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𝐄𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞



Ombra mai fu - Sung Hoon Choi

Adio - NA YUN SIK

Frequencies - Aaryan Shah

IfILeave - Sumi Jo

Chopin: Nocturne No. 21 in C Minor, OP posth.

Juju - Koibito Yo


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2 ans plus tard


Jamais encore le ciel n'avait été aussi beau que ce jour.

Les nuages blancs flottaient dans l'océan bleu, rendant la forteresse de Gwangseongbo encore plus belle, sans parler de ces arbres colorés de rouge et d'orangé qui rappelaient la chaleureuse période d'automne.

C'était impressionnant d'y voir tout ce monde, tous ces hommes habillés de leur costume qui ne pouvaient être confondus avec d'autres. Plus que n'importe qui, ces hommes se tenaient droit et portaient sur leur visage et sur leur cœur, le synonyme de la bravoure.

Aujourd'hui, ils brillaient de toutes parts.

Il y avait aussi ces hommes, habillés dignement, leur coeur et leur torse scintillant avec les rayons du soleil, puis, il y avait cette musique sur laquelle dansaient les oiseaux de fer dans les airs, rappelant le chant de ceux qui non seulement étaient parti trop tôt, mais également, de ceux qui étaient parti en laissant comme souvenir derrière eux, un monde meilleur.

Aujourd'hui, et après deux longues années, ce n'était pas seulement des hommes, mais des soldats, des femmes, des frères, des sœurs, des familles et des amis qui rendaient hommage afin de prononcer de véritables adieux.

On pouvait lire le regret sur le visage, mais aussi la peine et quelque part, la fierté de pouvoir en ce jour libéré cette personne, qui, par son acte, avait sauvé un pays, des honneurs et plus encore, des vies.

Pas n'importe lesquelles, celles de ceux qui étaient devenus sa véritable famille.

Personne ne pouvait le savoir, mais pour celui qui assistait à la scène au loin, perché sur une petite butte de terre battue, tout ceci n'aurait été qu'une cérémonie de pacotille. Oui, lui savait que la personne pour laquelle les larmes coulaient aujourd'hui aurait trouver le moyen de critiquer tout cela, de l'ironiser sans jamais avouer à quel point ce geste lui aurait réchauffé le cœur. Après tout, il n'avait jamais vécu pour la gloire.

Oui, du haut de son petit perchoir, et sentant la fumée de sa cigarette lui caresser les narines, il observait le ciel bleu devenu feuille blanche sur laquelle les couleurs de la patrie accueillaient le défilé des soldats. Il était fier, heureux malgré la peine, qu'on lui rende enfin cet hommage qu'il méritait tant.

Il vit d'abord les hommes en uniforme au pas, ouvrant la marche pour ceux qui portaient du bout de leur bras, cet immense cercueil décoré par le drapeau de leur pays. Ce drapeau n'avait jamais été aussi beau à ses yeux qu'aujourd'hui, dans ce magnifique décor qu'offrait le temple de la forteresse. De là où il se tenait, il préféra reculer un peu plus entre les arbres, afin de voir tout ce beau monde marcher jusqu'au petit parc où étaient installées plusieurs rangées de chaises blanches.

Après deux ans d'ignorance, perdu dans un cimetière délabré, il rejoignait enfin sa place au milieu des siens, de ces hommes morts comme lui pour une noble cause, pour la patrie, pour l'engagement d'une vie.

D'abord, les soldats déposèrent le cercueil sur sa plateforme, n'oubliant pas de tirer le drapeau afin que celui-ci soit ne soit lisse, puis, vint l'arrivée des haut gradés, des lieutenants, des généraux, et des proches. Tous prirent place dans une rangée, observant la fin des voltiges avec fierté.

L'homme qui se tenait à l'écart, lui, ne put décoller son regard du portrait qui était présenté aux côtés du cercueil, le fixant comme si ce dernier allait se mettre à bouger. A vrai dire, c'est ce qu'il aurait voulu, afin que lui aussi puisse voir toutes ces personnes venues pleurer pour lui, le remercier d'avoir rendu la justice. D'avoir fait le bon choix.

Une once de regret et de colère l'envahit alors, quand soudain, la musique prit fin, laissant un bel homme avancer jusqu'à l'estrade. C'est avec des yeux remplis d'admiration qu'il le regarda poser la main sur le bois du cercueil qui sans nul doute était vide, ou presque, puis fermer les yeux comme s'il lui adressait un message avant de poser en son centre, une belle enseigne.

Chose faite, l'homme se retourna et revint se poster devant le pupitre, prenant une profonde inspiration. Il était enfin temps de dire quelques mots, mais même les mots n'étaient plus suffisants.

Cet homme le savait, et d'ailleurs, il n'allait pas les prononcer que pour lui-même puisque devant lui, au deuxième rang, se trouvaient toutes les personnes avec qui il avait partagé ses larmes, ses doutes, et ses peines. Ces personnes avec qui il avait affronté le pire, ces personnes avec qui il avait perdu un des leurs, au prix de leur vie.

Il lui fallut dix bonnes minutes avant de se lancer, se tenant aussi droit que possible, comme si de cette manière, il pouvait toucher le ciel.

– On ne rend jamais assez hommage à ceux qui donnent, commença t-il, attirant alors toute l'attention de son public. Les gens ne se souviendront pas forcément de ce qu'on leur a dit, mais ils se souviendront éternellement que l'on a partagé cette épreuve de leur vie, camarade dans l'adversité...Mais aussi, camarade dans la peur, dans l'effroi, dans la douceur, dans la joie. Une disparition nous rappelle comme une évidence que nous sommes finalement bien peu de choses et qu'il faut profiter de chaque seconde, de chaque minute ici bas...Je pourrais faire un discours digne d'une fonction ou d'un titre, mais je sais que quelque part, tu es toujours là, et de ce fait, je ne peux t'adresser des mots que tu aurais certainement moquer afin de cacher ce coeur qui a toujours été bien plus grand que tu pouvais laisser croire. Alors, à toi, qui a su profiter de ces secondes, de ces minutes, afin de donner le meilleur de toi même dans tout ce que tu entreprenais, même si l'on sait que parfois, ça ne pouvait pas être toujours honorable...dit-il en riant, une larme cachée au fond de la gorge. A toi qui vivait au jour le jour, profitant de tout ce que le monde peut nous apporter, à toi, qui a su, même dans les moments les plus sombres, affronter le pire. A toi, qui a été un homme aimant et aimé en retour. A toi, qui a été un fils et un frère. Un frère de sang, un frère de cœur, un frère d'arme. A toi, qui te savais perdu, mais aussi à toi, qui n'a pas hésité une seule seconde à prendre la vie par les cornes pour la chevaucher jusqu'au dernier instant. A toi, qui a toujours pris les meilleures décisions. A toi, qui nous a rendu notre fierté, notre gloire, notre rang. Nous t'adressons aujourd'hui notre dernier adieu, afin que où que tu sois, tu puisses nous entendre et enfin te libérer dignement de tes dernières chaînes pour rejoindre la place qui t'a toujours été dû...

Jusqu'alors, l'homme devant l'estrade s'était contenté de lire tout un joli discours qu'il avait certainement écrit des jours auparavant, mais alors qu'il allait reprendre, il ferma les yeux puis les rouvrit, un sourire accompagnant les tendres traits de son visage abîmé.

– Je sais que tu n'es pas dans ce cercueil et que tu reposes déjà en paix, mais j'aime imaginer que tu puisses m'entendre, et nous savons tous et toutes que tu dois me maudire pour tous ces mots que tu aurais jugé pathétique. Bien sûr, tu n'aurais jamais avouer que toutes ces belles paroles t'auraient fait chaud au cœur, pas vrai, mon ami ? Alors, avant de te dire au revoir, je m'adresse à toi afin de te dire : merci. Merci d'avoir été toi même et de n'avoir jamais changé, merci d'avoir été ma boussole dans les moments où j'avais perdu mon cap, merci d'avoir été à mes côtés toutes ces années et ne pas avoir hésiter à me rejoindre sur cette dernière mission qui aura eu raison de toi. Je te promets que jamais je ne dirai regretter, et je te promets aussi de faire ce cadeau que tu m'a laissé, une vie, la plus belle possible jusqu'à la fin de mes jours. Je te rendrais fier, et j'ose te dire aujourd'hui qu'après deux longues années, nous avons tous récupéré notre fonction, notre titre, et avons même été félicités pour nos actes. C'est en ton nom que j'adresse également un geste chaleureux à notre belle équipe, à nos amis, à nos amours.

Face à lui, l'homme aux cheveux grisonnant vit les larmes couler sur les joues de ses compagnons, mais il savait que ce n'était pas par tristesse. Ces larmes n'étaient pas destinés à se perdre dans un champ de bataille sans fin, mais plutôt, dans un immense paradis lumineux, à l'image de celui pour qui elles étaient adressées.

– A toi, qui a certainement été le meilleur d'entre nous, dit-il en se raclant la gorge. Nous t'adressons un dernier adieu, et te souhaitons le plus beau des voyages. A jamais, Min Yoongi, mon frère.

A la fin du discours, l'homme qui se tenait toujours à l'écart fut le premier à applaudir, bien qu'il savait que personne ne pouvait l'entendre. Il n'avait pas versé une seule larme, mais son cœur avait parlé pour lui lorsqu'il avait vu le visage de Jimin et d'Hoseok trembler de peine et de douleur bien qu'ils étaient maintenant heureux de dire au revoir à leur amant. Lorsqu'il avait vu Seokjin, tenant la petite main de son enfant qui lui même s'était agrippé à sa maman au ventre arrondi, lorsqu'il avait vu Jessy vu relever les yeux au ciel pour ne pas sombrer dans un torrent d'émotion, et surtout, lorsqu'il avait vu sa propre soeur, s'avancer vers l'estrade pour proposer sa main à son nouveau compagnon.

Oui, le seul et l'unique Kim Taehyung n'aurait pu rater cette cérémonie pour rien au monde, et s'était démené afin de faire les adieux les plus honorable à son ami, à celui qui lui avait non seulement sauvé la vie, mais aussi, à celui qui avait sacrifié la sienne au prix des leurs.

Même à cet instant, alors que chacun se levait afin de prononcer ses derniers mots à Min Yoongi, Taehyung, lui, se remémorait sans cesse cette fameuse scène, celle qui avait tout fait basculé.

Aujourd'hui encore, il s'en voulait, terriblement, et bien qu'il ne l'avouerait jamais, passait parfois des nuits entières après s'être plongé dans l'alcool à pleurer la perte tragique de son ami le plus proche.

Bien qu'il avait fait tout ce qui avait été en son possible afin de rendre leurs honneurs à ses amis qui les avaient perdu des années auparavant, Taehyung ne pouvait que se sentir rongé par la culpabilité. Non pas parce que le destin lui avait accordé plus de temps, mais parce que malgré tout, le cœur avait été plus fort que la raison.

Lorsque la musique repris de plus belle pour accompagner Yoongi sur ce dernier voyage en paix vers les cieux, Taehyung rangea les mains dans ses poches et tourna le dos à la cérémonie pour marcher tranquillement au gré du vent jusqu'à atteindre le bout de la jetée.

Seul, il se permit de verser une larme, seul vestige de sa profonde peine, et concentra toute son attention sur cette eau si calme qui berçait les cœurs, au loin. Comme il faisait beau, les rayons du soleil se reflétaient sur l'eau, lui offrant comme une couverture dorée qui eut le don d'apaiser Taehyung un moment.

Sans nul doute que tout un tas de pensées le traversèrent en ce moment, mais il resta le seul à le savoir, profitant de cette légère brise d'autonome qui le fit presque frissonner dans son grand manteau noir.

Face à l'horizon du lac, Taehyung prit une grande inspiration avant de faufiler une cigarette hors de son paquet et de l'allumer avec un briquet assez spécial. Jamais personne ne l'avait su, mais c'est lors de leur mission en Afghanistan que Yoongi lui avait offert ce joli zippo. A cette époque, son camarade fumait beaucoup et, sur un coup de tête, avait décidé de tout arrêter du jour au lendemain, quelques jours avant le moment fatidique où Taehyung les avait abandonnés. enfin, abandonnés...

— Il sera heureux de savoir que tu étais là.

Une voix chaude attira alors son attention tandis qu'il expulsait les premières traces de fumée provenant de sa cigarette. Il ne se retourna pas et se contenta d'accueillir le nouveau venu par un petit sourire au coin des lèvres.

– De toute manière, ce n'est pas comme s'il pouvait me remercier.

– Lui, peut-être. Mais moi, je le peux.

Touché par cet aveu, Taehyung tourna la tête, assez pour ne pas que ses cheveux (qui avaient bien poussé) ne lui gênent pas la vue et ainsi, plongea dans le regard à la fois affectueux et inconsolable de Namjoon.

– Je t'ai déjà dit que ce n'était rien.

– Pas pour nous, Taehyung.

– Vous devriez me détester.

– Pourquoi ?

– Tu sais très bien pourquoi.

– Pour avoir aimé ?

Taehyung préféra ignorer cette désagréable sensation de chaud et de picotement que lui procura sa cigarette qui atteignait presque ses limites et fronça les sourcils dans le mutisme complet.

Il se détestait tellement.

– Je ne peux pas parler à sa place Taehyung, mais tu sais très bien pourquoi Yoongi a agi comme ça. Il savait aussi ce que ça faisait d'aimer et d'en souffrir, et malgré tout ce que tu peux imaginer, ni lui, ni nous ne t'avons jugé. Après tout ça, tu...Tu es si vite parti, que j'ai cru que nous allions de nouveau te perdre de vue.

– Je voulais le retrouver.

– Je sais ce que tu as voulu faire, comme nous tous. Mais nous avions déjà tant perdu, Taehyung. Quoi qu'il en soit, nous avons tous et toutes fait des choix durant cette mission, ces choix nous appartiennent et nous ne pouvons nous en vouloir d'avoir été victime d'un piège bien trop grand. Je pense sincèrement que Jun...

– S'il te plait, pas maintenant.

— Comme tu voudras...

— Et pour le collier ? Il est en sécurité ? demanda alors Taehyung, changeant de sujet par la même occasion.

Du coin de l'œil, il vit Namjoon esquissé un petit sourire.

— Je pense qu'il ne pourra jamais être mieux que dans l'un des fameux bocaux de Jimin...C'est sa façon de garder Yoongi auprès de lui, après tout, ce grand fou l'a vraiment aimé et grâce à lui, il aura pu trouva l'amour et la paix.

Taehyung sourit faiblement, malgré la tristesse d'avoir perdu un ami puis un silence s'installa alors entre les hommes, silence qui ne fut ni pesant, ni étrange. Il fut simplement essentiel, afin que chacun puisse récupérer de ses émotions propres, afin de, quelque part, laisser à Yoongi une parole qui ne viendrait jamais mais qui fut tout de même là.

– Je suis heureux que Yamane puisse compter sur toi, confia alors Taehyung.

– Elle m'a sauvé, et j'ose espérer que tu connais la valeur de mes sentiments envers elle.

— Je n'ai pas à choisir pour elle, Namjoon.

— Pourquoi tu n'irais pas la voir ? Les autres seraient aussi heureux de te saluer.

— C'est impossible, conclut rapidement Taehyung.

Oui, il lui était impossible, presque interdit de se présenter devant ses amis, pas en sachant que pendant ces deux années il s'était tant battu pour eux, autant que pour celui pour lequel son cœur n'avait jamais cessé de battre.

Conscient que sa réponse avait été assez cru, Taehyung posa une main sur l'épaule de Namjoon et lui accorda un sourire franc (tout à la fois malheureux).

— Je me ferais un plaisir de leur rendre visite lorsque j'en aurais fini pour de bon, lorsque j'aurais rendu son honneur à notre ami. Je te le promets.

Au même moment, il sentit son portable vibrer dans sa poche, comprenant alors le signal de Noguchi qui avait certainement dû le prévenir de la prochaine étape de son voyage.

Il était temps d'aller le retrouver, et d'en finir pour de bon.

C'est donc sur ces belles paroles et ce sourire pourtant attristé que Taehyung se débarassa du mégot de sa cigarette avant de tourner le dos à Namjoon, qui n'attendit pas qu'il soit au bout de la jetée pour lui dire haut et fort :

— C'était la meilleure fin pour Yoongi, il est mort en héros !


*


Lorsque sa voiture arriva sur le tarmac, Taehyung décrocha son regard de la fenêtre teintée et n'adressa pas un seul mot à Noguchi lorsque celui-ci vint lui ouvrir la portière.

Comme un automate, il se dirigea à bord de son jet privé, le vent caressant ses cheveux longs qui dansèrent sur son visage froid et peiné.

Même après avoir prit place dans ce siège puant le luxe, même après que l'avion ait décollé dans ce paysage plongé dans la nuit noire, Taehyung ne put détacher ses yeux du hublot, regardant le paysage coréen défiler et devenir de plus en plus petit avant disparaître à travers les nuages.

— Monsieur, voudriez-vous boire quelque chose ? lui adressa Noguchi, se tenant toujours aussi droit même après toutes ces années.

— Vous devriez vous asseoir, Noguchi.

— Ne vous inquiétez pas pour moi, Monsieur.

— Je vous avais pourtant demandé de rester chez nous.

— Je le sais bien, mais je ne peux me contraindre à vous laisser y aller seul. S'il vous plaît, accordez-moi ce moment et ne refusez pas ma compagnie.

— Je ne la refuse pas.

Bien qu'il le sentait plutôt distant et préoccupé, Noguchi cru entendre une certaine détresse émaner de la voix de son patron, de celui qu'il avait vu grandir et qu'il avait presque éduqué comme son propre fils. Alors, sans que Taehyung ne le lui demande, il prit place face à lui, et leur servit à chacun un peu d'alcool dans de petits verres.

— Monsieur Min a t-il eu de beaux adieux ?

— Les plus beaux, oui.

Noguchi ne renchérit pas, laissant le silence prendre place jusqu'à ce que Taehyung ne continue lui-même.

— J'aurais aimé ne pas les lui adresser maintenant.

— Je sais que vous vous en voulez encore, Monsieur. Mais Monsieur Min a agi en toute bonne conscience, et s'il a préféré vous laisser la vie, ce n'est pas pour que vous le regrettiez comme si son acte avait été vain.

— Je sais.

Finalement, Taehyung finit par attraper le verre que lui avait servi Noguchi et le bu petit à petit, essayant de se concentrer sur cette drôle de sensation de chaud-froid sur ses lèvres plutôt que de continuer d'écouter toutes ses pensées qui ne cessaient de se bousculer entre elles jusqu'à en devenir un putain de tsunami.

— Quoi que vous fassiez, Monsieur...N'oubliez pas que vous faites ce que vous pensez être juste. Je n'oserais pas parler à la place de votre mère, mais je pense sincèrement qu'il ne faut pas oublier ses mots, ce qu'elle vous a inculqué. Si vous ne croyez pas en vous, alors croyez en elle.

— Hm.

Sur ces mots, Noguchi hocha la tête puis se redressa afin de courber l'échine devant son patron avant de disparaître un peu plus loin avec le personnel du jet privé.

Seul, Taehyung laissa retomber sa tête contre la carcasse blanche de la cabine, conscient qu'il ne pouvait maintenant plus lutter.

Toutes ses voies dans sa tête revinrent comme des mauvais souvenirs, des cauchemars. Il avait beau les supplier de le laisser partir, elles venaient toujours par vagues, trouvant leur chemin jusqu'à sa tête, mais jamais jusqu'à son coeur.

Les yeux clos, Taehyung se remémorant (encore une fois) tout ce qui s'était passé ces deux dernières années.

Après la mort de Yoongi, tous avaient été en état de choc et cela avait été une réelle putain d'épreuve. Taehyung n'avait même pas vu Jungkook s'en aller, et s'était laissé tomber devant le corps de son ami, le visage blafard et les yeux aussi ronds que des foutues billes. La bouche grande ouverte, il n'avait pourtant pas crié. Non, Jimin l'avait fait pour lui.

Aujourd'hui, les souvenirs étaient devenus tellement flou. Mais les cris, les pleurs, eux, étaient encore bien présents dans sa mémoire. Il pouvait, à chaque fois qu'il fermait les yeux, entendre les voix de ses camarades hurler le nom de Yoongi, entendre la voix de Hoseok prendre le dessus et se battre pour qu'ensemble ils rejoignent l'hélicoptère où les avait si longtemps attendu Jin.

Après ça, le trou noir total.

Taehyung ne savait même plus comment il était rentré chez lui, il ne se souvenait plus de ce que lui avait dit Yamane à son arrivée, ni même de ce qu'on avait fait du corps de Yoongi. Il avait simplement érré entre ses propres murs comme un putain de fantôme, victime d'un choc sans pareil à la perte non seulement de son amant, mais aussi face à la terrible révélation de ce dernier, et pire encore, face à la perte éternelle de son plus fidèle ami.

Cela avait été tellement dur à accepter qu'il avait (d'après les dires de sa sœur) fini par renverser la moitié des meubles de la maison, jusqu'à en pleurer à chaudes larmes sans pouvoir s'arrêter. Il avait hurlé des choses tout à fait incompréhensible, jusqu'à s'en arracher la voix. Il lui avait fallu des heures pour que sa folie prenne fin et que la colère pure et dure ne prenne possession de tout son être.

Avec une conviction sans pareille, il avait disparu à bord de la première voiture qu'il avait pu trouver et était parti.

Il avait passé des jours et des nuits entières à écumer toute la capitale Japonaise pour retrouver ne serait-ce qu'une seule trace de Jungkook, et bon sang, s'il avait réussi, il l'aurait certainement tué de ses propres mains.

Il n'avait eu que cette seule idée en tête jusqu'à ce qu'il ne se souvienne que Yoongi ne serait plus jamais là pour l'aider, l'écouter, le conseiller, lui faire la morale, qu'importe. Le retour de la tristesse avait été un réel point de bascule et l'avait fait revenir à son point de départ, totalement démuni.

Peu de temps après, Yoongi avait été exhumé et c'est avec ses cendres que le reste de leur équipe avaient fini par rentrer chez eux. Triste histoire bâclée, diriez-vous. Mais était-il si utile que ça que de se souvenir des douleurs atroces que chacun avait subi face à cette fin tragique, après tout ce qui leur était arrivé ?

La première année, Taehyung ne donna presque pas de signe de vie à ces derniers et concentra tous ses efforts dans la recherche incessante de Jungkook. Ses efforts ne tardèrent pas à payer, mais alors qu'il s'était rendu à lui dans le but de le tuer, il n'avait pu s'y résoudre.

Il avait retrouvé dans ses yeux tout l'amour qu'il lui avait porté, qu'il n'avait jamais cessé de lui donner, et ce, même dans l'adversité, et ainsi, les deux amants s'étaient retrouvés. Pour autant, Taehyung eut tellement honte de son acte qu'il ne put l'avouer à ses camarades.

Ce fut peut être la raison pour laquelle il essaya par tous les moyens de leur rendre cet honneur qu'on leur avait volé, de leur rendre justice à sa manière, et c'est aux côtés de Namjoon qu'il se bâtit corps et âme pour qu'on puisse rendre compte de leur bravoure, de leur travail, de leur combat.

Pour autant, il ne cessa pas de voir Jungkook quand il en avait l'occasion, se disant que quelque part, il gardait un certain contrôle sur lui de cette manière. C'était peut-être totalement faux, et qu'il agissait ainsi surtout parce qu'il l'aimait à en crever malgré tout, mais il avait réellement voulu s'en convaincre pour ne pas que la vérité, pour ne pas que la réalité soit trop dure à accepter.

L'année d'après, Taehyung changea du tout au tout et reprit quelque peu contact avec ses anciens camarades, appris que justice avait été faite, que lui aussi avait été félicité pour ses actes et pour tout ce qu'il avait fait afin que la grande mafia japonaise qui avait trop longtemps agit sous le nom de Lay soit totalement démantelée. Pourtant, lui seul savait où se trouvait le grand maître qui avait tiré tous ces fils et ne put à aucun moment se résoudre à le dénoncer.

De nombreuses disputes éclatèrent entre lui et Yamane à ce sujet, elle qui était tombée dans les bras de Namjoon ne pouvait supporter de voir le cœur de son frère devenir pierre de jour en jour. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que Taehyung aussi se détestait et n'en pouvait plus d'entendre ces cris dans sa tête, lui même ne savait pas jusqu'à quand son coeur survivrait à tout ça, ni même qui était de son côté ou non, s'il devait mettre fin à toutes ces chimères pour enfin en être libéré pour de bon.

Aujourd'hui, il s'était enfin résolu.

Alors, quand Noguchi l'avait prévenu du nouveau lieu de rendez-vous que Jungkook avait convenu, Taehyung avait fait venir son premier avion pour le rejoindre.

Si son cœur pouvait parler, certainement aurait-il dit qu'il ne pouvait être plus heureux que de savoir que dans quelques heures, il retrouverait sa raison d'être, sa moitié. Mais, si sa raison pouvait parler, elle aurait dit que l'heure avait enfin sonné.


*


C'est sous le clair de lune sombre et froid que Taehyung posa le pied en dehors de la voiture qui l'avait mené jusqu'à la planque de Jungkook.

Du moins, planque était un grand mot pour celui qui avait trouvé refuge dans un beau temple qu'il avait réaménagé pour en faire sa maison, au cœur d'une petite île japonaise oubliée.

Une cigarette fumante entre les lèvres, Taehyung rangea ses deux mains dans les poches de son long manteau noir qui faisait ressortir sa chevelure ébène dans la nuit puis détourna le regard sur ce petit chemin qui le menerait à son amant.

D'ici, il pouvait voir quelques halos de lumière qui se reflétaient à travers les tissus qui protégeaient les fenêtres. Il n'attendit pas plus longtemps et se fit guider par deux hommes tout au long de ce chemin avant d'arriver à la porte.

Là, il eut un mouvement de recul, et hésita.

Il savait qu'à partir du moment où il franchirait cette porte, tout ne serait plus jamais pareil et cette idée l'effraya. Lui, qui pourtant n'avait jamais eu peur de la peur elle-même, se sentit totalement démuni.

Tel une statue de marbre, sa main resta suspendue, son poing ne touchant même pas la fine couche de cette simple porte qui cachait encore derrière elle, les vestiges de son amour et de sa raison.

Mais même s'il pouvait être triste, Taehyung savait qu'il devait vivre. Peut-être qu'il ne comprendrait seulement la raison de sa venue après qu'il serait parti, après que...

Alors que tout devenait si difficile à supporter, le destin se mêla de cet instant et fit coulisser la porte qui laissa entrevoir l'ombre d'une main, puis d'un bras.

Taehyung laissa le reste de sa cigarette se consumer avant que ses yeux ne rencontre ceux de Jungkook, qui se tenait là, devant lui, le visage aussi froid que le sien mais muni d'un regard de feu qui ne traduisait que tout l'amour et l'envie qu'il ressentait à son égard.

Aussitôt, l'un se jeta sur l'autre et sans même échanger un seule parole, la porte fut violemment refermée par un coup de pied maladroit laissant deux corps épris l'un de l'autre se retrouver.

Comme s'il venait d'être libéré d'une cage dorée, Taehyung se laissa porter par les souffles brûlants de Jungkook sur sa peau, se laissant transporter par la sensualité de ses gestes, de ses mains rencontrant d'abord ses long cheveux qu'il aimait tant et qu'il n'hésita pas à tirer pour l'entendre gémir. Puis ce fut au tour de Taehyung de lui attraper le visage, non pas pour succomber à son regard, mais plutôt pour fondre ses lèvres contre les siennes, comme si ces dernières ne s'étaient pas retrouvées depuis une éternité.

Et Dieu seul savait que ça pouvait être long, une éternité.

Pris dans leur fougueuses retrouvailles, et comme toujours lorsqu'ils succombaient l'un à l'autre, les deux amants se battirent presque jusqu'à tomber à la renverse sur le grand lit que Jungkook avait pris soin de préparer à l'avance.

A vrai dire, chacune de leur rencontre se résumait à cela : aucune paroles, aucun mots, aucun affects, seulement des gestes, des actes à jamais enfoui au fond de draps soyeux et doux qui seraient pour toujours les seuls témoins de ce qu'il restait encore de leur profond désir de s'aimer.

Taehyung mentirait s'il ne disait pas que cette façon de faire était un moyen pour l'un de contrôler les actions du premier, ainsi qu'un moyen pour l'autre de le tenir à assez bonne distance pour éviter que sa colère ne prenne le dessus et ne le renverse à tout jamais.

La fierté et l'égo de ces deux amants étaient sans pareille, au point que même après tant de temps, ils leur étaient impossible de partager leur intimité sans que l'autre n'essaye de prendre le dessus sur le premier, jusqu'à s'en faire mal.

Malgré tout, Taehyung était profondément épris de la manière dont Jungkook attrapa ses mains et ses bras pour les bloquer au-dessus de sa tête, le privant de toute liberté tandis qu'ils frictionnaient leurs corps l'un contre l'autre.

Que dire aussi de la façon de le regarder lorsque ses lèvres se frayèrent un chemin sur son torse, puis sur son ventre, avant de rencontrer son entre jambe qui ne quémandait plus que leur douceur. Que dire de cette chaleur éprouvante lorsque son intimité se retrouva coincée entre les parois de sa bouche, et qu'il se joua de ce malin plaisir pour le contenir jusqu'à ce que Taehyung n'en ai les jambes qui tremblent.

Il avait toujours aimé le regarder faire, comme pour prouver son autorité, mais cette fois-ci, le noiraud ne baissa pas les yeux une seule fois, maintenant une poigne sévère et ferme sur les cheveux de Jungkook.

Lorsque ce dernier retrouva à nouveau ses lèvres, Taehyung préféra fermer les yeux et imprima chacun de ses mouvements dans sa mémoire, créant ainsi une sorte de souvenir immortel de ces échanges si brutaux et pourtant, si significatifs de leurs sentiments.

Bordel, que c'était difficile de se laisser tant aller et de ne pas pouvoir en profiter, alors que Taehyung crevait d'envie de plonger son regard dans celui demandeur de son amant qui faisait tout ce qui était dans son possible pour obtenir la plus minime de ses attentions.

C'était une réelle épreuve d'agir ainsi, de façon si égoïste. Taehyung menait un réel combat intérieur, ne pouvant se résoudre à ouvrir les yeux.

Alors il prit sur lui et accepta chaque baiser, chaque touché que Jungkook pouvait lui donner, jusqu'à ce que leurs corps ne se retrouvent pour ne former plus qu'un. Et si jusqu'alors, ils n'avaient jamais retrouver de position intimiste dans leurs rapports, cette fois-ci fut l'unique exception. Ce qui brisa le cœur de Taehyung fut de comprendre que Jungkook lui-même initia l'idée, préférant ne pas le retourner violemment sur ses genoux pour le prendre sauvagement comme à leur fâcheuse habitude.

Non, cette fois-ci, il le coinça sous son torse et connecta son corps au sien dans un mouvement tendre et presque doux, douloureux pourrait-on même dire tant il était dans la finesse. Une sensation incroyable fit frissonner le corps de Taehyung qui ne put s'empêcher d'attraper la nuque de Jungkook afin de le faire fondre contre ses lèvres tandis que ses coups de reins faisaient mouvoir son intimité en lui.

C'était une connexion nouvelle, encore inconnue pour eux, si personnelle, qu'elle manqua de briser le cœur de Taehyung en mille morceaux. C'est pourquoi il ne laissa pas Jungkook se détacher de lui une seule fois, pas même pour reprendre correctement son souffle, de peur que ses yeux ne veulent s'ouvrir et qu'ils ne rencontrent les siens. Même les yeux clos, Taehyung pouvait sentir le lourd et puissant regard de Jungkook sur son visage, sur son corps, et ça le rendait fou.

C'est alors bêtement qu'il pensa à ce pauvre manteau noir qu'il s'était presque laissé arraché comme un chiffon, mais cette idée absurde eut un effet terrible sur le coeur de Taehyung qui se serra de nouveau à l'idée de devoir perdre tout cela à jamais.

– Reste avec moi, lui souffla alors Jungkook au creux de l'oreille.

Taehyung dû en retenir son souffle de peur que sa voix ne tremble et ne trahisse tous ces remparts qu'il s'était construit afin de survivre à cette rencontre. Pire encore, il sentait bien que son corps tout entier essayait de prendre le dessus sur sa raison, et c'est ainsi qu'il finit par pleurer.

Comme si tout à coup, toute sa pression, toute sa colère, toute sa haine, tout son amour en avaient eu assez de déborder sans jamais pouvoir exprimer leur raison d'être. Cette sensation de faiblesse extrême n'échappa pas à Jungkook, qui surprit alors son amant en l'attirant à lui pour changer de position, tel qu'ils se trouvèrent assis l'un face à l'autre, connectés par cette profonde intimité qui semblait lutter pour ne jamais connaître de fin.

Les lèvres de Taehyung fondirent une nouvelle fois contre celle de Jungkook, comme si ce dernier pouvait disparaître à chaque instant. Dès lors que Jungkook tentait de s'éloigner, il le retenait près de lui le faisant grogner de plaisir et d'insatisfaction. Pour autant, et cela étonna grandement le noiraud, Jungkook ne chercha pas un seul instant à se débattre. Il fallait dire que leur plaisir commun était tel qu'il se fichait bien de reprendre son souffle comme il l'aurait voulu.

Néanmoins, Taehyung ne put ignorer cette douleur intense au fond de son cœur. Jamais encore les deux amants n'avaient partagé de tels instants, pas même par le passé lors de leur mission, pas même lors de cette dernière soirée avant que Jungkook ne le quitte pour se rendre sur l'île.

Il se souvenait encore de la seule et unique fois où il lui avait dit l'aimer, enfermé dans cette pièce sinistre, alors que l'avenir de tout leur camarade, celui de leur équipe était au bord du précipice. De toute sa vie, Taehyung n'avait jamais prononcé une seule parole dans le vent et ce soir-là, plus que n'importe quel autre, il avait laissé son cœur s'exprimer.

Bien qu'à cet instant, sa raison n'avait pu se dessiner face à la détermination de ses sentiments, il n'aurait jamais pu imaginé qu'il en arriverait jusqu'ici, en train de coucher avec le seul et unique homme qui lui avait donné le réel sentiment de vivre ce qu'était l'Amour. Il n'aurait jamais imaginé qu'il finirait par relâcher ses lèvres pour laisser sa tête trouver refuge dans son cou dans le seul but de cacher les perles d'eau salé qui commençaient à embrumer sa vision.

Après tout, Taehyung n'avait pleuré que peu de fois dans toute sa vie. Aujourd'hui, cette douleur qui lui tiraillait les entrailles et lui bousillait le cœur était bien trop grande, bien trop forte pour qu'il ne puisse la contenir.

– Taehyung, gémit Jungkook à son oreille.

Entendre son nom sortir d'entre ses lèvres fit frissonner ce dernier qui s'avoua vaincu, envoya au Diable toutes ses convictions et ses efforts. Tous deux sentaient qu'ils étaient bientôt proches de l'extase et oui, Taehyung préféra être égoïste jusqu'au bout et il lui fallut puiser dans ses dernières forces afin de faire réellement face au magnifique visage de Jungkook, plongeant ses yeux dans les siens.

– Dis-le moi.

C'était un ordre, et pourtant, personne d'autre que Taehyung n'aurait pu entendre la détresse qui se cachait derrière ces mots. Jungkook était un être bien trop fier et bien trop fragile à la fois pour lui adresser une telle demande avec délicatesse. Cela était bien un trop grand danger que de s'avouer faible face à l'amour, face aux pouvoirs du cœur.

Malgré tout, même avec tous les efforts qu'il avait mis pour confectionner son masque, Jungkook n'en restait pas moins un homme amoureux aux yeux de son amant qui, au lieu de lui sourire, serra la mâchoire et déposa une de ses mains sur sa joue brûlante pour lui répondre :

— Ai shite iru (je t'aime).

Comme si cela avait été la seule chose qu'il avait attendu pour se laisser envahir par le plaisir, Jungkook fut le premier à jouir, suivi par son amant qui se laissa totalement retomber sur son épaule.

Une fois encore, ce dernier fut sous le choc de le sentir tout près de lui, de sentir ses mains le maintenir contre son torse, le caressant avec tendresse jusqu'à ce qu'il ne soit bercé par Morphée.

Un peu plus tard dans la nuit, alors que la lune éclairait encore son royaume de ses rayons blancs, Taehyung se réveilla, programmé comme une machine. C'est avec les yeux et le cœur lourds qu'il quitta le lit, poussant doucement le bras que Jungkook avait entouré autour de sa taille. Sans même sortir de la chambre, Taehyung attrapa le magnifique peignoir dont Jungkook lui avait fait cadeau et alla près de la première fenêtre afin de s'allumer une cigarette.

Dans le silence le plus total, du moins, en extérieur, le noiraud consuma sa cigarette le plus lentement possible, espérant que cette dernière se consume à l'infini afin de retarder le moment fatidique.

Malheureusement, et il le savait bien, Taehyung fut bien obligé de renoncer à son absurde souhait, et finit même par se brûler les lèvres avec le filtre brûlé, encore, avant de l'abandonner sur le rebord de la fenêtre.

Chose faite, il prit le temps d'observer chaque détail de la pièce, passant le bout de ses doigts sur chaque meubles, et bientôt, rencontra la chevalière dont Jungkook ne se séparait plus depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Ce n'était qu'une foutu bague, et pourtant, sentir sa matière, ainsi que ces reliefs qui rappelait le signe du clan de son amant le fit frémir.

Il n'était pas venu jusqu'ici pour fuir au petit matin laissant derrière lui une promesse silencieuse de retour, non. Il était venu pour faire ce qui était juste, ce qui devait être fait afin de mettre fin à la folie et rendre son honneur à son ami.

Cela ne rimait à rien de tourner autour du pot des heures durant, il devait agir vite, tant que le courage et la haine était encore présente, pour ne pas devenir un trouillard ou pire encore, un dégonflé.

Enfin, ces mots n'étaient pas les bons, il n'y avait rien de tout cela au fond...

Taehyung attrapa alors la fameuse chevalière et la rangea dans la poche de son peignoir avant de faire de petits pas jusqu'au lit, se dirigeant vers le côté où se trouvait Jungkook.

Il l'avait toujours trouvé beau, mais ce soir, il l'était encore plus.

Ce soir, c'était différent.

Taehyung l'avait senti dès lors que leurs lèvres s'étaient rencontrées, et maintenant, il se demandait si au fond, Jungkook ne s'était pas attendu à cette visite spéciale.

Alors que toutes ses pensées se bousculaient dans sa tête, la main de Taehyung agit avant lui et attrapa discrètement l'oreiller qui avait été le sien il y encore quelques minutes, l'attrapant fermement avec l'autre main. Comme s'il n'agissait plus que comme par automatisme, il ne ferma même pas les yeux avant de le déposer sur le visage endormi de Jungkook.

Ce dernier ne mit pas très longtemps avant de comprendre ce qu'il se passait, et tout à coup, se mit à gesticuler dans tous les sens, usant de toutes ses forces qui s'étaient alors décuplées pour se débattre. Il ne sut pas pourquoi, mais comme si son âme s'était reconnecté à son corps, Taehyung reprit conscience et par réflexe, jeta l'oreiller au loin, trouvant un Jungkook au bord de la crise d'angoisse et surtout, à bout de souffle.

Le cœur de Taehyung battait à tout rompre, mais alors qu'une infime partie de lui s'imaginait déjà en venir aux mains avec son amant, il plongea des yeux tristes et désolés dans les siens et posa ses mains autour de son cou. Sur cette douce peau qu'il avait tant aimé chérir, Taehyung perçut alors ses mains gelées comme le plus beau collier qu'il aurait pu offrir à son amant. Il était totalement subjugué par ses grandes mains entourant la gorge de Jungkook, saisissant le moindre des battements de son cœur, sentant la chaleur qui émanait de sa peau et pourtant, son cœur à lui versait déjà un torrent de larmes.

Jungkook, certainement encore sous le choc, ne réagit pas tout de suite, alors Taehyung en profita pour serrer, encore et encore, jusqu'à sentir les grandes mains de son amant tirer les siennes pour l'empêcher d'aller jusqu'au bout. Ce qui fut jadis un beau collier devint un instrument de torture, et le simple fait de voir ses propres mains agir ainsi brisa les derniers morceaux encore vivant dans l'âme du noiraud.

Les larmes finirent bien vite par envahir le visage de ce dernier, totalement démuni face à son acte, mais surtout, parce qu'il savait que Jungkook n'usait pas de toutes ses forces. Il agissait par réflexe, comme quelqu'un qui aurait décidé de se pendre et qui se serait débattu après avoir repoussé le tabouret alors que la corde lacère son cou. Mais ce n'était qu'un réflexe, un putain de reflèxe même pas une foutue tentative de survie.

Jungkook ne voulait pas mourir, Taehyung le savait. Lui aussi ne voulait pas qu'il meurt. Putain, il l'aimait.

Pourtant, il ne faisait rien pour se battre.

Rien.

— Pardonne-moi, dit-il en larme.

Bordel, tout ce qu'il voulait, c'était que Jungkook reprenne le dessus et tente le tout pour le tout, quitte à lui envoyer son poing dans la figure pour faire entendre sa propre volonté. Il n'en était rien, Taehyung avait beau serrer de plus en plus fort, c'était à la fois la vie de son amant et la sienne qu'il envoyait aux cieux. Il ne cessait de lui demander pardon, encore et encore, à chaque fois d'une façon un peu plus absurde, hésitant même à lui hurler de faire quelque chose, n'importe quoi. Il ne voulait pas qu'il meure. Il l'aimait.

Mais il devait le faire, il n'avait pas le choix.

Si ce n'était pas lui, qui aurait osé faire face à sa grande folie ? Qui aurait osé, qui aurait eu le cran de creuser la tombe de Shinigami de ses propres mains ? Qui aurait rendu son honneur à Yoongi ?

Il n'avait pas eu le choix.

Bientôt, le corps de Jungkook perdit peu à peu ses forces, et même ainsi, alors qu'il aurait pu trouver le moyen de se défaire de la prise de Taehyung, il le laissa déposer son front contre le sien, pleurant tous deux à chaudes larmes. Jungkook ne pouvait plus dire un seul mot, mais il profita jusqu'au dernier instant de la voix suave et tremblante de son amant de toujours lui répétant sans cesse qu'il l'aimait.

Soudain, ce fut comme si taehyung perdit totalement la raison et le contrôle de son corps tout entier. Il usa de ses forces les plus féroce pour en venir à bout de son amant, versant ses plus sincères larmes qui caressèrent la peau encore chaude de Jungkook avant qu'il ne le quitte à tout jamais.

Ce fut comme un réel trou noir pour Taehyung qui ne se souvint même pas de ce qu'il pu faire ensuite, si ce n'est qu'avant de partir, il laissa un dernier mot écrit par ses soins à son amant, qu'il déposa tout près de son coeur.


A trop vouloir régné, nous voici libéré,

Croire n'a jamais été gouverner,

Dorénavant, ton souvenir

Seul bijou que je pourrais à jamais porter


*


5 mois plus tard


Il pleuvait des cordes.

Arrivée devant la grande maison de son enfance, Yamane eut quelque peu de regret en remarquant qu'elle avait perdu de son éclat d'antan.

Elle était toujours aussi grande, il y avait toujours autant d'hommes tout autour pour la protéger, si ce n'est plus depuis que Taehyung avait repris les rênes de l'organisation unifiée. Après la mort de Jungkook, ce dernier n'avait pas perdu un seul instant et avec l'aide de ses hommes les plus proches, avait assassiné de ses propres mains toutes les personnes qui avaient signé à la grande folie de leur ancien soit disant "Oyabun".

De ce fait, et après une rapide cérémonie, Taehyung avait fièrement décidé de prendre sa place d'héritier, unifiant les deux clans pour n'en faire qu'un. Beaucoup de monde avait péri, et bien que Yamane elle-même provenait de ce milieu sanglant, elle avait été la première à être sous le choc après avoir appris tous les choix drastiques qu'avait pu faire son frère.

Ceci dit, Taehyung n'avait pas été cruel pour son bonheur, il avait sacrifié énormément de sa personne, voire même de son âme afin d'affaiblir toutes celles et ceux qui nuiraient à son nouveau projet.

Tout était allé très vite, et depuis qu'il en avait eu fini avec ses exterminations de masse, Taehyung s'était enfermé dans son bureau et n'en était pas ou presque plus sorti.

C'est la raison pour laquelle Noguchi, se faisant réellement vieux et surtout en plein désarroi avait décidé de contacter la seule personne qu'il pensait capable de laisser entendre raison à son patron et ami.

Prise le fait d'entendre dire de son frère qu'il passait ses journées enfermé dans son bureau, une arme posée sur celui-ci à se demander ce qu'il devait en faire, Yamane avait fait tout le chemin depuis la Corée où elle avait établi son chez soi avec Namjoon pour venir en aide à son frère aîné.

Il pleuvait des cordes ce jour-là, et après avoir frappé à la porte de son ancienne maison, Yamane laissa Noguchi la débarrasser de ses affaires trempées.

– Où est-il ? lui demanda-t-elle.

– Comme toujours Madame, dans son bureau. Je vous remercie d'être venue, je ne sais plus quoi faire, Monsieur ne parle même plus, il n'est plus lui-même.

A vrai dire, à entendre la mélodie classique qui résonnait entre les murs, Yamane l'avait très vite deviné. Elle remercia alors le majordome et lui proposa de prendre congé, avant de se diriger vers l'aile où se trouvait le bureau de Taehyung.

Les bruits de ses chaussures à talons claquaient sur le sol abîmé, et c'est avec tristesse qu'elle remarqua que plus elle avançait, plus le couloir devenait sinistre avec tous ces bibelots arrachés, ces meubles fracassés...C'était à croire qu'une véritable tornade était passée par là, et enfin, elle arriva devant la fameuse porte.

Yamane ne frappa pas avant d'entrer, et tomba dans une pièce froide, plongée dans l'obscurité. La mélodie de Chopin se mélangeait avec le bruit de la pluie qui frappait contre la fenêtre devant laquelle se trouvait Taehyung, immobile, assis dans cette grande chaise qui pourtant donnait l'impression qu'il était tout petit.

A vrai dire, Taehyung avait reconnu la présence de soeur rien qu'à son odeur. Les yeux fermés, il avait même pensé un instant que c'était le fantôme de sa mère qui lui avait rendu visite, et l'agréable parfum de sa sœur lui avait presque réchauffé le cœur qu'il pensait avoir perdu.

Il n'y avait que le silence parsemé par la mélodie continue et répétitive des notes de Chopin et de cette pluie battante qui animait la pièce, et alors qu'elle pensait devoir prendre les choses en main, Yamane fut surprise d'entendre la voix de son frère.

– J'ai longtemps pensé que Jungkook était un monstre, mais finalement...Qu'est-ce que je suis, moi ? Il avait toutes les raisons de l'être, quand j'ai eu la plus belle vie qui soit. Une famille, des amis, l'amour. Lui, qu'est-ce qu'il a eu...dit-il en soufflant du nez, un sourire triste collé aux lèvres. Il m'avait donné sa confiance, il m'a aimé, et je l'ai trahie.

– Tu n'avais pas eu le choix.

— Je suis un monstre.

— Tu n'as jamais été un monstre.

– Il disait toujours que gouverner, c'est faire croire...

– Gouverner, c'est aussi faire croire que tu es fort quand tu ne l'es plus. Il nous a tous manipulé, même toi, Taehyung, le reprit sa sœur, remarquant à quel point son frère, rien que par sa voix avait l'air épuisé, et totalement déconnecté de la réalité.

– Cette nuit-là, quand je l'ai tué, il le savait. Il n'a rien fait. Il m'a regardé et il m'a laissé faire. Je n'avais jamais aimé personne comme lui. Notre mère avait raison, elle m'avait pourtant bien dit que je serais amené à tuer, même la personne qui serait le plus cher à mon cœur, dit-il en fixant cette chevalière qui trônait au creux de sa main.

Seul vestige de son amour.

– Je suis désolée, dit froidement Yamane.

– Ça ne le fera pas revenir, lui répondit son frère sur le même ton.

– Tu n'as peut-être pas fait le meilleur choix pour toi, mais tu l'as fait pour les autres, pour le monde, tu les as libéré et aujourd'hui, être yakuza ne sonne plus comme un être criminel. Et par-dessus tout, c'est lui, que tu as libéré.

La pièce replongea dans cette ambiance austère jusqu'à ce que Taehyung ne se retourne, afin de faire face à sa sœur. Pour autant, il ne la regarda pas, et préféra fixer son regard sur cette arme gelée qui se trouvait à sa droite.

– J'aurais dû l'aider.

– Nous sommes des yakuzas, Taehyung. Pas des saints.

– Il n'a jamais mérité tout ce qui lui est arrivé, ce n'était pas sa faute.

– Et pourtant, tu l'as fait, non ?

Taehyung ne répondit pas, mais l'une de ses mains glissa jusqu'à l'arme qu'il vint tapoter du bout des doigts.

– Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda Yamane, d'une voix assez sereine mais pour autant pas dénuée d'autorité.

– Je n'ai plus rien.

— Qu'est-ce que tu fais de ta famille ?

— J'ai seulement agi par vengeance Yamane. En quoi suis-je mieux que Jungkook aujourd'hui ? On ne guérit pas la haine par la haine. Tu crois vraiment que tout ce que j'ai fais est plus méritant que ses propres actions ? Je suis comme lui, un homme qui déborde de pouvoir et qui ne sait quoi en faire. Je n'ai jamais voulu tout ça, je ne l'ai jamais voulu et pourtant, j'ai tué celui que j'aimais pour l'empêcher de nuire, alors que comme lui, j'ai tué, aveuglé par ma colère.

Yamane le sentait, elle aurait beau usé de toutes les paroles du monde qu'elle ne pourrait guérir la terrible blessure qui faisait aujourd'hui saigner à vif le cœur de son frère aîné. Elle ne pouvait l'avouer et partager sa peine, après tout, ce n'est pas ce qu'on lui avait appris. Elle se sentait terriblement désolée pour Taehyung, et sans pouvoir l'avouer, elle redoutait plus que tout, tout ce qui avait pu traverser ses pensées durant ces derniers mois.

Ils n'étaient peut-être pas du même sang, mais Taehyung était son frère, il l'avait toujours été, et elle savait mieux que personne que comme leur mère, il ne pourrait se laisser dépérir en étant empli de remords.

Aujourd'hui, il hésitait encore.

C'est alors qu'une idée lui vint, et quelque part, la petite fille qu'elle avait été face à ce grand frère qui l'avait éduqué et aimé espérait que cela puisse le ramener.

Alors, elle s'avança de quelques pas et s'arrêta devant le bureau. Ses yeux ne quittèrent pas le visage troublé de son frère et sa main baguée vint se poser sur son ventre qui commençait légèrement à s'arrondir.

— Je suis enceinte.

Elle aurait préféré lui annoncer la nouvelle autrement, mais ce fut la seule chose qu'elle trouva sur le moment pour, peut-être, rallumer cette flamme éteinte en lui. Après tout, beaucoup de monde pensait Taehyung comme un homme froid et sans coeur, surtout depuis qu'il avait repris le flambeau, mais il n'en était pas moins une personne formidable, un garçon qui autrefois, aurait tout donné pour sa famille.

Pour autant, Yamane dut serrer la mâchoire pour ne pas s'effondrer face à la réaction neutre de son frère qui releva les yeux (enfin) vers elle, le regard vide.

— Et alors ?

Sur le moment, Yamane eut envie de rire, non pas parce que la situation était drôle, mais plutôt parce qu'elle se sentit idiote d'avoir pu penser que la nouvelle d'un enfant aurait pu changer quoi que ce soit alors que son frère pleurait encore la mort de son compagnon. Aussi terrible avait-il pu être, Jungkook avait été l'élu du cœur de Taehyung, et malgré tout, l'amour était bien la seule chose qui pouvait nous faire tomber, pour de bon.

Leur mère les avait toujours élevés dans l'amour, pourtant, elle ne leur avait jamais menti quant au fait qu'il était à la fois un besoin, et un remède. Dans leur monde, l'amour était un mirage, qui lorsqu'il était troublé, ne devenait plus qu'un affreux cauchemar.

— Rappelle-toi, reprit alors Taehyung. Nous sommes des yakuzas, non ? Les sentiments ne doivent pas nous contrôler. Regarde vers quoi ils m'ont menée, que vas tu dire à ton enfant ? Que son oncle est un meurtrier ?

Les poings serrés contre ses hanches, Yamane serrait les dents pour ne pas céder devant son frère si désemparé. Ce fut sa peur, à la fois tâchée de colère qui l'anima et la poussa à s'approcher de lui pour attraper le dossier de sa chaise afin qu'il lui fasse face.

— Tu veux savoir ce que je lui dirais ? Je lui raconterai d'abord l'histoire de notre famille, puis je lui parlerai de toi. De ce grand frère qui m'a tout de suite fait sentir chez moi, de celui qui m'a aimé sans condition et qui m'a appris que même dans l'adversité, avoir un cœur est un cadeau. Je lui dirais que l'amour est vache, mais que sans lui, la vie ne vaut même pas la peine d'être vécue. Je lui dirais que son oncle est un homme grand et fort, qui a su mener toute une équipe, qui a bâti un empire quitte à sacrifier sa personne. Je lui raconterais à quel point cet oncle a été courageux, et que même si l'être humain dans sa forme la plus propre est un monstre, que le choix nous revient toujours. On a toujours le choix, Taehyung. Aujourd'hui, je ne peux pas, et ce sera au-dessus de mes forces que de te supplier. Je ne le ferais pas, puisque ce n'est pas comme ça que nous avons été élevés. Quoi que tu décides de faire, le choix t'appartient, et je l'accepterais. Mais sache bien une chose, que l'on soit yakuza ou non, nous sommes tous amenés à faire des choses difficiles, parfois même horribles et quoi qu'il en soit, n'importe lequel de ces choix ne fait jamais de nous des monstres à part entière. Seulement des humains.

Sans entendre de réponse de la part de son frère, et certainement parce que c'était trop pour elle que de rester là à attendre la peine que s'offrirait ce dernier, Yamane s'éclipsa de la pièce et retraversa le couloir, faisant une dernière fois claquer ses talons sur le sol de cette maison qui fut autrefois la sienne.

De son côté, Taehyung resta impuissant et vide devant le départ fulgurant de sa sœur, attrapa l'arme qu'il sera fermement d'une main, usant de l'autre pour se reconnecter à son ordinateur. La page sombre sur laquelle brillait le logo de Hoseki s'ouvrit, et sans plus attendre, Taehyung usa de quelques clics, mettant fin à une ère. Chose faite, il fit tournoyer la fameuse chevalière qu'il avait enfiler à son annulaire à l'aide de son pouce, fixant un point vide de la pièce. Il en était là, seul, et pourtant, un bruit très léger attira son attention alors que le canon froid de l'arme venait d'atterrir contre sa tempe.

– Bam, appela t-il d'une voix sévère.

L'animal, autrefois majestueux et sur ses gardes arriva lentement, les oreilles baissées et le regard triste. Il ne faisait rien que couiner, comme criant au désespoir et Taehyung se demanda alors si c'était vraiment lui que l'animal pleurait, ou bien son maître perdu. Tout comme lui, le noiraud se sentait apeuré, incapable, minable, seul.

C'est avec le même regard de chien battu qu'il fixa alors cet animal, celui qui pourtant ne l'avait jamais aimé, regrettant que les larmes ne puissent plus couler comme autrefois.

Qu'allait-il bien pouvoir en faire...

Lorsqu'elle dépassa la porte d'entrée, Yamane adressa un regard tendre à Noguchi, qui, elle le savait, se débattait contre la mort pour accompagner son maître jusqu'à ses derniers instants. Il luttait, malgré la vieillesse et la maladie pour ne pas le laisser seul avec ses démons, et pour cela, la jeune femme le prit dans ses bras, ne sachant pas si elle le reverrait un jour et lui adressa ces quelques mots :

— Prenez soin de lui.

C'est encore une fois sous la pluie, plus forte que jamais que Yamane descendit les quelques marches qui la menait à sa voiture, mais alors qu'elle luttait pour ne pas se retourner, elle attendit le bruit sourd et pourtant si fort d'une arme à feu retentir derrière elle. Pendant un instant, elle resta figée sur place, ferma les yeux et fronça les sourcils pour retenir ses larmes, pour autant, c'est avec un calme olympien qu'elle se reprit, et la tête haute, rejoint son chauffeur dans cette voiture qui la conduit loin, bien loin de tout, surtout de son passé.

L'avenir était là, quelque part.

Le sien se trouvait tout près.

Car l'Opéra commence toujours bien avant le levé de rideau, et se termine toujours longtemps après sa chute.


*




𝑇𝑒𝑛𝑡𝑎𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠...𝑉𝑒𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒𝑧 𝑝𝑎𝑡𝑖𝑒𝑛𝑡𝑒𝑟.



𝑇𝑒𝑛𝑡𝑎𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠...𝑉𝑒𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒𝑧 𝑝𝑎𝑡𝑖𝑒𝑛𝑡𝑒𝑟.



𝑇𝑒𝑛𝑡𝑎𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠...𝑉𝑒𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒𝑧 𝑝𝑎𝑡𝑖𝑒𝑛𝑡𝑒𝑟.






𝙏𝙚́𝙡𝙚́𝙘𝙝𝙖𝙧𝙜𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙙𝙚𝙨 𝙡𝙤𝙜𝙞𝙘𝙞𝙚𝙡𝙨....



𝙊𝙪𝙫𝙚𝙧𝙩𝙪𝙧𝙚 𝙙'𝙪𝙣𝙚 𝙣𝙤𝙪𝙫𝙚𝙡𝙡𝙚 𝙨𝙚𝙨𝙨𝙞𝙤𝙣 𝙚𝙣 𝙘𝙤𝙪𝙧𝙨.







♤ 𝐁𝐈𝐄𝐍𝐕𝐄𝐍𝐔𝐄 𝐒𝐔𝐑 𝐇𝐎𝐒𝐄𝐊𝐈 ♤

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