Mafia - Kim Min JI, Park Sejun

Empty Minds - Kim Min Ji, Park Sejun

Stopped Time - WOO JI HUN, Park Sejun

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La blessure de Hoseok n'était pas aussi grave que Taehyung l'avait imaginé.

Suite au départ de Lay, il avait été le premier à relever Hoseok, non sans peine, afin de le porter jusqu'à la voiture. Sur le chemin du retour, Jimin avait pris soin de loin sans que les larmes ne cessent de couler sur son doux visage, Jessy avait dû redoubler d'effort pour le supporter et contre toute attente, Jungkook n'avait pas prononcé un mot. Alors Taehyung avait pris le volant et dès leur arrivée, Yamane était sortie de la maison avec le soutien de Noguchi et Shuji pour le porter jusqu'à l'intérieur, afin de le soigner.

En tout pour tout, cela avait duré deux heures.

Pendant ce temps, la plupart des membres de l'équipe s'était terré dans le grand salon, dans la terrible attente d'une mauvaise nouvelle qui n'était jamais venue.

Ce n'était pas tant la douleur physique que Taehyung avait redouté, mais plutôt, de voir les traumatismes de son ami resurgir de plus belles. Il avait pu le lire dans ses yeux, et il n'était pas le seul. Tous ici, vivaient avec des souvenirs bien trop lourds à porter et il était évident que Lay s'amusait à en abuser.

A ce propos Taehyung, était maintenant persuadé qu'il en savait bien plus qu'il ne le laissait croire.

Cela dit, lorsque Yamane revint vers eux pour les tenir au courant de la santé de leur ami, tous purent enfin souffler de soulagement et sous les ordres, ou plutôt, les conseils de Namjoon, ils finirent par regagner la tranquillité de leurs chambres.

Était il véritablement utile d'imposer une réunion maintenant ? Taehyung s'était posé la question et il en était venu à la conclusion que chacun méritait du repos. Tous, sauf peut-être lui, qui avait vite demandé à ce que sa sœur et ses hommes les plus proches le rejoignent dans son bureau.

— Taehyung, il ne s'agit plus seulement que de nous, indiqua froidement sa sœur.

— Je sais.

— Tes amis vont finir par mourir un à un si tu ne fais rien.

— Je sais.

— Comment tu peux rester aussi calme après tout ce qui s'est passé ? C'est pas vrai, on dirait maman...tu crois vraiment qu'elle l'aurait laissé s'amuser comme si ce n'était qu'une simple partie d'échec ? dit Yamane un peu plus fort.

Elle perdait doucement patience.

A vrai dire, elle non plus n'avait pas été épargnée. Comme pour celui qu'elle appelait son frère, elle avait dû survivre à la mort d'une mère aimante et protectrice et faire face à la terrible réalité de sa vie. En surface, Yamane était une belle jeune femme épanouie et intelligente qui avait bien grandit. Au fond, elle nourrissait une haine sans pareille envers ceux qui l'avaient privé de tout ce qu'elle aimait, et aussi, de ce frère en qui elle avait toujours placé tous ses espoirs.

Aujourd'hui, Yamane ne vivait plus que pour la vengeance, et elle savait que son frère poursuivait le même but. C'était la raison pour laquelle il avait décidé de partir si longtemps, c'était la raison pour laquelle il lui avait ordonné de ne jamais quitter cette maison, c'était aussi la raison pour laquelle il savait qu'il pouvait lui faire confiance aveuglément.

Alors, tout ce temps, Yamane avait suivi les consignes de son aîné, suivant son plan à la lettre, bien qu'elle n'en avait jamais réellement eu part dans son entièreté. Tout ce qu'elle souhaitait, était de pouvoir venger sa famille et libérer celles et ceux qui avaient survécu d'un lourd fardeau.

— Tu te laisses doucement et tristement avoir par tes propres sentiments Taehyung, pas vrai ? relança-t-elle. Tu as toujours été le plus fort et le plus malin de nous deux, maman aimait le dire et ne s'en cachait pas. Et pourtant, toi, tu continues de foncer tête baissée dans la gueule du loup.

— Le plan ne consiste pas à mettre mes amis dans la merde, Yamane.

— Tu aurais mieux fait d'y réfléchir avant de te lancer, alors. Depuis le jour où ton regard à changé, tu aurais dû savoir que la vie ne nous ferait plus de cadeaux. Tu n'avais peut-être pas en tête l'idée que Namjoon vienne à toi en te proposant un plan parfait pour réaliser le tiens, mais tu as quand même accepté, pas vrai ? Parce que tu as été égoïste Taehyung, on l'a toujours été.

— Arrête.

— Non, tu dois l'entendre. Que ce soit ton ami tireur ou bien la jolie femme qui vous accompagne, ou encore ce voleur à la tête bien pensante là, ils sont tous dans la même merde que nous maintenant. Maman disait toujours qu'il faut penser au clan avant tout Taehyung, et c'est ce que tu as fait.

— Maman disait toujours pleins de choses.

— Et elle avait raison. Elle a essayé de te faire prendre un autre chemin que le sien, comme elle a essayé de m'éloigner de ce monde et pourtant, même si longtemps après sa mort, voilà que nous y sommes, pieds et mains liés. Je refuse de laisser tous les efforts de maman partir en fumée parce que tu commences à comprendre que c'est dangereux, et s'il faut que je le fasse moi-même, je...

— Tu ne feras rien de plus que ce que je dis, c'est clair ? dit sévèrement Taehyung en relevant les yeux vers sa sœur.

Elle, elle le regardait avec une foudre sans pareille qui animait ses deux profonds iris.

— Tu ne peux pas me demander de faire marche arrière, Taehyung. Je n'ai pas ta place mais j'ai aussi un rôle à jouer, et j'ai décidé que je le ferais jusqu'au bout. Je n'ai pas fait tout ce travail pour me pointer devant ces gens qui s'accrochent à l'espoir que je leur ai donné tout ce temps, et leur dire d'abandonner.

— Nous ne sommes pas assez nombreux, et j'ai besoin de réfléchir.

— Réfléchir ? se mit presque à rire Yamane, par colère. Tu n'as plus le temps. Plus tu réfléchis et plus cet enfoiré de Lay bouffe nos terres et salit nos réputations et notre pays, sans même parler de l'organisation !

— Ne crie pas.

Agacée, la jeune femme souffla et se retourna, tombant dans les pupilles gênée de Noguchi et Shuji qui n'osaient pas lâcher un mot.

— Je n'ai plus quinze ans, Taehyung. Que tu soit mon frère ou mon supérieur hiérarchique, je suis libre de mes faits et gestes.

— Je sais.

— Tu sais tout toi, mais tu as la tête plongée dans un trou, Taehyung. Je les observe moi, toute ta petite équipe. Ils ont peur Taehyung, et pourtant, ils continuent d'avancer avec toi. C'est bien beau et courageux de leur part mais avec tout le respect que je te dois, je ne peux pas rester sereine dans ma propre maison. On ne sait jamais où sont nos ennemis.

— Leur motivation réside dans la somme que Namjoon leur a promis, et tu n'as rien à craindre. Je connais tous leurs points faibles.

— Comme je connais le tiens, ajouta Yamane.

Ils partagèrent un regard lourd de sens, et comprenant que sa sœur évoquait lentement mais sûrement un sujet qu'il souhaitait éviter, Taehyung fut le premier à briser leur échange.

— Tu ne sais toujours rien sur celui avec qui tu couches, pas vrai ?

— Ce n'est pas le moment, Yamane.

— Si, ça l'est. Shuji, approche.

Sans se faire prier, le jeune homme fit quelques pas et s'approcha de la petite famille, une petite carte mémoire en main qu'il tendit à Taehyung.

Ce dernier le remercia et lança un dur regard à sa sœur, fronçant les sourcils, puis il inséra la carte mémoire dans son ordinateur. Tout un tas de données s'affichèrent alors sur l'écran.

— J'ai pris les devants Taehyung, reprit Yamane. Shuji à passer toutes ces dernières semaines à écumer Hoseki, de fond en comble. Tout ce que tu vois là sont les conversations que Lay, autrement dit, Izanagi, partage avec ce putain de Shinigami. C'est lui, notre pire ennemi. Il dirige absolument tout, et même si on ne peut pas voir l'intégralité de ces échanges, on peut facilement deviner que Lay agit sous ses contraintes.

— Elle dit vrai, Monsieur, intervint alors Shuji. Ce...personnage semble détenir toutes les ficelles tout en restant en retrait.

Taehyung ne pipa mot, et continua d'analyser ce qui se trouvait sous ses yeux.

Si tout ce qu'on lui disait était vrai, alors il semblait que la situation était bien plus complexe et dangereuse qu'il ne le pensait. Car il ne reviendrait plus seulement à éliminer Lay qui serait en vérité un pantin, mais à débusquer un fantôme.

— Je sais que tu ne seras pas ravi de l'entendre, mais je me suis rendu à Kobe, annonça sa sœur.

Soudain, l'attention de Taehyung fut arrachée de son ordinateur et sa mâchoire se crispa.

— J'ai pu le voir Taehyung, et il reste encore le noyau de tous nos espoirs, de l'organisation.

— Je t'avais dit de ne pas y aller.

— Et bien j'ai dû le faire, cracha presque sa sœur. Je l'ai fait pour nous, et pas seulement pour moi. C'est grâce à ses hommes que Shuji à pu pirater une partie du système d'Hoseki pour en extirper ce que tu as sous les yeux.

— Maintenant, il sait.

— Il sait quoi, Taehyung ? Que tu fais tout pour venger notre mère ? Sa propre fille ?

— Il sait que je n'ai pas honoré ma promesse.

— Et il ne t'en veux pas, Taehyung. De toute manière, maman n'est peut-être plus là mais elle nous surveille de là-haut. Elle le sait, elle aussi. Elle sait que tu fais tout ça pour protéger ce qui reste de notre famille, pour récupérer tout ce pourquoi elle s'est battue.

— Elle ne voulait pas qu'on foute les pieds dedans, Yamane.

— C'est notre famille, Taehyung, dit solennellement sa sœur. Tu as fait un choix et j'ai choisi de le suivre, au même titre que toi. Alors n'oublie pas tout ce que maman disait, n'oublie pas qui nous sommes et pourquoi tu le fais.

Le noiraud ne répondit pas, et préféra encaisser lentement mais sûrement les paroles de sa petite sœur. Il était tellement fière de ce qu'elle était devenue, et les yeux clos, il aurait juré entendre et imaginer sa mère lui faire face.

Elle avait raison, Yamane disait vrai.

— Il est temps de répondre, Taehyung.

Il était temps qu'il prenne les responsabilités pour lesquelles il se battait.

— Tu peux compter sur moi pour être tes yeux quand les tiens ne voient plus, je ne t'abandonnerais pas. L'union fait la force, Tae.

Sur ce mots, Yamane congédia Shuji et tapota l'épaule de Noguchi, et ensemble, ils prirent la porte.

Seul, Taehyung finit par enregistrer les données de la carte mémoire en lieu sûr avant de la détruire. Fou aurait été celui qui aurait imaginé que le clan adversaire aussi n'essayerait pas de fourrer son nez un peu partout. Puis, chose faite, le noiraud essaya tant bien que mal de détendre ses muscles et laissa reposer son dos sur le dossier de sa chaise.

Cette soirée avait encore été une belle démonstration de la folie de leur ennemi, et bien que cette possibilité était envisageable, Taehyung n'aurait jamais parié sur le fait que Lay se ferait manipuler. Lui aussi semblait s'être pris dans les filets bien trop gros d'une mascarade sans fin, mais dans quel but ?

Pourquoi ?

Comment ?

Les yeux clos, le nom de Shinigami hanta encore et encore les pensées de Taehyung qui finit par se sentir totalement lessivé.

Ainsi, il se leva et décida d'aller prendre un petit remontant. Si certains trouvaient leur bonheur dans la drogue, Taehyung, lui, trouvait du réconfort dans l'alcool.

Il appréciait lorsque la chaleur d'un alcool fort lui brûlait la gorge, et bien que ce n'était que métaphorique, il imaginait que ce dernier puisse être l'essence de sa motivation lorsque cette dernière s'évaporait de ses neurones.

En arrivant dans le grand salon, Taehyung s'accrocha au bar, et sa tête se mit à tourner.

Si ce n'était que ça...

Il n'y avait pas de quoi se nourrir d'inquiétude et pourtant, lorsque le souvenir des agissements de Jungkook lui revinrent en mémoire, comme si cela lui était sorti de la tête, Taehyung se sentit presque nauséeux.

Après tout, tout ce qu'ils faisaient ensemble ne rimait à rien. Taehyung avait lui-même prévu de se servir de ses charmes, et même de son corps, pour obtenir ce qui lui manquait : des informations.

Voilà qu'il remettait absolument tout en cause.

Finalement, si Lay se faisait lui-même manipuler, ne serait-il pas lui-même victime de la plus grosse supercherie de l'histoire ?

Soufflant dans un rictus, Taehyung se sentit complètement naze. Il avait passé des années à construire son plan, à imaginer sa vengeance, et si la petite entourloupe de Namjoon était arrivée au bon moment, il se demandait réellement...

Et puis merde, pensa t-il.

— Je vois que je suis pas le seul à avoir besoin d'un remontant, le surprit une voix dans son dos.

Par réflexe, Taehyung se retourna aussi vite que la vitesse du son et prit une position de combat. Les nerfs à vif, il se surprit lui-même à rire lorsqu'il découvrit le visage perplexe et froid de Yoongi, les mains dans les poches et ces fameuses lunettes noires sur le bout du nez.

C'était une vieille habitude qu'il avait lorsqu'il sentait la fatigue arriver.

— Surprenant, mais ce n'est que moi, dit Yoongi en haussant les épaules, puis il sortit les mains de ses poches. Du calme Terminator, je viens seulement boire moi aussi.

— Excuse-moi, je...

— Pas besoin de t'excuser Kim, j'comprends que tu sois encore sur le qui-vive. Mais tu peux souffler, avec la sécurité qui entoure toute cette putain de baraque, pas même un des cleps de ce connard viendrait y foutre une patte.

— Hm, t'as raison, conclut Taehyung qui laissa enfin son vieil ami avancer jusqu'au bar.

— Whisky ?

Pour réponse, Taehyung hocha la tête et observa son ami fouiller dans son propre meuble, jusqu'à obtenir ce qu'il cherchait. Yoongi attrapa deux verres jusqu'alors bien rangés, et les remplit à dose raisonnable.

Taehyung se surprit presque à se rappeler qu'il disait toujours que ce n'était pas nécessaire de remplir ses verres à ras bord, puisque de toute manière, la bouteille finirait vide dans tous les cas.

Le hackeur finit par lui tendre le verre que Taehyung accepta volontiers, buvant presque d'une traite. La chaleur du liquide vint réchauffer ses muscles, et prenant une forte inspiration, Taehyung se sentit déjà un peu mieux.

— Il voulait se venger de leur départ, dit Yoongi.

— Hm ?

— Zhang. Il a une drôle de façon de se faire comprendre. D'abord, il invite Blondie et le gamin chez lui pour satisfaire ses bons petits plaisir, il les charme et joue le parfait hôte comme si tout ça était tout à fait normal. Et voilà qu'il décide de se venger en nous faisant tout droit foncer dans un piège.

— Pas étonnant de sa part, si tu veux mon avis.

— Tu le connais autant que ça pour ne pas être étonné ?

— J'aurais aimé que ce ne soit pas le cas, souffla Taehyung, agacé.

— Comment un taré comme lui aurait-il pu approcher un gars comme toi ?

— Parce que tu crois que je suis normal ? demanda froidement Taehyung.

— Pas vraiment, répondit aussi franchement Yoongi.

Un silence s'installa entre les deux hommes, les laissant se servir et boire presque la moitié de la pauvre bouteille qui n'avait rien demandé. Comme à l'époque, ils se suffirent de la présence de l'autre tout en appréciant l'amère chaleur de l'alcool, et comme avant, ils s'imaginèrent pouvoir retrouver un lendemain sans problèmes.

Cependant, chacun savait que rien n'était comme avant.

— Pourquoi tu tires la gueule Kim, je croyais que rien ne te faisait peur ? relança Yoongi.

— Dit le casse-cou, siffla le noiraud.

— T'es très fort, Kim. Tu l'as toujours été, fort. Je le savais. Je l'avais deviné de toute façon, tu peux plumer qui tu veux mais j'ai toujours su que tu te moquais de moi avec tes demandes de sécurité à la con.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Regarde moi bien Kim, tu crois que c'est écris idiot sur mon front ?

— Yoongi, je ne sais pas de quoi tu veux parler.

— Oh s'il te plait, souffla Yoongi en finissant son verre qu'il reservit aussitôt. Au moins, je saurais quoi écrire sur ma tombe.

Les sourcils froncés, Taehyung attendait que le hackeur dise le fond de sa pensée, mais rien ne vint. Yoongi continua de boire sereinement, finissant même par allumer une cigarette sans se soucier d'ouvrir une fenêtre, ou encore de demander l'accord du maître de maison.

— Tu sais Kim, je ne me suis jamais considéré comme le plus intelligent d'entre nous. Je sais peut-être jouer avec les informations codées ou bien fouiller là où on ne m'attends pas, mais ça ne fait pas de moi le plus fort d'entre nous. Disons seulement que je sais utiliser ma tête, dit-il en tapotant l'une de ses tempes. Je sais que ce que tu as fait dans le passé c'était pour nous protéger, et oui, je me suis permis de m'en assurer. Mais pourquoi disparaître et revenir comme une fleur pour me demander de surprotéger ta splendide baraque italienne, quand tu disais n'être personne.

Comme mis à nu, Taehyung n'eut nulle envie de l'arrêter, et se contenta de l'écouter.

— On peut toujours créer un personnage, une identité ou tout ce que tu veux Taehyung, mais on ne peut pas effacer totalement qui on est. Tu as su brouiller les pistes comme personne et faut dire que tu t'es bien fais aider, pas vrai ? se mit à rire Yoongi.

Sans aucun doute que ce dernier faisait allusion à tous les efforts qu'avait fait sa mère pour le protéger, pensa Taehyung. Puis il fallait aussi admettre que l'identité de son père, le coréen parfait et fils de PDG l'avait fortement aidé à se construire une vie sans embûche. Il n'avait jamais vraiment essayé de le comprendre auparavant, mais lorsqu'il s'était lancé dans cette terrible vengeance, Taehyung avait fini par faire des recherches.

C'est alors qu'il avait redécouvert sa propre famille, à commencer par le génie de sa mère qui avait toujours des tours d'avance dans son sac. Après tout, elle était une femme, elle était une grande chef d'organisation mafieuse, mais elle restait mère.

Alors c'était ému que Taehyung avait découvert à quel point elle avait œuvré pour que son fils ai une vie loin de tout ce qu'elle n'avait jamais connu, une vie simple et sans problèmes. Sans contraintes et surtout, sans devoirs.

— Je n'ai jamais foutu mon nez trop loin dans tes affaires Kim, te méprend pas. J'suis seulement resté spectateur de tes faits et gestes, et j'ai compris. Peut-être que Namjoon préfère la jouer noble en préférant rester à l'écart de l'intimité des uns et des autres, mais je suis bien trop méfiant pour m'allier à des personnes sans savoir qui elles sont vraiment.

— Alors tu sais tout.

— Tout ? Non. Je sais seulement ce que tu m'as permis de comprendre. C'est pour ça que je te dis que je saurais quoi foutre sur ma tombe.

Pressant ses lèvres l'une contre l'autre, Taehyung releva les yeux vers son ami.

— Que j'aurais eu l'honneur de foutre pas un, mais deux pieds dans la foutu baraque de la famille Yakuza la plus puissante du Japon, rit presque Yoongi en levant son verre. Bordel, sacré aventure.

A vrai dire, Taehyung préféra rester dans le silence, non pas parce qu'il ne savait pas quoi dire, mais plutôt parce qu'il se sentit presque comme ôté d'un poids. Il connaissait Yoongi depuis plusieurs années maintenant, et mine de rien, ils avaient toujours été sur la même longueur d'onde. C'est d'ailleurs le premier avec qui il avait reprit contact après ce que Jin avait appelé sa "trahison".

Mais Taehyung ne les avait pas trahis, il les avait protégés.

Peut-être que ce geste avait été incompréhensible pour ceux qu'il avait appelés ses amis, mais par le passé, et encore aujourd'hui, Taehyung savait mieux que personne quel était le prix d'une telle vengeance.

Peut-être était-ce parce qu'il n'avait plus rien à perdre lui aussi, que Yoongi lui avait alors confié son lourd secret. Alors, à deux, ils vivaient avec le poids de l'autre.

— J'ai toujours eu beaucoup de respect pour toi Taehyung, et finalement, je crois même que la définition du mot "ami" pourrait peut-être bien ressembler à quelqu'un comme toi, ajouta le hackeur en se délectant de sa boisson.

Que pouvait-il bien lui répondre ?

Après tout, nier serait lui mentir et Taehyung n'avait jamais aimé le mensonge. Il avait toujours vécu en faisant tout son possible pour écarter son monde de ses proches, ce fut d'ailleurs la raison pour laquelle il avait décidé de les quitter, ce jour-là. Parce que même s'il avait joué le rôle de l'homme que sa mère avait construit pour lui, la terrible vérité l'avait rattrapé, et sa véritable identité avec elle.

Si on lui posait la question maintenant, Taehyung ne saurait dire pourquoi il avait finalement choisi d'embarquer sa seconde famille dans un tel tourbillon de malheurs. Au fond, il savait que c'était parce qu'il avait confiance en leurs capacités à tous. Seul, il n'aurait peut-être jamais eu le cran de le faire. Non pas qu'il était faible, mais Taehyung savait que l'union faisait la force. Namjoon, Hoseok, Jin, et même Yoongi le lui avaient bien prouvé à l'époque.

L'ennemi, ou plutôt, les ennemis qu'ils affrontaient aujourd'hui étaient bien plus forts encore qu'il ne l'avait imaginé. Quand il y pensait, Taehyung croyait dur comme fer qu'il était plus raisonnable de maîtriser la sécurité de ses amis en les ayant à ses côtés. Parce que même s'il le montrait peu, il savait qu'ils étaient tous une terrible monnaie d'échange pour le faire chanter.

Parfois, il se sentait coupable de les avoir entraînés dans un tel monde. Mais comme lui, ils étaient des soldats, comme lui, ils avaient des rêves et des ambitions. Peut-être ne partageaient-ils pas la même idée de la fin qui pouvait les attendre, mais Taehyung savait que la justice était un principe qu'ils avaient tous en commun.

C'est pourquoi il avait eu besoin d'aller chercher ce que chacun pouvait cacher au plus profond d'eux-mêmes, pour être certain qu'il ne s'était pas trompé. Or, plus les jours passaient, plus les jeux de Lay défilaient, et plus Taehyung nourrissait la terrible impression de se faire mener par le bout du nez.

Peut-être que Yamane avait raison, et qu'il était enfin temps pour lui de se battre comme un homme. De se battre comme sa propre mère l'aurait fait, pour l'honneur du clan ou plutôt, pour l'honneur et la vie de ceux qu'ils considéraient comme son propre clan.

Le bruit du verre qui rencontre le marbre interpella Taehyung et alors, il releva les yeux vers son vieil ami qui le fixait déjà. Il n'attendait pas de réponse, ni de justification.

Il le regardait plutôt comme un ami qui regarderait un ami.

— Combien de temps, Yoon ?

Ce simple surnom suffit à presque faire sourire le hackeur qui reprit la bouteille en main pour les resservir, tous les deux. Il laissa planer quelques minutes de silence, avant de répondre, les yeux fixés sur son verre :

— Stade trois.

— Tu n'aurais pas dû accepter, confia Taehyung. Pourquoi ne pas être allé dans un de ces centres dont je t'avais parlé ?

L'expression de Yoongi changea à l'instant même où Taehyung posa sa question, mais ce dernier ne put déceler ce qui l'animait. En croisant son regard, Taehyung essaya d'y trouver de la colère, de la tristesse ou bien des regrets, mais il ne vit rien d'autre que de la détermination.

— Je veux vivre, Taehyung, pas crever en faisant de la chimio tous les jours. Sérieusement, tu m'y vois, toi ? Assis comme un con et attendre qu'une magie ancestrale me guérisse ? Je ne te demande pas, moi, pourquoi tu souhaites absolument te battre contre une cause qui me semble déjà perdue. Pourtant, je suis là.

— Il y a des effets ?

— Bien sûr que j'ai des putains d'effets de merde, confia Yoongi en soufflant la fumée de sa cigarette.

Dans un rictus, Taehyung passa la langue sur ses lèvres, puis les pinça entre elles.

Autant dire que comme lui, Yoongi menait son propre combat, à l'instar qu'il était son propre ennemi. Se battre contre des individus n'était rien face au terrible combat qu'imposait la maladie à ses victimes.

— Le pire dans tout ça...souffla Yoongi en levant les yeux, le pire ce n'est pas d'avoir mal ou de souffrir. Le pire, tu vois, c'est quand je commence à ne plus me sentir comme un homme.

Il dit cela en riant, faisant presque croire à Taehyung qu'il allait continuer mais Yoongi se contenta seulement de rire et de boire, comme si de rien n'était. Il termina enfin son mégot, et le déposa entre leurs deux verres vides.

— Même ma mémoire, reprit soudainement Yoongi. Ma mémoire...ça me bousille le crâne. C'est peut-être pour ça que j'aime autant ces foutues technologies. Au moins, en me plongeant dedans, je suis certain de ne rien louper, tu vois ?

Taehyung voulut répondre, mais il se retint et passa une main sur son menton.

Dieu seul savait qu'il ne pouvait émettre une seule once de peine devant cet ami bien trop courageux. Alors, il se devait l'être lui aussi, comme il l'avait toujours fait, ainsi que de ne montrer qu'une part de sa propre douleur.

— Même leurs médocs à la con coûte une blinde, c'est à croire qu'il faut se saigner pour obtenir un peu de paix, confia Yoongi dans un sourire amer.

— J'ai de quoi subvenir à tes besoins, répondit Taehyung.

— Et alors ? Moi aussi, mais c'est faux Kim quand on dit que l'argent amène le bonheur. De toute façon, j'en ai rien à foutre, et je refuse de crever entre quatre murs. Je préférerais même rendre l'âme pendant une bonne baise, ça, ce serait magique.

— Alors pourquoi te confier autant ? demanda Taehyung, sérieux.

Yoongi le fixa un instant, puis il souffla un bon coup avant de dire :

— Parce que je crois que mourir sans avoir pu confier mes faiblesses serait mentir. On peut mourir en tant que héros ou en tant que méchant, après tout, ça dépend dans quel camp tu te trouves. L'important, c'est de suivre ton propre chemin. Je pourrais partir sans regret, et me dire que j'aurais vécu ma vie à fond, en faisant tout ce que j'aimais. Le goût du risque, hein...? Ouais, souffla Yoongi en riant.

Dans un geste délicat, Yoongi attrapa la bouteille maintenant presque vide, et sans prévenir, but au goulot ses dernières gouttes. Lorsqu'il reposa le cadavre sur le bar, il fixa le noiraud, qui semblait encore attendre des réponses, les oreilles grandes ouvertes et l'attention fixée sur ses lèvres.

— J'ai accepté cette putain de mission sans vraiment savoir où j'irais, mais finalement, ça me va bien comme fin. Et puis, c'était presque amusant de te voir si sérieux derrière tes faux sourires ou tes excuses pour nous faire croire que tu n'étais qu'un grand matou en quête d'aventure. Je sais pas quel est ton but mec, mais puisqu'on est dans la même merde aujourd'hui, autant te suivre jusqu'au bout.

Ce fut presque attendrissant pour Taehyung d'entendre une personne telle que Yoongi lui parler à coeur ouvert, et pendant un instant, il ressenti le besoin de lui confier tous ses doutes, car il savait qu'il saurait les entendre pour mieux les analyser. Cela dit, il n'en fit rien, et se contenta de sourire à son ami, le cœur lourd.

Si chacun se battait pour sa propre vie, alors Taehyung se jura de leur faire honneur jusqu'au bout. Puisque tout était pardonnable selon lui, tout...sauf le mensonge, l'infidélité et surtout, la trahison.

— Combien de temps ? demanda seulement Taehyung à son ami.

— Autant qu'il faudra pour clôturer ce foutoir une bonne fois pour toute.

Néanmoins, comment les deux amis auraient pu se douter que cette conversation à coeur ouvert n'avait pas seulement filer de coeur à cœur, mais aussi, à des oreilles bien plus aiguisés que les leurs.

*

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Message de : Shinigami.

"Bonsoir petit héritier."

Message à : Shinigami.

"Tu tombes à pique, ordure. Il faut croire que nous sommes plus connectés que ce que l'on imagine."

Message de : Shinigami.

"Oh mais tu as raison, bien plus que tu ne le crois :)"

Message à : Shinigami.

"Bientôt viendra le temps où ton sourire finira pas faner, connard. Tu crois peut-être agir dans l'ombre, mais j'ai compris ton manège. Tu n'es pas le seul à avoir des ressources, et tu ne sais pas à qui tu t'en prends."

Message de : Shinigami.

"Attention, j'ai peur. Je ne savais pas que les petits chiens comme toi savait mordre, mais ça rend la chose bien plus excitante. Trêve de plaisanterie, mon cher Kitsune. Je sais que tu m'espionnes, tu pensais vraiment que j'étais aussi faible que toi ? Sais-tu seulement de quoi je suis capable pour atteindre le but que je me suis fixé ? Si le doute persiste encore, laisse-moi te rafraîchir la mémoire...Laisse-moi te dire à quel point c'était incroyable de voir ta pauvre mère crever sous mes yeux. Quelle femme, je dirais. Elle aurait presque pu réussir à te cacher...:( Malheureusement, il faut croire qu'elle n'était plus à la hauteur. C'était un jeu d'enfant de lui rendre visite et de gagner sa confiance. Tu sais à quel point elle pouvait être méfiante, et pourtant il aura suffit d'une simple petite tasse de thé pour qu'elle crache son sang. D'ailleurs, laisse moi te présenter mes condoléances en personne, je n'en avais jamais eu l'occasion jusqu'à présent."

Message à : Shinigami.

"Alors c'était toi."

Message de : Shinigami.

"Evidemment que c'était moi. Autant te dire qu'il aura fallu beaucoup d'efforts pour te faire sortir de ta petite cachette merdique. Mais soit, nous pouvons jouer sur le même terrain maintenant. Alors, que comptes tu faire ? Me tuer ? Je t'attends."

Message à : Shinigami.

"Je te trouverais."

Message de : Shinigami.

"Oui, tu me trouveras. La patience est une vertu Kitsune, ne le sais-tu pas ?

Message à : Shinigami.

"Le sang de ma mère coule dans mes veines. Je deviendrais ton pire cauchemar, je détruirais tout ce qui t'appartient, tout ce que tu aimes, tout ce pour qui et pourquoi tu te bats, et quand je te trouverais, tu mourras de mes mains."

Message de : Shinigami.

"Très belle poésie, mais il est évident que le cauchemar pour le moment, c'est moi. J'avoue que tu es un adversaire de qualité, mais pas la peine de mentir, Taehyung. Je sais qui tu es, je sais où tu te caches. Crois moi, cette partie de cache-cache sera la plus excitante que tu n'auras jamais vécu."

Message à : Shinigami.

"Ce n'est pas un jeu."

Message de : Shinigami.

"Bien sûr que s'en est un, Kimi. L'essentiel est de savoir qui trouvera l'autre en premier, et j'ai toujours un tour d'avance. L'oiseau en cage reverra des nuages, Kim."

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♛ A bientôt, sur notre plateforme HOSEKI ♛

Taehyung ne laissa même pas le plaisir à son interlocuteur de recevoir une réponse, et de nerfs, de rage, de colère extrême, il claqua l'écran de son ordinateur sur lui-même. Les poings serrés, il se mit à mordre sa main droite pour retenir tout un tas d'insultes envers son ennemi, bien qu'il les méritait, et bientôt, il sentit une étrange sensation l'envahir.

Comprenant bien vite que des larmes envahissaient ses pupilles, Taehyung passa ses deux mains sur son visage et laissa sa tête retombée dans ses bras.

C'était comme si toutes les dernières années, de son enfance à aujourd'hui, tous ses regrets, ses peurs et ses peines surgissaient en un éclair, mais lorsqu'il releva la tête, le visage de Taehyung avait changé.

Il était enfin temps pour lui de reprendre le contrôle et d'arrêter d'être spectateur de sa propre passivité. Alors, un mesquin sourire au bord des lèvres, il s'en alla vers le seul endroit où il savait pouvoir extérioriser ses émois.

Du côté de son interlocuteur, ce dernier ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il vit l'icône de Taehyung s'être éteinte. Evidemment, cela l'avait presque rendu euphorique, mais il ne pouvait encore être acclamé.

Il savait que tout allait s'accélérer et que le tout serait alors une course contre la montre vers la victoire. Maintenant conscient qu'il avait libéré les démons de son adversaire, Shinigami, munit de son plus beau et machiavélique sourire, reprit ses esprits et en quelques clics, ouvrit la conversation qu'il partageait avec son pantin favoris.

Il était évident que ce dernier ne dormirait pas, pas sans avoir ses prochaines indicatives, alors, de ses mains habiles et hâtives de confrontation, il nota ces quelques lignes qui lui étaient destinés, et qui bientôt, plongerait tout ce petit monde dans l'Enfer qu'il avait construit.

Message à : Izanagi.

"Comme vous le savez, la sœur de notre cher héritier n'est pas morte. Je pensais que vous aviez fait le nécessaire, mais comme à chaque fois, je me dois de faire le sale boulot tout seul et de me salir les mains car vous n'êtes tous qu'une bande d'incapables. Préparez la putain de cargaison, et faites une petite place pour notre invitée d'honneur. On dirait qu'il est temps de réveiller le renard de ces enfoirés de Yamaguchi-Gumi."

*

Le lendemain matin, Jungkook ne fut pas surpris de voir que l'autre moitié de son lit était déjà vide. Après tout, c'était devenu presque habituel que de voir Taehyung le temps d'un partage d'intimité, assez bestiale, avant qu'il ne finisse par s'échapper. C'était soit l'un, soit l'autre.

Ce matin, Jungkook était particulièrement de bonne humeur, et alors, il prit le temps d'étendre ses bras, sentant tous ses muscles craquer un à un jusqu'à être détendu. Satisfait, il s'apprêtait à se faufiler hors de ses draps quand la porte qui menait à sa salle de bain privative s'ouvrit, le laissant grandement étonné devant la présence de celui qu'il n'attendait plus.

Taehyung se trouvait là, et pas seulement lui, mais aussi, sa magnifique nudité qui n'était couverte que par une chemise blanche qui n'appartenait qu'au locataire de la chambre.

Les sourcils froncés, Jungkook se pinça les lèvres avant de pousser sa joue du bout de sa langue. C'est en fixant le beau, ou plutôt fallait-il dire, le magnifique corps bleuté de Taehyung qu'il se souvint.

La veille, le noiraud avait fini par toquer à sa porte et à peine avait-il eu le temps d'ouvrir que Jungkook s'était fait assommés de baisers ardents. Inutile de dire comment les choses avaient dérapé, mais cette fois, Taehyung avait été si brutal que les deux hommes s'étaient presque battus durant leur relation.

Jusqu'alors, bien qu'ils n'avaient jamais été doux l'un envers l'autre, jamais Taehyung n'avait exprimer sa colère de façon si intense, et alors, Jungkook ne put empêcher un sourire sur ses lèvres à ces souvenirs.

C'est en riant que Jungkook baissa les yeux sur son propre corps, encore nu, c'était évident, et qu'il remarqua que quelques marques violettes décoraient sa peau aux côtés de ses cicatrices et de ces pansements qui ne le quittaient jamais. Passant de nouveau la langue sur ses lèvres, chose qui pouvait rendre Taehyung affreusement affamé de sa peau, Jungkook releva les yeux vers lui et lança le menton en sa direction.

— Je croyais que le but était de ne pas rester, Kim.

— Tu n'as pas à me poser de question.

— Et si je le fais, alors quoi ?

— Pourquoi as-tu tant de cicatrices et tous ces pansements sur le corps, Jeon ?

Levant les mains en l'air, Jungkook sembla abdiquer. Mais cela le fit sourire.

— Compris chef, je la ferme.

— Peut-être que j'ai un autre moyen.

— Ah oui ? Lequel ? Je suis curieux.

— A toi de voir. Deux façons. Doux ou brutal.

— J'ai jamais aimé jouer dans la dentelle, Kim.

— Etonnant.

— Si c'est des preuves qu'il te faut, alors va te faire foutre.

— J'y compte bien.

Quelques regards de feu, des longs baisers envieux et de longs ébats plus tard, Taehyung et Jungkook se retrouvèrent tous deux allongés sur le lit, l'un une cigarette à la bouche et l'autre, les bras posés tel une étoile, les yeux fixés au plafond.

Il n'y avait aucun bruit, si ce n'était les bruits des pas qui animaient la grande maison, mais à vrai dire, plus rien n'importait à Taehyung désormais, lui qui avait enfin retrouvé les esprits qui l'avaient animé durant toutes ces années.

Il savait que dès lors qu'il foulerait le sol, dès lors qu'il serait sorti de ces draps, il reprendrait les rênes de sa propre mission, et alors, tout changerait pour de bon. Ceci dit, dans le silence le plus complet, il regardait aussi la fumée s'échapper des lèvres de son amant, qu'il trouvait bien trop calme pour que ce soit vrai.

Jungkook avait encore ce sourire qui ne semblait pas vouloir disparaître de ses lippes.

— Pourquoi tu souris autant ?

— J'ai pas le droit, Monsieur ?

— Réponds-moi.

— T'es pas mon maître ici, alors j'ai rien à te dire. C'est pas important.

— Qu'est-ce qu'il l'est, pour toi ?

— Rester en vie. Et toi ?

— Yamane, répondit Taehyung sans hésitation.

Il s'attendait à ce que son amant réagisse, mais il se contenta juste de sourire, encore, soufflant sa fumée vers le plafond comme si cette dernière finirait par s'en échapper.

Las mais presque rassuré de voir que Jungkook était toujours Jungkook, Taehyung finit enfin par quitter ses draps et se dirigea vers les affaires qu'il avait abandonnées la veille. Il ne savait même pas quelle heure il pouvait être, mais très vite, il conclut que ce n'était que le résultat de ses propres envies et que c'était ainsi qu'il agirait, désormais.

De nouveau habillé, le noiraud s'apprêtait à sortir mais il croisa le regard de son amant, maintenant assis contre le dossier de son lit, le bras tendu sur l'un de ses genoux, et surtout, encore nu.

Cet échange fut certainement l'un des plus étranges qu'il pu partagé avec Jungkook, lui et ses secrets encore enfouis dans un passé bien trop trouble. Mais après tout, cet inconnu qui était devenu son amant l'avait bien sauvé, non ?

Peu importe, pensa t-il.

— Tu aimes bien jouer à cache-cache on dirait, annonça Jungkook.

Alors qu'il s'apprêtait à sortir de la chambre, cette réflexion lui fit tilte et Taehyung, la main sur la poignée, se retourna légèrement pour le regarder en biais.

— Qu'est-ce que tu as dis ?

— A propos de nous, Kim. Tu sais qu'ils sont loin d'être con et qu'ils finiront par deviner qu'on se saute mutuellement et qu'on prend plaisir à le faire, tout comme on aime se détester.

Durant un instant, Taehyung pensa être devenu fou, alors il ne put s'empêcher de rire, presque rassuré de pouvoir abandonner ces doutes.

— Peu importe ce qu'ils devinent, Jeon.

— Fais attention, je pourrais presque croire que tu commences à m'aimer, le taquina le plus jeune.

Coinçant sa langue entre ses dents, Taehyung se retint de le rejoindre pour maltraiter ces lèvres qui ne disaient que des sottises, alors il se contenta de lui offrir le visage le plus froid et le plus sévère, avant d'enfin appuyer sur cette foutue poignée.

Cependant, il sembla que le destin en avait décidé autrement car au moment où il souhaita ouvrir cette putain de porte, de lourd poings vinrent s'écraser sur cette dernière, et derrière elle, une voix qu'il connaissait que trop bien annonça presque terrifiée :

Monsieur, Mademoiselle Yamane a disparu.