Le soleil se levait timidement sur la ville de Busan lorsque Jimin fut réveillé par les vibrations de son téléphone. Encore somnolent, il tendit le bras vers sa table de chevet et coupa son alarme. Allongé sur le dos, il étira tous ses muscles, émettant un petit bruit aigu avant de fixer le plafond durant quelques secondes. Une nouvelle journée venait de commencer et bizarrement, il était plutôt impatient de voir comment elle allait se dérouler.

Réunissant toute sa volonté, le blond se leva de son lit et partit directement vers la salle de bain pour se débarbouiller. Pensant que la pièce était libre, Jimin ne prit même la peine de frapper. Il abaissa la poignée et ouvrit la porte avant de se figer lorsqu'il fit face à son colocataire qui sortait de la cabine de douche, nu comme un ver.

Le temps sembla s'arrêter durant quelques secondes alors qu'il ne put s'empêcher d'admirer ce corps qu'il avait touché la veille. Lorsque ses yeux croisèrent les prunelles sombres du brun, ses joues prirent feu.

— S-salut, bégaya ce dernier en détournant immédiatement le regard.

— Salut, ricana Jungkook.

Sans le quitter du regard, le commandant tendit son bras recouvert de tatouage et saisit la serviette qui se trouvait sur la vasque.

— Désolé, j'aurais dû frapper.

— Hum, ce n'est pas comme si tu ne m'avais jamais vu à poil, répliqua le tatoué en enroulant le tissu autour de sa taille. Tu peux y aller si tu veux, j'ai terminé.

— O-ok.

— Tu veux de la compagnie ? proposa Jungkook en s'approchant dangereusement de lui.

— N-non, on va être en retard.

Un rire amusé quitta ses lèvres pendant qu'il vint ébouriffer les cheveux du médium. Il approcha ensuite son visage du sien pour venir murmurer à son oreille.

— Si tu veux que je t'aide à te débarrasser de ça, tu sais où me trouver.

Sa voix avait été si légère et sensuelle que Jimin sentit son bas ventre se tordre de la plus délicieuse des façons. En comprenant les paroles de son aîné, il baissa les yeux sur son érection matinale qui déformait son boxer.

Gêné, son visage se teint d'une couleur cramoisie alors qu'il poussait Jungkook hors de la pièce, déclenchant un nouvel éclat de rire chez ce dernier.

— Allez microbe, toi et moi, on sait ce que tu veux.

— Casse-toi, je dois me préparer, grommela Jimin sans oser le regarder.

— Je peux t'aider, si tu veux. J'ai de grandes mains, proposa le brun pendant qu'il était chassé de la salle de bain.

Lorsqu'il fut enfin dans le couloir, le médium referma rapidement la porte avant de se laisser tomber contre elle. Sans qu'il ne puisse se contrôler, un sourire prit place sur ses lèvres avant qu'il n'entende les gloussements de Jungkook à travers le battant en bois.

Si son colocataire continuait d'être si taquin et entreprenant, cette journée allait finalement être plus compliquée que prévu.

Trente minutes plus tard, Jimin sortit de sa chambre. Vêtu et prêt pour aller au poste, il se dirigea vers la cuisine où Jungkook prenait déjà son petit déjeuner.

— Tae vient de m'envoyer un message, il ne sera pas là ce matin, annonça le tatoué en prenant une gorgée de sa boisson chaude.

— Pourquoi ? demanda le médium en entrant dans la cuisine pour se servir une tasse de café.

— Lilith a un rendez-vous médical.

— Elle va bien ?

— Hum, je crois que oui, répondit Jungkook.

— T'es au courant pas vrai ? supposa Jimin.

Le policier leva les yeux de son écran et les plongea dans ceux de son cadet qui le sondaient d'un air suspicieux.

— Au courant de quoi ?

— Ne fais pas l'innocent.

— Je suis un symbole d'innocence ! répliqua le tatoué, faussement indigné.

— Mais bien-sûr et moi, je suis le pape.

— Hum non, ça m'étonnerait que le pape aime se faire b-

— Si tu finis cette phrase, je te la coupe ! le menaça Jimin.

— C'est faux, on sait tous les deux à quel point tu l'aimes ma queue pour faire ça, répliqua Jungkook, un air taquin sur le visage.

De nouveau, le médium fut déstabilisé par l'assurance de son vis-à-vis, mais tenta de rester de marbre.

— Je pourrais très bien m'en trouver une autre, répondit le plus jeune en haussant les sourcils.

Cette fois, le sourire du tatoué se fana pour laisser place à une expression plus dure. Son regard noir débordait de possessivité et de dominance alors qu'il se levait. D'un pas lent, il avança dans la cuisine pour venir à la rencontre de Jimin qui était adossé contre l'évier. Il se stoppa lorsque son corps fut presque totalement collé au sien. Emprisonnant son cadet entre ses deux bras, il se pencha en avant pour venir placer son visage à seulement quelques millimètres du sien.

— Hum, ce n'est pas ce que tu disais hier soir. Tu peux toujours t'en trouver un autre, mais tu penses qu'il arrivera à te faire crier comme je le fais ? Hum, je ne pense pas. Tu auras beau dire ce que tu veux, toi et moi, on sait que ce cul ne réclame qu'une seule queue, la mienne.

En terminant sa phrase, Jungkook passa une main derrière son vis-à-vis et vint saisir fermement sa fesse droite moulée dans son jean noir. La possessivité et la domination qui émanaient du plus vieux, firent frissonner le médium qui laissa échapper un gémissement qu'il écourta en mordant sa lèvre inférieure.

— Je te déteste, grogna ce dernier.

— Je sais, répliqua le brun avant de venir plaquer brutalement sa bouche contre la sienne.

Hoquetant de surprise, le médium répondit tout de même à ce baiser vorace. Les mains de Jungkook se glissèrent sous ses cuisses, le soulevant du sol pour l'installer sur le plan de travail. Automatiquement, Jimin écarta les jambes, laissant son aîné se placer entre elles tandis que leurs langues se rencontrèrent et se dévorèrent avec passion.

Le plus jeune gémit pendant leurs baisers quand il sentit la paume de tatoué contre son membre qui durcissait doucement dans son pantalon.

— J-Jungkook, haleta le blond en agrippant ses biceps.

Les lèvres du concerné se perdirent contre sa gorge, parsemant cette dernière de baisers et de morsures qui le faisaient frémir sans retenue. Désireux de plus, Jimin avança ses hanches vers le rebord et lorsque leurs bassins se rencontrèrent, il roula profondément le sien, créant une friction délicieuse à travers leur jeans.

— Merde, grogna le commandant en sentant sa longueur durcir dans son sous-vêtement.

Leur excitation grandissante fut interrompue par la sonnerie d'un téléphone derrière eux. Une plainte de frustration quitta les lèvres du médium lorsqu'il sentit les lèvres de son partenaire quitter sa peau.

— Ne réponds pas, implora ce dernier d'une moue boudeuse.

— Je suis flic, je n'ai pas le choix, répondit Jungkook en rompant totalement le contact entre eux.

En le regardant s'éloigner pour récupérer son téléphone, le médium soupira profondément, montrant à quel point il était agacé. La mine ronchonne, il descendit du plan de travail et quitta la pièce pour se rendre dans la salle de bain. Face au miroir, il sortit sa brosse à dent et commença le brossage avant d'entendre des bruits de pas qui résonnait dans le couloir. Rapidement, une tête brune fit son apparition à travers le reflet du miroir.

— C'était Lim, il veut me voir, annonça ce dernier depuis le pas de la porte.

— Hum hum, répliqua simplement Jimin en détournant le regard.

Un rictus amusé prit place sur les lèvres de Jungkook pendant qu'il avançait à travers la pièce. Lui aussi devait se brosser alors, sans quitter son cadet des yeux, il s'appliqua à la tâche.

— Tu as des trucs à faire ce matin ? questionna le policier, désireux d'avoir de nouveau l'attention de son colocataire qui l'ignorait.

— Oui.

— D'accord, mais encore ?

— Je m'entraine avec Lian, mais je n'ai pas hâte, j'ai encore des courbatures de la dernière fois, expliqua Jimin.

— Tu peux toujours décaler, fit le tatoué après avoir rincé sa bouche et rangé sa brosse à dent.

— Non, je veux y aller. Si je veux un jour pouvoir te mettre une raclée, il faut que je m'entraîne.

Jungkook laissa échapper un éclat de rire en quittant la pièce. Face à cette moquerie évidente, le médium fronça les sourcils, vexé.

— Hé, pourquoi tu rigoles ? demanda-t-il en le suivant dans le couloir.

— Lian s'entraine depuis des années, il n'a toujours pas réussi à me battre, alors ce n'est pas un microbe comme toi qui va y arriver, répondit le commandant en continuant de s'esclaffer.

— Quel frimeur ! Tu vas voir que j'y arriverai ! assura Jimin sur ses talons.

— C'est ça. Tu sais ce qu'on dit, l'espoir fait vivre.

Cette fois, le blond laissa échapper un grognement de frustration face à la suffisance de son aîné.

— Tu sais quel est la première prise que Lian m'a apprise ? demanda ce dernier en accélérant le pas.

— Non, mais je suis sûr que tu vas me le dire, se moqua le commandant.

D'un mouvement silencieux et rapide, Jimin bondit sur son dos, entourant ses jambes autour de sa taille et enroula son bras droit tour de son cou tandis que la main gauche vint agripper son poing, sécurisant ainsi sa prise.

— L'étranglement arrière, annonça ce dernier. Je pourrais l'essayer sur toi.

Sans tenir compte de la prise autour de sa gorge, le brun continua son chemin vers l'entrée.

— Pour que tu y arrives, il faudrait que je sois ligoté ou paralysé, répliqua Jungkook d'un air supérieur.

Jimin savait qu'il disait la vérité. Comment un homme aussi svelte que lui pourrait surprendre un grand gaillard comme son aîné. Il avait beau répliquer, il savait pertinemment qu'il lui faudrait beaucoup plus d'entrainement s'il voulait être capable de se défendre.

— Ce que tu peux être sûr de toi, c'est agaçant, soupira le médium, résigné.

Sans descendre, le blond desserra sa prise et se laissa porter jusqu'au sas d'entrée.

— Allez, descends microbe, il faut qu'on y aille.

Le plus jeune s'exécuta et enfila ses chaussures sans rien dire.

— On y va à moto ? proposa le tatoué.

— Oui, pourquoi pas.

Le brun hocha la tête et retourna dans sa chambre pour aller chercher l'équipement pour son cadet pendant que Jimin en profita pour aller chercher sa sacoche qui se trouvait dans le salon. Lorsqu'il revint avec le nécessaire, les deux hommes quittèrent l'appartement.

Une fois équipé, Jungkook descendit au parking souterrain chercher la Ducati, puis il donna de nouveau les instructions à son passager. Ce dernier hocha la tête, se souvenant encore de leur dernière balade.

— C'est bon ? demanda le commandant.

— Oui ! répondit Jimin d'une voix forte pour se faire entendre à travers le casque.

Le brun retira la béquille et se mit en route vers le poste de police. Cette journée du mois d'aout était agréable, la brise fraiche caressait leur peau pendant que la Ducati slalomait entre les voitures sur le boulevard de Haeundae.

À l'arrière, Jimin profitait de la balade. C'était seulement la deuxième fois qu'il montait derrière Jungkook et il adorait ça. Contrairement à la voiture, il se sentait libre, il se sentait bien. Il aimait cette sensation qui le traversait à chaque virage. Il aimait sentir la chaleur du corps de Jungkook contre lui et sa main qu'il posait de temps à autre sur son genou.

— Ça va ? demanda le tatoué lorsque la moto s'immobilisa à un feu.

— Oui !

— Je vais accélérer un peu, accroche-toi.

— D'accord.

Quand le feu passa au vert, le brun démarra et l'engin reprit doucement de l'allure. À mesure que les vitesses étaient enclenchées, la moto prit de la vitesse. C'était la première fois que le brun roulait aussi vite avec lui et même s'il craignait une éventuelle chute, Jimin ne s'était jamais senti aussi vivant, aussi libre.

Quelques kilomètres plus tard, la Ducati s'engagea sur le parking du commissariat et s'immobilisa auprès des autres deux roues. Ce ne fut que lorsque le moteur s'éteignit et que le conducteur abaissa la béquille que Jimin descendit.

— Wouah ! s'exclama le médium en retirant son casque.

Un sourire béa était plaqué sur son visage tant son excitation était grande. Cette expression enfantine fit rire Jungkook qui fut soulagé et heureux de constater que son cadet avait apprécié la balade.

— Tu as aimé ? demanda-t-il.

— Oui ! C'était génial, merci.

— Il n'y a pas de quoi, répondit le plus vieux avec un sourire charmeur.

Face à lui, Jimin sentit ses joues prendre feu. Voulant mettre fin à ce moment qui l'embarrassait, le blond se mit en route vers le poste, suivi de près par son aîné. Comme tous les jours, ils saluèrent leur collègue avant de se rendre dans les locaux de la criminelle où Rose et Lian se trouvaient déjà.

— Salut, fit Jimin en entrant dans la grande pièce commune.

— Bonjour beau gosse, répondit Rose depuis son bureau.

— Salut Min, prêt pour ton entraînement ? lança Lian qui était posté devant la grande table tactile.

— Non, promets-moi d'y aller doucement, j'ai mal partout, gloussa le plus jeune en revenant auprès de ses collègues après avoir posé ses affaires dans son bureau.

— Bonjour tout le monde, intervint Jungkook qui venait de passer la porte.

— Bonjour boss, répondit l'inspecteur.

— Jungkook, il faut que je te parle.

— Ok, viens, répliqua le tatoué en s'avançant vers son bureau.

La rouquine se leva et traversa la pièce pour rejoindre son supérieur qui mettait son ordinateur en route. Cette dernière ferma la porte derrière elle et Jimin ne put s'empêcher de les observer à travers le mur de verre. Jungkook était installé sur son fauteuil, tandis la rouquine était assise sur le rebord du bureau en bois, les yeux rivés sur le tatoué. S'il en croyait le sourire de son aîné, leur conversation était des plus enjouées et étrangement, le blond sentit un pincement au cœur.

— On y va Min ? fit Lian, attirant son attention.

— Hum ?

Perdu dans son espionnage, le médium n'avait pas entendu ce que son ami avait dit. Les joues rougies, il tourna la tête vers lui.

— J'ai dit, on y va ? Est-ce que ça va ?

— Oui oui, excuse-moi, je pensais à un truc.

— Tu veux en parler ? proposa gentiment le brun.

— Non, ce n'est pas important, allons-y.

Lian hocha la tête, mais avant de partir, Jimin toqua à la porte du bureau pour informer Jungkook de son départ. Lorsqu'il eut son aval, il ouvrit le battant en verre et fit face à ces deux amis qui le dévisageaient.

— O-on va descendre avec Lian, annonça-t-il, ses yeux verrouillés à ceux de son aîné.

— D'accord, à plus tard, répondit simplement Jungkook avant de reporter son attention sur Rose.

Cette dernière offrit un sourire toujours aussi chaleureux à Jimin qui le lui rendit avant de quitter la pièce. Sans un mot, Lian et lui partirent en direction du sous-sol où ils allaient passer une bonne partie de la matinée.

La discussion avec Rose avait duré de longues minutes. Lorsque la jeune femme retourna au travail, Jungkook en profita pour aller voir le capitaine qui l'attendait. En arrivant devant la porte du bureau, il toqua avant d'entendre la voix grave de son supérieur qui lui donnait l'autorisation d'entrer.

Le commandant poussa le battant en bois et ses yeux se posèrent sur le cinquantenaire qui était installé sur son grand fauteuil en cuir brun. Il avait devant lui, plusieurs dossiers qu'il consultait avec attention.

— Salut, tu voulais me voir, fit le policier.

— Bonjour Jungkook, comment tu vas ? demanda Lim en levant les yeux vers son subordonné

— La routine et toi ? Taehyung est absent ce matin, annonça le brun en s'installant sur l'un des fauteuils

— Tout va bien pour lui ?

— Oui ne t'en fais pas, il sera là cet après-midi. Pourquoi tu voulais me voir ?

— Comme je t'avais dit, j'étudiais des dossiers pour le remplacement de Byul.

— Tu as des candidatures intéressantes ?

— Oui, pas mal, mais il y en a deux en particulier qui ont retenu mon attention. Je voulais qu'on voie ensemble, répondit Lim en prenant les deux dossiers en question.

Jungkook s'avança sur le bord de son fauteuil et vint prendre ce que son aîné lui tendait. Il les ouvrit et commença à les examiner en silence. Ce genre de dossier ne contenait pas de nom ni de photo, simplement le sexe, l'âge, le parcours professionnel et les compétences.

Le premier dossier mettait en avant un homme de trente-neuf ans. Son curriculum était très intéressant, mais sans vraiment savoir pourquoi, le commandant n'avait pas un bon pressentiment.

Le deuxième, il s'agissait d'une jeune femme de vingt-six ans. Comme son concurrent, elle avait également fait l'armée avant d'entrer à l'école de police pour en sortir major de sa promotion.

— Pourquoi ces deux là ? demanda le brun.

— Alors, le premier a une expérience intéressante. C'était un ancien militaire avant de s'engager dans la police. Il fait partie de la brigade des stups depuis six ans maintenant, j'ai pensé que ça pourrait être un bon élément. Un peu d'ancienneté et de sagesse.

— Tu as raison, mais est-ce qu'il est prêt à obéir aux ordres venant d'une personne plus jeune que lui ? On sait ce que ça donne avec Seo-joon. Il a toujours du mal à accepter que je sois son supérieur.

— Je ne pense pas que ce serait un problème, mais pour en être sûr, tu pourrais le rencontrer ?

— Oui, je vais y réfléchir. Et elle alors, tu penses vraiment qu'elle a l'étoffe pour faire partie de mon équipe ? Je ne suis pas là pour gérer une crèche, j'ai besoin de quelqu'un d'efficace sans qu'on ait besoin d'être sur son dos.

— Jimin est bien plus jeune et n'y connaissait rien. Pourtant, il fait partie de ton unité et vous semblez tous très satisfait de son travail.

— C'est vrai, mais s'il n'avait pas été dans une situation aussi merdique, jamais je n'aurais accepté qu'il en fasse partie, répliqua le plus jeune.

Lim ne put retenir un petit rire face à son subordonné. Il connaissait Jungkook depuis presque une décennie, il ne se vexait plus de son manque de formalité.

— Je pense que c'est une bonne recrue et puis un peu de fraîcheur féminine ne vous fera pas de mal.

Jungkook regarda longuement le dossier qu'il tenait entre ses mains. Il ne remettait pas les compétences de cette jeune femme en compte, mais il était sceptique quant à son manque d'expérience dans le milieu de la police. Saurait-elle gérer leur rythme de travail ? Pourrait-elle supporter ses exigences et son intransigeance ?

— Pourquoi elle, Lim ? Je suis sûr que tu avais d'autres recrues féminines.

— Son père est le capitaine de la police de Séoul, c'est un très bon ami à moi. Elle a postulé pour leur unité criminelle, mais ils n'ont plus de place.

— Donc, tu la pistonnes pour qu'elle puisse avoir une place ? lança le commandant, les sourcils arqués.

— Jungkook, dois-je te rappeler comment tu as eu ce poste ? répliqua le capitaine.

Le concerné roula des yeux, agacé que son supérieur ait raison.

— Ça n'a rien avoir, tu me connaissais, tu savais de quoi j'étais capable.

— Oui, c'est vrai et je ne le regrette absolument pas, mais tu dois aussi avouer que je prenais de gros risques en le faisant, surtout à cette époque.

La conversation était en train de prendre une tournure que Jungkook détestait, ce qui le fit soupirer de lassitude.

— On va vraiment reparler de ça ? Je suis clean depuis des années maintenant et je t'avais fait une promesse que j'ai toujours tenue.

— Je sais et je suis fier de toi. Je veux simplement dire que oui, je donne un coup de pouce à mon ami pour que sa fille ait une chance de faire le travail qu'elle aime. Tu sais bien que c'est toujours plus difficile pour une femme d'accéder à ce genre de poste, surtout lorsque les concurrents sont pour la majorité des hommes.

— Peut-être, mais tu me connais. Tu connais ma façon de travailler. Je ne serai pas plus tendre avec elle parce que c'est la fille de ton ami.

— Je ne te demande pas de l'être.

— Parfait. Je veux bien lui donner sa chance, mais elle aura quinze jours de mise à l'épreuve, si elle ne me satisfait pas, elle prend ses affaires et retourne à Séoul, imposa Jungkook, d'un air sérieux.

— Bien-sûr. Au bout des deux semaines d'essai, tu me feras un topo et tu me diras ce que tu décides, accepta Lim.

— D'accord. Quand est-ce qu'elle sera là ?

— Dans quelques semaines.

— Ok, termina le commandant en reposant les dossiers sur le bureau face à lui. Si tu n'as plus besoin de moi, je vais retourner au travail.

— On peut discuter un petit peu si tu le souhaites. Comment tu vas ? demanda le capitaine d'un ton plus paternel.

— Je vais bien.

— Est-ce que ça se passe bien à l'appartement ?

Jungkook fronça les sourcils face à cette question, mais décida d'y répondre tout de même. Il était vrai que cela faisait un moment que les deux hommes n'avaient pas discuté.

— Oui tout se passe bien, la routine quoi. Taehyung est souvent absent, je pense qu'il ne va pas tarder à déménager.

— Et avec Jimin, tout va bien ?

— Oui, il prend ses marques, répondit le brun. Et chez toi alors, comment va ta femme ?

— Elle n'a pas trop le moral. Tu sais, le mois d'août, c'est toujours plus compliqué.

Jungkook mit une fraction de seconde avant de comprendre les mots de son aîné, puis il fut frappé par un mélange de honte et de culpabilité.

— C'est bientôt l'anniversaire de Sangwoo, murmura-t-il en baissant les yeux sur ses mains.

— Oui, il aurait ton âge s'il était encore parmi nous, répondit Lim un sourire nostalgique sur les lèvres.

— Je suis désolé.

La voix du brun disparut dans un chuchotement alors que son cœur se comprimait violemment dans sa poitrine.

— Je t'ai déjà dit de cesser tes excuses.

— J'aurais pu-

— Ne recommence pas Jungkook, l'interrompit Lim d'un ton plus dur. Tu n'y es pour rien et je sais ce que tu penses. Non, tu n'aurais pas dû mourir à sa place et ce n'est pas de ta faute. Le seul fautif est celui qui t'a donné cet ordre. On en a déjà parlé et tu sais bien que ni moi ni Suha ne te tenons responsable.

Les yeux du plus jeune étaient devenus plus brillants qu'à son arrivée, mais il retenait ses larmes qui le prenaient à la gorge.

— Je voudrais te demander une chose, reprit le capitaine.

— Oui ?

— Est-ce que tu accepterais de venir dîner à la maison pour son anniversaire ? Je sais que ça ferait plaisir à Suha de te voir.

Le tatoué regarda longuement son vis-à-vis, réfléchissant à cette invitation. La dernière fois qu'il avait vu madame Lim, remontait à plus d'un an. C'était toujours un moment difficile pour lui de se retrouver face à cette mère qui avait perdu son unique enfant. Malgré les mots rassurant de son aîné, il n'avait jamais réussi à faire disparaitre sa culpabilité. Il n'arrivait pas à oublier cette nuit où il avait perdu son frère d'arme, cette nuit où sa vie avait viré au cauchemar et où il avait tout perdu.

— Tu n'es pas obligé de me répondre maintenant, je sais que c'est compliqué pour toi. En tout cas, nous serions ravis de t'avoir à la maison.

— Je viendrais, confirma le plus jeune.

Lim afficha un sourire de remerciement et hocha la tête.

— Je vais y retourner, Rose est toute seule, lança Jungkook, voulant mettre fin à cette conversation qui déchirait son cœur.

— Où sont Jimin et Lian ?

— À la salle de sport.

— Jimin prend très au sérieux son entraînement, remarqua Lim avec fierté.

— Il a bon espoir de pouvoir me battre un jour, ricana le brun en se levant.

— Qui sait, il pourrait te surprendre.

— Je n'en doute pas, mais ne lui dit pas, il prendrait trop la confiance.

Un rire franc quitta les lèvres du plus vieux tandis que son subordonné s'avançait vers la sortie.

— À plus tard, Jung, lança-t-il en ouvrant la porte.

— À plus tard mon garçon et merci.

Jungkook hocha la tête avant de quitter la pièce pour se rendre dans son bureau. Cette discussion avait fait naitre en lui une morosité qu'il détestait. Il faisait de son mieux pour oublier cette époque de sa vie, mais elle venait de le frapper au visage de plein fouet.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Un nouveau bruit sourd résonna dans l'immense salle de sport avant qu'un gémissement ne se fasse entendre. Au centre du ring, Jimin était prisonnier entre les jambes musclées de Lian. Ce dernier venait de le soumettre grâce à une par une prise de Jiu-jitsu brésilien que Lian venait de lui faire. Cela devait faire presque deux heures que les deux hommes travaillaient sur cette technique de combat que le plus vieux s'acharnait à vouloir enseigner à son élève. Il voulait non seulement qu'il la maitrise, mais qu'il apprenne également à s'en défaire.

— Frappe, ordonna Lian, incitant son élève à taper le sol trois fois pour annonce son abandon.

— Non !

Jimin était bien trop fier pour abandonner, et même si son corps tout entier hurlait pour un peu de repos, il refusait de laisser tomber. Il devait trouver le moyen de débloquer son bras afin de pouvoir le reverser et se libérer de cette prise.

— Frappe, répéta l'inspecteur.

— Non, je... je vais y arriver.

— Tu n'y arriveras pas, arrête d'être têtu et abandonne, gloussa Lian en tirant plus fermement sur le bras de sa victime, le faisant de nouveau gémir de douleur.

— C'est bon, c'est bon ! se résigna finalement le plus jeune en venant frapper trois fois le sol.

Immédiatement, le plus vieux relâcha sa prise, libérant ainsi son élève qui se redressa pour reprendre son souffle. À genoux, assis sur ses pieds, Jimin laissa ses bras engourdis, retomber sur l'abdomen de son aîné. Ce dernier était allongé sur le dos, ses jambes entourant la taille de son élève.

— Merde, j'y étais presque, grogna le blond.

— Tu étais loin du compte, gloussa Lian. Tu étais foutu dès le début, tes deux bras étaient prisonniers.

— Je n'y arriverais jamais, soupira le médium, essoufflé.

— Mais si tu-

Leur conversation fut interrompue par la porte de la salle qui s'ouvrit. Les deux hommes se tournèrent vers le bruit pour faire face à Jungkook. Ce dernier chercha ses subordonnés et lorsque ses yeux se posèrent sur eux, il ne put s'empêcher de froncer les sourcils alors que sa mâchoire se serra d'agacement. Il savait bien que les sports de combats, notamment les techniques au sol, pouvaient parfois avoir l'air ambiguës, mais voir Jimin si près de Lian était une chose qui l'irritait fortement.

— Salut, fit le plus jeune, un grand sourire sur les lèvres.

— Salut, répondit tout de même le commandant en arrivant près d'eux. Qu'est-ce que vous faites ?

— On travaillait la défense triangle, mais notre cher Jimin a encore du mal, gloussa Lian.

— Vas-y moque-toi ! répliqua le concernant en venant pincer l'arrière de la cuisse de son professeur.

Face à ce geste si complice, Jungkook ne put s'empêcher de grincer des dents.

— Tu aurais dû commencer par les bases, lança le brun avec indifférence.

— On a travaillé ça hier et en début de séance, expliqua Lian en se reculant enfin.

— Tu lui as appris comment désarmer un adversaire ? demanda Jungkook.

— Non, pas encore, répondit l'inspecteur en se levant avant de s'étirer.

— Ça pourrait être utile.

— On pourra faire ça la prochaine fois si tu veux ? proposa le professeur en regardant son cadet.

— Je veux bien, mais on retravaillera celle-là ? Je veux y arriver.

— Oui, ne t'en fais pas. On la reprendra plus tard, gloussa l'inspecteur.

— C'est moi qui vais m'occuper de ton prochain cours, annonça le brun.

Les deux hommes qui étaient encore sur le tatami se tournèrent vers leur supérieur, les sourcils froncés par la confusion. Jimin s'apprêtait à prendre la parole lorsque son voisin le devança.

— Oui, pas de soucis, c'est toi le boss, répliqua Lian

Il savait bien que cela ne servait à rien de le contredire, si Jungkook souhaitait s'occuper de l'entraînement de son ami, il ne pouvait que le laisser faire. Après tout, le brun était bien mieux placé que lui pour ce genre de chose.

— Parfait, maintenant allez vous doucher, c'est l'heure de déjeuner.

Sans rien ajouter, le commandant tourna les talons et quitta la pièce. Lorsqu'ils furent seuls, Lian se tourna vers le médium qui le regardait déjà.

— Bon et bien ravi de t'avoir connu, lança-t-il avant de descendre du ring.

— Quoi ? Hein ? Pourquoi tu dis ça ? demanda Jimin, paniqué.

Le plus jeune suivit son ami qui riait à gorge déployée sans répondre à ses questions. Certes, Jungkook était un bon professeur, mais il était aussi strict, le brun savait donc que son cadet allait passer un sale quart d'heure.

— Je vais mourir, c'est ça ? reprit le médium en entrant dans les vestiaires.

— Il y a de grandes chances, gloussa l'inspecteur en ouvrant son casier.

— Mais pourquoi tu as dit oui !

— Parce que tu penses qu'il était en train de nous laisser le choix ? Ne t'en fais pas, Jungkook est strict, mais c'est un excellent professeur.

— Oui, enfin, si c'est pour qu'il me casse en deux, je ne vois pas l'intérêt, soupira le plus jeune.

Un nouveau rire quitta les lèvres du plus vieux, entrainant son cadet avec lui.

— Va prendre ta douche, je vais attendre pour y aller, fit Lian.

— C-c'est bon, tu peux venir.

— Tu es sûr ? Ça ne me dérange pas d'attendre.

Jimin sonda son vis-à-vis de longues secondes, réfléchissant à ce qu'il voulait vraiment. Il était gêné par le fait que l'on puisse le voir nu, mais il ne voulait pas que son ami attende à cause de lui.

— Oui, si ça ne te dérange pas, je te laisse y aller et je me mettrai près de la porte, comme ça je partirai en premier.

— Bien-sûr, aucun problème. J'y vais alors.

Le médium hocha la tête avant de se tourner vers son casier. Derrière lui, Lian retira la plupart de ses vêtements, gardant simplement son boxer. Il prit sa serviette et des affaires de bain avant de partir en direction des douches.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jungkook et Rose étaient dans la salle de pause lorsque la porte s'ouvrit sur leurs collègues. Les deux hommes riaient de manière complice et de nouveau le tatoué fut envahi par ce sentiment désagréable. Ses yeux se posèrent immédiatement sur Jimin dont les yeux avaient été dévorés par son sourire. Il l'observa un instant et ne put s'empêcher de le trouver cruellement sexy. Ses cheveux encore humides, légèrement plaqués en arrière et ses jambes fines moulées dans son jean en cuir étaient un cocktail érotique dont il n'arrivait pas à décrocher le regard.

— Alors les gars, comment s'est passée la séance ? demanda Rose.

— Horrible, Lian m'a massacré ! se plaignit Jimin en se laissant tomber lourdement sur une chaise. J'ai mal partout.

Un rire quitta les lèvres de l'inspecteur qui sortit son déjeuner du frigo.

— Ça va, j'y suis allé doucement.

— C'est ça, c'est pour ça que j'ai des marques partout ! J'ai cru que tu allais me briser le bassin !

— Attendez, on parle toujours de self-défense ? lança la rouquine sans pouvoir retenir un rire.

— Bah oui, tu crois qu'on parle de-

Jimin s'interrompit lorsqu'il vit le sourire espiègle sur les lèvres de la jeune femme. Subitement, la conversation qu'il avait eut dans la salle d'attente du laboratoire lui revint en mémoire et il sentit son visage prendre feu.

— T'es con, pouffa Lian en venant s'asseoir près de son amie. On a travaillé quelques prises de jiu-jitsu.

— Oh, vous pouvez faire toutes les prises que vous voulez, tant que vous êtes tous les deux consentants, répliqua Rose, un sourire taquin sur les lèvres.

La jolie rousse prit une bouchée de sa salade en haussant subjectivement les sourcils tandis que face à elle, Jungkook fixait l'écran de son téléphone sans rien dire.

— Bon, je vous laisse, je dois m'absenter, lança Rose en se levant.

— Je te suis, je dois finir un rapport, répliqua Lian.

Les deux policiers saluèrent leur collègue avant de passer la porte et de disparaitre de leur champ de vision. Une fois seuls, Jimin posa son regard sur son colocataire et vit que ce dernier n'avait pas touché à ses nouilles.

Remarquant son visage fermé, il se leva prudemment et vint s'asseoir sur la chaise qui se trouvait près de lui, dos à la porte.

— Tu en veux ? fit-il d'une voix douce.

Doucement, le brun tourna la tête vers lui et ses yeux se posèrent sur l'onigiri au thon dans lequel il venait de croquer. Jungkook l'observa de longues secondes se demandant pourquoi son cadet faisait cela, mais en voyant le sourire timide sur ses lèvres, il ne put se résigner à le repousser. En silence, il se pencha donc en avant et vint prendre une bouchée du snack.

— Merci, murmura-t-il, le visage à seulement quelques millimètres du sien.

— De rien, répondit Jimin en baissant les yeux sur ses lèvres.

Les joues rougies, il trouva le courage de se reculer et prit à son tour un croc de son déjeuner. Il le tendit de nouveau à Jungkook qui ne put retenir un sourire. Après avoir jeté un coup d'œil à la porte, le tatoué vint saisir la mâchoire de son cadet et tourna sa tête vers lui. Sans lui laisser le temps de parler, il plaque ses lèvres sur les siennes avec fougue. Jimin gémit de surprise, mais lui rendit son baiser.

Absorbé par ce contact soudain, le blond laissa tomber son snack sur la table, venant agripper le poignet de son aîné.

— Me briser le bassin hein ? grogna Jungkook en venant entourer sa gorge de sa main.

— Je...

Déboussolé par cet acte de possessivité, le médium ne sut quoi dire. À court d'argument, il tira le policier jusqu'à lui et l'embrassa de nouveau. Contre ses lèvres, il sentit son colocataire sourire alors qu'il resserrait doucement la prise autour de son cou.

— Si quelqu'un doit te casser le bassin, ce sera moi. Compris ?

Face à cette voix grave et ces yeux sombres débordant de dominance, Jimin laissa échapper un gémissement tout en hochant doucement la tête. Satisfait, Jungkook le relâcha, un rictus amusé sur le visage.

— Tiens, mange, ordonna-t-il en faisant glisser son bol de nouilles jusqu'à son cadet.

Dérouté par le changement soudain d'atmosphère, le jeune consultant acquiesça en prenant la paire de baguettes que son aîné lui tendait.

— Merci, murmura-t-il en prenant une bouchée du déjeuner que l'on venait de lui donner.

Pour seule réponse, Jungkook lui fit un signe de tête avant de reporter son regard sur son téléphone, tandis qu'un silence apaisant s'installa entre eux.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le déjeuner s'était passé dans le calme. Lorsqu'ils eurent fini, les deux hommes étaient retournés dans leurs bureaux. Installés devant leur ordinateur, Jungkook sentit son téléphone vibrer contre la surface en bois. Déverrouillant l'écran, il vit un message de son meilleur ami.

✉️ Est-ce que tu as besoin de moi cet après-midi ?
— Taehyung.

✉️ Non, tout est calme. Est-ce que tout va bien ?
— Jungkook

✉️ Oui tout va bien, j'ai juste besoin de mon après-midi.
— Taehyung

Le commandant regarda son écran de longues secondes. Est-ce que tout allait réellement bien ou le médecin leur avait annoncé une mauvaise nouvelle ? Il voulait savoir, mais si Taehyung ne voulait pas lui en dire plus, il attendrait d'être avec lui pour en discuter de vive voix.

✉️ D'accord, pas de soucis.
— Jungkook

✉️ Merci. À ce soir.
— Taehyung

Le brun ne prit pas la peine de répondre à son ami et s'apprêtait à reposer son portable lorsqu'il vibra de nouveau. Le téléphone de Jimin sonna au même instant, l'avertissant d'un message. Les deux hommes se regardèrent, confus, puis chacun fixason écran. Ils avaient été tous les deux ajoutés à un groupe de discussion où se trouvaient leurs amis.

— Qu'est-ce que c'est que ce truc ? murmura Jungkook.

— Je n'en ai aucune idée, Lilith est en train d'écrire apparemment, répondit Jimin, tout aussi perdu que son aîné.

🟢 Lilith 14:12 – Vous êtes tous disponibles ce soir ?

🟢 Rose 14:12 – Je suis toujours disponible pour toi ma poupée. 😏

🟢 Lian 14:13 – Oui, pourquoi ?

🟢 Lilith 14:13 – Jungkook ? Jimin ?

Les deux concernés se regardèrent une nouvelle fois et Jimin comprit au regard de son colocataire que ce dernier ne tiendrait pas la promesse qu'il avait fait le matin. Dans un petit soupir qui se voulait discret, il baissa les yeux sur son écran pour répondre à son amie.

🟢 Jimin 14:15 – Je suis disponible.

🟢 Jungkook 14:15 – Je n'ai rien de prévu non plus, pourquoi ?

🟢 Lilith 14:15 – Ok, on se rejoint au restaurant sur la plage à vingt heures ?

🟢 Rose 14:16 – C'est ok pour moi. Il faut venir habillé ?

En voyant le message de la rouquine, Jungkook ne put s'empêcher de répondre à la perche qu'elle venait de tendre.

🟢 Jungkook 14:16 – Tu peux venir nue si tu le souhaites 😏

En voyant ce message, Jimin sentit sa poitrine se serrer. Pianotant rapidement sa réponse, il verrouilla ensuite son téléphone et le posa sur son bureau avec plus de force que nécessaire. Il ne voulait pas suivre le reste de la conversation, il ne souhaitait pas lire le reste de cet échange qui, malgré lui, lui faisait mal au cœur. Pourquoi ressentait-il cela ? Était-il jaloux ? Pourquoi ? Avait-il le droit de l'être ?

🟢 Jimin 14:17 – Ok pour moi.

🟢 Rose 14:17 – MAIS ! JE PARLE DE LA TENUE ! Est-ce qu'il faut qu'on se mette sur notre trente-et-un ou pas ?

🟢 Lilith 14:18 – Non ma puce, tu peux venir habillée comme tu le souhaites 😂

🟢 Rose 14:19 – Et vous, commandant Jeon, ne me chauffez pas, vous savez comment ça va finir...

🟢 Taehyung 14:19 – Hé, les chauds du cul, allez en message privé pour dire ce genre de connerie !

Face à son écran, Jungkook ne put s'empêcher de pouffer comme un enfant avant de relever la tête vers son colocataire. Ce dernier regardait l'ordinateur, les sourcils froncés, tandis qu'il mordait nerveusement l'ongle de son pouce. Il pouvait voir à son expression qu'il était contrarié, ce qu'il ignorait en revanche, c'était la raison.

— Hé microbe, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il d'un ton plus doux.

— Rien.

Sa réponse fut brève et aussi froide que la glace, confirmant au plus vieux que quelque chose semblait l'agacer.

— Tu veux-

— Je ne veux rien du tout, le coupa Jimin en ce levant. J'ai terminé mon rapport et je te l'ai envoyé. Je vais aller me chercher un truc à boire.

Sans lui laisser le temps de riposter, le médium se leva, prit son téléphone et quitta la pièce en refermant la porte derrière lui.

— Ok, soupira le tatoué avant de reposer les yeux sur son téléphone.

Ce dernier avait encore vibré, lui annonça l'arrive de deux messages.

🟢 Rose 14:19 – Roh, Tae 🙄😒

🟢 Lian 14:21 C'est bon pour moi. Min, je viens te chercher ?

En lisant le message de son subordonné, Jungkook fronça les sourcils.

— Il est sérieux ? grommela-t-il en tapant la réponse, même si le message ne lui était pas adressé.

🟢 Jungkook 14:24 – Pas la peine de venir le chercher Lian. Je serais à l'appartement. Je le ramène.

🟢 Lilith 14:25 – Parfait alors, merci à ce soir ❤️

🟢 Rose 14:25 – J'ai hâte !!! ❤️

La réponse de la rouquine mit fin à la conversation du groupe. Durant quelques secondes, le commandant resta suspendu à son portable, attendant une réponse de leur cadet qui n'arriva jamais. En revanche, ce dernier avant bien ouvert tous les messages, alors, pourquoi ne répondait-il pas ?

Hors du QG, dans l'escalier qui menait au rez-de-chaussé, Jimin descendait les marches en direction de la sortie. Il avait envie de prendre l'air alors, sans prendre le temps de prévenir qui que ce soit, il traversa le bâtiment pour arriver dans le grand hall. Il salua de nouveau ses collègues de l'accueil et poussa la porte pour quitter les lieux. Lorsqu'il se retrouva sur les grandes marches qui devançaient l'immense bâtisse en pierre, il prit une grande inspiration avant que le moteur d'une voiture n'attire son attention. Il ouvrit les yeux et son regard se posa sur un taxi qui venait de s'arrêter à quelques mètres de la grille qui entourait le commissariat.

Il observa le véhicule durant quelques secondes avant que la portière arrière ne s'ouvre. Quand il reconnut la personne qui en sortit, il sentit son cœur louper un battement.

— Q-que faites-vous ici ? demanda-t-il en reculant.

Il voulait garder le plus de distance possible entre lui et cette personne, c'était vital. En attendant une réponse, ses yeux regardèrent derrière elle, attendant qu'un invité surprise ne descende à son tour du taxi.

— Il n'est pas avec moi.

En entendant ses mots, Jimin sentit ses muscles se détendre légèrement, mais il n'était pas encore serein, pas tant qu'il ne saurait pas pourquoi elle était là.

— Que faites-vous là, mère ? questionna de nouveau le médium d'un ton plus dur.

Face à lui, Park Hee-sun dévisageait son fils qu'elle n'avait pas vus depuis le jour du procès. Elle admira ses cheveux blonds, sa peau plus colorée et ses joues bien plus rondes qu'il n'y a quelques semaines. Son regard se posa ensuite sur les anneaux qui pendaient à ses oreilles et elle ne put s'empêcher de sourire.

— Tu es si beau, murmura-t-elle, les yeux humides.

Désireuse d'un contact, cette dernière fit un pas en avant dans l'espoir de pouvoir toucher le garçon qu'elle avait mis au monde, mais de nouveau Jimin recula d'un pas. En voyant cela, le cœur de Hee-sun se comprima violemment dans sa poitrine, néanmoins, elle ne fit aucun commentaire. À la place, elle aborda un sourire à la fois triste et doux.

À quelques pas, Jimin regardait sa mère droit dans les yeux. L'expression de son visage le déstabilisait. Il n'avait pas l'habitude de voir ce genre de sourire sur ses lèvres, mais surtout, quelque chose sur son visage le dérangeait.

— Vous ne répondez pas à ma question.

— J'avais envie de te voir et de te parler. Tu me manques énormément, mais si... si toi, tu ne veux pas, je peux m'en aller. Rien qu'en te regardant, je sais que tu vas bien. Je suis soulagée, c'était tout ce que je voulais savoir, répondit madame Park d'une voix calme.

Le médium fronça les sourcils, confus et méfiant face aux paroles de sa génitrice. En sept ans d'emprisonnement dans cet asile, elle n'était pas venue le voir une seule fois, pourquoi venait-elle maintenant ?

— J'ai passé sept longues années seul, enfermé dans un asile et vous n'êtes pas venu me voir une seule fois. C'était à ce moment-là que j'avais besoin de vous, pas maintenant, répliqua Jimin d'un ton dur.

La femme aux cheveux noirs afficha un sourire sans joie, arborant aux yeux du monde, la culpabilité qu'elle ressentait. Ce ne fut que lorsqu'elle tourna légèrement le visage sur la gauche que le blond vit ce qui le dérangeait depuis son arrivée. Sa pommette droite était marquée par un hématome récent.

Même sans avoir assisté à cette énième dispute, Jimin pouvait deviner qui était l'auteur de cette blessure. Il avait été témoin de cela à de nombreuses reprises, beaucoup trop. Il l'avait vu se maquiller pour cacher ce genre d'ecchymose de multiple fois, tellement qu'il avait cessé de les compter.

— C'est lui qui vous a fait ça ? demanda Jimin, les poings serrés par la rage.

— Oui, répondit Hee-sun, d'une voix basse.

— C'était pourquoi cette fois ?

— Parce que j'ai décidé de venir te voir. Pour lui, tu n'es plus notre fils, expliqua la femme à la chevelure d'ébène.

Le jeune médium ne put retenir un petit rire nerveux.

— Ça tombe bien, ce n'est plus mon père non plus, il ne l'a jamais été.

— Mon chéri, je-

— Ne m'appelez pas comme ça, la coupa brutalement Jimin. Vous avez perdu le droit de m'appeler ainsi le jour où vous l'avez laissé m'enfermer là-bas.

Surprise par le ton dur et ferme de son fils, madame Park hoqueta avant d'afficher une expression suppliante. Elle avait parcouru la ville pour venir le voir et espérait pourvoir lui parler.

— Tu as raison, je suis désolée. Je sais que tu m'en veux et tu as toutes les raisons du monde pour cela, mais est-ce que tu peux me donner une chance ? J'aimerais que l'on puisse discuter.

Jimin regarda sa génitrice de longues minutes sans rien dire. Il ne savait pas quoi lui répondre. Est-ce qu'il avait envie de lui parler ? Bien-sûr, il avait tant de question. Il voulait savoir pourquoi elle l'avait abandonné. Pourquoi elle n'avait pas su le protéger de son père ? Pourquoi l'avait-elle laissé faire de sa vie un enfer ? Mais surtout, est-ce qu'elle l'aimait ? Pourtant, une part de lui ne voulait pas connaitre ses réponses.

Une guerre de conscience faisait rage à l'intérieur du jeune médium pendant que dans le bâtiment, un étage plus haut, le commandant Jeon commençait à s'inquiéter de son absence.