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𝟒𝟑. 𝐆𝐚𝐧𝐠𝐬𝐭𝐚'𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐚𝐝𝐢𝐬𝐞


A Silent Cry - NA YUN SIK, Park Sejun

Tight Tension - Kim Hyun Do

The Untold - Secession Studios


nda : Joyeux anniversaire à Hoseki qui fête aujourd'hui (27/12/22) sa première année. 


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Hoseok s'était souvent demandé comment l'on pouvait exprimer l'horreur de la guerre.

S'il avait choisi de se promettre corps et âme dans son métier, il avait toujours eu ses raisons. Pour lui, faire le choix d'affronter le cauchemar de la civilisation humaine était surtout un devoir, plus qu'un métier en lui-même. Il avait toujours fallu que certains se sacrifient pour le bonheur des autres.

Être soldat, selon Hoseok, était une vocation. On ne le devenait pas seulement par simple envie de se prouver à soi-même que l'on pouvait être fort, mais parce qu'on l'était. Lorsqu'il s'était engagé, Hoseok se souvenait avoir vu beaucoup de jeunes hommes se vanter de leurs exploits et de leur force physique, mais quelques années plus tard, plongé dans la réalité des conflits, ces hommes avaient été les premiers à perdre la flamme de la vie.

C'est l'une des raisons pour lesquelles Hoseok ne s'était jamais vanter de rien. Il avait choisi de devenir soldat, sachant très bien, et ce, dès le premier jour, qu'il serait envoyé dans des contrées lointaines pour aller se battre pour un conflit qui n'aurait jamais été le sien dans le cas contraire. Il aurait certainement pu choisir d'être vétérinaire ou médecin par exemple, là aussi, il se serait battu pour la vie.

A vrai dire, tous les métiers qui mettaient la vie en jeu, qu'elle soit humaine ou animale, étaient une vocation selon le tireur d'élite.

Lorsqu'on détient le pouvoir de la vie entre ses mains, que l'on soit médecin, vétérinaire, pompier, ou soldat, l'on affronte les mêmes choses. La peur, la fatigue, l'angoisse, le déni, la montée d'adrénaline...C'était un quotidien à accepter.

Pourtant, lorsqu'il se trouvait sur les champs de batailles, Hoseok se demandait si ces gens ressentaient la même sensation qui leur broyait les entrailles. Non, évidemment que non pensait il souvent. Puisque dans la guerre, ce n'était pas seulement la vie des autres que l'on devait sauver, mais aussi la sienne.

Hoseok pensait souvent à l'un de ses amis qui avait fait le choix d'être pompier, et parfois, il se disait que seul lui pouvait être au plus proche de tous les sentiments qui le rongeait de l'intérieur lorsqu'il détenait une arme entre ses mains.

Hoseok était agile, puissant, et fort. Il était méthodique, sérieux et fiable. Il était respecté pour toutes les choses qui faisaient de lui un bon Lieutenant.

Malgré tout, même après des années de services, Hoseok se demandait toujours, et encore aujourd'hui, comment l'on pouvait exprimer les horreurs de la guerre.

Il y avait des pertes considérables d'hommes, mais aussi de femmes, qui ne reverraient jamais leurs enfants ou leur famille. C'était quelque chose de physique que l'on pouvait pleurer, mais Hoseok pensait qu'au moins, ces gens n'auraient jamais à vivre avec les traumatismes de leurs actes, commis ou non.

Oui, les traumatismes étaient certainement les pires blessures.

Les soldats victorieux, ou même perdants revenaient à leur maison, retrouvaient la chaleur d'un foyer ou de la sensation d'un alcool fort coulé entre leurs lèvres, mais lorsqu'ils fermaient les yeux, l'horreur de la guerre revenait à eux aussi vite qu'elle les avait quittés.

Hoseok le savait, il était encore jeune et méritait de vivre sa vie comme tout le monde. Il aimait et se savait être aimé en retour, et rêvait parfois de se la couler douce auprès d'un feu lors des saisons hivernales, ou bien encore de profiter du sable chaud de la plage durant l'été.

Avant sa rencontre avec Jimin, Hoseok n'avait jamais réellement fait attention au fait que son cerveau avait emmagasiné tout un tas d'informations, jusqu'à les stocker jusqu'au plus profond de sa mémoire. Sans le vouloir, puisque cela provenait de toute conscience humaine, il avait collectionné tous les souvenirs de ses missions, et pas les plus heureux, sans savoir qu'un beau jour, tout remonterait à la surface pour le faire plonger dans un typhon sans fin.

Dorénavant, Hoseok se levait chaque matin en appréciant chaque moment que la vie pouvait lui offrir, sachant qu'au moindre imprévu, il serait prêt à tout abandonner pour sauver son équipe, ou ceux qu'il considérait comme sa famille. Il souriait, savait être de bonne humeur et converser comme tout homme. Cependant, lorsqu'il retrouvait enfin la douceur de ses draps, lorsqu'il laissait se décrisper tous ses muscles pour trouver le sommeil, lorsqu'il fermait les yeux...

C'est à cet instant, que tout lui revenait comme des flashs.

Autant dire que l'une de ses dernières missions, en Irak, peu de temps avant que Namjoon ne vienne le retrouver, l'avait complètement changé. A jamais.

Dans ses souvenirs, Hoseok se rappelait avoir dû se battre contre ses propres valeurs. Dans le passé, il avait déjà dû prendre sur lui, beaucoup, pour les besoins d'une mission qu'on lui avait confier. Cela dit, l'Irak l'avait presque rendu fou, pour avoir réussi à le rendre presque...inhumain.

Hoseok avait rencontré l'horreur comme il ne l'avait jamais connu, comme il ne l'avait jamais vu auparavant. Toutes les guerres étaient injustes, sauvages, et monstrueuses, mais celle-ci...

Celle-ci avait été un tourment pour sa santé psychologique.

Lorsqu'il fermait les yeux, Hoseok voyait non seulement ses hommes et ceux du camp adversaire se faire abattre en toute impunité, mais aussi, il voyait en boucle les corps de ces femmes, et pire encore, de ces enfants, si jeunes, si beaux, se faire massacrer. Que ce soit par des balles, ou encore par des décapitations sans peine en pleine place publique, ces horribles souvenirs le hantaient jusqu'à ce qu'il ne perdre son souffle, et qu'il se réveille en pleine folie.

La guerre avait transformé les hommes en des machines à tuer, avec qui l'on ne pouvait faire aucun compromis, quel qu'en soit le prix.

Hoseok avait dû faire des choix qu'il ne se pardonnerait jamais et tuer des femmes et des enfants qui pouvaient être utilisés par le camp adversaire avait été une réelle punition à ses yeux.

L'horreur de la guerre, selon Hoseok, ne pourrait jamais être exprimé entièrement et dans toute sa réalité destructrice, car elle dépendait malheureusement des actes et des décisions de chacun à un instant T qui leur avait été volé à la seconde suivante.

En acceptant la mission aux côtés de Namjoon, aux côtés de ses autres camarades qui avaient été ses frères d'armes mais aussi aussi de cœur, ainsi qu'au côtés de nouvelles recrues prometteuses, et surtout, au côtés de la personne à qui il vouait un amour inconditionnel, Hoseok avait pensé qu'il ferait quelque chose de bien, de réellement bien, avant de se retirer pour de bon de tous ces champs de batailles qui n'avaient jamais été les siens.

Pourtant, à l'instant même où il pensait à tout cela, agenouillé sur un sol froid, glissant et mouillé par une pluie incessante, une arme à la main et l'œil posé devant le viseur, Hoseok se sentait presque mourir.


*


La veille, après avoir entendu Taehyung leur donner la nouvelle invitation de Lay, Hoseok s'était retiré aux côtés de Jimin pour lui tenir compagnie jusqu'à ce qu'ils s'endorment. Ils n'avaient que peu échangés, et bien qu'il aimait autant son corps que son être tout entier, aucun d'eux n'avaient céder au plaisir de la chair.

Dans un sens qui lui avait paru presque absurde sur le moment, Hoseok s'était étrangement dit que la suite des événements pourrait être encore plus horrible que tout ce qu'il avait déjà vécu. Après avoir vu Jimin lui revenir les jambes tremblantes et l'esprit en folie, il avait expérimenté la vision de tous ces maudits flashs en pleine figure, et surtout, en étant pleinement conscient. C'est pour cela qu'il avait paru si fragile et si en colère leur de leur entretien à tous, sachant bien que pour une fois, il avait plus écouté son cœur que la raison.

Au petit matin, il avait été le premier à s'être levé, et avait fait les cent pas dans le grand salon de la maison. Il avait passé plus de deux heures à demander quelle serait la prochaine folie grandeur nature de leur ennemi, qui ceci dit, était le plus fou qu'il lui avait été donné de rencontrer durant sa carrière.

A faute de ne pas avoir trouvé de réponse, Hoseok fut bientôt rejoint par Taehyung, qui lui adressa un petit mouvement de menton comme bonjour. Ce dernier alla prendre son petit déjeuner en silence, et pendant tout ce temps, Hoseok le regarda avec ténacité.

Par le passé, Taehyung et lui entretenaient une relation très forte et fusionnelle. Comme des frères, ils s'étaient soutenus et avaient avancé, partagé dans la douleur et l'adversité, ensemble.

Taehyung aussi avait été soldat, et quand il le regardait, Hoseok se demandait s'il lui arrivait d'avoir peur, comme lui, à cet instant. Sans nul doute que Taehyung était un homme puissant, mais lui aussi devait tenir à quelque chose, ou quelqu'un, qui maintenait son courage avec autant de hargne pour avoir envie de confronter la folie de Lay jusqu'au bout.

En somme, leur mission faisait écho à Hoseok comme les horreurs de la guerre, une guerre qui ne serait pas planétaire ou mondiale, une guerre qui ne concernait qu'eux, pris au piège entre des forces dont ils ne connaissaient encore rien pour les combattre de front.

Un peu plus tard dans la journée, toute l'équipe se rejoignit dans le grand salon pour discuter à propos de leur rendez-vous de minuit. D'abord, ils leurs fallut revoir l'ensemble de leurs informations, tenant compte du fait que Lay trouverait certainement le moyen de se venger pour la petite escapade non prévue de ses invités. Hoseok était resté muet, mais il avait hoché la tête à plusieurs reprises lorsque Namjoon leur intima que leur ennemi cherchait à les mener en bourrique, à jouer de leurs faiblesses pour les rendre fou.

C'était une technique comme une autre, mais Dieu seul savait à quel point elle pouvait être destructrice lorsqu'elle fonctionnait. De cette réflexion naquit une seconde hypothèse, menant au fait que peut-être, Lay détenait des informations de la part d'un infiltré ou de quelque chose dans ce genre. Revint alors sur le tapis la présence du fameux Shinigami dans toute cette équation floue et absurde, mais aucun membre de l'équipe n'osa spéculer.

Seul Yoongi souffla, mécontent à l'idée de ne pas encore avoir pu dénicher les informations manquantes à son sujet. Pourtant, lorsqu'il vit Jungkook se dandiner sur sa chaise à cette évocation, il le toisa avec inquiétude et curiosité, levant ensuite les yeux au ciel pour avoir pensé à une chose tout à fait incongrue.

Après cette réunion qui dura plus de deux heures, chacun alla se préparer à sa façon, et pour Hoseok, cela rima avec tir. Lorsqu'il se retrouva devant ces cibles qui apparaissaient et disparaissaient sans cesse, l'arme en main et sérieux comme jamais, il se surprit à se déconcentrer à chaque fois, manquant sa cible de peu.

Après trente minutes de tir sans arrêt, il passa une main sur son visage et se décida à se rafraîchir, quand une petite voix lui vint jusqu'à ses oreilles.

— Tu ne dois pas douter de toi, indiqua Jimin.

Ce dernier était accompagné de sa nouvelle et inséparable amie, qui regardait le tireur d'élite avec compassion.

— Jimin a raison, Lay essaye de jouer avec nos nerfs, tu sais.

— Je vais très bien, souffla Hoseok, sans les regarder.

— Tu as le droit d'être fatigué toi aussi, continua Jimin en le rejoignant. Eh, regarde moi...

Pour se faire entendre, Jimin attrapa sa joue et fit pivoter son visage dans sa direction. Il était difficile pour le petit voleur sans prétention qu'il était de dénicher les sentiments cachés du grand soldat que pouvait être Hoseok, mais à cet instant, il le sentit si en colère, que cela lui fit un pincement au cœur.

— Tu as peur ?

— Jimin...

— Hobi, je te pose une question très sérieuse. Est-ce que tu as peur ?

— Je n'ai pas peur de lui.

— Alors dis moi ce qu'il se passe.

— J'ai...j'ai peur pour...pour toi, avoua doucement le tireur d'élite.

— Vivre sans peur serait être un monstre, ajouta Jessy qui vint s'appuyer sur les épaules de Jimin.

— Jess à raison, nous sommes humains Hoseok, et personne ne peut jamais être à la hauteur tout le temps. Nous avons tous des faiblesses ici, mais nous nous connaissons bien maintenant, nous connaissons les points faibles mais aussi les points forts des uns et des autres, et je sais qu'on peut compter sur toi.

Pendant un instant, Hoseok croisa le regard de Jimin, touché, voir même presque troublé par ses paroles, avant que son regard ne se redirige vers Jessy.

— Dans ces cas-là, Lay est le pire monstre que j'ai jamais rencontré. Vous lui en trouvez, vous, des points faibles ?

La question du tireur d'élite laissa ses deux vis-à-vis perplexes, mais avant qu'ils ne puissent dire quoi que ce soit, la porte de la porte qui menait à la salle de tir se fit entendre, et laissa entrer un personnage que personne n'aurait imaginé ici.

D'un seul regard, le nouveau venu dissuada Jimin et Jessy de rester, et attendit d'abord qu'ils s'en aillent, avant de se rapprocher de Hoseok, qui avant qu'il disparaisse, regarda une dernière fois son amant, avant de reprendre son arme et de se replacer dans son couloir.

Voyant que le tireur d'élite s'était remis à sa tâche, son nouvel invité se décida à le suivre et fit de même, attrapant alors un casque, une arme, et se plaça dans le couloir voisin.

Pendant les dix minutes qui suivirent, on ne put entendre que le bruit des balles qui touchaient leur cibles, mais encore une fois, Hoseok en loupa quelques unes, et las ou peut-être en colère contre lui-même, il attrapa son casque et le retira de ses oreilles, le posant agressivement sur le petit rebord qui lui faisait face.

— Qu'est-ce que tu veux, Taehyung ?

Tenant son viseur droit devant ses yeux, le noiraud l'abandonna enfin, et retira délicatement son casque.

— Je voulais te parler.

— On ne s'est presque pas adressé la parole depuis le début, alors pourquoi maintenant ?

— Parce que les temps sont durs.

— Et quoi ? relança Hoseok, irrité.

— C'est ce qu'on avait l'habitude de faire, pas vrai ?

Hoseok ne put empêcher un rictus.

— Ouais, avant que tu te décides à nous tourner le dos.

— Je n'avais pas le choix.

— Parce que tout à toujours tourner autour de cette notion, Taehyung ? Les choix ? Tu as toujours agi selon des choix, ou as-tu seulement déjà agi parce que tu avais envie de le faire ?

— Hoseok, commença Taehyung d'un ton neutre, je comprends que tu sois en colère et que tu puisses avoir peur, mais cette mission ne nous concerne pas seulement nous et...

— Oui, tu as raison, elle ne nous concerne pas seulement nous. A la base, je pense même qu'elle ne me concernait pas moi, tout court. Mais j'ai accepté, j'ai accepté parce que...

Perdant peu à peu le fil de sa pensée, la phrase de Hoseok se termina presque dans un murmure, et déçu de lui-même, il passa une main contre son front et alla s'asseoir, sentant sa tête lui jouer des tours. Il était fatigué, et la simple idée de devoir encore affronter l'inconnu ce soir le mettait dans une rage folle. Tout ce qui avait pu être partagé pendant leur réunion de la matinée l'avait retourné, et ce n'est pas qu'il avait peur, mais qu'il appréhendait la suite des événements.

Peut-être que Taehyung l'avait compris, c'est pourquoi il s'avança jusqu'à lui, et prit place à ses côtés, gardant tout de même une petite distance entre eux, pour ne pas envahir son espace personnel.

— Tu avais raison, reprit Taehyung d'une voix grave. Tu avais raison sur ce qui pouvait être essentiel. Nous devons nous préparer à toute éventualité.

Hoseok ne répondit pas, mais il gardait ses oreilles grandes ouvertes. Il avait toujours rare d'entendre Kim Taehyung vous dire en toute honnêteté que vous aviez raison. Dans le passé, il lui était arrivé de la taquiner pour ça, mais aujourd'hui, c'était un sentiment différent qui le traversait.

— Je suis venu te parler, car je l'ai fait avec tous les autres. Je ne te demande pas de me faire confiance, seulement de me croire lorsque je dis que Lay est un ennemi imprévisible. La plupart d'entre nous sommes entraînés et nous savons quels sont les risques. D'autres l'imaginent, seulement, sans vraiment savoir ce qui peut les attendre. C'est pour cette raison que je voulais te dire que...Que je voulais te dire que je croyais en toi.

Surpris, Hoseok releva la tête qui était jusqu'à la appuyé sur ses paumes, ses coudes enfoncés sur ses cuisses.

— Tu ne l'as jamais dit, mais j'ai toujours su que tu souffrais. On riait beaucoup à l'époque, on trouvait toujours le moyen de rendre les choses moins graves le temps d'un instant, pour tenir le coup. Je sais à quel point tous ces souvenirs peuvent faire mal, et comme toi, Namjoon, Yoongi et moi vivons tous les jours avec. Pourtant, tu es le mec torturé le plus fort que je connaisse, et te voir perdre le contrôle hier...Namjoon s'en est inquiété, et j'ai été le premier.

— Peut-être que j'suis pas aussi fort que tu le croyais.

— Tu te trompes, le corrigea Taehyung.

Un silence s'installa entre les deux soldats, peut-être fut il trop long et trop important pour que la discussion ne reprenne son cours, et alors, Taehyung se leva et se dirigea vers la sortie.

— Nous partirons pour le port à vingt-deux heures trente. Si ma mémoire est bonne, tu as toujours aimé étudier le terrain en avance.

— Ta mémoire est bonne.

Hoseok ne le vit pas, mais Taehyung eut un léger sourire, et lorsqu'il ouvrit la porte, il souffla :

— Cette mission nous demande de toujours nous tenir prêt à n'importe quelle éventualité. Nous avons tous et toutes un rôle à jouer, en plus de ceux que nous avons créés. Et le tiens à toujours été d'être celui qui avait la tête sur les épaules. Alors...je compte sur toi.

Taehyung quitta Hoseok sur ces derniers mots, qui trouvèrent refuge dans le cœur du tireur d'élite.

Taehyung était fort, mais comme tout homme, il avait ses faiblesses. Et ce que Hoseok avait toujours pensé, était que les siennes ne se trouvaient pas dans ses actes.

Mais plutôt, dans son cœur.


*


Pour ne pas attirer l'attention, l'équipe décida de se rendre au port en deux voitures. Dans la première se trouvait Taehyung et ses fausses compagnie, ainsi que Jungkook, qui ne le quittait plus d'une semelle et de Hoseok, qui avait tenu à être aux côtés de Jimin sur le chemin. Dans la deuxième, Seokjin avait prit le volant et s'était tût tout du long, plus préoccupé par les regards que lançait Namjoon et Yoongi à travers les vitres que par sa propre route.

Le port de Yokohama se situait à quarante kilomètres au sud de Tokyo. Étant la deuxième ville la plus peuplée du Japon, il était presque évident que Lay y est établi refuge pour ces petites affaires, d'autant plus lorsqu'on savait que la capitale de Kanagawa abritait le plus grand quartier chinois du pays. C'était une ville prospère, qui même après avoir connu des raids aériens à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, fut reconstruite et figurait désormais parmi les plus grands ports du monde.

En somme, le port de Yokohama n'était pour Lay qu'un immense terrain de jeu, en plus d'être une mine d'or tournée vers l'expatriation de ses business.

En arrivant au lieu de rendez-vous proposé par leur ennemi, Hoseok fut le premier à mettre pied à terre, et son premier réflexe fut de jeter un œil un peu partout, scannant et analysant le moindre recoin qui lui était permis de voir. De là où il se situait, il ne pouvait voir que la baie vaste, ainsi qu'un pont menant à une usine gigantesque, quelques quais à conteneurs et des grues, au loin.

— Colonel, ici Lieutenant, tu me reçois ?

— Lieutenant, ici Colonel, reçu. Quelle est votre position exacte ?

— Quarante cinq degrés nord-ouest, je me fis à la baie est à la grue à ma gauche.

— Reçu, nous ne sommes pas loin. Qu'est-ce que tu vois ?

— A part la baie, un pont, une grande usine, quelques quais à conteneurs et des grues au loin, dont une à ma gauche, ras. Et vous ?

— Reçu. Nous sommes près des grues les plus lointaines. Ici, six navires porte-conteneurs, des entrepôts, ainsi que quelques nouveaux aménagements destinés aux habitants, je pense.

— Nous attendons notre cible, je coupe mon canal mais je saurais t'entendre.

— Reçu.

Après avoir échangé quelques mots avec Namjoon, Hoseok coupa son canal et en se retournant, partagea une œillade inattendue avec Taehyung. Après tout, lui aussi avait été soldat, alors il avait dû étudier le terrain de la même façon.

Au final, le lieu de rendez-vous n'était qu'un gigantesque terrain vague, sans danger aux premiers abord, mais encore fallait il en être certain. Ainsi, la petite équipe attendit sagement l'arrivée de leur hôte qui finit, une nouvelle fois, par les surprendre, en se montrant perché sur un énorme conteneur bleu foncé.

— Et bien, et bien...mes amis, annonça Lay, fier.

Bien qu'il était un homme perfide et sanglant, Lay détenait une classe certaine qui se détachait de son personnage, ce qui avait le don de tendre les nerfs du tireur d'élite. Il se tenait toujours droit avec un sourire aux coins des lèvres, comme s'il détenait la vérité vraie entre ses mains, et surtout, le destin de chacun.

— Je vois que tu sais toujours être ponctuel, Kimi. Cela a toujours été un atout que j'aimais chez toi.

Gonflant ses poumons de tout l'air ambiant qui l'entourait, Taehyung prit sur lui pour ne pas riposter. Une envie brûlante de le remettre sa place lui caressait la gorge, mais il savait que si leur ennemi les avaient fait venir jusqu'ici, ce n'était pas seulement pour parler affaire. Autrement, il les aurait simplement fait venir jusqu'au casino, qui était sa planque la plus sûre.

— Je vous en prie, venez, venez, leur indiqua Lay.

Avant qu'ils ne puissent bouger un pied, la petite équipe se fit encercler par les hommes de leur ennemi, qui les menèrent malgré eux jusqu'à leur hôte, qui les reçut, les mains croisées dans le dos.

— Il fait bon, n'est-ce pas ?

— Nous n'avons pas fait tout ce chemin pour parler de la pluie et du beau temps, grogna presque Taehyung.

C'était plus fort que lui.

— J'ai toujours aimé la nuit, Taehyung. La nuit est un moment propice à tant de choses que l'on ne peut réaliser sous la lumière du jour. La nuit sait garder les secrets, et les morts silencieuses.

Voilà que déjà, Lay instaurait une atmosphère malsaine.

Derrière Taehyung, Jimin serrait la main de Jessy du plus fort qu'il pouvait, ressentait des genres de picotements horribles lui parsemer le dos. La simple idée de se retrouver en présence de Lay le rendait nerveux, et certainement avait-il encore besoin de temps pour se remettre de leur dernière rencontre. Il savait qu'à tout moment, la situation pouvait dégénérer, et s'il avait pu en sortir une fois indemne aux côtés de Jungkook, il n'arrivait pas à se convaincre qu'une deuxième chance lui serait donnée.

De chaque côté des deux amis, Hoseok et Jungkook se tenaient droit comme des piquets, les bras croisés dans le dos et l'oreille attentive.

Chaque membre de l'équipe jouait de son sang froid afin de se tenir prêt à toute éventualité. C'est ce que leur avait dit Taehyung avant de partir, leur faisant promettre de ne rien laisser entrevoir de leurs émotions, jusqu'à la fin.

Cela dit, Lay n'en rajouta pas plus et sembla apprécier la légère brise, les yeux mi-clos et le visage tendu vers la baie. Puis, vint le moment où il finit par se retourner vers eux, le visage presque serein, faisant signe à Taehyung d'avancer. Soudain, et sans que personne ne puisse le voir, il fit congédier tous les autres, qui furent contraints de descendre et de s'éloigner du conteneur.

Seuls, les deux hommes n'échangèrent que peu de mots, et Lay fut celui que mena la danse, parlant de choses presque futiles, ou glorifiant encore et toujours les mérites et les profits de ses marchés. Au bout de quinze minutes, quelques-uns de ses hommes réapparurent, d'abord avec deux mallettes, puis d'autres, avec des armes.

Comprenant que le vent venait de tourner, Taehyung pressa ses lèvres entre elles et se retourna, surpris de voir son équipe de nouveau présente à ses côtés. Ceci dit, il les compta un à un, fronçant enfin les sourcils lorsqu'il remarqua qu'un élément manquait à l'appel.

Ne pouvant parler à voix haute, il dut s'armer de patience pour que Hoseok où Jungkook le regarde, et fin, l'un deux capta son regard et le noiraud mima le nom de "Jessy" sur ses lèvres. D'abord décontenancé, Jungkook fronça des sourcils et passa la langue contre sa joue, se rendant bien vite compte qu'on avait réussi à les duper.

Tout le monde était là, tous, sauf la seule femme de leur équipe, qui avait tout bonnement et magiquement disparue.

— On dirait que quelque chose ne va pas, Kimi ?

Saisissant l'enjeu de la situation, Taehyung prit sur lui, sachant qu'il détenait alors la vie de l'un de leurs dans ses mains et se retourna face à son vieil ennemi.

— Ecoute, que les choses soient claires. Je ne suis pas venue pour jouer à cache cache. Dis-moi où est Jessy.

— Qui a dit que nous allions jouer à cache cache ? s'étonna presque Lay, un air enfantin sur son visage.

— Zhang, s'impatienta le noiraud.

— Très bien, très bien...tu as gagné. Mais avant de répondre à ta question, laisse moi vous en poser une, à tous.

Contraint de jouer à son jeu puéril, Taehyung prit sur lui, encore, et lui lança un regard noir.

— Aimez vous la chasse ?

La première réaction de tous fut de faire la grimace. Nul ne comprenait pourquoi Lay posait cette question, tous, sauf Taehyung, qui commençait à voir venir l'orage au loin.

— Je n'ai jamais aimé me cacher. Pourquoi le faire moi-même lorsque d'autres le peuvent à ma place ? Et puis, ce n'est jamais drôle lorsque rien n'est en jeu, vous ne pensez pas ?

— Qu'est-ce que...commença à murmurer Jimin, tremblant aux côtés de Hoseok qui peinait à le tenir droit.

— Toi, annonça Lay en pointant Jungkook du doigt. Approche.

Soufflant dans un rictus et passant la langue contre sa joue, Jungkook s'apprêtait à avancer mais Hoseok le fit à sa place.

— Je serais votre homme.

Avant qu'il ne puisse parler, Jimin se vit retenir en arrière par la poigne ferme de Jungkook qui dut le maintenir pour ne pas qu'il se mette en danger. Nul ne savait jusqu'où pouvait aller la folie de Lay, mais même ayant cela en tête, Hoseok refusait de voir encore un de ses compagnons souffrir, pas quand il avait l'opportunité de se sacrifier lui-même.

Foi de soldat, certainement.

Néanmoins, Lay le vit s'approcher avec détermination, lui-même portant une grimace sur son visage. Jusqu'alors, il ne l'avait jamais vu s'interposer, voire même parler à voix haute. Surpris, mais pas moins déçu, il le laissa avancer jusqu'à ce qu'il ne se poste aux côtés de Taehyung.

D'un seul geste, et fixant Hoseok droit dans les yeux, Lay fit intervenir l'un de ses hommes de mains, le plus tatoué des deux, qui vint apporter une arme au tireur d'élite. Étonné, ce dernier se vit l'accepter sans broncher, bien que peu rassuré avec cette chose en main.

Hoseok le savait, arme n'avait jamais rimé avec paix.

— Sais-tu utiliser ceci ? lança Lay en pointant l'arme du bout du menton.

Baissant les yeux sur le fusil à lunette qu'il tenait dans les mains, Hoseok ne put s'empêcher de rire dans un rictus.

— C'est mon métier.

— Intéressant, sourit malicieusement Lay. Dans ce cas, il est temps de nous prouver ta valeur. Prépare le avec les munitions qui sont ici, dit Lay en lui faisant glisser une mallette avec le bout de sa chaussure. Je te donne cinq minutes avant de te mettre en place, juste ici, finit-il en pointant le bord du conteneur, ou l'on avait posé un petit trépied qui servirait de support.

Jetant tout de même un œil à Taehyung avant d'obéir, Hoseok abdiqua, et fit ce qu'on lui avait demandé. Il ne lui fallut qu'une minute, l'angoisse et le stress jouant leur rôle, pour être prêt, finissant par se positionner comme s'il s'apprêtait à se lancer au combat.

Derrière lui, il ne put voir Jimin se couvrir la bouche de ses deux mains, ainsi que Jungkook qui le retenait encore d'un bras, de peur qu'il ne coure vers son amant pour le protéger d'une quelconque attaque mesquine.

— Bien, on dirait que tu as tout de même des éléments qui savent écouter les ordres lorsqu'on leurs en donne, Taehyung.

Un regard glacial fut échangé entre les deux hommes, avant que Lay ne frappe soudainement dans ses mains, mettant en l'alerte l'ensemble de ses hommes. Il se passa une minute, puis deux, pendant lesquelles Taehyung et Jungkook aux aguets ne virent rien changer, jusqu'à ce qu'ils n'entendre Hoseok murmurer presque d'effroi :

— Bordel de merde...

Toujours dans l'incompréhension, le premier réflexe de Jimin fut de se rapprocher un peu plus du rebord, soutenu par Jungkook qui eut juste le temps de le retenir avant qu'il ne trébuche. Aussi, Taehyung les imita, et découvrit dans l'immense cour vaste qui leur faisait face, une dizaine de personnes menottées, parfois cagoulés, certains même pas mal amochés, mais surtout...celle qui leur manquait à l'appel.

— Que la chasse soit ouverte ! hurla Lay dans la nuit, comme si sa voix avait pu faire écho entre des murs inexistants.

Comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête, Hoseok comprit alors qu'il n'avait pas d'autre choix que de jouer le même jeu que son ennemi. A vrai dire, il n'avait aucune idée de ce qui pourrait se passer s'il décidait d'en faire autrement, mais ce dont il était certain, était que la tête de son équipe et pour la plupart, ses amis, son amant, se retrouvaient entre ces mains.

— Les règles sont simples, reprit Lay en se positionnant droit, attendant sagement qu'on lui apporte une paire de jumelles. Ce que tu vois, juste en bas, ce sont tes cibles. Je me suis dit qu'avoir des choses inertes et sans vie serait moins exaltant. Ton seul et unique but est de les toucher, et quand je dis toucher, je parle du fait de les voir à terre. Si on ne voit pas de sang, ça ne compte pas.

— Tu nous as tendu un piège, marmonna Taehyung, en colère.

— Quoi, Kimi ? J'ai toujours aimé la couleur rouge. Je trouve que sans elle, le monde est un peu moins beau. Enfin, reprenons, souffla t-il en dirigeant son attention vers Hoseok. Tu n'as aucune limite de temps impartie, seulement, je n'aime pas que les choses traînent.

— Et si je refuse ? peina à dire le tireur d'élite, l'œil toujours contre sa lunette.

— Si tu refuses, c'est lui que je tue, annonça Lay.

Avant que personne ne le voit venir, un de ses hommes de mains attrapa férocement le bras de Jimin et lui posa le canon contre sa tempe. Effrayé, le voleur ne put lâcher un seul mot, manquant presque de s'étouffer lui-même.

Hoseok jura dans un rictus, heureusement, il fut le seul à l'entendre, et pressa ses deux lèvres entre elles. Cet enfoiré savait réellement comment les rendre nerveux, et jouait avec leurs sentiments. Il ne pouvait pas savoir ce qui le reliait à Jimin, mais il avait été assez observateur pour comprendre que leur lien était fort et important.

Que pouvait il bien faire ?

Tous étaient cernés de part et d'autre des conteneurs, et même si Namjoon, Yoongi et Jin se trouvaient un peu plus loin, leur faire référence reviendrait à les mettre en danger. Sur ce coup là, Hoseok comprit qu'il était seul, et qu'il ne pouvait compter que sur les regards insistant de ses camarades ici présents pour le soutenir.

Après avoir repris son souffle, il ferma les yeux, et fit ce qu'il faisait toujours avant chaque combat. Il lui fallait retrouver son calme, faire le vide total de son esprit. Pour ce faire, il s'imaginait dans un gigantesque trou noir, figeant son attention sur l'ensemble de ses sens. Chose faite, il lui fallait imaginer un point d'ancrage, quelque chose qui lui permettrait de se reconnecter au monde réel au moindre faux pas, pour continuer d'agir.

Il ne comprit pas pourquoi ce fut l'image d'un joyeux souvenir qu'il avait partagé avec Taehyung près d'un feu qui lui vint. D'habitude, il pensait à Jimin et à son beau sourire, Jimin et sa si jolie voix lorsqu'il lui offrait tout le plaisir qu'il méritait. Mais aujourd'hui, il fallait croire que son cœur en avait décidé autrement.

Peut-être était ce le résultat des paroles qu'ils avaient échangées plus tôt, qu'importe, Hoseok n'en fit pas cas et accepta sans broncher, cette vision qui serait son ancre.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, Hoseok était comme pris dans une bulle. Il n'y avait plus que lui, et son arme qu'il visualisait comme le prolongement de son bras et de sa main. Dans sa lunette, il prit quelques secondes pour analyser chaque victime de ce jeu merdique, remarquant que certains étaient déjà assez mal en point.

Il était hors de question pour Hoseok de se battre pour une guerre qui n'était pas la sienne, mais comme il se devait de sauver son équipe, il lui fallait trouver une solution. C'est ainsi qu'il décida qu'il serait plus facile de faussement blesser ceux qui souffraient déjà. Dans la logique des choses, s'il visait bien, il réussirait à les faire tomber et par miracle, leurs blessures déjà ouvertes feraient l'affaire.

Convaincu, Hoseok se lança.

Tel le professionnel qu'il était, il trouva la meilleure position pour tirer, et trouva sa première victime. Au moment de tirer, il murmura un faible "pardon", et quelques secondes plus tard, vit l'homme qu'il avait visé tomber au sol.

Il n'était pas mort, non. Juste blessé.

Alors, Hoseok attendit, et lorsqu'il vit le liquide rougeâtre s'écouler d'une blessure que l'homme avait déjà, il s'écarta de son arme et lança un regard à son ennemi.

De son côté, Lay ne laissait rien transparaître si ce n'était de la déception. On aurait dit qu'il boudait comme un enfant l'aurait fait. Puis, de la déception vint la colère, et alors, il s'approcha lentement, très lentement, jusqu'à s'abaisser aux côtés de Hoseok et de lui attraper ses cheveux à la racine.

Derrière eux, Jimin, bien que cible proche de la mort, ne put s'empêcher de couiner. Il détestait cette position qui le rendait si faible, et priait pour que Taehyung ou Jungkook n'intervienne. Le problème était que ni l'un, ni l'autre ne semblait vouloir bouger.

Si Jungkook ne quittait pas des yeux celui qui maintenant l'arme contre la tempe du voleur, comme prêt à lui sauter dessus à n'importe quel moment, Taehyung, lui, regardait Lay avec des éclairs dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu n'as pas compris, dis-moi, cracha presque Lay dans les oreilles de Hoseok.

— Vous avez dit que le sang devait cou-couler, se débattit le tireur.

— C'est ce que j'ai dis, mais aurais je oublié de te dire que la triche n'était pas permise dans ce jeu ?

Le visage de Hoseok fut habillé d'une grimace sans pareille, et faisant les gros yeux, il comprit que son petit plan venait tout simplement de tomber à l'eau.

— Je veux les voir tomber et geindre de douleur, voilà ce que je veux. Tu as le choix, soit eux, soit lui, ajouta Lay en lançant un rapide coup d'œil à Jimin.

Mis aux pieds du mur, Hoseok partagea alors un regard avec Taehyung.

Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, Hoseok fut de nouveau pris de ce flash apaisant qui le fit retomber dans les souvenirs du passé. Tout commença à se mélanger, et sa tête devenait le véritable champ de bataille. Alors, conscient que son ami jouait bien trop gros pour lui, Taehyung siffla pour attirer son attention.

— Tout ce que je te demande, c'est de tirer, Hoseok.

Bien trop conscient du fait qu'il était forcé à agir contre sa volonté, Hoseok fit la grimace et reprit son arme en main, cibles en vue.

— Voilà ce qu'on appelle un bon toutou, lui chuchota presque Lay, toujours à ses côtés.

Rafflant à nouveau la surface où courait de droite à gauche ses cibles, perdues ou déboussolées, Hoseok sentait son cœur battre fort, trop fort, dans sa poitrine et ce n'était pas tout, il avait aussi la pression du souffle chaud de son ennemi à sa gauche, qui ne lâchait plus d'une semelle.

Lui, semblait se délecter de la réactions de ces pauvres gens qu'on avait envoyé jouer le gibier à chasser, comme s'il était prêt à ramener un trophée à la maison. Cette idée était tellement absurde et tordue, que Hoseok eut du mal à avaler sa propre salive.

Derrière sa lunette, le tireur d'élite pouvait voir son amie paniquée peu à peu. Après tout, il ne connaissait pas toute l'histoire de sa vie, et se demandait d'où pouvait venir son self-control. Pourtant, il était sur d'une chose, jamais Jessy n'avait pu faire face à ce genre de scénario. Contrairement à lui, elle n'avait peut-être jamais fait l'expérience de la mort prête à toquer à votre porte en moins de cinq minutes pour le croire.

— Je vois que tu hésites encore, laisse moi donc t'aiguiller, lui glissa Lay en se rapprochant comme si ce n'était pas assez. Tu vois, cet homme, le plus à gauche aux poings liés et aux genoux en sang...Il gérait jusque là tout un tas de sous réseaux de prostitution sous mes ordres. Peut-être que tu pourrais me dire que grand bien te fasses, mais serais tu toujours du même avis si je te disais qu'il même aller jusqu'à enlever des enfants pour en faire les stars de son business ?

La mâchoire serrée, Hoseok tentait de rester calme.

Lay avait vu clair dans son jeu, et s'il avait compris qu'il avait triché, il avait aussi compris que le tireur d'élite était un homme qui avait un cœur, et qui n'aimait pas décidé de la valeur d'une vie. Cela dit, lorsque des informations comme celles-ci parvenaient à ses oreilles, tout comme lorsque l'on détaillait tous les méfaits de ses ennemis au soldat qu'il était, Hoseok ne pouvait en faire abstraction.

Comment des Hommes comme lui pouvait faire des choses pareilles ?

Oui, comment les Hommes pouvaient ils être si mauvais ?

La réponse ne tomberait pas du ciel, Hoseok le savait, mais encore une fois...Qui était il pour détenir le pouvoir de juger la vie d'un autre ?

— Voyons, voyons...L'autre homme là-bas, à sa droite, continua Lay. Lui est un gros poisson, il participait aux échanges de notre réseau de drogues. Il n'a aucune foi en l'humanité et n'a pas hésité à tuer des familles entières dans le but de recevoir l'argent qu'on lui devait.

Hoseok se demandait souvent si être soldat était être la justice.

La justice était ce qu'elle était, et il fallait savoir que l'idéal du juste avait toujours été indissociable de l'activité même de juger. Si elle s'éprouve dans la tension qui sépare l'injuste du juste et dans l'acte par lequel on la rend, pouvait elle toujours mobiliser un ensemble de règles, de statuts ou même de discours dans tous les types de situations ?

Oui, Hoseok savait qu'être soldat vous préparait à beaucoup de choses, mais jamais à juger.

Être soldat n'était pas être Dieu, et pourtant, un tas d'autres personnes comme lui travaillait pour un Etat et allait combattre pour un camp. Mais chaque camp avait ses idéaux et ses principes. Si le premier se battait contre l'injustice du deuxième, celui-ci pouvait aussi avoir ses propres avis sur la question, et alors, l'autre camp devenait lui-même fautif.

Jamais dans un moment pareil, Hoseok ne s'était posé autant de questions.

— Alors, aurais tu peur ? le bouscula Lay. Tu n'as jamais tué personne ?

Serrant les dents, son attention toujours fixée sur ces cibles, Hoseok répondit faiblement :

— Si, assez pour m'en sentir coupable.

— Coupable ? Ah !

Soudain, Lay se mit à rire à gorge déployée.

— Tu crois réellement que la justice à un sens dans notre monde ? Mon pauvre garçon, nous avons chacun notre propre justice. Celle que l'on vend aux sociétés dans lesquelles on vit est trop idéaliste pour se suffire à elle-même. Penses tu vraiment que ces hommes méritent encore de vivre après ce que je t'ai dis ?

Hoseok ne répondit pas.

— Personne ne peut prétendre n'avoir jamais rien commis d'irréparable. De ce fait, la justice n'est qu'un leur. Encore plus pour des gens comme nous. Nous créons notre propre justice et notre propre façon de gouverner, c'est ainsi que nous devenons plus forts et que nous gardons le contrôle.

— Ce n'est pas vrai, chuchota presque Hoseok.

Levant les yeux au ciel, Lay reprit ses jumelles et tomba alors sur la silhouette de Jessy qui peinait à retirer les cordes qui lui liaient les poignets.

— Et elle, alors ? Que peut-on dire sur elle...Elle aussi à une histoire, et je serais prêt à parier qu'elle est loin d'être vierge de méfaits.

Ressentant que le jeu allait trop loin, Taehyung s'avança quelque peu et dit d'une voix rauque et autoritaire :

— Tu vas trop loin.

— Pardon, Kimi ?

— Ça suffit. Si tu veux punir tes larbins, fais le toi-même. Ne mêle pas mes hommes à tes activités de psychopathe antipathique.

— C'est que tu deviendrais presque amusant, Taehyung, lui sourit Lay en délaissant ses jumelles. Mais tu as oublié que tout ce qui est à toi, est aussi à moi. De ce fait, ce jeune homme...dit-il en le poussant légèrement du bout de sa chaussure, devient également un des miens si je le décide.

— Ce n'est pas dans notre contrat.

— Quel contrat ? As-tu le souvenir d'avoir signé quoi que ce soit qui puisses te permettre de juger mes paroles ou mes actes, Taehyung ?

— Peut-être pas, mais j'ai assez de pouvoir pour t'en empêcher.

— Toi...? dit Lay dans un rictus. Toi, du pouvoir ? Dans ce cas, montre moi toute son étendue.

D'un geste de la main, Lay fit avancer l'un de ses hommes qui s'avança assez prêt de la bordure du conteneur pour viser Jessy.

En moins d'une seconde, avant que cet homme ne puisse tirer, Hoseok fit retentir le bruit de sa propre arme dans les airs. Il l'avait fait, il venait de viser juste et droit dans la jambe gauche du premier homme que Lay lui avait décrit.

Alors, le concerné tomba au sol et hurla de douleur, contenant du mieux qu'il pu le sang qui commença à s'en écouler.

Cette fois-ci, Hoseok ne l'avait pas juste éraflé.

— Voilà ! s'écria Lay, heureux.

— Ça suffit maintenant, insista Taehyung, prêt à en découdre.

Lay fit claquer sa langue contre son palais, et alors, ses deux hommes de mains se jetèrent sur Taehyung pour le maintenir. Derrière lui, Jungkook s'apprêtait à intervenir à une vitesse folle, avant qu'on ne lui attrapa les deux bras sans qu'il ne le voit venir.

Putain, c'est à croire que cet enfoiré à des ombres pour larbins, pensa t-il.

— Et si on continuait de jouer, hm ? proposa Lay, sans attendre de réponse.

Il n'adressa aucun regard à Taehyung qui se débattait dans les bras de ses hommes et vint de nouveau s'agenouiller aux côtés de Hoseok.

— Revenons en à ton amie, tu veux ? Tu ne penses pas qu'elle aurait des vues sur ce beau spécimen à l'on pourrait faire éclater la cervelle ?

Comprenant qu'il parlait de Jimin, Hoseok sentit ses membres se tendre à nouveau.

— Je les ai vu se tenir la main, j'ai vu leurs regards...Je ne suis pas con, mon garçon. J'aime peut-être l'extravagance et le risque, mais je sais être un fin observateur. Leurs regards ne trompent pas...

— Ne l'écoute pas ! hurla Taehyung à son ami.

— Pour pimenter les choses, je te propose un marché. Elle, ou eux.

Les mains crispées autour de son arme, Hoseok sentit son cœur loupé un battement. Et alors, il se mit à calculer.

Au vue de la position dans laquelle il était, il lui faudrait cinq secondes pour se retourner et tirer droit dans la tête de Lay, ainsi qu'un laps de temps de deux ou trois secondes pour tirer sur l'homme qui maintenait l'arme contre la tempe de Jimin. Même en arrondissant tout cela autour des dix secondes, Hoseok comprit bien vite qu'il ne pourrait peut-être pas sauver tout le monde, sans parler du fait qu'il se mettrait en danger lui-même.

— Bien...ça n'as pas l'air d'être assez. Et si on disait...Elle, contre Jimin ?

— Hoseok, ne fait pas ça ! hurla de nouveau Taehyung.

— Fais-le, et tu épargneras bien des victimes.

— Hoseok, écoute moi, tu dois m'écouter, continua Taehyung.

— Je te laisse cinq secondes.

Hoseok ferma les yeux.

— Quatre.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit Jessy dans son viseur.

— Trois.

Il vit son regard déterminé, comprenant qu'elle aussi avait dû sentir que la situation devenait bien plus sérieuse qu'ils ne l'avaient imaginé.

— Deux.

Hoseok approcha son doigt de la détente.

— Un.

Soudain, un boom.

Le bruit du tir laissa tout le monde sans voix, même Taehyung, qui cessa de se débattre.

Quelques secondes passèrent, puis l'on entendit plus que le bruit du rire ignoble de Lay retentir dans la nuit.

— Ca alors !

Il frappait dans ses mains, comme s'il venait d'assister au clou d'un beau spectacle.

— Alors comme ça, on rate sa cible mon ami ?

Un soupir de soulagement traversa les lèvres de Taehyung, mais aussi de Jimin, qui en avait presque oublié le canon glacial qui résidait toujours contre sa tempe.

Hoseok, lui, avait le visage crispé, plus tendu que jamais, sachant mieux que personne ce qu'il venait de faire. Il avait été prêt à tout pour sauver la peau de ceux et celui qu'il aimait, et surtout, il avait été prêt à sacrifier l'une des leurs. Seulement, son cœur avait battu un peu trop vite et trop fort, et de ce fait, il avait raté sa cible en toute beauté.

Peut-être que finalement, toute son angoisse avait été une réelle chance.

Après tout, qui était il pour juger.

— Faites monter la pute de Kim, indiqua Lay à ses hommes.

— Si tu touches à un seul de ses cheveux, grogna Taehyung tout en se débattant de nouveau.

— Je crois malheureusement que tu n'as toujours pas compris, Kimi...La vie d'une simple poupée serait elle plus importante que celles de tes amis ?

— Je t'interdis de parler d'elle de la sorte Zhang, tu entends ?

Lorsque Jessy fut de retour sur le conteneur, on lui retira ses liens et, libre, elle tenta malgré tout de courir jusqu'à Jimin, qui lui lança un regard méfiant l'air de dire de ne pas s'approcher. Mais avant qu'elle ne l'atteigne, elle fut elle-même retenue par un autre chien de l'ombre.

— Et si on faisait un nouveau jeu, hm ? demanda Lay.

Il se retourna vers Hoseok, qui avait fini par se relever sur ses deux pieds, aux aguets et le visage toujours habillé par une terrible grimace, tout en lui tendant un simple glock.

— Soit tu tires sur elle, ou tu veux, tu la blesses ou tu la tue, peu m'importe en réalité. Ou bien...hm...toi ? Quelle partie de ton anatomie pourrait suffire ?

— Hoseok, l'appela Taehyung.

— Ou alors on pourrait blesser Kimi, il ne m'en tiendra pas rigueur, je le sais, pas vrai Taehyung ? Alors, Hoseok, dit Lay en accentuant les syllabes, quelle est ta décision ?

Pris d'une rage folle, Jungkook commença à se débattre férocement dans les bras de ses ennemis, et réussit même à en blesser un, d'un coup de pied au genou.

Voyant l'un de ses larbins tomber au sol, Lay se retourna en direction de Jungkook et se mit à sourire.

— On dirait que le chien s'énerve...Amusant. Et si c'était toi, qu'on prenait pour cible ?

— Tu ne toucheras pas à Taehyung, marmonna Jungkook, empli de haine.

Son regard croisa alors celui de son soi-disant patron, et sans qu'il ne le comprenne lui-même, il fronça les sourcils à l'idée même de vouloir le protéger avec autant d'entrain. Taehyung aussi semblait en être surpris, mais il ne dit pas un mot.

Comprenant que la situation empirait de plus en plus, et que Lay souhaitait seulement voir l'un d'eux blessé pour son petit plaisir, Hoseok fit son choix. Il prit le glock que lui tendait Lay, et le pointa alors vers sa propre personne.

Hoseok savait où il devait tirer sans que cela ne soit une blessure majeure. Autrement dit, il savait où tirer pour éviter la mort, sans pour autant ne pas en être blessé.

A la guerre comme à la guerre, pensa t-il.

Une blessure de plus ou de moins, qu'est-ce que cela changerait, après tout ?

Jimin avait tout vu passer dans ses yeux, de son hésitation à sa prise de décision, et lorsqu'il comprit là où son amant voulait en venir pour cesser toute cette putain de mascarade, il hurla :

— Ne faites pas ça ! S'il vous plaît, arrêtez ! Hoseok, ne fait...n-ne fai-fait pas ça !

Au milieu de tout ce beau monde, Lay, lui, était le seul à sourire. Il se fichait totalement du fait que Jungkook le regarde comme si ses yeux pouvaient le faire crever sur place, ou bien de Taehyung qui s'approchait plus en plus de sa personne, ou bien alors des cris de détresse que poussait la belle créature qu'était Jimin.

Il avait sous les yeux l'un des plus beaux spectacles qui lui était donné de voir : le sacrifice.

Tout se passa alors en quelques secondes.

Hoseok regarda ses camarades un à un, ne put effacer de sa mémoire le regard peiné et apeuré de Jessy, encore moins la déchirante œillade de son amant, et leva l'arme prêt de la zone qu'il savait être la plus éloignée du danger. Il savait que sa blessure serait grave, mais il saurait s'en remettre.

Comme toujours, en fin de compte.

Alors, il ferma les yeux, et il tira.

Seulement, il attendit une douleur qui ne vint jamais.

Il put ressentir quelque chose lui frôler la peau, assez pour le blesser et le faire saigner, assez pour qu'il ait mal, mais non pas comme il se l'était imaginé.

Quelques secondes plus tôt, juste avant qu'il ne tire, Taehyung avait réussi à se détacher de la prise de ses ennemis, et s'était élancé dans la direction de son ami. Seulement, Jungkook avait été bien plus rapide, l'avait poussé si fort que le noiraud en était tombé, et avait réussi, à quelques secondes prêt, à changer la trajectoire de l'arme.

De ce fait, il avait évité une énorme blessure à Hoseok, mais aussi, le désespoir de Taehyung.

A la toute fin de ce ralenti effroyable, même Jimin finit par se retirer des mains de son agresseur et fonça tout droit sur son amant, aux côtés de Jessy. Il n'arriva même pas à prononcer des mots, seulement des bribes d'onomatopées qui se voulaient rassurants après toute cette peur qui l'avait habité, tandis que Jungkook s'était relevé, marchant tel un lion vers son amant. Comme si Taehyung était son joyau, il se posta droit devant lui, prêt à en découdre avec quiconque viendrait l'attaquer.

Lay avait assisté à toute la scène, et ses hommes, eux, n'attendaient qu'un signe de main ou une parole pour agir.

Cependant, il n'en fit rien, et stoppa même ses deux toutous de services.

Il plongea son regard dans les yeux de Jungkook qui le toisait avec une animosité sans pareille, puis il dévia le regard vers celui qu'il avait tant torturé, maintenant gisant au sol.

— Incroyable, souffla-t-il.

— Monsieur...

Lay leva la main pour faire taire Ji-ho qui s'était avancé à ses côtés, puis détourna de nouveau le regard vers Jungkook.

Ce dernier n'avait pas besoin d'un seul mot pour lui envoyer un message bien clair :

Je te tuerais.

Alors, une dernière fois, Lay se mit à sourire, puis il rangea les mains dans les poches de son pantalon, et fit le premier pas, annonçant calmement à ses hommes :




La partie est terminée, on s'en va. 

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