❝ 9 Novembre 1902,

Ça y est, le moment est venu.

Dans quelques minutes, je serais exécutée en plein milieu de la bastide, devant tous les habitants n'étant point au courant de mon existence auparavant, qui pourtant, ne se priveront point de m'agonir d'injures pour tous mes péchés. Nos péchés.

Mais bien évidemment, le monde préfère différencier les classes sociales, plutôt que de faire la différence entre ce qui est réellement juste ou pas.
Par conséquent, la seule qui ne s'en sort pas indemne est la soussignée. Coup dur d'être pauvre et non-noble.

L'amour n'est pas un crime, mais s'il est présent entre une simple esclave de "race inférieure", et un futur Roi destiné à une autre, si. Curieux, n'est-ce pas ?

Avant que la mort ne m'importe avec elle, confortablement assise sur cette couchette, témoin de chacun de nos ébats amoureux, je transcris sur cet ancien papier jaunâtre de ton petit carnet, que j'ai réussi à te prendre, ces derniers mots qui te sont destinés.

Ô mon bien aimé, je ne te blâme pas pour tout ce qui est arrivé, et celle-ci n'est pas une tentative de te rejeter toute culpabilité. Au contraire, je suis la principale responsable de ce grand désastre, et je l'admets.
En revanche, malgré les circonstances, je suis plus que fière de cela.

Les risques auxquels menait cette relation étaient nombreux, les répercussions si ça venait à se savoir, inévitables.

Mais je veux dire, malgré ta tentative d'avertissement, tu n'as pas battu cil face à mon insistance, tu n'as carrément pas manqué de dévoiler à quel point mon côté audacieux te charme, et je ne suis point en train d'insinuer que c'est mauvais.

J'escompte donc, que tout comme moi, tu ne penses point que notre analogie ait été une erreur. Et que ta conscience ne soit pas trempée de regret, mais de satisfaction.

Je te rassure, même si entre nous ça n'a pas pu durer aussi longtemps que l'on espérait, j'ai passé les meilleurs instants de ma vie à tes côtés. Trois mois de pur bonheur.
Trois mois pendant lesquels tu m'as comblée d'amour comme personne ne l'a jamais fait auparavant, trois mois qui ont rendu mes derniers instants de vie inoubliables.

Cependant, la seule chose qui me gêne en tout cela, c'est que j'aurais voulu t'avoir pour moi un peu plus, avant qu'on te case de force avec la fille dont je suis juste l'humble asservie.
Mais ça se sait, toute belle chose prend fin beaucoup trop vite.

Si t'as accepté d'offrir une véritable signification à notre amour, tout en étant au courant des inévitables conséquences, c'est que celui-ci est sincère, et dans tous les cas, je savais que mes sentiments envers ta personne ont toujours été réciproques. Cela se comprenait de ton regard, il se faisait si singulier lorsqu'il croisait le mien.

J'en ai l'immense sourire aux lèvres rien qu'en me remémorant de comment on feignait d'être des inconnus sous le regard autrui, alors que rien ne fait le poids face à notre complicité. Personne ne connaît l'autre mieux que nous.
Le jour nous étions deux inconnus, et la nuit nos âmes s'unissaient n'en faisant qu'une.

Cet amour, ainsi que mon châtiment injuste, était inévitable.

Je n'ai peut-être pas réussi à dépasser mes trente ans, à fonder une famille, ou mener une vie un minimum modeste.
Mais au moins, ces belles vingt-cinq années de vie auront été satisfaisantes, et je n'en ai pas gaspillé un seul instant.
J'aurais au moins vécu en luttant pour l'égalité parmi les différentes nationalités, et les rangs sociaux, sachant déjà que je n'aurais jamais pu vaincre ce combat seule. Mais l'adrénaline a pris le dessus de la raison.

Tu me connais, Heechul.
Lorsque je veux obtenir quelque chose, 𝓳𝓮 𝓷𝓮 𝓹𝓮𝓾𝔁 𝓹𝓪𝓼 𝓶'𝓪𝓻𝓻𝓮𝓽𝓮𝓻 ❞