C'ÉTAIT UNE HORREUR, UNE VILE MACHINERIE, ORCHESTRÉE CONTRE ELLE. Le gazon -asséché, lui piquait les fesses, ses jambes avaient été dévorées par les moustiques, bref, Blake était énervée. Sirotant son soda, elle serrait les dents autour de la paille.

Malgré sa détermination, elle n'avait pas pu éviter son père et Sienna indéfiniment -dieu sait qu'elle avait essayé. A peine avait-elle posé un pied sur le paillasson -après s'être sa sortie chez les Heyward, qu'ils s'étaient jetés sur elle. Apparemment une projection en plein air était donnée en fin d'après-midi, et son père souhaitait qu'elle les accompagne. 

De manière assez prévisible, Blake avait vivement refusé. Mais, ce traitre d'Oliver l'avait devancé -attendri par le regard suppliant de Sienna, affirmant qu'ils y seraient. Ce coup dans le dos, lui avait valu une multitude de bleu sur le flanc. 

— Oh allez, tu vas continuer à faire la gueule ?

Étendu près d'elle, les jambes croisés, l'air détendu, Oliver souriait.

— Tais toi, j'cause pas aux traitres.

— On a ramené des en-cas.

Mâchouillant la paille de son gobelet, Blake ne relevait même pas les yeux sur son paternel. Ses yeux étaient fixait sur la toile tendu face à elle. Si il y a bien une chose qu'elle n'avait pas la tête à faire, c'était mater un film.

Ils avaient trouvés un bon spot. Niché sous un arbre -pour contrer le soleil cuisant, Adam et Oliver avait installés des chaises dépliables. Blake était au sol, par choix. Hors de question d'accepter le petit confort, cette journée était décevante, autant qu'elle le reste.

— J'ai préparé des crudités, dit Sienna attrapant la glacière. Qui en veut ?

— Moi !

Oliver se ruait dessus, comme un affamé, arrachant un rire au deux adultes. Sienna avait emportés des petites boites, dans lequel elle avait fourré quelques carottes, et des concombres. Blake roulait des yeux, analysant son gobelet, d'un œil dépité. 

— Il va me falloir plus fort que ça.

Une main apparu dans son champ de vision. Secouant devant elle, une boite rose. Sienna lui offrit un grand sourire. 

— Blake, un concombre au persil ?

La gerbe.

— Non, refusait-elle en se relevant. Je vais me chercher un tacos.

Son père l'a scrutait, avec envie. A Miami, son père rapportait fast-food -quand ils avaient des sous, presque toutes le semaines. Ça devait sacrement lui changer. Sienna grimaçait.

— Tu sais, c'est pas très bon pour la santé.

— Alors figure toi Sienna, que ma santé, je m'en bas les ovaires. Force maxi. 

Adam se tendit sur sa chaise, prêt à calmer sa fille. Pas besoin, Blake s'époussetait le derrière, avant de s'éloignait à grandes enjambées vers le bar ambulant, lâchant tout de même -c'était plus fort qu'elle, à Oliver.

— Éclate toi bien avec tes pouces de radis, Judas.

Oser lui parlait de sa santé. Si Sienna connaissait l'ampleur de la consommation de weed de la jeune fille, elle ne s'affolerait pas pour un pauvre tacos. Une masse de corps se trouvait entre elle, et son met. Si bien qu'elle n'eut pas la force de faire la queue, poussant un soupir, à s'en fendre l'âme, elle finit par faire demi-tour.

Journée décevante, se rappelait-elle. Le paysage autour d'elle était plutôt sympa. Si on oubliait la panoplie d'humains. Elle repérait un petit ponton -à l'écart de la meute, où elle savait qu'elle et Oliver se réfugierait, si son père devenait trop lourd. 

Son regard perçant fit le tour des têtes présente. La plupart elle ne les connaissait pas, ou peu -les ayant aperçu à plusieurs soirées. En tout cas, pas de doutes, elle n'était plus dans le Cut. L'ambiance n'était pas aussi rassurante que là-bas. 

Ses yeux se posèrent sur une casquette rouge, au milieu des corps. Elle l'a reconnaissait, c'était celle de JJ. Pope était près de lui. Sans pouvoir s'en empêcher, ses pas là menèrent jusqu'à eux. C'était devenu un papillon, attirait par la lumière, en pleine nuit.

— Mais qui voilà, s'exclamait-elle les faisant sursauter. Tic et Tac. Vous vous êtes perdu ?

Main sur le cœur, Pope semblait sur le fil. JJ n'en menait pas large non plus -le regard vif et pressant, inquiétant Blake.

— T'es con Bex, s'agaçait-il renfonçant sa casquette sur son crâne.

— Sérieux, je vous ai vraiment fait peur ? 

— Non, soupirait Pope. Désolé, on est juste un peu tendu.

Euphémisme de l'année. Le métisse tremblait tellement qu'il dût coincer ses mains entre ses cuisses pour s'apaiser. Fronçant les sourcils, Blake s'écroulait entre eux. Occultant complétement sa sortie de famille.

—  Non, j'aurais jamais deviné. Qu'est-ce qui vous arrives les tocard ?

Pope ouvrit la bouche, mais le blond le coupait brusquement.

— Rien du tout, affirma-t-il. On est venu voir ça.

Il pointait un pouce incertain vers le tissu. Un rictus étirait les lèvres de Blake.

— Le film tu veux dire.

— C'est Kie qui nous a trainé ici, lui expliquait Pope. On sait pas trop ce qu'on fiche là.

— Je vois. 

Prenant ses aises, elle se décalait légèrement, basculant son crâne, contre le siège de JJ, entre ses jambes. Celui-ci les écartait un peu plus, lui laissant de l'espace. 

— Et elle est où votre tortionnaire ?

Paille entre les dents, elle buvait nonchalamment son soda. Il lui fut brutalement arracher des mains, par JJ, qui le portait à sa bouche. Offusquée, elle lui pinçait le mollet, le faisant ricaner.

— Les gars !

En parlant du loup, Kiara débarquait, une barre entre les sourcils, deux canettes dans les mains. Son expression de ternit en découvrant la blonde, mais elle se tut, l'ignorant -au grand plaisir de Blake, elle avait plus urgent à régler.

— J'ai croisé Rafe, fit-elle tendant sa canette à Pope. Il a dit, je cite: "Dis à ton pote qu'on sait ce qu'il a fait." Ça veut dire quoi ?

Trois réactions -bien distinct, suivirent cette phrase. Pope, affolé, louchait vers JJ, cherchant à tout prix une aide. JJ, cachant avec habilité son anxiété, montrait un masque d'agacement. Et Blake, elle, elle fouillait l'endroit des yeux, prête à en découdre avec le fils Cameron. L'épisode du bizutage de Pope était toujours chaud dans sa mémoire.

— Il est où ? Demandait JJ.

— Juste là.

Kiara lorgnait vers un grand arbre. Les autres firent de même. Pope manquant de basculer sur sa chaise, tant il se retournait vite. Postés derrière eux, droit comme des piquets, Rafe, Topper, et Kelce, les épiait. 

— Super, soufflait Pope. Toute la clique.

— Ne les regarde pas.

Agrippant le crâne du métisse, JJ le forçait à se détourner. Blake n'en fit rien. Son regard était planté dans celui de Rafe, le foudroyant sur place. Le brun tentait de garder la face -boosté par sa bande, mais elle remarquait tout de même, le tressautement de sa joue. Il savait, qu'elle savait. 

— Je te préviens mec, grondait JJ. S'ils m'approchent, je pète un câble. Je les défonce.

N'importe qui aurait pu penser qu'il était de nature impulsive, et que c'était la colère qui parlait. Seulement Blake -écoutant d'une oreille, reconnu l'amertume de la peur dans sa voix. En fait JJ était probablement mort de trouille, mais il tenait bon, gardant le masque, parce que c'est ce dont Pope avait besoin. Quelqu'un capable de lui donner du courage.

— Si ça ne suffit pas, j'ai ça.

Il agitait son vieux sac -abîmé et déchiré, d'une main. 

— On doit rester en groupe,  se répétait Pope tremblant. Ils nous auront pas en groupe.

Se forçant à décrochait son regard de Rafe -qui avait perdu de sa superbe après leur joute, la blonde louchait sur le sac que JJ brandissait au dessus d'elle. Ses yeux bruns s'agrandirent.

— Attends, me dit pas que t'as ramené le flingue ?

Un mélange d'effroi et de colère transformait le visage de Kiara.

— JJ, il y a des enfants ici. 

Haussant les sourcils, avec un air innocent, JJ lui sourit.

— J'ai pas le flingue Kie, tout va bien.

— Merci JJ, répliquait sarcastique. Tu m'as convaincue là. 

Les haut-parleurs -de chaque coté de la toile, annonçait la bienvenue à tout le monde. Les gens autour d'eux se concentrait sur la projection, mais Kiara ne lâchait pas le blond.

— Règle numéro un, pas de secrets entre pogues. De quoi parle Rafe ?

Le silence lui répondit. JJ baissait les yeux sur Blake, qui haussait les épaules, muette. Ils avaient promis. Kiara s'impatientait, jetant un regard acéré à Pope, qui finit par craquer.

— Écoute Kie, ça pourrait bien pété ce soir.

— Quoi ? Vous avez fait quoi bon sang ?

Quel idiot. Blake posait sa paume sur son front, alors que JJ évitait soigneusement tout contact oculaire avec la métisse. Rien de tel pour la faire flipper. Elle détallait le visage fermé des trois autres, avant de pointer la blonde du menton.

— Et pourquoi est-ce qu'elle est au courant ? C'est même pas une pogue.

Blake avalait une grande gorgée de son soda -n'en n'ayant pas grand chose à faire de la crise de Kiara, concentrée sur la toile blanche, illuminée par des images de plages.

— Disons juste, temporisait Pope. Que Blake était là, au bon moment. 

— C'est n'importe quoi, s'emportait-elle haussant le ton. Depuis que cette fille est arrivée, tout part en vrille. Et maintenant vous oubliez même les règles des pogues ?

Un milliards d'insultes passèrent par la tête de Blake. Kiara agissait comme une gamine, pourrie gâtée, à qui on aurait retiré son jouet préféré.

— Comme si on étaient les seuls à oublier les règles, pouffé JJ.

Elle relevait le nez vers lui, mordante.

— Tu peux préciser ?

— Ta petite séance de bécot avec John B, c'était dans les règles Kie ?

Woah, aucun d'entre eux ne s'attendaient à ce qu'il aille jusque là. Les joues en feu, Kiara entrouvrit les lèvres, il l'avait fait taire. Blake contient son rire, cachant son visage derrière son gobelet.

— Et après c'est moi le Judas ?

Planté derrière la chaise de Pope, bras croisés sur son débardeur, Oliver.

— Bonjour les amis, les saluait-il puis en s'inclinant vers la blonde. Ton père m'a envoyé te chercher. Ramène ta prune traitresse.

Mécontente -elle avait la flemme de se lever, elle ne bougeait pas d'un iota.

— Tu devrais y aller, murmurait Pope avec un petit sourire. On se reverra plus tard.

Son sens de la contradiction lui donnait furieusement envie de rester. Cependant, l'atmosphère était chargé d'animosité entre les Kook -qui continuait à les fusiller du regard, et Kiera, qui essayait de la désintégrer sur place.

— Très bien, à plus.

❃❃❃❃

 BLAKE AVAIT VU DES FILMS NULS AU COURT DE SA VIE. Mais celui-ci était de loin le pire de tous. Un film B, en noir et blanc, rien qu'elle aimait. En revanche, son père et Oliver semblait pris dans l'intrigue. Du coup, au lieu de regarder la toile, Blake scrutait -avec beaucoup de jugement, les réactions de son meilleur ami. 

Léchant ses doigts couvert de la sauce de son tacos -qu'elle avait finalement obtenu à force de jouer des coudes, elle s'ennuyait ferme. Sa belle-mère était collée à son père - lui chuchotant des mots doux, l'a rendant nauséeuse. Oliver n'y prêtait pas attention, bien trop attentif à la projection.

— Tu es très belle ce soir, ma tigresse.

Adam lui offrait le même genre de sourire qu'il faisait à sa mère avant, quand ils étaient heureux tous les quatre. Ces petits gestes qui s'étaient arrêtés longtemps avant son départ.

— T'es pas mal non plus, gloussait-elle se croyant discrète. Don Juan.

C'était trop pour Blake. Ses mains étaient moites tant elle était mal à l'aise. Même si ils avaient beaucoup bu -parce que apparemment le vin c'était bon pour la santé, il étaient des adultes, pas des animaux. 

— Okay, j'me tire.

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle s'enfuit à vive allure. Adam ne tentait pas de la rattraper, probablement gouverné par ses hormones de mâle. Contournant le grand arbre, l'objectif de Blake était simple, rejoindre le coin isolé, près du ponton, qu'elle avait repéré.

Passant entre les chaises des spectateurs -qui s'insurgèrent, elle se stoppait en constatant que là où la bande se trouvait plus tôt, ne restait plus que Kiara. Son visage se durcit, elle avait un mauvais pressentiment. Les mains dans les poches, elle s'approchait -fléchit vers le sol.

— Hé, ils sont où les gars ?

Kiara l'ignorait complétement. Quelle chieuse. Comprenant le message, Blake fit volte-face, poings serrés. C'est alors qu'elle remarquait, que les trois sièges des Kook, étaient aussi vide.

— Oh non, pas ça.

La pression s'accentuait en elle. Inspectant l'endroit des yeux, dans la nuit noir, elle ne parvenait pas à les repérer. 

— Ils sont partis pisser.

Surprise, elle lorgnait vers Kiara, qui ne daignait tout de même pas relever les yeux sur elle. Descendant le regard sur ses pieds, elle se figeait. Le sac, il était là, étendu près de la métisse. Et si le sac était là, alors les pogues n'avaient aucun moyen de défense.

— Fais chier.

Sans réfléchir -c'était devenu une habitude depuis quelques temps, elle attrapait le sac, le jetant sur son épaule. Puis, elle tâchait de retrouver les garçons. Ils étaient des crétins. Comment avait-il pu oublier ? Plus les secondes s'écoulait -sans les trouver, plus elle hyperventilait. S'avançant vers le ponton, derrière la toile, elle se stoppait, tétanisée.

Bonne nouvelles, ils étaient encore en vie. Mauvaise nouvelle, plus pour longtemps. La bande de Rafe les encerclaient, menaçant. Topper s'avançait vers Pope, un doigt -accusateur, tendu vers son torse.

— Tu t'es bien occupé de mon bateau.

Il déglutit, reculant d'un pas.

— Je vois pas de quoi tu parles.

— Évidemment.

Blake restait dans l'ombre, dos à l'arbre, le souffle court. Ca y est la crise montait. Ce n'était franchement pas le moment. Mais il y avait difficilement situation plus stressante que celle-ci. 

— On fait moins le malin sans flingue.

Mains dans les poches de son short, Rafe provoquait JJ. Qui lui renvoyait son regard, sans ciller. La blonde connaissait Rafe, il aurait pu s'en prendre à Pope, c'était lui qui avait coulé le bateau. Mais non, il avait choisi JJ. C'était devenu personnel, et au cœur de ce conflit, une seule personne, elle.

— Fais un pas de plus, grognait JJ, menton haut. Et je te défonce ta face de prépubère.

La tension était palpable. Les deux garçon se regardaient en chien de faïence, prêt à attaquer. JJ avait une motivation pour casser la bouche du brun, il s'en était pris à sa famille. Et Rafe, il voyait le blond comme un parasite, qui marchait sur ses plates bandes.

— Ça te plait de voler des trucs, narguait Topper, pratiquement collé a Pope. Ta mère est fière de toi ? Et ton père ?

C'était la chose à ne pas dire. Pope prit son élan, avant de balancer son front dans le nez de Topper, qui vacillé en arrière, retenu par Kelce.

— Ouais c'est ça, exultait JJ. Vas-y avec les poings.

Goguenard, il envoyait son poing vers Kelce. Qui l'esquivait, courbant son dos, plaquant le blond, encerclant sa taille. JJ était loin d'être mauvais, et finit par enfoncé ses phalanges dans sa mâchoire. A quelques pas d'eux, Pope se cognait avec Topper.

Ce n'était pas comme la dernière fois, pas pour Blake en tout cas. A la plage, elle les auraient volontiers laisser tomber, préférant -de loin, aller ce coucher. Seulement quelque chose avait changé, elle ne savait pas vraiment quoi. En tout cas, elle était incapable de détourner les yeux malgré que son corps tout entier lui hurlait de s'enfuir.

— Chope le !

Les mains de Kelce agrippèrent JJ -qui se débattait comme un lion, le maintenant contre lui.

— Je t'avais prévenu, grondait Rafe avec un rictus. De pas t'approcher d'elle.

Avec force, il lui assénait un coup dans le ventre. JJ se recroquevillait, poussant un râle de douleur, le souffle coupé. Caché derrière son arbre, le visage de Blake se fermait, une veine pulsait sur sa tempe. Il se faisait frapper, JJ se faisait frapper, et c'était à cause d'elle.

Le bruit des coup retentit derrière elle, Blake se glissait au sol. Risquant un œil de l'autre côté, elle constatait -avec un hoquet de surprise, que Pope se faisait étrangler par Topper, le visage du brun perdait des couleurs au fur et à mesure qu'il resserrait son bras autour de son cou. Les sanglots obstruèrent sa gorge à cette vu. Ils avaient besoin d'aide. Ils avaient besoin d'elle.

— Admets le, admets que c'était toi, connard !

Le cœur battant, elle fourrait sa main dans le sac de JJ, jusqu'à sentir le métal froid sous ses doigts. Fermant les paupières, n'y tenant plus, elle sortit de sa cachette.

— Lâchez les tout de suite  !

Topper pivotait en premier, et, confus, relâchait légèrement sa prise sur Pope. Celui-ci profitait de la brèche pour s'extirpait, tombant au sol, secouait par la toux. Rafe et Kelce, se tournèrent aussi. Le même étonnement se lisait sur leur visage. Ils l'a fixaient, intimidé. Non pas par son regard sombre, mais par le flingue, qu'elle brandissait vers eux.

— Bex, s'inquiétait Topper. Qu'est-ce que tu fous ?

— A ton avis ? Je sauve mes amis.

Amis. C'était la première fois qu'elle employait ce terme, pour quelqu'un d'autre que Oliver. Pourtant rien ne lui semblait plus logique. Son cœur avait compris avant sa tête. Après tout, elle était là, armé, menaçant trois ados.  Il n'y avait que l'amour pour faire faire une chose aussi stupide.

— Blake, tentait Rafe cherchant son regard. Baisse ce flingue tu veux.

Il fit un pas vers elle, en cillant, comme si il n'en croyait pas ses yeux, mais elle l'ignorait. 

— J'ai aucun problème avec l'idée de te tirer dessus Kelce, dit-elle déviant l'arme sur lui avec assurance. Alors magne toi.

Dans ses bras, JJ avait cessé de se débattre, les yeux rivés sur elle. Quelque chose dans son  regard, l'effrayait. Une lueur orageuse, assombrissait ses yeux noisettes. 

— Elle ment, décrétait le brun. Elle aura pas les tripes.

Cependant le doute se lisait sur son visage.

— Kelce, soufflait Rafe en reculant. Lâche le.

— Quoi ?

Il lançait a Rafe, un regard mi-surpris, mi-furieux.

— Fais ce que je te dis. 

Poussant un rugissement de colère, il libérait JJ, qui s'affaissait au sol. Il se remit cependant vite sur pieds, en alerte. Surveillant les kooks, les poings serrés -les phalanges écarlates. La main de Blake -fermement agrippé au pistolet, tremblait légèrement. 

— Hé princesse, dit JJ doucement -la voix enroué, s'approchant d'elle. Tu peux le baisser maintenant. 

— Non, je veux qu'ils dégagent.

Le calme -glacial, qui perçait dans sa voix était inquiétant. Son arme était braqué sur Rafe. Elle le dévisageait.

— C'est la meilleure, marmonnait Kelce en se dirigeant vers elle, prêt à la frapper. Arrêtez de flipper, elle sait même pas se servir de ce truc.

D'une main, elle chargeait le flingue, qui émit un cliquetis. Kelce se stoppait, net. Elle avait passé le stade de la terreur, désormais elle était folle de rage. 

— Écoute moi bien connard, grondait-elle. Je suis pas née dans une banlieue friquée comme toi. D'où je viens c'est tuer ou être tuer. Alors tu devrais me croire quand je te dis que si tu fais un pas de plus, je tire.

La toile les masquait à la vu des adultes, personne ne pourrait les aider. Le passé de Blake était loin d'être rose, mais elle avait exagéré les fait -pour se donner de la contenance. En vérité, c'était la première fois de sa vie qu'elle tenait un flingue. A contrario, ce n'était pas son premier mensonge, et elle avait été très convaincante. 

— Barrez-vous. Tout de suite !

Attrapant le polo de ses deux nabots, Rafe les tirait en arrière. Il avait parfaitement conscience qu'elle ne plaisantait pas. Elle arborait une expression mauvaise, qu'il ne lui avait jamais vu.

— Allez, on se casse. 

Presque en courant, les trois adolescents, détalèrent. 

— Putain, jurait JJ avec une grimace de douleur.

Abandonnant sa façade d'homme dur, il s'écroulait au sol, main sur la gorge. Kelce ne l'avait pas loupé avec sa clé de bras. 

— Blake, appelait piteusement Pope. Tu vas bien ? 

Relevant les yeux vers la blonde, JJ comprit ce qui tracassé le brun. Elle n'avait pas bougé d'un pouce. Ses mains tremblaient autour de l'arme, qu'elle tendait toujours devant elle, face au vide. Elle émit un couinement. Aussitôt, il se relevait -malgré la douleur, se plantant entre elle et la projection.

— Hé, c'est finit.

Blake avait le visage éteint, le regard vitreux. Avec un geste délicat, il l'a dépossédait de l'arme. Ses bras retombèrent alors mollement le long de son corps. Qu'est-ce qu'elle venait de faire ? Posant une main sur son poignet, JJ le caressait, la faisant revenir à la réalité.

Elle clignait plusieurs fois des yeux, perdue, avant de les plonger dans ceux du blond, la mine soucieuse.

— JJ ? Ça va ? T'as rien ?

Minutieusement, elle se mit à inspecté chaque parcelle de peau visible du garçon. Ses phalanges saignaient. Des ecchymoses se formaient autour de l'os de sa joue, remontant jusqu'à sa tempe. Sa lèvre était méchamment coupé. Blake levait la main vers elle, posant son pouce sur la blessure. JJ retenu une grimace, les joues brûlante.

— T'as une sale tête, commentait-elle.

Un rictus taquin étirait sa bouche, mais ses yeux, brillaient d'inquiétude.

— Toi aussi, sourit-il.

La terre commençait à vaciller autour d'eux. Blake était vidé. L'adrénaline était redescendue d'un coup. Son corps oscillait vers l'arrière, mais elle se rééquilibra. 

— Wow, vas-y doucement.

— Je vais bien, pestait-elle.

Il secouait la tête.

— T'es sûre ? Parce qu'on dirait que tu vas tomber dans les pommes.

Merde, elle n'arrivait plus à le tromper. Blake sentit ses jambes se dérober sous elle. Le sol bougeait sous ses pieds. 

 — Ouais, gémit-elle en s'affaissant sur lui. Tu vas peut-être devoir me rattraper.

Il l'attrapait sans difficulté, l'emprisonnant avec force entre ses bras,  en mépris de ses membres endoloris.

 — Je te tiens, susurrait-il à son oreille.

Blake relevait la tête, mais ne vit que les étoiles danser dans le ciel. Puis tout se brouilla, et même l'étreinte de JJ, ne put l'empêcher de tomber. 

- Gigi

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