voilà bien cinq minutes que notre milieu de terrain favori tapait du pied sur le sol à se demander si il devait continuer de lire les bêtises du brun. devait-il plutôt lui envoyer un message ou l'appeler pour lui demander ce qui lui était passé par la tête ?

jude s'empara plutôt de la troisième lettre, cela ne serait-il pas du gâchis de ne pas toutes les lire maintenant qu'elles avaient été écrites et postés ? il se réconforta dans cette version des faits plutôt que de s'avouer piqué par la curiosité que cachait tous ces morceaux de papiers, et aussi un peu par lâcheté.

"dit moi, qu'as-tu pensé de moi à notre première rencontre judy?"

était-il seulement possible de faire pire comme première rencontre? tomber pour la première fois sur un type et le voilà à la fois assimilé à votre ennemi numéro un avec en plus sous chaque bras deux amis cher à votre cœur dans un état catastrophiques.

pour jude, caleb avait fait une belle entrée en matière niveau pourriture.

"je ne m'attends pas à ce que tu es remarqué mon regard de biche ou les traits de mon visage si bien dessiné alors que je pouvais clairement deviner un regard rempli de haine derrière tes lunettes débiles.. mais j'avoue m'être toujours posé quelques questions."

il avait remarqué bien plus tard, à tête reposée, l'apparence soignée du brun qui contrastait avec son caractère insupportable. caleb avait un charme indéniable, un art de manier ses mots avec brio et des yeux à vous en retourner toute la nuit. même sa manière désinvolte de marcher avait fini par attiser le regard du châtain. quel gâchis quand ce type est le mot calvaire en personne.

mais dans leurs premiers échanges, ses jolis yeux étaient passés au tout dernier plan. il n'était qu'un imbécile imbu de lui même et assez stupide pour se croire plus intelligent que ray dark.

"genre, as-tu ressenti au moins un peu de peur? t'ai-je déconcerté? toi le grand jude sharp qu'on m'a vendu pendant des mois comme un dieu vivant, ai-je réussi à te mettre en péril ? as-tu pensé que tu pouvais perdre contre moi, ou comme ray dark tu pensais d'avance que je n'étais qu'un tas de merde à côté de toi?"

l'ancien capitaine de la royale s'arrêta un instant, repliant légèrement la lettre du brun. il est vrai que la situation l'avait clairement dépassé ce jour la, et il s'était laissé aller à ses émotions, chose qui n'était pas dans ses petites habitudes et encore moins sur le terrain. il avait toujours résonné que c'était de la faute de l'état dans lequel david et joseph se trouvait, c'était la douleur de ses amis qui l'avait déconcentré.

" j'ai déjà ma réponse, mais entendre l'inverse de ta bouche me plairait."

caleb y était-il pour quelque chose ?

il ne lui avait définitivement pas fait peur, dans le sens l'avoir terrorisé et le faire s'effondrer. mais peut-être qu'au fond de lui, une peur s'est installé de voir quelqu'un tomber aussi bas que lui l'avait été encore une fois à cause des méthodes de son coach de l'époque.

jude n'avait pas eu peur de caleb, mais peur pour lui, au même titre que pour ses meilleurs amis.

le milieu de terrain frappa son front à plusieurs reprises avec la lettre de ce dernier. quelle blague ! au milieu de toute sa haine, de toute sa rancoeur, s'était installée discrètement une angoisse pour le brun. de l'empathie. sérieusement, comment avait-il pu se laisser attendrir par une raclure qui ordonnait à son ami de continuer une technique fatale ?

"quoique, même si tu t'étais pissé dessus à cause de mon show tu l'emporterais dans ta tombe avec ton égo à deux balles"

ce jour là, l'esprit de jude pourtant embué par les cris de douleur de ses amis; la peine de tous ses coéquipiers; tout ça causé par un garçon inconnu avec une crête étrange, s'est pourtant inquiété de l'état dans lequel il allait se retrouver après sa défaite. une toute petite part de lui s'inquiétait des représailles que ray dark réservait sur ce joueur vantard qui ne savait rien.

et quand il l'avait réalisé, alors que le corps à bout de force de son ami était dans ses bras, ça lui avait vraiment donné la gerbe.

"et moi, j'emporterai dans ma tombe que souvent je regrette ce que j'ai fais."