𝟒𝟔. 𝐒𝐩𝐚𝐫𝐞 𝐭𝐡𝐞 𝐬𝐲𝐦𝐩𝐚𝐭𝐡𝐲
TW : violences, torture.
nda musique : Si vous avez Spotify, je vous conseille d'aller trouver la playlist du film "Hell Dogs" et d'écouter la chanson numéro 42 de la playlist pour la première partie du chapitre. Vous pouvez aussi la retrouver à la fin de la playlist de Hoseki sur la même plateforme.
Schadenfreude - HYUN-DO KIM
Take What You Want - Post Malone, Ozzy Osbourne, Travis Scott
Petit message pour vous annoncer qu'après ce chapitre, il n'en resta plus que 2 avant la fin de la seconde partie de Hoseki. S'en suivra un petit mois de pause afin de vous préparer la suite et aussi avancer sur mes autres projets en cours et à venir. Les choses avancent, les problèmes arrivent. Bonne lecture~
Ps : La photo ci-dessus de l'artiste "Bibi" est l'image que je me fais de notre belle Yamane.
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A bien des égards, Kim Yamane était sans nul doute l'une des plus dignes héritières de la famille des Yamaguchi-gumi. Comme sa mère à la fleur de son âge, elle était la plus douce et la plus exaltante des fleurs. Peut-être qu'elle n'était pas aussi grande, mais son corps et son visage était tout aussi envoûtant que celui de celle qui l'avait recueilli. Lorsqu'elle était adolescente, on pouvait la reconnaître grâce à sa longue chevelure noire, souvent coiffée de belles boucles élégantes à l'image de celle qui l'avait élevée. Pendant longtemps, Yamane avait fait tout ce qui avait été en son possible pour devenir le véritable portrait de la grande Miyuki Tsukasa, cependant, son visage n'était pas aussi fin mais plutôt rond, ses yeux étaient un peu plus tirés et ses iris plus sombres. Sa peau n'était pas aussi claire que la neige, mais rappelait plutôt la plus terrible des tempêtes de sable.
En grandissant, et surtout, à la perte de celle qu'elle avait toujours appelé mère, Yamane qui avait toujours été souriante et joyeuse s'était totalement transformée. Elle avait dit adieu à sa longue chevelure et avait adopté un style moins soigné. Elle avait abandonné les boucles et le luxe mais n'en restait pas moins une jeune femme terriblement séduisante.
Son visage s'était affiné, son corps aussi, mais elle avait ce qu'on appelait "du chien". Elle n'avait plus honte de se dévoiler, et très vite, on lui donna le surnom du renard enragé.
La mort précipitée de sa mère, autrement dite organisée, ne l'avait pas seulement changée physiquement. Depuis ce jour, Yamane avait dû apprendre à vivre par ses propres moyens, loin de son frère qui l'avait toujours protégé, ayant perdu toute sécurité parentale. De ce fait, la jeune femme avait tiré une croix sur la vie tranquille qu'avait voulu lui donner sa défunte mère. Elle avait fait son choix.
Lorsque Taehyung l'avait contacté afin de lui parler de son plan, elle avait raccroché avec l'intime conviction que vengeance serait faite.
Ainsi, le renard enragé commença à semer le trouble dans l'ombre. Elle qui avait toujours été qu'un nom sans visage profita de cet avantage afin de se rapprocher du peu d'alliés qu'il restait au clan. Il fallait dire qu'à la succession de Lay à la place d'Oyabun, l'organisation Yakuza avait connu de véritables catastrophes. Les clans s'étaient détruits, pour ne pas dire qu'ils avaient été chassés comme du bétail dans tout le pays. On ne leur avait pas laissé le choix, cela avait été marche ou crève et la plupart avait préféré jurer loyauté à un pauvre fou sans cœur pour sauver leur famille, ou bien ne serait-ce que leur peau. Par conséquent, le clan des Yamaguchi-Gumi avait été traqué jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun remparts, plus aucune réserve, plus aucune chance de riposter.
C'est ce qu'avait dû naïvement penser Lay, puisqu'il n'avait pas été le seul à agir.
Comme sa mère à son âge, Yamane s'était muni d'un courage féroce, et avec l'aide de ceux qui l'avaient toujours accompagné, elle avait réussi à rallier les profils les plus fidèles du clan à sa cause. Elle n'avait eu qu'à prononcer le nom de Miyuki pour qu'on lui jure une loyauté aveugle, ou bien encore le nom de Taehyung pour qu'on lui promette de rester fidèle.
Cela avait été la partie la plus simple et la plus neutre du plan. Bien sûr, le nombre final n'était pas des plus festif, mais il était suffisant pour que l'espoir de la victoire reste intacte.
C'est lorsque Taehyung s'était retiré, ou plutôt, réfugié en Italie que Yamane avait commencé à montrer les crocs. Jamais personne ne se serait douté que se cachait un véritable prototype de guerre, comme l'avait été sa mère. Après tout, elle avait suivi la même éducation, et tout comme elle, sa beauté était faite pour berner, et son intelligence, pour vaincre.
Yamane était bien plus maligne encore, peut-être même plus sadique que l'avait été sa mère. Au fond, c'était à la guerre comme à la guerre, et on lui avait toujours dit que les plus terribles étaient celles que l'on disait être froides. Glaciales, même.
C'est avec cet état d'esprit que Yamane lança ses dés, faisant partir la roulette. Comme elle n'était personne, elle avait pu se rapprocher sans crainte de quelques hommes de bas étage qui s'étaient ralliés au clan de son ennemi. Elle les avait trouvé, charmé, manipulé, capturé, torturé, puis tué sans scrupule, faisant croire à une mort pitoyablement accidentelle. Grâce aux informations qu'elle était parvenu à récupérer, elle avait pu remonter jusqu'à des hommes plus importants, et c'est à partir de là qu'on lui donna le surnom de "la pétasse folle".
C'était un surnom qui lui avait de suite plu. À vrai dire, Yamane avait toujours aimé jouer au chat et à la souris. Cependant, lorsqu'elle était celle qui lançait la partie, elle n'avait jamais été celle qui était chassée. Jamais elle n'avait eu pitié, jamais elle n'avait eu grâce. Elle pouvait parfois avoir l'air effrayée, mais ce n'était que le masque de la terrible folie vengeresse qui l'habitait à chaque fois qu'elle déposait le canon de l'arme sur le crâne de ces connards qui avaient détruit sa famille.
Oui, à bien des égards, Yamane était une belle jeune femme au joli sourire, mais derrière ce visage se cachait aussi celui d'une Yakuza, une vraie, celle qui vous emprisonnait dans une cage bien trop petite pour étirer vos jambes jusqu'à ce que vos crampes vous empêche de bouger. Puis lorsqu'elle venait à vous, plonger dans la pénombre et agacée de devoir écouter vos plaintes entre deux larmes, elle vous lavait à l'alcool avant de vous pardonner de vos péchés. Enfin, le pardon n'était pas réellement un concept auquel elle croyait, mais elle aimait utiliser cela lorsqu'elle en parlait, afin que son image soit crainte, encore et toujours plus.
Oui, à chaque fois qu'elle avait dû faire le ménage, toujours accompagnée de sa petite équipe qui ne la quittait jamais, Yamane disait à ses victimes oh combien il était dommage qu'ils aient perdu la partie, avant de les envoyer au Styx sans scrupule.
Comment aurait elle pu en avoir, si tous ces bâtards n'en avaient jamais eu pour sa propre famille ?
Puis, un jour, peu de temps après le retour de Taehyung, elle s'était soudainement calmée. Jamais personne n'avait compris pourquoi celle que l'on appelait la "pétasse folle" avait disparue de la carte, et même ses plus proches alliés comme Suzaku n'avait pu obtenir des réponses.
Cela dit, on ne demandait jamais pourquoi à un Yakuza, encore moins à ceux qui étaient à la tête de la famille. Alors on se taisait, on faisait profil bas et on acceptait. On respectait les choix. Puisque c'était ainsi pour la famille des Yamaguchi-Gumi, on craignait ses représailles et l'on priait sa reconnaissance.
C'est n'est pas totalement la société dans laquelle nous vivons qui nous construit, mais également, et surtout, la famille et l'environnement dans lequel on grandit, qui fait de chacun ce qu'il est. Tout commençait toujours de là, avant que par la suite, l'expérience de la vie nous transforme soit en monstre, soit en héros.
A vrai dire, Taehyung lui-même ne savait pas de quel côté il était. Mais ce dont il était certain, était tout cet amour qu'il portait pour celle avec qui il avait grandi, pour sa seule et unique sœur. C'était un amour des plus pures qu'il puisse exister. Un amour qui allait au-delà des montagnes, au-delà des frontières qu'imposait le monde, la vie elle-même. Taehyung n'avait jamais eu besoin de voir son sang couler dans les veines de Yamane pour qu'il la considère comme son trésor.
Lorsqu'il était parti, il s'en était voulu de l'avoir laissé. Mais elle était encore jeune, et il s'était promis de refaire sa vie, de trouver quelque chose de stable, loin de tout ce dans quoi il avait baigné durant toute leur jeunesse, afin de la rendre heureuse.
Mais ce qui les avait fait n'était pas dans leurs gênes, c'était dans leur cœur, dans leurs tripes. Leur famille, leurs rôles, leur place...Tout était là.
Même s'il avait essayé d'y échapper, même si sa mère avait essayé de l'en sortir, les griffes de l'organisation étaient plus grosses, plus fortes, plus envieuses encore que l'envie même de s'en sortir.
Puisque lorsqu'on vivait dans l'ombre, jamais nous ne pouvions atteindre le soleil.
Cette phrase, Taehyung l'avait entendu tant de fois sortir des lèvres de son grand-père, de celui qui avait été la tête et les épaules de sa famille, de toute l'organisation avant qu'il ne se fasse arrêter, avant qu'il ne cède sa place à sa propre fille.
Ce serait que de mentir que de dire qu'il l'avait oublié, puisque jamais Taehyung n'avait oublié une seule once de son passé. Aujourd'hui encore, il était conscient que c'était nul autre que son passé qui avait fait de lui ce qu'il était devenu, et malgré tout ce que l'on pouvait en penser, il en était fier.
Il était fier de s'être senti aimé, protégé, et chéri. Il était fier d'avoir grandi dans les lourds et présomptueux bras de cette famille qui avait toujours été la sienne. Il en avait toujours été fier bien qu'il l'avait quitté, pour un avenir meilleur.
Pourtant, aujourd'hui même, assis à l'arrière d'une vieille voiture japonaise aussi noire que la nuit, Taehyung se tenait droit, habité par un sentiment plus fort encore que la fierté ou l'amour.
La vengeance ne pouvait pas effacer la douleur ni la peine, mais elle pouvait être encore plus douce que le miel si elle apportait sa pleine satisfaction.
Pendant longtemps, Taehyung avait préparé ce plat qui se mange froid, étudiant chaque points, des plus simples aux plus complexes, jusqu'à en obtenir la perfection. Il savait que plus longue était l'attente, plus belle serait la vengeance. Il n'avait pas prévu d'y mêler ce qui lui restait encore de famille, d'amis ou de proches, mais si cela était le prix à miser pour réussir, alors il l'avait fait.
Il l'avait fait, puisque bien qu'il savait qu'il se servirait d'eux comme des pantins, à utiliser leurs forces et leurs faiblesses, il en obtiendrait assez de courage pour frapper au moment venu.
Mais aujourd'hui, à l'arrière de cette voiture qui le conduisait sur une route presque déserte en dehors de la capitale japonaise, Taehyung savait que tout cela n'avait été que rêverie. Il s'était laissé porter par ses espoirs bien trop longtemps et en avait oublié tous ses principes.
Lui qui avait tenu à rendre hommage à ce qu'on lui avait appris c'était laissé adoucir, Yamane avait eu raison, et voilà qu'aujourd'hui, on la lui avait enlevée.
Taehyung savait que tout cela ne le mènerait qu'à la tristesse et à la perte, mais s'il pouvait finir en Enfer tout en y traînant son ennemi par les couilles, alors il le ferait, coûte que coûte, afin de redorer son honneur, mais aussi, celui de tout un clan, de toute une famille, d'une organisation aujourd'hui bafouée par la folie et les grandeurs.
La voiture s'arrêta enfin au bord d'une route presque déserte. Au loin, on ne pouvait voir que la continuité incessante de cette dernière sous des lumières douteuses, mais aussi, tout prêt, un gigantesque hangar abandonné qui donnait froid dans le dos. L'air était plutôt frais ce soir, mais cela lui importait peu. Lorsque Noguchi vint lui ouvrir la porte, Taehyung fit craquer son cou les yeux clos, puis il sortit de l'habitacle de fer, tel un nouvel homme.
N'importe qui aurait pu le traiter de fou pour se rendre dans un endroit si lugubre, mais lui, n'avait plus peur de rien.
Cela faisait maintenant deux semaines qu'il s'était quelque peu écarté de la mission dans laquelle il s'était lancé aux côtés de Namjoon. Ce dernier n'avait rien pu lui dire pour le convaincre, il avait essayé de compter sur Yoongi, mais lui aussi avait fini par le faire céder lorsqu'il avait croisé le sombre regard de Taehyung.
Il n'était plus question que d'une mission désormais, mais aussi d'une réelle guerre qui s'était installée dès leur arrivée, et qui bientôt, finirait par éclater.
— Noguchi, tu restes ici.
— Oui, Monsieur.
— Au moindre détail douteux, appelle moi et je te retrouverais. Dans le cas contraire, ne me dérange pas à moins que je te l'ordonne.
— Oui, Monsieur.
D'un pas décidé, les mains fourrées dans les poches de son pantalon de costume trois pièces, Taehyung quitta alors son homme de main et avança lentement jusqu'à l'entrée du hangar. Jamais trop prudent, il regarda une dernière fois autour de lui afin d'être certain qu'il ne serait pas déranger, puis enfin, il pénétra dans le bâtiment.
C'était un foutu hangar délabré, abandonné même, qui n'était autre que les vestiges d'une vieille usine brûlée dans les années 70. Jamais personne ne l'avait réclamée, et depuis ce temps, tout le monde savait que tous les types louches du coin s'y rendaient pour des règlements de comptes. Des jeunes gens avaient essayé de s'y aventurer pour en faire leur squat, mais ils avaient très vite déchanté lorsqu'on les avait menacés à coups de barres de fer et autres instruments de tortures. Depuis, jamais personne n'avait osé y mettre les pieds.
C'était l'endroit parfait pour commettre le pire des péchés, et c'est pourquoi en y pénétrant, Taehyung savait que jamais personne ne viendrait l'y retrouver.
Tout y était plongé dans l'obscurité de la nuit, si ce n'est quelques rayons du clair de Lune qui s'y infiltrait ici et là par les trous du plafond de tôles. Comme si on se retrouvait en pleine apocalypse, on pouvait croire que toute trace de vie humaine en avait disparu tant tout était abîmé par le temps. La nature avait repris son droit, ayant conquis la moitié du bâtiment par ses mauvaises herbes. A première vue, on pouvait réellement se demander ce que Taehyung pouvait foutre ici aussi à une heure aussi tardive, et surtout, aussi loin de sa maison et de son équipe.
Il avança, encore et encore jusqu'à arriver à une petite trappe qui menait au sous-sol. Il l'emprunta, se fichant des toiles d'araignées qui envahissaient son chemin. Il les détruisait sur son passage comme si cela n'était que de simples amas de poussières. L'escalier en colimaçon qui l'avait mené jusqu'ici était même si vieux qu'il n'avait fait que grincer sous ses chaussures cirées, mais enfin, Taehyung arriva à bonne destination.
Ici, la lumière artificielle pouvait presque vous brûler la rétine tant elle était agressive. N'importe qui qui serait resté ici plus de trois heures serait devenu complètement fou. Mais cela n'empêcha pas Taehyung de continuer, calmement, sentant ses chaussures cirées glisser et faire ce bruit insupportable sous ses semelles, signe qu'il approchait peu à peu de son but.
Peut-être que ses amis ne comprendrait pas sa démarche, mais aujourd'hui, c'était comme s'il était devenu la face la plus sombre de lui-même. Celle qu'il avait pensé ne jamais laisser exister, celle qui transformait son regard en un puits d'abysses infinie, celle qui faisait de son visage le tableau le plus terrifiant tant il était strict et austère. Il ne fallait pas se méprendre, plus que quiconque, Taehyung était inquiet. Il crevait d'inquiétude et d'angoisse à se tourmenter un peu plus à chaque minute qui passait, maintenant que sa sœur n'était plus sous sa protection. Aujourd'hui, plus en tant que soldat, mais bien en tant que véritable héritier d'un pouvoir qu'il n'avait jamais voulu, Taehyung ne pouvait se permettre de se dévoiler. Il simulait le calme alors qu'en réalité le stress lui tordait l'estomac. Voilà donc quelle était la terrible sensation avec laquelle sa mère avait vécu toute sa vie durant.
Mais maintenant, arrivant enfin dans ce petit recoin isolé du sous-sol, Taehyung ne ressentait plus rien d'autre que de la colère. Une colère si profonde qu'à elle seule, si elle pouvait être matérialisée, aurait suffit à faire exploser le pays tout entier. Il émanait de lui une aura bien plus noire encore que celle de ses ennemis, tant, que même sa démarche, sa voix, tout de lui pouvait vous faire trembler.
Passant la langue contre ses dents, le visage dur, Taehyung attrapa le dossier d'une vieille chaise de bois qu'il tira jusqu'à lui afin de s'y asseoir, le dossier contre son torse et les jambes à califourchon sur la base. Il n'y avait presque aucun bruit dans cette petite pièce macabre, si ce n'était le tintement du trombone qui tournoyait entre ses dents, ainsi que les lourdes respirations du pauvre homme qui était pendu la tête en bas devant lui.
Peut-être que ce pauvre connard avait fini par s'évanouir à force que le sang ait coulé jusqu'à son cerveau, peut-être qu'il ne faisait que dormir, quoi qu'il en soit, il n'avait rien pu entendre et ne pouvait parler. Les hommes qui l'avaient kidnappée avaient suivi les ordres à la lettre et avaient pris soin de l'accueillir avec honneur, lui enfonçant par la suite un bout de serviette dégueulasse dans la bouche et des bouchons dans les oreilles. C'était presque amusant de le voir pendu et tangué ainsi, doucement, infiniment, dans un tel état. Il ne portrait qu'un caleçon blanc et un marcel de la même couleur, tâché de sang.
Amusant, parce que cet homme qui était pendu là était le genre d'homme à se vanter de sa beauté et de son pouvoir. C'était un homme à femmes, qui ne se gênait pas pour tromper à droite à gauche, et il était même écrit sur sa gueule qu'il était le genre à forcer jusqu'à obtenir pleine satisfaction. C'était un homme qui puisait le bonheur dans le malheur de ceux qu'ils martyrisaient.
Kim Jae Wook, de son nom, était l'un des hommes les plus précieux de Lay. Il était son homme d'arme, celui qui s'occupait des trafics illégaux de ce domaine, et d'ailleurs, il était un fan inconditionnel de ces pistolets semi-automatiques qu'on appelait "Gindara" et "Etoile noir", des Tokarevs fabriqués autrefois dans le bloc communiste. C'était de la putain de camelote, mais Jae Wook était du genre vintage sur les bords. En plus de ces vieilles breloques à la con, il adorait toutes sortes d'armes blanches tel que les couteaux qu'il collectionnait jusqu'à en décoré les murs de sa putain de chambre. Cela aurait pu être un détail jamais relevé pour certains, mais il avait été évident pour Taehyung de le remarquer à ces durillons sur la face internes des doigts de l'homme, signe d'une main ayant souvent serré le manche d'un foutu couteau.
Quoi qu'il en soit, tout ça n'était que le passé glorieux de l'homme qui ne ressemblait maintenant plus qu'à un bout de viande prêt à se faire cuisiner.
Passant une main sur son visage, Taehyung extirpa le trombone de ses lèvres et le rangea dans la poche intérieure de sa veste, avant de se lever. Il s'approcha de sa proie, lui donna quelques claques sur les joues pour le réveiller puis lui retira violemment la serviette de la bouche et les bouchons de ses oreilles.
Effrayé, la première réaction de Jae Wook fut de bégayer des sortes d'onomatopées incompréhensibles avant de se mettre à gesticuler tel un ver. Taehyung, lui, attrapa une barre de fer qui traînait encore sur la table métallique à sa gauche et s'en servit pour donner un petit coup à son invité, comme s'il le touchait du bout d'un bâton.
— Debout, dit-il d'une voix rauque ferme.
Jae Wook gesticula encore quelques minutes, puis c'est en reniflant qu'il finit enfin par se stabiliser, les yeux rouges sangs et de la bave s'écoulant du bord de ses lèvres.
— Ne...N-ne me tu-tuer pas...
— Maintenant ? répondit Taehyung.
— Non, no-non ! hurla la victime. Je vo-vous en pri-prie...J-je..j'ai dit tout...To-tout ce que je savais...pleurnicha l'homme.
Le regardant de haut, Taehyung ne ressentait aucune peine. Il n'éprouvait rien, ni face à ses larmes, ni face à ses plaintes. Il était devenu aussi vide que l'endroit dans lequel il se trouvait, clignait à peine des yeux si ce n'était par besoin, respirait juste ce qu'il faut pour ne pas flancher. En fait, il était comme un zombie.
Mais un zombie déterminé, et en colère.
— C'est dommage, tu aurais presque pu faire humoriste Jae Wook. Garde tes mensonges à la con dans tes tripes, je ne suis pas d'humeur à épiloguer jusqu'à ce que tu craches ce que j'attends.
— Kim...ki-Kim...
— Oui, oui Jae Wook, souffla doucement le noiraud en reprenant place sur sa chaise, dans l'exacte même position qu'à son arrivée. Oui, c'est bien moi. Le renard futé. C'est comme ça que tu aimais m'appeler sur Hoseki, pas vrai ?
C'est à croire que Jae Wook eut à peine la force de faire les gros yeux à cette révélation, son œil droit étant fortement abimé et violacé par les coups de la veille. A nouveau, il voulut parler, mais il ne réussit qu'à lâcher des bribes de phrases qui n'avaient aucun sens.
— Laisse moi te dire encore quelques mots pendant que ça tourne encore rond dans ce qui te sert de tête, commença Taehyung. Si tu me dis tout ce que tu sais, je ferais en sorte que ta mort soit moins douloureuse. Si tu continues à la boucler ou à me sortir tes pitoyables mensonges à la con, je trouvais le moyen de te faire jouir dans ce bel espace. Crois moi, ce n'est pas ce qui manque ici, et personne ne viendra te chercher. J'imagine que tu adorais ça, jouer au chien de l'enfer, hm ? Et bien devine quoi bâtard, l'Enfer, tu y es maintenant.
Taehyung sentit son ventre se tordre à ses propres mots. Il ne croyait pas si bien dire, puisqu'au fond, c'est ainsi qu'il le vivait lui-même. Pendant si longtemps, il avait été l'ombre de celui qu'il aurait pu devenir s'il n'avait pas quitté sa famille, si sa mère ne lui avait pas demandé de trouver un autre chemin. Ce Kim Taehyung là avait grandi avec lui durant toute sa jeunesse, il l'avait endurci et éduqué à sa manière, mais on avait fini par lui coupé les liens, par l'emprisonner dans une cache au fin fond des souvenirs. Aujourd'hui, voilà qu'il était de retour. Puisqu'il ne pouvait y avoir qu'un seul chien des enfers, et au fond de lui, Taehyung avait toujours su qu'il pourrait bien le devenir.
Tout cela avait débuté précipitamment lors de l'annonce de l'enlèvement de sa sœur. S'il avait d'abord été étourdi face à la nouvelle, ayant presque l'impression que le monde s'était mis à tourner autour de lui comme s'il était dans un putain de tourniquet, Taehyung avait refait surface lorsqu'il avait sentit la main de Jungkook frôler la sienne. Il n'y avait porté plus d'attention, puisque lorsqu'il s'était levé, son regard, sa façon de se tenir, tout de lui avait changé. C'est les sourcils froncés que Jungkook l'avait vu enfiler son peignoir digne d'un roi et sortir en trombe de la chambre, accompagné de Noguchi.
Arrivé à son bureau, Taehyung avait laissé retomber ses mains sur la surface du meuble, la tête baissée. Comme possédé, il s'était mis à sourire, puis à rire, encore et encore jusqu'à en avoir les larmes aux yeux. Impuissant, Noguchi l'avait regardé se transformé peu à peu, enfin, il répondit à toutes ses questions avant que Taehyung n'attrape le combiné noir qui gisait sur le recoin de son bureau.
Il n'avait eu qu'à passer un seul appel, et les jeux étaient lancés. Chose faite, Taehyung avait ordonné à Noguchi de lui préparer un voiture, et dix minutes plus tard, malgré l'heure avancée de la nuit, il gravit, fin prêt et dignement habillé d'un costume trois pièces, les marches de la maison qui le conduisirent jusqu'à la cour extérieure.
Il n'avait fallu qu'une seule nuit et un petit matin à Taehyung pour rassembler ses meilleurs hommes qu'il avait envoyés ici et là, foutre la zizanie un peu partout afin de trouver des réponses. En une semaine, les faits et gestes de Taehyung causèrent une quinzaine de morts, et plus de vingt tortures. Il s'était lui-même rendu dans les maisons de ses victimes, menaçant même femmes et enfants (bien qu'à chaque fois, son cœur se serrait) pour qu'ils parlent.
Il avait attaqué la plus basse partie de la pyramide, mais étant lui-même l'un des piliers, il savait que ces actes ne seraient pas vains et petit à petit, finirait par exploser les fondations fébriles de son ennemi. Ce fut un véritable jeu d'enfant d'anéantir ses petites mains, et grâce à la perspicacité de ses hommes, Taehyung finit par obtenir ce qu'il cherchait.
Il avait bien évidemment pensé à se rendre chez Lay lui-même et il aurait certainement été capable d'y aller tel un kamikaze, muni d'une arme et de munitions infinies, massacrant tout sur son passage. Mais s'il n'en fit rien, c'est parce que Taehyung était plus intelligent que ça. Ce n'était pas qu'un simple règlement de compte qui se jouait là, mais une sorte de combat mortel jusqu'au pouvoir suprême qui mènerait certainement lui, oui son ennemi, à sa perte.
C'est pourquoi Taehyung avait agit dans l'ombre jusqu'à se pointer un soir devant la bel appartement de Kim Jae Wook. Il avait attendu sagement dans l'arrière de sa Lexus que cet enfoiré veuille bien se montrer, puis, lorsqu'il l'avait vu revenir aux bras d'une femme (certainement une prostituée appartenant au réseau), il attendit encore quelques minutes avant de se munir de son arme, de la charger, et de monter.
Autant dire que si Jae Wook était totalement drogué, il n'en était pas moins dangereux, et peureux comme il était, avait fait installé tout un système de sécurité dans son appartement. Ceci dit, Taehyung n'était pas dupe et avait pu déjouer chaque détail, jusqu'à parvenir jusqu'à sa chambre. Il les avait surpris, Jae Wook et sa conquête, en pleine partie de jambe en l'air. Cet enfoiré n'avait même pas prit la peine de retirer tout ses vêtements, et la pauvre femme elle était tellement stone qu'il était évident qu'elle ne se doutait même pas de l'endroit où elle se trouvait.
Taehyung était arrivé dans son dos, il avait marché lentement, avec délicatesse, jusqu'à ce que le canon de son arme ne se retrouve sur la nuque de sa proie. Ce dernier s'était figé, relâchant sa pauvre partenaire qui retomba tel un chamallow sur le lit, puis il s'était mis à beugler.
Dommage, Taehyung n'était pas réellement sensible à ce genre de réaction et lui avait fallu seulement deux prises pour le mettre KO. Afin d'être certain de ne pas y laisser ses traces, il avait agi avec précaution et chargea le reste du travail à ses hommes qui le conduisirent jusqu'au hangar.
Cinq jour durant, Jae Wook s'était fait torturer, menacé, frappé...Pas une seul fois depuis captivité il n'avait vu le jour, dans le seul et unique but de le rendre complètement fou. Taehyung n'avait jamais aimé le fait d'user de la force pour obtenir ce qu'il souhaitait, il était plus intellectuel, plus recherché, mais il savait aussi que, indéniablement, il fallait parfois dépasser ses propres limites.
— Aller Jae Wook, essaye un peu d'utiliser ce qu'il te reste de cervelle, creuse toi un peu les méninges, dit froidement Taehyung en le faisant tanguer à l'aide du bout de sa barre de fer.
Sa proie ne cessait de faire des allers-retours de gauche à droite, lui donnant une horrible impression de tournis. Il sentait la bile lui remonter dans sa gorge, et toussaint sans cesse lorsqu'il essayait de parler.
— Tu dis ?
Taehyung s'abaissa et se rapprocha de son visage. Sa proie qui avait tout d'un cadavre tenta vainement de le mordre pour se défendre, mais le noiraud lui attrapa la mâchoire et la serra entre ses deux doigts.
— C'est malin, on dirait que c'est de tes dents dont je devrais te débarrasser en premier, n'est-ce pas ? Tu ne serais donc qu'un simple petit toutou de Zhang..., se mit à rire Taehyung, faisant résonner sa voix dans la petite pièce.
— J'ai..j'ai d-dis tout...je ne savais pas...pl-plus...
— Tout ? répéta Taehyung d'un ton amer. Certainement, souffla t-il en lui tapotant la joue avec conviction.
Cela aurait presque pu paraître comme un geste amical, mais il n'en était rien. Ainsi, Taehyung se releva et le fit une nouvelle tanguer avant de s'éloigner vers la petite table métallique où était déposé toutes sortes d'instruments de torture. Pinces, marteau, scie à découper, chalumeau...Tout était là, déposé dans une boîte à outils qu'on aurait jamais cru aussi grande pour tout ranger. Taehyung s'y attarda un instant, comme s'il s'extasiait devant un énorme coffre à jouets.
Derrière lui, Jae Wook le lorgnait lui, et la boite. Il savait déjà qu'il allait mourir. Il avait toujours été celui qui était à cette place, celle du bourreau. Il était peut-être l'homme de main de Lay concernant son trafic d'armes, il n'en restait pas moins l'une de ses petites mains à tuer. D'ailleurs, il en connaissait un rayon en torture. Il avait déjà presque tout expérimenté aux côtés de Ji-Ho, bien que ce dernier n'était pas pire que son redoutable collègue.
Quand il vit Taehyung se retourner face à lui, ce dernier venait d'enfiler une paire de gants en latex qui claquèrent sur sa peau. Sans lui tourner le dos, il attrapa une pince et un couteau qu'il fit tinter l'un contre l'autre.
— Je te donne une dernière chance, Jae Wook. Sois un bon chien jusqu'au bout, et dis moi où est-ce que ton bâtard de patron à emmener Yamane. Dis-moi quel est son plan, parle.
— L'i...l'île...
— Plus fort, je ne t'ai pas entendu. Répète ?
C'était faux. A vrai dire, Taehyung savait déjà où pouvait bien être sa sœur, mais par tous les moyens, il essayait d'en savoir plus pour décider de la façon dont il prendrait les devants. Tout était une question de temps, car il était précieux. Taehyung se doutait que Lay ne ferait rien à sa sœur tant qu'il ne viendrait pas à lui. S'il l'avait fait, le noiraud aurait déjà reçu un cadeau empoisonné devant sa porte.
C'était à croire que Lay s'amusait à faire durer cette petite guéguerre pour son propre et sournois plaisir. Mais la question était plutôt pourquoi. Pourquoi maintenant ?
— Dis...to-tout...ce que...sa-savais...pi-pitié...
— Pitié ? Je ne connais pas la pitié, tu la connais toi ?
L'homme ne répondit pas.
— J'ai déjà trop de sang sur les mains aujourd'hui pour reculer. Mais contrairement à ce que tu penses, Jae Wook, contrairement à ce que vous pensez tous..., dit Taehyung d'une voix profonde en s'approchant de sa victime. Je ne suis pas seulement un chien enragé qui ne sait pas mordre. Je vais te montrer, moi, ce que c'est que de souffrir.
Bien qu'il était à bout de forces, bien que ses yeux rouges sangs convulsaient presque toutes les cinq minutes, Jae Wook eut encore assez de courage pour hurler lorsque Taehyung lui attrapa l'oreille avec sa pince. Il n'eut nullement le temps de compter jusqu'à dix avant que le noiraud ne vienne la couper, d'un mouvement simple et efficace. Dans les faits, cela avait été plus complexe, puisqu'il avait fallu répéter le même mouvement d'avant en arrière pour que la lame coupe et découpe jusqu'à la moindre parcelle de peau.
— Comme je suis cordial, je te laisse une nouvelle chance de me dire ce que tu refuses de cracher. Allons, Jae Wook, on se connaît depuis longtemps toi et moi, pas vrai ? L'époque où tu travaillais pour ma famille me paraît presque bien trop lointaine maintenant.
L'homme ne répondit pas, ou plutôt hurlant et pleurant de douleur, il se contenta seulement de lâcher quelques insultes envers Taehyung qui se releva pour retourner auprès de la table métallique.
— Toujours rien alors ? souffla t-il rhétoriquement.
Aucune émotion ne berçait son visage, et alors qu'il tenait l'oreille de sa victime dans une main, il se servit de l'autre pour attraper un petit bocal dans lequel gisait un liquide transparent. Il dévissa l'épais bouchon et retourna auprès de Jae Wook, s'agenouilla devant à ses côtés.
— Ça fait mal, n'est-ce pas ? Lui dit-il après avoir déposé le bocal à ses pieds et après lui avoir donné une petite claque. Regarde donc ce qui t'attends si tu décides de continuer à la boucler, dit-il en lâchant l'oreille coupée dans le bocal.
Il fallut moins de quelques minutes pour qu'elle ne se dissoude, sous les yeux apeurés de son propriétaire.
— Oui, c'est de l'acide, reprit Taehyung. Tu dois le savoir, toi qui adorait l'utiliser pour torturer tes victimes, hm ?
— Je ne...J-je ne sais...
— Oui j'ai compris, tu ne sais rien. Merde, c'est à croire que ces connards vous font subir un vrai lavage de crâne, hein ?
L'homme ne répondit pas, serrant les dents face à la douleur qui l'assenait.
— Ah...souffla Taehyung d'un air las. Qu'est-ce que je devrais faire ensuite, hm, Jae Wook ? Si tu ne sais rien, alors tu ne me sers plus à rien.
Soudain, il se releva d'un bond, et donna un terrible coup de pied au bocal qui explosa face au visage de sa victime. L'homme se mit à hurler de nouveau, sentant la peau de son visage brûlé vive. Taehyung, lui, se mit à masser ses mains gantées l'une contre l'autre puis il le toisa avec haine.
Jamais il n'avait été habité par tant de colère, jamais, même pas autant à la nouvelle de la mort de sa mère. Il savait que Jae Wook ne lui dirait rien de plus, parce qu'en réalité, le pauvre homme n'avait aucune autres informations à lui donner. Il avait déjà dit tout ce qu'il savait. En fait, si Taehyung l'avait fait mariné jusqu'à maintenant, c'était surtout par pur égoïsme. Lorsqu'il avait réussi à le dénicher, trompant sa garde, il s'était dit qu'il se servirait de lui comme avertissement.
Mener des guerres froides n'avait jamais été simple, mais il avait décidé qu'il était enfin temps de mettre fin à toutes ces conneries. Bien qu'il ait agi depuis le début en faveur de la mission que Namjoon leur avait donnée, il n'avait eu cesse de se contrôler à tout moment avec Lay.
Il lui avait fallu du temps pour l'observer à nouveau, mesurer toute l'ampleur de sa folie, mais à quel prix ? Qui plus est, si Lay n'était lui-même qu'un pantin d'un ennemi encore plus puissant, il fallait dorénavant être celui qui frapperait le premier.
— Cesse donc de hurler, personne ne viendra te trouver. Tu n'est qu'un putain de pion sur l'échiquier, Jae Wook. Je sais que tu n'auras rien d'autre à me donner.
L'homme pendu se mit à baragouiner des excuses pitoyables, promettant même de se racheter auprès de Taehyung quitte à trahir son clan. Il eut l'espoir que le noiraud le laisse s'en aller, quitte à disparaître à jamais. C'est avec dédain que Taehyung le toisa de haut en bas, le trouvant bien lamentable.
Être yakuza n'était pas seulement être un gangster de bas étage. C'était un serment, c'était une famille, un même sang. Les hommes comme Jae Wook n'étaient que de pures inepties, de pauvres idiots qui pensaient pouvoir obtenir l'argent et le pouvoir en intégrant une aussi grosse organisation. Son avidité lui avait fait oublier tous les principes auxquels il s'était promis, et c'est cela qui fit tristement sourire Taehyung.
Puisqu'il ce qu'il s'apprêtait à faire le rendait malade. Taehyung n'était pas cruel, il n'était pas la nuit éternelle. Pour lui, personne ne pouvait détenir le pouvoir de vie ou de mort sur un Homme. Pourtant, pour le bien des siens, pour le bien de tout ce qui l'avait construit et ce en quoi il croyait, il irait jusqu'au bout.
— De toute façon, c'est en Enfer qu'on se retrouvera tous, Jae Wook.
*
— Tiens, dit la jeune femme en déposant sans ménagement un étrange colis sur le bureau de son amant.
Des lunettes déposées sur le bord de son nez, Lay releva les yeux de son écran où il étudiait les données cryptées de ces dernières transactions depuis maintenant plus d'une heure. Il était assez tard mais son esprit tournait encore à vive allure. C'était certain l'effet de cette nouvelle drogue qui l'avait ingéré plus tôt en compagnie de sa compagne qui encore une fois après leurs ébats, lui avait fait une nouvelle scène digne des plus gros chantages de l'univers.
Alors, pour retrouver un peu de calme dans cette zizanie, il l'avait renvoyé à sa chambre comme une malpropre et était parti se réfugier dans son immense bureau qui puait le luxe à crever en plein cœur de son casino.
Il était rare que Ara ne vienne l'y rejoindre, si ce n'était à sa demande. A vrai dire, elle détestait même se rendre dans cette énorme usine à fric. Elle connaissait cet endroit depuis bien trop longtemps et en avait déjà fait le tour des centaines de fois, jusqu'à ne plus pouvoir se rassasier devant les machines. Parfois, il lui arrivait tout de même de venir s'y montrer pour le simple plaisir d'être observé, afin qu'on la regarde avec envie, par pur manque d'attention.
Alors, surpris de la voir ici aussi tard, Lay passa la langue sur ses lèvres et lui fit signe d'aller s'asseoir.
— Qu'est-ce que c'est que cette merde ?
— Fais attention à tes paroles chéri, si cela avait été un cadeau je l'aurais vraiment mal pris, dit la jeune femme en se laissant retomber dans l'immense canapé.
— Ça ne me dit toujours pas ce que c'est, répondit Lay en attrapant la boîte.
Elle était assez grosse, étrangement imposante et plus ou moins lourde.
— Je ne sais pas moi, reprit Ara avec nonchalance. Encore un de tes proxénètes qui t'envoi de nouveaux jouets où bien peut-être un reçu de Chang Kyun.
— Impossible, trancha Lay. Il aurait lui-même fait le déplacement.
— J'en sais rien je te dis, lança Ara, agacée. Hwiyoung est venu me le porter jusqu'à ma chambre. Tout ce qu'il a dit était que cette horreur était posée devant notre porte.
Les sourcils froncés, Lay analysa un peu plus la boîte devant lui. Il se demandait réellement ce que cela pouvait être, ne se souvenait pas d'un quelconque marché avec ses hommes ou bien ses clients. Il lui arrivait parfois de perdre la tête, mais c'est pour cette raison qu'il avait ses deux hommes de mains accrochés à ses baskets nuit et jour.
Peu confiant, il fit donc appeler Ji-Ho qui jusque-là surveillait la porte de son bureau.
— Ouvre moi ça, lui ordonna t-il.
Ji-Ho ne pipa mot et se contenta de hocher la tête après s'être courbé face à son maître. Il s'approcha du bureau avec prudence, conscient que cette boîte pourrait être un cadeau empoisonné. Après tout, cela n'aurait pas été la première fois qu'on essayait de tuer son patron. Comme Lay avant lui, il l'inspecta sous tous ses angles, la porta et la secoua sans pour autant en être convaincu, puis, il finit par l'ouvrir avec précaution.
Bien que ce n'était pas lui qui ouvrait la boîte, Lay ne s'était pas dégonflé et était resté debout, l'air grave devant son bureau, les yeux livrés sur le colis. Il vit enfin Ji-Ho en sortir un petit bout de papier soigneusement choisi que ce dernier lui tendit.
— Alors, c'est quoi ? demanda Ara, impatiente.
Soudain, Lay fut pris d'un rire aussi fou que l'était son esprit, et dans un élan ravageur, poussa son homme de main sur le côté en se ruant sur la boîte. Il balança le papier sur le sol et arracha le contenu de la boîte jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que la pièce maîtresse.
— Monsieur, commença à souffler Ji-Ho, scandalisé.
— Espèce d'enfoiré, émis Lay dans un rictus incontrôlé.
— Chéri, qu'est-ce que c'est ?
— Monsieur, peut-être que vous ne devriez pas toucher...
— Il s'est enfin mis au travail, ajouta Lay, les mains toujours plongées dans la boîte.
Mais lorsqu'il les releva, Ara hurla d'effroi, les mains sur sa bouche. Son amant avait les mains ensanglantées.
— Monsieur, vous devriez vous recu...
— Putain de merde, on dirait que la partie va enfin commencer.
— Ché...chéri...c'est...qu'est-ce...
— Ji-ho, interrompit Lay d'un ton ferme.
— Oui, Monsieur.
— Dégage moi la tête de ce minable Jae Wook et débarrasse toi en.
— Oui, Monsieur.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Ji-ho se courba devant son patron et attrapa la boîte, d'une main, de l'autre, il attrapa le bras de la jeune femme et la tira en dehors du bureau.
Enfin seul, Lay laissa retomber ses deux mains sur son bureau, un sourire machiavélique sur son visage, plus excité que jamais.
Il resta ainsi un moment, les yeux dans le vide jusqu'à ce que son regard ne dévie sur le petit papier soigné qui gisait au sol, à sa droite. Il ne fit que le lire et le relire, son sourire s'agrandissant jusqu'à ce qu'il en ait mal à la mâchoire.
Kim Taehyung s'était enfin réveillé.
La bataille pour le trône allait enfin commencer.
— Si c'est l'Opéra que tu veux Kimi, alors crois moi que tu vas chanter.
"L'Opéra commence toujours bien avant le levé de rideau, et se termine toujours longtemps après sa chute."
*
Plongé dans un sommeil sans rêve, Lay n'avait pas fini par rejoindre sa demeure. Il n'avait pu s'y résoudre, bien trop excité à l'idée que les choses sérieuses allaient enfin commencer. Il avait tourné et tourné dans son bureau, passant d'innombrables appels à ses hommes. Il les avait fait courir de partout, et avait attendu que Ji-Ho retrouve le corps meurtri de son homme d'armes.
Le corps de Jae-Wook avait été retrouvé dans un état lamentable près du port de Yokohama. Il n'y avait aucune trace, aucun indice sur son bourreau mais il était évident que la personne ayant pu commettre un acte aussi cruel que Lay lui-même ne pouvait être que Taehyung en personne.
Cela l'avait encore une fois fait sourire, lui rappelant de vagues souvenirs de leurs enfances communes, puis il avait replongé la tête dans ses transactions réglementées sur Hoseki. Aux alentours de trois heures du matin, il avait finalement abandonné toutes ses forces et était aller se reposer dans son petit quartier improvisé, au sein du Casino.
Cela lui arrivait souvent lorsqu'il n'arrivait pas à quitter ses émois, mais aussi lorsqu'il invitait ses clients et ses fournisseurs dans son énorme terrain de jeu. Après de longues soirées à boire et à refaire le monde à son image, Lay se refusait simplement de rejoindre sa compagne et finissait ses nuits dans les bras de Hwiyoung, ou bien d'autres jeunes hommes lorsque l'envie lui prenait.
Cela lui avait paru une réelle éternité depuis qu'il n'avait pas aussi bien dormi, mais il fallait croire que le répit ne pouvait lui être accordé lorsqu'il se réveilla en alerte, sentant une pression furieuse sur son cou.
Il n'avait même pas pu hurler, même respirer était presque impossible, et alors qu'il tirait sur ces mains qui lui serrait la gorge, son regard effrayé se détourna vers son agresseur.
Il ne pouvait voir son visage, ce dernier était cagoulé et habillé entièrement de noir. Il était un réel fantôme, et dans son malheur, Lay se jura à lui-même de donner la pire leçon à ses hommes de mains pour avoir baissé leurs gardes.
— Tu ne me reconnais pas ? lui demanda son agresseur.
Même sa voix ne pouvait être reconnue, étant elle-même transformée par une technologie quelconque. Pourtant, alors même qu'il n'avait jamais vu son visage, Lay se sentit pris d'une éprouvante panique.
— Aller Izanagi, ce n'est pourtant pas si difficile.
— J-je...
Impossible de parler, à peine prononçait il un mot Lay avait l'impression d'entendre un pitoyable cochon que l'on égorgeait.
— Si tu la fermes et que tu cesses de gigoter comme un porc, peut-être que je te lâcherais. Compris ?
Ne pouvant qu'obéir, Lay hocha frénétiquement la tête jusqu'à ce que Shinigami en personne ne lui relâche enfin le cou. Son premier réflexe fut d'amener ses mains à sa peau meurtrie, même avaler sa propre salive était une tâche difficile tant son interlocuteur avait mis du cœur à l'ouvrage.
Quelques secondes après avoir repris ses esprits, il tenta le tout pour le tout et se dégagea de son lit pour courir jusqu'au petit meuble où se trouvait un petit bouton qui émettait l'alarme d'urgence. Mais avant qu'il ne fasse ne serait-ce qu'un seul pas, il eut seulement le temps de trébucher au sol. Un violent coup de pied lui fut asséné dans le ventre, et bientôt, le bruit d'un canon qu'on recharge raisonna dans la pièce.
— Oublie.
La mâchoire plus serrée que jamais, Lay dut se résoudre à se taire, les bras autour de son abdomen douloureux et de sa lèvre amochée. Mais une nouvelle fois, il essaya d'atteindre la petite table de chevet prêt de son lit pour en tirer son arme, cependant...
— C'est ça que tu cherches ?
Bien que Lay n'avait pas peur de la mort, sentir le canon gelé d'une arme sur sa tempe n'avait jamais été prévu dans ses plans. Ainsi, contraint de se saisir du statut de pauvre victime, il abandonna.
— Tu vois, c'est ça ton putain de problème. Tu es faible, Lay. Tu croyais vraiment que je te laisserais une chance de t'en sortir alors que je me suis déplacé jusqu'ici pour te rendre visite ? Ce n'est pas comme ça que l'on accueille ses invités, même si c'est une surprise.
— Qu'est-ce que vous voulez, eut du mal à prononcer Lay.
— Pas grand chose, je voulais juste venir pour te voir afin que l'on discute autour d'un petit verre de saké...De tous tes putains d'échecs, répondit hargneusement Shinigami en assénant un nouveau coup de pied à son hôte.
Ce dernier gémit de douleur, toujours couché sur le sol.
— Regarde un peu comme tu n'es qu'une pauvre petite merde, continua l'homme masqué. Je t'avais dis que lorsque je me déplacerais, je ne le ferais pas par bonté de coeur. Parlons d'abord du fait que tu ne t'étais même pas rendu compte que la fille de cette putain de famille n'était pas morte, hein ? Et puis pendant que nous y sommes, peut-être que tu pourrais me dire pourquoi tu n'avais pas pensé plus tôt à l'enlever ?
— Vous ne me...
— Quoi ? Parce que je ne te l'avais pas ordonné ? Tu es un bon chien, c'est vrai...souffla Shinigami en mimant la peine sous son masque. Un bon chien aveugle et sourd si on n'est pas là pour lui dire quoi faire.
Un nouveau coup.
— S'il vo-vous plait...
— Oh par pitié cesse donc un peu de te plaindre. Si tous ceux qui te croient être leur chef te voient comme ça, qu'est-ce que tu penses qu'ils diraient, hein ?
— No-non...
— Non Monsieur, Oui Monsieur, c'est tout ce que tu sais dire, bordel. Maintenant écoute, murmura presque Shinigami en s'abaissant près de Lay, le canon toujours rivé sur son crâne. J'ai fait envoyé la fille sur l'île, je sais que Taehyung s'y rendra. Mais je ne le veux pas seulement lui, je les veux tous. Trouve moi le moyen de les attirer jusqu'à cette putain d'île, qu'on en finisse.
— Oui, ou-oui...
— Mais ne les tue pas, pas maintenant. Utilise les, amuse toi de leurs faiblesses jusqu'à ce qu'ils en perdent la tête une bonne fois pour toute. Laisse les même atteindre une partie de leur but si ça t'amuse, mais je veux qu'à la fin ils soient de retour ici même, et je donnerais le coup final. C'est assez clair pour toi ?
Lay ne répondit pas, trop concentré sur le canon qui reposait sur sa tête et les affreuses douleurs qu'il ressentait dans son ventre.
— Je t'ai demandé si je me suis bien fait comprendre connard, insista Shinigami en insistant un peu plus sur l'arme.
Bientôt, le canon y laisserait même une trace sur la peau de son vis-à-vis.
— Oui...Oui, Monsieur. Très clair.
— Bien, conclut l'homme.
Il se releva, satisfait, mais alors qu'il avait commencé à partir, revint sur ses pas et attrapa les cheveux du soi-disant méchant loup...
Sache que bientôt, l'oiseau sortira de sa cage, et lorsqu'il verra les nuages, tu mourras avec lui.
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