28 • À CE SOIR •
Les cheveux enfin secs ainsi qu'un sourire de satisfaction épinglé sur le visage, le châtain rangeait encore quelques mèches de ses cheveux soyeux. Il avait bien mis une bonne demi-heure à organiser et réorganiser ses cheveux pour qu'ils ressemblent à quelque chose de moins abstrait qu'une simple touffe ébouriffée. Il se laissa tomber dans le canapé mollement. Doona avait sauté sur l'occasion pour avoir une autre ration de câlin. Elle se posa sur les genoux d'Hoseok. Il vint frénétiquement caresser le pelage noir irisé aux quelques endroits éclairés par le soleil.
Une pensée vagabonde lui fit se lever subitement. Ça lui était complètement sorti de la tête. Il l'avait oublié ou avait volontairement mis ça dans un coin de son crâne pour ne plus y penser.
Madame Kim.
Ce samedi, il devait aller voir sa mère. Il était déjà dix heures. Il se rassit. La petite Doona miaulait, pas contente qu'il ait interrompu sa séance gratouilles du dos. Elle se trouva une place sur le coussin pouf en face de la table basse. Hoseok avait pris son téléphone, préférant dire à Madame Kim qu'il ne viendrait pas. Il ne voulait pas revoir toutes ses horribles images.
Le châtain n'était plus allé la voir depuis longtemps. Il s'était rendu compte que la source de ses cauchemars était de revoir le visage de sa mère. Pourtant, elle lui manquait. Sa deuxième mère lui manquait également et les conversations téléphoniques avec elle n'étaient pas suffisantes pour assurer des relations familiales stables. Il le savait bien. La boule au ventre, il reposa son téléphone. Il en avait décidé ainsi. Il s'y rendrait.
Il avait de la chance, Jungkook était parti. Un problème en moins. Auparavant, il y avait longuement pensé, emmener son ami, était-ce une bonne idée ? Il ne préférait pas essayer. Il avait pris le bus, direction l'extérieur de la ville. Le centre hospitalier était reculé dans la campagne pour laisser aux personnes dans le besoin un air frais et saint. Le châtain trouvait ça tout à fait convenable. Malgré tout, ça lui rajoutait une raison de ne pas s'y rendre très souvent.
Au début des ses études, il prenait un mal fou à trouver de l'argent pour payer son loyer et les allers retours en bus. Mais à force, l'envie lui avait filé des mains et il s'était rendu de moins en moins à cet arrêt de bus en route vers la cambrousse. Il avait l'horrible impression que cela faisait plus de mal qu'autre chose. Voir le regard vide de sa mère lorsqu'il l'abandonnait tous les soirs dans sa petite cellule qui faisait office de chambre. Voir que sa liberté lui était réduite à une simple chambre avec des barreaux aux fenêtres lui avait émietté le cœur. Sur sa chaise roulante, il se sentait honteux et responsable de ses conditions de vie.
Mais le châtain ne se rendait pas compte que si elle était encore là pour apprécier de voir le ciel à travers ses barreaux de fer, c'était grâce à lui.
Il regardait passer le paysage givré des grandes plaines de tournesol. L'hiver avait fait des ravages. Le regard planté au sol, les pauvres fleurs se trouvaient accablées par le froid, le givre et la neige des quelques jours où la météo avait décidé de pleurer ses flocons blancs. Les fenêtres étaient envahies par la buée du châtain. Il avait gardé trop longtemps son visage près de la vitre et elle commençait à se flouter.
Il reporta son regard sur le siège en face de lui. Un court instant, un vieux souvenir lui revint en mémoire. Le doux sourire de sa mère, paisible, apaisé, joyeux. Tout était calme avant la tempête. Et cette tempête avait tout raflé sur son passage.
Le bus se stoppa devant un arrêt au bord de la route. Le givre recouvrait les champs qui en été étaient cultivés. Quelques routes de campagne bordaient la nationale. Et là, seul, Hoseok marchait encore quelques kilomètres, reprenant les pas qu'il avait suivi bien des années avant. Une petite route menait à une vieille maison, une grande et ancienne bâtisse qui avait dû voir défiler des siècles d'histoire et de guerres.
Il se souvenait des jours de printemps où les parterres de fleurs se reprenaient jusqu'à venir empiéter sur le chemin. Le soleil se faufilant entre les feuilles des grands chênes qui maintenant était bien plus dégarni à cause du froid hivernal. Les papillons, coccinelles et abeilles venant butiner parmi des malades du centre, eux-mêmes mêlés à la nature et au grand air dénué de pollution.
Là, juste la table était de sortie. La belle table blanche et ses deux chaises qui l'entourait. Cet endroit où Madame Kim et Hoseok aimaient s'installer pendant les beaux jours. Néanmoins, la fine couche de glace qui recouvrait les pétales de cyclamens poussent au bord des arbres et arbustes rendait l'endroit d'autant plus magique.
Les bruits réguliers des pas du châtain se stoppèrent. Hoseok était devant les escaliers. Son souffle se transformait en fumée de vapeur qui disparaissait petit à petit en prenant de l'altitude. Il n'avait plus envie de faire un pas de plus mais il le devait. Pourtant, son corps comme paralysé, ses pieds refusaient de s'enchaîner les uns derrière les autres.
Le gravier se remit à grésiller sous ses chaussures. Il fit demi-tour. La tête baissée, il ne voulait pas regarder le chemin, ce chemin qui lui rappelait qu'il l'abandonnait encore. Qu'il n'était, encore une fois, pas là pour la soutenir et lui faire sentir tout l'amour qu'il avait pour elle. Il suffoquait, cette désagréable sensation d'un cœur trop lourd, un cœur qui te remonte a la gorge et t'empêche de respirer. Il commençait à avoir chaud et à paraître désordonné.
La simple idée de se retourner lui donnait la nausée. Il se sentait lâche mais ne pouvait pas regarder en arrière ni même lever la tête. Les mauvais souvenirs lui revenaient en mémoire, comme un mauvais tour sans cesse devant ses yeux. Ce jour-là. C'était de sa faute, à lui et à lui seul. Les sensations désagréables lui parcouraient le corps jusqu'à se faire douloureuses. Une larme glissa silencieusement le long de sa joue. Puis une autre poussée par une troisième qui la suivit dans sa chute. Ses genoux lâchèrent, il s'effondra sur le sol.
Les mains sur les graviers. Des petits cailloux lui tatouaient l'intérieur de la paume. Quelques uns avaient même infiltré sa chaire et le sang teintait d'un joli rouge vermillon les bouts de gravats couleur crème, blanc cassé. Les joues rougies par l'horrible mélange des pleures et de la température glaciale. Depuis quelques jours le temps s'était bien refroidi. Un sanglot éclata et résonna dans la grande cour presque vide. Il tenta de le réprimer mais un autre s'enchaîna. De colère et de honte, il laissa sa tête rejoindre le sol sur les graviers.
Le gravier se remit à crisser. Une ombre surplomba le châtain et puis, lentement, quelqu'un s'abaissa à sa hauteur. Une main rassurante se posa sur son épaule. Hoseok releva la tête. La mâchoire tombante, il fut surpris de voir Madame Kim, son sourire remplit de tendresse étirant ses fines et douces lèvres peintes en rouge. Ses jolis cheveux noirs noués à l'arrière laissaient filer quelques mèches qui lui tombaient devant les yeux. D'un geste habituel, elle accrocha sa mèche rebelle à son oreille.
Il se redressa. Sa belle écharpe rouge bordeaux virevoltait, mettant un peu de couleurs dans ce décor monotone. La femme lui tendit la main et l'aida à se relever. Sans la moindre parole elle avait réussi, un tant soit peu, à apaiser le cœur de son fils adoptif.
Elle l'accompagna jusqu'à la porte avant d'ouvrir cette dernière. Une agréable sensation de chaleur s'en échappa. Le chauffage tournait à plein régime. En entrant, le châtain se replongea dans ses souvenirs. Dans la grande salle en face de l'entrée on pouvait voir à travers les vieilles portes vitrées des gens de tout âges regroupés autour de tables, jouant à des jeux de cartes ou de société, surveillés par les infirmières et infirmiers en blouse blanche.
Madame Kim longea le couloir dans lequel ils avaient atterri après avoir pénétré dans le centre. En face de l'escalier, un bureau. Celui de Madame Kim. L'endroit était encore vieux et il donnait l'impression de vieillir en même temps que ses occupants.
Voilà la suite j'espère qu'elle vous a plu, on est passé sur le point de vue de hoseok, que-va-t'il se passer ? Haha x)
Bref sur ce
Merci à tous et surtout à ma correctrice qui est géniale : 0Akayah0 lov u guys <3
Bizzzz :3
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