Chapitre n°17 : Un passé douloureux
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(A/N) : Je vous préviens d'avance ! Il y a du contenu très détaillé de scène d'agression sexuelle alors si vous êtes sensible, passez votre chemin ou sautez ce passage s'il vous plaît, pour votre bien-être !
Lisez à vos propres risques !
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Je m'attendais à tout, sauf à ça.
Connaissant Eichi comme mon petit doigt, j'aurais parié pour qu'il n'accepte pas de me voir céder ma main à quelqu'un, surtout un homme, mais finalement, il avait accepté ma décision plutôt rapidement.
Et j'en étais ravie.
Je m'étais dite qu'il avait peut-être enfin décidé d'ouvrir les yeux et d'accepter qu'il pouvait se fier à d'autres personnes que lui-même. Il n'était vraiment pas facile en ce qui concernait la confiance, mais le fait de passer un peu de temps avec Tanjiro et d'apprendre à le connaître l'avait aidé à comprendre que ce garçon était aussi pur qu'un nourrisson. En plus d'être gentil comme tout, serviable et attentioné, il était dévoué et c'était tout ce dont je pouvais rêver.
"C'est peut-être pour ça qu'elle est tombée amoureuse de lui..." pensait-il, le regard tourné vers le plafond.
C'était le début de l'aube et ses paupières commençaient à peser. Le changement de sa routine hypnique était loin d'être une partie de plaisir pour le jeune démon.
Au fur et à mesure, il avait commencé à oublier les frissons qu'enclenchaient les rayons du soleil lorsqu'elles glissaient sur la peau ainsi que leur douceur. Même sa couleur avait fini par être doutée : le soleil était-il si brillant qu'il apparaissait blanc ? Ou était-il plutôt jaune clair durant la journée ? Il ne pouvait pas répondre ce qu'il ne pouvait témoigner de ses yeux.
Et encore aujourd'hui, il regrettait de ne plus pouvoir voir cette orbe de lumière qui avait l'habitude d'égayer ses journées. Ce qui le rendait plus vivant était à présent ce qui le tuait. Il ne pouvait désormais se lever que lorsque celui-ci était couché et que la lune décorait le ciel dans toute sa splendeur.
Il aimait bien admirer les étoiles depuis sa chambre, l'air rêveur, en pensant à tout et à rien. Mais la nuit étant passée, éventuellement, un petit bâillement sortit de ses lèvres tandis qu'il couvrait les fenêtres.
La pièce à présent complètement plongée dans l'obscurité, il alla se coucher sur son futon, le regard tourné une nouvelle fois vers le plafond. Il s'apprêtait à s'endormir lorsqu'il sentit une chaleur envelopper sa main.
Il s'agissait de la main de Nezuko.
Étonné, il tourna alors la tête, espérant qu'un miracle avait bien frappé, mais hélas non. La jeune fille semblait toujours absorbée dans un profond sommeil dont le réveil s'avèrait fort probablement tardif. Elle dormait toujours aussi paisiblement. Toutefois, il y avait quelque chose qui avait changé.
Sa main serrait très fort la sienne, comme si sa vie en dépendait. Elle la serrait à tel point qu'il avait décidé de la laisser ainsi, se disant que ce n'était pas plus mal. De toute façon, elle n'allait pas se réveiller de sitôt, mais il fallait continuer à espérer.
Tanjiro y croyait, j'y croyais, alors il n'y avait pas de raison pour qu'il ne suive pas le mouvement.
Alors, oetit à petit, ses paupières devinrent encore plus lourdes et une fois les yeux complètement fermés, il se vit basculer dans le sommeil le plus profond,
un sommeil qu'il regrettera très tôt.
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★彡 𝑷𝒅𝒗 : 𝒕𝒓𝒐𝒊𝒔𝒊𝒆̀𝒎𝒆 𝒑𝒆𝒓𝒔𝒐𝒏𝒏𝒆 彡★
-"(T/p), laisse-moi venir avec toi."
-"Eichi, non... On en a parlé plusieurs fois et je ne peux pas te laisser venir avec moi au village. Tu vas t'ennuyer, je ne fais que travailler toute la journée après tout... Et qui va s'occuper de Kaori ?"
-"Kaori saura se débrouiller tout seul, il a un cerveau ! Alors laisse-moi au moins t'accompagner ! Je... Ça fait longtemps que je ne suis pas allé en ville..."
Face à cette excuse, la jeune fille au (l/c) cheveux (c/c) ne pût s'empêcher de pousser un soupir. Il était vrai qu'il ne le laissait que très rarement sortir, et elle s'en sentait coupable mais... en même temps, c'était un moment très mal choisi pour le laisser ne serait-ce que l'accompagner au village.
Il ne fallait pas qu'il sache.
-"Eichi... Je suis désolée, je t'emmènerai au village une autre fois. Aujourd'hui, c'est... compliqué." Répondit-elle à voix basse, sans que son frère ne rencontre une quelconque difficulté à comprendre ce qu'elle avait dit.
-"Compliqué ? Pourquoi ça ?"
-"Eh... Je... Je travaillerais jusqu'à tard le soir."
-"Et alors ? Je peux toujours venir t'accompagner."
-"Mais tu ne comprends pas... Aujourd'hui, je ne peux vraiment pas te laisser venir avec moi. Et puis, j'ai plein de choses à f-"
-"(T/p)." Commença-t-il, d'un ton plus froid que jamais, ce qui la fit déglutir.
-"Je vais te l'avouer : depuis un bon moment, je t'ai observé. Et j'ai conclu beaucoup de choses, dont une en particulière.
Tu ne sais pas mentir."
Cette fois-ci, (T/p) déglutit de manière plus bruyante. Est-ce qu'il savait depuis le début qu'elle lui mentait ? Tous ces mensonges qu'elle avait sorti pour cacher ce qui se passait en réalité au village ? Il était au courant ?
Le regard fuyant, elle comprit tout de suite qu'elle était cernée. Elle voulut mentir une fois de plus pour éviter de faire éclater la vérité mais hélas, il fût plus rapide qu'elle lorsqu'il lui adressa ces mots :
-"(T/p), je t'ai vue rentrer hier soir."
Elle sentit des gouttes de sueur couler de son front en imaginant le pire.
-"Je t'ai vue quand tu es montée dans ta chambre, tu avais des bleus partout dans le dos."
-"Tu... Tu m'as espionnée ?"
À sa surprise, il ne montra aucun changement dans son expression qui demeura alors stoïque.
-"Un peu que je t'ai espionnée ! T'es rentrée comme une voleuse, quand tout le monde dormait ! Tu croyais que j'allais pas me douter de quelque chose ?"
-"Eichi, mais-"
-"Si tu refuses de me laisser t'accompagner, je raconte tout à maman !"
Ces mots lui tordirent le coeur, à tel point qu'il en était devenu difficile de respirer pendant un bon moment. Sa conscience se figeait. Qu'est-ce qu'il comptait faire exactement ? Elle ne voulait surtout pas le laisser être témoin de tout cela... mais avait-elle le choix ? Il l'avait menacé, et inquiéter sa mère était bien la dernière chose qu'elle voulait. Alors il ne lui restait plus qu'à dire le mot qu'elle reniait le plus à ce moment-là, un mot qu'elle allait regretter :
-"D'accord."
L'expression que lui adressait son frère sembla s'alléger, comme si un poids en moins lui avait été retiré à l'instant où elle avait prononcé ce mot. Il n'attendait que ça, qu'elle dise oui. Depusi un moment, tous ses soupçons commençaient à le tourmenter comme pas possible et il ne voulait qu'une chose : tout vérifier par lui-même. Si c'était bien ce qu'il pensait, alors il allait falloir qu'il agisse par lui-même. Mais après tout, il n'avait encore que dix ans, ce n'était pas encore un homme.
Parfois, il détestait être le cadet. Il aurait préféré être l'ainé pour pouvoir être en mesure de prendre les choses en main comme il le voudrait mais le sort en avait décidé autrement.
C'était comme ça.
Le lendemain, il se leva d'une humeur déterminée. Le soleil était encore en train de se lever lorsqu'il était descendu des escaliers pour aller exécuter sa routine matinale. En marchant à pas de loup dans les couloirs, il n'entendait que le silence, à croire que personne n'était réveillé, ou pire encore, que personne n'était à la maison.
Son coeur commençait à battre de plus en plus rapidement en imaginant que sa soeur ait pu profiter du moment où il dormait pour filer en vitesse, sans lui. Alors, doucement, il ouvrit la porte de la chambre de sa soeur aînée pour s'en rassurer.
Il vit que la pièce était entièrement sombre, les fenêtres étaient couvertes par d'épais rideaux et il ne pouvait entendre que le doux son des petits ronflements qu'émettait son petit frère, Kaori, tenant sa peluche préférée dans ses bras, allongé sur le futon qu'il partageait avec (T/p). Mais ce qui n'allait pas, c'était que (T/p), elle, n'était pas là.
Il referma aussitôt la porte, indifférent au bruit qu'il avait causé avant d'aller fouiller dans toutes les pièces pour voir où elle trouvait.
Dans sa chambre, personne. Dans la cuisine, personne. Dans le jardin, rien. Mais avant qu'il ne puisse paniquer plus longtemps, il entendit des bruits, des sons provenir de la salle de bain qui était alors fermée...
Heureusement, le trou de la serrure était assez gros pour pouvoir y jeter un coup d'oeil.
Ce fût alors qu'en se rapprochant de la porte que petit à petit, ces petits sons, indéfinissables, irréguliers, si subtils, se transformèrent en timides gémissements. Des gémissements de frustration, de douleur. Il se pencha alors vers la serrure et vit alors qu'il s'agissait de sa soeur. Sa vue était orientée sur son torse qui, étrangement, se voyait camouflé par un nombre anormal de couche de vêtements auquel elle en rajoutait encore, comme si ce n'était pas suffisant. Il ne faisait pourtant pas si froid dehors.
Et en regardant un peu plus haut, il pouvait voir des traces... rouges placées au niveau de sa clavicule, son cou et même sur le peu d'épaule qui était à découvert.
Il écarquilla ses yeux. C'était une vue bien terrifiante, et pourtant, sa soeur n'était pas du tout du genre à se battre. Il avait du mal à imaginer comment elle aurait pu se faire autant de traces sur le corps. Est-ce qu'elle s'était blessée toute seule ? Non, impossible. Son coeur se tordait déjà à l'idée qu'une personne aussi insensée puisse lui faire du mal.
Qui était-ce et pourquoi ? Si il parvenait à mettre la main sur cette ordure, il en découdrait, qu'il ait dix ans ou non. Mais enfin, ses soupçons n'avaient cessé d'évoluer et il allait en savoir plus.
Coûte que coûte.
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Le chemin se fit dans le silence. (T/p) tenait son petit frère par la main tandis qu'ils marchaient et s'éloignaient au fur et à mesure de la résidence. Le soleil était haut dans le ciel et illuminait le paysage comme il illuminait leur visage qui lui, était focalisé sur la route.
La grande soeur n'avait pas daigné sortir un seul mot. Elle était trop occupée à paniquer dans sa tête et à réfléchir à tous les moyens possibles pour éviter à Eichi d'être témoin de quoique ce soit, mais ce dernier avait déjà ses idées en tête :
Il ne comptait pas la lâcher du regard de tout le chemin. Il savait qu'elle essayerait de le semer par tous les moyens, alors il était hors de question de se séparer de sa soeur.
Éventuellement, le silence prit fin lorsque leurs oreilles se retrouvèrent assaillis par le brouhaha perpétuel du village qui était alors plus animé que jamais. Ce n'était rien de nouveau pour (T/p) qui devait, une fois de plus, essayer de se fondre dans la masse pour que personne ne la reconnaisse.
De l'autre côté se trouvaient les stands, dont ceux qui vendaient de la nourriture. Elle décida d'y aller en premier, suivie de près par son petit frère qui n'avait pas déplacé son regard d'elle d'un centimètre.
En voyant le monde qui était réparti autour des marchandises, (T/p) agrippa nerveusement son écharpe et la leva jusqu'à camoufler la moitié de son visage, pour ne pas être reconnue, ce qui ne passa pas inaperçu des yeux d'Eichi.
(Pourquoi elle se couvre autant ?) Se demanda-t-il, fronçant les sourcils.
Lorsqu'ils étaient arrivés aux stands, la jeune fille acheta promptement ce dont elle avait besoin, laissant son frère tenir la moitié des sacs de courses comme il l'avait demandé. Cela se déroula à plusieurs reprises, allant de stands en stands pour se procurer le nécessaire.
Ce qu'Eichi avait remarqué était que sa grande soeur n'avait pas une seule fois levé la tête pour regarder le vendeur durant la conversation, si c'en était une. Elle avait seulement échangé des simples mots tels que "Bonjour", "oui", "non" et ainsi de suite avant de s'en aller le plus vite possible. On aurait dit qu'elle était pressée, mais connaissant sa soeur comme sa poche, le frère n'en douta pas moins qu'une bonne raison se cachait derrière tout cela.
Une fois les courses terminées, la (c/c) se prépara à s'en aller une nouvelle fois lorsqu'une voix bien trop reconnaissable l'interpella.
-"Oï ! (T/p) ! Viens par ici !"
Il s'agissait bien de Yumehara-san, le vendeur de poissons avec qui elle avait l'habitude de discuter durant ses journées passées au village.
Elle soupira, se tournant lentement vers l'homme qui le saluait de loin. Elle l'aimait bien, mais le moment était mal choisi pour commencer à parler de la pluie et du bon temps. Elle comptait s'en aller travailler pour pouvoir enfin désintéresser son frère dans la poursuite de cette soi-disant "investigation".
Mais en voyant le regard que lui adressait ce dernier, elle savait que cela causerait d'autant plus de soupçons si elle n'acceptait pas d'aller parler au vendeur. Ça ne lui ressemblait pas d'ignorer les gens de cette manière, alors elle n'eût d'autres choix que d'approcher son stand et d'entamer la conversation, à contrecœur.
-"Hé ! Dis donc ! Tu es venue avec ton petit frère aujourd'hui. C'est très rare ! C'est pour quel honneur ?"
La jeune fille déglutit, ne sachant pas quoi répondre. Son frère le remarqua aussitôt et décida alors de prendre la parole.
-"Je l'aide à faire les courses."
-"Oh, je vois ! Quel petit garçon serviable tu fais haha."
Le garçon lui adressa un léger sourire tandis que sa soeur regardait ailleurs. Elle n'avait pas du tout envie d'être là.
Tout ce qu'elle espérait était de pouvoir s'en aller le plus vite possible, mais cette pipelette ne lui rendait pas la tâche facile. Il avait déjà commencé à parler de tout et de rien durant dix précieuses minutes : il parlait du nombre de poissons qu'il avait pu pêcher ce matin, de la hausse des prix, des habitants du villages, des rumeurs stupides puis de la couleur du ciel. Et alors qu'elle commençait à s'ennuyer, il vira vers un autre sujet qui s'avéra beaucoup moins ennuyant
mais fortement désagréable...
-"D'ailleurs, (T/p). Comment va ton ami de la dernière fois ?"
-"Eh ? Ami ?"
-"Oui ! Celui qui t'a emmenée avec lui après que tu ais fini d'effectuer tes courses."
-"..."
Son silence en disait bien long, et elle se sentait d'autant plus menacée en sentant le regard de son petit frère peser sur elle.
(De quel ami il parle ?) S'interrogea-t-il. À en juger par l'expression qu'affichait sa soeur, il y avait sûrement quelque chose qui clochait derrière ce soi-disant "ami".
Néanmoins, la conversation se termina aussi rapidement qu'elle avait commencée. Bien qu'elle s'était retenue tout le long, elle avait fini par s'excuser en lui disant qu'elle avait du travail et elle s'en alla par la suite à pas de course.
Eichi avait essayé de la suivre mais toute cette histoire autour de cet ami l'avait bien interrogé, à tel point qu'il fût distrait durant quelques secondes et en oublia de se focaliser sur sa route. Résultat, il avait fini par perdre sa soeur de vue parmi la foule qui encombrait le passage. Leurs bruits n'arrangeaient rien.
(T/p), de son côté, ne sût que plus tard que son frère avait disparu, ce qui l'inquiéta beaucoup. Il n'allait pas si souvent au village et il pouvait se perdre. Il ne fallait surtout pas que ça lui arrive, elle voulait à tout prix le ramener à la maison avant qu'il ne se passe quoique ce soit.
Alors, elle tourna subitement les talons, reprenant son chemin en espérant pouvoir repérer son aura la plus vite possible. Mais avant qu'elle ne puisse aller plus loin, elle fût surprise lorsqu'elle sentit une main soudainement attraper son bras et la tirer vers quelque chose de plat et de robuste :
Un torse.
Et ce fût à ce moment-là qu'elle comprit qu'il était trop tard.
Le cauchemar avait déjà commencé.
-"(T/p) ! T'es où ?!" S'écria le jeune garçon aux cheveux ébène. Le fait qu'elle ait pu disparaître en un clin d'oeil l'enrageait déjà. Elle n'allait pas pouvoir le semer aussi facilement ! Comment pouvait-elle le sous-estimer ainsi ? Dès qu'il la retrouverait, il s'assurera de ne pas la lâcher cette fois-ci.
Cependant, en déambulant un peu dans tous les sens, parmi le brouhaha incessant de la foule se distinguaient des voix un peu plus hostiles...
Il tint l'oreille vers la source de ces paroles, et lorsqu'il pût l'entendre de ses propres oreilles, il comprit tout de suite que ce n'était en rien une discussion ordinaire entre habitants.
-"Bah alors, t'es devenue trop intéressante pour qu'on te parle ?"
-"T'avais plus de répondant la dernière fois..."
-"Dis, t'as utilisé un nouveau shampoing ?"
Ces remarques devenaient insupportables au point d'en avoir la nausée. La jeune fille tentait désespérément de se défaire de l'emprise de celui qui la tenait entre ses bras mais rien n'y faisait, il était trop fort.
Et comme si ce n'était pas assez, ils étaient trois. Trois hommes à la prendre de haut comme si ce n'était qu'un bout de viande.
Elle qui tentait à tout prix de garder son calme, elle n'avait rien dit quand l'un d'eux avait décidé de foutre un coup de pied dans ses sacs de courses et d'en renverser le contenu par terre. Elle n'avait rien dit non plus lorsqu'il l'avait sifflée, mais la goutte de trop fût lorsque l'un d'eux se mette à caresser une mèche de ses cheveux.
Par réflexe, elle avait rapidement claqué sa main pour qu'il lâche prise, ce qu'il fit, par surprise devant cette hostilité qu'il trouvait nouvelle, avant de finir par en rire.
-"Laissez-moi tranquille." Ordonna-t-elle, d'un ton sec. Cependant, cela n'engendra pas plus de réaction auprès des jeunes hommes qui semblaient plus s'en moquer qu'autre chose.
La poigne de l'un d'entre eux se refermait autour de son poignet, si fort au point d'en faire une douleur pour la le jeune fille aux cheveux (c/c).
Elle essaya alors de s'en détacher, en tentant de le repousser encore et encore mais rien n'y faisait et ils rigolèrent de plus belle tandis qu'elle sentit la honte et la détresse peu à peu tourmenter son coeur.
Ces garçons se montraient volontairement ignorants et continuèrent à la saisir à des endroits inappropriés, semblant aimer la réaction qu'elle leur rendait. Une expression terrifiée qui ne faisait apparemment que complimenter les plus beaux traits de son visage.
Et malgré ses complaintes, ses sentiments, eux, ils ne la virent comme un objet. Un objet à analyser, à découvrir et à tester. Là était son plus grand désespoir ; ils ne la considéraient même pas comme un être humain mais comme leur chose. C'était leur vision d'elle dont elle n'avait aucun contrôle.
Et ce n'était pas encore fini ; la sensation de leurs mains glissant sur sa peau la faisait frissonner de peur et de mal-être. Elle se sentait si malade, si mal à l'aise, si mal. C'en était trop mais ils ne cessèrent pas leurs actions pour autant, même quand elle leur criait de la lâcher. Alors, au bout d'un moment, elle avait fini par craquer.
Oubliant l'idée de pouvoir espérer échapper à la situation, elle arrêta de se débattre. Elle sentait les larmes lentement lui monter aux yeux, la morve humidifier l'intérieur de ses narines et son corps se faire transgresser, se faire fouiller.
Tandis qu'ils lui adressaient des sourires vicieux, des regards moqueurs et qu'ils lui caressaient le visage, les bras, la colère prit aussitôt place dans ses esprits. Et avant qu'elle ne puisse s'en rendre compte, elle avait déjà agi, en giflant l'un d'entre eux de toute ses forces lorsque sa main commençait un peu trop à se rapprocher de sa poitrine.
-"(T/p) !" criait le petit garçon.
Cette fois-ci, il avait tout vu. Après avoir passé plusieurs minutes à courir, il avait enfin réussi à se rapprocher un peu plus de la scène parmi la foule qui ne cessait d'être encombrante.
Apparemment, la scène n'avait l'air d'intéresser personne. Elle attirait quelques regards indiscrets tout au plus, mais ceux-ci provenaient majoritairement des enfants et leurs parents les forçaient très souvent à détourner le regard. Personne ne voulait intervenir, parce que, d'après eux, ça n'en valait pas la peine. Ce n'était pas leurs affaires. L'indifférence des passants le dégoûtait.
Mais une fois qu'il était arrivé, il avait pu tout voir. (T/p) avait levé la main sur quelqu'un pour la première fois. Ce fût comme un choc pour lui ; il n'aurait jamais pensé que ça arriverait un jour, elle qui pourtant était si gentille, si tendre et si aimable. Il devait sûrement y avoir une raison à tout cela.
Et il conclut celle-ci bien assez rapidement en regardant la scène de plus près qui, au fur et à mesure, l'effraya et l'enragea.
Pourquoi est-ce que (T/p) était entourée de ces garçons ? Pourquoi l'un d'entre eux lui attrapait le bras ? Pourquoi ils rigolaient ?
Tout cela ne signifiait absolument rien de bon, et il pensait déjà prendre action, cependant, quelque chose l'en empêchait.
Son corps ne bougeait pas, il était paralysé.
Il ne savait pas quoi faire. Qu'est-ce qu'un gamin comme lui pourrait bien faire contre ces trois-là ? Et si il rendait les choses encore pire ? Et si-
Non, inutile de réfléchir plus longtemps, il fallait qu'il intervienne et qu'il mette fin à tout cela. Seulement, alors qu'il commençait à se diriger vers le carnage, une vieille femme qui se trouvait plus proche avait levé la voix.
-"Hé, vous ! Allez jouer ailleurs, vous faites trop de bruit !" S'écrie-t-elle d'un ton agacé.
(T/p) écarquilla les yeux, ahurie par le fait qu'elle ne se soit rendue compte de rien, ou pire encore, qu'elle avait choisi de jouer les aveugles et de laisser la situation se compliquer pour elle. Était-ce dû à sa lâcheté ou à son indifférence ? Ça devait sûrement être des deux, mais en regardant de plus près son aura, elle fût subjuguée de voir qu'il n'y avait rien.
Elle était complètement docile et ne semblait même pas s'intéresser à sa cause.
Pourquoi le monde restait-il aussi indifférent face à ses souffrances ?
Elle ne savait pas. Mais ce qu'elle savait, c'était que ses souffrances, elles, restaient indifférentes face au monde lui-même.
Elle fût toutefois rapidement tirée hors de ses pensées lorsqu'une main vint lui agripper le bras avec une telle force qu'elle en gémit de douleur pendant un moment.
Cela parût amuser l'assaillant qui répondit, avec un très grand sourire :
"Viens, on va jouer ailleurs pour ne déranger personne... Ce serait très irrespectueux de notre part."
Le deuxième, plus enragé par la gifle, vint en rajouter une couche en pointant un doigt accusateur dans sa direction.
-"Tu vas regretter ce que t'as fait !"
(T/p) ne pût rien dire. Elle savait que si elle se remettait à parler, la situation tournerait encore plus mal qu'elle n'avait déjà tourné, si c'était encore possible. Alors elle avait préféré garder le silence tout en fixant le sol sous ses pieds. Elle était désemparée.
-"(T/P) !" hurlait le pauvre enfant en essayant de la rejoindre à tout prix, voyant l'urgence de la situation.
Malgré ses efforts, plusieurs personnes étaient venues lui barrer la route en secouant négativement de la tête, lui conseillant de ne pas aller plus loin.
Cela l'enragea d'autant plus lorsque ces derniers lui avaient attrapé par les bras, étant bien plus grands que lui, stoppant automatiquement tous ses mouvements.
-"Lâchez-moi ! Pourquoi vous faites ça ?! Vous voyez pas ce qui se passe ?! Elle est en dan-"
-"Petit, c'est un service qu'on te rend. Tu crois qu'en t'interposant, tu parviendras à changer quoique ce soit ? Allons, soyons réaliste. Tu n'es qu'un gamin." Dit l'un d'entre eux en levant les yeux au ciel.
-"Tu ne devrais même pas essayer, c'est perdu d'avance."
-"Tu veux avoir une mauvaise réputation comme elle ?"
Ces gens commençaient sérieusement à lui taper sur les nerfs et il ne voulait qu'une chose : qu'ils le laissent tranquilles. Il n'en avait absolument rien à faire de ce qu'ils pouvaient penser, eux avec leur histoire de service et de mauvaise réputation. Qu'est-ce que ça pouvait faire ? C'était de sa soeur dont ils parlaient ! Elle était en danger ! Et c'était hors de question de rester là, les bras croisés, une fois de plus, à rien faire.
Il avait continué à se débattre dans tous les sens, malgré sa petite taille, en espérant pouvoir se défaire de leur emprise. Mais l'arrivée d'un nouvel élément perturbateur le prit de court : il leva les yeux pour voir qu'il s'agissait d'une jeune femme qui devait avoir tout juste vingt ans. Elle avait beau être plutôt jolie, ce qu'il détestait était son regard. Il était hautain, et elle empirait le tout avec un sourire vicieux et arrogant. Il savait déjà que ce qu'elle allait dire juste après n'allait pas lui plaire du tout.
-"Pourquoi voudrais-tu aller l'aider ? Cette pauvre fille n'a eu que ce qu'elle mérite. Quelle trainée à vouloir attirer l'attention des garçons comme ça..."
Ses yeux s'écarquillèrent. Il sentit la rage tourmenter davantage son coeur lorsqu'il comprit les mots qu'elle avait employé. Comment ça elle n'a eu que ce qu'elle méritait ? Elle n'avait jamais fait de mal, pas même à une mouche. Sa soeur était doté d'un grand coeur. Elle appréciait tout le monde, aidait tout le monde et encore, pardonnait tout le monde.
Elle était si gentille, qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Est-ce qu'elle était folle ? Est-ce qu'elle était jalouse ? Quel était son problème ? Et pourquoi la comparait-elle à une « traînée » ? Il n'était pas exactement familier avec ce mot mais il savait qu'elle avait une connotation extrêmement dégradante et négative. Il savait que c'était une insulte horrible, surtout pour une fille. Et quand il avait fini par comprendre ce que cela signifiait, son sang ne fit qu'un tour et il lui adressa un regard plus noir que jamais.
Heureusement pour elle, il avait déjà les bras occupés. Mais si jamais ils ne l'étaient pas, il se serait fait une joie de lui faire la tête au carré. Et encore, il avait promis à sa soeur de ne jamais user de la violence sauf quand c'était nécessaire, mais n'était-ce pas le cas maintenant ? Ces abrutis ne voulaient pas le laisser aller la protéger et en plus, l'un d'entre eux l'insultait dans son dos !
Tant de gens mesquins et pourris l'entouraient et ça lui donnait envie de vomir. Comment osaient-il le toucher, lui donner des ordres et parler de sa soeur comme ça ? Ils n'en avaient pas le droit, ils ne méritaient même pas de droits. Ils ne méritaient seulement que la peine et la misère.
-"...Lâchez-moi."
-"Et pourquoi ça ? Ça ne te servira à rien d'insister comme tu le fais. Tu ne t'attireras que des ennuis..." Répondit la femme en arborant un faux air inquiet, son hypocrisie lui donnant à nouveau la nausée.
-"Lâchez-moi je vous dis, espèce d'ordures !"
Elle se mit soudainement à ricaner face à l'injure, jouant orgueilleusement avec une mèche de ses cheveux avant de lui répondre, d'un ton toujours aussi calme :
-"Tu es marrant toi, tu sais ? Et même mignon si tu veux mon avis, mais désolée, je ne m'intéresse pas aux gamins dans ton genre. Et puis, si tu tiens vraiment à aller l'aider, vas'y, mais je te souhaite bonne chance...
parce qu'elle n'est plus là."
Cette phrase lui fit rater un battement lorsqu'il se tourna vers la scène, en espérant qu'il ne s'agissait que d'un mensonge, mais elle avait bien raison. Sa soeur et ces garçons n'étaient pas là, ils avaient disparus.
Il se mit à haleter de stupeur, le son de sa respiration bourdonnant dans ses oreilles alors qu'il regardait dans toutes les directions en espérant la retrouvassau plus vite. Il n'avait même pas prêté attention au soudain rapprochement de la jeune femme et de son parfum âcre qui lui déroutait les narines lorsque celle-ci lui chuchota dans l'oreille :
"C'est déjà trop tard..."
Puis elle se mit de nouveau à rire lorsqu'il sursauta en la repoussant violemment, repoussant également ceux qui le retenaient prisonnier, les faisant enfin lâcher prise avant qu'il ne se mette à courir, s'enfonçant dans la ville en espérant la retrouver le plus vite possible.
(Il n'est pas trop tard... Il n'est pas trop tard...) fût ce qu'il se disait pour se rassurer. Il ne croyait pas un mot de ce que lui disait cette espèce de sorcière mais il ne pouvait quand même pas s'empêcher de s'inquiéter et de paniquer. Et si elle avait raison ? Non, c'était impossible. Sa soeur tiendrait bon coûte que coûte, elle allait l'attendre, n'est-ce pas ? Elle ira bien, tout ira bien et-
-"GRANDE-SOEUR !"
Il était déjà trop tard...
-"Dis donc, t'es une coquine toi en fait !"
-"Tu nous as caché ça tout ce temps ?"
-"Ça te dérange si je t'enlève ça aussi ?~"
-"Aw~ Dommage, ils sont encore petits mais ils vont se développer avec le temps..."
-"Haha ! Regarde, elle rougit !"
-"Elle doit aimer ça."
-"Quelle p@!#."
(Ces voix...)
Il aurait préféré croire qu'il s'était trompé, mais ce n'était pas le cas. Parmi ses voix, il pouvait entendre des gémissements, des cris, des complaintes, et ce, avec un timbre particulier. C'était cette voix qu'il reconnaissait et qui l'horrifiait le plus.
Ce fût lorsqu'il s'approcha de la source de tout ce boucan, vers une ruelle assez sombre, cachée du reste du village, qu'il pût témoigner avec horreur, ce qui s'avérait être l'aspect cruel de la réalité.
Il était là, haletant, après avoir couru plusieurs mètres dans tous les sens à chercher sa soeur. Il était tombé de nouveau sur cette scène, mais cette fois, en bien plus terrifiante.
Il tremblait de tout son être en les observant, les yeux écarquillés, lentement violer son intimité. C'était comme assister au repas de quatre loups en train de déguster une chèvre qu'il venaient de réussir à attraper. Ils la dévoraient vivante, pendant que celle-ci agonisait sous l'effet de la terreur et de la douleur. Eux, y restaient indifférents et en rigolaient même en la voyant pleurer à chaudes larmes et se débattre sans succès.
La plupart de ses vêtements étaient déchirés et leur offraient même une bonne vue sur sa peau qui était à présent à découvert. Et elle avait beau se débattre encore et encore, en tapant des pieds et agitant ses mains dans tous les sens, rien n'y faisait et elle était piégée. Deux d'entre eux avaient décidé de lui saisir poignets et chevilles pour éviter qu'elle continue à leur rendre la tâche compliquée. Ils avaient même commencé à l'asséner de coups pour la tenir tranquille, ignorant ses cris et ses pleurs, la traitant comme un chat de gouttière indésirable.
Au final, elle avait fini par se laisser faire. Elle resta allongée, le regard vide à fixer les nuages. Elle était comme morte, inconsciente. Elle ne réagissait même plus aux attouchements qu'ils lui faisaient, ni à leurs remarques dégoûtantes et ni même à celui qui lui déchirait l'un des derniers tissus qui lui camouflaient le torse. Ça ne servait plus à rien d'essayer de résister. Son destin était scellé.
Ainsi, elle ferma doucement les yeux, laissant encore quelques larmes couler le long de ses joues, rouges de coups qu'elle avait subi plus tôt. Elle essayait de se tirer de ce cauchemar en se plongeant dans le silence, en se laissant inonder par d'autres pensées, mais c'était trop dur. Elle se sentait violentée, scarifiée, violée même et les mêmes sentiments ne faisaient que croître.
Son esprit demeura cependant mitigé entre le soulagement et la peur lorsqu'elle vit une silhouette familière non loin de là se rapprocher de plus en plus.
Elle sentit son coeur s'écrouler lorsqu'elle vit qu'il s'agissait bien d'Eichi, son petit frère.
Il avait commencé à lever la voix au moment-même où elle sentit quelque chose commencer à lui tâter le sein.
-"ARRÊTEZ !"
Cette voix fit sursauter les assaillants qui se retournère't alors vers la provenance de celle-ci. Toutefois, leur expression changèrent en comprenant à qui ils avaient affaire.
-"Qui c'est ce nain ?"
-"Ça doit être un de ses amis."
-"Mais pourtant, elle a pas d'amis. T'es sûr que c'est pas un autre de ces moutons ?"
Le plus âgé des trois renchérissa avec un grand sourire.
-"Peut-être bien qu'elle les préfère plus jeunes..."
Face à ces mots, Eichi ne pût que serrer les dents. Le fait même qu'ils usent d'autant d'arrogance dans leur voix lui donnait la nausée, mais si l'on prenait en compte leurs remarques désobligeantes en plus d'être dégoûtantes, il aurait pu vomir sur place.
Qu'est-ce que c'était frustrant d'être aussi jeune et aussi petit ! Si il était plus grand, il les aurait tabassé à mort et sur le champs !
Ses poings se refermaient et se serraient. Si ses ongles n'étaient pas fraîchement taillés, ils auraient pu trouer la paume de ses mains en un rien de temps.
Mais le plus douloureux n'était pas ses mains mais la scène qui se jouait devant lui. Il était sans voix, immobile voire même inerte. Sa respiration se faisait si forte qu'il pensait que tout le monde pouvait l'entendre à l'autre bout de la ville.
Sa tête était vide. Il essayait de comprendre ce qui se passait mais ses esprits n'arrivaient pas à analyser l'info et la reniaient simultanément, comme une erreur. Il pensait que tout était faux, du moins, il essayait.
Ce qui se passait... n'était qu'un cauchemar, pas vrai ? Sa soeur n'était pas du tout en train de pleurer devant lui, non non. Et ces gars n'essayent pas du tout de la dévêtir sous ces yeux. Non, ils ne se moquaient pas non plus d'elle. Ils n'essayaient pas non plus de la toucher... Ils ne la touchaient pas. Ils... ne lui caressaient pas la jambe. Ils ne lui... embrassaient pas le cou. Ils n'essayaient pas de retirer son kimono pour...
lui toucher la poitrine.
Ou si ?
Est-ce que... tout cela était réel ? Il ne rêvait pas ? Ce qu'ils faisaient... était bien vrai ?
-"...Qu'est-ce que vous faites ?"
Il leur posa la question, le regard vide. Son visage ne reflétait aucune émotion, comme celui d'une poupée. Il les regardait avec de grands yeux observateurs, dénigreurs, ignorant la douleur qu'il ressentait au niveau de ses mains à présent ensanglantées.
Les assaillants le regardèrent durant un instant avant d'éclater de rire.
-"Bah quoi, tu veux nous rejoindre ?" Dit l'un, muni d'un sourire narquois.
Qu'est-ce qu'il avait dit ?
Qu'est-ce que cette ordure lui avait dit ?
Quel était son problème ?
Ils voulaient donc tous mourir ?
-"...Arrêtez de la toucher.
Tout de suite."
Indifférents face à la soudaine tonalité de sa voix qui était alors devenue grave, ils ricanèrent à nouveau tout en se tournant vers la jeune fille qui se tenait toujours affalée par terre, le regard vide et les yeux rouges dûs aux sanglots.
Il fallait qu'elle se fasse à l'idée : son corps n'était plus le sien. Il ne lui appartenait plus. Il avait été volé, violé presque. Son intimité avait été dérobé avec sans qu'elle ne puisse rien y faire.
C'était dans ce monde qu'elle vivait, un monde injuste dans lequel seul le silence lui assurait la survie.
Son frère n'aimait pas la voir comme ça. Elle pleurait rarement mais à chaque fois qu'elle le faisait, il sentait quelque chose se déchirer au fond de lui. Son coeur se serrait et la boule qu'il ressentait alors dans son estomac était rapidement devenu insupportable. Il était désemparé et le fait de savoir qu'il était trop faible pour y apporter un quelconque changement l'anéantissait.
L'un des agresseurs semblait l'avoir comprit. Alors, en se munissant du même sourire qui le répugnait tant, il n'hésita pas à glisser sa main, lentement, doucement et délicatement, tout en regardant le petit frère d'un air malin, sous le dernier tissu qui enveloppait encore son torse.
Tout doucement, il la glissa...
sur son ventre, au-dessus du nombril
puis un peu plus haut, vers la fin de l'abdomen
jusqu'à ce qu'elle s'arrête au début d'une partie un peu plus molle, plus rebondie
et plus douce.
La jeune fille avait commencé à reprendre conscience à ce moment-là. En sentant une main froide la toucher à nouveau, cette fois-ci, en dessous de ses habits, elle se remit à se débattre. Mais malgré ses espoirs et ses craintes, il était trop tard.
Ils avaient pris soin de resserrer leur étreinte sur ses poignets en riant pour anéantir ses derniers espoirs et ainsi, laisser le temps au plus âgé d'atteindre son objectif.
Et il y parvint. Sa main l'avait finalement touché. Saisi. Attrapé. Puis finalement agrippé et secoué pendant qu'il en rigolait, comme si il jouait avec une poupée.
Alors que des larmes coulèrent à nouveau, pour Eichi, c'était la goutte de trop.
Il ne réfléchit pas une seconde de plus avant de se ruer vers lui à toute vitesse, vers ce porc qui avait osé la toucher. Élancé par un cri de rage, il sortit ce qu'il tenait caché dans son dos jusque-là ; une grosse brique qu'il avait trouvé en arrivant sur les lieux.
Dans l'espace d'à peine deux secondes, il avait brandi l'objet avant de le fracasser contre le crâne de l'adolescent. Le coup n'étant assez fort que pour l'étourdir pendant quelques secondes, il lâcha un cri de douleur puis cessa immédiatement ses activités mesquines. Tous se tournèrent alors vers le jeune garçon qui en profita pour lancer sa brique de toutes ses forces en plein dans la face à celui qui retenait sa soeur prisonnière.
-"Mais il est taré celui-là !"
-"Hé, tu veux crever ou quoi ?!"
Eichi n'en avait que faire de leurs remarques. Il sentit son sang à nouveau bouillonner lorsqu'il vit l'état dans lequel se trouvait sa soeur de plus près.
Ainsi, les poings serrés, il leva la voix.
-"Bande d'enfoirés ! ALLEZ VOUS EN ! REGARDEZ CE QUE VOUS LUI AVEZ FAIT !"
Il avait hurlé de toutes ses forces, assez pour les faire sursauter. Ainsi, pendant un moment, ils le regardèrent d'un air complètement abasourdis puis, comme d'habitude, se remirent à rigoler.
Ce n'était pas la hauteur de sa voix qui les amusait, mais ses larmes. Il pleurait, alors qu'il essayait tant de se retenir. Pourquoi fallait-il qu'il lâche maintenant ? Ils ne le prendraient plus au sérieux à présent. Il fallait qu'il agisse comme un homme ! Un guerrier ! Mais ces larmes, ces maudites larmes avaient tout gâché.
-"Quel gros bébé."
Peu importe ce qu'ils pouvaient penser, il n'allait pas se laisser faire. Si il ne pouvait pas user de la violence, alors il userait de la voix pour les faire partir et essayer de les faire peur par tous les moyens.
-"ALLEZ VOUS EN ! DÉGAGEZ !"
-"Ah putain, il fait mal aux oreilles ce c-"
-"J'AI DIT DÉGAGEZ ! NE REVENEZ PLUS JAMAIS ICI !"
"Si vous la touchez encore, ne serait-ce qu'un cheveu, je vous tuerais...
Je n'hesiterais pas à le faire si c'est le seul choix qu'il me reste..."
Sa voix était devenue plus sombre et plus grave, à tel point que des frissons parcoururent le corps des jeunes adolescents. Ils ne pensaient pas qu'il était sérieux, ce n'etait qu'un gamin après tout.
Mais lorsqu'ils le virent faire mine de sortir quelque chose de sa poche, une potentielle arme, ils finirent par prendre peur.
Toutefois, ça ne changeait en rien leur plaisir d'avoir commis un tel délit. Ils restaient des monstres. Pour eux, c'était une activité à la fois amusante et excitante, seulement, cela restait dommage qu'un enfant colérique vienne pour tout gâcher. Ils auraient pu rigoler plus longtemps...
Le plus âgé des trois prit alors la parole, regardant l'enfant avec ce même sourire qu'il avait tant envie d'arracher et de piétiner. Il le dégoûtait jusqu'à en mourir, et ça, jusqu'au son de sa voix arrogante qui résonnait désagréablement dans ses oreilles. Ce n'était même pas un son mais un bruit. Cela lui fit grincer les dents de rage.
-"Oh, ça va. On va y aller. De toute façon, on s'est assez amusés comme ça pour aujourd'hui..." Répondit-il nonchalamment avant d'ajouter :
"Et je suis sûre qu'elle a aimé aussi..."
Le garçon écarquilla de nouveau les yeux, sentant la rage augmenter en lui. En voyant cela, les adolescents n'hésitèrent pas à lui sourire avant de se redresser, tour à tour.
-"On se reverra un jour, ne t'inquiète pas."
Sur ces mots, il s'en alla tout en ricanant avec ses deux autres amis, leurs voix s'estompant jusqu'à ne plus pouvoir être entendues. Il les avait regardé partir jusqu'à la fin pour s'assurer qu'ils ne faisaient pas semblant et qu'ils ne comptaient pas revenir en force. Ce fût un soulagement de voir qu'ils s'en étaient allés pour de bon et d'enfin ne plus avoir à les entendre, leur voix lui donnaient sans cesse envie de vomir.
Mais ce qui restait toutefois déchirant était ce qu'ils avaient fait de sa soeur. Elle était presque méconnaissable. Ses (l/c) cheveux (c/c) qui avant, étaient attachés en queue de cheval étaient à présent devenus un voile cachant son visage. Des traces de coups et de griffures se voyaient sur ses bras et ses jambes, ruinant la lissseur de sa peau.
Quelle était donc cette marque rouge sur son cou ? Il ne savait pas. Mais on aurait dit une morsure. Ses habits en plus de cela, étaient déchirés, assez pour voir une bonne partie de sa poitrine et de ses cuisses. Et surtout, elle haletait, très fort, et elle semblait avoir très froid...
et très mal.
Il pouvait l'entendre gémir et essayer de se cacher le plus possible pour éviter de confronter cette vue effroyable à son frère, mais ce fût sans succès. La douleur était insupportable et elle avait l'impression de mourir lentement.
Eichi, impuissant en témoignant de cette tragédie, ne pût que pleurer. Avant qu'il ne s'en rende compte, il s'était rué dans ses bras tout en prenant soin de ne pas lui causer plus de mal.
-"(T/p), j-je suis... Je suis tellement désolée... Je... J'aurais dû réagir plus tôt ! Je ne suis qu'un imbécile, un lâche ! Je ne suis pas assez fort, s'il te plaît, pardonne moi ! Je m'en veux tellement..."
S'écria-t-il, déchiré par un torrent de sanglots.
Sa soeur ne réagit que quelques secondes après, soulagée par la chaleur que lui apportait son corps pressé contre le sien à moitié nu. C'était tout ce dont elle rêvait pour faire partir ne serait-ce que partiellement son si grand mal-être.
Sa gorge lui faisait mal à cause de tous les hurlements qu'elle avait émis, mais elle se servit de l'énergie qui lui restait pour lui répondre, munie d'un léger sourire pour le rassurer.
-"Eichi... Ce n'est rien... Ce n'est pas de ta faute-"
-"Si, ça l'est ! Je... Je n'ai pas su te protéger et- et- tu es en souffrances..."
-"Ça passera, ne t'inquiète pas..."
Il continua à sangloter pendant un bon quart d'heure. Et quand il ne pouvait plus, il s'excusait, encore et encore, d'être aussi inutile. C'était invivable pour lui d'avoir pu assister à cette scène sans rien pouvoir faire, sans pouvoir agir. Il s'en voulait à lui et au monde entier, mais hélas, personne n'était là pour entendre ses peines et ses plaintes. Sa gorge se noua et il eût un moment où il ne pût ni crier, ni parler, c'était devenu impossible. Alors éventuellement, sa soeur qui essayait de le consoler malgré le peu de forces qui lui restait, avait perdu conscience dû au trauma et à la douleur. Il paniqua pendant une bonne minute jusqu'à ce qu'il vit qu'elle respirait toujours.
Ne voulant pas la laisser mourir de froid, il avait décidé de lui céder son haori, c'était le moins qu'il puisse faire. Enlaçant son corps une dernière fois contre le sien, il s'était promit que plus jamais, au grand jamais, il ne laisserait ça arriver.
Plus jamais.
Il enfonça sa tête dans le creux de son cou en cherchant du réconfort. Son odeur était agréable. Mais il ne s'attendit pas à entendre ces mots se prononcer, durant le sommeil de sa soeur :
-"Merci, Eichi."
Il fût pris de stupéfaction. Est-ce qu'elle rêvait ? Ou est-ce qu'elle était réveillée ? Il n'en avait pas la moindre idée, mais au moins, il savait que ces mots n'avaient pas été prononcés par hasard.
Ce jour-là, il avait comprit des choses importantes.
Et il s'en souviendrait toujours.
.。゚+..。 . ゚+..。*゚+
Se souvenir de tout cela était plus que perturbant, agaçant même. C'était du passé mais la blessure était encore un peu fraîche. Elle n'aimait pas se remémorer le fait qu'elle puisse avoir été faible un jour, qu'elle puisse avoir été utilisée et souillée ainsi.
Tout cela était derrière elle mais la suivait toujours.
Elle poussa alors un long soupir. Son regard s'était posé sur le panier de linge sale. Il ne s'était passé que deux petits jours depuis cet aveu et depuis, sa tête était ailleurs.
Elle pensait qu'en s'occupant des tâches ménagères toutes les nuits, elle pourrait se débarrasser de toutes ces pensées envahissantes mais hélas, tout cela s'avérait bien plus compliqué que prévu.
Quoiqu'elle faisait, elle ne pouvait pas y échapper. Ça revenait constamment dans sa tête.
Frustrée, elle n'hésita pas plus longtemps et saisissa le panier de linge, se penchant pour vérifier l'ampleur des dégâts.
Comme toujours, le haori à Tanjiro était encore déchiré et souillé de terre. Ce n'était pas si compliqué à remettre en bon état. Elle savait coudre et elle s'était habitué à devoir frotter un peu plus longtemps pour faire partir les tâches.
Alors qu'elle se préparait à s'en aller, elle s'arrêta net lorsqu'elle entendit le grincement de la porte derrière elle et des bruits de pas plutôt silencieux se rapprocher d'elle. Elle fût ensuite prise de court par la sensation de deux bras envelopper doucement son torse par derrière. Au début, elle était stupéfaite mais elle changea rapidement d'expression en comprenant qu'il s'agissait de Tanjiro.
Il avait l'air fatigué, il rentrait sans doute de son entraînement. Elle ne pouvait pas le voir de derrière mais ses mains étaient toutes moites et blessées. Le pauvre, elle espérait que Sabito n'avait pas été trop dur avec lui, sinon, il y aurait des représailles.
Dû à l'épuisement, il ne remarqua pas tout de suite la gêne que ressentait (T/p) face à ce contact si soudain.
Il plongea alors instinctivement son visage dans le creux de son cou pour se créer du confort. Son odeur était des plus agréables et son corps chaud réchauffait le sien qui s'était entraîné dans le froid, toute la journée. Sa respiration, cependant, effleurait sa peau et ainsi la chatouillait, la faisant rougir de plus belle dû aux petits frissons que cela lui faisait ressentir.
Il resta dans cette position durant un bon moment avant de finalement prendre la parole, tout en resserrant son étreinte autour d'elle.
-"(T/p)... Tu m'as manqué..."
Sa voix était toute douce, on aurait cru entendre un enfant qui cherchait de l'affection. Cette attitude faisait chavirer son coeur ; ce qu'il était mignon !
Il avait dû se surmener à la tâche, comme toujours, têtu comme il était. C'étaot vrai ; il fallait bien qu'il repousse ses limites pour s'améliorer, certes, mais il fallait aussi les respecter.
Elle commençait à s'inquéter de son état alors elle n'attendit pas plus longtemps pour lui répondre, d'une voix toute aussi douce :
-"Est-ce que... tu vas bien ?"
Elle le sentit hocher la tête dans le creux de son cou et émettre un bref "hm" pour lui dire que oui. Cette étreinte avait beau être agréable, elle voulut quand même se détacher de son emprise pour au moins pouvoir lui faire face mais ce dernier l'en empêcha, resserrant toujours plus son emprise autour d'elle.
Cette situation commençait à devenir de plus en plus malaisante.
-"E-Eh... Tanjiro, peux-tu me laisser partir ?"
-"..."
-"Tanjiro ?"
Si elle s'attendait à ça.
Le garçon s'était endormi sur elle sans qu'elle ne le remarque.
En l'entendant émettre des petits ronflements, elle le comprit et poussa un soupir. Quel enfant il faisait parfois, c'était adorable.
Elle ricana toute seule durant un moment avant de se décider à le ramener dans sa chambre, de sorte à ce qu'il puisse être plus confortable que debout et en servant de son épaule comme oreiller. Cependant, elle n'avait pas remarqué la présence d'un certain vieil homme masqué qui observait la scène depuis l'extérieur. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas souri.
(Ces enfants sont fait l'un pour l'autre...) pensait-il.
Et encore un peu plus loin se trouvait un jeune garçon, qui observait la scène d'un oeil moins indulgent. Il fronçait même des sourcils mais décida de laisser couler en tournant simplement la tête pour ne pas avoir à témoigner d'une scène qu'il jugeait trop "nianian".
Toutefois, il ne pût s'empêcher de penser à sa soeur.
(J'espère qu'il la rendra heureuse.) était ce qu'il pensait. Maintenant que les préjugés avaient été mis de côté, après un dur travail sur lui-même, il avait fini par lui faire confiance. Après tout, c'était lui que sa soeur aimait et personne d'autre. Il ne voulait en aucun cas se mettre en travers de son bonheur.
Enfin bon, il ne savait pas trop ce qu'elle lui trouvait à ce Kamado mis à part le fait d'être gentil... Fort... Serviable... Attentioné... Adorable-
Et la liste était encore longue mais il ne voulait pas l'assumer !
La gentillesse de ce Tanjiro, en même temps, lui paraissait sans limite et c'était louche ! Il avait donc toutes les raisons de se montrer suspicieux, pour le bien de sa soeur. C'était normal, non ? Et puis, comment réagirait-il si lui, demandait la main à sa soeur ?
Attends, Nezuko ? Demander la main à Nezuko ?
Oula, mais qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ? C'était pas comme si il comptait le faire ou qu'il était amoureux d'elle ni quoique ce soit ni-
Il ne s'en rendit compte que plus tard mais en y pensant, son visage avait commencé à chauffer et à virer au rouge. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Argh, pourquoi fallait-il qu'il pense à ce genre de choses ? Il n'était pas du tout amoureux d'elle !
(Pourquoi je me mets à penser à ça moi ?!) Il ne comprenait pas et il se sentait questionné.
Quelle erreur ! Il avait sûrement dû rater des heures de sommeil ces jours-ci.
Mais ce qu'il savait à présent, c'était que l'amour était contagieux !
.。゚+..。 𝑨̀ 𝒔𝒖𝒊𝒗𝒓𝒆... ゚+..。*゚+
【。。】 8452 𝒎𝒐𝒕𝒔 【。。】
Hello !! Et oui ça fait 3 semaines mais je suis de retour haha ! J'espère que ce chapitre vous a plu et pas trop traumatisé ! XD
Mais bon, comme le dit pratiquement tous les auteurs de ce domaine : "Je suis responsable de ce que j'ecris, pas de ce que vous lisez."
Enfin bref, vous êtes pas seuls à être traumatisés, je le suis aussi ! (Comme vous pouvez le voir avec le délai, ça m'a pris du temps de pouvoir écrire ce chapitre sans être gênée haha)
D'ailleurs, petite anecdote : quelque chose d'un tout petit peu similaire m'est arrivé ce week-end xD Mais bon, je me sens quand même bien de pas être à la place de (T/p). Elle vit dans une ère où les forces de l'ordre ne se préoccupaient pas des droits des femmes et encore moins de leur libertés. Et surtout, la société qui projette sans cesse cette image de l'homme fort et viril aux pauvres garçons dès un très jeune âge et ça les incite souvent à passer à l'acte précocement, certaines fois sans se soucier de l'avis des femmes... J'ai trouvé qu'on ne précisait pas assez ce genre de thématique dans l'animé alors je l'ai précisé U.U
Celui-là était le principal que je voulais aborder mais il y en a plein d'autres tels que l'homophobie, la pauvreté, les inégalités et j'en passe.
Comme ça je vous préviens d'avance, je ne promets pas que les prochains chapitres seront moins traumatisants, loin de là. Ce sera le meilleur moment de dévoiler les fêlures de mes personnages hahaha...
Bref, merci beaucoup d'avoir lu ce chapitre et comme d'habitude, on se retrouve très vite pour le prochain !
À bientôt ! ( ˘ ³˘)ℒ❁Ѵ℮
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