septième lettre
le temps est l'un des nombreux sujets que les hommes ne cesseront jamais d'en débattre. doit-on en avoir peur ? cette entité incontrôlable nous entrave-t-elle ? ou au contraire, nous rend-t-elle vivant car mortel ? la seule chose que jude savait au moins, c'est que du temps, il en avait terriblement besoin.
chaque pas dans le quartier japonais, l'heure de ses repas, ses propres stratégies de jeu... tout avait été éplucher au peigne fin pour l'éviter de croiser un maximum un certain joueur. jude faisait réellement n'importe quoi, il en était à réussir à reconnaître celui qu'il cherchait à éviter rien qu'au bruit de ces pas alors même qu'il était bien à des dizaines de mètres plus loin.
et le plus stupide, c'est qu'il n'avait aucune idée de pourquoi il agissait ainsi. même david, loin de vouloir jouer l'avocat du brun ne comprenait pas l'étrange comportement de son ami. avant toute cette histoire de suspicion, de trahison, jude avait sincèrement commencer à vouloir découvrir l'humain caché derrière le masque de caleb stonewall. ils parlaient et s'entraidaient beaucoup, ce n'était pas étonnant de les voir s'entraîner ensemble, et maintenant que les quiproquos sont résolus, que la "taupe" se trouve être lavé de tous soupçons, machine arrière totale de la part du numéro 14.
"tu aurais vu la tête de ta sœur quand je suis venu lui emprunter son parfum. c'est l'idée la plus pétée que j'ai trouvé et que je trouverai de toute ma carrière. je sais pas, à force de te voir partir dix villes plus loin à peine j'arrivais dans ton champ de vision, c'était à se demander si je puais tant que ça."
jude se sentait pris au piège par ses propres décisions, comme si tous ces changements et nouvelles habitudes ridicules n'allaient pas sauter aux yeux du brun. il lui offrait une nouvelle fois un joli cadeau sur un plateau d'argent : de la matière pour se moquer de lui pour encore au moins quelques mois, voir années.
"tu sais, ça n'a jamais vraiment été mon truc le jeu du chat et de la souris."
au fond, le châtain avait fini par se faire une raison, il évitait caleb parce que quelque chose avait changé, quelque chose d'incontrôlable et d'incontrôlé. quelque chose qu'il refuse. hors de question de ne serait-ce que d'y accorder trente secondes de son temps, toute son énergie et son talent d'analyse n'avait sa place que sur un terrain de football.
« alors j'ai essayé d'attendre, je me suis dit que mature et sérieux comme tu es, tu allais forcément te rendre compte que tu agissais comme un parfait abruti. quand même les moins futés de l'équipe arrivaient à se moquer de toi et à trouver certaines de tes nouvelles manies ridicules... franchement à ta place je me serai enterré ou j'aurai dépensé tout l'argent de papounet dans une nouvelle identité et un relooking total pour mener une nouvelle vie tellement j'aurai eu honte. d'ailleurs, ça t'aurais fait du bien à toi et à tes affreuses lunettes. »
jude fit une pause dans sa lecture, retirant les dites lunettes de ces yeux pour pouvoir les frotter vigoureusement, espérant pouvoir chasser l'épuisement et la frustration de se revoir dans cette mauvaise passe à travers le mots du brun. si il devait se montrer "mature et sérieux" alors oui, il devait avouer qu'il avait fait n'importe quoi juste pour placer son esprit ailleurs. comme par exemple, se lever en pleine nuit pour s'assoir dans leur salle commune et regarder à nouveau les vidéos de leur prochain adversaire pour élaborer des stratégies à 4:00 du matin. il l'avait fait plusieurs fois, c'était efficace et ça lui permettait de le rassurer : son cerveau n'avait aucun problème, son équipe n'allait pas pâtir de sa démence.
et puis un soir — ou plutôt un matin —, il fut surpris dans un de ces rendez-vous nocturne par une tête brune qui n'en pouvait plus de se faire réveiller tous les soirs par le résident de la chambre en face de la sienne, dévalant les escaliers à toute vitesse entre 2:00 et 5:00 du matin.
"mais bon visiblement, j'ai été aussi patient que tu étais chelou, judy"
seule la lumière vacillante de sa lampe torche illuminait la table encombrée de papiers où il s'était installé.
d'où son sursaut monumental lorsqu'il avait été sorti de sa transe par une main ferme lui volant le crayon qu'il maltraitait depuis trois jours à griffonner comme un cinglé. debout derrière lui, caleb stonewall, scrutant avec un regard critique les schémas éparpillés sur la petite table en bois.
"dis moi, combien de temps aurait duré ton cirque si j'étais pas venu vers toi en premier ?"
« si c'est pour pondre des merdes pareilles autant me laisser dormir » lui avait lâché le brun. jude était incapable de répondre à sa pique sous l'effet de surprise. il tentait de reprendre son sang froid quand caleb lui, s'était incliné pour pouvoir atteindre une des feuilles et s'amuser à rayer les premiers incohérences qu'il voyait en sifflotant. prendre conscience que ses stratégies ne tienne pas la route ça ne fait jamais plaisir, mais quand en plus c'est l'objet de votre misère que vous cherchez à éviter depuis des jours qui vient vous le cracher au visage, ça devient vraiment gênant.
"sans déconner, y'a des jours tu te demandes comment t'as fini avec tous ces surnoms débiles qui glorifie ton génie."
une fois qu'il s'était assez amusé à décrédibiliser le châtain, il jeta le crayon sur la table avant de se redresser, continuant ses piques à l'attention du travail de jude. que lui disait-il ? aucune idée, il n'entendait rien. l'épuisement et la tension accumulée semblait avoir finalement prit le dessus alors qu'il sentait son corps s'alourdir. sans vraiment réaliser son geste, jude laissa tomber sa tête en arrière, son crâne rencontrant le ventre ferme de caleb.
jude pouvait sentir le coeur du brun battre plus fort, un rythme qui se mêlait à sa propre agitation. les deux joueurs se regardaient droit dans les yeux sans un bruit. caleb venait seulement de prendre conscience que ces stupides lunettes pendaient pour une fois à son cou, alors si son coeur s'emballait et que son corps s'inclinait malgré lui à nouveau en avant, c'était sûrement parce qu'il était captivé par la profondeur de cette mer rouge qui s'étendait contre lui. et bon sang, que c'était grisant de voir caleb stonewall perdre les pédales. voir ses yeux s'agrandirent, sa bouche entrouverte qui n'émettait pas un son.. peut-être était-ce pour garder en souvenir cette image rare du numéro 8 déconcerté qu'il avait cédé à l'impulsion irrépressible de lever doucement son bras gauche, sa main s'élevant sans hésitation pour se poser délicatement sur la joue de caleb. aucun des deux jeunes hommes n'avaient osé décrocher le regard, comme si cela allait tout briser. c'est seulement lorsque qu'il sentit une nouvelle chaleur sur sa main que jude réalisa dans quelle position il se trouvait, sa vulnérabilité, et avec qui. il avait ouvert brusquement les yeux, s'était redressé violemment, quittant la pièce à grands pas, sans un mot. caleb n'avait pas bougé d'un millimètre, sa main gauche qui lévitait toujours à quelques centimètres de son visage où n'était plus celle de jude qu'il venait pourtant tout juste de toucher.
« parce que franchement, je me demande combien je dois donner au monde pour que tu arrêtes de me regarder avec toute cette peur au fond des yeux. »
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