Heart of glass - Blondie (*1)

Call me  - Blondie (*2)

Like a prayer - Madonna Immaculate Extended Mix (dispo sur youtube) (*3)

Hang up - SDP Extended Vocal - Madonna (*4)

Slow Down - Chase Atlantic (*5)

Let's play a love game.

————　♔　————

(*1) Il était quatorze heures.

Au troisième étage de V MODA, les talons hauts claquaient et les mocassins cirés sifflaient contre le parquet. Comme tous les jours, les employés de l'agence de haute couture se battaient contre leur seul grand ennemi : le temps.

Le temps, voilà ce qui les angoissait au plus haut point.

Autant dire que si le temps était une monnaie courante à la bourse, alors ses chiffres feraient exploser les plafonds. On se l'arrachait, comme on arracherait les épines d'une rose. On lui courrait après sans cesse, sans jamais pouvoir le rattraper. Le temps perdu était gâché, lancé aux oubliettes, et quand bien même vous pouviez le supplier, il ne faisait jamais le plaisir de son retour.

Chez V MODA, le temps était un concept bien complexe.

Il était précieux, autant que tous les diamants du monde. Alors il ne fallait pas prendre le risque de le gâcher.

Tout était mesuré, calculé à la seconde. On pouvait presque imaginer un petit personnage tout droit sorti de notre imagination qui comptait les secondes, comme l'on comptait les temps d'une mélodie.

On se battait contre la montre pour que tout soit parfait, en temps et en heure.

— Pièce numéro vingt deux, Kyrous, présentait Seokjin, lisant à haute voix les inscriptions de sa tablette qu'il tenait entre ses mains.

— Vous n'avez pas assez serré la taille, il faut cintrer davantage, intervint Taehyung, son attention fixée sur la tenue que portait la jeune mannequin, debout face à lui.

Serrant deux petites épingles entre ses dents, Hoseok attrapa un bout de tissu blanc nacré qu'il vint enrouler autour de la taille de la jeune femme.

— Si nous ajoutons un tissu comme ceci, autour de la taille... dit-il en coinçant le tissu entre ses mains, derrière le dos du mannequin. La taille serait parfaitement cintrée.

— Bien, pièce suivante.

— Numéro vingt trois, Leptoméreia. C'est un tailleur classique, à jupe plissée.

— Les talons hauts accompagnent la silhouette et allongent les jambes, ajouta Hoseok tout en mordillant le bout de ses doigts.

Taehyung se leva de son fauteuil et passa son index contre ses lèvres, tout en scrutant les accessoires qui étaient présentés sur une table blanche devant eux. Il les observa un à un, puis il fit son choix.

— Un chapeau postiche comme ceci peut être la touche finale, il faudrait également penser à ajouter des bijoux. Un collier de perles, quelque chose d'élégant.

Hoseok le regarda poser le chapeau sur la tête du mannequin, puis il hocha la tête, validant l'idée de son patron et ami. Puis, il accompagna leur modèle pour rejoindre les autres mannequins.

— Ce sera tout pour les tenues femmes Taehyung, dit Seokjin, faisant en même temps balader le bout de ses doigts sur sa tablette.

— Bien, dit aux mannequins qu'ils peuvent disposer. Mademoiselle Maeng leur fera part des dernières informations pour le défilé.

Seokjin acquiesça et disparut quelques minutes, le temps de faire son rapport aux mannequins avant de revenir dans le petit studio, où étaient restés Taehyung et Yoongi. Tous les deux étaient assis dans de confortables fauteuils de cuir. L'argenté était concentré derrière son ordinateur portable qu'il portait sur ses genoux, un stylo derrière son oreille. Il voyait les derniers détails du prochain défilé de Taehyung, qui l'avait missionné pour rendre cet événement exceptionnel.

Taehyung n'avait aucun doute, bien évidement que ce défilé allait rester dans les mémoires. Il préparait cette nouvelle collection depuis des mois, s'était même parfois enfermé dans son bureau nuit et jour, dessinant et gommant ses traits, noyant ses dessins à la craie à l'huile. Ce studio s'était transformé en vrai champ de bataille, où des centaines de feuilles avaient fini froissées sur le parquet en bois clair.

Taehyung avait commencé et recommencé ses dessins une centaine de fois, jusqu'à en être satisfait. Il avait cherché son inspiration partout, même dans ces vieux livres d'art datant de l'époque victorienne.

Maintenant penché sur ses croquis, Taehyung les jeta de bon cœur sur la petite table qui lui servait de bureau et fit volte face en croisant le regard de Hoseok qui venait tout juste de revenir dans la pièce.

— Un pull et des pantalons noirs. Super. C'est de la merde, ou veux-tu que j'aille avec ça ?

— Laissez-moi voir, répondit Hoseok, s'approchant, l'air bien sérieux sur son visage, alors qu'il récupérait la feuille qu'avait froissé son patron. Votre dessin semble avoir été retravaillé, je ne l'avais pas vu dans votre mail.

— C'est de la merde. Jette moi ça, on n'en aura pas besoin, grogna le Taehyung, en attrapant un paquet de cigarette qui traînait sur la table basse.

Taehyung n'était pas vraiment fumeur, mais c'était une vieille habitude qui lui revenait à chaque fois qu'il se tenait enfermé entre les murs de son studio, après avoir pu voir le rendu de sa nouvelle collection. Ou du moins, l'aspect presque fini de ses pièces.

Crachant la fumée qu'il avait aspiré à plein poumons, il colla ses reins au bureau, et leva les yeux vers Seokjin, qui venait de s'asseoir aux côtés de Yoongi.

— Des fonds...Il lui faut des fonds pour faire tourner une maison pareille...Merde.

Seokjin n'eut nul besoin de lui demander de quoi il parlait, il savait très bien que Taehyung se triturait l'esprit. Depuis le défilé de leur nouveau concurrent, le jeune et beau Jeon Jungkook, Taehyung semblait tourner en rond. Il était sans cesse tendu, cherchant à comprendre et saisir pourquoi et comment ce "petit merdeux" comme il l'aimait l'appeler, avait pu taper si fort pour son retour. Parce que Taehyung avait dû l'admettre, Jungkook avait fait un travail éblouissant.

Fermant l'écran de son ordinateur portable, Yoongi le posa sur la table basse et croisa les mains.

— Un milliardaire Français a misé sur lui, voilà où sont ses fonds.

— Ça, plus les petits cadeaux restants de papa sans doute, ajouta Seokjin, portant le même regard neutre sur son patron.

— Et ce petit merdeux pense s'être lancé tout seul ? se mit à rire Taehyung, soufflant la fumée de son bout de nicotine.

Depuis la soirée de lancement de Jungkook, les médias se l'arrachaient. La presse à scandale et les magazines de modes ne parlaient plus que de lui, présentant des bribes d'entretiens avec le jeune homme. Ce dernier, selon Taehyung, se vantait de s'être construit tout seul, d'être tel le phoenix qui renaissait de ses cendres. Cela l'avait fait rire, puisqu'après tout, Jungkook était ce genre de gamin qui avait toujours mangé à l'aide d'une cuillère dorée. On lui avait tout donné, depuis le début.

Taehyung refusait d'admettre qu'il avait du talent, bien qu'au fond de lui, tout cela lui paraissait aussi clair comme de l'eau de roche.

— Je ne crois pas, dit alors Yoongi en fronçant les sourcils. Il a vraiment préparé son retour. Pour tout vous dire, il avait même contacté mon bureau. Mais je n'ai pas pu le rencontrer, j'étais en déplacement.

Taehyung voulut lui demander s'il aurait accepté sa requête. En même temps, même si Yoongi travaillait avec lui, il ne travaillait pas pour lui. L'argenté détenait sa propre affaire, et était un véritable électron libre. Bien qu'il était puissant, Taehyung ne pouvait le restreindre sur ses contrats, et puis, cela n'était pas digne du gentleman qu'il était.

Écrasant son mégot dans un cendrier en argent, un vieux cadeau de Jimin, Taehyung posa ses deux mains sur les retours du bureau, faisant taper ses ongles contre le rebord. Il regardait dans le vide, tandis que ses compagnons l'observaient réfléchir en silence. Cela durait depuis plus d'une semaine maintenant, et s'ils ne le connaissaient pas, ils se seraient certainement inquiétés de le voir si préoccupé.

— Jin ?

— Oui, Taehyung ?

— Tu te souviens de ces soirées, à mon ancien appartement. Dans mon petit salon, on avait listé tout ce dont on avait besoin pour lancer V MODA.

Seokjin hocha la tête, se remémorant ces longues soirées. Oui, il s'en souvenait. Il se souvenait du jeune Taehyung, la tête remplie de rêves et d'ambitions. Celui qui était encore un petit rêveur, à la recherche de son nom. Il se souvenait des ces soirées où ils buvaient, tout en riant et s'imaginant les grandes choses auxquels ils avaient droit aujourd'hui. Tout comme il se souvenait de la fois où il avait rencontré Kim Taehyung, à l'époque.

— Ça, c'était du travail. Putain, je n'avais pas dormi pendant trois jours, me choutant à cette merde de caféine et à la cocaine pour tenir éveillé.

Pendant un instant, Taehyung sembla nostalgique. Il se souvenait lui aussi, de ces temps où sa passion le rendait vivant. Il se rappelait des choses qu'il avait exposé à Seokjin, qui avec le temps était devenu son ami le plus proche. Il se souvenait de toute les fois où ce dernier lui ramenait des tissus de ces agences pour lesquelles il travaillait, afin que Taehyung puisse en faire des miracles. Il se souvenait de la première soirée où il avait céder à la drogue, parce qu'on lui avait gentiment expliquer que cette merde lui permettrait de surmoner sa fatigue et ses mauvaises humeurs. Il avait pensé que cela ne pouvait que le rendre plus efficace. Il se souvenait aussi de toutes ces fois où on lui avait proposé de faire de son corps une monnaie d'échange pour accéder au succès.

Taehyung n'avait jamais accepté cela. Même si on lui avait tant de fois répété qu'il avait un visage incroyable, des yeux envoûtants et une peau délicieuse. Alors, il avait travaillé d'arrache pied, sans jamais rien lâcher. Puis, à force d'efforts, et grâce à l'aide et au support de Seokjin, il avait rencontré ceux qui lui avaient tout appris. Il avait commencé au bas de l'échelle, puis il avait gravi les échelons un à un, faisant reconnaître ses prouesses. Les temps avaient été durs, parfois sombres et semés d'embûches, mais il y avait cru. Il n'avait jamais abandonné son rêve, et il avait eu raison.

Alors, l'idée même qu'un jeune petit fils à papa revenant de nulle part lui vole tout son travail, crachant sur leur passion qui devait être, selon lui, leur seul point commun, le rendait malade. Cela le rendait aigri, de mauvaise humeur, et vraiment cassant.

Jimin ne lui avait pas fait de remarques pourtant, mais il avait pu le lire dans ses yeux. Il avait pu comprendre que tout cela l'inquiétait. Mais voilà, depuis un certain temps, quand bien même il aimait son travail, Taehyung se sentait fatigué.

Il avait la fâcheuse impression de revenir en arrière, de tourner en rond et de toujours produire les mêmes choses. Pourtant, ce n'était pas ce que disaient les critiques, mais cela lui importait peu. Taehyung se lassait de tout, même de son apparence. En secret, il réfléchissait à son avenir. A son agence.

Mais l'arrivée de Jeon Jungkook avait tout changé.

Ce jeune homme le transformait en monstre assoiffé de gloire et de reconnaissance. Taehyung n'avait que faire de l'argent, à vrai dire, il en avait tellement aujourd'hui, qu'il ne savait plus quoi en faire. Non, Taehyung ne travaillait pas pour l'argent.

Il travaillait pour la passion.

La passion avait toujours été l'essence même de son inspiration.

Et la voilà, qui comme par magie, lui revenait même pendant son sommeil.

— Il est hors de question que ce gamin à la cuillière dorée dans le cul ne vienne me voler ce qui m'appartient et tout ce que j'ai mis du temps à construire, conclut-il, refermant sa poigne contre son bureau.

— Jungkook a du talent, tu l'as toi-même dit, ajouta Seokjin, confrontant son regard perçant.

— Il est vrai, je l'ai dit. Mais je n'en pense pas moins.

— Si vous cherchez à l'impressionner, je ne pense pas trop m'avancer en disant que votre prochain défilé sera plus qu'à la hauteur de ses espérances, dit Yoongi, tournant la tête pour lui faire face.

— Il a raison Taehyung, nous avons travaillé dur pour cette collection. Tous les grands noms de la haute couture seront présents, et je ne doute pas une seule seconde qu'ils seront ravis de voir le résultat de votre travail, ajouta Hoseok, offrant un sourire chaleureux.

— Aujourd'hui, les gens pensent que la haute couture est digne de la préhistoire, reprit Taehyung, rangeant ses mains dans les poches de son pantalon de costume.

Puis il s'avança vers un mannequin où était présenté un beau costume masculin.

— Le prêt à porter est un nouveau monde alléchant, ils disent vrai. Mais je souhaite leur prouver qu'ils ont tort.

Il y eut un petit silence dans le studio, avant que Yoongi ne se lève, attrapant sa mallette dans laquelle il glissa son ordinateur.

— Je rentre à l'agence pour finaliser les derniers éléments du défilé. Je vous contacterai lorsque tout sera prêt.

— Merci d'être venu Yoongi, ajouta Taehyung, avant de saluer ce dernier qui finit par s'en aller.

— Jimin a pu voir les dernières pièces de la collection ? demanda Hoseok, en se servant un verre d'eau fraîche.

— Oui, je voulais qu'il puisse me donner son retour en premier.

— Au fait, tu m'as dit avoir ajouté une dernière touche au défilé, n'est-ce pas ? ajouta Seokjin, remerciant en même temps le blond platine qui lui tendait son verre.

Taehyung se mit à sourire, faisant glisser ses doigts sur le tissu du costume.

— Mon coup de maître...

— Jungkook a tout de même fait venir Lady Gaga, j'aurais tellement aimé qu'elle porte nos créations... se plaignit Hoseok, en faisant la moue.

Taehyung remit ses boucles en place, puis il se retourna vers ses deux amis, qui le regardaient l'air intéressé.

— J'ai mieux.

Hoseok et Seokjin partagèrent un regard surpris, puis ils froncèrent les sourcils, regardant leur patron.

— Faites moi confiance, mes amis. Je compte bien faire de V MODA le véritable temple de la haute couture. Le petit prince de la mode s'en mordra les doigts.

Les deux autres n'ajoutèrent rien de plus. Ils savaient mieux que personne que Taehyung ne manquait jamais à ses devoirs, et que quoi qu'il ait prévu, cela serait grandiose.

Tout comme le grand homme qu'il était.

*

(*2) Limousines, Porches, Lotus, Maseratis, Rolls-Royces, Lamborghinis.

Toutes sortes de voitures arrivaient autour de ce grand rond point, décoré aux couleurs de l'agence de V MODA. Les plus grosses fortunes de Séoul, et même du pays entier faisaient leur arrivée sur le tapis rouge de l'événement, offrant leur plus beaux sourires aux journalistes et aux photographes de mode.

Au volant de son inséparable Mercedes AMG, Jungkook ne pouvait passer inaperçu. En faisant un magnifique dérapage, il gara sa voiture juste devant le tapis où se pavanaient les nombreux invités, et sortit de son véhicule en ajustant son costume. Toujours habillé de noir, le jeune homme avait penché pour une veste qui rappelait les coutures de Chanel, aux motifs argentés. Sa chemise était blanche et parfaitement repassée, et pour changer, Jungkook avait ajouté sa petite touche personnelle : une cravate à moitié détachée, qui lui donnait un air de bad boy des temps modernes.

Son visage était semblable à celui d'une poupée de porcelaine, ses lèvres étant légèrement pomponnées de rouges, sublimant son teint. Sur le bout de ses deux oreilles pendaient des boucles en argent, qui venait taper contre ses joues lorsqu'il tournait la tête pour saluer les photographes.

Il était parfait, et il le savait.

D'ailleurs, Jungkook était assez surpris d'avoir sa place ici, ce soir.

Il avait reçu une invitation à son bureau et l'avait lu avec précaution et amusement, avant de deviner qu'elle était signée de la main de son nouveau concurrent. Alors comme ça, le grand Kim Taehyung l'invitait à son tour en tant qu'invité d'honneur pour le défilé de sa nouvelle collection ?

Intéressant.

Jungkook avait de suite noté la date dans son agenda, il ne l'aurait loupé pour rien au monde. Après tout, Taehyung lui avait bien dit qu'il avait lancé les dés lors de leur dernière rencontre.

Il voulait l'impressionner, certainement.

Mais enfin, cela avait grandement amusé le jeune homme, puisque pour le moment, les avis de leur investisseurs communs semblaient être dans son camp.

Après le départ de Taehyung, Jungkook avait rencontré plusieurs personnes haut placées, et il avait bel et bien remarqué le regard d'un des deux Américains sur sa personne. Il n'avait toujours pas retenu son nom, mais ce qui était sûr, était que cet homme l'avait dévoré des yeux tout le reste de la soirée. Pas étonnant qu'ils avaient fini par se retrouver dans sa chambre d'hôtel, Jungkook au-dessus de lui, lui procurant un plaisir intense.

A vrai dire, Jungkook n'avait rien strictement rien à foutre que cela puisse faire peser la balance dans son camp, il avait simplement eut besoin de défouler ses pulsions. Celles que Taehyung avait fait monter en lui après leur derniers échanges.

Dans son monde, tout pouvait s'acheter. Tout était à portée de main, mais pas seulement grâce à l'argent et s'il y avait bien une chose que Jungkook avait pu apprendre durant toutes ces années, était que le sexe était une monnaie aussi dorée que les lingos qu'il gardait secrètement dans les coffres de sa banque.

— Bonsoir, Monsieur.

Un homme l'accueillit à l'entrée du bâtiment, prenant soin de barrer son nom sur sa grande liste, l'invitant ensuite à continuer son chemin.

Jungkook était venu seul.

Son but n'était pas d'attirer tous les regards, non. Il souhaitait simplement que l'hôte de la soirée le remarque, là, assis au devant de la scène, sur la chaise sur laquelle était inscrit son nom, afin qu'il puisse lire dans ses yeux qu'il n'avait peur de rien, ni de personne.

Par ailleurs, Jungkook ne fut pas surpris de rencontrer sur son chemin les représentants de Versace, Gucci ou bien encore Mugler. Ces mêmes personnes l'avaient de suite reconnu et était venu le saluer. Le petit prince de la mode, comme on l'appelait, avait d'ores et déjà réussi à faire courir son nom sur leurs lèvres hypocrites.

Grand bien leur fasse, pensait-il.

On vint lui servir une coupe de champagne que Jungkook commença à déguster tout en scannant la salle. Chanel, Vogue, Guerlain, toutes sortes de maisons étaient conviées, et Jungkook les salua d'un mouvement de tête, avant d'aller prendre place sur la chaise qui lui avait été attribuée.

A ses côtés, la grande Vivienne Westwood se tenait là, les mains posées sur ses genoux. Elle était en pleine conversation avec un autre homme, et Jungkook pu lire le nom de Jimin sur ses lèvres.

Certainement son petit chouchou, sans nul doute.

Puis, tout en sirotant sa boisson du bout des lèvres, Jungkook se mit à inspecter la salle. Elle était immense, et il n'en attendait pas moins du grand Kim Taehyung. Il n'avait fallu que quelques minutes au jeune homme pour reconnaître les décors parisiens, copiant l'architecture du Palais Galliera. Il semblait que Taehyung l'avait fait entièrement reconstitué, avec son intérieur de verres et ses verrières gigantesques. C'était un palais de terre mouillée, d'arbres et de branchages qui donnaient l'impression d'une balade en forêt automnale sous la grande verrière, en plein cœur de la capitale française. Jungkook ne pouvait le deviner, mais Taehyung avait tenu à faire venir de Paris des arbres en pot, qu'ils avaient inclus à la scène. Le long chemin du défilé était habillé d'énormes cristaux blancs, au bout noirs et légèrement violets, étant comme enfoncés dans un sol de glace.

Aucun doute, c'était grandiose. Jungkook ne put faire autrement qu'apprécié ce magnifique décor, tout en souriant derrière sa coupe de cristal.

(*3) Alors qu'il se demandait ce à quoi il allait assister, la lumière commença à se tamiser, laissant seulement les faibles rayons du soleil encore présents éclairer la salle. On entendit une voix féminine résonner entre les murs, puis, comme des chants de chœur envahir la salle. Aux premiers coups sourds des basses, quelques dalles sur la scène principale se mirent à s'ouvrir. Les gens commencèrent à chuchoter entre eux, essayant de deviner ce qui allait se produire. Puis la musique commença à s'accentuer quand deux gigantesques sculptures de parfums se posèrent sur scène. En leur centre, une troisième dalle venait de s'ouvrir, laissant grimper au rythme de la musique, une chaise, sur laquelle se tenait nul autre que Jimin lui-même.

Il était là, assis au milieu de ces sculptures blanches magnifiques, le visage aussi beau que dans les souvenirs du jeune homme qui le fixait. Il ne bougeait pas et fixait l'horizon d'un regard charmeur et assuré. Nul ne pouvait le déstabiliser, Jimin était dans son élément.

Ensuite, ce fut le tour des cristaux de trembler, et soudain, une seconde carrure masculine fit son apparition. Habillé d'une tenue chic, aux couleurs vintages, Seokjin marchait lentement, jusqu'à arriver aux côtés de son ami, au centre de la scène. Lui, resta debout, s'appuyant d'une main au dossier de la chaise du blond.

Cette mise en scène était surprenante, et quand bien même Jungkook trouvait ses idées toujours spectaculaires, il fut grandement surpris de les voir tous les deux, portant fièrement les premières pièces de la nouvelle collection de V MODA.

Les premières paroles signées de la douce voix de Madonna commencèrent à résonner, faisant taire tous les curieux. Déposant sa coupe à ses pieds, Jungkook se laissa retomber dans le dossier de sa chaise, croisant ses bras sur son torse. Enfin, les premiers mannequins commencèrent à faire leur apparition, dévoilant les toutes nouvelles pièces de son concurrent.

Les femmes qui avaient été retenues étaient fascinantes, grandes, élancées, portant avec grâce ces beaux tissus. Leurs cheveux étaient soyeux, et Jungkook était certain qu'au toucher, la sensation devait être divine. Leur maquillage était sobre, assez fin, de quoi ne pas retenir longtemps l'attention. Ce qui comptait, c'était les tenues.

Les hommes, eux, étaient aussi beaux que des Dieux, leur visages étaient certainement l'une des plus belles choses que Jungkook avait été amené à voir.

Taehyung avait su travailler sur des associations de couleurs, des mélanges, qui étaient tout simplement fascinants. On retrouvait également des strass parfois, sur les broderies des vestes des mannequins femmes, où bien encore sur leurs chapeaux et autres accessoires, mais ce n'était jamais too much.

La signature de V MODA était l'élégance, et Jungkook ne put que le confirmer.

Le point fort de son concurrent ne se cachait pas seulement dans tous les détails de ses broderies, où l'on retrouvaient toutes sortes de tissus de soie, des rubans, des broderies signées par de grandes maisons certainement, mais aussi dans l'art.

Taehyung était un très grand fan de peinture, Jungkook l'avait entendu dire lors de l'une de ses interviews. Il se souvenait encore de la tête qu'avait fait son concurrent lorsqu'on lui avait demandé d'où il puisait son inspiration, et il était évident qu'on ne pouvait qu'applaudir le grand Kim Taehyung pour son introduction de l'art dans la mode.

Ce n'était pas nouveau, fut un temps où un grand créateur que l'on nommait Yves Saint Laurent avait révolutionné la haute couture par son imagination sans pareil. Et bien, Jungkook était impressionné de retrouver cette même passion dans les tenues de son concurrent.

Il n'y avait pas à dire, Taehyung avait du talent.

Comme cette veste faite de miches de laine entrelacées, où étaient fixées des fleurettes perlées sur ses manches et les retours de ses coutures. De quoi en faire rougir la maison Chanel, sans nul doute.

Les bras toujours croisés sur ses genoux, Jungkook observait les derniers mannequins défiler, portant avec grâce ces ensembles de couleurs vintages, rappelant la teinte de leur maison.

Tailleurs pantalons, marinière, caban, fausses fourrures, costumes trois pièces.

Jungkook analysait chaques pièces, chaques tenues, cherchant à repérer la moindre faille. Mais il n'y en avait pas. Aucune.

Le travail fourni et présenté était divin, et au fond, Jungkook ne put retenir sa fierté. Oui, il était fier de se retrouver aux premiers rangs de ce défilé, qui marquait le début de leur prochaine bataille.

Lorsque les deux derniers mannequins quittèrent le devant de la scène, alors que le public se préparait à acclamer le fabuleux créateur, tous furent surpris de sentir une odeur enivrante envahir leurs narines. Avant que Jungkook ne lève la tête, il entendit deux femmes à ses côtés commencer à chuchoter un peu plus fort que les autres par dessus la musique, et putain, il n'aurait jamais pu le deviner.

Il y avait d'énormes diffuseurs noirs, juste là, au-dessus de son foutu crâne depuis le début, caché dans l'ombre. Il n'y avait pas prêté attention en arrivant, peut-être aurait-il pu se douter de ce qui était en train de se passer s'il les avait vu, surtout au moment où il avait aperçu Jimin se tenir droit comme un piquet, assis sur cette fabuleuse chaise au beau milieu de deux énormes statues de parfums. Ce n'était pas une odeur choisie au hasard qui flottait dans l'air, mais le putain de parfum de Park Jimin, diffusé comme on diffuserait de la brume fraiche dans les centres commerciaux les jours de grandes chaleurs.

On ne pouvait pas le nier, n'importe qui était capable de devenir accro à cette senteur tout droit sortie du paradis tant elle était divine. Jimin n'était pas appelé un "nez" pour rien, et puis merde, cela était la putain de magnifique touche finale du défilé. Tout collait parfaitement, et Jungkook ne pouvait que lever son cul de cette chaise pour applaudir de ses deux mains.

Puis, enfin, alors qu'on ne l'attendait plus, l'homme de la soirée fit son apparition au bout de la scène, suivi de l'ensemble de ses mannequins et de sa pièce finale qui était porté par nul autre que Madonna en personne.

La chanteuse marcha aux côtés de Taehyung jusqu'au milieu de la scène, avant de rejoindre ses danseurs, puis le jeune ténébreux fut rejoint premièrement par Seokjin qui se mit à défiler fièrement à ses côtés. Et enfin, tous deux rejoignirent le centre de la scène où se trouvait le beau blond qui se leva pour les accueillir. Sous les applaudissements et les riffs de guitares, les invités se mirent à applaudir et sifflaient dans tous les coins, les photographes s'arrachaient les places pour prendre leurs meilleurs clichés.

Si Jimin avait attiré son regard dès la première seconde où il l'avait vu, Jungkook ne pouvait tout simplement plus détacher ses yeux du magnifique patron de V MODA.

Taehyung était d'une beauté sans pareille, bien qu'il était difficile de s'imaginer qu'il pouvait correspondre à un autre adjectif. A la hauteur ainsi qu'à l'image de ses créations, il était vêtu d'un ensemble de costume noir, sa veste était légèrement rayés de lignes blanches, et sur son revers gauche nichait une parrure de fleur rouge. Sous sa veste volontairement ouverte, Taehyung portait une splendide chemise en jean, qui laissait entrevoir la naissance de son cou, sur lequel pendait un fin collier argenté, et à son bout, un pendentif doré. On aurait dit une sorte d'étoile, Jungkook n'en savait rien, mais c'est ce qu'il avait pu imaginer.

Que dire de son visage, si ce n'était qu'il avait certainement été dessiné par les Dieux. Les traits de sa mâchoire était parfait et bordel, Taehyung aurait clairement mérité sa place dans le plus grand musée d'art rien que pour son faciès. Son teint était à tomber, légèrement hâlé et peu maquillé, on pouvait même deviner son petit grain de beauté sur le bout de son nez. Ses yeux étaient encore plus envoûtant que l'odeur du parfum qui continuait de flotter dans la salle, et ce bâtard (pensa Jungkook) avait eu l'idée de porter des lentilles bleues tirant sur le gris. Ou gris vert. Ouais. Encore fallait-il le remarquer, mais la façon dont les sourcils de Taehyung se fronçaient lorsqu'il scannait la pièce ne pouvait que rendre visible ce regard de braise dont lui seul connaissait le secret. Sans oublier ses cheveux noirs corbeau qui était légèrement coiffés sur sa tête, dont quelques mèches tombaient juste au-dessus de ses paupières.

Le dernier détail se trouvait sur le lobe de son oreille gauche, une petite boucle d'oreille rouge rubis aux ornements argentés.

Pas étonnant que Taehyung soit surnommé le roi de l'excellence, après tout.

La mode n'était à pas lui, il était la mode.

Alors qu'il était encore en pleine observation, le regard de Jungkook croisa celui de son concurrent qui ne lui adressa pas même un sourire, avant d'enfin descendre de la scène, portant à son bras la main de son amant de toujours.

Alors voilà quelle était la cible à abattre.

— Bonsoir, Monsieur Jeon.

Quittant (enfin) sa chaise, Jungkook fut attiré par un représentant de la maison Prada, tandis que dans son dos, à quelques mètres, Taehyung rejoignait Namjoon et Yoongi.

— Je vous avais bien dit qu'ils seraient tous éblouis, pas vrai Nam ?

— Evidemment, Taehyung, votre travail est incroyable. Je suis heureux que nous ayons pu mêler Attraction à ce défilé.

— Je vous remercie mes amis, mais toute la gloire ne revient pas seulement à moi. Hoseok à fait un travail extraordinaire, et Namjoon, Jimin et toi pouvez être fier du votre. Yoongi, je te remercie d'avoir organisé un si bel événement, et bien joué pour Madonna.

— En parlant de Hoseok, quelqu'un sait où il est ? demanda Jimin, souriant comme jamais.

— Je crois l'avoir vu là-bas, vers le...

— VOUS ÊTES LA !

— En parlant du loup, ajouta Seokjin, un petit sourire aux lèvres avant de hausser les épaules.

La petite tête platine du jeune créateur apparut alors, joyeux comme jamais au beau milieu du groupe. Oh oui, Hoseok était à cet instant, et de loin, l'homme le plus ravi du monde, après avoir pu exposer ses talents aux côtés de son ami et patron, et surtout, pour avoir eu la chance la plus incroyable d'avoir pu habillé la grande Madonna en personne.

— JIMIN ! TU Y CROIS ? CETTE ROBE, ELLE EST DE MOI ! dit-il en criant, comme si on ne pouvait pas l'entendre.

— Oui, oui ! J'ai vu Hoseok, répondit le blond, amusé. Tu sais, moi aussi j'étais dans les coulisses avec vous.

— Mon Dieu... J'avais dit à Taehyung que je rêvais d'avoir Lady Gaga, mais je ne m'attendais pas à ça quand il m'a dit qu'il avait mieux !

Hoseok se retourna face à son ami, lui offrant son plus beau sourire avant de s'abaisser un peu avant, montrant son respect.

— Merci, encore merci, pour tout.

Taehyung s'approcha de lui après avoir lâché la main de son amant, puis il tira Hoseok dans une étreinte fraternel, tapotant légèrement son dos.

— Ne me remercie pas, tu as un véritable talent Hoseok. Tu le méritais amplement et c'était un honneur pour moi que de t'avoir à mes côtés pour cette collection.

— Nous devrions aller prendre un verre les gars. Taehyung, il me semble que les journalistes attendent, ajouta Yoongi, s'approchant d'eux.

Les autres hochèrent la tête, puis le noiraud les quitta à contre-cœur, leur promettant de vite les rejoindre, avant de disparaître dans la foule qui acclamait encore ses exploits.

(*4) Jimin le regarda s'éloigner, puis il suivit Hoseok et les autres près d'un des bars, afin d'aller trinquer à la réussite de ce beau défilé. Les quatres jeunes hommes prirent le temps de se féliciter entre eux, Hoseok clamant toujours sa fierté de travailler aux côtés et pour le grand Kim Taehyung, puis à son tour, il fila et traversa la foule pour saluer de vieux amis.

Quelques personnes vinrent auprès de Jimin, afin de le saluer, ne manquant pas de gratifier sa magnifique tenue, et le jeune homme les remercia avant de se concentrer à nouveau sur la conversation de ses amis, qui se mêlait déjà à l'ambiance musicale.

— Il me semble que Taehyung à pris la peine de le placer juste au devant de la scène, j'ose espérer qu'il n'a rien raté du spectacle, termina Seokjin, buvant son verre avec intérêt.

— Il était là, je l'ai vu arrivé. Je peux te dire qu'il était clairement sur le cul, ce gamin a enfin pu se rendre compte à qui il avait à faire. Quand on prépare une guerre, autant savoir qui est notre ennemi.

Fronçant les sourcils, Jimin se rapprocha de Yoongi, ce qui le fit tressauter de surprise.

— Vous parlez de Jeon ?

— Hm, dit Seokjin en hochant la tête, finissant son verre. Je me demande bien où il est, il sort toujours de nul part. On dirait que ce gars sait toujours quand entrer en scène.

— Tu disais ? ajouta Yoongi, en donnant un coup de coude au grand brun.

En même temps, Jimin suivit de Seokjin tournèrent la tête dans la direction que l'argenté avait désigné du bout de son menton, et ils virent alors le fameux Jeon Jungkook, qui semblait en pleine discussion avec un groupe de femmes.

Au moment où Jimin commença à le détailler de la tête au pied, le jeune homme, comme s'il avait pu sentir qu'on le dévisageait, tourna la tête en sa direction, lui offrant un petit sourire charmeur. Jimin détourna la tête aussitôt.

— Qu'avez-vous pensez de ce défilé, Monsieur Jeon ? Votre père était le grand ennemi de la maison V MODA, n'est-ce pas ?

Passant sa langue contre sa lèvre inférieure, Jungkook se mit à rire doucement, rapportant son attention à ses interlocuteurs.

— Ce que j'en pense ? Voyons, je ne suis pas critique de mode.

— Alors vous et Monsieur Kim avez de bonnes relations ? demanda une femme, curieuse d'obtenir les derniers potins.

Ce que la mode pouvait être un monde de fouine.

— Oh... Et bien, je ne sais pas comment nous pourrions qualifier cela. Monsieur Kim et moi entretenons aucune relation particulière, mais cela ne saurait tarder.

— Voyez-vous ça ? Dites-nous en plus ! Allez ! insista une autre, taquinant gentiment le jeune homme.

— Mesdames... Bonsoir, intervint une voix rauque.

Se retournant légèrement pour savoir d'où elle provenait, Jungkook ne fut pas surpris de découvrir la carrure de son concurrent, juste là, à sa droite.

— Monsieur Kim ! Nous parlions justement de vous !

— Comment se porte la maison Chanel, Mademoiselle Sun ? demanda Taehyung, tel le gentleman qu'il était.

— Je vous en prie, vous me flattez ! Je ne suis plus si jeune !

— Vous portez toujours ces robes à merveille, vous m'en verrez désolé d'être honnête.

La dame se mit à rire derrière sa main, puis Jungkook, tenant toujours sa boisson dans le creux de la sienne, tourna la tête vers son aîné.

— Vous vouliez me parler, Monsieur Kim ?

— Loin de moi cette idée Jeon, je venais seulement saluer ces dames. Maintenant, veuillez m'excuser.

(*5) Mais au moment où Taehyung commença à tourner les talons, Jungkook s'excusa auprès de ces dames et marcha sur ses pas, arrivant à le rattraper.

— Vous voulez m'impressionner, n'est-ce pas ?

— N'est-ce pas le cas, Jeon ? demanda Taehyung, marchant toujours doucement, gardant son regard fixé vers l'horizon et saluant aimablement ses invités d'un rapide hochement de tête.

— Vous avez beaucoup de talent, c'est vrai.

— Alors vous admettez votre défaite ?

— Défaite ? La partie n'a même pas encore commencé.

Taehyung s'arrêta alors, laissant sa tête retomber dans ses épaules, fronçant les sourcils.

— Vous pensiez vraiment que je vous laisserais le temps de...

— Messieurs ! Nous vous cherchions !

Les deux jeunes hommes furent coupés dans leur discussion et se retournèrent en même temps, apercevant les deux investisseurs américains arrivés jusqu'à leur hauteur.

— Monsieur Kim, Monsieur Jeon, les salua le premier, leur tendant la main.

— Messieurs, ravi de vous voir. Le défilé était-il à votre goût ? demanda de suite Taehyung, ignorant le regard persistant que lançait Jungkook à l'un d'eux.

— C'était juste incroyablement beau, je ne saurais quoi dire au fabuleux créateur que vous êtes. Il en est de même pour vous, Monsieur Jeon.

A sa remarque, Jungkook dévia le regard, secouant légèrement la tête afin de le remercier. Il ignora à son tour la façon dont Taehyung venait de se gratter le fond de la gorge, l'air de dire qu'il n'en pensait pas moins.

— Avez-vous pu faire votre choix Messieurs ? demanda alors Jungkook, relevant fièrement la tête.

Bien que le travail de Taehyung était d'une qualité sans pareille, il fallait savoir que l'orgueil du plus jeune était tellement énorme, qu'il était d'ores et déjà certain d'avoir gagné la partie. Et puis, le petit regard aguicheur de l'un des investisseurs ne pouvait que l'encourager à penser ainsi.

— A vrai dire..., reprit le premier homme, croisant les bras contre sa poitrine. Nous avons trouvé vos travaux forts intéressants, et il est assez difficile pour nous de faire un choix à l'instant T. Il serait plus judicieux de prendre le temps d'y réfléchir, et nous avons donc contacté nos bureaux avant-hier. Nous avons une proposition.

— Oui ? répondirent les deux créateurs en même temps, non sans lancer un regard noir à chacun.

— Notre agence demande à vous voir en personne, à New-York. Dans ce cas, si vous acceptez, nous pourrons nous réunir sur place, afin de prendre notre décision. Vous pourrez également visiter nos locaux et faire le tour du marché.

De l'autre côté de la grande salle, Jimin, Jin et Yoongi sirotaient leurs boissons sans se soucier du temps qui défilait. Malgré tout, le blond commençait à trouver le temps long, loin de son petit-ami. Il pouvait le voir de là où il était, debout et droit comme un pique, un air bien sérieux sur le visage, et surtout, aux côtés de celui qui commençait à nourrir ses nerfs chaque jour.

— Dites, vous pensez qu'ils discutent de quoi là-bas ? demanda-t-il, sans quitter Taehyung des yeux.

— Je me demande surtout si Jungkook tient réellement à sa vie, n'importe qui sait que c'est dangereux de se tenir aussi près de Taehyung sans y être invité, répondit Seokjin, en se rapprochant de lui.

— Ils parlent certainement affaires, les Américains sont là pour ça. Vous devriez laisser les choses se faire d'elles-mêmes au lieu de jouer aux fouines.

— Je ne fais pas la fouine, ajouta Jimin, en faisant la moue à l'argenté. Je trouve juste que Taehyung à l'air énervé.

— Tu l'as déjà vu sourire à quelqu'un d'autre que toi ?

— Pas depuis deux ans, enfin, pas sincèrement maintenant que tu le dis... souffla le blond, voyant que son petit-ami venait de sortir discrètement son téléphone de sa poche.

— Qu'est-ce qui pourrait lui faire tirer cette gueule... ajouta Seokjin, avant que le son de son portable ne le coupe dans son discours.

Jimin, qui jusque-là fixait son amant en essayant de déceler ce qui pouvait bien le tracasser, tourna la tête vers son ami, fronçant les sourcils.

— Un problème ?

— Vois par toi-même, reprit Seokjin, en lui tendant son portable.

Imitant le blond à sa demande, Yoongi se rapprocha lui aussi, avant de poser les yeux sur l'écran.

"Ne prévois rien pour la semaine prochaine. Nous serons à New-York. Tu sais ce qu'il te reste à faire."

Les fixant avec des gros yeux que Jimin appelaient souvent "yeux de poisson globuleux", Seokjin souffla un bon coup, avant de relâcher la pression de ses épaules.

— Vous savez maintenant pourquoi il avait l'air si énervé... Ça promet.