𝟑𝟔. broken, together
— ILS SONT PARTIS FAIRE, hum, des...choses ?
Face à tant innocence, Blake eu un élan de sympathie, ce qui ne l'empêchait pas de mettre les pieds dans le plat.
— Ken, rectifiait-elle en ravalant son rire. Ils sont partis ken, Pope.
Le visage du garçon, tournait au cramoisi.
— Oh.
Kiara et Oliver éclatèrent de rire.
Les quatre —Blake, Oliver, Kiara et Pope— se trouvaient dans la voiture du dernier, direction le Chateau. Ils s'étaient retrouvés à mi-chemin. Enfin, retrouvés, disons plutôt que Kiara et Pope avaient pris leurs amis en pitié, en les voyant déambuler comme des âmes en peine.
Les deux "touristes" s'étaient rendus compte après une dizaines de minutes, qu'ils étaient loin, très, très loin de la baraque de John B.
Blake avait mal aux pieds, donc elle se trainait sur l'asphalte. Quant à Oliver, il chantonnait des comptines, avec entrain, pour couvrir les râles de sa meilleure amie.
C'est à ce moment là, que la voiture grise —empruntée à son père— de Pope s'était arrêtée près d'eux. Après que Kie se soit payée leur têtes, environ cinq minutes, ils les avaient fait grimper.
Le duo de pogues se rendait aussi au Chateau. Pope avait ramené le matériel nécessaire pour le pillage du puits, et Kiara l'accompagnait parce que —de ce que Blake avait saisit, dans le baragouinage incompréhensible de la métisse— sa mère était conne.
Le pick-up roulait lentement. Pope était bien plus prudent que ses amis au volant, ce qui n'était pas très surprenant. Ils ralentirent la cadence —déjà bien basse— en dépassant le poulailler des Routledge.
— On doit finir avant mon entretien, rappelait Pope, changeant de sujet, sans grande finesse. Demain matin.
— L'entretien de l'université ? Demandait Oliver, coté passager.
— Ouais.
Le cerveau du groupe, passait un entretien pour une bourse. C'était l'occasion pour lui de fuir la vie de misère qu'il menait sur l'ile, et de faire la fierté de ses parents.
Kiara lui pressait l'épaule gentiment, il tressaillit.
— Il faudra être efficace, affirmait Blake.
— Efficace c'est mon deuxième prénom, sourit Oliver.
Elle le dévisageait, détachant sa ceinture —elle ne savait même pas pourquoi elle l'avait mise, ils n'avaient quasiment jamais dépassés les trente kilomètres heures.
— Ah bon ? Ironisait sa meilleure amie. Je croyais que c'était Flynn.
— Flynn ? Pouffait Kiara. Comme dans Raiponce ?
— Oh ta gueule Carrera, grommelait le métisse. Bref, ça va bien se passer.
Pope hochait la tête, coupant le moteur.
— John B et Blake seront dans le puits, récapitulait-il pour la sixième fois. Toi et moi, en haut. Et, Kie et Sarah feront le transport.
— Oui, confirmait Kie. On gère.
Elle roulait des yeux pour Blake —dans la pénombre, c'était la seule qui pouvait la voir— et la blonde sourit, ouvrant sa portière.
— T'inquiètes papa, ça va le faire.
Pope grognait, descendant.
— C'est pas drôle Bex.
— Hmm, si.
Contournant le véhicule, elle se chargeait d'ouvrir le coffre, alors qu'il continuait à stresser.
— J'ai un treuil. Cette boîte peut contenir jusqu'à cent-trente kilos.
— Mais non ? Cent-trente ? Se moquait Blake, les yeux grands ouverts. C'est pas croyable !
Il tournait la tête vers elle, tout sourire.
— Ouais t'as vu et en plu-, attends. Tu te fiches de moi ?
Un rictus étirait les lèvres de la jeune femme.
— Tu t'améliores, je pensais que tu mettrais plus de temps à comprendre.
— Je te déteste.
— Non, c'est faux.
Il fit la moue, Oliver lui tapotait l'omoplate, habitué.
— Bienvenue dans mon monde, lui murmurait-il.
Le brun le dépassait, grimpant dans le truck pour aider son amie à décharger. À l'instant où ses converses, atterrirent sur la tôle, le jour jaillit, éclairant la nuit. Éblouit, il perdit l'équilibre.
En réalité, il ne s'agissait pas du soleil —ce qui était plutôt évident— mais de plusieurs petites lumières rondes, suspendus aux branches des arbres, qui entouraient la propriété. L'apparition de la lumière, fut accompagnée d'un grondement mécanique.
— Je crois que j'me suis pété le coccyx, grimaçait Oliver.
— C'est quoi ce bordel ? Fit Blake en grinçant des dents.
Alors qu'elle gardait le nez en l'air, observant les loupiotes les sourcils froncés, et que Pope s'occupait d'Oliver, Kiara plissait les yeux, apercevant une forme au loin.
— Y'a quelqu'un là-bas.
Sans attendre, elle s'élançait à grandes enjambées, Blake sur les talons. Les deux garçons se lancèrent un coup d'œil, avant de leur emboiter le pas.
Kiara avait les épaules carrées, les poing fermés. La blonde espérait réellement que le cambrioleur savait se battre, parce qu'elle n'allait en faire qu'une bouchée.
Sauf que ce n'était pas cambrioleur. Non. C'était pire.
Devant la maison de John B, était installé un immense bain à remous. L'agitation des bulles à la surface crispait les membres de la blonde. Mais pas autant que la vision de la personne assise au milieu de l'eau chaude.
Lunettes de soleil sur le bout du nez, torse nue, une bouteille de champagne à la main, JJ offrait une image —qui dans d'autres circonstances aurait été assez plaisante— complétement délirante. Flottant autour d'un nombre incalculable de flamants rose gonflable, il semblait à son aise.
Poc. À la seconde où les filles débarquèrent, il fit valser le bouchon de la bouteille. Blake se stoppait, raide comme un piquet.
— C'est quoi ce bordel JJ ? Demandait Pope, arrivant près d'elle.
Nonchalant, il fit glisser ses lunettes sur le bout de son nez.
— J'ai un jet qui me masse le cul, expliquait-il le plus naturellement du monde. Venez dans l'eau, okay ?
D'une main, il arrêtait l'un des flamants, dans lequel était déposé deux verres. Ce n'était pas des gobelets, mais bien des verres, Blake conclut à leurs éclats, qu'il s'agissait de cristal. Peut-importe leur matière, JJ s'en emparait, les remplissant à ras-bord du liquide couteux.
— Santé !
Il portait la bouteille directement à ses lèvres, délaissant le verre, qui continuait sa route sur les bulles. Le jeune homme n'était définitivement pas dans son état normal. JJ pouvait être con —souvent— mais là, il était déchainé, et Blake n'aimait pas ça.
Elle le savait, jamais elle n'aurait dû le laisser.
— Combien ça a couté ? S'inquiétait Pope, toujours aussi pragmatique.
JJ inclinait la tête, agitant la main, comme pour appuyer ses propos.
— Eh bah, entre le générateur, l'essence et la livraison express...
Au fur et à mesure qu'il parlait, Kiara et Oliver suivait les achats du regard. Blake, elle, ne lâchait pas le blond des yeux. Il gonflait les joues, hésitant, avant que son visage ne s'illumine.
— Plus ou moins tout.
— Tout le fric ? S'exclamait Oliver, sur le cul.
— Ouaip.
— T'as tout dépensé en une journée ?
JJ hochait lentement la tête, comme si il ne pouvait pas supporter le poids de son propre crâne. Là, Blake en était certaine, il était bourré.
— Ok ! S'écriait-il en riant. Je me suis un peu lâché. Mais regardez-moi ça !
Il ouvrit grands les bras.
—Le jacuzzi avec le meilleur système de massage, qu'ils m'ont dit. Allez ! Ramenez-vous.
Blake entrouvrit la bouche, les jambes molles.
Ça aurait dû être marrant. Celle qu'elle était avant le début de l'été aurait éclaté de rire, Blake Knight aurait éclaté de rire. Mais Bex, elle, avait presque envie de pleurer.
— T'es pas sérieux ? Pestait Kie.
— Quoi, Kie ? On peut pas s'offrir un peu de luxe ?
La métisse se contentait de hausser les sourcils, hébétée. Son ami cherchait l'approbation de Pope, mais il secouait la tête. Agacé, JJ jetait ses lunettes.
— C'est bon, soufflait-il. Arrêtez de faire vos fines bouches, on a le droit de s'amuser.
Sa voix se brisait sur la fin de sa phrase, la gorge de Blake se nouait.
Particulièrement lorsque JJ plongeait ses yeux, devenu vitreux, dans les siens. Ils étaient affreusement bouleversant. Luisant, sombre, ils étaient sinistre. Ses lèvres roses, que le champagne avait trempés, tremblotaient. Putain. Elle détestait cela.
Il détournait le regard, le fixant sur Pope, reprenant de l'enthousiasme.
— On ne vit qu'une fois, non ?
Le brun ne savait quoi répondre. Il faisait non de la tête, Blake pouvait presque voir les rouages de son cerveau, fumer.
— Soyez pas timides, les encourageait JJ. Venez dans le fion du chaton.
Oliver se grattait le cou, l'air perplexe.
— Pardon ?
— Le fion du chaton, répétait-il en ricanant bêtement, très fier. C'est son surnom.
Il se pinçait la bouche, creusant ses fossettes, lui donnant un air de gamin. Oliver levait les bras en l'air.
— Bah voyons.
— Oh ! J'ai failli oublier.
JJ se mouvait entre les bulles, jusqu'à atteindre un bouton. Créant du suspense —pas nécessaire— il attendit quelques secondes, puis appuyé dessus.
Une myriade de couleurs emplie alors l'eau, et deux jets puissants se chevauchèrent au dessus de ses épaules. Illuminé de jaune, puis de vert, il secouait la bouteille.
— Eh ouais, un mode disco. Vous ne rêvez pas !
Oh non, ils ne rêvaient pas. Pourtant, Blake aurait préféré. C'était loin d'être un rêve, c'était un cauchemar. Ses ongles rentrèrent dans sa paume, laissant des marques en formes de demi-lune sur sa peau.
Le visage tout sourire du blond, finit par faire exploser Pope.
— Tu te fous de moi ? Tu aurais pu rembourser le bateau !
Son sourire retombait. Il pressait l'arête de son nez, entre son pouce et son index. Le champagne lui été déjà monté à la tête, il les cris de Pope lui vrillait le crâne.
— Ou tout donner à une œuvre de charité ! Renchérit Kie, les nerfs à vif.
— Mieux encore, acheter du matériel pour sortir l'or du puits !
Bon, il en avait marre. Il se redressait d'un coup, aspergeant ses amis d'eau tiède et tandis qu'il se mettait à hurler, le monde se suspendait.
— Ouais, ben j'ai pas fait ça ! J'ai acheté un jacuzzi !
Le cœur de Blake s'atrophiait. Il n'y avait pas de mots assez forts pour décrire cette sensation. Elle avait mal. Physiquement, mentalement. Tout lui faisait mal. C'était comme tomber du haut d'un immeuble, brutalement, et s'écraser sur du béton.
De l'eau jusqu'en haut des cuisses, JJ se tenait droit. Son corps sculptait, aurait facilement pu passer pour une œuvre grec d'un musée, si ce n'était pas pour son torse. Peint par la violence.
Du bleu. Du violet. Son abdomen était couvert de couleurs. Aucune d'elles n'étaient belles. Ces marques étaient affreuses. Pas dans leur apparence, mais dans l'histoire qu'elles racontaient. Chacune d'elles était la représentation d'un supplice innommable. Celui d'un enfant, un être sans défense, trahi par la seule personne, en qui il aurait dû avoir toujours confiance.
— Un jacuzzi pour mes amis, continuait JJ, sans ciller. Vous savez quoi ? Même pas pour mes amis. Pour ma famille !
— JJ...Chouinait Kie.
— Pour vous ! Regardez ce que j'ai acheté pour vous. Regardez-ça !
Là, elle sentait le poids. Lourd, dur. Écrasant ses côtes, ses poumons, puis son cœur. Elle allait vomir.
C'était une sensation d'une rare intensité. Une monstrueuse pesanteur qui marquait ses émotions.
Il fallait qu'elle le touche. Qu'elle le protège. Même si elle ne le savait que trop bien, rien ne gommerait jamais, ce qu'il avait vécu, cette après-midi là.
Les yeux embués, elle dépassait ses amis, figés comme des statues de pierres. JJ la regardait s'avancer, puis entrer dans l'eau, en frémissant. Elle était habillée, elle s'en contrefichait.
À quelques centimètres de lui, elle se stoppait, de l'eau jusqu'aux reins. Elle scrutait les impacts, s'empêchant de pleurer. Les contours des phalanges de Luke, était gravé dans sa peau bronzé. Un long frisson lui parcourut l'échine.
Son visage remontait vers le sien, avec une lenteur infinie. Ses prunelles soutenaient les siennes, avec beaucoup de difficulté. JJ reniflait, les muscles tendu, et clos finalement les paupières, perdant son courage.
Elle levait la main, délicatement, prudemment, et posait ses doigts sur sa joue.
Il rouvrit ses yeux bleus à son contact. Son souffle se coupait. Ils étaient si grands, si doux, si tristes...Elle l'avait vu furieux, odieux, impuissant, mais là, c'était au-delà de tout. Il était tellement...vulnérable.
Une larme roulait, depuis son œil, et vint se loger au creux des doigts de la blonde.
Il posait sa main sur la sienne, plongeant sa joue dessus. Puis, il s'écroulait, sur elle. Littéralement.
Blake le retenu, agrippant son corps. Il était lourd, mais ça aussi, elle s'en fichait. Il était là.
De sa main droite, elle caressait ses cheveux trempés, de l'autre elle le maintenait contre elle, entourant ses épaules.
Il pleurait, s'effondrait, sur elle. Il encerclait son corps de ses bras puissants. Il l'écrasait contre son corps. Il ne voulait pas la lâcher, il ne pouvait pas la lâcher. Elle le maintenait à la surface, sans elle, il ne savait pas respirer.
— J'y arrive plus, gémit-il dans son épaule, la serrant plus fort. J'y arrive plus avec lui.
— Chuuut, murmurait-elle en vacillant, la vue brouillée par les larmes. Je suis là, je te lâche pas. Je te lâche plus JJ.
— J'en peux plus, Bex. Je peux plus.
Il serrait les dents, et les poings, ses veines gonflaient.
C'était insupportable. Son corps entier hoquetait de chagrin, comme celui d'un jeune enfant. Les gouttes ruisselaient sur l'épiderme de la jeune femme. Même mouillée par le jacuzzi, elle distinguait les larmes pleines de colère du blond. Elles étaient différentes, elles la brûlait presque.
Ces paroles lui collaient la chair de poule. Elle voulait le tuer. Elle aurait pu le tuer.
Comment ? Comment un père pouvait faire cela ? Comment quelqu'un pouvait faire ça à JJ ? Ça la rendait malade.
Entre deux sanglots, le jeune homme assénait un grand coup de poing à la surface de l'eau. Il enfonçait plus profondément son visage dans l'épaule de Blake.
Il ne trouvait plus son souffle. Haletant, les lèvres grelottantes, il poussait un petit cri contre sa peau, qui fit écho dans le cœur de la blonde.
Ce son, lui tordait les tripes. Plus jamais, elle ne voulait l'entendre. Elle était presque certaine d'en mourir.
L'eau remuait derrière leurs corps enlacés.
— JJ, couinait une petite voix.
C'était Pope, le visage inondé. Sans lâcher le blond, Blake ouvrit un bras et il se jetait sur eux. JJ s'accrochait au bras de son ami, désespérément. Ses pleurs redoublèrent, il ne respirait même plus.
— Je voulais juste qu'il m'aime, hoquetait-il.
Blake déviait le regard sur le ciel étoilé, serrant les lèvres en une ligne dur, pour contenir le sanglot qui menaçait de lui échapper. Pas maintenant. Elle devait être forte, pour lui.
Pope lui frottait le dos. Elle lui offrit un semblant de sourire, elle n'avait pas la force.
Le blond s'écrasait encore plus contre elle, si seulement c'était possible. Il voulait se fondre en elle, oublier le reste.
Elle lui embrassait gentiment le crâne.
— Je sais, chuchotait-elle dans ses mèches dorés. Je suis désolée.
La douleur de JJ était trop similaire à la sienne. Les deux se nouaient, s'entrelaçaient, et étrangement, se complétaient.
Lui, son père. Elle, sa mère. Deux enfants rejetés, abimés. Deux ados, blessés et paumés, essayant de se guérir l'un, l'autre. Il n'y arriverait peut-être pas, mais tant pis.
Deux âmes ne se trouvaient pas, par un simple accident. Il était le phare dans la nuit, et elle le bateau égaré, sur un océan trop vaste.
Le jeune homme éloignait légèrement son visage. Il ne bougeait pas, il ne respirait pas. Son nez était rouge, tout comme ses yeux. C'était de loin l'image la plus déchirante, que Blake n'avait jamais vu.
— Me laisse pas, fit-il en déglutissant. Okay ?
Sa voix se craquelait, il lui broyait les hanches.
— Jamais.
La voilà, emmêlée dans tous ses morceaux d'âme, chacun plus sombre. Et la seule chose à laquelle elle aspirait, tout ce qu'elle souhaitait, c'était rester, autant qu'il le voudrait. Ça s'imposait à elle. C'était plus fort que ses peurs, plus forts que ses convictions.
Folle ? Elle l'était, de lui.
Quelque chose l'a frappé, à ce moment là, tandis que la chaleur du jeune homme l'engloutissait.
Ce n'avait jamais été Miami, ni les Outer Banks. C'était là, c'était JJ.
Elle avait trouvé chez-elle était entre ses bras.
- Gigi
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