𝟒𝟖. 𝐑𝐮𝐧 𝐚𝐧 𝐞𝐦𝐩𝐢𝐫𝐞
We've Already Won - Tedy
Tight Tension - Kim Hyun Do
Time To Reveal The Truth - Joo In Ro
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Namjoon fut le premier à se réveiller d'un sommeil sans rêve, la matin où deux de ses membres l'avaient quitté. Jusqu'à présent, l'ancien colonel n'avait jamais eu autant d'appréhension pour sortir de ses draps. Dès qu'il avait ouvert les yeux, il était resté là, allongé, les yeux rivés sur le plafond blanc.
A vrai dire, Namjoon s'était longuement demandé pourquoi il n'avait pas eu la force ni le courage de retenir Taehyung. Ce n'était pas tant le fait d'avoir été trompé par la réelle raison de sa présence, mais plutôt faire face à sa détermination sans faille qui l'avait ébranlé.
Leur discussion avait eu l'effet d'une bombe dans le cœur de l'ancien colonel. Il s'était alors rappelé de la première fois où il avait rencontré ce jeune homme et de l'amitié dont il avait fait preuve. A l'époque, Taehyung avait été rattaché à l'équipe de Namjoon pour différentes missions. Ils s'étaient plusieurs fois croisés et connaissaient les valeurs de chacun. Bien qu'il était plus vieux que lui, Namjoon avait très vite apprécié le caractère chaleureux de Taehyung, il avait aimé discuter avec lui autour de quelques verres lorsque cela avait été possible. Il se souvenait encore de leurs interminables discussions sur la justice de ce monde, et de la façon dont les yeux de Taehyung brillaient lorsqu'il en parlait.
C'est un bon gars, avait pensé Namjoon.
Il n'avait pas eu tort, après tout. Tout cela s'était confirmé lorsque les deux hommes avaient été envoyés en mission en Afghanistan, du moins peu de temps avant leur départ. Cette dernière les avait d'abord réuni avec Yoongi, que Taehyung avait déjà rencontré plus tôt. Ces deux-là étaient particuliers à leur façon, mais ensemble, ils faisaient des miracles. Hoseok, lui, ne connaissait que Namjoon lorsqu'il avait été réuni, cependant, il n'avait fallu que quelques bières autour d'un feu de camp pour que les deux hommes se lient d'amitié. D'après les dires de Taehyung, Hoseok était l'homme le plus loyal et le plus franc qu'il n'est jamais connu, mais surtout, le plus courageux. De ce fait, ils s'étaient de nombreuses fois retrouvés à mettre en place de terribles assauts qu'ils avaient toujours réussi haut la main.
De tout le petit groupe, celui qui s'était le plus rapproché de Taehyung avait été Jin. Dans le passé, il était ce beau soldat à la gueule d'ange qu'on ne pouvait louper, il séduisait tout ce qui lui passait sous la main et ne repartait jamais bredouille. Malgré son côté aguicheur et coureur de jupon, il était le plus joyeux de tous, et Taehyung l'avait souvent remercié pour ça.
Oui, Namjoon se souvenait encore des fois où ils avaient entendu refaire le monde tout en imaginant foule à leur pieds. Même dans un climat des plus arides, Jin avait de nombreuses fois été le médicament de Taehyung, lui permettant de toujours retrouver le sourire.
Cela dit, Taehyung avait changé de jour en jour lors de cette mission, devenant alors plus distant avec ses camarades. A l'époque, Namjoon ne lui en avait pas tenu rigueur puisqu'après tout, la guerre ne pouvait que changer les hommes, même les meilleurs.
Alors, le jour où Taehyung les avait "trahis" (puisque ce fut le mot qui resta en bouche durant un long moment), Namjoon n'avait jamais connu une telle déception. Il avait pu le lire dans les yeux de ses amis, et bien qu'ils furent sauvés comme par miracle, il n'avait pas eu le temps d'y réfléchir que sa vie devint un véritable cauchemar.
Avec le temps et beaucoup de maturité, Namjoon avait appris à pardonner. C'est pour cette raison, et parce que être rancunier à jamais n'était pas la solution selon lui, que l'ancien colonel ne ressentit plus de haine.
Tout cela lui paraissait si loin maintenant, allongé sur ce lit froid et dénué de toute chaleur.
En fin de compte, Namjoon en avait conclu que Taehyung avait toujours été honnête. Il leur avait peut-être menti, pour les protéger, il n'avait jamais tenté de les détruire. Peut-être que ce fut la raison pour laquelle l'ancien colonel ne put agir lorsqu'il lui avoua devoir partir pour laver son honneur. Aussi, il fallait dire que c'était une notion que Namjoon ne connaissait que trop bien, car lui-même espérait, au fond, pouvoir laver le sien en prouvant sa valeur, grâce à cette mission qui les avait menés jusqu'ici. Ceci dit, Namjoon comprit que contrairement à lui, Taehyung ne l'aurait pas fait seulement pour lui, mais aussi, pour sa famille.
Qu'aurait bien pu faire Namjoon face à l'amour d'une famille ?
Rien.
C'est ce qu'il avait fini par conclure avant d'enfin quitter ses draps, le cœur lourd.
Après s'être forcé à manger pour ne pas perdre le peu de force qui lui restait tant il était déboussolé, Namjoon se mit à parcourir la maison comme un fantôme errant, les pieds glissant sur le parquet jusqu'à ce qu'il n'arrive devant la porte de la chambre de son ami. Il savait déjà que Taehyung n'y était plus, puisqu'il l'avait entendu partir plus tôt. Malgré tout, il resta devant, immobile, se disant que peut-être, c'était la dernière fois qu'il l'aurait vu avant que l'on vienne lui annoncer sa mort.
Puisqu'il fallait être fou, ou bien Kim Taehyung lui-même pour oser vouloir s'attaquer de front à un ennemi aussi terrible que Lay Zhang. La mâchoire serrée, Namjoon préféra clore les paupières et rebrousser chemin, passant cette fois-ci par le couloir qui menait à la chambre de Yamane. Cela aurait été de mentir que de dire que son cœur n'avait pas chavirer pour cette belle jeune femme, tant, que Namjoon s'était presque senti comme le pire des hommes. Quelque part, Jena attendait son retour, et lui, avait faibli face aux sentiments.
Préférant ne plus y penser, Namjoon continua alors son périple dans le couloir qui le menait de nouveau au grand salon, quand il s'attarda sur un grand et beau cadre dans lequel figurait une vieille photo de famille.
Sur ce cliché, on pouvait facilement reconnaître Taehyung lorsqu'il était jeune, assis sagement et fièrement aux côté d'une femme magnifique. Debout, derrière eux, se tenait un homme fier, et dans ses bras, une jeune fille qui ne devait être que Yamane.
La famille, pensa t-il.
La famille, c'était quelque chose de sacré. On ne pouvait choisir celle qui nous mettait au monde, mais elle restait tout de même les remparts de tout individu. C'est en observant le cliché avec intérêt que Namjoon sentit son cœur se serrer. En fin de compte, Taehyung n'agissait que pour le bien de ce qu'on lui avait volé.
Finalement, n'aurait-il pas fait la même chose pour sauver ceux qu'il aimait ?
— On va devoir faire sans lui maintenant, l' interpella une voix rauque.
Sans siller, Namjoon resta droit devant le cliché qu'il admirait encore, mais répondit :
— Je peux le comprendre.
— Nous avons tous nos propres combats Nam, souffla Yoongi avec franchise. Il a seulement choisi de ne pas nous envoyer tout droit vers la mort en nous épargnant ici.
— Je sais, murmura l'ancien colonel.
— Crois moi que j'aurais été le premier à le suivre s'il me l'avait demandé, avoua le hackeur. Cet enfoiré est vraiment quelqu'un de bien. S'il a choisi de sauver l'honneur des autres, on peut toujours faire en sorte de glorifier le sien. Et pour ça, nous n'avons plus qu'une chose à faire.
— Finir la mission, je sais.
Yoongi n'ajouta rien de plus et se contenta seulement d'hocher la tête. La discussion de la veille avait déjà été bien assez longue, et en rajouter une couche n'aurait pas été plus judicieux.
— Yoon, l'apostropha alors Namjoon.
— Oui ?
— Fais appeler tout le monde au grand salon. Nous devons faire vite, si Taehyung est déjà en route, alors il va nous falloir mettre les bouchées doubles pour agir contre le temps.
Ainsi, quelques minutes plus tard, le reste de l'équipe fut appelé. Si certains, comme Jimin, s'était levé du pied gauche, les autres, eux, pensèrent qu'ils devraient encore attendre les deux derniers retardataires pour commencer la réunion. Seulement, lorsque Hoseok arriva enfin, il fut le premier à remarquer l'étrange atmosphère qui régnait dans la pièce.
— Tout va bien ?
— On va certainement devoir commencer sans Taehyung et Jungkook de toute façon, alors tu devrais t'asseoir, lui indiqua Jin en soufflant.
— Peut-être que Taehyung a encore des choses à régler dans son bureau, je peux peut-être appeler Noguchi ? ajouta Jessy, toujours aussi calme.
— Personne n'a vu Jungkook ce matin ? reprit Jimin, les sourcils froncés. D'habitude je le croise quand il revient du sous-sol, il doit peut-être travailler sur la machine ?
— Jessy, appela Namjoon avec douceur, tu pourrais aller chercher Jungkook ? Il doit encore être dans sa chambre.
La jeune femme s'activa à la seconde, après avoir répondu "bien sûr" dans un murmure qui se voulut aussi bienveillant. Lorsqu'elle fut partie, la pièce redevint silencieuse, et ce, jusqu'à ce que Jin ne se lève précipitamment, agacé.
— Bon ça suffit, je vais aller vous le chercher par la peau du cul moi votre Taehyung.
Néanmoins, lorsqu'il se leva, déterminé à effectuer sa tâche, Namjoon lui envoya alors un regard désolé qui le fit s'arrêter net. Tout d'abord intrigué, il recula d'un pas avant de froncer les sourcils et de faire la grimace.
— Nam ?
— Tu devrais te rasseoir, Jin.
— Tu t'appelles Namjoon maintenant le roux ?
Ce fut la première fois que Yoongi ne lui répondit pas sur le ton de la rigolade, ce qui suffit à Jin pour ressentir quelque chose n'allait pas.
— Eh, les gars, c'est quoi le problème ?
— Taehyung est parti, annonça Namjoon.
La surprise totale, l'incompréhension, le doute.
— Quoi ? reprit Hoseok. Il est parti voir Lay sans nous prévenir ? Cet enfoiré lui a encore tendu un piège ?
— Non, Hoseok.
— Alors quoi "il est parti" ? reprit Jin, irrité.
— Taehyung a décidé de partir, il ne fait plus partie de la mission.
Comme il se l'était imaginé, Namjoon vit le doute puis la colère se faufiler dans les iris de son plus vieil ami, avant qu'il ne se lève une nouvelle fois, furibond.
— J'espère que tu rigoles Namjoon, j'espère vraiment que tu rigoles !
— Ce n'est pas une blague Jin, ajouta sévèrement Yoongi.
— Alors, ça y est ? souffla Jin en riant de haine. C'est ça, on y est ? On fait un remake du passé ? Putain de merde Namjoon ! Je t'avais dis dès le début que cet enfoiré n'était pas digne de confiance, et toi, toi, tu l'as laissé nous suivre ?!
— Tu ne sais rien Jin, lui dit le hackeur.
— Et quoi ? Toi tu sais peut-être, Monsieur je-sais-tout-sur-tout-le-monde ? Tu l'as pas traqué ton super meilleur ami Taehyung pour pas deviné qu'il finirait par nous la mettre à l'envers une deuxième fois ? Une fois ça t'as pas suffit ?!
— Comment...comment ça ? demanda faiblement Jimin, perdu devant ce début de pagaille.
— Tu devrais rester en dehors de ça, lui adressa doucement Hoseok, mais d'une voix tout de même contrariée.
Jimin lui lança alors un drôle de regard, celui qui traduisait le doute et peut-être même la peur, avant de détourner son attention sur un Jin totalement au bord de la crise de nerf, et ce, en plein milieu du salon.
— Namjoon, écoute moi merde ! Regarde un peu dans quelle merde tu nous as foutu en jurant pouvoir lui faire confiance ! Putain, comment...Comment j'ai pu baisser ma garde, bordel...
— Mon frère, il ne s'agissait plus de notre mission, mais de la sienne.
— J'en ai strictement rien à foutre de tout ça, Namjoon ! Rien, t'entends ? Je t'ai suivi parce que c'est toi qui me l'a demandé, seulement pour cette raison. On fait quoi maintenant, hein ?!
— On va suivre le plan, dit Yoongi en tombant dans les yeux de Jimin, qu'il voulut rassurer.
— Le plan C..., chuchota doucement Hoseok.
— C'est quoi cette merde de plan C ?! hurla le pilote, à bout.
— Mon frère, dit calmement Namjoon en se rapprochant de lui pour lui attraper les deux bras.
Par ce geste, il se contenta de l'immobiliser pour plonger ses iris dans les siens. Cette attention, pourtant minime, suffit à le calmer, assez pour qu'il se prenne en main, malgré toute la haine qui grondait dans ses entrailles.
— Ecoute-moi, reprit alors l'ancien colonel, fermement. Avec ou sans Taehyung, nous sommes une équipe et nous irons jusqu'au bout. Pour se faire, nous allons suivre à la lettre les indications que je vais vous donner et ensuite, nous partirons d'ici. Je vous l'ai promis, je vous ai promis que nous irons jusqu'au bout, et ce, même si je dois y laisser ma propre vie. Je vous demande donc, une dernière fois, de me faire confiance et de...
— Namjoon...?
La voix tremblante, Jessy revint au grand salon comme à reculons, attirant l'attention de tous les hommes qui s'y trouvaient. C'était peut-être la seule femme de l'équipe, mais jusqu'ici, elle n'avait encore jamais faiblit. Comme ses camarades, elle possédait une force qui lui était propre, et qui avait su prouver à Namjoon à quel point elle pouvait être utile à leurs missions. Ceci dit, l'ancien colonel la connaissait assez bien pour savoir que son attitude ne traduisait rien de bon.
Son retour plongea le salon dans le silence total, et bientôt, Namjoon se décida à l'approcher, doucement, comme s'il avait peur qu'elle ne s'échappe. Jessy, elle, ne pouvait faire un pas de plus, comme pétrifiée. Elle tenait dans ses mains une drôle d'enveloppe, que Namjoon pensa d'abord être vierge mais lorsqu'il arriva à sa hauteur, la jeune femme releva des yeux brouillés de larmes à son visage.
— Jess, où est Jungkook ?
— Nam, tu...tu devrais d'abord lire ce message et...
— Jessica, tu dois me répondre, s'il te plaît, insista Namjoon, quelque peu autoritaire mais se voulant doux.
La jeune femme se pinça alors les lèvres et détourna le regard, tombant dans celui de son plus fidèle ami au sein de la maison. Jimin ne put saisir ce qui l'animait, et alors, fronça les sourcils avant de se lever, hésitant.
— Jess, tout va bien ? demanda t-il, inquiet.
Tout comme lui, Jessy avait connu le malheur et l'horreur. Tout comme lui, elle avait dû affronter le pire, non pas pour vivre, mais simplement pour survivre dans un monde hostile qui aurait pu de nombreuses fois lui coûter la vie. Pourtant, malgré tout cela, Jessy, comme Jimin, avaient réussi à se relever et de faire de leurs malheurs une force, plus digne que jamais. Personne ici même ne pouvait douter de leur détermination et de leur courage, mais lorsque Jimin vit ses lèvres trembler, il comprit que c'était encore pire que ce qu'ils avaient déjà vécu.
— Jess, où est Jungkook ? répéta Namjoon, cette fois-ci, pressé.
— Il n'est pas là.
— Qu'est-ce que tu racontes ? intervint Jin, comme une furie.
— Il...il n'est pas dans le sous-sol non plus j'ai vérifié et il n'est nul part, il...
Les sourcils froncés, Yoongi n'attendit nullement l'aval de Namjoon pour s'éclipser du salon, marchant tout droit vers la chambre de leur compagnon manquant à l'appel. Préférant ne pas se la jouer intrusif, il toqua, deux fois, mais n'eut aucune réponse. Trouvant cela quelque peu étrange, il envoya au Diable les bonnes manières et s'introduisit dans la chambre, découvrant avec surprise qu'elle était vide. Les affaires de Jungkook n'y étaient plus entreposées, même les draps de son lit étaient soigneusement rangés. Bien qu'il savait Jungkook perfectionniste, Yoongi trouva cela véritablement inquiétant, et s'aventura alors un peu plus. Il vérifia alors l'ensemble de la chambre, le balcon et même la salle de bain privative. Personne.
Alors qu'il se tenait là, debout, une main sous le menton, il revint sur ses pas et fut attirée par une petite enveloppe blanche qui traînait sur le bureau. Elle n'avait rien de particulier si ce n'était qu'elle était adressée au nom du gamin, comme il pouvait le lire sur le papier blanc. Yoongi ne tarda pas à l'attraper et ne fut pas étonnée de voir qu'elle avait déjà été ouverte à la va vite. L'enveloppe était abîmée et le papier qu'il en tira était lui-même bousillé, certainement après qu'on ai dû le froisser dans une poigne ferme. Ceci dit, ce qui l'interpella le plus fut le message qui y était inscrit, et alors, il courut aussi vite qu'il pu au salon, là où Namjoon affichait déjà ses inquiétudes, dû à la grimace sur son visage.
— Allez tous dans vos chambres et fouiller toutes vos affaires, c'est un ordre, dit-il avec fermeté.
Le premier à se retirer à la vitesse de la lumière fut le pilote, qui grimpa les marches jusqu'à sa propre chambre. Il n'avait pas été dans une colère pareille depuis un bon moment, mais lorsqu'il trouva une petite enveloppe blanche déposée sur un de ces sacs, il l'attrapa avec hésitation avant de revenir sur ses pas. Encore seul, Jin ne put attendre et ouvrit l'enveloppe avec acharnement, avant d'en retirer le petit papier. Sa colère disparut tout aussitôt, laissant place à la plus grande peur qu'il n'avait jamais connue.
Lorsque Jimin revint au grand salon, il vit Jin tombé au sol, sur ses genoux, et c'est avec les mains tremblantes qu'il ouvrit son enveloppe, avant que son visage ne devienne aussi blanc que neige. Il sentit une terrible envie de vomir, mais au même moment, Hoseok et Yoongi arrivèrent à ses côtés, et partagèrent un regard lourd de sens.
Quand tous furent réunis, Namjoon comprit que les messages qui leur étaient adressés étaient aussi terribles que le sien. Il repensa alors aux mots de Taehyung, la veille, lorsque ce dernier lui avait confié que ce n'était pas son combat, mais le sien....Mais serait-il parti aussi vite s'il avait su que ses amis se confrontaient désormais au même danger ?
— Nam...souffla Jessy avec peine.
— Je vais tous les tuer, je vais...Je vais tous les trouver et je vais les massacrer un à un jusqu'à ce qu'ils sachent ce que le mot agonie représente, je...
— Jin...l'approcha Jimin, la voix tremblante.
Hoseok, lui, regarda son amant avec de gros yeux, prêt à exploser. Il ne pouvait imaginer un monde sans qu'il soit en vie, et ce, même s'il devait y perdre la sienne. Mais, tout en le toisant, il ressenti une peine immense, et une colère inouïe, envers lui-même. Voilà où l'amour l'avait mené, à la perte.
— Je leur interdit de toucher ne serait-ce qu'à un seul putain de cheveux de ma femme ! Je leur interdit ! hurla Jin, allant même jusqu'à frapper le sol à répétition.
Pour la première fois de sa vie, Yoongi redouta la mort. Ce n'était pas pour lui qu'il avait peur, mais bel et bien pour ses amis. Lui savait qu'il finirait par mourir, et certainement le premier, alors il s'était fait une raison. Néanmoins, la simple idée d'imaginer ses proches vivre l'agonie de la perte le rendit fou de rage. Sans qu'il n'ait besoin de l'entendre dire, le hackeur comprit que résidait dans ces lettres, et pour tous, le bien le plus précieux de chacun. Une vie, une menace, pour chacun d'entre eux.
Froissant le petit morceau de papier dans son poing droit, Yoongi détourna alors le regard, allant même jusqu'à oublier les cris de Jin, les pleurs de Jimin, l'angoisse de Jessy, et croisa les iris de ces deux amis. Ensemble, dans un silence qu'ils furent les seuls à saisir, ils se mirent d'accord.
Ce n'était plus seulement une course contre le temps, mais aussi, pour l'amitié, d'un ami à un autre.
Pour l'amour, d'un homme à sa femme, et d'un homme à son amant.
Pour la vie, d'un frère à une sœur.
— Préparez vos affaires, souffla-t-il, en hochant la tête en direction de Namjoon. Il me semble que nous aussi, avons des comptes à régler.
*
— Allons ma grande, il serait peut-être temps de parler si tu ne veux pas finir noyé, qu'est-ce que tu en dis ?
Quand on lui retira le tissu imbibée d'eau sur le visage, la jeune femme se mit à tousser jusqu'à s'en déchirer l'œsophage, mais ne pipa mot.
— C'est une putain coriace celle-là, se mit à rire l'un de ses bourreaux.
— Tu crois qu'elle pourrait finir par gerber ?
— Fermez là, leur dit fermement celle qui semblait être leur supérieure.
Ainsi, les deux hommes se turent en un instant, allant même jusqu'à baisser les yeux, de peur que celle qui semblait être leur chef ne leur donne un autre avertissement. Ils savaient que celui-ci serait le second, et certainement, le dernier. Par ailleurs, cette même femme finit par se lever de la chaise sur laquelle elle était assise, de façon très nonchalante, marchant jusqu'à sa pauvre victime qui elle, était allongée et ligotée à une planche de bois souillée. Son assaillante vint s'accroupir à hauteur de son visage, passant alors le bout de ses doigts sur ses joues rouges. Sa victime voulut se débattre corps et âme, comme le faisait depuis le début de ses souffrances, mais cela ne suffit qu'à la faire rire, tant elle paraissait apeurée derrière le masque qu'elle se tuait à porter.
— Je t'en prie, Yamane...souffla celle qui était accroupie, tu sais comme moi que je ne laisserais pas tomber jusqu'à ce que tu craches le morceau. Alors ouvre là, et dis-moi à combien s'élève le nombre de vos larbins.
Respirant du mieux qu'elle le pouvait, et à bout de force, Yamane eut tout de même le courage de détourner les yeux vers celle qui la torturait depuis maintenant des jours, la toisant avec une haine sans nom. Si elle avait pu, elle se serait détachée de ses liens et l'aurait massacré depuis longtemps, elle, et tous ces connards en rut qui prenait un malin plaisir à persécuter.
— Tu peux aller crever, salope.
Avec le peu de salive qui lui restait, Yamane alla jusqu'à racler le fond de sa gorge et cracha tout droit dans le visage de sa tortionnaire. Celle-ci eut juste le temps de clore les paupières, puis, sans broncher, se mit à sourire, retirant du dos de sa main la bave qui avait atterri sur sa joue.
— Il avait raison, tu n'es qu'une vraie petite conasse, tout comme ton frère.
— Je t'interdis de parler de lui, je t'in...
— Tu m'interdis, hm ? répéta la jeune femme, en attrapant sa mâchoire qu'elle pressa avec hargne. Qu'est-ce que tu peux t'imaginer ? Tu es attaché ici comme une malpropre depuis des jours, je me demande même comment tu peux encore supporter tous les sévices qu'on te fait subir et toi, tu crois avoir le pouvoir de m'interdire quoi que ce soit ? C'est que t'es une salope avec de l'humour, c'est dommage, on aurait presque pu être copine toi et moi.
Yamane la regarda avec abomination, les lèvres tremblantes de fureur.
— Quoi ? reprit l'autre, en la relâchant comme une moins que rien et se relevant aussitôt. Tu me regardes comme si tu pouvais me tuer, mais ma pauvre, je l'aurais déjà fais si j'en avais eu l'ordre. Tu vois, rester coincé ici pendant des heures et te faire saigner, ça commence vraiment à me taper sur les nerfs. En plus, ton sang de petite bourge salit mes vêtements.
— Comment...Comment..., essaye d'articuler Yamane. Comment peux-tu te battre du côté de Zhang en sachant tout ce qu'il fait subir aux femmes ?
— Quoi, à Zhang ?
Soudain, la jeune femme se mit à rire aux éclats, d'une façon assez étrange et plutôt effrayante, avant de reprendre ses esprits.
— Je n'ai jamais travaillé pour cet enfoiré de Zhang ma grande, tu dois te tromper.
— Qu'est-ce que...
— Tu croyais tout savoir, pas vrai ? Tu me fais vraiment de la peine, pauvre petite fille perdue sans son grand frère chéri, hm ?
— Ne parle pas...de lui.
— Oh que si, je continuerais de parler de lui jusqu'à ce qu'il se décide à venir sauver ton cul. Si ce n'est pas toi qui me donne les informations que je veux, alors je les obtiendrai à leur source.
— Ja-jamais...
— Il viendra, Yamane. Il viendra, et je t'assure que tu tomberas avec lui.
Cette dernière ne répondit pas, toussant encore jusqu'à s'en déchirer les poumons. Elle n'avait pas versé une larme, pas une seule fois, mais durant toutes ces tortures, elle avait presque ressenti une once de peine pour toutes ces personnes qu'elle avait elle-même torturées à la mort. Tout ça, pour quoi ?
Oui, Yamane en avait presque douter, mais à chaque fois, le visage de sa mère et le sourire de son frère l'avaient aidé à retrouver la raison. Il fallait qu'elle se batte, quitte à perdre la vie s'il fallait, si cela pouvait avantagé Taehyung. Au fond, elle se doutait que ce dernier finirait par faire acte de présence, jamais il ne l'aurait abandonné.
Quand bien même Taehyung serait là pour la sauver, Yamane savait aussi que celui lui demanderait du temps, afin d'agir avec la raison, plutôt qu'avec le cœur.
— Eh oh, Yamane, reste encore un peu avec moi ma belle, lui siffla sa tortionnaire en lui claquant les doigts sous les yeux.
Elle avait encore du somnoler, totalement démuni de force, tant son sang avait coulé.
— Ils...ils vont...
— Qu'est-ce que tu dis ? dit la jeune femme en tendant l'oreille.
Yamane avala difficilement sa salive, et tenta une nouvelle fois.
— Le colonel...Lui, il...Ils vont...
La pauvre jeune femme ne put le voir, mais l'expression de son assaillante changea du tout au tout de façon soudaine, et prise d'une sentiment de rage, elle lui asséna une gifle puissante avant de lui tirer les cheveux en arrière, la faisant geindre de douleur.
— Qu'ils viennent alors, qu'ils viennent tous.
— Madame !
Alors qu'elle retenait les cheveux de Yamane avec animosité, autant dans le regard que dans son geste, la jeune femme fut interpellé par l'un de ses hommes.
— Madame Jena, ça va être l'heure.
Jena accorda un dernier regard à sa proie, et voyant que celle-ci perdait de nouveau connaissance, elle relâcha sa poigne et ordonna à ses hommes de s'en occuper afin qu'elle récupère assez, juste de quoi tenir le coup jusqu'à leur prochaine rencontre.
Ainsi, elle quitta ce maudit sous-sol à torture, claqua la lourde porte derrière son passage, et grimpa les escaliers qui la menèrent jusqu'au jardin extérieur. Là, elle prit soin de verrouiller les portes à clefs, qu'elle rattachait au pendant de son cou.
— Vous deux, dit-il en s'adressant à deux hommes qui se tenaient droit comme des piquets devant l'entrée du sous-sol. Ne bougez pas de votre position jusqu'à nouvel ordre, compris ?
— Oui, Madame.
Chose faite, Jena marcha encore et encore, jusqu'à une petite hanok faîte de bois, dans laquelle elle se retira. Seule, elle en profita pour quitter ses vêtements qu'elle jeta aussitôt, puis, après s'être entièrement nettoyée, on vint lui apporter à sa porte un costume resplendissant. C'était un accoutrement traditionnel, que l'on revêtait seulement lors de grandes occasions et aujourd'hui était un jour spécial.
C'était le grand jour.
A cette occasion, on vint également coiffer ses cheveux tout en suivant les traditions de l'époque, puis, souhaitant prouver le fond de son engagement, Jena retira cette fausse peau qu'elle portait depuis bien longtemps, faisant de nouveau apparaître sa véritable nature.
Celle qu'elle ne pourrait jamais, au grand jamais ni effacer, ni oublier, car elle faisait partie de sa vie, mais aussi de son propre corps. Tout bonnement parce que cette marque d'encre noire gravée à l'aiguille était un honneur, mais elle représentait aussi une famille, sa famille.
Celle qu'elle avait choisie.
Celle qu'il avait construite.
— Madame, on vous attend dans la grande salle, lui adressa doucement une femme au pas de sa porte.
Certainement une de ces dames qui travaillaient au temple.
— Oui, souffla Jena. J'arrive.
Une dernière fois, Jena se regarda dans le miroir, s'assurant de respecter les règles. Tout devait être parfait, car aujourd'hui était le grand jour.
Fin prête, elle quitta donc ses appartements et, suivit de deux dames, se fit guider jusqu'au cœur du temple. Elle monta les grandes et interminables marches une à une, entra dans le vaste hall du prestigieux monument sacré, et se fit guider dans sa plus grande salle de réception. Là, dans les couloirs du temple, se trouvait la plus grande salle, celle qui avait abrité tous les rites des clans, celui de son père, et ceux de tous ses ancêtres.
Pourtant, c'est avec une expression neutre que Jena fit coulisser sa porte, puis, qu'elle y pénétra. D'un fin mouvement de la tête, elle salua les hommes qui s'y trouvaient déjà, et prit place au bout de la table, sur son côté droit. En face d'elle, se tenait dans une position douteuse, l'un de ses compagnons infiltrés, buvant comme un porc.
— T'es bien la connasse préférée du chef toi, lui dit-il en lui faisant glisser un verre plein.
— Ne t'ai-je pas déjà dit de garder tes pensées pour toi, Yongguk ?
— Sinon quoi, ma jolie ? dit-il en riant, faisant se moquer ses camarades à ses côtés.
Jena se contenta de lever les yeux, et d'un ton sévère, répondit :
— Je ne savais pas que tu souhaitais mourir si jeune.
Sa remarque eut le don de plonger la pièce dans le silence, avant qu'un autre homme ne l'applaudisse, faisant clamer son nom comme si elle était le messie. Son camarade, lui, fit la grimace et préféra se resservir, reprenant aussitôt sa futile conversation avec son voisin.
Il n'était qu'une petite dizaine, assis là, au cœur de cette grande pièce, autour de cette grande table qui affichait encore un élément manquant à l'appel. L'alcool coulait à flot, les hommes ne cessaient de vanter leur peau recouverte d'encre multicolore, quand enfin, on entendit le bruit d'un gong.
Soudain, le silence refit surface, et l'on entendit même plus une seule mouche voler. Seul des bruits de pas firent écho dans le couloir, et bientôt, la porte coulissa de nouveau, faisant apparaître un homme vêtu d'un long kimono noir, attaché à sa taille. Comme s'il analysait ce qui se trouvait devant lui, il attendit un instant, puis fit son entrée, tandis que tous les regards s'étaient abaissés.
Bien que personne n'aurait pu deviner de qui il s'agissait car il portait un masque à l'effigie de son nom, l'homme referma la porte derrière lui puis fit les quelques pas qui le séparait encore de la grande table, donna un léger coup de main à son kimono et pris place au bout de la table, tel un roi.
La venue de cet homme que tous semblaient avoir attendu avec impatience avait plongé la pièce dans un silence lourd de sens, dans une froideur extrême. Personne n'osait ne serait-ce que respirer un peu trop fort, de peur d'attirer ses foudres. Puis, lorsqu'il fut installé, il posa une main sur la table, et de l'autre, vint lentement retirer le masque qui ornait son visage.
Du coin de l'œil, Jena vit le masque se déposer à sa gauche, et ainsi, comprit que l'heure était venue. Comme tous les autres hommes présents, elle joignit ses deux mains l'une contre l'autre, et s'abaissa comme en signe de prière, afin d'accueillir son chef.
Satisfait, l'homme tapa deux fois sur la table, et avec ce simple geste, accorda à ses hommes, et à Jena, l'honneur de relever la tête et de poser les yeux sur son véritable visage.
Jusqu'alors, Jena était la seule personne ici présente a avoir déjà rencontré ce visage particulier, qu'elle avait toujours aimé, malgré et contre tout, mais en le toisant bien, elle fut traversée par un drôle de sentiment. De la nostalgie, peut-être, en se remémorant des souvenirs lointains, qui paraissaient maintenant n'avoir jamais existé.
Il était temps, le jour était venu.
Après les avoir regardé un à un, l'homme s'attarda quelque peu sur le visage de Jena, ne lui accordant pas un seul sourire, puis, il prit une inspiration, d'un air serein, avant de prendre la parole :
— Les cages ont été faites pour les oiseaux, mais les oiseaux ne sont pas faits pour les cages, mais pour mes nuages. Chaque oiseaux volent avec les oiseaux de son espèce, et aujourd'hui, celui que je suis devenu à décider d'user d'une extrême bonté en vous accordant sa confiance pour le renouveau. Comme le disait si bien Machiavel, gouverner, c'est mettre vos sujets hors d'état de nuire et même d'y penser. Alors, j'y ai pensé. Toujours, tout le temps, jusqu'à ce que le rêve de ce jour béni n'arrive enfin. Mes fidèles, bientôt nous sera rendu ce qui nous revient de droit. Ce n'est pas le titre qui honore l'Homme mais l'Homme qui honore le titre et que serions nous, si nous laissions ces bâtards au pouvoir ? Des idiots ? Des faibles ?
Évidemment, il s'agissait là d'une question rhétorique, mais si Jena voulu baisser les yeux à cette réplique, peu certaine de la finalité de l'histoire, ses camarades, eux, se soutirent pousser des ailes, et gonflèrent leurs torses, totalement happé par les paroles de leur supérieur.
De celui qu'ils avaient toujours nommé Monsieur, Shinigami, et qui aujourd'hui, leur dévoilait enfin, le visage qui s'était toujours caché derrière le masque.
Lui, les regarda une nouvelle fois un par un, sentant toute cette animosité qui les animait, et pas peu fier, attrapa son verre qui était déjà plein, prêt à être trinqué au nom du renouveau.
— Bientôt, nos cibles seront à nos portes. Mes fidèles, vous qui aujourd'hui connaissez mon véritable visage, ancrez le dans vos mémoires, faites lui honneur, ne le trahissez jamais au risque que ce soit le dernier que vous voyez avant de rejoindre la tombe. Battez vous à mes côtés, trahissez en mon nom, et gagnez à la gloire du clan. Levez vos verres, dit-il en les invitant à l'imiter. Car ce soir, l'oiseau revoit enfin des nuages, souffla t-il en croisant le regard de Jena. Et n'oubliez pas...
Gouverner, c'est faire croire.
Nda : Mes chers amis, le chapitre à donc l'honneur de cloturer la partie II de HOSEKI.
J'ai hâte de lire vos retours et vos théories sur la suite, on se retrouve d'ici un petit mois, pour la troisième partie mais aussi, le début de la fin.
Merci pour tout.
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