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Chapitre 29

Une semaine s'était écoulée depuis que Jimin était tombé malade et la fin du mois de juillet était là. Durant ces sept jours, le médium avait beaucoup dormi et lorsqu'il ne le faisait pas, il restait quand même enfermé dans sa chambre, sous ses draps, avec pour seule compagnie, son ordinateur et sa série. Même Yoongi avait disparu, mais il s'en fichait. Sans véritablement s'en rendre compte, il s'était muré dans un mutisme et cela inquiétait beaucoup Taehyung.

Pendant son absence, ses amis et collègues de travail avaient pris de ses nouvelles. Lian l'avait même appelé à plusieurs reprises. Selon lui, le QG était beaucoup trop calme et personne n'osait tenir tête à Jungkook qui, fidèle à lui-même, était un vrai tyran.

Monsieur et madame Kim avait quitté la ville et cette dernière manquait déjà au jeune médium qui avait trouvé en cette femme, un véritable réconfort. Après le départ de ses parents, Taehyung était revenu vivre à l'appartement. Les tensions entre lui et son meilleur ami semblaient s'être apaisées et l'ambiance semblait être redevenue plus paisible.

Jimin avait également pris du recul sur sa vie et la situation actuelle. Il avait beaucoup réfléchi à sa relation avec Jungkook et après des jours de réflexion, il arrivait toujours à la même conclusion ; ils étaient beaucoup trop différents pour s'entendre. Le brun était un coffre-fort, incapable d'exprimer ce qu'il ressentait et lui, et bien, il avait donné beaucoup trop d'importance à quelque chose qui n'existait même pas. Selon le médium, leur relation avait atteint ses limites et ne pouvait plus évoluer. C'était douloureux, mais c'était ainsi.


Après tous ces moments d'une solitude désirée, Jimin était de nouveau prêt à affronter le monde et surtout à reprendre le travail. En ouvrant son store, le blond réalisa avec mécontentement que d'énormes nuages noirs avaient recouvert la ville. Dans un long soupir, il ouvrit de nouveau son dressing afin de changer sa tenue. Sa gorge était encore un peu douloureuse, il ne voulait donc pas prendre le risque de retomber malade. Frileux de nature, il troqua son t-shirt blanc contre un pull à manches longues de la même couleur. Ce dernier était oversize et dissimulait son corps, ce qui lui convenait parfaitement. Il enfila ensuite son jean noir troué et ses chaussettes puis quitta la pièce.

Il était presque huit heures et en général, il était déjà prêt à cette heure-là, mais ce matin, il n'avait pas vraiment envie de sociabiliser. Tandis qu'il traversait l'appartement, Jimin commençait à se demander si ses colocataires étaient réveillés. En arrivant dans la cuisine, il eut la réponse à sa question. Effectivement, ils l'étaient, mais visiblement, ils étaient aussi silencieux que lui.

Le plus vieux buvait tranquillement son café et mangeait son omelette, tandis qu'à l'opposé, assis sur l'un des tabourets de l'îlot, le tatoué lisait les informations importantes qui avaient été mises en ligne par ses collègues de nuit.

Bonjour, fit tout de même Jimin.

Salut, répondit Taehyung avec un sourire.

Jungkook leva les yeux de son ordinateur et reluqua rapidement le garçon qui venait d'arriver avant de prendre la parole d'une voix rauque.

Bonjour.

Sans lui accorder un seul regard, le médium sortit une tasse et prépara sa boisson habituelle. Café, lait et copeaux de caramel, c'était son mélange préféré.

Comment tu te sens ? demanda le lieutenant.

Beaucoup mieux, merci.

Les réponses du médium étaient brèves, mais pour Taehyung c'était un bon début, au moins, il parlait. Retrouvant le silence, Jimin sortit quelque chose à grignoter et alla s'asseoir à table, sous le regard soucieux de son aîné.

Je vais m'habiller, on décolle dans dix minutes, annonça Jungkook en quittant la pièce.

Le lieutenant hocha la tête en guise de réponse même si coéquipier était déjà parti, puis il alla rejoindre son ami. Prudemment, il tira l'une des chaises et s'installa avant de chercher à établir un contact visuel.

Est-ce que ça va ? demanda-t-il.

Jimin leva les yeux de son téléphone et les posa sur son ami qui lui offrit un sourire qu'il connaissait bien maintenant.

Oui, pourquoi tu me demandes ça ?

Rien en particulier. Tu es très silencieux ces derniers temps, alors je voulais simplement m'en assurer.

Hum, je n'ai pas grand-chose à dire, répondit Jimin, arborant un sourire sans réelle joie.

Taehyung fut touché par cette réponse. Jusqu'à présent, les deux hommes avaient toujours discuté, même des choses les plus banales, mais dernièrement, le blond semblait s'éloigner. Allait-il vouloir bientôt prendre son envol ? Peut-être ne se sentait-il plus à sa place ici ?

Très bien, je ne t'embête plus, lui sourit le lieutenant en se levant.

Sans attendre une quelconque réponse, il posa sa tasse sur l'îlot et partit vers la salle de bain pour se brosser les dents. Voyant que la porte était entre-ouverte, il toqua et entendit la voix de son meilleur ami qui lui donna l'autorisation d'entrer.

Qu'est-ce qui t'arrive ? T'en fais une tête, demanda Jungkook.

Ça ne te dérange pas toi que notre coloc soit presque devenu muet ? questionna le châtain après avoir refermé la porte derrière lui.

Non, pas plus que ça, répondit le tatoué en recrachant son dentifrice.

Je n'en sais rien, il est bizarre depuis qu'il est tombé malade.

On parle de Jimin. Il voit des fantômes, je te rappelle, alors plus bizarre, tu meurs. Et puis je ne sais pas moi, il a peut-être juste besoin d'être un peu seul.

J'ai plutôt l'impression qu'il s'éloigne de nous.

De toi, rectifia le brun.

Hein ?

Il s'éloigne de toi. Lui et moi, on n'a jamais été proche.

C'était un mensonge. Jimin et lui avaient été proches. Ils avaient ris ensemble, ils s'étaient amusés et surtout, ils s'étaient embrassés, mais tout ça, Taehyung ne le savait pas et il ne lui dirait jamais. De toute façon, tous ces moments n'étaient plus que de lointains souvenirs, des mirages qui finiraient par disparaître de sa mémoire.

N'importe quoi, je sais que vous passiez votre temps à vous charrier, mais tu ne peux pas dire que vous n'êtes pas amis.

On ne l'est pas, du moins, si un jour, on l'a été, ce n'est plus le cas, rétorqua Jungkook avant de marcher vers la sortie.

Le commandant quitta la pièce sans rien ajouter. Les mains à plat sur la vasque, Taehyung laissa échapper un soupir, lassé par cette atmosphère qui détruisait petit à petit ce foyer qu'ils avaient construit.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

L'arrivée au commissariat se fit dans le calme. Durant le trajet, les deux coéquipiers avaient échangé sur leur dernière enquête, tandis que Jimin les écoutaient attentivement, presser de quitter cette voiture où il se sentait oppressé.

Une fois au QG, le médium fut accueilli par Lian et Rose qui étaient plus que ravis de le retrouver.

Jimin ! s'écria la rouquine en venant le prendre dans ses bras.

Salut Rose, gloussa-t-il en lui rendant son étreinte.

Tu te sens mieux ?

Oui, beaucoup mieux.

On est content que tu sois de retour, répondit Lian en venant l'enlacer à son tour.

Pendant qu'il rattrapait le temps perdu avec ses deux amis, Jungkook et Taehyung prirent la direction de leur bureau dans lequel ils s'enfermèrent.

Ok, c'est vraiment nous le problème, lança le châtain en s'écroulant sur sa chaise.

T'es encore là-dessus ?

Non mais regarde-le, il vient de parler plus avec Rose et Lian en cinq minutes, qu'avec nous en une semaine. Il n'y a rien qui te choque ?

Tae, j'ai presque trente ans, tu crois vraiment que j'ai que ça à foutre de chercher à comprendre pourquoi ce gamin fait la gueule ? Si jamais il ne sent plus à sa place chez nous et bien qu'il prenne ses affaires et retourne chez ses parents, il sera bien accueilli là-bas, répliqua le tatoué d'un ton dur.

Tu sais bien qu'il n'a nulle part où aller.

Eh bien qu'il aille chez Lian puisque d'après ce que je vois, ils ont l'air de très bien s'entendre.

Jungkook fit un signe de la tête vers la porte vitrée, signifiant à son meilleur ami de regarder. Ce dernier pivota et vit Jimin dans les bras de l'inspecteur alors que les deux riaient de bon cœur.

Qui sait, peut-être que maman a raison. Ils sont probablement ensemble, supposa Taehyung en les observant.

C'est ça, pouffa le brun en allumant son ordinateur.

Jungkook savait que ce n'était pas le cas, enfin, il l'espérait. Est-ce que Jimin lui aurait rendu son baiser s'il sortait avec Lian ?

Ça te poserait un problème ? demanda le lieutenant en voyant la mine agacée de son vis-à-vis.

Tant qu'il ne mélange pas vie privée et travail, Jimin peut bien se faire sauter par qui il veut, rétorqua le commandant.

Taehyung le sonda quelques instants et remarqua avec désolation que la relation entre ses deux amis semblait réellement s'être dégradée. Le mépris qu'il pouvait voir dans les prunelles sombres de Jungkook le ramenait deux mois en arrière, au moment où Jimin était entré dans leur vie. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour qu'ils en arrivent là ? Il y avait-il des choses dont il n'était pas au courant ?

Il fut ramené à la réalité par la sonnerie du téléphone de son coéquipier qui brisa le silence qui les entourait.

Jeon, décrocha ce dernier. Ok, envoyez-moi l'adresse.

Comme toujours, la conversation fut courte avant que le commandant ne raccroche. Il prit ensuite sa veste et l'enfila avant de poser son regard sur Taehyung qui le regardait d'un air interrogatif.

On a une affaire à Dongnae.

Dongnae ? Ce n'est pas vraiment notre secteur.

Eh bien, maintenant si. Tu viens avec moi ?

Bien-sûr.

Les deux hommes quittèrent le bureau, attirant l'attention du plus jeune sur eux.

Où est-ce que vous allez ? demanda Jimin.

À Dongnae, un homme a été retrouvé mort, répondit Taehyung.

Tu viens avec nous où tu continues à faire joujou ici ? lança Jungkook d'un ton dur.

Je viens avec vous, affirma le médium sans tenir compte du ton de son aîné.

Le lieutenant lui offrit un sourire, tandis que les trois colocataires quittèrent la pièce pour se rendre sur le parking.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Dongnae était considéré comme le quartier le plus huppé de Busan. C'était là-bas que l'on retrouvait les plus belles villas et résidences, et visiblement, la victime devait être quelqu'un d'important.

Avec les embouteillages et la circulation dense, il fallut plus de cinquante minutes pour arriver à destination. Après avoir traversé un petit bois, l'Audi rouge s'engagea sur un chemin de gravier qui menait à une grande villa des plus modernes.

Wouah, s'extasia le médium en s'avançant entre les deux sièges avant.

Un rictus amusé apparut sur les lèvres du commandant qui tenta rapidement de retrouver son sérieux. La résidence était devancée par plusieurs véhicules de police et de vans de la scientifique.

Tout le monde est déjà là, remarqua Taehyung.

Allez, on y va, ajouta Jungkook d'un ton las, en coupant le contact.

En parfaite synchronisation, les trois hommes quittèrent le véhicule pour avancer vers la villa. Dans le hall se trouvaient plusieurs agents en uniforme qu'ils saluèrent avant de prendre une paire de gants en latex noir. Tandis que Taehyung et son coéquipier continuèrent d'avancer, l'attention de Jimin se porta sur deux agents en uniforme qui discutaient avec une femme d'une trentaine d'année. Elle semblait troublée et Jimin pensa que c'était peut-être elle qui avait trouvé la victime, où alors, elle était probablement de la famille.

Eh Jimin ! appela la tatoué d'un ton autoritaire.

Euh oui, j'arrive, bafouilla Jimin en accélérant le pas pour rejoindre ses deux amis.

Le médium arriva dans un immense salon. Tournant sur lui-même, il observa toutes les œuvres d'art et portraits accrochés au mur. La décoration était à l'image de cette demeure, chic et hors de prix. Pendant un instant, il crut revenir huit ans en arrière, lorsqu'il vivait encore chez ses géniteurs. Alors qu'il continuait d'avancer, son regard se posa sur un instrument qui raviva en lui des souvenirs bien enfouis.

Salut Fong, fit Jungkook le sortant ainsi de sa rêverie.

Salut les gars, vous avez passé un bon week-end ?

La routine, et toi alors ? Ton gosse te vomit toujours dessus ?

Elle n'a que trois mois, alors oui, ricana le médecin légiste.

Love a déjà trois mois ? s'étonna Taehyung.

Oui, le temps passe vite.

D'où il était, Jimin ne pouvait pas voir le médecin légiste. Ce dernier était accroupi derrière l'immense canapé en L qui occupait le centre de la pièce. Il se rapprocha donc et quand son regard se posa sur l'homme étendu sur le sol, il sentit son estomac se retourner. Comment ses trois hommes pouvaient discuter tranquillement au-dessus d'un cadavre comme si de rien était ?

Eh ça va ? fit une voix près de lui.

Le blond tourna légèrement la tête pour croiser le regard d'un homme en uniforme. Il l'avait déjà vu, mais son prénom ne lui revenait pas en mémoire. L'officier sembla voir sa confusion et laissa échapper un petit rire chaleureux.

Officier Cho Hyun. C'est moi qui vous ai raccompagné à votre chambre lorsque vous étiez encore au Mémorium Hospital.

Oh oui ! se rappela immédiatement le médium en s'inclinant poliment. Je suis désolé, je vous avais reconnu, mais je n'arrivais pas à me souvenir de votre nom.

Ce n'est pas grave, gloussa le policier. Est-ce que ça va ? Vous pouvez aller prendre l'air si vous le souhaitez.

Oh non, ne vous en fait pas, c'est... c'est encore un peu choquant pour moi de voir ce genre de scène, mais ça va aller. Merci de votre inquiétude, le remercia Jimin en s'inclinant de nouveau.

Bon, ce n'est pas que ça me dérange de vous écouter parler de couche et de bavoir, mais on pourrait se concentrer sur le cadavre ? s'impatienta Jungkook, visiblement insensible à la mignonnerie de la fille de son collègue.

Oui pardon, ricana le Fong. Alors, cet homme a été tué d'une balle dans le thorax à bout portant. À première vue et vu la rigidité cadavérique, je dirais qu'il est mort hier soir entre vingt-deux heures et une heure du matin. J'aurai plus de précision en faisant l'autopsie.

Est-ce qu'on a retrouvé l'arme du crime ?

Oui, lança une voix que les trois colocataires n'eurent aucun mal à reconnaitre. Salut les gars.

Salut Chad, répondirent Jungkook et Taehyung.

J'ai l'arme du crime, on l'a trouvé dans une benne derrière la maison. Je vais l'envoyer à la balistique pour comparer avec la douille qu'on a trouvée près du corps, annonça le blond en montrant un sac de scellés rouge qu'il tenait dans sa main.

Dans celle-ci se trouvait un revolver ainsi que quelques balles et une douille.

D'accord tu-

Je t'appelle dès que j'ai les résultats, termina le scientifique dans un petit rire amusé avant de se tourner vers le plus jeune qui n'avait pas bougé. Bonjour Jimin, content de te voir.

Bonjour Chad, répondit ce dernier avec un sourire timide.

Okay, quelqu'un à l'identité de ce type ? demanda Jungkook d'une voix plus forte.

Jimin qui était resté en retrait, observait le visage sans vie de la victime. Il l'avait déjà vu quelque part, mais de nouveau sa mémoire ne semblait pas vouloir coopérer. Perdu dans ses souvenirs à la recherche d'une réponse, il sursauta lorsqu'une note de piano résonna dans ses oreilles. Ce son eut l'effet d'un électrochoc boostant sa mémoire et ce qu'il cherchait lui revint comme un flash-back.

Il s'agit de-

Paul Dubois, intervint le médium, coupant l'agent en uniforme dans sa réponse.

Quand il se rendit compte du manque de respect dont il venait de faire preuve à l'encontre de l'homme, son visage prit feu et il s'inclina profondément.

Je suis désolé.

Ce n'est pas grave, répondit l'officier.

Tu le connais ? demanda Taehyung en ignorant son collègue.

Oui, enfin non, pas personnellement. Paul Dubois était l'un des plus grands pianistes au monde. Mes parents m'avaient emmené a une de ses représentations lorsque j'étais enfant. Par contre, je ne savais pas qu'il vivait en Corée. Aux dernières nouvelles, il résidait à Paris.

Tout le monde dans la pièce était silencieux, écoutant attentivement les informations données par le plus jeune. Quand il remarqua que tous les yeux étaient posés sur lui, Jimin se sentit subitement minuscules et se racla nerveusement la gorge.

Qui a trouvé la victime ? questionna Jungkook en brisant le silence pesant qui s'était installé.

C'est son employée. Elle dit qu'elle est arrivée à huit heures trente comme tous les matins, mais qu'elle a trouvé étrange que la porte soit ouverte, expliqua l'agent en uniforme.

Je vais aller lui parler, décida Taehyung en regardant son coéquipier.

Ce dernier hocha la tête avant de poser son regard sur Jimin qui fixait la victime. Son teint était anormalement pâle et même s'il ne le voulait pas, Jungkook sentit l'inquiétude l'envahir. Il voulait s'assurer qu'il allait bien, mais ne fit rien. À la place, il se tourna vers Kaya qui revenait de l'étage. Cette dernière tenait dans ses mains plusieurs sachets de scellés rouges qui renfermait diverses boîtes en carton blanches. À première vue, le commandant pensait qu'il s'agissait de médicament, mais voulant une confirmation, il interpella la jeune femme.

Bonjour Kaya.

Bonjour commandant, répondit cette dernière en s'inclinant poliment.

Qu'est-ce que tu tiens là ? demanda le tatoué en désignant les poches rouges.

Ce sont des médicaments trouvés dans la salle de bain de la victime.

Pour soigner quoi ?

Pour le moment, je n'en sais rien.

D'accord, dit à Luka ou à Chad de m'appeler quand ils sauront à quoi servent ces comprimés.

Je n'y manquerai pas. Si vous voulez bien m'excuser, salua la jeune femme en s'inclinant de nouveau.

Bien-sûr, bon courage.

Il regarda la jeune scientifique s'en aller avant d'être interpellé.

Jungkook ? appela le médecin légiste.

Oui ?

J'ai trouvé ça dans la main de la victime.

Le tatoué s'approcha de son collègue et ce dernier lui tendit une feuille chiffonnée.

J'ai terminé avec le corps, je vais l'emmener à la morgue pour commencer l'autopsie. Je t'appellerai dès que j'aurais terminé, annonça Fong en refermant le sac mortuaire dans lequel le corps de la victime.

Hum hum, répondit simplement le brun, trop concentré sur l'objet qu'il tenait entre les mains.

Le commandant examina, le bout de papier sous tous les angles, mais on pouvait voir sur son visage qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il tenait entre ses mains. C'était une feuille tout ce qu'il y avait de plus normale, mais ce que Jungkook ne comprenait pas, c'était la signification de tous les point noirs qui étaient dessinés dessus.

Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

C'est une partition de musique, répondit Jimin qui se tenait juste à côté de lui.

Surpris par cette intervention, le brun tourna légèrement la tête et leurs regards se croisèrent. Leurs visages étaient si proches que Jimin pouvait sentir son souffle s'abattre contre sa peau. Malgré lui, un délicieux frisson le traversa, mais il trouva la force de reprendre le contrôle de son corps.

Enfin, c-ce n'est pas une partition à proprement parlé, mais c'est ainsi que fonctionnent les musiciens lorsqu'il note une mélodie et qu'il n'ont pas ce qu'il faut sous la main. Normalement, les partitions de musique contiennent de fines lignes noires tracées à l'horizontale. Elles sont rassemblées par cinq normalement.

Ok, répondit le commandant perplexe.

Donne-moi ça, soupira Jimin, agacé par son manque de culture musical.

D'un geste rapidement, le blond lui arracha le papier des mains et marcha jusqu'au piano qui se trouvait dans un coin de la pièce.

Est-ce que je peux m'asseoir ? demanda-t-il à l'homme de la scientifique.

Bien-sûr, répondit-il.

Un sourire de remerciement sur les lèvres, le médium prit place sur l'assise en cuir, juste en face du grand piano à queue noir. Il posa la feuille sur le pupitre face à lui et l'observa quelque seconde. Malgré l'écriture bâclée de la victime, Jimin n'eut aucun mal à reconnaitre les notes et à les enregistrer dans son esprit. Il n'avait pas encore touché le clavier noir et blanc, et pourtant la mélodie prenait déjà forme dans sa tête.

Autour de lui, tous les regards étaient rivés sur sa personne. Taehyung qui venait d'entrer dans le salon, vit son ami face à l'instrument et s'approcha d'un pas silencieux. Jimin lui avait dit qu'il avait joué du piano pendant de longues années et s'il avait été reçu au conservatoire de Séoul, cela voulait dire qu'il était doué. Il allait enfin avoir la chance de voir l'étendu du talent de celui qu'on appelait le prodige du piano.

Okay, murmura le blond pour se donner du courage.

Les doigts tremblants, il vint effleurer la première touche de son majeur et un frisson le parcourut. Il n'avait pas touché un instrument depuis plusieurs années et se retrouver devant celui qui avait occupé une bonne partie de son temps libre, fit remonter en lui des souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Prenant une grande inspiration, Jimin ferma les yeux et laissa ses mains et ses pieds faire ce qu'ils faisaient de mieux.

À chaque fois que le médium appuyait sur une touche, les cordes de ce magnifique piano vibraient, libérant une mélodie des plus envoutantes, douce et majestueuse. Toutes les personnes présentes étaient émerveillées devant le talent du jeune garçon et Jungkook n'était pas immunisé contre cela.

Ses yeux noirs étaient incapables de quitter cet homme qui se trouvait à quelques pas de lui. Il l'écoutait jouer et à chaque note, il sentait son cœur se broyer dans sa poitrine. La musique était si belle, alors pourquoi le visage de celui qui la jouait ne dégageait que peine et tristesse ? Personne ne semblait avoir remarqué la larme qui s'était échappée de ses yeux clos. Personne à part lui. Était-ce que parce que lui aussi ressentait cette souffrance ? Où était-ce parce que cette symphonie le ramenait étrangement à ce jour où leurs lèvres s'étaient rencontrées ?

Hypnotisé par le musicien, Jungkook n'était revenu à lui que lorsque la dernière note grave avait déchiré l'air. Un long silence suivit jusqu'à ce qu'une pluie d'applaudissements ne vienne le briser. Reprenant contenance, le commandant baissa la tête et ferma les yeux pour reprendre le contrôle de son rythme cardiaque.

À quelques pas de là, Jimin n'avait pas bougé, les yeux rivés sur la partition de musique, il n'osait pas cligner des paupières. Il savait que s'il le faisait, les larmes qui brouillaient sa vue s'échapperaient et tout le monde le verrait. Ses collègues continuaient de l'applaudir, visiblement charmés par son talent, mais il ne voulait pas de cela. Il ne voulait pas qu'on l'acclame pour quelque chose qu'on l'avait forcé à apprendre.

Eh, regardez là, lança une voix, brisant ce moment d'euphorie.

Le médium regarda ce que l'agent désignait et vit qu'un petit compartiment secret s'était ouvert sur le côté gauche du piano. Taehyung s'approcha rapidement pour voir de quoi il s'agissait et en sortit deux feuilles de papier soigneusement pliées. Avant de l'ouvrir, il posa son regard sur son cadet et en voyant ses yeux brillants, il s'approcha de lui.

Ça va ?

Oui, j-je vais juste aller prendre l'air.

Sans attendre son aval, Jimin se leva et partit en direction de la sortie. Lorsqu'il passa près de Jungkook, leurs regards se croisèrent et pendant une fraction de seconde, il aurait juré y avoir la même peine que celle qu'il ressentait.

En voyant les yeux brillant de larmes du plus jeune, le tatoué dut prendre sur lui pour ne pas le suivre et le prendre dans ses bras. Il ignorait ce qui avait provoqué cela, mais il ne voulait pas voir cette expression sur son visage. Pourtant, il ne fit rien, il resta simplement immobile, sentant cette légère brise que son passage avait provoquée, caresser sa peau brulante.

Regarde, lança Taehyung en le sortant de ses pensées.

Muet, le brun prit le bout de papier et l'observa quelques minutes. C'était un certificat d'authenticité et une facture pour l'achat d'un piano qui datait de cinq ans. Lorsque Jungkook vit le montant qui était inscrit en bas de la page, ses globes oculaires manquèrent de tomber de ses orbites. La suite de zéro qui se trouvait après le premier chiffre était affolante.

Tu plaisantes ? C'est le prix du piano ? s'indigna le tatoué.

Apparemment.

Ok, et où il est ?

C'est peut-être celui-là ? supposa le lieutenant en désigna le piano sur lequel Jimin avait joué plus tôt.

Non, lança une voix derrière eux.

Les deux hommes se tournèrent vers la tête blonde qui venait de faire son apparition.

Non quoi ?

Vu ta réaction, je suppose que le montant que tu viens de voir sur cette facture est supérieur à deux milliards de wons ?

Oui, répondit Jungkook confus.

Alors non, ce n'est pas ce piano, celui-là vaut deux cents millions, à tout casser.

Et tu trouves que c'est peu pour un piano ? lança le tatoué, surpris par l'expression présente sur le visage de son cadet.

Ce dernier ne semblait nullement étonné par le prix exorbitant d'un simple instrument de musique.

Celui que mes parents avait acheté valait dix fois le prix de celui-là. Les pianos et les violons sont des instruments très chers, expliqua le plus jeune en avançant vers eux.

C'est pour ça qu'il n'y a que les gosses de riche qui en ont un à la maison, tacla le commandant d'un ton dur.

Rien avoir, il suffit d'avoir un minimum de culture pour savoir qu'un Steinway est trente fois plus cher qu'un Bechstein, surtout ce modèle, répliqua Jimin sur le même timbre de voix.

Ah oui ? Et comment tu sais que c'est un Bech-truck ?

Bechstein, articula le blond d'un air moqueur. C'est écrit dessus, il suffit de savoir lire.

L'insolence et la répartie du médium étaient des plus délicieuses à entendre et s'il y avait bien une chose que Taehyung aimait, c'était voir son cadet fermer le clapet de son meilleur ami.

Tss, monsieur, je sais tous, pesta Jungkook en levant les yeux au ciel.

En voyant qu'il venait de gagner ce duel, Jimin affiche un grand sourire avant que le lieutenant ne prenne la parole.

D'accord, comme tu peux le voir, on n'y connait pas grand-chose en piano, commença ce dernier. Est-ce que tu saurais nous en dire plus sur celui que la victime a acheté ?

Je peux voir ces documents ?

Le châtain hocha la tête et lui donna les deux feuilles qu'il tenait entre ses mains. Le blond les examina, lisant chaque ligne avec attention.

Je ne sais pas si ces documents sont authentiques, mais si c'est le cas, monsieur Dubois a acheté le Fibonacci, annonça Jimin en rendant les documents à son ami.

Tu peux essayer de nous parler dans notre langue, qu'on comprenne ce que tu racontes, intervint Jungkook qui ne comprenait rien au charabia de son cadet.

Que je sache, je ne suis pas en train de te parler en allemand, répliqua le plus jeune. Fibonacci, c'est le modèle du piano que la victime a acheté. Il n'en existe qu'un dans le monde et la dernière fois que j'ai entendu parler de lui, il était en Amérique.

Est-ce qu'il est possible que monsieur Dubois l'ait acheté ? demanda Taehyung.

Oui, parfois, ils sont vendus aux enchères. Sur le document, il est écrit qu'il a été acheté à Busan lors d'une vente aux enchères. Il suffit d'interroger le commissaire-priseur qui a effectué la vente, il doit inscrire toutes ses transactions dans un registre pour éviter les trafics.

C'est qu'il en a dans la tête le petit, lança une voix grave derrière lui.

Les trois colocataires se tournèrent vers l'homme qui venait d'apparaitre et firent face au capitaine. Ce dernier arborait un sourire fier en regardant Jimin qui sentit son visage prendre feu.

Il faut bien qu'il y en ait un de nous qui réfléchisse, répliqua le médium en offrant un sourire arrogant à Jungkook.

Ce dernier s'apprêtait à sortir une réplique sanglante, mais se stoppa lorsqu'il se rappela la présence de son supérieur. À la place, il afficha un sourire avant de prendre la parole d'un ton tout aussi arrangeant.

Il faut bien que tu serves à quelque chose. Des plantes vertes, on en a assez au bureau.

La mâchoire serrée, les deux hommes se regardaient en chien de faïence, se retenant chacun de sauter à la gorge de l'autre.

Que faites-vous là capitaine ? questionna Taehyung, brisant ainsi le duel de regard qui s'était instauré entre ses deux amis.

Je connaissais monsieur Dubois. J'ai appris sa mort en arrivant au poste, je voulais voir si c'était vrai.

C'était un ami à vous ? demanda Jungkook.

Oui.

Cette réponse attrista les trois amis qui se sentirent désolés pour leur supérieur.

Je suis désolé, vous arrivez trop tard pour le voir, Renji a déjà transporté son corps à la morgue, informa le châtain, avec compassion.

Ce n'est pas grave, soupira Lim. Est-ce que vous avez trouvé quelque chose d'intéressant ?

Pas pour le moment, nous avons quelques pistes, mais rien de concret, répondit le tatoué, d'un ton étonnamment reposant.

D'accord, qui est-ce qui l'a trouvé ?

C'est son employée, madame Chang In-soon, fit Taehyung en relisant les notes de son calepin.

Vous lui avez parlé ?

J'ai voulu le faire, mais elle était vraiment sous le choc et a fait un malaise. Nos collègues l'ont transportée à l'hôpital.

Convoquez là au poste pour un interrogatoire, ordonna le capitaine.

Oui monsieur, ne vous en faites pas, c'est prévu, promit le lieutenant.

— Nous allons retrouver celui qui lui à fait ça, Jung, je te le promets, intervint Jungkook en venant presser l'épaule son chef.

Les deux hommes se regardèrent dans les yeux durant de longues secondes. Communiquant à travers leur regard.

Que pouvez-vous nous dire sur monsieur Dubois ? Est-ce qu'il était marié ? Ou avait des enfants ? demanda Taehyung avec prudence.

Non, il a une ex-femme, mais elle vit en France et que je sache, ils n'ont pas eu d'enfants.

Est-ce qu'il avait des ennemis ?

Non, pas à ma connaissance. C'était un homme bien, gentil, qui aidait toujours ceux qui étaient dans le besoin.

Capitaine, vous étiez au courant que monsieur Dubois avait acheté l'un des piano les plus rares au monde ? intervint Jimin.

La question du blond surprit les trois hommes. Jungkook lui lança un regard désapprobateur et s'apprêtait à le réprimander, mais Lim prit la parole.

Non, je ne savais pas. Est-ce que vous pensez que ça peut avoir un lien avec son assassinat ?

Pour le moment, on n'en sait rien, répondit le tatoué.

Si le piano n'est pas ici, peut-être qu'il a été volé ?

Ça pourrait être le mobile, pensa le châtain.

Quand il était en Amérique, plusieurs personnes avaient tenté de le dérober. Peut-être que quelqu'un a appris que monsieur Dubois l'avait en sa possession et a voulu le voler ? supposa le médium en haussant innocemment les épaules.

C'est une possibilité, affirma Jungkook. Eh Hyun ! appela-t-il.

Oui commandant ? répondit le concerné en venant vers eux. Bonjour capitaine, ajouta l'agent en s'inclinant profondément.

Bonjour officier Cho.

Est-ce que la scientifique a fouillé toute la maison ? demanda le brun.

Oui commandant.

Vous avez trouvé un piano ?

Il y en a un dans la bibliothèque à l'étage et un autre dans une salle de musique au sous-sol.

Sans demander la permission, Jimin partit en courant vers l'escalier qui menait à la bibliothèque et monta les marches à toute vitesse.

Il était moins casse-couille quand il était malade, pesta Jungkook dans un murmure.

Taehyung qui l'avait entendu, se mit à rire avant de se tourner vers leur supérieur.

On va...

La phrase du châtain resta en suspens tandis qu'il désignait l'escalier par lequel Jimin avait disparu.

Oui, allez y, gloussa le cinquantenaire. Je vais retourner au commissariat. Si vous avez d'autres questions, vous savez où me trouver. Je compte sur vous pour trouver celui qui a fait ça.

Comptez sur nous, promit le lieutenant.

Le tatoué offrit un sourire compatissant à son supérieur puis ce dernier quitta la villa, le cœur torturé par la disparition de son ami.

Bon, allons voir où est Jimin, avant qu'il ne fasse une connerie, soupira le commandant avant de se mettre en route pour rejoindre l'étage.


Dans le couloir, à l'étage, le blond se tenait immobile dans l'encadrement de la porte qui menait à la bibliothèque. Cette pièce était immense, elle faisait à elle seule, la taille de leur appartement. Les murs latéraux étaient recouverts par de grandes étagères en bois qui regorgeaient de livres de toutes les époques. Au centre de celle-ci, entouré par de grands canapés en cuir brun, se trouvait un piano à queue blanc, mais il avait une particularité qui le démarquait des autres. L'intérieur du grand couvercle, le pupitre, l'abattant du clavier ainsi que la canne, étaient d'une rouge profond, lui donnant un aspect plus moderne. Certes cet instrument était beau, mais ce n'était pas le Fibonacci.

Eh Jimin ! appela une voix qu'il reconnut immédiatement.

Tu l'as trouvé, demanda lieutenant qui marchait près de son coéquipier.

Non, ce n'est pas celui-là, soupira le médium.

Tu as l'air déçu, ricana Jungkook.

Pour seule réponse, le blond leva les yeux au ciel.

Allons voir celui du sous-sol, l'invita Taehyung.

Jimin hocha la tête et ils se mirent en marche. En bas, le résultat fut le même et au bout du compte, les trois amis remontèrent au rez-de-chaussée, bredouilles.

Bon, retournons au poste. Je crois qu'on ne trouvera plus rien ici, soupira Jungkook d'un ton las.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le chemin du retour se passa dans le calme. Les deux policiers discutaient de l'affaire, émettant des hypothèses pendant que Jimin assis à l'arrière, les écoutait, l'esprit ailleurs. Il repensait au piano, à ce qu'il avait ressenti lorsque ses doigts avaient effleuré les touches. Comment son cœur s'était comprimé lorsque les premières notes avaient résonné dans ses tympans. Il se demandait finalement si cela ne lui manquait pas ? Lorsqu'il y repensait, tout dans le piano n'était pas négatif. Il se souvenait du nombre de fois où il avait laissé parler sa détresse à travers de nombreuses symphonies.

Au fait Jimin, appela Taehyung le sortant de sa rêverie.

Oui ?

C'était magnifique ce que tu as joué tout à l'heure. Qu'est-ce que c'était ?

C'était une composition personnelle de monsieur Dubois.

C'était très beau en tout cas, tu es vraiment doué, complimenta le châtain.

Merci. Dommage qu'il ne l'ait pas terminé, souffla Jimin d'un ton attristé.

C'est la mélodie qui a ouvert le compartiment ? demanda Jungkook en regardant par le rétroviseur central.

Non, je pense que c'est la dernière touche qui a déclenché le mécanisme.

C'était malin, mais pourquoi cacher les documents concernant le piano ?

Je ne sais pas, c'était peut-être un secret ? supposa le médium.

Apparemment, ce secret lui a coûté la vie.

Les paroles du commandant mirent fin à la conversation alors qu'ils arrivaient sur le parking du commissariat après plus d'une heure de trajet. La matinée s'était achevée et l'estomac des trois hommes criaient famine.

Je vais manger, je meurs de faim, lança Jungkook lorsqu'ils arrivèrent devant la porte qui menait à leur QG.

Moi aussi, répondit Taehyung avant de poser son attention sur Jimin qui marchait derrière eux. Tu viens ?

Je vais manger avec Lian, on va manger des tteokbokki à côté, informa le blond.

Inconsciemment, le corps du tatoué se crispa lorsqu'il entendit la réponse de son cadet. Levant les yeux au ciel, il tourna les talons et partit directement vers sa salle de pause sans attendre son coéquipier. De nouveau, Jungkook ressentit un éclair de jalousie le traverser et il détestait cela. Il avait envie de se frapper, de ressentir ce genre d'émotion. Pourquoi était-il jaloux ? C'était bien la chose la plus ridicule qui puisse être. Il s'en foutait avec qui Jimin sortait, du moins, c'était ce dont il essayait de se convaincre.

D'accord, bon appétit alors, répliqua simplement Taehyung, affichant un sourire qui cachait sa déception.

Il n'était pas déçu que son ami sorte manger avec quelqu'un d'autre. Il était déçu de voir ce fossé qui les séparait, s'agrandir sans rien pouvoir faire.

Merci, à toi aussi.

Pressé d'aller manger, Jimin poussa la porte et alla directement rejoindre Lian qui était dans son bureau. Lorsqu'il toqua à la porte, le brun leva les yeux de son écran et offrit un sourire chaleureux à ce garçon qui l'attendait.

Salut, fit le médium d'une voix douce.

Salut, répondit le plus vieux.

On y va ? Je meurs de faim.

Oui allons y.

Côte à côte, les deux amis quittèrent les lieux pour aller remplir leur estomac qui hurlait pour un peu de nourriture.


Au fond du couloir, dans la salle de pause, Jungkook préparait ses nouilles ainsi que celle de son meilleur ami. Ce dernier s'était assis près de la fenêtre et observait le paysage grisé par le ciel nuageux.

Kook, commença le lieutenant d'une voix hésitante.

Oula, tu vas me faire une déclaration d'amour ? plaisanta le brun, voulant détendre l'atmosphère.

Non, pouffa Taehyung. Je crois que c'est à cause de moi que Jimin nous évite en ce moment.

Dos à son ami, Jungkook laissa échapper un faible soupir. Il savait bien pour quelle raison leur cadet était silencieux et il était le seul responsable. Leur dernière dispute ne quittait pas son esprit, lui rappelant sans cesse à quel point il avait mal agi. Parfois, lorsqu'il ouvrait les yeux le matin, il se rappela la dernière phrase qu'il lui avait dite, " je ne te toucherais plus jamais " et il sentait ses entrailles se broyer à l'intérieur de lui parce que c'était faux. Ce n'était pas ce qu'il voulait. Il désirait le toucher, caresser et embrasser chaque parcelle de sa peau laiteuse. Il voulait ressentir à nouveau cette chaleur qui l'avait consumé lorsque leurs bouches s'étaient rencontrées pour la première fois. Il désirait tout cela et pourtant, il savait qu'il ne pourrait jamais les avoir, car Jimin semblait avoir fait son choix. Il avait choisi ce qui était bon pour lui. Il avait choisi Lian.

Pourquoi tu penses ça ? finit par dire le commandant lorsque le minuteur du micro-ondes le ramena à la réalité.

On a eu une conversation quand il était malade et je crois que j'ai dépassé les bornes cette fois.

Lorsque Taehyung avait osé poser la question qui hantait son esprit depuis qu'il avait rencontré Jimin, il savait qu'il y avait des risques que le garçon se braque. Après tout, c'était un sujet sensible et douloureux, mais une part de lui était persuadé qu'en parler aurait pu l'aider à surmonter ce qu'il avait vécu. Visiblement, il avait eu tort et maintenant, il le regrettait.

Quel était le sujet de votre conversation ? demanda Jungkook en venant poser le bol en carton qui contenait les ramen, devant son ami.

Je ne sais pas si je peux t'en parler. C'est... c'est assez personnel.

Si tu ne veux pas en parler, pourquoi lancer le sujet alors ? répliqua le tatoué, agacé.

Ce n'est pas ça, soupira Taehyung en plantant ses baguettes dans son repas. Ça concerne la vie privée de Jimin, je ne suis pas sûr qu'il ait envie que tout le monde soit au courant.

Tout le monde ? répéta le brun vexé. Je ne suis pas tout le monde et puis, que je sache, je sais garder un secret.

Le lieutenant planta son regard dans celui de son meilleur ami et le sonda profondément. Il savait que Jungkook était quelqu'un de confiance. Il pouvait lui confier ses secrets les plus inavouables, car il savait que ce dernier les emporterait avec lui dans la tombe, mais comment allait-il réagir en apprenant ce que leur ami avait subi ? Le regarderait-il différemment ? Serait-il aussi peiné et désolé que Taehyung l'avait été ?

Si tu n'as pas envie de me le dire, très bien, ajouta Jungkook, lassé.

Jimin a été violé, lâcha subitement le lieutenant dans un murmure.

Q-quoi ? bafouilla le commandant, après avoir failli s'étouffer avec ses nouilles.

J'avais quelques doutes suite à notre rencontre. Tous les signes pointaient dans cette direction, mais je voulais en être sûr alors, je lui ai demandé.

Attends, tu lui as demandé ça comme ça ? "Salut Jimin au fait, tu as été violé ?" demanda le tatoué avec sarcasme.

Non, bien-sûr que non. À la base, je voulais surtout savoir ce qui avait déclenché sa crise de panique au club l'autre soir et il m'a dit que la serveuse l'avait touché.

La mâchoire de Jungkook se serra subitement tandis que ses baguettes qui étaient prisonnières entre ses doigts, étaient broyées par ces derniers.

Sunny l'a touché ?

Oui, mais pas dans ce sens. Il m'a dit que cela avait déclenché sa crise parce qu'il avait eu l'impression de revivre ce qu'on lui avait fait à l'asile. C'est là que j'ai posé la question.

— D'où les cauchemars, pensa tatoué dans un murmure.

Il se rappela les paroles de Jimin lorsqu'il était fiévreux et maintenant, elles avaient du sens.

Qui lui a fait ça ?

Une infirmière, à deux reprises.

Les poings serrés, le commandant tentait de contenir la colère qui grandissait progressivement en lui.

Tu as son nom ?

Non... j'ai essayé de lui demander, mais c'est là qu'il s'est totalement braqué, soupira le lieutenant, les yeux baissés sur son déjeuner.

On a un moyen de savoir, il faudrait qu'on-

Non Jungkook, laisse tomber, le stoppa Taehyung. Jimin ne veut pas. Il veut oublier ce qui s'est passé et on doit respecter son choix.

Cette garce a abusé de lui, elle doit-

C'est son choix, répéta le châtain d'un ton plus reposant. Il... il ne se sent pas encore prêt, mais un jour, s'il a suffisamment confiance en nous, peut-être qu'il nous le dira. Pour le moment, on doit simplement respecter son choix.

Le tatoué écoutait ce que son meilleur ami lui disait, mais il ne comprenait pas. Il voulait retrouver cette femme et la faire payer. Il voulait mettre hors d'état de nuire ce genre de monstre, surtout celle qui l'avait brisé.

Jungkook, l'appela le lieutenant d'un ton plus strict.

Ok, c'est bon.

Promets-moi que tu ne chercheras pas à trouver cette infirmière.

Oui, c'est bon, j'ai compris.

Jungkook venait de faire une promesse, mais il savait qu'il devrait lutter pour la tenir.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Mais j'ai fait que ce que tu m'as demandé !

La voix grave de Lian faisait écho dans le couloir du premier étage avant que des éclats de rire ne se fassent entendre !

N'importe quoi ! Je t'ai dit d'y aller doucement, mais tu as tout mis ! répliqua Jimin d'un ton faussement accusateur.

Dans les bureaux de la criminelle, Jungkook était le seul présent. Ce dernier était devant la tablette tactile et faisait des recherches sur la victime. Lorsque les voix de ses deux subordonnés avaient résonné, il avait tendu l'oreille et ce qu'il avait entendu avait comprimé sa poitrine. Il n'avait pas le contexte, seulement des bribes de leur conversation, mais son imagination avait fait le travail et ce qu'elle lui avait présenté lui donna presque la nausée.

La porte s'ouvrit sur les deux amis qui continuaient joyeusement leur conversation.

Salut boss, lança Lian avant un sourire amical.

Pour unique réponse, le brun eut le droit à un regard dur et réprobateur, le faisant légèrement déglutir. Face à eux, Jungkook les observa quelques instants. Le visage de Jimin était légèrement rougi par le fou rire qu'il venait d'avoir, mais ce qui attira l'attention du tatoué fut ses lèvres. Elles étaient bien plus pulpeuses et rosées que d'habitude, ce qui ne fit qu'accroître ses soupçons.

C'est une heure trente la pause déjeuner, pas deux heures, le réprimanda Jungkook.

Jimin s'apprêtait à répliquer, mais l'inspecteur le dissuada en pressant doucement sa main. À quelque mètre d'eux, le tatoué ne manqua rien de ce contact qui ne fit que réveiller davantage la bête qui était déjà bien remontée.

Désolé, c'est de ma faute. Je n'avais pas vu l'heure, répondit Lian.

Garde tes excuses et mets-toi au travail, ordonna le commandant d'un ton glacial.

C'est bon Jungkook, pas la peine de jouer les tyrans, intervint Jimin agacé par le comportement de son colocataire. Tu es le premier à disparaitre pour aller tirer un coup, je crois qu'on peut s'accorder trente minutes de pause supplémentaire.

Face à l'arrogance de son cadet, le tatoué pouffa de rire avant de contourner la table et de s'approcher dangereusement de lui. Le médium ne bougea pas, nullement impressionné par l'aura oppressante de son colocataire, il continua de le regarder droit dans les yeux, le défiant silencieusement. À côté d'eux, Lian assistait à toute la scène, prêt à intervenir si les choses dérapaient.

Fais attention Jimin, je supporte ton arrogance depuis bien trop longtemps et ma patience a des limites. Si tu ne veux pas passer le restant de tes jours assis derrière un bureau à taper des rapports, tu ferais mieux de fermer ta gueule et surtout te mêler de tes affaires.

Jimin resta muet durant de longues secondes. Ses yeux noirs n'avaient pas quitté ceux de son vis-à-vis dont le visage était à quelques centimètres du sien. La voix dans sa tête lui ordonnait de lui mettre son poing dans la figure, mais cela reviendrait à lui montrer que ses mots l'avaient blessé. Au lieu de cela, il pouffa par le nez et afficha un petit sourire amusé.

Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda le plus vieux, déstabilisé.

Toi, répondit le médium sans perdre son sourire insolent. C'est quand même fou que tu te sentes constamment obligé d'asseoir ta domination quand quelqu'un te tient tête. Je suis triste pour toi, vraiment, mais avec une petite thérapie et un travail sur soi, je suis sûr que tu pourrais presque devenir sympathique.

Jungkook laissa échapper un rire nerveux alors qu'il détaillait chaque trait de ce visage si parfait. Il était en colère, c'était une évidence, mais à ce moment précis, il n'avait pas envie de cogner sur quelque chose ou sur la personne qui était à l'origine de ce sentiment. À cet instant, il désirait prendre en otage cette bouche si provocatrice et la dévorer. Personne jusqu'à maintenant n'avait fait naitre en lui un tel désir sexuel. Personne avant Jimin ne l'avait rendu si fou.

Alors qu'il apprêtait à combler le peu d'espace entre lui et l'objet de ses fantasmes, il sentit une main se poser contre son torse, le forçant ainsi à reculer.

C'est bon, arrêtez, intervint Lian d'un ton calme, mais ferme. Désolé patron, on était en retard, cela ne se reproduira plus.

Le tatoué posa ses yeux sur son subordonné et en voyant son regard rempli de déception, il sentit un millier d'aiguilles transpercer sa poitrine. Il s'était laissé aveugler par sa jalousie et haïssait cela. Il porta ensuite son attention sur Jimin qui le sondait avec amertume avant de tourner les talons et de disparaitre hors de la pièce.


Dans le couloir, le jeune consultant marchait d'un pas rapide vers l'escalier qui menait au toit. Il avait besoin d'air et d'espace, c'était vital. Une fois en haut, il prit une grande inspiration et sentit les larmes de nervosité déferler sur ses joues tandis qu'il commençait à faire les cent pas.

Cette confrontation avec son colocataire venait de le heurter plus qu'il ne l'aurait voulu, mais ce n'était pas ça qui était la cause de ses larmes, c'était ce qu'il avait éprouvé. Cette nouvelle sensation qu'il n'avait encore jamais ressentie et qui avait tordu ses tripes. C'était à la fois douloureux et délicieux. Pendant un instant, il avait eu envie que Jungkook l'embrasse, il avait désiré qu'il le possède, qu'il le touche comme il l'avait fait ce soir-là. Pourquoi avait-il envie d'une telle chose alors que cet homme avait craché des horreurs pareilles ? Qu'est-ce qui clochait chez lui ? Pourquoi chaque fois qu'il fermait les yeux, il revivait ce baiser qu'il se forçait d'oublier ?

Sors de ma putain de tête ! cria Jimin lorsqu'il fut sur le toit. Je te déteste... Je te déteste tellement.

Le reste de sa voix se perdit dans un murmure alors qu'il se laissa tomber sur le rebord, les pieds suspendus dans le vide.

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