48 • QUEL MUSIQUE DE SAUVAGES •
Jungkook et son collègue étaient rentrés de cette nuit mouvementée avec une fatigue considérable. Après leur escapade chez le videur, qui s'était fait un plaisir de taper le noiraud en pleine poire, les deux avaient essayé de dormir, pourtant la musique avait continué de jouer jusqu'à cinq heures du matin, comme c'était prévu. Jungkook n'avait pas fermé l'œil de la nuit, lui qui avait l'habitude de sa résidence haute gamme. Il avait passé la nuit à regarder le châtain et à se remémorer ce sourire en coin que lui avait fait Hoseok et qu'il avait bien évidemment interprété comme moqueur. À cette simple pensée, il s'était mis à sourire, il se détestait pour cela. La journée avait à peine commencé que le noiraud était déjà distant envers le châtain, qui lui ne comprenait plus rien. À vrai dire, le châtain n'avait pas même remarqué.
Hoseok lui avait mal dormi, mais à défaut du noiraud, il avait réussi à s'endormir. Les images de la veille lui étaient revenues en mémoire à son réveil. Réveil plutôt brutal. Jungkook, à sept heures du matin, l'avait réveillé en lui disant de remballer ses affaires et qu'il voulait absolument rentrer chez lui pour aller se reposer. Naturellement, le châtain avait pris un fou rire, mais, la mine sévère que portait le noiraud l'avait fait changer d'avis, il s'était vite habillé avec de nouveaux vêtements et ils avaient tous deux quitté cet appartement de malheur, nommé ainsi par le noiraud. Sur le chemin, le noiraud n'avait pas pu s'empêcher de se plaindre pendant tout le trajet. Il n'avait fermé les yeux que dans le métro et s'était endormi comme un enfant qui aurait veillé trop tard. Le châtain était resté éveillé pour le prévenir de leur arrêt. Il avait posé ses yeux sur son petit visage. Son masque cachait sa petite bouche, mais s'il avait pu, il aurait regardé des heures ses croissants de chair.
Quelques minutes plus tard, le noiraud s'était réveillé en sursaut, sur la fin d'un cauchemar. Hoseok avait tourné la tête, ses battements de cœur s'étaient accélérés. Il l'avait regardé de nouveau, faisant mine de le regarder pour la première fois depuis qu'il s'était assoupi. Jungkook avait posé la main sur sa poitrine, essoufflé.
- Ça va ? Demanda le châtain.
- Je...oui, ça va...
- Cauchemar ?
- Ouais...il baissa les yeux.
- T'en fait souvent non ?
- Des cauchemars ? euh...non...
- Sûr de toi ?
- Je...oui...
- D'accord, si tu veux en parler je suis là, t'es pas obligé...
La rame de métro s'arrêta, les deux amis étaient sortis et avait suivi la foule de personnes qui remontaient à la surface de la ville. Le soleil venait de se lever sur Séoul encore endormi, la foule allaient au travail et la journée commençait. Les deux amis avaient pris un bus pour regagner la résidence du noiraud, les parents dormaient peut-être encore. Jungkook n'avait pas vraiment adressé la parole au châtain de tout le trajet. Un froid s'était installé dans leur relation. Ils venaient de rentrer. Jungkook avait doucement ouvert la porte pour ne pas faire de bruit. La mère du noiraud était installée à la table de la salle à manger, feuilletant un livre, des post-it à portée de main. À l'arrivée des deux garçons, elle s'était arrêtée et avait croisé le regard de son fils. Presque immédiatement, la femme avait tourné le regard, les yeux brillants. Un étrange frisson hérissa les poils du noiraud, il tourna lui aussi le regard et se dirigea vers sa chambre. Il rentra sans la moindre hésitation, prit un gros pull et retourna dans le salon pour déplier le clic-claque. Le châtain le regardait faire en délaçant ses chaussures dans l'entrée.
Jungkook se coucha dans les draps, la capuche recouvrant entièrement ses yeux. Il avait déjà commencé à s'assoupir. Hoseok était venu le voir et avait pris une autre couverture pour le couvrir. Un doux sourire au visage. Il était allé s'asseoir près de la mère de son ami. Il avait, lui aussi, pris un livre dans son sac et s'était posé en face d'elle, commençant sa lecture. La femme avait levé les yeux de son bouquin pour regarder par-dessus ce dernier le châtain, qui lui était faussement concentré sur les lignes de l'ouvrage qu'il feuilletait. Le silence était entrecoupé des fortes respirations du noiraud qui s'était déjà endormi sur le canapé derrière la table. La mère du Jungkook posa le livre sur la table, cassant le rythme du silence qui avait été instauré.
- Vous aimez lire Hoseok ? demanda-t-elle.
- Ça m'arrive, oui, même souvent. Vous aussi ?
- Oui, j'ai une grande bibliothèque chez moi. Dommage que je ne puisse pas rentrer chez moi...
- C'est pourquoi déjà, il y a un problème de gaz ? Le châtain posa lui aussi son livre.
- Euh...je ne m'y connais pas vraiment sur ce genre de chose, mais il me semble que mon mari avait dit quelque chose en rapport avec ça effectivement.
- Ah bon...ça peut être dangereux, c'est mieux de rester là, pas vrai ?
- Oui, c'est pour ça qu'on est venu, mais je vois bien qu'on dérange...
Elle porta son regard sur son fils qui dormait, elle semblait moins dure que d'ordinaire, comme si elle s'était adoucie en songeant à son enfant qui se reposait, inconscient, sur le canapé.
- Je vois bien que c'est dur entre nous, il y à des choses qui ne changent pas, on ne peut rien faire, c'est arrivé, ma fois...elle reposa ses yeux sur son livre fermé, d'un air dramatique.
- Qu'est ce qui est arrivé ? demanda Hoseok, perdu.
- Oh, Jungkook ne vous l'a donc pas dit, je vois...
- Dit quoi ? ses sourcils s'étaient froncés.
- Oh je ne sais pas si je peux vous le dire... Elle triturait quelques pages de son ouvrage, laissant son regard se balader sur la table.
Le téléphone du châtain sonna. Ce dernier s'en empara. Sur son cellulaire, le nom de Yeji était affiché. Elle appelait sûrement, car elle en avait marre de faire la caissière, puis surtout pour se plaindre que ses Louboutins l'attendait depuis bien trop longtemps dans son armoire. Un faible rictus, que Hoseok tenta de réprimer, étira ses fines lèvres et il se leva pour répondre, laissant la génitrice de son collègue avec son livre, s'excusant de couper court à cette discussion bien mystérieuse. Il décrocha et une voix énervée lui répondit à travers le téléphone.
- Ah bah pas trop tôt, je sais que tu es occupé super travailleur de l'année, mais je vais faire la caissière encore combien de temps ?
- Tu es la meilleure caissière de toute la ville Yeji ça serait tellement injuste de te priver d'un travail qui est fait pour toi
- Ne te fout pas de ma gueule, là, je ne suis pas du genre à rigoler, je me fais chier toute la journée, je travaille en visioconférence depuis une vielle supérette depuis bien trop longtemps Jung Hoseok !
- Je suis désolé, mais j'ai vraiment besoin de toi, je t'en ai déjà parlé hein...
- Oui... je sais... tu me revaudras ça d'accord ?
- Oui, mais tu n'es pas obligé de travailler pour de vrai, c'est toi la patronne après tout si tu veux tu peu fer-
- On en a déjà parlé, je ne fermerai pas cette boutique sauf si on me le demande de force, mon père en serait que plus mal
- D'accord, je comprends... désolé alors...
- Ne t'en fais pas, mais dépêche-toi quand même !
Après cette dernière réplique, elle raccrocha, ne laissant même pas le temps au châtain de lui dire au revoir. Ce dernier retourna dans le salon, il avait investi les toilettes bien trop longtemps en tant que cabine téléphonique. Il avait retrouvé Jungkook sur le canapé et ce dernier avait commencé à ouvrir les yeux. Il lui avait lancé un doux sourire devant les caméras qui servait d'œil à la mère du noiraud. Elle faisait encore semblant de lire, le regard indiscret au-dessus de son ouvrage sur la guerre du Vietnam. Le noiraud s'était relevé et avait commencé une discussion de couple improvisé avec son collègue.
La femme les avait interrompus, pour leur plus grand plaisir d'ailleurs, leur demandant s'ils avaient du temps libre ce matin pour aller faire les courses avant que les magasins ne ferment. Comme Yeji s'occupait de la boutique, Hoseok avait lancé un regard sûr au noiraud pour lui faire passer le message, alors, ils s'étaient changés et avait embarqué dans le bus pour aller au marché du samedi, là où toute la ville se donnait rendez-vous pour faire les course à bon prix le samedi matin.
Ils étaient finalement arrivés, Jungkook n'avait pas beaucoup parlé durant le voyage, somnolent, mort de fatigue. Le châtain avait donc fait les courses tout seul, tenant les sacs et achetant la liste interminable de la mère du noiraud. Ce dernier, lui, traînait les pieds derrière son collègue et marchait mollement, heureusement qu'il y avait du monde, Hoseok l'aurait perdu dans cette foule. Le châtain n'avait pas les yeux rivés sur le noiraud, mais il savait qu'il le suivait. Depuis cette matinée, Jungkook avait l'air ailleurs, il semblait toujours rêvassé, avoir la tête dans la lune, elle-même perdu dans une galaxie de pensées auxquelles personne ne pouvait avoir accès. Une bonne odeur de nourriture l'avait un peu réveillé, il suivait pourtant, silencieusement, le châtain sans user de sa voix.
Le marché allait bientôt fermer, néanmoins, beaucoup de personnes étaient encore dans les rues à attendre d'être servi ou à se balader pour faire le tour des marchands qui avaient étalé leurs produits sur les bords étroits des routes piétonnes. De loin, les rues devaient surement être belles à regarder, pleines de couleurs, des stands aux parasols colorés et variés qui protègent partiellement les passants qui venaient y faire leurs emplettes d'un soleil lumineux. Mais, de près, c'était autre chose. Les rues étaient bloquées et le monde était impressionnant, la foule était dense et il était compliqué de se faufiler là où on voulait acheter des choses, les gens passent et repassent pour pouvoir enfin accéder à ce qui leur plaisait. Hoseok avait du mal avec ce genre d'endroits, mais, il s'y faisait de mieux en mieux, il avait réussi à dépasser cette peur de la foule qu'il possédait étant jeune.
Jungkook n'était pas vraiment effrayé par la foule, il avait l'air bien plus préoccupé par ce qui lui trottait dans la tête, le noiraud marchait sans faire attention à ce qui se présentait devant lui. Il était déjà rentré dans plusieurs personnes, ne les ayant tout simplement pas remarquées. La cause de ses cauchemars pourrissait ses journées et il avait du mal à faire abstraction de toutes ces pensées effrayantes qui venaient brouiller sa vision. Son regard se perdit dans la foule, il lui sembla qu'un visage familier venait de se retourner parmi toutes ces têtes qu'il ne connaissait pas, il se stoppa, frappé par ce qu'il venait de voir, le cauchemar venait-il d'envahir sa réalité. Le châtain s'était arrêté en remarquant que son ami avait cessé de marcher derrière lui. Dans un faible chuchotement, ne pouvant être audible dans cette foule qui s'écria plus fort encore que les voix qui criaient dans sa tête. Le prénom que venait de lancer Jungkook à travers ce champ d'inconnu parvint tout de même à celui qu'il croyait n'être qu'une illusion, ce dernier tourna les talons après un bref sourire satisfait.
Le noiraud se bloqua, l'air n'arrivait plus à alimenter ses poumons. Soudain, pris d'un élan, d'une vague d'adrénaline qui semblait venir d'ailleurs, il se mit à marcher, courir, s'envoler vers ce souvenir illusoire qui avait décidé de se mêler à la foule. Le châtain l'avait remarqué et avait essayé de le suivre, mais il s'était vite retrouvé bloqué par les passants qui faisaient la queue pour remplir leur panier. Jungkook avait couru encore et encore, touchant presque du bout du doigt cet espoir perdu qu'il avait pour quelques instants sembler retrouver.
Heyyy merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère grandement qu'il vous a plu, n'hésitez surtout pas à me faire vos retours (ce que vous aimez ou au contraire, trouvez étrange !)
vous la voyer en caissière Yeji ? Parce que je vous avoue qu'imaginer ça, c'était compliqué ! Bref, bizzz <3333
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro