𝚁𝚘𝚜𝚎𝚜  𝚊𝚛𝚎  𝚈𝙴𝙻𝙻𝙾𝚆,  𝚂𝚔𝚢  𝚒𝚜  𝙱𝙻𝚄𝙴,  𝚞𝚗𝚍𝚎𝚛  𝚊  𝚆𝙷𝙸𝚃𝙴  𝚐𝚕𝚘𝚠,  𝙸  𝚕𝚘𝚟𝚎𝚍  𝚢𝚘𝚞.

Nous avions dormi dans une auberge pas loin du quartier où habitaient les Shirakumo. Par économie d'argent, nous dormions dans la même chambre, avec deux futons bien distincts. Pour être honnête, je n'avais presque pas fermé l'œil à cause de mes pensées trop embrouillées. Mic avait veillé avec moi jusque 3h du matin avant de sombrer dans les bras de Morphée. Heureusement qu'il ne ronflait pas.

Il s'était réveillé avant moi et m'attendait pour prendre le petit déjeuner. Nous sommes allés manger dans un restaurant sur notre chemin, puis le bilingue m'emmena chez un fleuriste. Une fois dans le magasin de plantes, Hizashi discuta longuement avec le propriétaire de la boutique. Ils semblaient se connaître. Ça ne m'étonnait pas, le blond passait probablement ici tous les ans acheter un bouquet pour le déposer sur la tombe du nuageux. Moi, le peu de fois où je suis venu me recueillir dans le cimetière, je n'avais rien ramené de tel. Les morts n'avaient besoin ni de fleurs, ni de babioles.

- Tu prends quelque chose Shota ?

Je me tournai vers mon ami qui tenait un énorme bouquet bicolore. Les fleurs jaunes étaient des roses, quant aux blanches, je n'avais aucune idée de ce qu'elles étaient, mais je les trouvais jolies. 

- Pourquoi j'achèterais des fleurs ?

- Pour chasser l'odeur de mort dans le cimetière, répliqua le blond au tac-au-tac.

Sa réponse me perturba, même si j'avais compris qu'il avait pris son ton je-me-fous-de-ta-gueule-parce-que-tu-poses-des-questions-stupides. Je lâchai un grognement puis me suis retourné vers les rangées de plantes toutes plus colorées les unes que les autres. Mon regard sceptique parcourut les plantes colorées présentées près de la vitrine.

- Vous trouvez votre bonheur Monsieur ? questionna le vendeur.

Je l'ai ignoré. J'ai continué de me balader entre les étalages en me demandant quel intérêt avait cette coutume jusqu'à apercevoir une nuance qui attira mon regard. Je m'approchai et frôlai du bout des doigts les pétales de la fleur. J'ai dû rester un moment à admirer la chose, car Mic finit par poser son menton sur mon épaule pour voir ce que je fixais ainsi.

- Bizarrement, ça ne m'étonne pas de toi, murmura-t-il d'une voix amusée. Hanae-san, on prend celle-ci aussi !

L'interpellé s'approcha et sourit.

- Voulez-vous un bouquet ?

Je secouai négativement la tête. Les fleurs coûtaient cher et je n'avais pas l'intention de me ruiner pour un fantôme.

- Je regardais simplem-

- Juste une seule, me coupa le blond.

Le dénommé Hanae hocha la tête et coupa la base de la tige, puis enroula la plante dans une sorte de film transparent décoré d'un nœud noir, avant de me la tendre.

- Voilà, un bleuet pour le Monsieur !

J'ai continué d'observer l'achat pendant que Yamada payait nos articles. 

- Ça nous fait un bouquet de roses et de chrysanthèmes, et un unique bleuet, résuma le fleuriste. De bons choix pour rendre visite à un défunt.

- Ah oui ? demanda le blond. Ça signifie quoi, un bleuet, en langage des fleurs ?

J'ai roulé des yeux. Ce principe de langage des fleurs était à mes yeux plutôt stupide. Les plantes ne signifiaient rien, elles poussaient simplement pour décorer les paysages. Choisir une plante à cause des soi-disant messages qu'elle fait passer me dépassait complètement.

- Et bien, ces fleurs sont un symbole de délicatesse et de douceur, adressées à la personne que l'on aime ! Ça reflète un amour tendre et timide et-

- D'accord, je l'ai coupé, en ayant suffisamment entendu.

Le DJ me donna un léger coup de coude.

- Bon choix Sho-chan, me murmura-t-il avec un clin d'œil.

Les rougeurs me montèrent aux joues et je quittai le magasin dans la précipitation, sans oublier de remercier le fleuriste. Quel idiot cet Hizashi, comme si j'avais envie de penser à ça ! Je secouai la tête pour remettre mes idées en place, et Mic me rejoignit à l'extérieur en riant. De l'amour ? Et puis quoi encore, je n'allais pas faire de déclaration à un mort.

- Baka, j'ai lancé au moment où il est entré dans mon champ de vision.

- Sorry, c'était pas très cool de ma part ! Are you okay ?

- Mh.

Je regrettais d'avoir choisi cette fleur. Je ne connaissais pas sa symbolique quand je m'étais arrêté devant elle, je la trouvais juste belle. Les yeux baissés sur les pétales bleutés, gêné, j'ai marmonné :

- Je me disais juste qu'elles me faisaient penser... Tu sais... À ses cheveux... Et son alter. Elles sont bleues et douces, et semblent flotter au gré du vent . . .

Le héros vocal passa un bras par-dessus mes épaules.

- You're right, elles lui ressemblent. Elles sont très belles aussi, je suis sûr qu'elles éclaireront le cimetière !

- Mmh...

- Te prends pas trop la tête sur la symbolique, t'as jamais été intéressé par ce genre de chose. C'est juste une fleur, okay ?

J'ai hoché la tête et nous avons repris notre chemin vers la maison des Shirakumo. J'étais mal à l'aise de tenir cette fleur entre mes mains. Je ne m'étais absolument pas douté qu'elle véhiculait un message d'amour. Allier Sentimentalisme et Oboro ne m'avait jamais réussi, surtout après la catastrophe qu'avait été notre relation.

Yamada était le seul à savoir que j'étais sorti avec le nuageux. Ça avait été bref mais sincère. Je ne savais pas trop quand ni comment j'étais tombé amoureux de lui, je me souvenais simplement que son sourire magnifique m'avait charmé et, sans que j'ai pu m'en rendre compte, j'étais tombé dingue de lui. Comme j'étais trop timide et que je manquais grandement de confiance en moi, ce fut le bleuté qui s'était déclaré, et, sous la panique, j'avais failli refuser. Le bilingue nous avait soutenu du début à la fin, il parlait même d'être témoin à notre mariage. Ça nous avait bien embarrassé, Oboro et Moi, car nous ne nous étions pas projetés aussi loin.

Ça avait duré un mois.

Nous nous étions fait cette promesse de monter une agence tous les trois dans le futur, nous avions commencé à y réfléchir plus ou moins sérieusement, et à peine une semaine après, le drame était arrivé. Je ne savais peut-être pas ce que ça faisait de perdre un enfant, mais je savais à quel point c'était douloureux de perdre son copain. J'aimais vraiment le nuageux, et je n'avais jamais réussi à le lui dire avec des mots, mais je n'aurais plus jamais l'occasion de le faire.

- Tu veux toujours pas en parler ?

La voix du bilingue me sortit de mes pensées. Après l'incident, nous n'en avions plus reparlé, avec Mic. Les parents du bleuté n'étaient probablement pas au courant pour nous. Et je détestais y penser. Hizashi l'évoquait toujours comme «notre meilleur ami» parce qu'il savait que me souvenir de cette relation me faisait beaucoup trop mal. Alors déposer sur sa tombe un symbole d'amour... Je serrai les dents, la mâchoire crispée.

- Je n'ai rien à dire.

Il soupira, comprenant que ça ne servait à rien d'insister. Je ne sortais plus avec Oboro, mes sentiments avaient fini par disparaître, alors aucun besoin de parler d'amour. Je n'étais pas amoureux de qui que ce soit, et encore moins d'un mort.
Nous n'étions plus ensemble depuis le jour où il a quitté ce monde.

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[ 1240 mots ]   —  19.03.2021  

A partir de maintenant, je publierai le vendredi soir à 18h et non plus à 20h  (parce que c'est tard et qu'en fait ça m'embête un peu). Donc voilà vous aurez plus de temps pour lire avant le dîner et le dodo !

Chapitre très court, je m'excuse un peu... Il était au départ fusionné avec celui d'avant, et je ne les ai pas coupé équitablement (parce que je ne pouvais pas arrêter avant le précédent). Il sert un peu de transition entre le moment où ils parlent des mamans de Shirakumo dans le train et l'instant où ils vont les rencontrer pour de vrai. Et il sert aussi à approfondir un peu la thématique "relation entre Sho et Oboro".

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Cho.