Sympathy For The Devil - The Rolling Stones.

A Little Less Conversation - Elvis Presley.

Spooky - Dusty Springfield.

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— Ok les gars, revenons un peu au bijou, Yoongi si tu peux balancer l'image.

— Comme si c'était fait, dit le hackeur en projetant l'image à l'écran.

Namjoon fit quelques pas afin de s'éloigner du mur où était projetée l'image de la magnifique parure. Tous les yeux furent écarquillés face à un bijou pareil, surtout Jimin, qui en eut presque les iris aussi brillants. Il pouvait déjà s'imaginer avec le collier entre les mains, et aussi, le pactole qu'il pouvait en tirer. Mais le jeune homme secoua la tête, se rappelant qu'il ne faisait pas cette mission pour ses propres intérêts.

— En 1772, le roi Louis XV a souhaité faire un cadeau à l'une de ses courtisanes et fait appel aux meilleurs joailliers de Paris : Boehmer et Bassange. Ces deux gaillards n'avaient pas les moyens de s'offrir les matières premières à la réalisation de sa commande alors ils se sont endettés comme personne pour fabriquer la parure que vous avez sous les yeux. En 1774, le roi meurt et ce bien avant que le bijou soit terminé. Les joailliers ce sont retrouvés dans la merde et ont tenter de le revendre à son petit-fils, le cher Louis XVI.

— Dommage...Souffla Jin, haussant les épaules.

— Louis XVI va souhaiter l'offrir à son épouse, Marie-Antoinette. Mais retournement de situation, la dame va refuser son présent. Les joailliers qui pensaient rembourser leurs dettes vont être noyés jusqu'au cou mais ils ne vont pas lâcher l'affaire, et tout faire pour que ce soit elle qui l'achète. Un ancien membre de la cour va se mettre en contact avec eux et il va tout faire pour faire passer le collier jusqu'à ce qu'il tombe dans les mains de Marie-Antoinette. Mais encore une fois, ils vont se faire avoir puisque celle à qui ils vont le confier va simplement se casser avec le bijou après l'avoir eu en main.

— Haha, quels cons ! Pouffa Jimin derrière sa main.

— Qu'est-ce que ça vaut ce machin ? Demanda Hoseok, les bras croisés sur son torse, le regard sérieux.

— Crois-moi, avec ça, tu pourrais vivre cent ans sans bosser Hobi, répondit le blond en lui faisant un clin d'œil.

— Tu crois ? Demanda doucement Jungkook, amusé par son attitude.

— Deux mille huit cent carats.

— QUOI ? Hurla presque toute la salle, ébahis.

— Cet onéreux bijou contient six cent cinquante diamants, et aujourd'hui, il vaut pas moins de 3.7 millions de dollars ce qui donne environ-

— 4.5 milliards de won*, souffla Jimin en riant à moitié, tant il était subjugué par cette valeur.

[*3.26 millions euros]

— Putain de merde, laissa sortir le pilote en massant ses tempes.

— C'est carrément les cités d'or ton truc Nam, je sais pas dans quoi tu t'embarques là, mais ce collier mérite d'être exposé dans un putain de musée et pas de circuler de mains en mains, renchérit Hoseok en se redressant sur sa chaise.

— Mais t'es malade ! Hors de question que je crève sans avoir tenu cette merveille dans mes mains ! Hurla Jimin, bien trop heureux de la dernière information. Putain, je pourrais crever en bandant rien qu'en imaginant ce truc autour de mon cou.

Son amant lui lança un regard furieux, mais il ne put contenir son sourire quand il vit à quel point les yeux du blond brillaient d'excitation. Après réflexion, lui aussi il le voyait très bien autour du cou de Jimin. Il le voyait se dandiner avec son corps nu magnifiquement musclé, les magnifiques pierres encerclant les lignes délicates de ses veines qui se gonflaient sous ses gémissements de plaisirs qu'il lui procurait à coup de reins effrénés. Mon dieu, quelle vision magnifique.

— Hoseok, le rappela à la réalité Yoongi qui l'avait vu partir dans ses songes.

— Euh...oui, le collier, euh...tu disais...

— Que je pourrais bander et mourir rien qu'en l'aillant autour du cou, mieux qu'une bonne baise.

— Attends, tout doux Barbie, le reprit Jessy d'un mouvement de la main puis elle tourna la tête vers le grisonnant, Nam, comment on va faire pour voler ce bijou ? Si ce machin est dans une salle digne de Mission Impossible, on ne pourra jamais le prendre sans qu'on nous remarque.

Les mains dans les poches, Namjoon se mit à sourire, dévoilant ses belles fossettes, puis il fit un signe à l'un d'entre eux, qui se leva de suite de sa chaise. Le jeune homme marcha jusqu'à lui, croisant rapidement le regard de Taehyung qui ne cessait de le fixer dans son coin.

— On va le voler, mais on va aussi le remplacer...Commença l'ancien colonel en attrapant les épaules de Jungkook, qu'il serra amicalement. Et ça, c'est notre petit dernier qui va avoir l'honneur de s'en occuper.

*

Après avoir pris le petit déjeuner dans son bureau, Taehyung s'était occupé de quelques paperasses, lorsqu'on vint le prévenir qu'il était l'heure pour la prochaine leçon. Alors, le noiraud passa une main dans ses cheveux et rangea ses papiers dans chacun de leurs différents dossiers, n'oublia pas -jamais- de les renfermer dans leurs tiroirs, à clé.

Il attrapa son veston sur le dos de sa chaise et vint le remettre sur sa chemise, qu'il tira un peu pour éviter qu'elle reste froissée, puis il s'en alla en demandant à son majordome de rester devant sa porte. Dans les couloirs, il croisa Yoongi, qui comme à son habitude, avait l'air d'être à bout, seulement après une inspiration.

— Je vois que tu es toujours aussi jovial de bon matin.

— Ouais, salut Kim. Pas mal le look, tu ressemblerais presque à un mafieux italien comme ça. C'est ta petite vie tranquille en Sicile qui t'a inspiré, hein ?

— Toujours aussi taquin, grogna à peine Taehyung, tout en continuant de marcher.

— T'aurais été joli comme tout si tu te serais baladé comme ça dans les champs de mine à l'époque, rétorqua le hackeur en abaissant ses lunettes de soleil sur ses yeux.

Il ne supportait pas trop la lumière, lui qui était habitué à vivre dans le noir complet, uniquement entouré de faisceaux artificiels.

— Qu'est-ce que ça donne ton dernier diagnostic ? Demanda le noiraud, ne faisant pas attention à sa précédente remarque et lançant le menton en direction de son torse.

Seulement, Yoongi ne sembla pas si ravi que ça à l'idée d'entrer sur ce terrain. Il avait de suite compris à quoi le noiraud avait fait référence et bien qu'il était le seul à être au courant, il fallait dire qu'il ne l'avait pas vraiment voulu. Mine de rien, Taehyung était lui aussi très bon pour dénicher des informations, et un beau jour, il l'avait contacté et avait balancé le morceau sur la table. C'était du Kim Taehyung tout craché.

Autant il pouvait être un véritable gentleman, autant il pouvait être tranchant et direct quand il jugeait que cela était nécessaire.

— Tant que ma queue est toujours fonctionnelle, j'pense pas avoir à m'inquiéter.

— Tu m'en diras tant, ria doucement le noiraud.

Lorsqu'ils furent presque arrivés à la salle où les attendait les autres, Yoongi donna un petit coup d'épaule à son ancien camarade, sachant pertinemment que Taehyung n'était pas friand de ce genre de contact.

— Et toi alors, tu trouves le temps de satisfaire tes besoins ou t'es toujours aussi coincé du cul ?

— Charmant, pestiféra Taehyung en donnant un petit coup sur son veston.

— Oh aller Taehyung, t'étais beaucoup plus drôle avant.

— Tu devrais plutôt t'inquiéter de ta propre envie sexuelle constante, plutôt que de la mienne Min. Mais si le sujet te tracasse, je te répondrais seulement que je suis loin, très loin d'être frustré. Ce n'est pas le même genre de chose qui me fait frémir.

Le regardant d'un air nonchalant, le hackeur acquiesça et poussa la porte de la salle, quand Taehyung l'arrêta rapidement.

— J'ai entendu dire que tu avais parié sur Jin, mais...je me demande réellement combien de fois tu as dû te toucher pour te libérer de toutes ces pensées salaces que tu as depuis que tu as vu la jolie gueule de Jimin. Fais attention, ce serait presque amusant de te voir combattre ton vieux pote Hoseok, hm ?

Ainsi, Taehyung le dépassa et lui fit un rapide sourire assez mesquin, avant d'aller rejoindre Namjoon et les autres. Au même moment, Hoseok arriva à la porte et salua rapidement son ami, d'un joyeux sourire.

— Salut mec, bah alors, tu rentres pas ?

Yoongi sursauta en entendant sa voix, et lui fit signe de passer avant de le suivre. Quand ils entrèrent, il croisa rapidement le regard de Jimin, qui, dès qu'il aperçut Hoseok, se leva pour le rejoindre afin de lui chuchoter quelque chose à l'oreille.

Le hackeur lui, prit une profonde inspiration et lança un mauvais regard à Taehyung avant de prendre place aux côtés de Jungkook, qui finissait de se mettre en place pour la leçon du jour. Taehyung voyait vraiment tout et il avait le don de le mettre sur les dents. Yoongi était en manque certes, depuis qu'il était arrivé ici difficile de satisfaire ses désirs pervers, mais il savait aussi se retenir quand il s'agissait de ne pas mettre à mal une mission ou bien encore de ne pas trahir un ami de longue date. Et pourtant la tentation était à la limite du supportable, et il se surprenait lui-même à être autant dans le contrôle. Un effet secondaire de ses petites problématiques de santé ?

Aujourd'hui, le jeune homme semblait assez heureux à l'idée de présenter ses talents. Quelques jours auparavant, Yoongi était venu lui dire que sa commande était arrivée. Il l'avait alors aidé à mettre la machine en marche après avoir vérifié que tout était en ordre. Il avait quelque peu discuté de plusieurs choses insignifiantes bien que le hackeur avait gardé une certaine distance avec lui.

Quand il eut fini, Jungkook passa les mains sur son jean déchiré et se releva, saluant ses camarades en s'abaissant un peu.

— Bon, par quoi je commence ? Demanda t-il, les autres le trouvant presque mignon en pensant qu'il pouvait être nerveux.

— Par le début, explique leur ce que tu fais, lui répondit Namjoon.

— Ok alors...à la base, mon métier c'est le plagiat.

— C'était pas para mec ? Renchérit Jin, fronçant les sourcils à son cadet.

— Si, tu as raison, reprit le plus jeune. Je suis militaire, comme la plupart d'entre vous et spécialisé dans le parachutisme. Mais de base, mon vrai truc, c'est le plagiat.

— Jungkook a suivi des études dans une des grandes écoles d'art de Chine et il a fini premier de sa promotion, ajouta l'ancien colonel. Un véritable artiste les amis et je l'ai vu à l'œuvre, il est capable de reproduire n'importe quelle œuvre d'art. C'est impressionnant.

Le jeune homme hocha la tête pour confirmer ses dires, passant la langue sur ses lèvres avant de reprendre :

— Après ça, j'me suis dit que je pouvais m'en servir pour détourner deux-trois trucs pour gagner un peu plus. J'faisais des faux pass, des faux papiers, des trucs dans ce style-là, pour aider des mecs de ma section. Quand mon commandant l'a su, plutôt que de me foutre dehors, il m'a mis à la tête d'une nouvelle section spécialisée dans la falsification et le décryptage du faux.

— P'tit veinard va, y'en a qui se font virer pour beaucoup moins tu sais, commenta Jin, sachant de quoi il parlait.

— C'est toi qui dit ça, lançant Hoseok bien gaiement à son ami.

— Justement Hobi, justement, répondit le pilote les yeux clos, hochant la tête les lèvres pressées l'une contre l'autre.

— On parlera de toutes les fois ou t'a failli te faire virer à la prochaine lune Jinda, concentre toi deux minutes, le gronda Yoongi en faisant signe à Jungkook de continuer.

Le plus jeune se mit à sourire, sentant le regard perçant et silencieux de Taehyung dans son dos.

— Pour en revenir à ce que je voulais dire, c'est que j'ai pu voir avec Yoongi le système de sécurité de Lay. Je le connais par cœur, et en c'qui concerne le collier, c'est vachement chaud, dit-il en jouant avec le piercing à sa lèvre inférieure. La parure est déposée sur un socle qui compte le moindre milligramme, avoua t-il.

— Bah voilà, on est foutu. Putain, moi qui m'imaginait déjà ce truc au cou...

Jimin fit une moue adorable, laissant retomber son menton dans le creux de sa main.

— T'inquiète Blondie, le rassura Yoongi, c'est des futilités.

— Quoi ? Rétorqua le concerné, les yeux brillants à nouveau.

Jungkook rigola en secouant la tête, puis relâcha son piercing entre ses dents, remontant les manches de son t-shirt. Cela permit de dévoiler l'un de ses bras tatoués, qui devint un nouveau sujet d'intérêt pour le noiraud qui l'observait discrètement.

— Ouais le collier est déposé sur un socle qui nous complique la tâche, mais c'est déjà réglé. En fait, j'ai pu faire des recherches à propos du bijou. Je connais ses dimensions, et j'ai pu faire mon squelette. Le seul problème qui me restait, c'était le grammage exact. Sur internet, on ne trouvera rien car tout est faussé. En même temps, n'importe qui pourrait s'en servir pour se faire des couilles en or. Alors j'en ai parlé à Yoongi, et il a trouvé la solution.

Le hackeur le laissa sortir une paire de lunettes, tout à fait banale d'un de ses sacs et il lui tendit. Ce dernier lui prit des mains, et replaça ses lunettes de soleil sur son crâne, afin de les mettre.

— Des lunettes ? Répliqua Jimin, peu convaincu. C'est avec des lunettes que t'as réglé le souci le plus complexe après la zone 51 ?

— C'est pas des lunettes comme les autres, tiens, lui répondit le hackeur en le lui déposant sur les yeux.

Le blond se laissa faire en tirant la grimace, les yeux clos, avant de les rouvrir et de voir que rien n'avait changé. Il regarda à droite puis à gauche, haussant les épaules. Mais au moment où il s'apprêtait à les retirer, Yoongi se déplaça jusqu'à ses côtés et appuya sur un petit bouton qui était caché sur l'une des branches noires.

— Qu'est-ce que tu vois ?

— Bah rien ! Rien, mais...attends, attends putain ! Yoongi, c'est quoi ce truc ? Pourquoi ça m'affiche plein de codes là ? Attends, eh, oh la ! Pourquoi ça analyse tout ?

— Arrête de bouger et fixe un objet dans la pièce, n'importe quoi, dit Yoongi en riant à moitié.

Alors le blond l'écouta, fixant son regard sur un objet au hasard. Au bout de quelques secondes, il pu recevoir un message qui lui disait que la transaction était terminée. Il resta bouche bée, et surtout, il ne comprenait toujours pas ce qu'il venait de se passer.

Quand il reçut le signal de Yoongi, Jungkook s'empressa d'allumer sa machine et se pencha dessus. Il tapa rapidement sur son petit écran, et hocha la tête au hackeur.

— Bravo Barbie, tu viens de scanner ce vase de fond en comble.

— Qu'est-ce qu-

— Yoongi a pu trouver le moyen de nous faire ces petits gadgets. C'est des lunettes, ouais, mais elles peuvent scanner n'importe quoi quand tu oublies pas de cliquer sur le bouton sur la branche de droite. Au bout de quelques secondes, ou du moins le temps qu'il leur faut pour scanner l'objet en entier, ça m'envoi les infos sur la machine qui commencera à graver. Et ça, dit Jungkook en donnant un petit coup à sa machine, c'est mon trésor. Ca peut reproduire n'importe quoi, dans la limite de la taille en fait. Je dois encore la modifier un peu pour qu'elle soit parfaite pour la reproduction du collier.

Doucement, Jimin se mit à applaudir comme s'il venait d'assister à un spectacle, tandis que les autres se mirent à sourire. Seul Taehyung ne bougea pas d'un pouce, les bras comme toujours croisés contre son torse, l'air absent.

Yoongi vint de nouveau vers le blond pour lui retirer les lunettes, qu'il rangea dans le sac que Jungkook avait rapporté. Puis, il se posta devant eux, baillant rapidement avant de reprendre.

— Ces machins sont assez spécifiques et faudra que le scan soit fait en amont.

— Ouais, quand on aura le scan, je m'occuperai de lancer la machine à distance. Le but c'est d'avoir la réplique avant qu'on s'occupe de récupérer le vrai, pour le remplacer ni vu, ni connu.

— D'ailleurs, reprit le hackeur, l'autre chose à savoir c'est qu'il faudra qu'un petit malin soit assez proche de Lay pour qu'il le laisse entrer dans la pièce. Il ou elle portera les lunettes, et je lui dirais comment les utiliser. Un micro est connecté aussi, comme ça, je pourrais vous entendre, et vous pourrez m'entendre aussi pour que je vous dise quand le scan est fini. On avait pensé à Jimin ou à Jessy pour cette mission là.

— Pourquoi nous ? Demanda la jeune femme.

— Il vous faudra jouer de votre séduction pour accéder à cette pièce, lui répondit Namjoon.

— Oh eh d'ailleurs, j'préfère être franc avec vous les cocos. A mon avis, un de vous deux passera forcément à la casserole pour ça. Lay est un gros con qui aime trop montrer sa richesse en faisant porter ses parures à ses plans culs, ça le fait bander lui aussi, un point commun avec toi Blondie.

La révélation de Yoongi laissa la pièce sans voix, tandis que Jessy tirait déjà une grimace étrange, alors que Jimin lui, trouvait ça plutôt redondant. Il avait tellement l'habitude de tromper ses "victimes" avec le sexe, que ce n'était qu'un jeu d'enfant de plus à ses yeux.

— Quoi qu'il advienne, Taehyung aussi sera là pour vous aider, n'est-ce pas ?

Le noiraud détourna le regard jusqu'à présent posé sur Jungkook, pour regarder son ancien colonel, et hocha la tête en signe d'approbation.

— Si c'est le prix qu'il faut payer pour porter cette merveille sur mon cou ma foi...bon, je me dévoue !

— Vraiment, grogna Hoseok, pas tout à fait d'accord avec le concept.

— Une simple formalité Hobi, crois-moi. Une formalité, rien d'autre.

La remarque de Jimin fit rire Jungkook une nouvelle fois, avant que la petite foule ne se disperse pour aller prendre leur déjeuner. De toute manière, il avait encore pas mal de choses à faire autour de son nouvel engin, pour le rendre le plus parfait possible. Et ça, Jungkook était un véritable professionnel dans le domaine.

Jamais aucun détail ne lui filait sous le nez.

Jamais.

*

Finalement, Jungkook avait dû attendre un peu plus longtemps afin de revenir à sa machine. Après sa leçon, le jeune homme avait été tiré par nul autre que Jimin, qui avait tenu à ce qu'il mange avec eux. Alors il avait cédé, refusant de l'entendre se plaindre plus de cinq minutes.

Ensuite, il s'était excusé rapidement et s'était de nouveau enfermé dans cette pièce qui lui avait été attitrée, afin de se remettre au travail. Il lui fallait revoir quelques réglages et peut-être même bidouiller un peu le système de l'engin afin qu'il puisse être capable de reproduire le collier, de la façon des plus parfaites qui soit.

A vrai dire, Jungkook était un véritable jeune homme à tout faire, et ce depuis toujours. Son père lui avait très souvent dit que cela était un formidable atout, alors il l'avait entretenu. En fin de compte, aujourd'hui, même si cela avait été difficile, Jungkook n'allait pas s'en plaindre. Le travail payait toujours.

Donc il s'était agenouillé au pied de sa machine, munis de ses multiples outils et de toutes ces choses informatiques que Yoongi lui avait confiées, avant de plonger la tête dans le moteur pour accéder aux paramètres. Mais alors qu'il était paisiblement en train de retoucher à quelques fils, il entendit la porte grincer légèrement.

Ce simple bruit lui suffit pour ressortir la tête de son trou, et il fut assez surpris de croiser le regard de Taehyung, qui venait à peine de se coller à l'embrasure de la porte.

— Diplôme d'art alors ? Dit le noiraud, passant la langue sur ses lèvres.

— Hm, répondit seulement Jungkook avant d'enfoncer à nouveau sa tête dans la machine.

Malgré tout, on pouvait l'entendre parler.

— On m'a dit que tu étais capable de reproduire n'importe quelle œuvre, tu dois certainement sacrément t'y connaître alors.

— Un peu ouais, souffla le plus jeune en s'emparant d'un nouvel outil.

Hochant simplement la tête comme si Jungkook allait pouvoir le voir, Taehyung avança doucement dans la pièce, les mains croisées dans le dos. Il resta toujours assez loin de Jungkook, mais assez prêt pour observer la totalité de son corps qui lui était offerte. Il portait un short désormais, qui dévoilait ses cuisses musclées mais aussi le reste de ses jambes. Son t-shirt avait des manches courtes, alors dès que Jungkook ressortait la main pour attraper un nouvel objet, Taehyung avait le temps de détailler les nombreux tatouages qui décoraient son bras.

— Le pont des arts, souffla Taehyung en observant toujours le plus jeune s'atteler à son travail.

— Auguste Renoir, huile sur toile. Il est conservé à Pasadena.

— Rosier en fleurs ?

— Van Gogh, Musée national de l'Art occidental, Tokyo.

— La naissance de Vénus ? Relança Taehyung en prenant place dans le grand canapé qui faisait face au plus jeune. Il prit place gracieusement, croisant une jambe sur l'autre et étendant son bras sur le dossier.

— Facile, Sandro Botticelli, souffla Jungkook en grognant légèrement, arrivant à peine à atteindre son but.

— Le baiser ?

— C'est...rétorqua doucement Jungkook en attrapant un autre outil. Celui-là, c'est Gustav Klimt.

— Bien, bien...

Taehyung se plongea de nouveau dans son silence, appréciant presque regarder son cadet s'atteler à sa tâche qui commençait peut-être à le rendre nerveux. Mais finalement, Jungkook réussit à brancher un dernier fil puis il ressortit la tête du corps de la machine et se redressa rapidement, s'aidant seulement de la force de ses jambes. Puis, sans lancer un seul regard à son aîné, il se pencha sur le petit écran pour rallumer l'engin.

— White Fields, prononça Taehyung de son anglais élégant.

Cela sembla presque rouler sur sa langue, de sa voix rauque. De son côté, Jungkook, bien trop concentré sur son écran ne lui répondit pas de suite, les yeux froncés cherchant à connecter sa machine à ses récents branchements.

— Je me disais bien que tu ne pouvais pas tout connaître, domm-

— C'est Alexander Calder, le coupa Jungkook.

S'enfonçant à nouveau dans son canapé, Taehyung laissa un sourire habiller ses douces lèvres, surpris d'apprendre que Jungkook en avait en réserve. Alexander Calder était l'un de ses artistes favoris. Il aimait sa façon de peindre l'abstrait, et appréciait particulièrement en faire sa propre interprétation. D'ailleurs, il arrivait au noiraud de se balader dans des galeries quand bon lui semblait, afin de rencontrer l'esprit artistique d'artistes inconnus.

— T'as l'air d'aimer ce qui est abstrait, avoua Jungkook à demi-mot.

— Assez, effectivement.

— Qu'est-ce que tu y trouves ?

Bien qu'il lui tournait le dos, Jungkook semblait boire chacune des réponses que pouvait lui donner le noiraud. Indirectement, il cherchait à le comprendre, lui.

— L'abstrait, c'est ce qui est brut. Ce qui est concret au final, n'est qu'une chose abstraite devenue familière.

— Vraiment ? Rétorqua le plus jeune, lui faisant maintenant face, les deux mains posées contre sa machine qui se trouvait dans son dos.

— On trouve toujours plus de réponses dans ce qui est abstrait, Jungkook. Le concret n'apporte rien de plus que ce qu'il ne laisse croire.

A ces mots, les deux jeunes hommes se toisèrent en silence. Un peu comme si dans l'air, ils cherchaient à tirer des conclusions de cette même phrase. Et puis jusqu'alors, ils n'avaient jamais pu partager de grande discussion. Ils ne cessaient de s'observer, s'analyser sans rien se dire, chacun dans leur coin. Comme si dans un sens, chacun d'eux cherchaient à creuser l'autre, sans se faire repérer.

C'était une mission constante, et ce depuis leur première rencontre.

Depuis le début, Jungkook et Taehyung étaient restés méfiants l'un envers l'autre. Leur échanges s'étaient toujours fait au travers de moments colériques, tant qu'ils s'étaient plus disputés, plus qu'ils n'avaient échanger. Une sorte de combat de coq en quelque sorte, trop de testostérones, trop de dominance entre eux.

La question était : pourquoi ?

Pourquoi ces deux-là se méfiaient autant l'un de l'autre ? N'étaient-ils pas dans la même équipe, celle-là même que le grand Namjoon avait constituée, parce qu'il savait que malgré leurs différences ils pouvaient tous se compléter et accomplir cette mission difficile et dangereuse ?

Il savait que tous étaient prêts à jouer leur vie, mais la question pour chacun d'entre eux, c'était pour quelles raisons.

Ceci dit, Taehyung appréciait presque ce court moment de détente, bien qu'il n'était pas venu dans le seul but de faire connaissance avec son cadet. Il aimait garder un œil sur chacun des membres de l'équipe, qui plus est, surtout lui. Depuis que Yoongi lui avait confié qu'il détenait peu d'informations sur sa vie, cela l'avait longuement tracassé, au point où il s'était mit à fouiller là où il pouvait, pensant obtenir des réponses. Il détestait ne pas maîtriser les choses dans leur entièreté. Il aimait le contrôle, le contrôle des gens et des choses, comme des situations. Après tout, lui aussi il était un soldat.

D'un autre côté, il lui fallait avouer que Jungkook n'était pas désagréable à regarder. C'était un très bel homme, et Taehyung raffolait de la beauté. Il aimait se dire que cette dernière pouvait être un peu partout, parfois cachée là où on s'y attendait le moins.

— Je ne suis pas un tableau, Taehyung.

Poussant sa langue contre sa joue, signe qu'il commençait à trouver cela agaçant d'être scruté comme n'importe quelles œuvres d'arts, Jungkook toisa le noiraud d'un air presque amusé.

Cependant, Taehyung put en saisir le double sens, et le trouva assez condescendant. Cette simple pensée lui suffit pour raviver cette drôle de sensation qui l'animait lorsqu'il le croisait, alors, il se leva sans plus de cérémonie.

— Je ne suis pas ce genre de chose abstraite dont tu pourras tirer des conclusions tu sais, attaqua une nouvelle fois Jungkook en reprenant là où il s'était arrêté.

Taehyung ne lui répondit pas de suite, et marcha lentement jusqu'à la porte, attrapant l'embrasure et tourna à peine la tête vers lui.

— Si tu crois seulement que j'ai besoin de ça pour te percer à jour...tu te trompes.

Puis, il s'en alla, laissant le jeune homme et son sourire malin sur le visage reprendre son travail.

Mais lui non plus, ne comptait pas se laisser pénétrer si facilement.

Il détendit même ses épaules, craquant rapidement sa nuque qui commençait à être douloureuse.

La partie venait seulement de commencer, après tout.