Tous les matins, je voyais cette fille se rendre sur le toit et observer le sol en contrebas. Sans même que je le remarque, je me mettais à la suivre. Je ne sais même pas pourquoi je faisais ça. Je devais juste psser pour un fou furieux, à toujours la suivre partout, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Je voulais la suivre. Au fond, j'étais inquiet pour cette fille. J'avais peur pour elle. Pourquoi ? J'en sais rien. Juste qu'elle avait toujours l'air triste. Je me disais que quelque chose ne devait pas aller.

Toutes les semaines, six jours sur sept, elle se rendait sur le toit, un peu avant le début des cours, et elle regardait le sol en contrebas, les bras appuyés sur la rambarde. Puis d'un coup, tout s'est accéléré. Elle est passée de l'autre côté, avait détaché ses cheveux anciennement coiffés en deux couettes et avait enlevé son cardigan jaune qui reposait désormais paisiblement sur la rambarde. Ses bras s'étaient écartés sur les côtés et ses jambes s'étaient tendus. Le moment qui suivait, l'un de ses pieds pendait au-dessus du vide.

Dans la précipitation, je hurlais :

« NE FAIS PAS ÇA ! »

Surprise, je l'ai vu sursauter. Puis, elle a basculé dans le vide avant que je ne puisse la rattraper. La dernière chose que je vis fut le visage apeurée de la fille que je n'ai pas réussi à sauver.

Mon R(egret).

❛ 31.08.19 │08:38 a.m❜