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𝟓𝟔. 𝐏𝐮𝐫𝐞 𝐞𝐯𝐢𝐥 𝐛𝐞𝐡𝐢𝐧𝐝 𝐭𝐡𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐚𝐝𝐞



Time To Reveal The Truth - Joo In Ro

Lux Aeterna - Clint Mansell

Penthouse - Kim Jun Seok

The Demand of Man - Secession Studios

Demise of a Nation - Secession Studios


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Le chaos est souvent le nom que l'on donne à tout ce qui produit la confusion dans nos esprits.

Mais avant tout, et le plus souvent, le chaos naît de la surprise.

Il n'est jamais ou rarement prévu, et tire ses origines de l'ombre, à l'abri des regards, là où personne n'oserait s'aventurer.

Lorsqu'il décide enfin de s'abattre, il est déjà trop tard.

– C'est un réel plaisir d'enfin pouvoir te rencontrer, Taehyung. Mais peut-être que des présentations s'imposent, tu ne crois pas ?

– C'est...Qui...Qui es-tu vraiment ?

L'homme assis tel un roi dans le siège noir face à lui se pencha en avant, abandonna son verre de whisky sur le bureau, et croisa ses deux mains sous son menton avant de dire dans une voix basse et rauque qu'il n'avait encore jamais dévoilée...

– Je suis ton ombre.

Les yeux embués par ce qu'il refusait d'être des larmes, il était impossible pour Taehyung de saisir ne serait-ce qu'un seul des mots que prononçait ses coéquipiers dans ses oreillettes. Toutes ces voix familières lui paraissaient maintenant si lointaines, pourtant il essayait de se raccrocher à elles, en vain. Il l'avait bien dit, non ? Il devait affronter cela seul, et pour se faire, il se devait de tenir bon, de garder la tête froide et de ne pas céder à la panique, ni même à la haine.

Ainsi, il jugea bon de se déconnecter du canal qui le reliait à ses amis, entendant seulement la voix de Yoongi lui hurler qu'il devait les attendre alors que les ennemis contre-attaquaient de nouveau en masse dans le casino.

Maintenant qu'il était réellement seul, Taehyung se retrouvait face à la terrible réalité.

En un instant, un maelström émotionnel tumultueux le submergea, faisant valser sa tête, sans parler de son cœur, dans une tornade infernale. Il en ressentait des sueurs froides perler sur son front, ses membres passant de la glace à la fièvre en un battement de cœur.

Devant lui, Jungkook, ou devait-il plus exactement dire, Shinigami, le fixait avec une intensité hypnotique, laissant transparaître une attente impatiente pour une réponse, une réplique, qu'importe. Il se contentait d'attendre vicieusement que le noiraud veuille bien ouvrir les lèvres, cependant, malgré son désir ardent de s'exprimer, de hurler sa détresse, de se libérer de cette cage émotionnelle qui devenait de plus en plus tortionnaire, Taehyung se trouvait muet.

Il avait l'impression que sa langue s'était enroulée sur elle-même, le laissant impuissant devant cette révélation, bien qu'elle fût un écho lointain de ses pensées antérieures.

Taehyung ne pouvait répondre, parce qu'il était pris dans un réel cyclone qui le propulsait à travers le passé, revivant chaque moment depuis leur première rencontre. Ses premières pensées à l'égard de Jungkook résonnèrent comme un écho douloureux, et maintenant, il ne pouvait que se sentir pathétique de ne pas avoir écouté ses propres intuitions.

Sa douleur était incommensurable, bien au-delà de tout ce qu'il avait connu jusqu'alors. Car s'il avait longuement pleuré la mort brutale de sa mère, aujourd'hui, maintenant, Taehyung n'était même pas certain de pouvoir réussir à verser quoi que ce soit sans que ces stupides larmes ne lui brûlent littéralement les joues. Malgré tout, il s'efforçait de maintenir stable le canon qui était toujours, même maladroitement, dirigé vers Jungkook qui le toisait assidûment, assis, avec une impassibilité glaçante, une jambe croisée sur l'autre.

Il en devint presque trop difficile de soutenir son regard, alors, Taehyung préféra baisser les yeux mais il se retrouva avec l'épouvantable vision du corps inerte de son ancien ami devenu ennemi. Après tout ce qu'il avait fait, après tout ce qu'il battit, construit jusqu'à s'en vanter à travers les mers et les océans, le corps de Lay reposait aujourd'hui à même le sol de cet énorme casino qu'il avait construit à sa propre effigie, à même le sol de ce bureau qu'il avait fait inaugurer en grande pompe par le passé.

Bien qu'il ne pouvait le porter dans son cœur, et même s'il avait rêvé d'innombrable fois de le tuer de ses propres mains, Taehyung était tout simplement effaré devant la cruauté qu'il avait subi. Lay méritait de mourir, c'était un fait, mais le noiraud avait toujours agi avec grâce, et ce, même avec ses plus grands adversaires.

Il lui aurait offert une mort insignifiante, loin de celle qu'il aurait pu s'imaginer avant de jeter son corps dans l'eau. Mais le destin en avait décidé autrement, et l'état de la pièce ne pouvait que traduire la monstruosité avec laquelle on lui avait presque arraché la tête de ses épaules. On pouvait encore voir les...

– Ne me dis pas que tu regrettes sa mort, Taehyung.

A l'entente de la voix qu'il pensa être nouvelle de son amant, s'il l'était encore, ce dernier releva les yeux vers lui et recula d'un pas.

– Quoi ? s'amusa presque Jungkook. Je te fais peur, maintenant ?

– Qui es-tu ?

— Tu m'as posé cette question tant de fois..."Qui es-tu", "qu'est-ce que tu cherches"...Enfin, tu sais qui je suis, et tu sais très bien ce que je veux.

– Je n'ai jamais su qui tu étais, répondit sévèrement Taehyung en ignorant l'horrible sensations de ses mains moites sur son arme.

Par réflexe, Taehyung chercha alors du coin de l'œil si un ennemi ou deux pouvait arriver et le surprendre, mais cette simple action fit sourire et même rire Jungkook qui se redressa dans son siège.

— Il n'y a plus que toi et moi, ici.

— Les autres vont arriver.

— Je pense qu'il leur faudra encore un peu de temps avant que tu les vois franchir cette porte. J'ai pris des précautions afin de les tenir occupés.

C'était fou à quel point cet homme devant lui avait le même visage, les mêmes traits que Taehyung avait fini par aimer malgré lui, et qui pourtant aujourd'hui appartenaient à un tout autre homme. Il avait beau le dévisager, il n'arrivait pas à reconnaître une seule de ses mimiques, et même ce sourire au coin de ses lèvres lui était inconnu.

— Comment oses-tu me dire que tu es mon ombre, demanda-t-il alors, manquant presque de se mordre la langue tant parler lui était difficile.

— Parce que c'est ce que je suis, j'ai toujours agi dans l'ombre et marcher sur tes pas n'a pas été si difficile que ça...

— Qu'est-ce que tu lui as fait ?! hurla soudainement Taehyung, prit par l'émotion qui devenait trop forte.

— A qui, voyons ?

— Tu n'es pas Jungkook ! Ce n'est pas toi !

— Oh, Taehyung...souffla doucement ce dernier en soupirant.

— Réponds-moi !

— Bien, dans ce cas...Recommençons depuis le début.

— Parle !

C'est avec un regard presque assassin que Jungkook le toisa, avant d'attraper le verre de whisky qu'il bu d'une traite. Le glissement de ses gants noir sur le verre fit un drôle d'effet à Taehyung qui se retint de frissonner, mais il lui en fallait plus pour abaisser son canon qui était la seule et dernière barrière qui le séparait, ou peut-être même, le protégeait de cet homme.

Puis, avec dédain, Jungkook se leva et mit les mains dans les poches de son pantalon de tailleur chic, comme s'il n'était pas tâché de sang, sans oublier le col blanc de sa chemise qui était parsemé de tâches rouges ici et là. C'est un personnage tout à fait horrifique qui fit le tour du bureau duquel Taehyung s'éloigna encore d'un pas, tandis que Jungkook vint s'adosser contre ce dernier. Il toisa son frère livide d'un regard méprisant, l'éloignant même du bout de sa chaussure comme on l'aurait fait avec un bout de bâton.

— Je n'avais pas prévu de faire passer le temps, mais comme tu résistes, et que tu as besoin de réponses pour ouvrir les yeux une bonne fois pour toute, laisse moi tout te raconter depuis le début.

— Tu perds ton temps, je t'ai dit de parler !

— Tu vois, Taehyung, la première chose que j'ai envie de te dire c'est que tu as toujours été trop pressé. On dit que la patience est une vertu si tu ne veux pas perdre la tête, pourtant, tu as toujours été si intelligent.

— Je ne te connais pas !

— Mais moi, je te connais.

Pendant ce temps, perchée sur le toît du bâtiment voisin, presque perdu dans le voile noir de la nuit, Yoongi s'attelait à sa tâche. Il n'avait plus d'autre choix maintenant, il devait à tout prix rejoindre ses amis afin de les soutenir, et ensemble, ils devaient plus que jamais sortir Taehyung de ce foutu merdier.

A côté de lui, comme figé devant les images que reflétaient les écrans connectés aux caméras de surveillance du casino, Jin sentait de terribles nausées lui remonter à travers la gorge. Il voyait ses amis se débattre, et ne pouvait faire abstraction de tous ces corps inertes qui se mélangeaient sur le sol. Il y en avait tant qu'on ne savait même plus quels étaient leurs clans, leurs causes.

— Yoongi, tu ne dois pas...

— Ecoute-moi bien, Jin. Je suis peut être un putain de génie de l'informatique, mais avant d'être un remake de Mister Robot, je suis un putain de soldat, et je ne laisserais pas mes amis crever à cause de ce connard. Alors tu vas m'écouter, tu entends ?

Pour la première fois, Jin se passa de lancer une mauvaise blague à son ami et le regarda avec les yeux larmoyants, secouant la tête de haut en bas.

— Je vais les rejoindre et on va buter ce connard. Ensuite, on va revenir et on se cassera tous d'ici, compris ?

— Oui, je...

— On partira tous ensemble, et tu pourras me présenter ce gamin. Je serais le premier à lui dire que son père est le mec le plus fou et le plus pleurnicheur que je connaisse, avant de l'obliger à me promettre qu'il devra toujours t'écouter, toi, et sa jolie maman. Est-ce que c'est compris, mon frère ?

Même dans la gravité de la situation, Jin ne put ignorer ce sentiment de courage qui l'envahit tout à coup et il imagina cet avenir radieux dont son ami venait de lui parler. Ainsi, il renifla et jura à voix haute avant de lui répondre :

— Compris.

Alors que Yoongi venait tout juste de quitter l'hélicoptère pour emprunter les escaliers de secours du bâtiment dans lequel il se trouvait afin de rejoindre le casino, Taehyung, lui, se tenait toujours face à ce monstre qui avait décidé de voler le visage de celui qu'il aimait.

— Putain, arrête ! Arrête de me dire que tu me connais !

— Pourtant, je ne dis que la vérité. Tu sais déjà tout, n'est-ce pas ? Tu te doutais de la vérité, je l'ai vu dans tes yeux, sur l'île. Je savais que tu avais compris, mais il me fallait encore un peu de temps pour mettre mes projets en route.

— Ferme là !

— Tu refuses peut-être de me reconnaître en tant que Jungkook, mais tu me connais, moi, le vrai moi. Tu connais celui que j'ai été.

— Il est mort ! Hitobashira est mort sous mes yeux, tu mens !

— Je n'aurai plus aucun mérite à te mentir maintenant. Toi aussi, tu y as cru, comme tout le monde. Toi qui à l'époque savait lire dans mes yeux, j'aurais aimé que tu réussisses à comprendre que cet accident n'a été qu'une mise en scène. Toi qui aime l'Opéra, tu dois en connaître un rayon, non ?

— L'Opéra n'a...

– L'Opéra commence toujours bien avant le levé de rideau, et se termine toujours longtemps après sa chute, Taehyung.



Quelques années plus tôt.


Les années passèrent et bientôt, Hitobashira reçut son premier diplôme qui lui valut une place à l'université. Après des années de sévices, de souffrances, de douleurs, de cauchemars, il put enfin choisir la voie qu'il voudrait prendre.

Sa relation avec son amie s'était quelque peu détériorée, découvrant tout deux que le plaisir de la chair pouvait être partagé avec d'autres personnes, mais elle n'en restait pas moins très forte.

Jena avait été ravie d'apprendre que son ami avait choisi le domaine de l'art, lui qui n'avait jamais vraiment apprécié frappé, lacéré, détruire, manipuler, voler...toutes ces choses qu'on leur avait apprises durant leur enfance, aussi particulière avait elle été.

Ainsi, Hitobashira fit ses premiers pas dans la vie dont il pensait réellement être le maître. Il s'était souvenu de toutes les discussions qu'il avait pu partagé avec sa mère à propos de l'art, et trouvant lui-même un refuge dans ce domaine, il avait donc choisi de suivre son destin. Il s'était posé de nombreuses questions sur son avenir et sur la nature profonde de ce que l'on attendait vraiment de lui. Il aimait l'art et était très doué dans cette discipline, mais pas seulement. Il apprit à copier à merveille les tableaux des plus grands, imitant jusqu'à leur signature, utilisant chacune de leur technique, trompant les plus grands experts. Mais ce monde n'était pas assez exaltant pour lui, car il ne tenait pas en place, il aimait l'action, le danger.

Parce que depuis son plus jeune âge, il n'avait connu que ça et que très souvent, les images de son passé resurgissaient, le glaçant, le terrifiant, mais surtout, lui rappelant sa nature profonde. Cette nature que son propre géniteur avait révélé en lui.

Un soir, alors qu'il venait récemment d'acquérir son diplôme d'art et de trouver un potentiel travail, son père était venu lui rendre visite. Cette rencontre, totalement inattendue, avait surpris Hitobashira, lui qui n'avait eu que très peu de nouvelles de celui qu'il avait autrefois appelé père. Les seuls souvenirs qu'il avait nourri le concernant étaient des choses qu'il s'était forcé d'oublier, afin de tirer un trait sur la raison de ses souffrances.

Cet homme qu'il ne nommait plus était apparu comme un fantôme, devant la porte de son modeste chez soi. Ce soir-là, Hitobashira était rentré chez lui après avoir fait quelques maigres courses, qui résultaient de son pauvre petit salaire. Mais alors qu'il avait imaginé pouvoir retrouver la paix de sa solitude, il l'avait aperçu.

Son père était là, les mains dans les poches, fixant la porte comme si celle-ci s'ouvrirait d'elle-même. La premier sentiment qui envahit l'esprit du jeune homme ne fut pas la surprise, ou le choc, non...Ce fut la peur.

Une peur inouïe, la colère aussi, face à cet homme qui l'avait abandonné.

Était-il revenu pour encore lui faire subir tous ces sévices dont il s'était libéré ? N'avait-il pas suffisamment prouvé ce qu'il valait ?

C'est ce qu'il avait pensé.

Il avait pensé à faire demi-tour, mais le bruit de ses sacs de courses qui rencontre le sol l'avait trahi et alors, son père s'était retourné pour lui faire face. Ils s'étaient regardés, non pas comme un père et un fils mais plutôt comme deux étrangers.

Après tout, cet homme n'était que le bourreau de sa vie, pensa t-il. Il avait réellement pensé à s'enfuir afin de l'éviter, mais il avait grandi.

C'est en reprenant une forte inspiration que Hitobashira avait repris contenance.

Plus jamais il n'aurait peur de cet homme, ni de personne. Il avait repris le contrôle de sa propre vie, et bien que les démons de son passé ne cessaient de refaire surface, il s'était promis, à lui, mais aussi, à sa mère, qu'il choisirait un chemin différent.

Alors, prêt à y mettre fin une bonne fois pour toute, Hitobashira avait fait le premier pas, et après avoir dépassé son père, il lui avait seulement laissé la porte ouverte pour lui faire comprendre qu'il était invité à entrer.

Ainsi, ils avaient parlé, d'homme à homme, pour la toute première fois.

Assis sur deux tabourets inconfortables, l'un en face de l'autre, les deux hommes ne disaient rien. Si son père le fixait avec insistance, Hitobashira, lui, ne cessait de détourner le regard. Il ne voulait pas être celui qui lançerait la conversation, bien qu'au fond, l'enfant qu'il avait été bourdonnait d'envie de tout lui cracher à la figure. Mais, l'homme qu'il était aujourd'hui, lui, était froid, sévère, et méfiant.

Une véritable machine de guerre.

Quelque part, Hitobashira craignait cet homme, autant qu'il le haïssait.

Hitobashira n'avait pu s'empêcher de cracher sa haine à travers cette pure question rhétorique. Il n'attendait pas de réponse particulière, seulement, il souhaitait que l'homme qui lui faisait face comprenne qu'il n'était pas le bienvenue.

Ni maintenant, ni jamais.

Cela dit, son père, ayant toujours été imprévisible, le prouva une nouvelle fois en riant. Jamais jusqu'à aujourd'hui Hitobashira n'avait vu le sourire de son père, et cette simple vision lui fit froid dans le dos autant qu'elle lui donna envie de vomir.

Il se mit lui-même à rire, comme un fou, comme dans ces moments où les fantômes de son passé venaient le hanter jusqu'à ce qu'il crie de douleur. Jusqu'à ce qu'il s'imagine que la mort serait la seule solution pour sauver son âme. Ou du moins, ce qu'il pouvait en rester.

— C'est à cause de vous, que je suis devenu qui je suis. Je n'étais qu'un putain d'enfant quand vous m'avez arraché à ma mère. Je n'étais qu'un putain d'enfant quand j'ai rencontré le précipice de la mort pour la première fois. Je n'étais qu'un enfant quand vous veniez m'arracher de mes draps pour me faire assister à des massacres, au sang, à la haine, à la mort, encore, et encore. Je n'étais qu'un enfant quand vous ne m'accordiez aucun regard alors que je faisais tout, absolument tout pour attirer votre attention. Je n'étais qu'un enfant quand vous refusiez de me laisser voir ma mère plus souvent, alors que j'avais besoin d'être rassuré quand j'avais peur. Je n'étais qu'un enfant quand j'ai compris que j'étais seul et que personne ne m'aimerait jamais, que personne ne viendrait me sauver. Je n'étais qu'un enfant quand vous m'avez poussé dans vos putains de conneries de clan et d'honneur, quand moi je pensais seulement à comprendre pourquoi la Terre pouvait tourner.

— Hitobashira.

— Je ne m'appelle plus comme ça.

— Pourtant, c'est le nom que je t'ai donné.

— Le seul nom que je connais et que je veux porter est celui que ma mère m'a donné.

— C'est pour cette raison que nous nous rencontrons, aujourd'hui.

— Ce sera la première et la dernière fois que je vous verrai.

— Je l'espère.

Puis, un nouveau silence. Celui-ci ne traduisait que la haine, lourd sentiment qui emprisonnait le cœur du jeune homme. Puis, son père fit un geste, puis deux, s'avançant quelque peu pour attraper la bouteille qui se trouvait entre eux. Il se servit d'abord, puis fit couler le breuvage dans le verre vide de son fils. Ce dernier releva les yeux à son visage et le vit lui faire signe de boire.

Il hésita.

— Je vois que toutes ces années ont permis d'aiguiser ta méfiance, dit le plus vieux en riant, puis il attrapa les deux verres et jeta leur contenu dans une plante qui se fana aussitôt. Décidément, c'est à croire que la mort elle-même t'évite pour t'apporter le jour glorieux qui sera tien. Ne dépendra que de toi pour juger lorsque l'heure de tes ennemis sera venu.

— A quel prix, siffla le jeune homme, la mâchoire serrée.

— Au prix d'un clan, pour un autre.

— J'ai refusé depuis longtemps d'en faire partie. Tout ce qui me reste c'est une putain de trace noire qui pourrit ma peau.

Soudain, l'expression qui animait le visage de son père changea. Lui qui paraissait presque amusé et détendu redevint cet homme glacial et terrible que le jeune homme, ou plutôt, l'enfant qu'il avait été, avait toujours craint.

— C'est pour ce tatouage que tu dois vivre maintenant.

Cela dit, Hitobashira ne répondit pas. Il le fixait, oui, se battant lui-même contre ses propres démons pour ne pas faillir. Il tenait bon, et malgré lui, prouvait une nouvelle fois toute la force de son esprit, de celui qu'il avait abandonné puis construit au prix des larmes et du sang, durant toutes ces années.

— Alors comme ça, tu veux devenir artiste ? demanda son père.

— Parce que ce que je peux faire vous intéresse maintenant ? répondit le jeune homme, sur le même ton moqueur.

Froid.

Gelé.

— Tout ce que tu as fait résulte des choix que j'ai fait pour toi.

— Vous n'avez rien fait pour moi.

— Détrompe-toi, reprit son père de façon rude.

Ce qui suffit drôlement au jeune homme pour avoir envie de se redresser, de peur qu'il ne le punisse pour avoir été condescendant envers lui.

Comme lorsqu'il était enfant, cette aura qui émanait de cet homme qu'on lui demandait d'appeler père le faisait frémir.

— Je n'ai pas fait toutes ces choses pour que tu finisses par t'amuser comme un vulgaire artiste peintre ou que sais-je.

— C'est ce que j'ai choisi.

— Crois-moi, tu veux être artiste, et tu le seras. Tu seras celui de ta vie. Celui qui mènera la gloire de notre clan à son apogée. On dit que l'art est le plus court chemin d'un homme à un autre mon fils. Alors, ton art, celui que je t'ai appris, sera le plus court chemin pour mener notre plan à sa fin.

Hitobashira fronça alors les sourcils, peu certain de comprendre là où le vieil homme voulait en venir.

— Ne crois pas que je suis venu pour te présenter des excuses pour ce que j'ai fais, et pour tout ce que tu as vécu. Peut-être ne me remerciera tu pas aujourd'hui, mais un jour, l'oiseau en cage reverra des nuages, mon fils.

— Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

— Ce que j'attends de toi, Hitobashira, ou quel que soit le nom que tu veuilles utiliser, peu m'importe. C'est que tu sois l'arme secrète la plus féroce qu'il n'ait jamais existé. Je veux que tu utilises ta colère, ta peine, et toutes tes souffrances pour arracher à l'ennemi ce qui doit nous revenir. Et pour cela, je commencerai par le point le plus important : Gouverner, c'est faire croire.

Ce soir-là, son père lui avait rappelé qui il était et pourquoi il avait été formé ainsi. Et alors que Hitobashira avait décidé de suivre les traces de sa mère, celui-ci lui avait rappelé que son art n'était lié qu'au mensonge, au bluff, mais que la vérité était tout autre chose, elle était dans ce que l'on vivait, dans l'action. Charge à lui de choisir ce qu'il voulait faire, vivre dans le mensonge, ou alors être un acteur de la vérité, en aidant par son art, son pays et sa famille, après tout, n'avait-il pas été entraîné toute sa vie pour ça ?

Après le départ de son père, il y avait longuement réfléchi, oubliant même de dormir la nuit. Ou plutôt fallait-il dire qu'il avait totalement refusé de trouver le sommeil, car à chaque fois qu'il avait essayé, ses cauchemars l'avaient replongé dans les horribles et cruels souvenirs de sa misérable enfance.

Pire encore, tous ces mots que son père avait prononcés à propos de son frère aîné l'avait rendu fou, à un tel point qu'il en avait perdu les esprits. Il ne l'avait pas vu depuis le jour terrible de son accident, mais il pouvait se souvenir de sa façon de lui parler à l'abris des regards, à sa façon de faire celui qui se moquait en le taquinant devant les autres alors que le soir venu, il passait des heures à lui raconter des histoires. Il se souvenait même de ces nuits qu'ils avaient passés à imaginer leur futur, ensemble, au sein du clan qu'ils espéraient devenir meilleur. Il se souvenait aussi de ces moments qu'il avait passé avec Lay et son ami, Taehyung, qui ne lui parlait jamais beaucoup mais qui l'avait toujours regardé avec de grands yeux, comme si dans les siens se cachait toute une galaxie.

A force de nuits effacées et de souvenirs mélangés qui devinrent presque faux, Hitobashira, ou plutôt, Jungkook décida qu'il était temps de retrouver la seule et unique personne qui ne lui avait jamais menti.

Il avait besoin de la voir, de l'entendre et la sentir près de lui afin de faire le bon choix, même si au fond de lui, quelque chose avait déjà changé. Il passa la journée qui précéda son rendez-vous à se taper la tête contre les murs, car la simple idée ou pire encore, à la vue de ce tatouage qui traduisait sa véritable identité, celle qu'il avait voulu fuir, il entendait cette voix machiavélique lui souffler qu'il était temps de reprendre les choses en main.

Ils s'étaient donné rendez-vous après un long moment sans s'être vu. C'est le jeune homme qui avait pris l'initiative, et malgré tout, Jena en avait été ravie. Ils s'étaient retrouvés, comme avant, mais quelque chose avait changé.

Il avait changé.

Il n'était plus ce jeune homme au sourire radieux malgré les épreuves, il n'était plus celui qui la taquinait pour un rien. Il était devenu un homme froid, comme l'un de ceux qu'il craignait auparavant, et Jena, elle, n'avait rien pu dire.

Du moins, il ne lui avait pas laissé la chance de le faire.

Ils avaient peu discuté, le jeune homme ne lui avait répondu que par des phrases courtes et simples, puis ils avaient une nouvelle fois fait l'amour, parce qu'elle était malgré tout la seule à pouvoir utiliser cette expression avec lui. C'est après avoir redécouvert leurs tatouages sur l'ensemble de leurs corps que Jena l'avait entendu lui donner sa première mission.

Elle avait accepté rapidement, sans réfléchir, car après tout, elle s'était rendu compte que même après tout ce temps, l'amour qu'elle lui portait, l'intérêt qu'elle portait à ce garçon n'avait jamais changé. C'était certainement insensé de devoir abuser des sentiments de l'autre, mais pour lui, elle était prête à tout.

— Qui es-tu aujourd'hui ? demanda-t-elle après un lourd silence.

Durant quelques minutes qui parurent durant des années, Jena dévisagea son ami, et une petite voix au fond d'elle se demande lequel des deux garçons elle avait réellement sauvé ce soir-là, le soir où elle l'avait rencontré.

N'avait-elle finalement pas sauvé un monstre ?

Mais avant que la conclusion ne lui parvienne comme un flash, son ami attrapa son paquet de cigarette, en glissa une hors du paquet et la mit au coin de ses lèvres avant de souffler sans aucune hésitation, ayant une faible pensée à la mémoire de sa mère :

— A partir de maintenant, je serais Jeon Jungkook.

Si faire croire était gouverner, alors aimer serait manipuler et détruire serait gagner.

C'est ainsi qu'à la moitié de sa dix-huitième année, Jungkook quitta la Chine pour retrouver son père dans son pays natal. Dire que le Japon lui avait manqué aurait pu être un euphémisme s'il avait ne serait-ce qu'un seul souvenir auquel se raccrocher, si ce n'étaient ceux qu'il avait partagé avec sa mère il y a bien longtemps.

En fin de compte, Jungkook lui-même n'arrivait pas à comprendre le pourquoi du comment il était revenu, et le maigre espoir de retrouver une vie banale avait fané avec lui il y a déjà des jours. Contrairement à tout ce qu'il avait imaginé, il fut le premier surpris de trouver pour la toute première fois un père aimant et surtout, présent à ses côtés.

Ce dernier, qui avait disparu depuis quelque temps, s'était de nouveau intéressé à sa progéniture qu'il appelait désormais "son garçon", reprenant toutes les choses par lesquelles il avait dû passer pour en arriver jusqu'ici.

Pendant deux longues années, Jungkook n'entendit pas une seule fois son père s'excuser, mais il eut des réponses. Tous ses malheurs trouvèrent enfin leurs causes quand son père lui expliqua qu'il aurait pu l'aimer bien plus tôt si cette satanée famille des Yamaguchi-Gumi ne s'était pas interposé devant sa tentative de prise de pouvoir, que c'était leur faute à eux et à leur égoïsme que Jungkook avait dû être la victime de cette terrible mise en scène de mort. C'était de leur faute si sa mère avait péri. C'était de leur faute s'il avait dû endurer toutes ces souffrances, parce que Lay, son frère aîné n'était qu'un raté et qu'il était tout simplement indigne de reprendre le flambeau de leur père. Lay était devenu le réceptacle de sa jalousie naissante, lui qui avait eu une belle vie, lui qui n'avait jamais connu le manque, le vide, la peur, la colère.

Oui, jamais encore Jungkook n'avait aussi bien comprit lorsque son père lui disait qu'un jour, l'oiseau en cage reverrait des nuages, puisque cet oiseau, c'était lui.

Maintenant que tout prenait sens, il était devenu insupportable pour Jungkook de savoir que ses ennemis pouvaient respirer le même air que lui, être heureux et vivre en paix. Il devait se venger, il devait à tout prix suivre les directives de cet homme qu'il avait longtemps refusé d'appeler père, et ainsi, poussé par ses nouveaux démons, il se renseigna.

La famille au pouvoir à cette époque était dirigée par Miyuki Tsukasa, descendante directe de l'ancien Oyabun en chef. Jungkook ne l'avait jamais vu de ses propres yeux, mais il avait connu son fils.

Cette réalisation lui fit comprendre qu'agir par lui-même serait trop risqué, ne sachant pas si Taehyung serait capable ou non de le reconnaître, lui qui devait le croire mort.

Néanmoins, il ne s'arrêta pas là et continua ses recherches, jusqu'à dénicher l'identité de sa sœur, Yamane. Ses yeux s'étaient mis à briller dans le noir face à cette nouvelle, et de suite, Jungkook su que cette fille serait une marionnette parfaite.

Il lui fallait à tout prix détruire cette famille, les anéantir tous l'un après l'autre afin que son plan puisse se dérouler à merveille.

La petite voix en lui lui hurla une nouvelle fois de tout abandonner, de tout laisser tomber maintenant qu'il pouvait enfin être libre de pouvoir être qui il voulait être. Cependant, il fut poussé par cette autre voix, maniaque, furieuse et sombre qui le mena jusqu'à la porte de la famille Yamaguchi-Gumi.

Revoir cette maison après tant d'années lui avait parut être un rêve, et l'enfant qui n'avait jamais grandi en lui en fut presque ému. Presque, car cela ne dura pas bien longtemps avant que Jungkook ne toque à la porte pour annoncer sa venue.

Ce jour-là, il fit la rencontre de la belle et douce Yamane, qui fut la première à l'accueillir avant qu'il ne puisse faire face à la reine mère. A bien des égards, la famille Yamaguchi-Gumi était méfiante et rusée, après tout, ce n'était pas à force de bonté de cœur que l'on gagnait sa place sur le trône.

Une longue journée suffit pour que Jungkook apprenne que le fils aîné avait plié bagage depuis un moment afin de marcher sur les pas de son père, d'après sa propre mère, il ne donnait que peu de nouvelles et était presque devenu un fantôme dont pourtant, elle était fière. Jungkook ne voulut pas se l'avouer, mais lorsque cette femme prononça ces mots, quelque part au fond de lui, quelque chose se mit à brûler. Non pas par compassion, mais par jalousie.

Une jalousie aussi brute et vile que l'était le Diable lui-même, et cet affreux sentiment fut l'étincelle qui fit naître l'explosion.

Il ne lui fallut que quelques minutes, entre deux couloirs et quelques messes basses pour instaurer le doute dans le cœur de la belle jeune fille, avant que cette dernière ne serve la boisson fatale à sa propre mère après le départ mis en scène de leur aimable invité.

Le lendemain, Jungkook quitta son modeste chez-soi et c'est avec les pauvres moyens que lui avait fourni son père qu'il prit le premier avion pour la Corée du Sud, poussé par ses propres directives. Là-bas, il entra dans l'armée de l'air. Il devint vite lieutenant, fit de sa passion et de ses qualités d'artiste un réel business et c'est dans ce nouveau monde qu'il fit la rencontre d'une jolie jeune femme nommée Ji-Eun, par le biais de Jena.

Elle tomba très vite amoureuse de lui, et elle ne le devina jamais, mais elle fut la première étape dans le début de son plan.

Ji-Eun n'était pas seulement une jeune femme comme les autres, mais elle était aussi la petite dernière d'une famille proche du sénateur Kaito Yuri. De ce fait, Jungkook l'avait courtisée dans le seul et unique but de rencontrer ce dernier, et c'est ainsi qu'il fit la rencontre du fondateur de l'application Kakaotalk, autrement nommé Kim Beom-Su.

Cet homme allait être la première cible sur son immense échiquier.

Après de multiples recherches, Jungkook avait appris que Kim Beom-Su avait des liens plus ou moins connus avec la mafia japonaise. Il lui avait fallu beaucoup de patience avant d'apprendre que cet homme n'était net que d'apparence, et qu'il cachait de terribles secrets qui lui avaient fait perdre sa chère et tendre fille, qui avait été enlevée. Jungkook avait réussi à le rencontrer lors d'une soirée mondaine en compagnie de sa petite amie, et sans qu'elle ne le sache, elle lui avait elle même rapporté que ce pauvre homme avait fait appel à des services secrets pour remettre la main sur sa pauvre fille, ce qu'on lui avait refuser de façon plus ou moins aimable. Telle avait été sa punition pour avoir la mainmise avec la mafia.

A cette époque, Jungkook avait seulement rapporté ces éléments dans un fichier secret dont lui seul en avait la connaissance, et c'était alors remis en quête de cible intelligente au cœur même de son pays d'enfance.

Bien que petit, il n'avait jamais ressenti de quelconque haine à l'égard de la plus grande famille yakuza, son père avait peu à peu fait émerger en lui toute cette colère envers ce clan qui, selon ses dires, leurs avaient non seulement volé, mais aussi les avaient écartés du pouvoir. Ainsi, il avait retracé toute l'histoire de ses ancêtres, et avait fini par arriver à la branche la plus intéressante.

Mais alors que tout avait commencé à prendre racine dans sa tête, Jungkook commença peu à peu à se détacher de sa compagne. Le seul moyen qu'il avait trouvé jusque-là pour le supporter avait été de se confier à Jena dès qu'il le pouvait, mais cette dernière était elle-même en mission, et ils se devaient d'être le plus discret possible.

C'est un soir, après avoir passé une belle journée en compagnie de leurs "amis" et de sa "petite-amie", Jungkook fut presque ravie d'apprendre que cette dernière attendait un enfant. Ils étaient dans la voiture, en route dans la nuit noire, et c'est bien la première fois depuis longtemps que Jungkook pensa que Dieu, ou n'importe qui qui se trouvait là-haut lui avait envoyé un message. Cette annonce pourtant joyeuse allait être l'excuse parfaite pour Jungkook, un alibi indestructible qui le libérerait de ce poids.

Ce soir-là, il fit taire la voix de ce petit garçon du nom de Hitobashira qui le supplia de revoir ses positions, il attendit que la pluie s'abatte plus fort et se laissa guider par cette force monstrueuse qui lui fit commettre l'impensable.

La perte de Ji-Eun fut l'excuse parfaite pour s'éloigner un temps de son poste de soldat, et ainsi, il put voyager jusqu'au pays voisin.

En arrivant au Japon, Jungkook qui pensait prévenir son père de son retour apprit alors la mort de ce dernier, par les mains de son propre sang. Alors, après qu'il ai rejoint sa miteuse chambre d'hôtel en plein cœur de la capitale japonaise, Jungkook se noya dans l'alcool après avoir mangé jusqu'à ne plus pouvoir rien avaler. Inutile de dire qu'il passa le reste de sa soirée et de sa matinée à se vider les tripes, d'abord dans les toilettes puis dans les rues, marchant tel un camé jusqu'à ce qui fut autrefois sa propre maison.

Il resta ainsi, les bras ballants et le visage détruit par les larmes et la haine jusqu'à ce que le soleil se lève et se décida à partir seulement lorsqu'il vit la silhouette charmeuse de son frère aîné dépassé le grand portail de fer.

Ce dernier ne lui adressa même pas un seul regard, comme s'il n'était rien.

Jungkook se posa alors la question mainte et mainte fois, se demandant s'il avait alors déjà été quoi que ce soit jusqu'à ce jour. Après tout, depuis petit, il n'avait jamais pu se rattacher à qui ou quoi que ce soit à par lui-même, et encore...Était-il lui-même assez stable, assez fort pour supporter sa propre personne ?

C'est peut être pour cette raison que cette autre voix au fin fond de sa tête avait fini par prendre le dessus, jusqu'à ronger cette douce mélodie qui avait trop longtemps espéré que le monde change. Cela avait été pour son unique et propre bien, car après tout, que ce soit son père, ou son frère, personne ne l'avait jamais aimé ou aidé.

Personne ne viendrait le chercher, personne ne viendrait s'excuser. C'est pour cette raison qu'il devait tout détruire pour tout reprendre, et pour ce faire, il prendrait le temps qu'il lui fallait afin de faire de leur monde une réelle pièce de théâtre, ou mieux encore...Un Opéra, car l'Opéra commence toujours bien avant le lever de rideaux, et se termine toujours bien après sa chute.

Décidé, et grâce à l'aide de l'héritage secret de son père, il se reprit une place de choix sur ce site qui était le réel bijoux de sa famille et de l'avenir yakuza. Shinigami devint son réel bouclier et sa nouvelle identité, Hoseki devint sa maison, son refuge, et grâce à ses innombrables réseaux, Jungkook renoua des liens, créa de nouvelles alliances et finit par reprendre les rênes de sa propre lignée.

Sans même s'en rendre compte, son propre frère tomba dans les fils de sa toile et assez vite, Jungkook eut la main mise sur son propre royaume, et tout cela, à distance.

Son court séjour au Japon se termina sur cette note déterminée, et c'est avec un objectif certain que Jungkook retrouva le sol coréen.

A force de nuits passées à écumer les réseaux les plus loufoques, à se construire un plan digne du cinéma hollywoodien, Jungkook en perdit un bout de son âme chaque jour.

Il se retrouvait désormais seul face à cette vengeance que son père lui avait légué comme dernier adieu, et ce fut peut-être l'une des dernières fois que l'enfant en lui le supplia, lui hurla même, de tout abandonner.

Ce soir-là, Jungkook retrouva ses esprits juste à temps. Il avait lâché l'arme qu'il tenait dans la main comme si cette dernière lui avait brûlé la paume, et était resté bouche béante devant son propre geste.

A vrai dire, ce n'avait pas été la première fois, il lui était déjà arrivé de perdre connaissance ainsi et de se reprendre au dernier moment, avant que la fatalité ne le touche, mais cette fois-ci, il plongea dans les yeux noirs de son chien et se fit la promesse de tenir bon.

C'est avant de reprendre du service que Jungkook lança enfin les dés.

Du moins, c'est dans un contexte totalement inattendu qu'il dû en lancer les prémisses.

En effet, et depuis maintenant quelques années, Jena avait reçu les ordres de se rapprocher d'un certain Kim Namjoon dont Jungkook avait trouvé les données lors de ses premiers temps au sein de l'armée coréenne. Cet homme faisait partie des services secrets que Kim Beom-Su, l'ami du sénateur, avait contacté pour trouver de l'aide mais cette même organisation le lui avait refusé. En fouillant un peu plus, Jungkook avait trouvé des informations à propos d'un homme que l'on nommait comme le plus grand des génies de l'informatique, du nom de Min Yoongi, et qui, pour sûr, lui serait parfaitement utile.

La mission de Jena était simple : séduire ce fameux Namjoon afin d'approcher Yoongi en toute finesse et le faire travailler pour lui. Ceci dit, alors même que Jena lui avait rapporté qu'il était temps pour lui de rencontrer son soi-disant "amant", Jungkook avait appris que les fameux fichiers le concernant avaient fuités, et qu'autrement dit, on avait osé les lui voler.

Hors de lui, Jungkook avait d'abord eu la terrible envie de mettre le monde entier à feu et à sang, conscient que cette fuite de données pouvait lui être fatale, surtout si l'on découvrait qu'il était toujours en vie. Pourtant, c'est dans cet état terrible qu'il constitua un plan qu'il jugea comme étant le plus parfait qu'il n'avait jamais eu.

Il lui fallait ce putain de hacker, comme il lui fallait détruire ce foutu de misérable de Lay Zhang pour avoir voulu le défier, lui, Shinigami.

Après avoir prévenu Jena de sa nouvelle tactique, Jungkook, qui avait toujours une longueur d'avance, profita de ses propres informations et par le biais de la plateforme Hoseki, contacta le pauvre homme Kim Beom-Su, lui faisant comprendre à sa propre manière qu'il lui était bénéfique de coopérer, sans quoi, il se ferait un plaisir de dénoncer ses activités illégales. Le pauvre homme n'eut d'autre choix que d'accepter, et ainsi, lui fut donné le rôle de l'appât.

La mission était simple : relancer sa propre demande qui avait été rejetée des années plus tôt, et quoi de mieux que de demander au grand homme qu'avait été Kim Namjoon pour régler ses pauvres problèmes d'homme riche.

Puisque si il y avait bien une chose que Jungkook avait apprise, c'était que les hommes perdaient toute conscience quand il s'agissait d'argent. Quoi de mieux que de promettre une somme astronomique pour une mission aussi fascinante et exaltante que de retrouver une fille longtemps perdue, un collier volé et des fichiers suspects.

En vérité, que ce soit cette fille ou le collier, Jungkook n'en avait que faire. Il lui avait fallu seulement trouver des subterfuges pour que toute l'attention ne soit pas trop portée sur ses fichiers. Il devait être le seul à les retrouver, afin de les supprimer lui-même. Ces putains de fichiers contenaient non seulement toute sa vie, ses contacts, les liens qui le liaient les uns aux autres, mais aussi, le terrible secret de sa nouvelle identité

Chose faite, il recontacta Jena, lui fit part de ses manigances avant de lui faire promettre d'agir en temps venu.

Puis, il attendit.

Pour n'attirer aucun soupçon, il avait fait son grand retour à sa base et avait repris sa petite vie tout aussi banale et triste que les autres, se faisant passer pour celui qui avait vécu un réel drame à la perte de sa chère et tendre petite amie défunte. Personne n'aurait pu se douter que le soir, lorsqu'il rentrait dans sa petite caravane près de l'eau, il faisait bouillir de l'eau salée tout en souriant tel un fou furieux devant les nouvelles que lui apportait sa complice.

Comme il l'avait prévu, sa première cible avait mordu à l'hameçon et Jungkook savait que le tristement célèbre Kim Namjoon ferait appel à ses plus proches amis pour faire honneur à cette mission, des amis, qui selon ses sources, seraient de véritables atouts, ceux qui le guiderait comme dans un cheval de Troie jusqu'à son but ultime.

C'est de cette façon fine et maligne qu'il fit apparaître son nom dans le discours que Jena porta à son "amant", ce guida les pas de ce dernier jusqu'à sa porte.

Tout, absolument tout se passait à merveille, et bien que Jungkook n'avait jamais été autant tiraillé par ces deux voix qui lui martelaient la tête nuit et jour, il jubilait.

Que dire, lorsqu'il fit la rencontre de la fine équipe que l'ancien colonel Kim Namjoon lui avait apporté sur un putain de plateau d'argent, et surtout, que dire, lorsqu'il se rendit compte que l'un de ses membres n'étaient nul autre que le dernier rempart vers sa gloire prochaine.


Ce n'est qu'à la fin de l'interminable monologue de Jungkook que Taehyung eut l'impression d'enfin pouvoir respirer, du moins, s'il en était toujours capable.

C'était comme si la pièce autour de lui ne cessait de tourner, encore et encore lui donnant l'horrible sensation d'être piégé dans un tourniquet sans fin, ou pire encore, dans un cauchemar dont il ne pouvait se détacher.

Maintenant que toute la vérité, la seule et l'unique lui avait été révélée, Taehyung ne savait même plus comment réagir, si bien que mêmes ses mains pourtant protégées par des gants épais lui semblaient être moites à un tel point qu'il sentait son arme l'abandonner au fur et à mesure qu'il réfléchissait.

Mais pouvait-il encore véritablement réfléchir à quoi que ce soit, à ce moment précis ?

– Tu vois Taehyung, j'avais absolument tout prévu, tout était...absolument splendide. Tout. Enfin...Laisse-moi te dire que ta présence dans l'équation a été la cerise sur le gâteau. J'ai d'abord été assez surpris, il est vrai...Mais j'ai très vite compris que cela allait être l'apothéose de ce plan, et tu sais pourquoi ? Parce que j'allais pouvoir tuer le dernier descendant de ta famille de mes propres mains.

Pris de spasme qu'il ne pouvait contrôler, Taehyung sentait son corps faire de léger soubresauts qui ne faisait qu'empirer son état. Il faisait une chaleur abominable dans cette pièce et pourtant, il avait l'impression de mourir de froid, à tel point qu'il sentait la chair de poule envahir chaque partie de son corps.

Il avait envie de rire et de pleurer en même temps, ne sachant plus véritablement comment réagir ou répondre à ces mots que Jungkook prononçait, comme si tout ce qu'il disait n'était que des lames aiguisées qu'il recevait en plein cœur.

– Après tout, je peux le dire maintenant, oui...Je dois avoir des faiblesses, moi aussi. Quoi ? Tu crois que même le grand Shinigami ne peut être invincible ? Non...La preuve en est que je ne m'étais pas assez renseigné, mais putain...Je n'ai jamais ressenti une telle jouissance qu'à ce moment même où j'ai compris que...

– C'est donc toi...prononça alors faiblement Taehyung, coupant son amant au passage.

– Moi ?

– C'est toi qui a tué ma mère.

En fin de compte, après tout ce qu'il avait entendu, une seule et unique chose tournait maintenant en boucle dans le crâne de Taehyung : se tenait aujourd'hui et maintenant devant lui la cause de son plus grand malheur, celui qui lui avait arraché son plus grand bien.

Jamais, au grand jamais, bien qu'il avait de nombreuses fois admis que sa mère avait eu raison dans ses propos, Taehyung n'aurait pu imaginer une seule seconde que le choix de son cœur serait aussi le choix de sa haine.

Après tout, n'avait-il pas tout abandonner, sa nouvelle vie et ses nouvelles résolutions afin de pouvoir rendre honneur et hommage à celle qui l'avait mise au monde, élevée, aimée, à celle qu'on lui avait arraché sans aucune pudeur et d'une cruauté extrême ?

La douleur était tellement immense, si lourde à porter que Taehyung n'arrivait même pas à verser une seule larme. Non pas qu'il était insensible, mais le choc était tel que même son propre cerveau l'avait lâché, lui-même subissant cet état terrible. Bon Dieu qu'il avait mal, il avait si mal et en même temps, il n'avait jamais ressenti une telle colère, une telle haine que cela lui déchirait les poumons lorsqu'il essayait de prendre correctement sa respiration.

Pire encore, que pouvait-il faire de plus que de devoir affronter l'affreuse réalité qui se présentait devant lui, représentée non seulement par un pseudonyme qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs, mais aussi, par la seule et unique personne qu'il s'était finalement autorisé à aimer, plus que sa propre volonté.

Maintenant, le cœur de Taehyung était si triste, que s'il avait pu se l'arracher pour qu'il puisse pleurer pour lui, il l'aurait fait.

C'est sans doute poussé par cette ambivalence extrême qu'il serra les dents jusqu'à s'en briser la mâchoire, avant de lever son arme dans un geste parfait, se préparant même à tirer.

Il y avait cette voix dans sa tête qui lui hurlait "fais-le !", cette voix qui n'était autre que la sienne, celle de celui qui avait perdu sa mère, sa famille, sa vie.

Jungkook dû certainement le ressentir, puisqu'à l'instant même où il attendit le petit "clic" provoqué par le doigt que Taehyung posa sur la gâchette, il détacha le bas de son dos du bureau contre lequel il s'était appuyé et s'avança légèrement, les mains en l'air.

– Tire.

Taehyung renifla avant de se cramponner corps et âme à cette arme qui était peut être la dernière chose qui le séparait de son amant.

– Je vais te tuer, dit-il d'une voix rauque, qui pourtant, traduisait tout autre chose.

– Je t'ai dit de tirer, Taehyung.

– Tu n'es que...Putain ! Je vais te tuer !

— Alors pourquoi ne le fais-tu pas ?

Un regard entre les deux hommes suffit pour que Taehyung ne sentent son coeur et son estomac se broyer sur eux-mêmes, et ainsi, il s'en mordit presque le bout de la langue, furieux, avant d'abandonner son arme et de littéralement s'écrouler à même le sol.

Ce n'est qu'à cet instant, sujet à une vulnérabilité flagrante qu'il libéra ses premières larmes. Ces dernières lui en brûlèrent presque la peau.

– Pourquoi...dit-il entre deux sanglots. Pourquoi ma mère ?

Peut-être que s'il n'avait réellement pas eu de coeur comme il le laissait si bien entendre, que Jungkook lui aurait cruellement répondu que c'était ainsi, que sa famille avait été la première lui avoir gâché et pourri la vie jusqu'à ce qu'il en devienne son propre bourreau. Oui, peut-être que s'il avait été une véritable ordure , comme il pensait l'être, il aurait craché à celui qui se trouvait maintenant à ses pieds, celui pour qui son coeur retrouvait parfois sa place, que c'était ainsi puisqu'on lui avait toujours rapporté que la famille des Yamaguchi-Gumi était des traîtres, des ennemis, que c'était la guerre et qu'il avait été temps d'en finir une bonne foi pour toute.

Ceci dit, il ne fit rien de tout cela, et resta ainsi, debout, les yeux baissés sur le visage triste et fermé de Taehyung qui attendait encore désespérément une réponse.

Quelque part, le noiraud savait qu'il n'obtiendrait jamais de réponse, puisque d'une façon ou d'une autre, il avait comprit par le récit de Jungkook que le pauvre garçon qu'il avait été n'avait été que la triste victime d'un conditionnement, d'un lavage de cerveau intensif jusqu'à en perdre ses propres sens et ses propres valeurs.

Jusqu'à s'en perdre soi-même.

Finalement, ne s'étaient-ils pas perdu, l'un comme l'autre, dans toute cette histoire, aussi tragique pouvait-elle être ?

C'est quand il se posa la question que Taehyung sentit quelque chose changé en lui, et que la haine laissa la place à plus terrible encore. Oui, ce sentiment affreux de trahison, d'amour inachevé ou pire encore, factice.

Il devait savoir s'il avait réellement tout perdu, ou si quelque part résidait encore un maigre espoir de pouvoir se raccrocher à quelque chose, bien qu'il lui faudrait agir par la suite.

– Et nous, alors...peina t-il à prononcer avant de s'essuyer le visage et de relever les yeux vers Jungkook. C'était vrai ? Ou ça aussi, tu l'avais programmé ? As-tu été un monstre jusqu'à feindre de m'aimer, Jungkook ?

Une fois encore, Jungkook ne répondit pas.

Comme il l'avait si bien dit, il avait des faiblesses, et Taehyung en était une encore bien réelle. Il ne l'avait jamais prévu dans ses plans, comme il n'avait jamais prévu de devoir le fréquenter d'aussi prêt, de devoir le manipuler jusqu'à ce que son propre coeur se perdre à son propre jeu aussi stupide qu'il avait pu être.

Cependant, Taehyung ne put rester de marbre et accepter ce silence, alors c'est avec rage qu'il se releva, surprenant Jungkook et sa propre personne à la fois lorsqu'il l'attrapa par le col de son veston, lui serrant presque la gorge contre ses poings.

– Réponds moi ! hurla-t-il, à bout de souffle. Lequel des deux ?! Lequel des deux m'a aimer, toi, ou le putain de monstre ?!

Le sourire qui avait habité Jungkook jusqu'alors se fana aussi rapidement, et il ne put éviter de croiser ainsi que de tomber dans le regard sombre et pourtant si envoûtant de Taehyung, qui lui, ne lâcherait rien.

Malheureusement, avant même qu'une réponse ne puisse être prononcée, la porte du bureau s'ouvrit en trombe.

Aussitôt, le regard de Jungkook changea et c'est avec une détermination nouvelle que ses yeux se remplirent de noirceur avant d'échanger les rôles. Il profita de l'effet de surprise que venait de provoquer le reste de l'équipe pour attraper Taehyung et le bloquer contre lui, son dos contre son torse, qu'il bloqua avec l'un de ses bras, le menaçant de l'autre avec une arme juste au creux de sa tempe, qu'il avait jusqu'alors caché dans la poche de son pantalon.

Quelques minutes auparavant, Yoongi avait fini par rejoindre ses coéquipiers dans le casino et leur avait été d'une grande aide afin qu'ils puissent se débarrasser de leurs ennemis dans le seul et unique but de rejoindre Taehyung à tout prix. Tous avaient entendu la terrible révélation sur les fichiers, et ils savaient que le temps leur était compté.

Ainsi, ils avaient lutter corps et âme afin de pouvoir monter jusqu'à rejoindre l'étage où se trouvait le bureau de Lay, mais quelle avait été leur surprise lorsqu'ils découvrirent le corps de se dernier baignant dans son propre sang, sans parler de sa tête qui avait été cruellement arrachée de ses épaules.

Puis après la surprise était venu l'effroi, lorsqu'ils se rendirent compte que Taehyung était retenu par nul autre que leur ancien camarade et compagnon, qui plus est, leur seule et unique cible. Namjoon avait été le premier à s'avancer, poussé par cette haine saisissante qui contrôlait son esprit, mais heureusement, Hoseok l'avait rattrapé afin de le maintenir à distance. Chaque geste pouvait être décisif, surtout maintenant qu'ils étaient en position de vulnérabilité.

Aucun mot n'avait alors été échangé jusqu'à ce que l'ancien colonel ne fasse entendre sa colère, furieux que l'on ne l'empêche d'agir.

– Il va le tuer !

– C'est Jungkook, Nam, lui rappela tout de même Hoseok, tout de même peu certain que cela changeait encore quelque chose à la donne.

– Tout est de sa putain de faute ! Je vais le tuer, laissez moi passer et putain, je vais le massacrer !

Devant eux, Jungkook se tenait prêt à toute éventualité et à chaque pas que faisait Namjoon, il rapprochait un peu plus le canon de son arme de poing contre la peau de Taehyung qui se contentait de gémir de douleur.

— Un pas de plus, et je tire.

— Lâche-le, espèce d'enfoiré !

— Ce serait presque un compliment, s'amusa même Jungkook. Mais si tu préfères voir sa cervelle exploser, alors je t'en prie, approche.

Voyant qu'il n'était plus possible de raisonner son ami, Hoseok se tint prêt à tirer avec lui mais aussitôt, Yoongi se rapprocha et les en empêcha à temps. D'un seul mouvement de tête, il leur fit comprendre de ne rien faire, mais tous gardèrent leur arme en main, le canon droit sur leur cible.

C'est avec un self contrôle de chef que Yoongi s'avança un peu plus, toujours à bonne distance et l'arme comme étant la continuité de sa main, il s'adressa à son ancien ami devenu ennemi.

— C'est moi que tu es venu chercher, n'est-ce pas ?

Tout en maintenant toujours Taehyung contre lui, Jungkook se remit à sourire et pencha quelque peu la tête sur le côté, comme intéressé par ce que le hackeur avançait.

— Jungkook, l'appela alors Yoongi. J'ai décrypté les fichiers et je les ai envoyés au compte de Shinigami via la plateforme Hoseki, tu peux me faire confiance. Mais je te demande de lâcher Taehyung.

Dans un mouvement qu'il jugea trop brusque de la part de Namjoon qui s'impatientait derrière, Jungkook renforça sa prise sur sa victime, le faisant jurer à haute voix.

— Essaye quoi que ce soit et je le tue, compris ? dit-il sévèrement à Namjoon qui le regardait d'un regard furibond.

— Jungkook, le rappela Yoongi pour qu'il se concentre sur lui. Lâche Taehyung.

— N'avance pas Yo...essaya de dire Taehyung mais Jungkook lui coupa presque le souffle en pressant sa poitrine.

— Ne gaspille pas ta salive pour rien, lui ordonna alors sévèrement ce dernier. Dis Taehyung, et si tu demandais gentiment à tes petits copains de lâcher leurs armes, hm ?

Contraint de ne répondre que par des gestes, Taehyung essaya de se débattre pour affirmer le contraire mais Yoongi s'était déjà retourné pour insister auprès de ses coéquipiers. Il fallait à tout prix qu'ils sortent Taehyung de là avant de passer à l'offensive, sans quoi, la mission serait un putain de véritable échec.

Hoseok et Namjoon ne furent pas réellement convaincus, mais contraint d'agir sous la pression de leur ennemi, c'est à contre cœur qu'ils s'abaissèrent lentement avant de poser leurs armes à terre, Yoongi les imitant.

– Bien, siffla Jungkook. Balancez les vers moi maintenant.

Nullement besoin de dire que Namjoon sentait son sang bouillir dans ses veines, mais une fois encore, il écouta les directives de Yoongi qui fut le premier à donner un coup de pied dans son arme, la projetant plus loin.

Désormais, ils n'avaient plus que leur tête pour agir, alors que Taehyung lui, était toujours au bord du précipice.

Afin de montrer sa bonne foi, et peut-être que ce fut aussi la seule et unique chose à faire, Yoongi leva les mains en l'air.

– Les fichiers, reprit sévèrement Jungkook. Tu dis les avoir envoyés sur Hoseki ?

– Oui, acquiesça le hacker. Je vais te le prouver.

Yoongi fit alors un pas, puis deux, et afin d'appuyer ses propos, avança non sans crainte jusqu'à être à quelques petits mètres de Jungkook qui le toisa avec une grande méfiance, puis, lentement, il approcha sa main de sa poche et en sortit un téléphone qu'il déverrouilla avant de le tendre face au visage froid et tendu de son ennemi.

Jungkook prit tout le temps qu'il lui parut nécessaire pour l'examiner et lorsqu'il fut certain, l'arracha de ses mains et rejeta Taehyung d'une telle force que ce dernier se mit à tousser de toutes ses forces comme s'il avait été privé d'air depuis trop longtemps. Ce dernier finit tout juste dans les bras de Yoongi qui le réceptionna avant qu'il ne trébuche.

Tout aurait pu prendre fin ici même, si Namjoon, dans le fond, n'avait pas décidé qu'une trop grande opportunité se présentait pour la loupée. Il n'était peut-être pas le meilleur tireur de cette équipe, mais maintenant qu'il voyait Jungkook, ou Shinigami, qu'importe, l'homme qui lui avait mené la vie dure, qui l'avait prit pour un pantin de début jusqu'à la fin allant jusqu'à lui arracher la femme qu'il l'aimait, Namjoon décida qu'il est tout simplement impossible et insupportable de le laisser s'enfuir, pire encore, s'en tirer aussi facilement.

Pas après tout ça.

Pas après avoir tant perdu.

Alors tout se passa aussi vite qu'un battement d'aile.

Dans cette pièce plongée dans la haine, la rage, le sang, la sueur et les larmes, on entendit non seulement des souffles de soulagement mais aussi un infime cliquetis qui fut intercepté par sa cible. Namjoon avait agit le premier, mais il fallait croire que Jungkook l'avait vu venir.

Ce bruit, pourtant si simple mais aussi si significatif, se répondit en écho, et une cible en trouva une autre, se fichant totalement des obstacles qui se retrouveraient être des dommages collatéraux. Oui, Jungkook s'était vu agir avant même que Namjoon ne puisse dégainer son arme de pointe, oubliant même que Yoongi et Taehyung se trouvaient encore dans son champ de vision, et pas seulement.

On entendit un cri, un prénom, puis deux, la mélodie sinistre d'un tir puis le son d'un coup de feu, ressemblant à ce même instant à un son de cloche, qui venait de mettre fin à tous les combats.

Il en était fini de la gouvernance.

Il en était fini de croire.

La vérité avait enfin éclaté, et avait emporté avec elle, le cœur d'un tourmenté ayant peut-être trop ou à jamais assez aimé. 

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