Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Les vieux jours - Partie 4

Strasbourg, 4 janvier 2000

Une chambre double. Des volets fermés. Ici, les murs verts et bleus étaient aussi ternes que l'armature grise et grinçante du lit d'Iris. Elle était simplement assise sur son matelas raide, ses yeux bruns écarquillés dans cette obscurité à peine mitigée par les froids rayons du jour.

Seule une armoire blanchâtre la séparait de la couche de sa voisine, une quadragénaire diagnostiquée maniaco-dépressive. C'était tout. Du reste, elle n'était pas seule, la nuit. Mais il n'y avait pas Albert. Mais je ne suis pas seule..., tenta-t-elle de se convaincre, les dents serrées. Non... Albert... Lui, c'est lui, c'est lui qui est seul, à cause de moi... Si je n'étais pas... une gamine... Si j'avais ne serait-ce que grandi...

Cette culpabilité interminablement cruelle mordit une énième fois ses tripes. Quelle heure était-il ? Peu lui importait. Qu'avait-elle mangé ce midi-ci ? Elle ne s'en souvenait plus. Elle se sentait purement et simplement noyée, ici. Seuls des malades l'entouraient, et elle n'avait comme compagnie que quelques livres sur lesquelles elle était incapable de se concentrer.

Car, sur chaque page, c'était les visages de son compagnon, de sa sœur, d'Anna, qui en recouvraient les lettres noires.

Paraissait que, ce jour-ci, elle allait recevoir de la visite. Elle n'avait pas demandé à l'infirmière le pourquoi du comment. Elle espérait simplement voir Albert, uniquement Albert, et sa face rectangulaire et ses petites prunelles foncées et son sourire si tendre. Si jamais sa famille se ramenait ici... Qu'allait-il se passer ? Se souvenait-elle au moins correctement de leurs figures ? Avaient-ils beaucoup changé ?

C'était trop pour elle. Elle serra les poings, puis les dents ; ses pupilles, elles, la brûlaient déjà. Elle était incapable d'empêcher ce désespoir de l'étouffer. Une nouvelle fois, elle allait pleurer, dans cette chambre double, entre les murs verts et bleus et ternes, sur son lit à l'armature grise et grinçante. Puis, on frappa trois coups à la porte.

Elle se releva brusquement, hagard. « Mademoiselle Ralle ? » s'éleva une voix étouffée. L'infirmière... dont j'ai oublié le prénom. Elle déglutit avec difficulté, tremblante de tous ses membres. Il était là, derrière ce battant. Je veux le revoir. Mais je vais lui faire de la peine. « Mademoiselle Ralle, votre compagnon est arrivé. » Je suis dans un état lamentable. Je suis une loque. Il ne voudrait pas...

« Vous pouvez entrer. »

Elle sursauta en entendant son propre timbre ténu au possible. Elle était égoïste au point de ne pas épargner son petit ami. Non... Je pense encore de façon biaisée, c'est ça ? C'est ce qu'a dit la psychologue, c'est ça ? « Monsieur Pfund », l'invita la fonctionnaire. La lumière qui suivit aveugla presque Iris. Elle ferma les paupières, pour les écarquiller lentement en voyant le jeune homme.

« Une personne à la fois », sembla rappeler la soignante avant de repartir. Puis, Albert s'avança calmement vers Iris. Elle crut mourir face à son petit sourire triste. Elle se revoyait, dans ce bar, il y avait cinq ans de cela...

Anna, se souvint-elle brutalement. « Iris », murmura le jeune actif. Il ouvrit les stores dans un bruit métallique, s'accroupit en face d'elle, et lui prit doucement les mains. « Tu ne devrais pas rester dans le noir comme ça. On m'a dit que tu ne sortais quasiment pas de cette pièce... » Ses chaussures crissèrent contre le sol stratifié ; il la gratifia d'un air dont elle ne réalisa la tendresse qu'à cet instant-là. Peut-être ses œillères partaient-elles lentement. Non. Non, quelque chose flottait, derrière le marron des yeux de son partenaire.

« Tu m'as manqué », commença-t-il, le menton bas. « Pendant ton isolement... » Il inspira un coup. « Ne m'en veux pas, d'accord ? » Le cœur de l'intéressée rata un battement. Elle avait ressenti des remords, lorsqu'il l'avait laissée ici, mais cela était pardonné depuis deux ou trois journées. Alors...

« J'ai contacté tes parents. Je ne pouvais pas leur cacher ton hospitalisation », rit-il avec nervosité. « Et puis... Cela ne regardait pas mes amis. Il fallait juste... comprends-moi... que je partage ce qu'il se passe avec quelqu'un, tu vois ? Mais ce n'est pas le sujet », se reprit-il subitement. « Toi. Comment tu vas ? »

Silence. Iris se contenta de le dévisager, interdite au possible.

« ... C'est tout ? laissa-t-elle tomber.

— Hein... ?

— Mes parents. C'est tout ?

— Ah, oui, bafouilla-t-il. Enfin, ils ont mis Isis au courant, et... »

Elle lâcha les paumes de son amant, pour enlever faiblement sa monture rectangulaire. Là se permit-elle se laisser ses larmes rouler sur ses joues. Ces pleurs-ci étaient muets. Peut-être était-ce la raison pour laquelle Albert se mit à balbutier encore, manifestement pris de court. Mais elle caressa sa courte coupe foncée avant qu'il ne déblatère un long discours pour se justifier. Il lui suffit d'un regard pour qu'elle lui transmette ce soulagement immense. « Albert... », s'étrangla-t-elle. Elle contracta brièvement les mâchoires. « Merci. »

Maintenant... j'ai l'impression d'être un peu moins dans le noir qu'avant... Cependant, elle ne lui sortit pas une phrase pareille. Et puis, le long soupir que laissa échapper l'autre l'aurait de toute façon coupée. Il se détendit illico, comme si on venait de lui ôter un poids immense de ses épaules.

« Bon sang... J'ai cru que tu allais me maudire...

— Qu'est-ce qu'ils ont dit ? chuchota-t-elle.

— Eh bien... »

Il s'installa à côté d'elle. « Ta mère a voulu nier, ton père l'a remise en place. Il a ensuite appelé Isis. Et... il s'est passé quelques petites choses, ensuite. C'est-à-dire qu'ils sont... tous les trois... dans la salle d'attente. »

Longues secondes. Iris cligna les paupières avec confusion.

« ... Quoi ? chevrota-t-elle. Qu'est-ce qu'ils font là ?

— Ils viennent te voir. Si tu acceptes, bien entendu, se précipita-t-il. Sinon, ils m'ont transmis une lettre. Enfin, de lettre, il n'y en a pas qu'une...

— Comment ça ?! »

Il recula dans un sursaut.

« Iris, calme-toi, débita-t-il. Je vais d'abord te donner celle de ton père, de ta mère, et de ta sœur, d'accord ? Ensuite, on verra.

— Donne-les moi, siffla-t-elle.

— Oui ! Oui. »

Oui, et il sortit de son jean raide un premier papier plié en quatre. Les prunelles brunes de l'hospitalisée en décryptèrent la moindre phrase. Elle ne les enregistra pas toutes. Seulement ces « nous sommes désolés », « notre absence est impardonnable », « nous comprendrons si tu ne veux plus entendre parler de nous. »

« Iris, nous t'aimons du fond du cœur. »

Elle bloqua un moment. Un ploc brisa le mutisme lourd qui l'enveloppait. Était-elle en train de chialer là-dessus ? Oui, ses larmes rejoignaient les traces de celles qu'avait également déversé le trio sur cette feuille. Elle le voyait, à ces petits ronds plus gris que le reste. Ces enfoirés avaient pleuré. Elle reposa ce mot sur ses genoux frêles avec lenteur.

« ... Et la seconde ? » souffla-t-elle, la gorge nouée. Albert la lui tendit dans une tension qui ne lui dit rien de bon. Et, en effet, le contenu de cette missive-ci l'acheva. Elle resta pantoise. Elle la parcourut de nouveau. Elle pinça les lèvres, relut, commença à trembler, relut, sera les dents à s'en péter les molaires, relut, explosa en sanglots.

« Iris,

« Cela fait bien trop longtemps. Je n'ai pas de mot pour décrire ce que je ressens en écrivant ces mots. Isis, tonton et tata vont certainement dire la même chose ; toutefois, au risque de les imiter, je te supplie de me pardonner.

« Je ne t'ai jamais quittée des yeux, et je ne pouvais faire que cela. Les choses ont été compliquées, durant ces dernières années. En réalité, je ne suis pas même censée te contacter. Il a fallu que ma blondinette s'en mêle. Si tu te souviens bien d'elle, elle peut être un peu bornée...

« J'ai donc fait une exception. Et cette bougresse m'a reprochée la seconde « exception » que je me suis permise de prendre, celle que tu vas lire. Mais, au point où j'en suis, presque plus rien ne m'importe que toi et ta sœur. Car, je vous l'ai déjà dit, vos deux bouilles me manquent affreusement. Alors, même s'il m'a fallu trois siècles pour me bouger le cul...

« Un gâteau au chocolat vous attend, toi et Isis, dans un trou paumé de l'ouest de la Bretagne. »

***

Finistère, 15 janvier 2000

Cette fois-ci, Anna et Nathalie s'étaient retirées dans une bâtisse de pierre d'autant plus perdue que la précédente, juste entre Ploudalmézeau et Brest, sous conseil de ce cher ami de Stéphane. Trop risqué, de rester si près du village. Surtout pour accueillir ces deux jumelles qui sortaient tout juste d'une Renaud grise, escortées par un Onya-Kopon un poil mal à l'aise.

Il faisait gris, froid, triste, dans cette cour aux herbes folles et figées, entourée de hautes haies en friche. Ces trois adjectifs résumaient tout à fait l'expression collée sur la face à la fois ronde et amaigrie d'Iris. Elle possédait toujours son carré roux et sa frange, bien qu'ils paraissaient plus négligés. Elle portait toujours des lunettes rectangulaires et grises. Du reste, bien trop de choses avaient changé, en cinq ans, et cela frappait presque la blonde en plein bide.

Le pantalon bleu de la jeune Ralle était bien trop large pour elle... et ce n'était pas dû à un mauvais choix de taille, puisqu'il lui arrivait bien aux baskets. Les poings qu'elle serrait, sous les manches de son manteau, paraissaient presque squelettiques. Squelettique... Cela aurait presque pu s'associer à sa figure. Elle était si pâle que plus une seule tache de rousseur n'y était visible ; et les profonds cernes marquant ses yeux bruns témoignaient d'une souffrance trop fortement enracinée.

Et pourtant, quelque chose s'alluma dans ses pupilles dès qu'elle les posa sur Anna.

Celle-ci se tenait non loin, le menton bas. Mal à l'aise, qu'elle était. Tu m'étonnes. Elles vont voir tes débuts de rides, déjà... Et les miennes aussi, réalisa Nathalie. Le temps passe trop vite, bon sang. Elle prit une longue inspiration, en chœur avec sa compagne. Le silence qui pesait sur les quatre femmes était à la limite du supportable.

Puis, Isis fit un pas ténu en avant, tremblante de pied en cap. « Tu te fous de nous, Anna », chevrota-t-elle au-dessus du vent. « Cinq ans... Cinq ans sans rien... et tu nous rameutes ici, en Bretagne, comme une fleur ? » L'intéressée serra simplement les dents.

« Qu'est-ce que t'as foutu, pendant toutes ces années ? » Pas de réponse. « Pourquoi ce silence radio ? » Mutisme complet. Isis marcha à grands pas vers elle. « Réponds-nous ! » cria-t-elle. Nous ? Elle ? Nathalie se tourna avec confusion vers... Iris, laquelle s'était également avancée, les paupières écarquillées. Et, surtout, le regard noir.

Le lien qui liait les jumelles était d'une instabilité terrible ; mais plus les secondes passaient, plus il se renforçait. Cela était sûrement éphémère. Une petite gueulante, et elles allaient retourner dans les différents que l'ancienne scientifique, et seconde gérante de la Résistance, avait créés. Elle ouvrit d'ailleurs la bouche, après avoir laissé couler une unique larme. « Je devais vous garder en sécur... »

Elle fut coupée net par la mandale que lui mirent les deux sœurs.

Une joue chacune, qui rougirent très vite. « Va te faire foutre ! » hurlèrent-elles en même temps, de cette même voix déchirée. Anna les dévisagea dans une stupéfaction que Nathalie n'avait plus vue depuis longtemps. ... Ouah, finit par penser la plus âgée. Le jeune Onya-Kopon aussi béait, accompagné par Albert et un Sam qui ne comprenait rien à rien, éventuellement car il ne causait pas français.

« On choisit si on se met en danger ou pas, gronda Isis. Tu te rends compte de ce que ton absence a créé ? J'ai été jusqu'à quitter ma sœur. Ma sœur, bordel, car j'étais trop perturbée pour la voir se faire bouffer de l'intérieur ! T'as fait de moi une pute, et d'elle, une dépressive ! T'es fière de toi, tu veux une médaille ?!

— Non..., murmura leur cousine.

— Tant mieux, car j'en n'ai pas sous la main ! T'es... tu es... Putain, j'ai même pas les mots... Iris, dis un truc, je sais pas ! »

L'apostrophée trembla simplement, la respiration sifflante. Elle chancela éventuellement, puis porta une main à son front. « Je suis... fatiguée... », énonça-t-elle difficilement. « Juste... Explique-nous ce qu'il s'est passé, qu'on en finisse. Je veux dormir... », gémit-elle.

Cela seul plomba l'ambiance. Les deux amantes échangèrent un coup d'œil : l'état de la jeune femme était bien plus inquiétant que ce à quoi elles s'attendaient. Onya-Kopon a pesé ses mots... Et désormais, quel état le mieux ? Leur raconter tout ? Puisqu'on en est là, il n'y a plus de retour en arrière possible. On ne peut pas leur mentir. On ne peut pas les renvoyer comme ça, ou leur situation s'empirera. Alors...

Alors, elles invitèrent les deux jumelles et leur compagnon respectif dans le salon minuscule aux fauteuils, à la tapisserie, au plafond vieillots. Du jaune, partout. Aucune télévision, des meubles foncés – et certes solides –, et un pauvre tapis qui n'étouffait pas même les grincements du plancher.

La température de cette pièce leur servant d'entrée brûla les joues de la quadragénaire. Comme toujours, elle s'installa dans un coin, à côté d'Onya-Kopon. La face carrée et noire de celui-ci était plus tendue que jamais. Elle ressemblait terriblement à celle de Francis. Ils n'étaient pas cousins pour rien.

Elle fut vite tirée de ses pensées lorsque sa compagne se mit à raconter toute cette histoire. Elle n'avait pas même pensé à leur proposer café, thé, ou chocolat chaud. Elle était nerveuse jusqu'à la moelle. Elle se grattait machinalement le bras, se mordait la joue durant ses pauses, fuyait Iris et Isis du regard. Puis, elle conclut sur un beau « être Résistant n'est pas une vie que vous voulez mener » qui n'enchanta aucune des deux...

... tant et si bien que, durant leur séjour ici, elles bataillèrent comme des beaux diables pour les rejoindre.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro