Everything I Wanted To Have - Sohyun Yoo

Flowery Road - Jung Hoon Hee

Schadenfreude - HYUN-DO KIM

The Beginning of Obsession - Jeong Hye Bin

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Trois semaines s'étaient écoulées depuis que Taehyung et le reste de l'équipe avaient abandonné leur ancien QG pour se rendre dans sa maison d'enfance. Tout ce temps, ils l'avaient dédié à plusieurs réunions, afin de remettre quelques détails au clair quant à leur prochaine rencontre avec leur ennemi. Aussi, Taehyung avait insisté pour que chacun retrouve un peu de temps pour soi, surtout après avoir vu Seokjin en proie à ses propres démons.

L'appel qui lui avait autorisé lui avait fait le plus grand bien, il avait pu le lire sur les traits de son visage détendu, lorsqu'il l'avait croisé à la sortie de son bureau. D'ailleurs, il lui avait fallu prendre énormément de temps afin d'expliquer à l'ensemble de ses camarades la raison pour laquelle tout un tas d'inconnus s'étaient pointés devant sa maison.

Pour faire court, Taehyung leur avait dit qu'ils seraient tous et toutes des atouts pour mener à bien leur mission mais aussi, du renfort supplémentaire pour leur sécurité. Il avait reçu d'innombrables questions de la part de ses coéquipiers, quant à sa véritable place dans ce monde qui ne leur était plus nouveau, maintenant.

Alors, Taehyung avait pesé le pour et le contre, avant de leur confier le fait qu'ils avaient posé bagages dans l'ancienne maison de sa mère qui lui était revenue après sa mort. Il leur avait aussi expliqué que sa famille était des gens très respectés dans le pays, ce qui faisait de lui la cible la plus recherchée mais aussi l'allié le plus certain qu'ils pouvaient avoir dans leurs rangs.

Au fur et à mesure de ses explications, Yoongi avait été celui qui était resté le plus silencieux. Il avait seulement hoché la tête de temps à autre, fixant surtout le visage de Jungkook de l'autre côté du canapé. Encore une fois, il avait ressenti ce pressentiment étrange l'envahir, tout en se demandant pourquoi Jungkook ne semblait pas si troublé par toutes ces révélations.

Tout cela lui avait causé de terribles maux de têtes, alors le hackeur avait été le premier à quitter le salon, afin de se replonger dans sa solitude mais surtout, dans son travail. Il avait recommencé à étudier les plans de la maison de Lay, confrontant ses anciennes trouvailles et les nouveaux scans que Hoseok avait dignement réussi à leur ramener. Plus il travaillait, plus il se posait cette question :

Que faisait leur ennemi, pendant qu'eux se terraient dans leur nouvelle planque ?

Et bien, à plusieurs kilomètres de là, en plein cœur de la capitale japonaise, Lay lui, se confrontait encore et toujours à l'une des nouvelles crises de colère de sa compagne. Alors qu'il s'était retiré dans son bureau, on l'avait fait appeler à sa chambre, et son premier réflexe avait été de se protéger le visage tout en ouvrant la porte, afin d'éviter l'objet qu'elle lui avait volontairement jeté à la figure.

Depuis le petit matin, Ara était de très mauvaise humeur et le faisait savoir. Bien que ce n'était pas nouveau, elle avait été encore plus exécrable qu'à son habitude, se comportant comme une petite gamine pourrie gâtée, à qui l'on avait refusé un service. Elle avait complètement retourné la maison, hurlant à tue tête et brisant le moindre objet palpable qu'elle croisait sur sa route. Mais encore fallait-il connaître la raison de ses plaintes.

Premièrement, il s'avérait que la jeune femme s'ennuyait. Cela faisait trois semaines qu'elle tournait en rond dans sa cage dorée, passant ses journées à se faire belle sans qu'on ne la regarde, ou bien encore couchée sur son lit après avoir pris des tas de drogues différentes pour faire passer le temps. Elle avait bu aussi, pensant que la journée passerait bien plus vite si elle était saoule, mais elle s'était trompée. Elle avait souhaité sortir en ville, mais comme toujours, elle avait dû se contenter des quartiers qu'elle connaissait maintenant par cœur, finissant même par souffler d'agacement après avoir dévalisé la totalité des boutiques de luxe. Oui, quoi qu'elle fasse, Ara avait l'impression de noyer de plus en plus dans l'infâme tourbillon de l'ennui, de la lassitude. Chaque jour se ressemblait comme deux goûtes d'eau, et cela en devenait même une des raisons pour lesquelles elle pensait à mourir.

Deuxièmement, depuis sa dernière rencontre avec ce fameux Jungkook, la jeune femme n'avait pas réussi à se le sortir de la tête. Elle ne faisait qu'y penser, jour et nuit, matin et soir. Elle avait beau fermer les yeux et les rouvrir, il était encore là. Enfin, pas véritablement lui, mais tout ce qu'il avait pu dégager par sa présence. La façon dont il l'avait regardée, la façon dont il l'avait complètement et entièrement investi, comme si, pour une fois, elle n'avait pas été qu'un objet de valeur qu'on exposait au monde avec le seul but de s'en vanter. Aussi, leur discussion avait tourné en boucle dans sa mémoire, et sans que ce soit volontaire, son cerveau s'était mis à lui jouer des tours.

Jungkook lui avait parlé de liberté, mais connaissait elle vraiment ce mot ? Son sens ? Elle y avait longuement réfléchi, concluant que la réponse n'avait jamais véritablement été positive. L'éventualité que ce jeune homme puisse la sauver de sa prison dorée la travaillait beaucoup, et lorsqu'elle reprenait conscience, elle finissait par devenir encore plus aigrie qu'à son habitude. Après tout, jamais elle ne sortirait d'ici puis ce n'était pas comme si elle en avait profondément envie.

Enfin, la dernière raison pour laquelle ses crises de colère étaient devenues insupportables, était parce que la veille, elle avait surpris son amant couché avec l'un de leurs hommes. Non pas qu'elle n'était pas au courant, puisqu'il arrivait assez souvent que Hwiyoung partage leur lit, ou même le sien, lorsque Lay n'avait pas de temps à lui accorder. Il fallait dire que dans un sens, Ara appréciait quelque peu Hwiyoung pour sa beauté mais aussi pour sa façon de pensée et son sourire qui savait l'apaiser. Il savait l'écouter, comme il savait se taire. Mais, dans l'autre, il était aussi devenu la seule et unique chose que son amant convoitait vraiment.

Oui, Ara n'était pas dupe, droguée et fatiguée peut-être, mais pas idiote. Elle avait très vite deviné à quel point son amant s'était entiché de Hwiyoung, au point où il le demandait sans cesse lorsqu'elle finissait par rejoindre sa chambre, ou lorsqu'elle était occupée ailleurs. Si jusqu'ici, elle avait réussi à l'accepter, aujourd'hui, du moins, surtout après avoir connu la sensation de ce que pouvait être un véritable intérêt pour sa personne, elle ne le supportait plus.

C'était purement égoïste, elle le savait, mais elle ne comprenait plus rien à rien. Lay l'avait bien faite venir jusqu'ici dans sa jeunesse, elle lui avait été promise dès son plus jeune âge, elle avait grandi selon ses règles et ses attentes. Elle s'était entièrement laissée plonger dans son monde, en ne posant aucune question, tout en pensant que tous ses efforts seraient récompensés. Ce n'était pas l'argent qu'elle souhaitait avoir, car après tout, ce n'était pas ce qui manquait. Non, tout ce qu'elle voulait, c'était un peu d'intérêt, qu'on lui dise parfois qu'elle était jolie, qu'on la regarde.

Qu'on la voit elle, et non pas l'image qu'elle donnait en public.

Alors, toute l'accumulation de ces choses l'avaient presque rendue folle, et maintenant, elle s'en prenait de nouveau à son amant, ainsi qu'au sien, leur hurlant dessus à la mort et leur envoyant toute sorte d'objet pour projeter toute sa haine envers le monde.

Elle criait, elle hurlait sans cesse sans même, sans se rendre compte qu'elle n'avait bientôt plus rien à se mettre sous la main. C'est à cet instant que Lay en profita pour faire les quelques pas qui le séparaient encore d'elle, et il lui attrapa les avant bras qu'il plaqua contre ses hanches.

— Dis-moi ce que tu veux, lui dit-il.

Bien qu'au fond, cela avait plus sonné comme un ordre plutôt qu'une simple question.

La jeune femme le regarda alors, plantant ses deux iris brouillés de larmes dans les siennes, sombres et vides, la mâchoire serrée et les sourcils froncés.

— Je veux mon jouet, répondit elle la voix tremblante mais autoritaire, comme celle d'une enfant qui faisait un caprice.

— Ton jouet ?

— Oui, dit-elle en faisant la moue boudeuse.

A vrai dire, Lay n'eut pas besoin d'énormément de temps pour savoir à quoi, ou plutôt, à qui elle faisait référence et il fallait dire que lui aussi, commençait doucement à s'ennuyer.

Alors, il la surprit lorsqu'il fit glisser sa main droite sur son bras, doucement, lui offrant une caresse lente et presque douloureuse. Douloureuse, parce qu'elle n'y était jamais habituée, et que Lay agissait rarement de façon tendre.

— Très bien, souffla-t-il.

Silencieuse, Ara serra les poings et se retenu de faire elle ne su trop quoi, avant qu'il ne relâche enfin ses bras.

— Tout ce que tu voudras, chérie.

Et ainsi, il finit par quitter la pièce laissant derrière lui sa dame. Il ne lui accorda pas plus d'intérêt, et elle fut presque étonnée. Normalement, il aurait cherché à la punir ou bien à la reprendre pour son comportement, mais pas aujourd'hui.

Non, loin de là, puisqu'après avoir quitté sa chambre, Lay marcha de nouveau jusqu'à son bureau, suivit de près par ses deux toutous de gardes qui ne le quittaient jamais et avant de s'enfermer derrière ces grandes portes noires, il appela son second.

— Ji Ho.

— Oui, monsieur.

— Prépare une invitation à l'attention de Taehyung, pour ce soir.

— Bien Monsieur, puis-je faire autre chose ?

— Oui, dit Lay avec un sourire mesquin. J'aimerais que tu précises une chose...

— Oui, Monsieur ?

— Dis-leur qu'il leur faudra être préparés.

— A quoi donc, Monsieur ?

— A souffrir, voyons. Ce soir, nous jouerons à qui sera le plus fort.

*

Les yeux clos, le dos bien droit contre le dossier de sa chaise de bureau, Taehyung trouvait enfin un peu de réconfort dans la voix de Jung Hoon Hee, qui berçait l'entièreté de la pièce. Il s'était réveillé avant le lever du soleil, en proie à de nombreux souvenirs qui l'avaient empêché de retrouver le sommeil. Il ne saurait dire si cela avait été des cauchemars ou bien des rêves, tout s'était emmêlé comme un pêlemêle d'informations débordantes. Et bien que tout s'efface au réveil, seul le visage de sa mère ne l'avait pas quitté.

Taehyung en avait même rit, les coudes posés sur les genoux au bord de son lit, pensant que c'était peut-être l'esprit de cette dernière qui lui avait rendu visite. Cela ne s'était jamais arrêté depuis le jour où on lui avait appris sa mort, cela dit, le fait d'occuper à nouveau la maison où il avait grandi devait aussi lui jouer des tours.

Il était resté silencieux lorsque Noguchi était venu lui apporter son déjeuner, mais leurs regards s'étaient croisés, et en avait dit long. Après tout, Noguchi avait toujours été présent à ses côtés, il l'avait vu grandir et faisait presque partie de sa famille. Était ce la raison pour laquelle sa mère ne l'avait jamais écartée ? Ou était ce parce que Taehyung lui-même y tenait aussi bien qu'à son propre père ?

Lui aussi, n'était plus. Et bien qu'il n'avait rien laissé paraître devant son équipe, dès que ses pieds avaient foulé à nouveau cette Terre qui l'avait bercé, il en avait presque eu le souffle coupé. Depuis, toute sa rancœur envers ceux qui lui avait arraché sa famille avait fait son retour, bien qu'il s'était promis de ne pas se laisser envahir par cette dernière.

C'est pourquoi, pour une raison qu'il ignorait, ou qu'il essayait d'ignorer, Taehyung s'était retiré dans son bureau, afin de faire tourner ce fameux CD, le même que son père avait offert à sa mère durant son enfance.

Jung Hoon Hee était une chanteuse appréciée par ses deux parents, et lorsqu'il entendait sa voix, plus particulièrement l'air de Flowery Road, Taehyung retrouvait la paix. Il lui était à nouveau permis de voir ces belles images, comme dans un film, de ses deux parents dansant un pied devant, un pied derrière, un sourire au bout des lèvres.

Oui...que n'aurait-il pas donné, pour retrouver sa famille.

Ou pour la sauver.

La vengeance était un concept dont Taehyung connaissait tous les vices. Cela faisait partie de son quotidien à l'époque, ou du moins, de celui qu'on lui avait appris. Il se rappelait encore des paroles de sa propre mère à ce sujet, mais aujourd'hui, et surtout avec le temps, il en avait fait un véritable but à atteindre.

Et Taehyung savait, même si Flowery Road continuait de le transporter, que la douceur ne serait bientôt plus qu'un lointain souvenir.

— Taehyung ? Tu es là ?

En ouvrant les yeux, Taehyung tomba sur le visage de Noguchi, qui attendait son approbation pour ouvrir la porte du bureau. Ce qu'il fit, en lui adressant un léger mouvement de la main droite.

Ainsi, Yamane pénétra dans la pièce, saluant Noguchi d'un sourire après qu'il se soit courber pour l'accueillir. Toujours assis sur son siège, Taehyung, lui, regarda sa jeune sœur avec amour, jusqu'à ce qu'elle ne vienne lui donner un simple baiser sur la joue.

— Je savais que tu serais dans son bureau, dit-elle en s'adossant au meuble.

— Il me revient de droit maintenant.

— Evidemment, il est à toi. Maman serait si fière de t'y voir...

Taehyung décida de ne pas relever les yeux vers son visage, pas après avoir retenu les quelques notes de nostalgie dans sa voix.

— J'aimerais que tu réfléchisses à ce que je t'ai dis, Yamane.

— Mon choix est fait depuis longtemps Tae, je ne partirais pas d'ici. C'est notre maison, c'est chez nous. Je ne laisserais plus personne nous le retirer, pas même toi.

— Je ne cherche pas à t'écarter, seulement à te protéger...

— Je ne suis plus seule, tu es là maintenant. Et tu n'es pas revenu seul.

— Ce n'est pas un jeu, Yamane, souffla Taehyung. S'il te plait, j'aimerais-

— Moi, j'aimerais que tu me fasses confiance. Je te promets qu'il ne m'arrivera rien, Lay ne doit même pas savoir que je suis toujours en vie, ou alors, il croit peut-être que je suis partie vivre aux Etats-Unis. Laissez moi être un atout à notre mission, je-

— Ma mission, la coupa le jeune homme.

Yamane se pinça les lèvres, semblant vouloir retenir un juron face à la ténacité de son aîné.

— La nôtre, c'est nôtre mission. Cesse de penser que tu es toujours seul face au monde Taehyung. Je suis là, et je ferais tout pour qu'on obtienne ce pour quoi on s'est battu depuis toutes ces années. Je ne partirais pas. Ni moi, ni les autres. Nous savons où est notre devoir.

Lorsqu'il releva enfin les yeux, Taehyung put retrouver sur le visage de sa sœur, le souvenir de leur mère. Elle n'était peut-être pas du même sang, mais elle avait aussi hérité de son caractère et de son courage. Il ne lui dirait pas, car ce n'était pas un homme de démonstration, mais il fut fier.

Il était fier, mais surtout heureux et reconnaissant d'avoir encore une chance, celle de sauver la seule famille qui était encore à ses côtés. Lorsqu'il avait pris sa décision, cela avait été si difficile de ne pas penser à tous ces éléments, car bien qu'il était un grand homme, Taehyung avait aussi des faiblesses.

Si aujourd'hui, toute l'animosité qui l'animait depuis la mort de sa mère n'avait pas encore explosé, c'était grâce à elle. Yamane avait était un fidèle bras droit, menant à bien les parties cachées de son plan comme un chef. Il avait tant bien que mal essayé de lui apporter un semblant de vie banale, mais elle l'avait refusé, pour les mêmes raisons.

C'est en la regardant que Taehyung se jura une nouvelle fois à lui-même que jamais plus personne ne serait capable de lui enlever tout ce à quoi il tenait. Et s'il fallait mourir pour ça, alors soit. Il ferait tout pour atteindre ses objectifs, et il saurait disparaître avec honneur au moment venu.

Plus personne ne souffrirait après tout ça, plus personne.

— Bien, comme tu voudras.

Lorsqu'elle vit les épaules de son frère se détendre, Yamane osa presque sauter de joie lorsque leur attention fut attirée par trois coups contre la porte.

Noguchi, qui s'était éclipsé, entra de nouveau, suivi de près par Namjoon. Tous deux s'avancèrent jusqu'au bureau, jusqu'à ce que Taehyung ne remarque que son majordome détenait un drôle de papier en main.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda le noiraud.

— Une invitation, répondit Namjoon. Yamane, la salua t-il d'un mouvement de tête. Je crois que Lay commence à s'ennuyer.

Les yeux de Taehyung basculèrent du visage de son ami au papier qu'il lui tendait. Il le prit, lentement, sans prêter d'attention particulière à l'enveloppe qu'il arracha d'un coup de pouce sur le papier afin d'en tirer la lettre qu'il lui était adressée. Du moins, ce n'était qu'un bout de papier blanc, sur lequel était inscrit une adresse, ainsi que ces mots :

"L'homme, doué de sa force physique, l'exerce par la violence. C'est notre arme, arme redoutable, invincible, i qu'il faut savoir manier."

— Maupassant, souffla Taehyung dans un souffle, à moitié rieur.

Il fallait croire que cet enfoiré avait encore le temps de jouer à celui qui serait le plus cultivé, comme si tout ça permettait de cacher les prémisses d'une guerre silencieuse. Puisque s'en était une, une véritable guerre froide qui pouvait à tout moment basculer dans le chaos.

— Qu'est-ce qu'il veut dire ? demanda Yamane, les sourcils froncés.

Parcourant les lettres inscrites à l'encre noir sur le papier du bout de son doigt, Taehyung finit par déposer le papier sur son bureau, passant son autre main sur son front.

— Il veut tester nos forces physiques, savoir quels sont nos atouts.

— Qu'est-ce que...

— Il veut un combat, dit Namjoon en s'excusant doucement envers Yamane pour l'avoir coupé dans son élan.

— Ce n'est rien, dit-elle.

Taehyung confirma les dires de son ami, et lorsqu'il croisa son regard, il comprit que Namjoon attendait à ce qu'il demande à Yamane de sortir de la pièce.

— Elle est avec nous, indiqua Taehyung.

Sans rien ajouter, Namjoon toisa la jeune femme un instant sans plus d'attention, puis il s'adressa à Taehyung à nouveau.

— J'ai besoin de savoir pour quelle guerre tu te bats, Taehyung. Es-tu réellement de notre côté ?

— Je le suis.

Namjoon se pinça les lèvres, croisant les bras contre son torse.

— Je me doutais qu'il devait y avoir une raison pour laquelle tu as accepté si vite ce que je te proposais. Je savais déjà qu'il y avait autre chose, de bien plus personnel à ton égard, mais j'ai tout de même décidé de prendre des risques. J'en suis conscient, et j'ai toujours su que tu appartenais à un autre monde.

Écoutant son ami tirer ses propres conclusions, Taehyung restait droit contre son dossier, ne le lâchant pas une seule seconde des yeux.

— Je sais que tu n'aimes pas le gamin, que tu as toujours joué solo, en partie...J'ai compris que tu avais voulu nous protéger il y trois ans, je...Je dois savoir, est-ce que ta mission mènera à entraver la nôtre ? Est-ce que oui ou non, tu vas prendre le risque de mettre nos vies en jeu ?

C'était peut-être un instant décisif, puisque comme Taehyung l'avait prévu, Namjoon commençait enfin à rassembler toutes les pièces du puzzle qui constituait sa personne. Pourtant, il ne l'arrêta pas un seul instant, le laissant évacuer toutes ses pensées les plus profondes. Il avait besoin de les entendre, ainsi que de laisser son ami s'exprimer.

Parce que ça l'était, Namjoon était un de ses amis.

Un des seuls.

Encore un membre d'une famille qu'il avait réussi à construire.

Et qu'il devait protéger.

— Taehyung, Jin va avoir un enfant et il rêve de se marier à celle qu'il aime, Hoseok, Jimin et Yoongi eux aussi...Eux aussi ont une finalité. Moi-même j'ai quelqu'un qui m'attend en dehors de ces murs, en dehors de ce pays, et le gamin...J'ai offert une chance de survie à Jungkook, avant qu'il ne commette l'irréparable.

Voilà quelle était la source de la force qui animait Namjoon. C'était un très bon soldat, un capitaine hors pair, mais aussi, un homme véritable sur qui l'on pouvait compter. Il avait accepté la mission, celle qui serait la toute dernière de sa carrière, sachant mieux que quiconque quels seraient les risques. Mais Taehyung lui, savait que certains points lui avaient échappé. C'est pourquoi il avait accepté de l'aider, de participer à ce coup. Il jouait d'une pierre, deux coups. Non seulement, cette mission lui permettrait d'arriver à ses fins tout en détenant un alibi solide, mais aussi, il saurait protéger les dernières personnes qui étaient chères à ses yeux.

Namjoon n'essayait pas de le convaincre d'abandonner, mais seulement de le raisonner. Et quoi que l'on pense, quoi que l'on pouvait imaginer sur l'homme qu'était Kim Taehyung, il était tout, sauf un monstre sans cœur et sans peine.

Échangeant un regard avec sa sœur, Taehyung croisant ensuite celui de Namjoon, qui attendait sa réponse.

— Je ne peux pas tout te dire, pour la simple et bonne raison que tu seras encore plus en danger que tu ne l'es déjà. Tu le découvriras en temps et en heure, je te le promets. Tous ces gens que tu as vu à notre arrivée, ils me sont fidèles, mais sache aussi que je n'ai toujours eu qu'une seule parole. Je ne vous mettrais jamais volontairement en danger de mort, quoi qu'il arrive.

— Même le gamin ?

— Même le gamin, répondit Taehyung en soutenant ses iris dans les siens. Mais en retour, j'aimerais te demander une faveur.

L'air de dire qu'il écoutait, Namjoon s'avança à peine et lança le menton en avant.

Taehyung, lui, baissa les yeux, et commença à ranger les babioles qui traînaient encore sur son bureau, avant de sortir un briquet de l'un de ses tiroirs, et d'approcher la flamme de ce dernier prêt du coin de l'enveloppe où il avait rangé l'invitation de Lay. Fixant le papier brûlé, il souffla :

— S'il m'arrive quelque chose, même si la mission est en danger...Si ma sœur l'est, je veux que tu la sauves.

— Non, je ne suis pas-

Yamane tenta de rebondir sur ses paroles, mais Taehyung la coupa en levant sa main libre.

— Je veux être certain qu'elle s'en sorte, quoi qu'il puisse nous arriver Namjoon.

— Mais je-

— Je ne t'ai pas demandé ton avis Yamane, c'est ma décision.

— Et que fais-tu de mon avis à moi ? finit-elle par dire, la voix tremblante.

— Je suis de retour, je suis celui qui donne les ordres et qui en assumera les conséquences. C'est mon rôle, ça l'a toujours été, ne l'oublie pas.

La jeune femme voulu rétorquer, mais elle sembla bien trop touchée pour le faire, bien qu'au fond, elle-même savait qu'elle ne pouvait pas contester les paroles de son aîné. Alors, elle serra les poings et les lèvres tremblantes, elle croisa les iris embuées de Namjoon avant de sortir du bureau, claquant la porte à son passage.

Taehyung ne laissa pas le silence s'installer, et demanda de suite à Noguchi d'aller la voir, avant de secouer l'enveloppe brûlée pour en faire disparaître les flammes, puis la jeta à la poubelle. Puis, il se leva enfin, et tourna le dos à son ami, qui le regardait encore, la vue brouillée par l'eau qui s'accumulait dans ses muqueuses.

— Bien, dit-il, tu devrais aller voir Jungkook. Lay sait que vous êtes les plus forts éléments de l'équipe. Entraînez vous ensemble, et apprends lui tout ce que tu sais. Les choses sérieuses commenceront ce soir.

*

— Frappe encore, vas-y.

Une nouvelle fois, Jungkook reprit son souffle et maintaint ses appuis avant d'envoyer son poings le plus féroce en direction du visage de Namjoon. Cependant, l'ancien colonel se mit à sourire avant même que son coup ne l'atteigne, et réussit à l'intercepter, tordant volontairement son bras ce qui fit lâcher un râle de douleur à son adversaire.

— Tu as une mauvaise position, lui dit-il en relâchant son bras. J'avais pensé soulever de meilleures performances pendant nos premiers entraînements.

— Ouais, c'est ça, souffla Jungkook en s'éloignant pour aller attraper sa bouteille d'eau.

Cela faisait maintenant deux heures que les deux hommes s'entraînaient sans relâche. Après sa discussion avec Taehyung, Namjoon était retourné à sa chambre, puis n'avait pas perdu de temps pour se changer et aller frapper à la porte de Jungkook. Ce dernier avait mis quelques minutes à lui ouvrir, puis il n'avait même pas eu le temps de le saluer que Namjoon lui avait déjà demandé de le rejoindre à la salle de sport.

Quelques minutes plus tard, Jungkook s'y était rendu, ne s'attendait pas à ce que Namjoon lui envoie deux gants de boxe dans les mains. Il n'avait pas posé plus de questions, et s'était concentré sur sa tâche jusqu'à ce que l'ancien colonel ne lui explique la raison de sa venue.

Cela avait quelque peu déstabilisé Jungkook, qui se demandait déjà depuis un moment quand est-ce que Lay reviendrait à la charge. Mais très vite, il avait repris du poil de la bête, et avait usé de toutes ses forces pour frapper son adversaire du moment.

Namjoon ne lui avait donné qu'un seul ordre : frapper.

— Tu attaques trop vite, Kook. Utilise le JAB d'abord, il est peut-être faible mais efficace, et te permettra de mettre en place des coups plus puissants par la suite et surtout, de maintenant ton adversaire à distance.

— J'ai fait un Cross puissant, ça suffit non ?

— Non, mais la combinaison du JAB et du Cross t'aurais permis d'enchaîner avec un Crochet.

— J'aurais pu te tenir à distance et te finir rien qu'avec un Uppercut, ria Jungkook en s'asseyant, positionnant ses coudes sur ses genoux.

Il sentait son pouls battre contre sa peau, et surtout, les gouttes de sueur couler de son front.

— Oui, sourit Namjoon, cela dit, tes techniques de défenses sont bonnes. Insister sur les esquives, je ne pense pas que les combattants de Zhang soient loyaux. Ils essayeront de te déstabiliser avant même que tu réfléchisses à un enchaînement. Et je veux que tu évites à tout prix le blocage.

— Pourquoi ? Ces enfoirés n'auraient aucune chance si j'arrive à les coincer dès le début.

— Contre moi, tu ne crains rien. Tu es fort et plus jeune, plus efficace. Mais tu penses vraiment qu'ils joueront fairplay, Jungkook ?

Passant la langue contre sa joue, signe qu'il était agacé, Jungkook se mit à penser que Namjoon avait certainement raison. Ce ne serait même pas étonnant de voir ces enfoirés utiliser une arme blanche sortie de nul part en plein combat.

— Ok, je vois...

Reprenant son souffle à grande bouffée, Jungkook replaça le goulot de sa bouteille contre ses lèvres tandis que Namjoon s'approchait, pour le rejoindre sur le banc.

— Je te trouve un peu gauche, moi qui pensais que t'étais un spécialiste des poings, dit-il en donnant un léger coup de coude à son compagnon.

Cela fit sourire Jungkook, qui le repoussa gentiment, reposant la bouteille à ses pieds.

— Je ne suis pas un spécialiste, non...

— Tu sais, je crois que dans ce genre de combat, il ne faut même pas réfléchir, souffla Namjoon.

Jungkook détourna le regard en sa direction, passant son avant bras sur son front pour empêcher une nouvelle goutte de sueur de glisser contre sa tempe.

— J'aurais presque envie de t'encourager à utiliser toute cette haine que tu as en toi pour ce combat, si jamais tu es choisi. Ça pourrait te servir, pas vrai ? questionna Namjoon sans véritablement attendre de réponse.

— Je ne pense pas que ce soit judicieux.

— Moi, si. Tu sais...J'ai vu dans tes yeux, à quel point tu t'efforces de te contenir à chaque fois qu'on le rencontre. Je ne sais pas quel genre de marché ou quelle genre de magie Taehyung à opérer sur toi, mais si c'est toi qu'on choisit ce soir, tu devrais l'utiliser.

— C'est quelque chose que je m'efforce de contrôler depuis toujours Namjoon, je ne sais pas si c'est une bonne idée.

— Pourquoi ? Tu sais très bien de quoi Zhang est capable, tu en as toi même fais les frais. Je suis fort Jungkook, mais toi, tu peux l'être encore plus que moi. Essaye de le concevoir comme un échappatoire, bien que je t'avoue que je n'aime pas cette idée.

— Alors pourquoi tu me dis tout ça ?

— Parce qu'il est temps qu'il sache que nous aussi, on est fort.

Jungkook partagea un regard avec son aîné, puis celui-ci se releva, lui tendant le poing pour qu'il en fasse de même.

— Je ne sais pas ce que tu as vécu Jungkook, et je ne te le demanderais pas. Mais je me doute que ton passé a dû être difficile, comme nous tous. Sers toi en comme une force, et non pas comme une arme, voilà quel est mon conseil. Mais si tu es en danger, alors...

Namjoon ne termina pas sa phrase, mais Jungkook le fixa avant de se relever et de le suivre. Ils continuèrent de s'entraîner ensemble jusqu'à ce que Namjoon ne se décide de se retirer, disant vouloir rejoindre Jin un moment.

Pendant ce temps, Jungkook, lui, resta dans la salle de sport, menant à bien toutes les techniques qu'on lui avait conseillées, frappant le sac avec une énergie aussi puissante que la colère et la haine qui habitait en lui. Au fond, il espérait déjà être choisi ce soir, pour pouvoir prendre sa revanche sur le coup foireux que lui avait fait Lay lors de leur première rencontre.

Il était désormais torse nu, la sueur coulant sur sa peau et collant quelques unes des mèches de ses cheveux contre son front, tandis qu'au loin, à l'entrée de la salle, Taehyung l'observait. Il était arrivé il y a peu, mais la curiosité avait pris possession de lui à son encontre.

Jungkook semblait bel et bien s'être remis depuis leur arrivée, et comme les premiers jours, Taehyung pouvait voir en lui, dans chacun de ses gestes, cette chose qui semblait le ronger de l'intérieur. Il se demandait encore ce que cela pouvait être, avant que son attention ne se déporte sur son corps.

Jungkook portait encore quelques pansements sur son torse, et d'autres, que Taehyung avait déjà remarqué lorsqu'il s'était introduit dans sa chambre, là où il l'avait surpris après qu'il soit sorti de la douche. Taehyung se demandait bien ce qu'il pouvait cacher derrière tous ces pansements, étaient ce d'autres blessures qu'il ne pouvait supporter, ou bien y avait-il une autre raison ?

Bientôt, Jungkook finit par se sentir observer, et lorsqu'il tourna le dos au sac de frappe, il aperçut Taehyung s'avancer.

— Alors comme ça, tu es un amateur au combat ? dit-il, les mains dans les poches.

Jungkook fut quelque peu surpris de le voir habillé de façon décontractée, normalement habitué à le voir en costume. Cette fois, il ne portait qu'un pantalon et une chemise noir, déboutonnée sur trois boutons, ce qui laissait entrevoir ses finis clavicules.

— Ouais, amateur, comme toi, râla t-il, en passant un bras contre son nez pour en essuyer la sueur.

— Qu'est-ce que tu insinues ?

Baissant sa garde, Jungkook passa la langue contre ses lèvres, puis contre sa joue, avant de laisser un malin sourire habiller son visage.

— Tu avais l'air assez énervé l'autre soir, quand tu m'as ordonné de partir de chez Zhang.

Taehyung fronça les sourcils, serrant la mâchoire.

— Quoi ? Qu'est-ce qui ne t'a pas plu ? Lay t'a encore fait du chantage, ou serait-ce parce que tu n'a pas aimé ce que tu as vu ?

— Qu'as-tu fais avec elle ?

— Qui ? relança Jungkook, faisant mine de ne pas comprendre.

— Ara, que t'as t-elle dit ? Jusqu'où êtes vous allez ?

L'humeur changeante de Taehyung sembla amuser Jungkook, qui au lieu de lui tourner le dos, s'approcha un peu plus de lui.

— Rien.

Le noiraud passa la langue sur ses lèvres, baissant quelque peu la tête, et souriant à travers un rictus.

— Pas à moi, Jeon.

Jungkook le détailla de la tête au pied, semblant même se demander si le reste de son corps était aussi délicieux à voir que ce que laissait deviner ses belles et fines clavicules.

— C'est pas mon style, je les préfère un peu plus...précieux, dit-il en souriant.

— Je serais curieux de connaître ton style dans ce cas, répondit Taehyung en croisant les bras contre son torse.

Comme s'il essayait de mettre une sorte de barrière entre eux, comme si cela empêchait cette tension d'animer l'ensemble de la pièce lorsqu'ils se toisaient.

C'est alors que Jungkook s'éloigna, attrapant une paire de gants qu'il lui tendit.

— Si tu arrives à me toucher, peut-être que je te montrerais.

Levant un sourcil à sa remarque, Taehyung pinça sans langue entre ses dents puis il secoua la tête, faisant mine de ne pas y croire, mais alors que Jungkook se mit à penser qu'il reculerait, il vit Taehyung décroiser les bras et remonter ses manches. Il fit de petits ourlets, qu'il fit glisser jusqu'à ses coudes, craquant sa nuque à gauche, puis à droite, avant de saisir les gants.

— Bien, dans ce cas, battons nous.

En guise de réponse, Jungkook lui accorda un sourire malicieux, avant de s'éloigner pour se mettre en position. De toute façon, il était déjà certain qu'il gagnerait ce petit combat. Puisqu'après tout, ce n'était que ça, pas vrai ?

Un simple petit combat, dont il se servirait pour le faire taire.

Néanmoins, quelle fut sa surprise lorsqu'il vit Taehyung s'élancer le premier, avec une rapidité qu'il avait certainement mal jugé, quand bien même il réussit à esquiver son premier coup. Balançant légèrement sa tête du côté gauche pour en faire craquer sa nuque, Jungkook n'eut pas de peine à le repousser, assez pour se remettre en position de combat et protéger son visage avec ses mains.

Face à lui, Taehyung avait abandonné son éternelle position droite et stricte, et avait opté pour des appuis plus sportifs. Ainsi, on aurait dit qu'il était prêt à s'élancer dans un réel duel, et c'est ce que Jungkook conclut avant de s'approcher lentement.

Au fond, il ne ne savait pas pourquoi ses gestes paraissaient si durs et calculés, et d'ailleurs, il ne se souvenait plus d'avoir remarqué une concentration aussi réelle chez son adversaire. Lors de leurs entrainements, en France, Taehyung ne lui avait pas caché son potentiel, et en tant qu'ancien membre de l'armée, cela était même logique. Cependant, Jungkook se demandait pourquoi Taehyung portait une telle assurance, tant que l'on pouvait la lire sur son visage.

— Alors, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? lui lança le noiraud.

Jungkook prit sa remarque comme une invitation à attaquer, ce qu'il fit, en suivant les conseils que Namjoon lui avait donné plus tôt. Après avoir effectué une superbe combinaison d'un JAB et d'une Crochet, il ne put parvenir à lancer son Cross comme il l'aurait souhaité. Contre toute attente, Taehyung semblait l'avoir vu venir, et réussit à le maîtriser, en l'attrapant par l'avant bras et en le faisant tourner sur lui-même, de sorte à ce qu'il finisse le dos le premier contre son torse.

— Encore, lui souffla-t-il avant de le pousser pour l'éloigner.

En se retournant, le visage dégoulinant de sueur, Jungkook lui lança un dur regard avant d'opter pour quelque chose de plus offensif. Finalement, il se fichait totalement des techniques proposées par Namjoon ou bien de tout ce qu'il avait pu apprendre, la simple idée de s'être retrouvé piégé bêtement lui avait mis les nerfs à vif.

Son comportement sembla amusé Taehyung, qui l'esquivait de peu à chaque coup, le rendant encore plus colérique à chaque défaite. Cela dura encore quelques longues minutes, avant que Jungkook ne frappe fortement le sac de frappe à ses côtés, essuyant par la même occasion la sueur qui s'écoulait sur ses tempes.

— Quoi ? Tu pensais que je ne savais pas me battre ? relança Taehyung, en essuyant son menton contre son épaule. Qu'est-ce que tu crois qu'ils te feront, si tu n'arrives pas à les toucher Jungkook ?

— Ferme là.

— Si tu es choisi, si tu perds, Lay se fera un plaisir de jouer avec ta jolie gueule jusqu'à ce que tu pleures pour qu'il arrête, dit Taehyung en s'approchant lentement.

— Je t'ai dit de la fermer Taehyung.

— Il n'y a que la vérité qui blesse Jungkook, seulement ça...

Taehyung savait ce qu'il faisait, et mieux encore, il se délectait du fait que son idée soit un succès. Bien que son attirance pour ce garçon prenait de plus en plus d'ampleur de jour en jour, il n'avait cependant pas abandonné l'idée de le cuisiner, jusqu'à ce qu'il craque. Il savait qu'il se cachait peut-être quelque chose au fond de lui, quelque chose qui serait la clé de sa réussite ou la raison de sa défaite. En fait, c'est ce qu'il avait conclu après de longues heures de méditation dans son bureau.

Peut-être était ce son cœur qui lui jouait des tours, à vouloir à tout prix céder aux plaisirs que pourrait lui offrir la jolie gueule de ce jeune homme, mais leur altercation à leur retour de chez Lay l'avait tant travaillé, qu'il n'avait presque pas dormi de la nuit.

Et quoi qu'il arrive, il irait jusqu'au bout. Il ne lâcherait rien, jusqu'à ce que justice soit faite.

Il protégerait le peu qu'il lui restait, et même ceux qui ne pensaient ne plus pouvoir compter sur lui après tout ce qu'il avait commis. Au fond, il se fichait de ce qu'on pouvait bien penser, tant que sa mission serait réussie, et qu'il pourrait continuer de vivre, ou de mourir, en paix.

Alors il le fallait, il fallait que Jungkook craque le premier, pour mener à bien ce qu'il s'était fixé.

Et ce, quand bien même son cœur battait toujours un peu plus fort à ses côtés.

— Alors, que feras tu si-

Par surprise, Jungkook se redressa aussi vite qu'à la vitesse de la lumière, et se retourna juste assez pour lancer son poing en direction du visage de Taehyung. Cette fois-ci, le noiraud ne put le voir venir, et se retrouva quelque peu projeté en arrière, les jambes tremblantes. Il ne tomba pas, mais dû se mordre la lèvre pour reprendre ses esprits, sentant alors une sensation de chaleur étrange sur sa joue droite.

Machinalement, il leva l'avant-bras et le colla à son front, avant de le rabaisser devant ses yeux et de découvrir une tâche de sang décorant sa peau et le retroussement de sa chemise. Les sourcils froncés, il retira alors un gant, qu'il laissa tomber au sol dans un bruit sourd, et passa la main sur son nez, ses yeux, avant de finir par trouver d'où provenait cette chaleur.

Jungkook ne l'avait pas loupé de peu, et avait seulement visé son arcade sourcilière. Fixant ses doigts tachés, Taehyung se mit à rire nerveusement, se demandant même s'il n'avait pas fait ça volontairement. Jungkook avait-il fait semblant tout au long de leur combat, de paraître gauche et faussement téméraire ? Ou était il assez intelligent pour avoir attendu la meilleure occasion de le faire taire pour de bon ?

Tandis qu'il fixait encore sa main, perdu dans ses pensées, Jungkook, lui, en profita pour s'approcher, ayant déjà retiré ses gants, puis il passa une main sous le menton du noiraud, de sorte à ce que ce dernier relève la tête vers son visage.

Pris de court, Taehyung le laissa agir, la mâchoire quelque peu crispée, et surtout, en sentant son cœur battre la chamade dans sa cage thoracique. Cela le perturbait, assez pour qu'il en perde le courant de sa pensée durant quelques secondes.

— Moi, je sais chauffer, mais je sais aussi aller jusqu'au bout des choses.

Les yeux dans les yeux, ils se toisèrent profondément, jusqu'à ce que le regard de Jungkook ne dévie sur la blessure qu'il avait infligée au noiraud, caressant cette dernière du bout des doigts et venant y déposer un léger baiser.

Par pur réflexe, Taehyung vint déposer sa main sur ce bras qui détenait son visage en son bout, ne cherchant pas même à le repousser, avant que Jungkook ne rabaisse les yeux dans les yeux, puis sur ses lèvres. Sur les lèvres qu'il était en train de torturer avec ses dents, attendant presque qu'il se passe quelque chose.

Peut-être qu'il l'avait attendu et souhaité, mais Taehyung fut tout de même surpris, encore, lorsque les lèvres de Jungkook se déposèrent sur les siennes. Ce ne fut pas un baiser langoureux, ni même empli de colère ou de haine, ou bien encore un baiser de pardon. Non, ce n'était rien de tout cela. C'était un baiser qui voulait dire autre chose, un baiser qui, lorsqu'il prit fin, n'eut pas d'amertume.

— Si...précieux, souffla Jungkook.

Pendant un instant, Taehyung pensa même qu'il ressemblait à...une trêve ?

Jungkook s'éloigna enfin, laissant ses épaules de décrisper et ses muscles se détendent. Il alla récupérer ses affaires, ramassa aussi les gants qu'il avait lâchement abandonné, passa une main dans ses cheveux trempés et s'avança vers la sortie.

Mais avant de partir, il se retourna à peine pour voir que Taehyung était toujours stoïque, une main de retour sur sa blessure et l'autre sur le bout de ses lèvres, le visage quelque peu...perdu. Cela le fit sourire, et c'est activant l'automatisme de la porte, qu'il dit :

— A ce soir Monsieur, j'espère que vous réfléchissez déjà à ma récompense.

C'est seulement lorsque Jungkook fut parti, que Taehyung se laissa retomber au sol, commençant à rire tout en se passant et repassant la main sur son front, mais aussi, sur sa bouche, ses joues, sans jamais faire attention au sang qu'il risquait d'étaler un peu partout.

Ce n'était pas le moment de devenir fou, ni de se perdre dans son propre jeu. Finalement, peut-être même qu'il réussirait bien vite à obtenir ce qu'il voulait, sans même utiliser la force. De toute manière, cela n'avait jamais été son mode opératoire. Pourtant, bien qu'il se sentait assez fier d'avoir réussi à attirer Jungkook dans son piège, il ne pouvait que se blâmer d'avoir aimé.

Oui, il avait aimé.

Et peut-être aimerait encore plus la suite des événements.

Quoi qu'il en soit, pensa t-il, quoi qu'il arrive...souffla t-il en relevant les yeux vers la porte...

Je serais celui qui gagnera la partie.