- 𝙰𝚋𝚜𝚎𝚗𝚌𝚎 - AOUT 2085
𝙾𝚗 𝚗'𝚘𝚞𝚋𝚕𝚒𝚎 𝚓𝚊𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚞𝚗𝚎 𝚙𝚎𝚛𝚜𝚘𝚗𝚗𝚎. 𝙾𝚗 𝚜'𝚑𝚊𝚋𝚒𝚝𝚞𝚎 𝚜𝚎𝚞𝚕𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝 𝚊̀ 𝚜𝚘𝚗 𝚊𝚋𝚜𝚎𝚗𝚌𝚎.
Ça faisait près de deux semaines que je n'avais pas vu Mic, et je devais avouer que c'était incroyablement reposant. Apparemment, il s'était trouvé un mec. Je savais que ça ne durerait pas longtemps, mais au moins ça l'occupait pour le moment, ce qui était plutôt une bonne chose. Pendant qu'il passait du temps avec son petit-ami, moi, je pouvais me concentrer sur mon travail. Le calme était agréable, mais malheureusement trop rare lorsque Yamada Hizashi faisait partie de notre vie.
Ce type trop bruyant, trop excentrique, trop blond, trop idiot, trop "trop" tout simplement passait 75% de son temps à venir me déranger. Nous nous connaissions depuis le lycée et il ne m'a pas lâché depuis malgré mon attitude explicitement répulsive à son égard. Il n'est pas du genre à abandonner juste parce qu'on lui demande. C'était une bonne qualité pour un héros, mais un véritable fardeau pour moi.
J'aimais le calme et le silence. J'aimais qu'on me laisse tranquille. Mais Mic avait du mal à comprendre mes besoins naturels, lui qui était né dans un vacarme assourdissant. Les rumeurs qui prétendaient qu'il avait rendu ses parents et les médecins sourds à sa naissance n'étaient pas complètement fausses, pour être honnête. Enfin, elles n'étaient pas exactement vraies non plus. Ils avaient tous retrouvé l'ouïe au bout d'une semaine, à l'aide d'un traitement suivi. Cependant, la famille Yamada possédait malgré tout un certain déficient auditif, mais ils n'avaient jamais reproché quoi que ce soit à Hizashi. Moi, ça allait, je n'ai pas encore été trop affecté par l'alter du DJ. Enfin, il me semblait.
Toujours était-il que le blond était occupé et que je profitais bien de ce repos mental. En vérité, je critiquais beaucoup mon collègue, mais je l'appréciais quand même. C'était un bon ami dans les moments importants, et un peu moins dans la vie de tous les jours. Mais personne n'est parfait. S'il me prenait la tête au quotidien avec des histoires sans intérêt, je savais que je pouvais compter sur lui lors d'une situation critique. Au fond, Hizashi était une bonne personne.
Cela ne m'empêchait évidemment pas de préférer le calme.
Je buvais un café noir brûlant à la fenêtre de mon studio. Il était neuf heures du soir mais la ville grouillait encore de monde. Les passants marchaient tranquillement dans la rue, peu pressés par l'heure tardive. Il fallait dire que le soleil brillait encore dans le ciel, encourageant les étudiants à traîner devant les restaurants et les salles d'arcade. Il faisait chaud dehors, et à l'intérieur aussi d'ailleurs. La boisson fumante dans ma tasse n'aidait pas. Mais ça faisait longtemps que la brûlure du liquide sombre coulant dans mon œsophage ne me dérangeait plus. C'en était même devenu agréable tellement j'y étais habitué.
Je me sentais bien. Je me sentais mieux. C'était la première fois que l'approche de l'anniversaire de ne me faisait pas peur. En réalité, j'avais toujours mal, et Oboro me manquait terriblement, mais j'y survivais. Je n'avais pas d'autre choix que de survivre. Hizashi avait raison, le monde continuait de tourner malgré tout.
Je ne m'en étais pas rendu compte avant, mais mon deuil était entamé depuis un moment. J'avais repris le cours de ma vie, j'avais réalisé mon projet d'avenir, j'avais construit une existence stable. Même si c'était douloureux de continuer sans lui, j'avais déjà commencé à tourner la page. Seulement, je ne le voyais pas, parce que son absence était bien trop imposante. À chaque fois que la douleur m'envahissait, j'avais l'impression de ne connaître que ça, de n'être jamais sorti du gouffre. Mais c'était faux. J'avais connu des moments joyeux où sa mort ne me pesait pas autant, mais ces petites pauses n'étaient rien par rapport à l'immense peine que m'avait causé sa perte.
Voir un ami mourir est terrible. Je ne niais plus quand Mic disait que ça m'avait traumatisé. Oui, j'avais eu du mal à me relever. Ces jours-ci encore il m'arrivait de faire des cauchemars et d'avoir des crises d'angoisses. Mais je parvenais de mieux en mieux à rationnaliser. Je me réveillais chaque matin en me disant que je pouvais survivre à une nouvelle journée. Il me suffisait de tenir jusqu'au soir. Puis, quand je me couchais, je pensais à régler mon réveil pour le lendemain. C'était simple, finalement ; la vie n'était qu'une succession de jours qui se ressemblaient.
Comme dit cet idiot trop bruyant, c'est facile d'avancer : un pas, puis un autre, et encore un. Etape par étape, on peut atteindre des sommets incroyables. Personnellement, je ne veux pas escalader une quelconque montagne, je veux juste sortir de ce puits qui semblait sans fond.
Et il y avait des jours, comme aujourd'hui, où je me sentais bien. Je ne savais pas vraiment pourquoi, je ne savais pas non plus comment, c'était juste comme ça. Le fonctionnement du cerveau humain m'échappait.
Comme pour améliorer encore le bon déroulement de la journée, Cuddle vint me rejoindre à la fenêtre pour demander des caresses. J'avais trouvé cet adorable chaton borgne (qui avait été nommé par Mic) blessé et abandonné sous la pluie. Je n'avais pas pu résister, je l'ai gardé. L'anglophone n'était pas du tout surpris et m'avais aidé à acheter le nécessaire pour m'occuper de l'animal. J'ai toujours adoré les chats, mais je ne prévoyais pas d'en adopter un, car mon travail m'empêchait de leur donner toute l'attention qu'ils méritaient. Mais cet animal là était seul, jeune et blessé, alors je ne pouvais pas le laisser. J'aurais dû l'amener dans un foyer pour animaux, mais je ne voulais plus m'en séparer...
C'était une femelle d'environ deux ans à la fourrure rousse magnifique. Ses yeux turquoises me suppliaient de la caresser, et je cédai très rapidement à ses miaulements. Je posai ma tasse sur le rebord de la fenêtre et passai ma main sur ses poils orangés. Elle était tellement douce, c'était indescriptible. L'animal se mit à ronronner de plaisir les yeux fermés, se frottant encore plus à ma main. Les chats sont vraiment de merveilleuses créatures.
Puis une notification de mon téléphone me tira de mes pensées. Je repris ma tasse et retournai à l'intérieur, au grand dam de Cuddle qui n'a pas eu sa dose de câlins. Elle adorait qu'on la chouchoute, probablement parce qu'elle avait eu une dure vie. C'est pour ça que Mic l'a appelé ainsi, il me semble que ça veut dire "câlin". Je ne comprenais pas sa manie de nommer toutes les choses qui me concernaient, et encore moins celle d'utiliser l'anglais, une langue que je ne comprenais que très peu, pour nommer les choses qui me concernaient, mais bon. Je faisais avec. Après tout, les noms n'étaient que des mots, ils ne n'étaient pas si importants.
J'attrapai le portable que j'avais laissé à même le sol et lu le message que je venais de recevoir. Etonnamment, il ne venait pas du DJ hyperactif mais d'une certaine perverse exhibitionniste. Pas vraiment mieux, en réalité.
De : MIDNIGHT - 21h41
Salut Aizawa ! T'oublies pas la réunion de demain, j'espère, l'inspecteur Tsukauchi a dit qu'il a des infos importantes à nous donner ! A plus <3
Je soupirai. Bien sûr que non, je n'avais pas oublié. Pour qui me prenait-elle ? Je n'ai pas besoin de messages de rappel à chaque fois qu'il se passait quelque chose. Je ne voyais pas l'utilité de répondre à la jeune femme d'un an mon aînée et je reposai l'appareil électronique.
Je me suis assis à même le sol et mon chat est venu se faufiler entre mes jambes. Après avoir fait trois tours sur lui-même, il s'allongea confortablement sur mes cuisses. Je glissai ma main gauche entre ses poils et avalai le reste de mon café. Il me restait moins de vingt minutes avant que je ne doive reprendre le travail. J'étais de nuit et ma patrouille commençait à 22h. Je comptais bien profiter du calme de mon appartement avant d'aller parcourir les rues. Je fermai les yeux et respirai profondément.
Je repensai à mes années de lycée aux côtés de Oboro et Hizashi. Nous étions inséparables tous les trois. Le timide, l'optimiste et l'hyperactif. Nous partagions nos rêves et nos projets. Nous étions amis, meilleurs amis. Shirakumo trouvait toujours un moyen de se faire réprimander par les profs, Yamada passait son temps à bavarder avec tout ce qui bouge (et même ce qui était immobile, pour être honnête), et moi... moi, je dormais dès que j'en avais l'occasion et je n'avais ni motivation, ni ambition, je me laissais simplement entraîner par les deux autres. Nous étions loin d'être des élèves irréprochables.
Nous étions juste trois mousquetaires.
。+゚☆゚+。★。+゚☆゚+。★。+゚☆゚+。★。+゚☆゚+。
[ 19.02.2021 — 1445 mots ]
Un chapitre court, soft, sans dialogue et sans action mais qui nous maintient quand même dans le thème du deuil et du manque (non je l'avais pas oublié, je lance juste plusieurs intrigues en même temps, mais tout est lié 😉)
Votez, Commentez, Partagez 💛
Cho.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro