Chapitre 𝟱𝟳 - L'ultime promesse
[12/11/2020]
Bonsoir bonsoir !
Aaaaaaaaaaaaaaaaah, après 3h de galère, j'ai enfin réussi à boucler ce chapitre... J'en voyais pas le bout, ça me déprimait ToT
Donc nous revoilà partis quatre millénaires plus tôt... Dernier chapitre "passé" ou pas, à votre avis ? Qu'est-ce que Jimin a pu découvrir dans ses papyrus, et que pourrait-il raconter à ses collègues qui "nécessite" un éclaircissement sous cette forme ? 🤔
Bref, sur ce, je poste et je vous abandonne. J'ai beau avoir bu tout au long de ma correction, j'ai mal à la gorge et j'ai soif à force d'avoir trop parlé à voix haute XD
J'espère que ce chapitre vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
La nouvelle lune était passée, et Hotepaton n'était pas revenu auprès d'Aapep. Ce dernier se languissait de revoir son ami, lisant encore et encore la lettre qu'il lui avait fait parvenir deux semaine plus tôt, et où il s'excusait de ne pas pouvoir le rejoindre comme prévu parce que Pharaon avait décidé d'accélérer les choses. Le prêtre entendait encore le peuple au loin hurler sa joie et fêter les fiançailles, puis le mariage du premier fils de Pharaon.
Depuis son temple, il écoutait cette foule acclamant la famille royale avec un sourire aux lèvres. Lui seul savait ce que cachait en réalité ce mariage précipité. Pourquoi est-ce que personne ne semblait s'interroger du fait que le prince épouse sa sœur maintenant, alors qu'Akhenaton n'était pas encore décédé ? Pauvres âmes.
Terminant son service du soir, le prêtre déshabilla la statue du dieu et ferma la porte du naos avant de quitter le sanctuaire. Il posa le plateau avec le reste des offrandes faites à Amon et commença à manger ce que le dieu avait laissé. Puis, il quitta sa petite maison et s'assit à l'extérieur, contre le mur de pierre et regarda le ciel. Le premier quartier de lune avait fait son apparition la veille. Combien de temps devrait-il encore attendre ? Il ferma les yeux et expira fortement. Il voulait encore relire cette lettre même s'il la connaissait par cœur depuis le temps ; il voulait encore essayer de mémoriser les symboles qu'avait inventés son ami et que ce dernier retenait bien mieux que les différentes écritures officielles. Cet homme était un mystère à lui tout seul. Mais... devait-il encore le considérer comme un ami ? Après l'aveu soufflé du prince et sa réponse muette lorsque celui-ci l'avait embrassé... Devait-il utiliser un autre qualificatif désormais, ou est-ce que ce n'était pas nécessaire ?
Aapep laissa son crâne lisse reposer contre la pierre et expira de nouveau, les paupières closes. Il était toujours confus sur ce qu'il ressentait, c'était nouveau pour lui, mais il avait envie de le revoir. Il voulait l'embrasser de nouveau. Il voulait qu'il le prenne dans ses bras, et il souhaiterait y rester pour l'éternité. Hotepaton lui manquait. Il lui manquait bien trop, bien plus qu'avant, et même s'il avait constamment peur de l'avenir car il voyait toujours une ombre présente au-dessus de celui du prince, et qu'il était convaincu que c'était à cause de lui, il ne pouvait plus rester loin de lui ; il n'y arrivait plus, et il ne le souhaitait plus. Peut-être aurait-il dû accepter de le suivre la dernière fois. Tout envoyer balader et disparaître. À ses côtés, il aurait été intouchable en dehors de Pharaon et des gens à son service. Il aurait dû rester sur ses gardes, mais personne d'autre n'aurait pu l'atteindre. Peut-être même que ce mariage n'aurait pas eu lieu s'il était parti avec lui.
Il soupira une fois de plus et les mots tracés par Hotepaton sur cette petite page de papyrus se dessinèrent de nouveau sous ses paupières.
« Aapep, mon ami.
J'espère que tout va bien pour toi. Comme tu en as sans doute entendu parler, les jours prochains vont être assez mouvementés dans le pays... Ce ne sont malheureusement pas des rumeurs : je vais devoir me marier bien plus tôt que prévu, et... et avec quelqu'un d'autre que toi. Je ne pensais pas que je serais obligé de le faire pour être honnête, je me disais qu'il suffisait d'attendre que mon père rejoigne Osiris pour que je sois libre de faire ce que je voulais... Mais il en a décidé autrement.
En fait, il se sent fatigué dernièrement, et il a peur que quelqu'un veuille attenter à sa vie. Le Grand général lui met la pression sur diverses choses, les prêtres aussi... Peut-être qu'en réalité, tu avais raison en me disant que je vivais dans l'illusion que le monde était en paix ? Quoi qu'il en soit, il est de plus en plus sur ses gardes et veut accélérer les choses. Dans quelques jours, je devrai donc épouser ma sœur même si je n'en souhaite rien. Néfernéferouaton Tasherit en est heureuse, elle, au contraire. Elle se voit déjà reine du pays, mais même si un jour elle en aura le titre, elle n'aura que ça. Elle ne me donnera jamais de fils et ce, peu importe le nombre de fois où elle tentera de me faire céder. Mon cœur ne battra à jamais que pour toi, Aapep. Si jamais quelqu'un doit me donner un fils alors ça sera toi, et nul autre. Je n'ai que faire de cette place, de cette dynastie. Je la donnerai volontiers à ma sœur, à mon petit frère, à Mérytaton, à quiconque convoite ce trône. Mais si elle me permet de t'avoir à mes côtés pour toujours, alors je m'en emparerai quoi qu'il m'en coûte.
Je ne pourrai pas te rejoindre à la nouvelle lune comme je te l'avais promis, mais je viendrai aux alentours du premier quartier, je te le promets. Prie pour Seth et Anubis comme toujours, mon ami. Prie pour Amon et dis-lui de ma part que le jour de son renouveau approche. Dis-lui que c'est en tant que son fils que je viendrai le prier la prochaine fois, et que je tiendrai ma promesse. Prie pour moi, Aapep. Retiens-toi encore un peu de couler la barque de Rê ; les jours sont déjà bien trop longs comme ça sans toi.
Je me languis de te retrouver, mon ami. J'ai hâte que le jour où nous n'aurons plus à nous séparer arrive.
Surveille le ciel et attends-moi Aapep, je ferai vite. Mon cœur brûle tellement pour toi que je ne pourrai pas rester loin trop longtemps de ton temple. Et lorsque l'on se reverra, dis-moi que tu m'aimes également s'il te plaît. Ça m'aidera à tenir.
Je t'embrasse.
Hotepamon »
Le prince comptait vraiment réinstaller le culte d'Amon rien que pour lui ? Mais quel en serait l'intérêt si le prêtre quittait ses fonctions ? Ou était-ce seulement à cause de cette vieille et stupide promesse ? Il n'en savait rien et il s'en fichait, dans le fond. Il savait seulement que c'était un homme bien. Et qu'il l'aimait bien plus que de raison.
Aapep posa sa main droite sur son poignet gauche et la remonta lentement le long de son bras. Sa peau frissonna doucement et il repensa à ce soir où il lui avait avoué tous ses péchés. Quand sa main avait frôlé son corps doucement et que ses lèvres avaient découvert sa nuque et sa gorge. Et puis cette fois avant, dans le lac sacré d'Ipet-sout, ce jour où leurs corps avaient commencé à réagir bizarrement au contact de l'autre. Avaient-ils perdu des jours, des semaines, des mois précieux ? Les dieux leur permettraient-ils d'être ensemble comme Osiris et Isis ? Comme Seth et Horus ? Lui permettraient-ils de donner un fils au prince, un héritier au trône ? Ou seraient-ils trop humains et trop orgueilleux pour imaginer la chose possible ?
Le jeune homme soupira et rouvrit les yeux sur le ciel étoilé. Ô combien souhaiterait-il qu'ils le contemplent une nouvelle fois ensemble.
[...]
Quelques jours passèrent de nouveau. Et Hotepaton n'était toujours pas revenu. Le mauvais pressentiment du prêtre ne faisait que s'accentuer, et son cœur lui faisait mal. Il ne voyait plus son prince, il ne voyait plus son avenir ; l'ombre s'étendant sur lui était bien trop large. Était-ce de sa faute ? Aurait-il fait quelque chose qu'il ne devait pas ?
Il lui avait promis qu'il viendrait... et il n'était toujours pas là. Ce n'était pas normal. Ce n'était vraiment pas normal. Alors après une dernière prière à Amon, Aapep se changea, prit une légère poche de lin dans laquelle il glissa quelques fruits et quelques bijoux au cas où il aurait besoin de faire du troc pour obtenir quelque chose, et, la peur au ventre, il posa un pied à l'extérieur du temple. Son dieu ne sembla pas l'en empêcher, ni lui en vouloir de l'abandonner pour plusieurs jours. Alors il prit une grande inspiration, puis partit vers le nord. Il arriva bien vite près d'Ipet-sout et il continua son chemin.
Au bout de presque quatre jours de marche sans s'arrêter, sans dormir, se contentant de manger quelques fruits et de boire l'eau du Nil pour survivre, Aapep arriva à Akhetaton. Personne n'eut accepté de le déposer dans la ville ou de l'aider à trouver son chemin, de l'héberger, de le nourrir en échange de quelques bijoux, ou même de répondre à ses questions. Tout le monde avait semblé être cloitré chez soi, comme si les villes étaient mortes ; seuls des hurlements étranges se faisaient parfois entendre, à moins que ça ne soit le vent qui soufflait dans les arbres ? Mais arrivé dans la capitale royale, tout changea. Le peuple était dans les rues et hurlait, se prosternant en direction du palais. Aapep était perdu. Que se passait-il ? Il avait peur. Ses entrailles se nouaient et son cœur se serrait. Il s'était passé quelque chose.
« Excusez-moi... Madame, vous-
– Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! continua-t-elle d'hurler. Pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiii ?
– Pourquoi quoi ? »
Elle continua de l'ignorer. Aapep poursuivit alors sa route vers le palais et tenta sa chance auprès d'autres personnes, sans succès, quand quelques mots parvinrent à ses oreilles parmi toute cette cacophonie.
« Notre prince ! Fils d'Horus et fils d'Aton ! Pourquoi !? »
Son cœur s'arrêta et il se retourna. Le peuple continuait de pleurer et de hurler... pour leur prince. Non... pas lui. Ça ne pouvait pas être lui...
Ses yeux commencèrent à s'emplir de larmes tandis que sa respiration devint difficile. Ce n'était pas possible. Ça devait être son petit frère. Hotepaton l'aimait tellement qu'il en avait le cœur brisé, c'était pour ça qu'il n'était pas venu le voir alors qu'il lui avait promis... Ça ne pouvait être que ça... N'est-ce pas ?
Le jeune homme tenta de se ressaisir et se dirigea vers l'entrée du palais. Il fallait qu'il en ait le cœur net. Cependant, il se fit bien évidemment jeter dehors et il commença à avoir encore plus de mal à respirer. Il fallait qu'il entre. Il fallait qu'il le voie et qu'il le serre dans ses bras, qu'il l'embrasse et qu'il pleure avec lui. Il n'y avait pas d'autre solution.
Il tenta alors de se souvenir du passage que son ami lui avait montré lorsqu'il l'avait traîné de force jusqu'ici. Il contourna le palais, puis se hissa difficilement au-dessus du mur extérieur quand il reconnut l'endroit par lequel ils étaient entrés. Il fit attention aux dérivations du Nil, puis escalada encore quelques murs avant de se retrouver à l'intérieur de l'enceinte-même du palais, au sein des jardins. Il fit attention aux gardes, se plaquant contre les murs, la peur au ventre, puis il essaya de se ressaisir une fois de plus. Par où devait-il passer pour rejoindre sa chambre ? Il lui fallut quelques secondes pour que le plan se dessine dans son esprit, puis il se mit à courir dans ce palais bien trop calme par rapport à l'extérieur. Arrivé devant l'entrée de la chambre du prince, il se jeta à l'intérieur sans se soucier des possibles personnes pouvant s'y trouver, et il repoussa le paravent.
« Mon prince ! » s'exclama-t-il.
Mais rien. Aucune réponse. Il n'y avait personne. Il n'était pas là. Il porta sa main à sa poitrine et serra son poing en griffant sa peau. Où était-il ? Pourquoi n'était-il pas là ? Il essuya rageusement les larmes coulant sur ses joues, puis il quitta la pièce. Il fallait qu'il le trouve. Il était forcément ici. Il fallait qu'il lui dise que tout allait bien... Fouillant les pièces qui étaient toutes vides, la peur de se faire surprendre ayant disparue, il finit par pousser la large porte de la salle du trône. Et à ce moment-là, son cœur s'arrêta.
Hotepaton était là. Le prince était là. Son prince était là, allongé sur une sorte d'autel, un drap couvrant son corps. Le cœur d'Aapep s'arrêta et ses jambes se mirent à trembler avant de finir par le lâcher. Il tomba alors à genoux, ses mains contre le sol gelé, et il craqua. Il commença à pleurer, sans pouvoir s'arrêter. Ça ne pouvait pas être son petit frère... ça ne pouvait être que lui. Il l'avait senti. Il l'avait su, au fond de lui, qu'il ne le reverrait pas... Il tenta d'avancer à quatre pattes mais ses coudes le lâchèrent à leur tour.
« Que fais-tu là ? »
Le prêtre se figea et releva ses pupilles humides de quelques centimètres. Son cœur s'arrêta de nouveau alors qu'il tomba sur Pharaon qui le regardait avec des yeux noirs, les traits figés entre la tristesse et la colère.
« Comment es-tu entré ici ?
– Je... J'ai entendu... bredouilla-t-il. Non... Ce n'est pas possible... Il... il ne peut pas...
– C'est de ta faute », l'assassinat alors l'homme.
Aapep se figea et remonta ses yeux dans ceux de Pharaon qui le regardait avec haine.
« De ma... Pourquoi ? Pourquoi ça serait... de ma faute ? prononça-t-il difficilement entre deux respirations saccadées.
– Tu l'as manipulé avec tes histoires, avec tes dieux. Il a voulu se retourner contre moi et il en paie maintenant le prix. »
Le cœur du prêtre s'arrêta une fois de plus. Comment ça ? Il n'avait rien fait... Tout ce que Hotepaton avait fait, il l'avait fait de son propre chef... Il pouvait plaider coupable pour l'histoire concernant Horus et Seth mais le reste... Puis soudain, un frisson d'effroi remonta sa colonne. Il s'était retourné contre son père et il en payait le prix ? Il n'avait quand même pas...
« Vous... Vous l'avez...
– Anubis l'a appelé à lui pour qu'il échappe à Seth. C'est de ta faute. J'aurais dû te faire éliminer bien plus tôt.
– Quoi ? s'étrangla la voix du jeune homme.
– Tu seras exécuté pour ça. Gardes ! s'écria-t-il.
– Non ! Non je n'ai...
– Emparez-vous de lui ! » ordonna le roi lorsque les gardes armés firent soudain leur entrée dans la pièce par deux portes différentes.
Comprenant que sa vie était désormais en danger, et même si tout ce qu'il souhaitait sur l'instant était de mourir à son tour, il était hors de question qu'il passe de l'autre côté en tant que criminel alors que cette fois, il était innocent. Il prit donc ses jambes à son cou et rebroussa chemin difficilement, ne jetant pas un seul regard autour de lui, une voix dans sa tête lui disant de fuir et lui indiquant le chemin qu'il ne connaissait pourtant absolument pas.
Une fois à l'extérieur du palais, il continua de courir sans s'arrêter à travers les rues, les commerçants et les habitants ; puis, ses jambes et sa respiration le lâchant, il finit par s'abriter dans une petite ruelle entre deux maisons et se recroquevilla sur lui-même.
Ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas être mort... C'était impossible. C'était impossible. C'était impossible. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas l'avoir abandonné. Il ne pouvait pas l'avoir laissé.
Il aurait dû refuser sa demande. Ou il aurait dû le retenir. Ils auraient dû s'enfuir. Pourquoi l'avait-il laissé repartir ? Il continua de pleurer de plus belle, ses pleurs se mêlant désormais à ceux du peuple qui, lui, hurlait pour la forme, par coutume. Lui, il hurlait parce qu'il venait de perdre son âme, et son cœur. Personne ne pouvait souffrir autant que lui, en ce moment.
[...]
À la nuit tombée, Aapep prit son courage à deux mains et s'infiltra de nouveau dans le palais. Cependant, il manqua de se faire attraper plusieurs fois. Pharaon avait renforcé sa garde. Il savait qu'il reviendrait, et il voulait le faire exécuter. Il refusait qu'Aapep puisse revoir une dernière fois le prince. Mais à bien y réfléchir, le prêtre s'en fichait désormais de se faire assassiner pour de mauvaises raisons. Il voulait juste revoir son aimé une dernière fois et lui dire les mots qu'il avait attendus. Les mots qu'il aurait dû lui dire s'ils avaient pu se retrouver comme prévu. Qu'on lui plante une épée dans le dos lorsqu'il serait près du corps de son meilleur ami, il s'en fichait, du moment qu'il ait pu lui dire cette simple phrase.
Cependant, une main saisit soudain le poignet du prêtre qui sursauta et manqua d'hurler, cherchant son poignard, en vain. Pourquoi ne l'avait-il pas pris ? Il tourna la tête, les yeux exorbités, puis il finit par reconnaître le petit frère de Hotepaton à travers ses larmes.
« Que fais-tu ici ? lui demanda-t-il.
– Je... bredouilla le jeune homme. Hotepaton... Il devait me rejoindre... Il devait venir me voir il y a plusieurs jours... et il n'est pas venu... Je... »
Il tomba alors à genoux et craqua une fois de plus, ses mains s'accrochant à la tunique du petit garçon.
« Dis-moi que ce n'est pas vrai... Dis-moi que ce n'est pas lui... Dis-moi qu'il est parti pour Ouaset dans la journée et qu'on s'est bêtement croisés... »
Mais malheureusement, l'enfant ne répondit pas. Il se contenta de poser ses mains sur les épaules du prêtre et de souffler doucement.
« J'aimerais te dire ça, prêtre d'Amon. Mais je ne peux pas mentir. Je me ferai autant de mal qu'à toi. »
Aapep pleura de plus belle, son front frottant contre le ventre du plus jeune.
« Pourquoi ? Que s'est-il passé ?
– Le Grand prêtre dit que ce sont les dieux qui en ont décidé ainsi... mais moi je suis certain que c'est l'œuvre de l'Homme. Mon frère était quelqu'un de bien. Il aurait fait un bon roi. Les dieux n'auraient jamais privé le pays d'un aussi bon dirigeant.
– Je le sais... Je lui avais dit. Penses-tu que ça puisse être... ton père ? »
Le petit garçon ne répondit pas tout de suite, et Aapep eut tout le temps de s'imaginer s'introduire dans la chambre de cet homme pour le poignarder afin de venger son cœur.
« Non. Je ne pense pas, répondit finalement Toutânkhaton.
– Il soutient que c'est de ma faute.
– C'est en partie vrai. Il a dit à père qu'une fois pharaon, il rétablirait le culte d'Amon, qu'il changerait de nom et qu'il t'épouserait. »
Le cœur du prêtre loupa un battement.
« Je ne sais pas pourquoi il lui a dit, il aurait pu garder ça secret, mais il l'a fait. Ça n'a pas du tout plu à notre père, ni aux conseillers. Et à Néfertash' non plus.
– Qui est-ce ?
– Néfernéferouaton Tasherit, c'est notre sœur. Enfin, sa femme maintenant. Il a juré sur Osiris qu'elle ne lui donnerait jamais de fils. Mais peu importe. Il a parlé de toi à père et ça a causé énormément de problèmes. Il a été stupide... »
Aapep lâcha la tunique du garçon et tomba davantage au sol. Il était épuisé.
« Pourquoi es-tu revenu ici ? N'as-tu pas peur de mourir ? demanda alors l'enfant.
– Je me fiche de mourir désormais... Je veux le rejoindre... Je veux lui dire... Il faut que je lui dise que... Il faut que je lui réponde... Je voulais le faire lorsqu'il me rejoindrait... mais je n'en ai pas eu le temps... »
Il se recroquevilla davantage au sol, le cœur meurtri. Le petit prince resta muet et immobile pendant quelques secondes, le fixant avec peine, puis il expira.
« Tu es sûr que c'est ce que tu veux ?
– Oui, répondit Aapep en relevant le visage.
– D'accord. Suis-moi alors. Et ne fais pas de bruit. »
Le prêtre se releva donc et suivit le petit garçon à travers le palais. Ils finirent par approcher de la salle du trône qui était gardée par plusieurs hommes. L'enfant dit à son aîné de rester tapis dans l'ombre, puis il avança vers les gardes seul.
« Pourriez-vous me laisser passer ? demanda alors le petit Toutânkhaton.
– Pharaon a dit que personne ne devait entrer.
– C'est mon frère. Je veux lui dire au revoir une dernière fois.
– À cette heure-ci ? Voyons, mon prince...
– Oui. Maintenant. Laissez-moi passer et laissez-moi seul s'il vous plaît. J'en ai pour quelques minutes. S'il vous plaît... Père ne me laissera pas lui dire au revoir demain avant qu'il parte pour les temples de purification... »
Les gardes échangèrent quelques regards, puis ils finirent par capituler. Ils savaient à quel point les deux frères étaient proches ; ils ne pouvaient pas refuser à ce petit bout d'à peine dix ans de serrer une dernière fois la main de son aîné. La voie enfin libre, Aapep rejoignit le prince et ensemble, ils entrèrent dans la salle toujours aussi épurée. Le corps d'Hotepaton était toujours allongé sous un drap, attendant d'être emporté par les prêtres d'Anubis pour le début de l'embaumement. Le cœur du serviteur d'Amon se serra davantage. C'était la dernière fois qu'il le voyait. Il leva une main tremblante au-dessus du drap, puis tira doucement dessus. Il apercevait à peine son visage, mais ses larmes redoublèrent. Il tomba à genoux une fois de plus, son bras posé contre le bord de l'autel. Il pleura de nouveau pendant quelques minutes avant de réussir à se relever. Il approcha son visage de celui, glacé, du prince, et le caressa du bout des doigts.
« Mon prince... Je suis là... Je... »
Il retint difficilement un sanglot, la voix tremblante, puis il continua.
« Si tu savais le nombre de choses que je regrette... Ma vie a été une série d'échecs, jusqu'à ce que tu m'apparaisses. Tu as été l'aurore sur mes nuits et mes jours sombres. Tu voulais que je te dise quelque chose lorsque nous nous reverrions... alors je vais te le dire. Et je sais que tu m'entends, depuis ta barque. Je... Je t'aime, mon ami. Mon prince. Mon amour. Je t'aime. Et si je n'ai plus peur de mourir, c'est parce que je sais que la mort ne sera que plus douce maintenant que tu n'es plus. Nous ne pourrons malheureusement pas nous retrouver dans l'Au-delà, mon âme est trop lourde, jamais elle ne pourra faire le poids face à la plume d'Osiris.
– Il faut qu'on y aille, murmura alors Toutânkhaton.
– Oui, répondit brièvement Aapep en caressant toujours la peau gelée du prince. Tu avais raison en me donnant ce nom, en disant qu'il m'allait parfaitement. J'étais fait pour détruire le monde... Et j'ai causé ta perte. Pourquoi étais-tu si obstiné ? Tu... Tu aurais dû m'abandonner, tu aurais eu une longue vie... »
Il retint un nouveau sanglot, la tête baissée, puis il redressa doucement son visage.
« Je t'aime, mon prince. Aton sait à quel point, et j'espère que tu le savais aussi. Je t'aime, mon roi. Puissions-nous nous retrouver dans une autre vie. »
Puis, retenant ses larmes du mieux qu'il le pouvait, il pinça ses lèvres et vint caresser celles de son aimé de son pouce avant de remettre le voile sur son corps. Il pouvait bien se faire emprisonner puis exécuter désormais, il s'en fichait. Seulement le nouvel hériter au trône ne voyait pas les choses comme ça. Il glissa sa petite main dans celle du jeune homme et tira dessus.
« Il faut qu'on se dépêche. Suis-moi. »
Ils quittèrent alors la pièce, laissant la porte entrouverte, puis le petit garçon emmena Aapep dans sa chambre.
« Les prêtres viendront le chercher demain matin dès le lever du soleil. Ne reste pas ici.
– Je ne compte pas rester ici. Je n'ai de toute manière plus rien à faire là... »
Il se laissa tomber au sol et se recroquevilla, cachant son visage dans ses genoux et ses mains passant sur son crâne lisse jusqu'à se rejoindre dans sa nuque. Il avait tout perdu. Le jour n'allait plus jamais se lever désormais, sa vie resterait sombre et triste. Avant il aimait ça, l'obscurité et la solitude. Mais maintenant, il savait qu'il ne les supporterait plus.
« Tu penses qu'il m'a entendu ? » souffla-t-il alors.
L'enfant resta silencieux à observer le corps de son aîné trembler contre la pierre du sol de sa chambre. Que devait-il dire ? Son frère n'était pas encore né dans le monde des morts, donc la logique voudrait que non. Mais n'allait-ce pas le briser davantage ?
« Même s'il ne t'a pas entendu, il le savait. Et lui aussi il était amoureux de toi. »
Aapep releva lentement son visage sur le petit prince qui s'était assis à son tour par terre, près de lui.
« Ah oui ? murmura-t-il.
– Oui. Il me l'avait dit, mais tout le monde le savait maintenant, vu ce qu'il avait annoncé à père. Il me parlait de toi tout le temps. Il souriait tout le temps en me racontant ce que vous faisiez ensemble, les histoires que tu lui contais... Il me disait qu'il voulait que tu viennes vivre avec nous, et que si tu ne voulais pas venir jusqu'ici, que nous, nous repartirions à Ouaset. Il disait que quand il serait pharaon, il redéplacerait la capitale là-bas, et que si ça ne suffisait toujours pas pour te convaincre de venir avec nous, alors qu'il referait d'Amon notre dieu le plus puissant pour aller le prier tous les jours et pour pouvoir te voir et passer ses journées avec toi. Et il disait aussi qu'il voulait t'emmener voir la mer un jour. Moi non plus je ne l'ai jamais vue, alors j'espérais qu'il accepterait que je vous accompagne... »
Le visage d'Aapep trembla en entendant ça et il inspira profondément pour ne pas pleurer davantage.
« Tu sais... reprit le plus petit. Il voulait plus devenir pharaon depuis qu'il était grand. Mais depuis quelques lunes, il avait hâte de le devenir. Il disait qu'il pourrait faire ce qu'il voulait quand il serait devenu roi. Mais il ne pouvait pas encore l'être comme papa était toujours là... »
Le prêtre pinça ses lèvres. Hotepaton avait-il vraiment comploté contre son père afin de monter sur le trône ? Ça ne lui ressemblait pas... Mais aurait-il pu le faire pour lui ? C'était ce qu'il avait sous-entendu dans sa lettre... Était-il vraiment mort à cause de lui ?
« Est-ce qu'il a voulu assassiner Pharaon ? demanda alors faiblement Aapep.
– Quoi ? Non, sûrement pas ! Mon frère ne ferait pas de mal à une mouche ! »
Le plus âgé soupira de soulagement. Il voulait croire en ces paroles. Il n'aurait pas supporté d'avoir causé la mort de l'homme qu'il aimait.
« Du coup, tu vas faire quoi ? demanda soudain le prince.
– Comment ça ?
– Bah oui, comme... tu ne peux plus venir habiter chez nous, maintenant. Ou alors tu viendras quand je serai devenu pharaon ? Maintenant c'est moi l'héritier comme je n'ai que des sœurs. Mérytaton gouvernera en attendant si papa rejoint Osiris bientôt, elle est toujours reine, mais après ça sera moi le roi, Néfertash' ne peut plus régner maintenant... Tu pourras venir habiter avec moi si tu veux. Tu ne seras pas tout seul !
– Je... Comment tu sais que je suis seul ? s'étonna Aapep.
– Mon frère me l'a dit. Il disait que tu t'ennuyais tout seul et que c'était pour ça que tu serais mieux si tu habitais avec nous. »
Le prêtre sourit doucement et baissa les yeux. Il ne s'ennuyait pas, loin de là. Même si le temps lui semblait bien plus long depuis quelques mois, il ne s'ennuyait pas. Mais si jamais le prince avait voulu se servir de ça comme excuse pour le ramener à lui, alors il aurait acquiescé bien sagement. Son sourire se fana rapidement tandis qu'il revint à la réalité. Son cœur se serra de nouveau et il retint de justesse une nouvelle vague de sanglots. Il ne voulait pas y croire... Comment était-ce possible ?
« Il ne faut pas que tu restes là, dit doucement l'enfant. Si quelqu'un te trouve, tu seras emprisonné. Ou pire.
– Ça m'est totalement égal maintenant, tu sais...
– Il n'aurait pas voulu que tu sois puni à cause de lui ! Alors sauve-toi vite !
– Je vais m'en aller. Même si trouver mon chemin dans la nuit et dans mon état sera compliqué, je vais rentrer chez moi.
– Tu n'es pas venu en char ?
– En char ? sourit doucement Aapep. Non, je suis venu à pied. J'ai mis trois jours pour venir. »
Son sourire s'effaça soudain tandis qu'il réalisa quelque chose.
« Trois jours... Si j'avais pu arriver plus tôt... trembla sa voix. Si j'étais arrivé il y a trois jours... j'aurais pu le revoir... Ça ne serait sans doute pas arrivé... »
Il pinça ses lèvres fortement et tenta d'inspirer mais ce fut plus fort que lui et il craqua une fois de plus. Si le prince avait bien été assassiné, il aurait pu empêcher ça. Il aurait pu le revoir et lui dire qu'il l'aimait. Peut-être se seraient-ils enfuis ensemble, au final. La main du nouveau prince héritier se posa alors doucement sur son épaule et il la tapota maladroitement. Il ne savait pas comment le réconforter.
« Viens, je vais te donner quelque chose.
– Quoi ? renifla Aapep.
– Suis-moi. Ne fais pas de bruit, et longe les murs. »
Le prêtre essuya ses joues et se redressa difficilement, la respiration toujours saccadée. Il suivit l'enfant hors de sa chambre, longea les murs comme il lui avait demandé, et il finit par reconnaître le couloir dans lequel ils venaient de pénétrer. Toutânkhaton entra alors dans la chambre de son défunt frère, vérifiant qu'il n'y avait personne, puis il fit signe à son aîné de le suivre. La lune seule éclairait la pièce par la fenêtre alors il la traversa prudemment en direction du mur opposé. Il farfouilla parmi les rouleaux de papyrus roulés dans un coin de la pièce, s'aidant du satellite pour voir ce qui était inscrit dessus, puis il haussa les épaules et finit par tout prendre dans ses bras et par les porter au prêtre.
« Il disait que ça t'intéresserait bien plus que lui. Il n'aimait pas lire et il y mettait tellement de mauvaise foi que c'était à se demander s'il n'était pas vraiment nul en fait, sourit l'enfant. Il disait que toi tu savais lire et que tu aimais ça. Et qu'il aimait apprendre quand c'était toi qui lui faisais des leçons. Alors prends ça avant de rentrer chez toi. »
Aapep resta stupéfait.
« Tout... Tout ça ? Tu es sûr ?
– Oui. C'était à lui de toute manière. Même si on les met... avec lui, il ne les lira jamais en se réveillant, je le sais. »
Le jeune homme sourit, les yeux brillants, et accepta le cadeau.
« Merci. Je les lirai avec attention et j'en prendrai soin.
– D'accord ! Ah, et prends ça aussi ! »
L'enfant s'éloigna et ouvrit un petit coffret. Il en ressortit un bracelet d'or qu'Aapep reconnut immédiatement.
« Tiens.
– Quoi !? Non, je ne peux accepter !
– Il voulait te fabriquer le même mais père a refusé parce que c'est un symbole royal.
– Alors je peux encore moins accepter !
– Il l'aurait fait quand même, sourit le petit prince. Mais du coup il ne pourra plus le porter et le montrer à Aton.
– Bien sûr que si ! Lorsqu'il renaîtra après le jugement d'Osiris, il pourra fièrement le porter de nouveau. Il faut le... »
Sa voix s'étrangla dans sa gorge. Il déglutit difficilement et reprit.
« Il faut le donner aux prêtres d'Anubis...
– Je leur en donnerai un autre, je demanderai à maman. Moi je suis trop petit donc je peux pas lui donner le mien. Le mieux aurait été de donner celui de Néfertash' mais elle voudra jamais maintenant.
– Pourquoi ?
– Elle sait qu'il l'aimait pas et qu'il l'aurait jamais aimée. Elle aurait juste été une potiche portant le nom de Grande épouse royale, mais c'est tout. Elle doit bien être contente en fait... »
Aapep regarda longuement le petit garçon. Et si c'était elle, la coupable ? Son sang commença à bouillonner. Avait-elle tué son mari parce qu'il lui avait dit que jamais il ne la considérerait comme son épouse ? Ça tenait debout. Ses poings se serrèrent. Il voulait se glisser dans sa chambre et lui trancher la gorge.
« Prends-le, insista Toutânkhaton, sortant ainsi le prêtre de ses visions ensanglantées.
– Tu... Tu es vraiment sûr ?
– Oui. Il aurait aussi voulu que tu l'aies. »
Aapep finit par prendre le fin bracelet d'or qu'il connaissait par cœur, et avec hésitation, il l'enfila et le bijou se coinça sur le milieu de son biceps. Toutânkhaton sourit, ravi, et lorsque leurs pupilles se croisèrent de nouveau, ils se sourirent timidement avant qu'Aapep ne tourne la tête vers l'extérieur.
« Il fait clair. Je ne devrais pas avoir trop de mal à trouver mon chemin en réalité. »
Il reposa ses yeux sur le petit prince, puis se mit à genoux devant lui en s'inclinant.
« Merci, mon prince. Je doute que nous nous revoyions un jour, mais je prierai à chaque renaissance de Khépri pour vous.
– Quoi ? Mais tu pourras quand même venir ici quand je serai pharaon, tu sais ! »
Aapep sourit en gardant la tête baissée.
« Je garderai cette invitation à l'esprit. Merci, mon prince.
– Reste dormir un peu au moins. Tu dois être fatigué. Repose-toi et repars demain matin au lever du soleil.
– Je ne peux pas...
– Si. Dors ici, c'est un ordre. »
Aapep releva la tête sur le petit visage sérieux du frère de son défunt amant, et il sourit avant de s'incliner de nouveau.
« Comme il vous plaira. »
L'enfant sourit grandement, puis s'abaissa à sa hauteur.
« Tu dois connaître le chemin pour sortir d'ici depuis cette chambre, j'imagine. Alors passe une bonne nuit et repars chez toi l'esprit en paix ! »
Il se releva et quitta la pièce d'un pas rapide pour rejoindre sa propre chambre. Aapep mit quelques secondes à se relever, un triste sourire sur les lèvres. Il déposa les papyrus sur le lit, puis se dirigea vers la fenêtre à laquelle il s'accouda. Il regarda le ciel pendant de longues minutes, puis ferma les yeux. Il entendait sa voix, il entendait son rire, il sentait son odeur, il sentait sa main sur son épaule, son bras contre le sien, sa présence à ses côtés. Il aurait dû vendre son âme pour arriver ici plus rapidement. Il était certain qu'il aurait pu empêcher ça...
De nouvelles larmes s'échappèrent de ses yeux, et il les laissa couler. Son odeur... Il rouvrit les paupières et se retourna. Après quelques secondes d'hésitation, il retraversa la pièce et s'assit au bout du lit. Sa paume droite se posa sur le tissu et le longea doucement. Puis, il retira les papyrus qu'il y avait déposés un peu plus tôt et s'y allongea. Il se sentait apaisé. Il se recroquevilla dans l'étoffe et s'y emmitoufla. Il avait l'impression d'être dans ses bras. Il ne voulait plus jamais quitter ce lit.
Et après quelques heures d'un repos bien mérité, lorsque le soleil commença à pointer son nez, Aapep se réveilla doucement, toujours enroulé dans le tissu. Il s'assit et se pencha en avant en prenant sa tête dans ses mains. Il réfléchit quelques minutes, puis prit une décision. C'était peut-être hâtif, mais il s'en fichait. Il plia soigneusement le drap, hésitant un instant sur ce qu'il devait en faire, puis il s'empara des papyrus. Traversant la chambre, il tenta de se remémorer le chemin jusqu'aux jardins pour quitter le palais, mais il fit finalement demi-tour et se glissa dans la chambre de Toutânkhaton.
« Mon prince, chuchota-t-il près de son visage.
– Mmh ?
– Je vais m'en aller. Si je parviens à m'échapper d'ici sans problème, pourras-tu me faire une promesse ? »
Ouvrant difficilement les yeux, le jeune prince hocha la tête en se redressant sur son coude gauche. Le prêtre lui exposa sa demande calmement, et après de longues secondes, malgré tout hésitant et les yeux brillants, l'enfant hocha la tête.
« Tu as ma parole.
– Merci, mon prince. »
Il s'inclina respectueusement une nouvelle fois, puis quitta la chambre. Et, retrouvant plus facilement qu'il ne l'aurait cru le chemin de la sortie, il s'enfuit du palais en échappant de peu à la garde royale. Dehors, il entendit de nouveau le peuple hurler et les pleureuses se lamenter à l'entrée du palais. Les prêtres allaient bientôt venir chercher le corps de l'homme qu'il aimait afin de le préparer pour son dernier voyage. Son cœur se comprima abominablement et il serra les dents. Il fallait qu'il quitte cette ville et qu'il retrouve son temple. Alors, écrasant presque ce qu'il tenait dans ses bras contre sa poitrine, il prit la direction du sud pour rentrer chez lui. Amon l'attendait depuis bien trop longtemps déjà.
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