesse, elle ne fut pas à même de détecter toute l'affection qui se transposait dans les pupilles de son ami. Il détourna à son tour le regard, soucieux de ne pas la laisser lire en lui.
- Dab-
- Qu'est-ce que c'est que ça?
Interloquée, l'adolescente orienta sa vision sur l'endroit où celle de Dabi était en train de se projeter. Ils s'approchèrent, dans un même mouvement, plus près de la fenêtre, et ils y distinguèrent tout deux la même chose.
- Du sang, murmura Ochako qui venait de noter la coulée pourpre sur la neige, à l'entrée.
- C'est quoi ce bordel.. ragea-t-il avec agitation.
- C'est peut-être quelqu'un qui est rentré d'une mission blessé, tenta-t-elle de le rassurer, mais la panique commençait à gagner elle aussi sa poitrine. Elle repensa à l'explosion qu'elle avait crû entendre un peu plus tôt.
- Je vais voir, annonça-t-il.
Et le jeune homme aux cicatrices s'en alla dans une précipitation que l'adolescente ne pouvait que comprendre. La petite brune essuya ses larmes, écœurée de sa propre faiblesse. Ce n'était pas du tout le moment qu'il fallait pour qu'elle s'apitoie sur les dures conséquences de ses choix.
Décidée à ne pas rester sans rien faire, les yeux toujours enflés, elle s'apprêtait à descendre elle aussi pour voir ce qui se passait. Elle chemina le long du couloir pour le rejoindre.
Mais lorsqu'un bruit sourd qu'elle ne reconnut que trop bien retentit une nouvelle fois, elle stoppa sa marche. Elle se trouvait devant les escaliers, et cette fois-ci, l'explosion n'avait pas résonné au loin.
À peine quelques mètres derrière elle, des pas lourds se firent entendre. Des pas prononcés, audacieux.
Des pas qui venait terminer ce qu'ils avaient toujours voulu commencer.
Elle eut à peine ne temps de faire demi-tour qu'une nouvelle implosion, plus sauvage et plus embrasée, se propagea dans sa direction. Sans pitié ni douceur, la jeune fille reçu un déchaînement d'aigreur bouillant au visage, le souffle provoqué par ce dernier lui insufflant une douleur immédiate.
Comment est-ce qu'il s'est libéré?
Ce fut l'unique question qui traversa en grosses lettres son cerveau. Pour se protéger du mieux qu'elle le pouvait, elle s'était projetée en bas du stade suivant des escaliers. Elle avait atterrit difficilement sur son coccyx, et la partie droite de son visage lui renvoyait une brûlure notable que l'explosion lui avait provoqué.
A travers la fumée de l'explosion, elle remarqua sa silhouette. Une grande et imposante ombre, celle qu'il était devenu. Son corps sculpté, bien que blessé, semblait pratiquement guéri et à disposition de toutes ses forces.
Les lumières du couloir se mirent ensuite à vriller, à clignoter furtivement, avant de totalement s'éteindre, pour ne laisser entrer que la faible luminosité du dehors.
Son cœur rata un battement.
Ses pupilles dévastées, elle remarqua deux autres ombres aux côtés de son ancien prisonnier. Un goût de rejet naquit dans sa bouche.
Kaminari Denki et Yaoyorozu Momo se tenaient tous les deux à la droite et à la gauche de Katsuki Bakugou. Un Katsuki Bakugou qui avait l'air au meilleur de sa forme.
Un Katsuki Bakugou qui, en réalité, n'avait jamais vraiment été prisonnier.
Ce dernier descendit quelques marches dans sa direction, les paumes toujours prêtes à jaillir de mille chaleurs. Il la fixait, droit dans les yeux. Et elle n'était capable de soutenir que son visage à lui. Le grand blond la jaugeait de sa grande taille, alors qu'elle était au sol. Ses lèvres s'ouvrirent pour lui remémorer les premiers mots qu'ils avaient échangé depuis leurs retrouvailles dans cet endroit.
- Bonjour, tête ronde.
- Uraraka.. murmura la voix habituellement pleine de douceur de Yaoyorozu. Celle-ci avait été transformée par une perfide rancune.
Kaminari, quant à lui, la toisait dans un mélange d'aversion sépulcrale et de tourment sans nom.
Le traîtresse hoqueta de peur. La rage qui se dégageait des yeux de ses trois camarades lui donnait envie de vomir. Elle savait que c'était envers elle, et qu'elle était complètement justifiée. Mais elle ne s'était jamais sentie prête à l'affronter.
- On s'en tient comme prévu, vous deux, ordonna pourtant l'explosif. Dégagez, cracha-t-il.
- Bak-
- Vous savez très bien que vous êtes pas capables de rester là sans faire de conneries, alors bougez votre cul, insista-t-il de manière irrévocable.
Tous les deux échangèrent un regard avant de capituler.
- On s'en tient au plan, confirma Yoaoyorozu, qui suite à cela quitta les lieux en courant pour partir plus loin au même étage.
Kaminari, qui devait se rendre au niveau en dessous, descendit les escaliers, dans une marche lente et étrangement assurée. Uraraka ne parvenait pas à distinguer les traits de son visage. La tête baissée, ses mèches jaunes lui obstruaient l'occasion de capter son expression.
Sa démarche la fit frissonner de terreur, particulièrement quand il la stoppa juste devant elle. Toujours à même le sol, elle restait figée comme une statue, incapable d'émettre le moindre mouvement.
Elle savait très bien que l'adolescent au sourire rassurant avait été le premier à souffrir de ce qu'elle avait commit. Elle n'était pas ignare de la punition qu'elle méritait.
Ochako s'attendit à recevoir une de ces décharges qui devaient s'être améliorées depuis la dernière fois qu'elle les avait vu en action. Pourtant, rien ne se passa durant quelques secondes.
Denki se baissa à son niveau, et releva le visage. Un visage tâché d'une affliction intense.
- Je m'en suis remis, débuta-t-il très calmement.
Ochako déglutit.
- C'était très dur, mais tu n'as pas réussi à m'avoir, Uraraka. Je continuerai de me battre, juste pour elle, lui annonça-t-il. Même si je dois pleurer à chaque fois qu'il neige.
La vision de son ancienne camarade se brouilla face à la souffrance que ces mots lui infligèrent. Une souffrance mélangée à une reconnaissance extrême.
Elle n'avait jamais voulu que ses anciens amis arrêtent de se battre.
Alors elle hocha la tête, en guise de réponse.
Le garçon se redressa, et continua son chemin, laissant les deux anciens amants seuls.
Contemplant l'immense silhouette de celui qu'elle aimait, elle se remit sur pieds elle aussi. Katsuki la fixait sans exprimer particulièrement d'émotions, patientant pour qu'elle se soit totalement remise debout, en position.
La jeune fille encra à son tour des yeux décidés dans ceux de Katsuki, avant de déclarer:
- J'imagine que c'est entre nous deux, maintenant?
Les iris se Katsuki ne mirent à bouillir de cette excitation combattante que la vilaine lui connaissait bien. Ses mains crépitèrent en même temps qu'un sourire provocateur s'étalait sur ses joues abîmées.
La vraie bataille pouvait commencer.
~~
BOUAAAAH ce chapitre est beaucoup trop long ToT
J'ai dû l'écrire sur plusieurs jours pour les différentes parties parce que ça me demandait trop d'énergie mdrr, le dramatique c'est pesant faut croire x) Mais ça fait un bien fou d'arriver au bout ;-;
J'espère vraiment que ça vous aura plu. En tout cas j'ai vraiment a-do-ré l'écrire, on arrive aux enjeux finaux et ça me motive de fou ! Quand je pense qu'il ne reste qu'un chapitre.. et peut-être un épilogue, si j'ai la foi.
J'ai inscrit la fiction au concours Serpentin de MalfoyBleu . Si ça vous intéresse, on peut y inscrire des fictions de Kpop, d'SNK et de MHA (:
D'ailleurs, à cette occasion j'ai relu un peu les premiers chapitres pour voir si je pouvais un peu corriger deux trois trucs, et WOWWW mais quelle catastrophe étaient les 6 premiers chapitres, je sais pas comment vous avez fait pour tenir :'o Je faisais encore mes phrases archi longues jpp, du coup j'ai à peu près tout corrigé et j'ai un peu moins honte
Bref n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, ça me fait toujours plaisir de le savoir.
Bisous sur vos chevilles (oui on fait toutes les parties du corps ici)!
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